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Full text of "Bulletin d'archéologie et de statistique de la Drôme"

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SOCIÉTÉ DÉPARTEMENTALE 

D'ARCHÉOLOGIE & de STATISTIQUE 

T>E LcA T>'R01ME 



TOME VINGT- SIXIÈME 



VALENCE. — IMPRIMERIE JULES CE AS ET FILS 



BULLETIN 

DE LA 

SOCIÉTÉ (iDÉTQ4%TEmE^TQÂLE) 

D'ARCHÉOLOGIE 

ET 

DE STATISTIQUE 

DE LA DROME 

ColUgile ne pereant. 
TOME VINGT-SIXIÈME 



AU SECRÉTARIAT DE LA SOCIÉTÉ, RUE FARNERIE, 51 



H.DCCC.LXXUll 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET EN MOIS. 



MÉMOIRES 

'POmi SE'RVI'R c4 L'HISTOmE 

DES 

COMTÉS DE VALENTINOIS 

ET DE DIOIS 



I» OtO «I 



(Suite. — Voir les livraisons 85*, 86*, 88% 89", 90*, 94*, 95* et 96*) 



SECTION SECONDE 

LES ANCIENS COMTES DE VALENCE 

Depuis la fin du ix* siècle jusque vers le milieu du xii", 
l'histoire de Valence et des régions qui avoîsinent cette ville 
demeure enveloppée de ténèbres, et c'est à peine si du sein de 
cette obscurité se dégagent ça et là quelques points que nous 
puissions aisément reconnaître et déterminer. Cette longue 
période ne nous a laissé qu'un nombre fort restreint de docu- 
ments. Il n'y a pas lieu du reste de s'en étonner; nos pays ne 
connurent guère alors que les horreurs de l'anarchie. Les 
rois, successeurs de Boson, ne furent ni assez puisssants ni 
assez habiles pour contenir l'ambition des gouverneurs de 
provinces qui aspiraient à la possession héréditaire et indépen- 
dante des territoires confiés à leur garde. Bientôt, des inva- 
sions et des changements de dynastie, en affaiblissant le pou- 
voir central, favorisèrent en tous lieux les usurpations et 
donnèrent naissance au régime féodal. L'ignorance était alors 
à peu près générale. On se préoccupait fon peu de fixer par 



6 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

l'écriture le souvenir des événements historiques et la nuit 
des temps se faisait au bout de deux ou trois générations. 
Seuls le clergé et les moines avaient reçu quelque culture 
intellectuelle. Or, pendant cette période, les églises et les 
monastères subirent, comme tout le reste, la loi du plus fort 
et passèrent pour la plupart en des mains laïques. Quelques 
actes de restitution, dictés par la conscience aux approches 
de la mort, quelques pieuses libéralités, voilà à peu de choses 
près tout ce que nous possédons en fait de documents his- 
toriques sur cette époque. Ces rares documents, épaves d'un 
immense naufrage, ont été recueillis dans les cartulaires des 
grandes abbayes qui avaient un intérêt majeur à en assurer 
la conservation. Nous citerons les cartulaires de Cluny, de 
Saint- Victor de Marseille, de Romans, de Saint-Chaffre, de 
Saint-André de Vienne, de Saint-Pierre du Bourg-lès-Valence, 
dont la publication a été un service signalé rendu à la science. 
C'est là, là seulement, qu'on rencontre les premiers rudiments 
généalogiques des familles historiques. 

Les nombreux historiens qui parlent des anciens comtes 
de Valence, ont tous plus ou moins connu ces divers cartu- 
laires. Nous ne pouvons donc avoir la prétention, dans cette 
partie de notre Mémoire, d'apporter de Tinédit et de vaincre 
les difficultés qui ont arrêté nos devanciers. Aussi nous bor- 
nerons-nous à faire une analyse rapide des documents qui se 
rattachent à notre sujet. L'ensemble de ces notes pourra 
offrir quelque intérêt et permettra aux futurs érudits d'appré- 
cier l'imponance d'une découverte heureuse et d'en trouver 
immédiatement remploi. 

Le cartulaire de Saint-Chafifre, si souvent cité dans les 
Annales Ordinis sancti Benedicti et dans VHistoire de 
Languedoc^ nous fournit la mention la plus ancienne d'un de 
nos premiers comtes ou gouverneurs de province, dont la 
charge encore révocable tendait à devenir héréditaire. On 
sait que l'abbaye de Saint-Chaffre, au diocèse du Puy, possé- 
dait dans nos contrées un certain nombre de dépendances. 



LES COMTES DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. 7 

En 840, elle était gouvernée par l'abbé Drunctanne, et ce fut 
vers cette éppque qu*un comte Odilon lui donna Téglise de 
Saint-Etienne de Savenne, petite localité voisine de village 
actuel de Pont-de-Barret, dans l'ancien diocèse de Die (i). Le 
nom de ce même comte est rappelé dans un autre document 
de date postérieure. On croit qu'il s'agit ici d'un ancien comte 
de Valence et de Die. 

Au commencement du x^ siècle, nous trouvons parmi les 
dignitaires laïques du royaume de Provence un comte Ada- 
ielme, que M. de Gingins, non sans quelque hésitation, qua- 
lifie comte de Valence (2). Par un diplôme du 6 juin goB, 
Louis, roi de Provence, sur la demande de l'archevêque 
Rostaing^ de l'évêque Bernon, et des comtes Liutfrid, Hugues 
et Teutberg, accorde au comte Adalelme et à sa très noble 
épouse Rotlinde la propriété héréditaire des domaines qui 
leur avaient été concédés, à titre bénéficiaire, par Charles le 
Chauve et le roi Boson (3). Le comte Adalelme accompagna 
le roi Louis dans ses deux expéditions au-delà des Alpes. 
Après la catastrophe de Véronne, il ramena en Provence cet 
infortuné empereur, que l'histoire a surnommé l'Aveugle, et 
demeura jusqu'à la fin un de ses plus fidèles conseillers (4). 
Le nom d'Adalelme figure dans plusieurs chartes, notam- 
ment dans une de l'année 912, qui constate une donation de 
Louis l'Aveugle^ en faveur de Rémegaire, évêque de Va- 



(i) U. Chevalier. Cartulaire de l'abbaye de Saint -Chaffre du 
Monastier et Chronique de Saint-Pierre du Puy. Paris, 1884, in-8% 
p. 52-3: <c Sunt autem ipsœ res.. in comitatu Diensi, in villa quœ 
dicitur Savenna: hoc est ecclesiam sancti Stephani cuxn suis decimis... » 

(2) De Gingins-La-Sarra. Mémoires pour servir à l'histoire des royau- 
mes de Provence et de Bourgogne-Jurane, Les Bosonides. Lausanne, 
i85i, in-8*., p. ii3 et i52. 

(3) U. Chevalier. Cartulaire de l'abbaye de Saint- André-le^Bas de 
Vienne. Vienne, 1869, in-8*. (Àppendix, n» 12) p. 221. 

(4) De Gingins-La-Sarra, op. cit., p. 164, 182. 



8 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

lence (i). Cette libéralité ayant été faite à la prière du duc et 
marquis Hugues, parent de l'empereur, M. de Gingins en 
conclut qu'on peut « supposer avec assez de vraissemblance 
« que les comtes de Valence et de Die faisaient partie du 
« gouvernement d*Hugues, soit de la marche de Provence, 
« renfermée entre Tlsère, la Durance, le Rhône, et les Alpes 
a Cottiennes * (2). 

Louis l'Aveugle avait épousé Adélaïde, qu'on suppose être 
la fille de Rodolphe I*', roi de Bourgogne Jurane. Il en eut 
Charles-Constantin et Rodolphe. « Indépendemment de ces 
deux fils, ajoute M. de Gingins, l'empereur Louis parait en 
R avoir eu un troisième, nommé Geilinus ou Geilin^ qu'on 
retroyive au milieu du x' siècle comme comte de Valence 
« et de Die » (3). Il apporte à Tappui de cette conjecture un 
diplôme de Conrad le Pacifique de l'année 943 en faveur du 
monastère de Cluny : parmi les souscriptions on lirait 
celle-ci : Geilinm^ filius Ludoviciy presens fui. Mais, outre 
que rien n'indique qu'il soit ici question de Louis l'Aveugle, 
on n'est point certain de la lecture du nom Geilinus^ et M. de 
Gingins constate lui-même que les divers auteurs qui ont 
publié cette pièce ont lu Geilinus^ Gunicus^ Gimis^ et encore 
Ainricus. C'est cette dernière variante qui a été adoptée par 
réditeur du Cartulaire de Cluny (4). 

On a imaginé bien d'autres systèmes généalogiques pour 
rattacher à quelque grande famille le premier comte de 
Valence du nom de Geilin, dont on voulait absolument faire 
la tige de tous les anciens comtes de Valence et des Poitiers. 



1 



(i) Dom Bouquet. Recueil des historiens des Gaules et de la France^ 
t. IX, p. 685; ^ CHORiEit, Etat politique^ t. II, p. 143-7; — Columbi. 
Opuscula, p. 35 1. — Adalelme était présent à rassemblée de Varennes 
en 905. D. Bouquet, t. IX, p. 663. 

(2) De Gingins, op. cit., p. 

(3) De Gingins, op. cit., p. 189. 

(4) Bruel. Recueil des Chartes de Vabbaye de Cluny ^ n» 622. 



LES COMTES DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. 9 

C'est ainsi que Guy Allard le fait fils d'Ebles 11^ comte de 
Poitiers (i). Mais il est inutile de nous attarder à exposer des 
systèmes qui ne reposent sur aucune donnée sérieuse. 

Geilin est le premier des comtes de Valence dont il nous 
soit possible, à Taide de documents certains, de faire quelque 
peu revivre le souvenir. L'abbaye de Saint-Chaffre, comme 
du reste toutes les autres maisons religieuses, s'était ressentie 



(i) Dans les manuscrits de Guy ÂUard, conservés à la Bibliothèque 
de Grenoble, nous avons trouvé (U. 460) une Histoire généalogique de 
la famille de Poitiers des comtes de Valentinois et de Diois, dont nous 
reproduirons ici les premières lignes : « Je suis obligé de déclarer que 
« j'ay fixé les premiers degrés de cette illustre famille d'une ancienne 
« généalogie que feu M. le Président de Boissieu m*avoit communiquée, 
f qu'ainsy je ne puis rapporter aucun titre pour en justifier. Cependant 
« il est à présumer que Geilon, premier comte de Valence, que cette 
« généalogie fait vivre Tan 920, étoit de ces gouverneurs de province qui 
a dans la décadence du dernier royaume de Bourgogne se rendirent 
« souverains dans leur gouvernement. 

ff I Geilon, fils puîné d'Ebles, comte de Poitiers. 

«II Gontard. Femme: Ermengarde. 950: i* Geilon II. Femme: 
« Gotelene. Il eut Gotelene, femme de Guignes, comte de Graisi- 
« vaudan ; 2° Lambert, qui suit. 

« III Lambert, 985. Femme: Falectrude. i* Aymar, qui suit; 
« 2* Lambert, évoque de Valence, 996 ; 3* Mallenus, évoque de 
« Grenoble. 

« IV Aymar i", io38. Femme : Rotilde. i* Gélin, qui suit ; 2* Hugues ; 
« ?• Ponce, évéque de Valence; 4» Lambert; 5* Gontard; 6* Gérard. 

« V Gélin. 1048. I" Albert, qui suit; 2« Odon ; 3» Rostaing; 4* Conon ; 
« 5» Gontard, évoque de Valence; 6* Guillaume. 

a VI Albert. 1086. 1* Aymar; 2® Guillaume, évoque de Viviers. 

« VII Aymar II. Femme: Marguerite de Viennois. !• Guillaume; 
a 2« Marguerite, épouse de Roger de Clérieu. 

« VIII Guillaume de Poitiers^ comte de Valentinois et Diois. Il devint 
c comte de Diois par son mariage avec Philippe, fille unique et héritière 
a d'Isoard, comte de Die » 

Nous n'accompagnerons ces lignes d'aucun commentaire, le travail 
que nous publions fera la part de ce qu'il y a de vrai dans cet essai de 
généalogie. 



lO SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

des malheurs des temps. Ses biens avaient été usurpés ; l'in- 
discipline des religieux acheva sa ruine. Touché du lamen- 
table état d'une abbaye, où il avait autrefois mené la vie 
monastique, Gotescalc, devenu évêque du Puy, résolut de 
porter remède à tant de maux et de rétablir l'observance pri- 
mitive. Les rois avaient donné à ses prédécesseurs, à titre 
bénéficiaire, Saint-Chaffre et les propriétés qui en dépen- 
daient ; il s'en dessaisit et pria Arnoul, abbé de Saint-Géraud 
d'Aurillac, d'y envoyer quelques religieux pour y reprendre 
les exercices de la règle bénédictine. Celui-ci s'empressa de 
répondre à de si pieux désirs et d'établir à Saint-Chaffre une 
petite colonie de moines sous la direction de Dalmace de 
Beaumont. Cet heureux événement, auquel le marquis Geilin 
apporta un puissant concours, eut lieu vers l'anné 937 (i). 
Saint-Chaffre vit de nouveau affluer les offrandes des fidèles 
et ne tarda pas à devenir un riche monastère. Comme nous 
l'avons déjà constaté, il avait dans les diocèses de Valence et 
de Die des églises et quelques domaines. En gSô, l'abbé 
Vufaki songea à resserrer les liens qui les rattachaient au 
monastère et obtint de l'empereur Conrad une bulle le con- 
firmant, lui et ses religieux, dans la possession de tous les 
biens dus aux anciennes libéralités du comte Odilon, de 
l'évêque (de Die) Achideus, de Sylvius, de Trudbert et de 
Geilin. Ces biens étaient situés à Savenne, Charols, Cléon 
et La Motte. Il est formellement stipulé dans ce diplôme que 
la confirmation demandée a été accordée du consentement du 
comte Geilin et d'Aimon, évêque de Valence (2), cum con- 



(i) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre, p. 47-9.. -— Devic et 
Vaissette. Histoire générale de Languedoc. Edition Privât, t. III, p. 122 
et t. IV, p. 84. 

(2) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre, p. 108-10; — Dom 
Bouquet, t. IX, p. 697; — Gallia christiana, t. II, instr., c. 260-1. 
Cf. De Gingins. Sur l'origine de la maison de Savoie, p. 227 ; — Regesta 
comitum Sabaudiœ, n* XIII, p. 5 ; — et notre Essai historique sur Die, 



LES COMTES DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. I I 

sensu Geilini comitis et Atmonis eptscopi et Vul/aldi petitoris^ 
ce qui prouve que Tautorité du comte Geilin n'était pas seule- 
ment reconnue dans cette partie du diocèse de Valence située 
au-delà du Rhône et s*étendant jusqu'au diocèse du Puy, 
mais encore sur les régions en deçà du fleuve (i). 

Quelque temps après, en Tannée gSô, ou bien 962, selon 
une autre manière de compter, et le 3o juin, le comte Geilin, 
vir incljrtus nomine Geilinus cornes^ et son épouse Gotheline 
donnèrent à Saint-Chaffre et au même abbé Vulfade une ferme 
(colonica)^ située à Cornas, dont les confins sont soigneuse- 
ment indiqués et au centre de laquelle se trouve une construc- 
tion, mura Flodone (i). 

Enfin un quatrième document, emprunté encore au cartu- 
laire de Saint-Chafifre et daté du 1 1 ou 25 mars 962 (n. s.), 
nous apprend que le même comte Geilin, nobilissimus vir et 
potens de quo supra dictum est^ de concert avec Raimode, sa 
femme (qu'il avait épousée en secondes noces), donna à 
Tabbaye le lieu de Macheville, avec son église, sa paroisse et 
ses dépendances. Macheville, ainsi qu'il est expliqué dans 
l'acte, était comprise autrefois dans le pagus Lugdunensis ; 
elle appartenait alors à l'évêché de Valence (2). Ce détail est 



t. I, p. i3o-i. — L'évoque Âimon, que Dom Bouquet (t. IX, p. 697) 
croit être le môme que celui qui figure dans plusieurs diplômes de 
Conrad le Pacifique avec le titre de notaire ou chancelier (Chartes de 
Cluny, n* 627, 63 1), occupait certainement le siège de Valence entre 
les années 960 et 98c. 

(i) U, Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre, p. 112: « In pago 
Valentinensi, in vicaria subdionense, in aice de. villa qus dicitur 
Cornatis sive Calliario, dédit possessionem monasterio.. . : hoc est 
colonica una, et est macheria vetusta, terra culta et inculta, quae habet 
fines de superiore parte rivulo currente qui dicitur Mamemone, de 
subteriore parte Rodano fluvio volvente et rivulo qui dicitur Cerano, et 
est mura Flodone in medio posita. » Cf. Histoire de Languedoc, 
t. IV, p. 84. 

{2) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre, p. 11 5. — Histoire 
de Languedoc^ t. IV, p. 84. 



12 SOCIÉTÉ d'aRCHÉOLOGCE ET DE STATISTIQUE. 

précieux à recueillir ; nous voyons en effet que la juridiction 
des ari:hevêches de Lyon, autrefois reconnue entre le Doux 
et rEyrieu, avait fait place à celles de Tévêque et du comte 
de Valence. Un des derniers actes exercés par les métropoli- 
tains de Lyon sur des territoires aussi éloignés de leur Eglise 
fut rinféodation du château de Tournon à un seigneur du 
pays qui devint la tige de la famille illustre de ce nom (i). 

Il est très probable que le comte Geilin, qui figure avec son 
fils Ainier dans un acte de donation faite vers 948 par le 
prêtre Ottranus aux moines de Romans, n'est pas un autre 
personnage que le bienfaiteur de Tabbaye de Saint-Chaffre (2). 
Nous ferons remarquer que les biens, objets des libéralités 
d'Ottranus, étaient à Clérieu, nouveau témoignage en faveur 
d'une juridiction exercée par le comte Geilin sur la rive gau- 
che du Rhône. 

Vers Tannée 962, précisément à Tépoque où pour la der- 
nière fois le nom de Geilin figure dans nos chartes, nous 
voyons apparaître un nouveau comte de Valence, Lambert, 
fils de Gontard et d'Ermengarde (3). Existait-il entre lui et 
Geilin quelque lien de parenté? Les documents ne nous ont 
encore rien révélé à ce sujet. Il est bon d'observer toutefois 
que ceux qui concernent ce personnage, et ils sont malheu- 
reusement bien rares, nous le montrent toujours exerçant son 
pouvoir en deçà du Rhône, d*où quelques auteurs ont pensé 
pouvoir conclure qu'on était ici en présence d'une seconde 
famille comtale, absolument distincte de la première. La dé- 
couverte de quelque document pourra seule faire la lumière 
sur ce point. 

Le nom du comte Lambert est intimement lié à la londa- 



(i) RoucHiER. Histoire du Vivarais^ t. I, p. 437. 
(3) GiRAUD. Cartulaire de Saint'-Barnard de Romans (2* édition in-4*), 
n* 31 . 
(3) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre, p. 110. 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. l3 

tion du monastère de Saint-Marcel de Félines. Personne 
n*ignore que le X^ siècle, plein de violences et d'iniquités, a 
été appelé justement le siècle de fer. Les campagnes surtout 
étaient profondément désolées. Pour y ramener ia foi chré- 
tienne et, avec elle, Tordre et la sécurité, Tunique moyen était 
d'y implanter des religieux, dont la vie de prière et de sacri- 
fice devenait pour tous une lumière et un encouragement. 
Lambert, de concert avec son épouse Falectrude, pour le 
repos de Tâme de Gontard, son père, de celle d'Ermengarde, 
sa mère, comme aussi pour attirer les bénédictions de Dieu 
sur ses fils Adémar et Lambert, appela des religieux de Cluny 
dans ses domaines et leur fit don du lieu de Saint-Marcel, 
autremeat dit Félines, dans le comté de Valence. On devait 
y construire une abbaye, placée sous la dépendance immé- 
diate du pape, à qui serait payé tous les cinq ans un cens de 
5 sols. Les religieux qui habiteraient ce monastère s'enga- 
geraient à vivre en commun sous la règle bénédictine. Une 
certaine étendue de territoire, dont les confins étaient nette- 
ment déterminés, fut attribuée à cette nouvelle fondation. La 
charte originale qui nous a transmis ces précieux détails 
existe encore et porte la date du 27 juin 985. Un diplôme de 
Conrad le Pacifique vint peu après confirmer ces libéra- 
lités (i). 

Le comte Lambert ne paraît pas avoir survécu longtemps à 
cet acte. L'aîné de ses fils hérita de ses domaines pendant 
que le second occupa le siège épiscopal de Valence. Les évê- 
chés, plus encore* que les autres biens de TEglise, tentaient 



(i) Chartes de C/m«v, n" 1715 et 1716 : « Sunt ergo ipsae res site in 
comitatu ValentinenBc : hoc est mons quae dicitur Alavenca, et mons 
quae vocatur Media Luna... Habet autem ipsa haereditas terminationes 
taies : de duobus latus rivum quae appellatur Merdanzonum, cum ipsa 
Girona et aquam que dicitur Rubionum, simul in unum tenentes ; de 
tercio latus rivum currentem et murumantiquum ubi dicitur Avalriatis; 
de quarto latus via publica usque in foveam et usque in jam suprano- 



(4 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

alors la cupidité des familles princières. Elles s'étaient habi- 
tuées à les considérer comme leurs propriétés. C'est un fait 
historique attesté par les documents et qui peut servir à nous 
orienter dans les recherches si compliquées de la filiation de 
ces premières familles féodales pendant les X« et XI* siècles ; 
les évêchés, devenus une sorte d*apanage des cadets, se trans- 
mettaient d'une façon à peu près constante d'oncle à neveu. Il 
fallut toute l'énergie de saint Grégoire VII pour mettre un 
terme à ces abus scandaleux. 

L'évoque Lambert succéda sur le siège de Valence à Guy I«', 
dont le nom figure pour la dernière fois au concile d'Anse 
de 995, où furent confirmés les privilèges de l'abbaye de 
Saint-Barnard par Thibaud, archevêque de Vienne (i). Ce 
siège épiscopal lui fut disputé par Humbert, de la famille des 
comtes d'Albon, fils de Guigues II et neveu d'Humbert, évo- 
que de Grenoble. Ce compétiteur prit dès lors le titre d'évé- 
que de Valence, avec lequel il figure dans un acte du cartulaire 
de Cluny de septembre 996 (2). Lambert l'empona ; mais 



minatum rivum Merdanzonum.» Parmi les souscriptions figure celle-ci : 
a S. Ricardi, filii domni Lamberti. u II est probable que Ricard est un 
troisième fils du comte Lambert. — Mabillon. Annales ordinis sancti 
Benedictiy Lues, lySg, in-f». t. IV, p. 28. — Ce comte Lambert adonné 
lieu à une méprise qui fut sévèrement relevée: U. Chevalier. Paray- 
le-Aibnial et son fondateur. Etude critique, Lyon, 1890, in-8*, 16 pages 
(Extrait de V Université catholique), 

(T) GiRAUD. Cartulaire de Saint-Barnard y n* 55. — D. Martènk. 
Thésaurus nov. anecd,, t. IV, p. 75-8. — Gallia christiana, t. XVI. Insf 
col. 16-8. — Guigues ou Guy i*', prévôt de l'église du Puy et neveu de 
Guigues ou Guy, évoque du Puy, était évêque de Valence en 990 
(Martènk. Thésaurus y t. IV, p. yS). Tout en étant évoque, il conserva 
sa charge de prévôt du Puy (U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre,,,^ 
p. 154 et 157V 

(a) Chartes de Cluny, n^ 2307. M. B. Hauréau nie Texistence de cet 
évâque Humbert ; mais l'original de la charte de 996 existe encore et 
deux autres documents, l'un de 1027 et l'autre de 1 183, mentionnent cet 
évoque. On ne saurait identifier Humbert avec Lambert : celui-ci était 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. l5 

Humbert, ne renonçant point pour cela à ce titre, paraît s^être 
résigné à attendre des jours meilleurs, et de fait, vers Tannée 
I025, il monta sur le siège de Valence. Adémar, comte de 
Valence, frère de Tévêque Lambert, ayant donné à Tarche- 
vêque de Vienne la terre de Bésayes, il se fit un échange^ le 
23 novembre 997, entre TEglise métropolitaine et celle de 
Valence. La première céda à celle-ci tout ce qu'elle possédait 
au Heu de Bésayes, et l'église de Saint-Apollinaire remit à la 
métropole tout ce qu'elle avait à Faramans, dans le pagus 
Salmoracensis (i). Mais l'acte le plus important de l'épisco- 
pat de Lambert fut la cession faite par ce prélat à Guignes, 
abbé de Saint-ChafFre, de l'église de Saint- Victor de Valence, 
le 14 mars ion ; elle fut approuvée par les clercs de son 
Eglise et par le comte Adémar, son frère (2). Désireux d'assu- 
rer la prospérité du monastère de Saint- Victor, l'évéque, peu 
de temps après, le i«' octobre 1014, en compléta la dotation 
en lui donnant encore un clos (murium)^ une forêt, un mou- 
lin et des droits de pêche (3). Nous ignorons la date exacte 
de la mort de ce prélat, qui eut pour successeur l'évéque 
Guignes. Celui-ci reçut, en même temps que ses collègues du 
royaume de Bourgogne, une lettre de Benoît VIII, datée du 
i«r avril 1016, par laquelle le pape l'exhortait à prendre en 



fils d'un comte de Valence du mâme nom ; Humbert appartenait à la 
famille des comtes d'ÂIbon et la charte de 996 indique ainsi sa 
parenté : a S. Humberti, episcopi (Gratianopolitani), qui hoc donum 
« fecit et testes firmare rogavit. S. Fredeburgis, matris ejus. S. Wiguonis, 
fratris ejus. S. Humberti , episcopi de Valentia , nepotis ejus. » 
Cf. CoLUMBi. Opuscula^ p. 253; C. Bellet. Examen critique des objec- 
tions soulevées contre la charte XVI' du 2* cartuL de V Eglise de 
Grenoble, Valence, 1889, in-8°, p. 5 et suiv. 

(i) Gallia christiana, t. XVI, inst. c. 18. Le pagus Salmoracensis doit 
son nom à Salmorens, aujourd'hui Sermorens, qui n'est plus qu'un 
faubourg de Voiron. 

(2) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre^ p. io5-6. 

(3) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre, p. 107. 



F 6 SOCIÉTÉ D* ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

main la défense des religieux de Cluny et à excommunier 
ceux qui détenaient leurs biens, s'ils ne venaient prompte- 
ment à résipiscence (i) Guignes assistait au concile d'Anse 
en 1025 (2). Ce fut peu après cette date qu'Humbert, de la 
famille des comtes d'Albon, le même qui en 996 prenait le 
titre d'évêque de Valence, réussit enfin à occuper ce siège. 
Qu'il ait porté le titre d'évêque de Valence en 1027 et que ce 
titre lui fût alors reconnu par le souverain pontife, c'est un 
fait attesté par une bulle de Jean XIX, récemment mise au 
jour par le savant éditeur du cartulaire de Cluny (3). Qu'il 
ait réellement occupé le siège de Valence, c'est ce qui résulte 
du témoignage rendu en 11 83 par Odon, évêque de Valence, 
qui, énumérant ceux de ses prédécesseurs dont les libéralités 
avaient enrichi les moines de Saint-Pierre du Bourg, men- 
tionne Humbert et place son épiscopat entre celui de Lam- 
bert et celui de Gontard (4). 

Le comte Adémar, frère de l'évêque Lambert, nous est sur- 
tout connu par ses libéralités envers le monastère de Saint- 
Marcel de Sauzet. Ce monastère, on s'en souvient, avait été 
fondé par le père d'Adémar, en 985, au lieu dit de Félines, 
qui paraît avoir été le nom primitif de Sauzet (5). La régn- 



ai) Chartes de Clunyy n* 2703. — D. Bouquet, t. X, p. 432. — Migne. 
Patrol, lat., t. CXXXIX, col. 1691. 
(a) Labbe. Concil.f t. IX, c. 859. 

(3) Chartes de Cluny, n" 2798. 

(4) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Pierre du Bourg, n* 7 : 
a Adjiciens etiam quod quecumque predecessores sui episcopi Guigo, 
Lambertus, Humbertus^ Gontardus, Heustachius, Bernardus, et prepositi 
Valentie eisdem episcopis contemporanei, videlicet Gentio, Ârnaldus, 
Guilhermus, et alius Guilhermus... concesserunt. » Entre Humbert et 
Gontard doit se placer l'évoque Ponce, qui n*est point ici nommé parce 
que, sans doute, il n^avait pas accordé de privilèges ou de concessions 
aux religieux de Saint-Pierre du Bourg. 

(5) U existe près de Félines (canton de Bourdeaux), entre cette localité, 
Francillon et Truinas de grandes ruines, qu'on dit dans le pays ôtre 
les débris d'un ancien monastère. Ne serait-ce point là les restes de 






LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. I7 

larité ne s'y était pas maintenue et les abbés qui Tavaient 
gouverné avaient été fort négligents dans l'exercice de leur 
charge. Le comte Adémar, dans la persuasion qu'on aura 
désormais un plus grand soin des âmes, renouvelle toutes les 
donations faites par son père. Dans cet acte, daté de l'année 
1087, '^ nous fait connaître le nom de sa femme Potelde 
(Roteldis)^ et ceux de ses fils. Ponce, évêque de Valence, 
Hugues, Lambert ^ Gontard et Gérard (i). 

Ponce, qui est placé au premier rang dans cette énuméra- 
tion à cause de la sainteté de son caractère, apparaît comme 
évêque de Valence dès l'année io3i : il assiste alors, avec 
l'archevêque de Vienne Léger et les évêques de Genève 
et de Tarentaise , à la consécration de l'église de Tal- 
loire et souscrit à l'acte de donation faite dans cette circons- 
tance par Ermengarde, femme du roi Rodolphe (2). Nous le 
trouvons ensuite dans une assemblée d'évôques tenue à Ro- 
mans le 2 octobre 1037 (3). Il est à Marseille le 5 octobre 
1040, à la suite du pape Benoît IX, et son nom figure parmi 
ceux des évêques qui assistèrent à la dédicace de l'église de 
Saint-Victor (4). Le 25 mars 1044, il approuvait et corrobo- 
rait de son sceau les lettres de Hugues de Salins, archevêque 
de Besançon, en faveur de l'abbaye de Saint-Paul de cette 



l'abbaye fondée par le comte Lambert en g85 à Saint-Marcel de Félines ? 
Cette première fondation n'ayant pas prospéré, Adémar, fils de Lambert, 
aurait transféré le monastère à Sauzet. Il y a pourtant une difficulté à 
admettre cette explication. La charte de 985 nous dit que Félines était 
située dans le comté de Valence; or Félines du canton actuel de 
Bourdeaux appartenait au Diois. 
(i) Chartes de Cluny, n® 2921. 

(2) Gallia christiana, t. XVI, inst col. 64. — Regeste genevois^ n© 182. 
— Un document de l'annçe io3o porte la souscription de Ponce, qui 
n'était point encore évèque : a S. Pontii, fîlius Âdemari comitis. » Chartes 
de Cluny y n* 2832. 

(3) Cartulaire de Saint-Barnard, n® 79. 

(4) GuÊSARD. Cartulaire de l'abbaye de Saint- Victor de Marseille^ 
n<^ 14. 

2« Série. XXVP Volume. — 1892. 2 



[8 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

ville (i). Deux bulles du pape Léon IX, datées Tune et Tautre 
du 3 mai io5o, recommandent à notre évêque et à quelques- 
uns de ses collègues de prendre en main la défense des reli- 
gieux de Saint-Barnard de Romans contre les usurpateurs de 
leurs biens (2). Ces deux bulles furent délivrées pendant la 
durée du concile que le pape avait réuni à Rome, à l'occasion 
de l'hérésie de Bérenger, écolâtre de Tours. Cette même an- 
née, révoque de Valence assista au concile de Verceil, où la 
petite abbaye de Saint-Victor de Valence fut donnée aux 
moines de Saint-Victor de Marseille. Il paraît qu'elle leur 
avait primitivement appartenu et que l'évêque Lambert, en 
la cédant à Saint'-Chaffre, avait outrepassé ses droits (3). Enfin 
nous ajouterons que Ponce prit part aux délibérations de 
deux autres conciles, de celui de Vienne en io54, présidé par 
le célèbre Hildebrand (4), et de celui de Châlons-sur-Saône, 
en février io56 (5). 



(i) Gallia christianay t. XVI, p. 3o3. 

(2) GiRAUD. Cartulaire de Saint-Barnard, n«» 92 et 93. 

(3) GuÉRARD. Cartulaire de Saint- Victor de Marseille, n* 7. 

{4) U. Chevalier. Cartulaire de Saint- André-le-Bas de Vienne, 
Appendice, n^ 54. 
(5) GiRAUD. Cartulaire de Saint-Barnard, n«83. 

Jules CHEVALIER. 
fA continuer. J 



W K W W W W V 



LE COLLÈGE DE CHABEUIL 



Malgré le dépouillement le plus actif des archives 
départementales et communales, il n'est pas encore 
possible, à l'heure actuelle, d'écrire une histoire com- 
plète des établissements d'instruction secondaire de la 
Drôme avant 1790. 

On sait que Valence, Romans et Montélimar ont 
possédé des collèges aux XVI P et XVIII* siècles ; mais 
celui de Chabeuil est à peu près demeuré inconnu (i). 

Cette petite ville avait eu des écoles depuis i ç 19 au 
moins: elles étaient dirigées en 1562 par Rangini, en 
1575 par Sossey, en 1577 et i«;78 par Vason, en 1582 
par Philibert, en 1584, 1585 et 1586 par AUoys, des 
environs d'Oulx, au traitement annuel de 20 écus, 10 
de la commune et 10 de la confrérie du St-Esprit, outre 
la rétribution mensuelle par écolier de j et 5 sols, les 
pauvres étant admis gratuitement. 

D. Lessus, sacristain, obtient, en 1J9J, un écu par 
mois « pour l'enseignement de la Junesse, » et en 
1 596, Viennot, de Châtillon-sur-Seine, prend le pre- 
mier la qualification a de recteur du collège » à 5 écus 
par mois. 

Il ne conserva pas longtemps ce poste et, en 1599, 



(i) M. l'abbé Vincent, dans une Notice sur Chabeuil, et M. le chanoine 
Nadalydans la vie de Mgr d*Authier de Sisgaud, en ont seuls brièvement parlé. 



20 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Gauthier ne s'adjuge plus que le titre « de maistre 
d'escole. » 

Or, à cette date, le rétablissement de la paix et de 
la sécurité publique, après quarante années de divisions 
intestines et de guerres, avait raminé soudain le gôut 
des belles lettres et des représentations de mystères. 
On alla, en 1598, demandera Tournon des écoliers, 
originaires de Chabeuil, aptes à remplir un rôle dans 
une moralité ou tragédie dont le titre n'est pas indiqué. 

Fondé en i^j6 par le cardinal de Tournon, a grand 
amy de François V\ » le collège de cette ville jouissait 
alors d'une grande renommée et, d'après la tradition, 
le prince de Téglise ayant offert à ses compatriotes un 
pont qui reliât les deux rives du Rhône ou un collège, 
ils avaient opté pour ce dernier : c'est dire riniérèt 
porté alors à l'instruction publique. Les Jésuites y 
avaient été appelés en 1560, et leur enseignement 
devint si fructueux qu'au témoignage de Jacques de 
Bannes ils avaient groupé autour de leurs chaires jus- 
qu'à 700 élèves, la plupart gentilshommes. 

Chabeuil ne pouvait pas aspirer à de si hautes desti- 
nées ; toutefois, comme les professeurs de Tournon 
venaient y prêcher souvent, ils s'y créèrent de nombreu- 
ses sympathies. En 1585, Jacques ce Salian, » remer- 
ciait les consuls d'un présent fait à leur maison, et en 
1606 Jean-François Suarez, d'une aumône, les infor- 
mant qu'ils ne prenaient ce aulcune récompense pour 
leurs ministères spirituels. » 

Ces bons rapports et les aspirations populaires vers 
les études sérieuses inspirèrent à Jean Reynaud, notaire 



LE COLLEGE DE CHABEUIL. 21 

et procureur de Chabeuil, la louable idée de doter son 
pays d'un collège. Le 17 juillet 1601, d'autres disent 
le 13 juillet, il léguait tous ses biens aux pauvres, à la 
charge de prélever sur sa succession une somme annu- 
elle de 1 20 écus pour la fondation d'une maison d'éduca- 
tion et l'entretien de ses régents. Le testateur, dit M. 
Nadal, avait exprimé le vœu que les enfants y fussent 
reçus et instruits gratuitement, que leurs maîtres fussent 
gens d'église, qu'il y eût parmi eux un prédicateur et 
qu'on les choisît de préférence dans l'ordre de St-Pierre 
résidant à Avignon, appelé des Doctrinaires. 

Les intentions du testateur furent exactement obser- 
vées par les consuls, et le collège naissant passa aux 
mains des religieux désignés par Jean Reynaud. 

Né à Cavaillon en 1 544 et décédé à Avignon en 1607, 
César de Bus, fondateur de la Congrégation de la Doc- 
trine chrétienne et des Ursulines, écrivit le 9 septembre 
1601, aux consuls de Chabeuil en ces termes : 

a Le plaisir que vous m'avés faict de me renvoyer le 
Père Vigier, pour nous secourir en nostre nécessité, et 
le bon traitement qu'il a receu de vous durant le temps 
qu'il a esté de part delà, m'a tellement obligé en vostre 
endroict que je ne me donrray repos jusques à ce que 
je vous en aye faict quelque revanche, et pour cest effaict 
vous pouvés (estre) asseurés que j'employerai toutes 
mes forces pour vous prouvoir de personnes telles que 
désirés pour l'advancement de l'œuvre qu'avés entre- 
prins, et que ledict P. Vigier m'a communiqué ; que si je 
ne le puis faire si tost, comme vous le vouldriés, ce 
sera bien aussi tost que j'en auray le moyen. Cepandant 



22 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

je VOUS prie temporiser quelque peu et continuer vostre 
bonne affection à ces œuvres tant utiles et nécessaires 
par vous commancées. » 

A cette époque remontent l'acquisition d'une maison 
d'Aimar Meyssonnier, régent en l'Université de Valence, 
et les réparations les plus urgentes. Bernard, maçon, 
reçut 21 livres pour a avoir induit et embouché la plus 
grand'classe basse du collège, » ouvert une porte à 
Tusage du prédicateur et principal, « rapizonné et em- 
bouché une muraille » et construit un petit clocher sur 
le collège. 

Il paraît, toutefois, que le doctrinaire Vigier avait 
pour mission uniqne de prêcher et de diriger l'établis- 
sement nouveau à raison de j j écus de traitement tri- 
mestriel, car les professeurs de 1602, appelés régents, 
sont : Boysson, curé et prédicateur, Pascal, Duplan, 
Reybaud, curé, Febvre. Ce dernier, afin de donner plus 
d'éclat à son enseignement, résolut de représenter 
« l'histoire de Bradamante » et obtint de la commune 
1 1 écus J4 sols dont 6 sols pour a les barbes d'Aymon 
et de Charlemagne, » 10 sols pour la pomme dorée du 
grand empereur, 5 écus et demi pour les dépenses des 
acteurs et des musiciens etc. 

Cette satisfaction une fois donnée aux familles, les 
régents et consuls songèrent à publier un programme 
des études suivies au collège, et ils s'adressèrent aux 
Jésuites de Tournon pour en surveiller ïes épreuves. 
« J'ayfaict marché, écrivait Bonhomme aux consuls, 
« le II octobre 1602, avec le sire Claude (Michel), 
« imprimeur, à un escu pour la presse et pour l'enri- 



LE COLLÈGE DE CHABEUIL. 23 

« chissement qu'est une descente du sainct Esprict au 
a milieu, ung sainct Sébastien au cousté droict et les 
a armoyries de d'Aulphiné au cousté gauche. Il y 
« doibt avoir aussi des vinettes tout Tentour du quarré 
a et tout Tentour de choses imprimées, des aultres 
« aussi aux séparations des classes et des livres qui se 
« doibvent lire. Je n'ay rien peu faire sans baillier aux 
a compaignons six blancs pour le vin, ce que j'ay 
<r deslivré, et ung teston à l'imprimeur pour les harres. 
« ... le sire Claude m'a promis de vous envoyer vos 
a catalogues demain matin, lo 

Voilà certainement une curiosité bibliographique à 
retrouver. Toutefois, si la publication de prospectus 
était facile, le recrutement des professeurs présentait 
les plus grandes difficultés, car autant les premières 
années du XVr siècle avaient été propices aux lettres, 
autant les dernières leur avaient été néfastes. 

Guiffrey Boysson écrivait au consul Freydier , le 
28 décembre 1604 : 

a J'ay receu la vostre à Tain, où j'ay presché ces 
festes, d'où sans delay je mesuys retiré à Tournon pour 
effectuer le contenu d'icelle. J'ay parlé au R. Père rec- 
teur du collège, en l'absence des deux préfets des 
estudes, lequel m'a dict qu'il ne sçavoit à présent aucun 
prebslre à Tournon qui voulust prendre party et qu'il y 
adviseroit pour l'advenir, mais qu'il n'y avoit moien de 
vous pouvoir aider si promptement comme désirés. Il y 
a environ ung mois qu'un honeste prebstre de Dauphiné 
cherchoit quelque régence, mais je ne scay quelle voye 
il a prins ; je m'en informeray. Au reste, je vous con- 



24 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

seille de continuer vos régeats, si vous ne pouvés fère 
aultrement jusques à la St Michel, car à peine trouve on 
commodité de personnes hors ce temps là, que plusieurs 
ont parachevé leurs estudes.... J^attend mon cousin, 
qui est de Tordre, après festes, lequel pour estre com- 
pagnon du R. P. provincial nous pourra beaucoup 
aider.... Comme j'auray receu de ses nouvelles, je vous 
en advertiray. » 

Les régents de i6o4àChabeuil s'appelaient Melchior 
et Thomas Ricard, Jean du Chastelard, Mége, Claude 
Roux et Pierre Rolland à 22, 20, 1 5 et 10 écus par tri- 
mestre, et Reybaud, curé. 

Il n'a pas été possible de savoir si tous ces profes- 
seurs enseignaient simultanément ; mais pour se rendre 
compte de la différence du pouvoir de l'argent, en 1604, 
avec celui de 1891, il suffira de constater qu'en 1605, 
le sétier de blé, équivalant à 71 litres, 7 décilitres valait 
à Chabeuil 4 livres 2 sols, (soit 5 fr. 72 centimes l'hecto- 
litre), et en 1606, la livre de viande de bœuf i sol et 
celle de mouton et de veau de lait, i sol 6 deniers. 

Ajoutons qu'en 1604, César de Bus remplaça le père 
Vigier, principal et prédicateur, par le P.. Antoine, 
« homme de bien et suffisant, bien qu'un peu timide. 
a Vous pouvés (estre) assurés que vous avons mandé le 
« meilleur des nostres et, pour vous en accommoder, 
« avons desprouveu la maison. » 

Comme on trouve l'année suivante le P. Ruffier avec 
le titre de prédicateur, à 200 livres de traitement, il faut 
en conclure que malgré les éloges accordés au P. 
Antoine par son supérieur, il ne sut pas se concilier les 
sympathies de la population. 



LE COLLÈGE DE CHABEUIL. 25 

Quoi qu'il en soit, le collège reçut alors d'importantes 
réparations ; on trouve 91 livres pour achat de matériaux 
et 27 pour main-d'œuvre ; de plus, le consul Freydier 
traita avec Mathieu Duron, le 24 août 1605, et avec 
Jean Figon, de St-Agrève en Vivarais, le premier sep- 
tembre suivant. Duron s'engageait à servir de régent en 
la première classe, d'une saint-Luc à l'autre, à faire 
bien son devoir, à dire et célébrer la « messe des escol- 
« liers et ayder aux confessions en temps de festes et 
« caresme », et son traitement s'élevait A 80 écus par 
an. Quant à Figon , chargé d'apprendre aux enfants 
a de lire, escripre, monstrer d'arismeticque et grand 
« mère, et aultrem^nt faire son debvoir » de régent au 
collège, il recevait 42 écus et 3 livres 12 sols a pour le 
a loyage d'une chambre pour sa famille », car il était 
marié. 

D'après M. Nadal, les Doctrinaires, ayant reconnu 
qu'il leur serait impossible de pourvoir à leurs besoins 
avec la modeste dotation de l'établissement, l'abandon- 
nèrent au bout de quelques années, et obligèrent ainsi la 
ville à recourir de nouveau à l'expérience des Jésuites 
de Tournon. 

Le 22 janvier 1605, Guiffrey Boysson, conseillait au 
consul de ne pas changer de régents, « sauf meilleur 
a advis », avant la St-Michel « pour continuer ung bon 
« bruict à ses ville et collège ». « Si la nécessité, ajou- 
« tait-il, vous contrainct à changement, vous pourries 
a mettre vostre second ou j* régent en la place du pre- 
« mier, mettre aussy en la j*, maistre Disdier, et pren- 
<c dre quelque jeune homme ou escholier pour la 4* classe, 



26 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

« qui, à bon compte aprendra à lire. Ce faisant, vous 
« mesnagerés jo ou tant d'escus, lesquels ou en partie 
« vous pourrés emploier pour contenter quelque honeste 
« prebstre qui pourra aller soulager M. le curé à 
<r Pasques, Pentecoste et Nostre-Dame d'Aoust... » 

Dans une autre lettre du 20 février suivant, le même 
religieux annonçait au consul Freydier qu'il avait'conféré 
avec son frère, compagnon du provincial de l'ordre, sur 
le projet de la ville de confier son collège aux Jésuites. 
« Comme ils ne font profession encore en France 
d'enseigner publiquement, il faut que l'affaire soit décidé 
et ordonné par leur congrégation générale, laquelle se 
fera ceste année à Lyon, après la Pentecoste. » Il l'in- 
vite en même temps, pour hâter une solution favorable, 
à écrire au Père général, alors à Avignon. Il faudra en la 
lettre que vous lui écrirez, recommande-t-il, a faire men- 
tion des commodités tant présentes que à advenir du 
collège, du bastiment et aultres choses concernantes 
vostre volonté... Il fault battre le fer cependant qu'il est 
chault et ne négliger l'affaire. Pour mon regard, j'ay 
aultant d'espérance que jamais. » 

Les lettres suivantes ne parlent pas du collège, mais 
seulement des prédications. 

En attendant l'issue des négociations entamées, les 
régents en 1607, 1608 et 161 1, firent représenter les 
mystères de la Décollation de St Jean-Baptiste en 1607, 
de la Décollation de St Clément et de St Agathange 
en 1608, de la Conquête de la Terre-Sainte en 1610, et 
de l'Histoire de Ste Ursule en 161 1. 

La perte des manuscrits de ces pièces, ne nous per- 



LE COLLÈGE DE CHÂBEUIL. 27 

met pas d'en apprécier le mérite littéraire ; mais le 
compte des préparatifs nécessaires à leur succès ne 
manque pas d'originalité. 

Ainsi, en dehors du théâtre, des arcades, rideaux, 
tapisseries etc, on trouve pour la Décollation de St Jean 
« du carton pour la ville de Hiérusalem avec le palais 
« d'Hérodes et celuy de Philippes ou prison de St Jean, 
a deux paires d*aisles pour le bon ange et pour Cupi- 
d don, deux violons une gorge d'enfer jettant le feu par 
« la gorge, par les mains, par les yeux et par les oreilles 
a et grande statue d'où les malins (esprits) sortiront et 
a entreront, quatre habits aux esprits, des feux artifi- 
« ciels qu'ils auront aux mains, aux aisles ou sur leurs 
a corps, trois couronnes pour les roy et reines. » L'his- 
toire de St Clément et St Agathange nécessita « une 
« grille faicte pour le martyre, des fusées que les malins 
« esprits portoient quand ils sortoient, du sang employé 
a à la Décollation, une livre d'eau ardant employée aux 
« feux tant dessus la grille que aux habits des malins 
« esprits etc. » (i) 

Les détails de cette mise en scène ne doivent pas 
nous faire oublier un collège que les consuls, pour obéir 
aux vœux du fondateur, désiraient, confier à un ordre 
religieux. 

Une gratification de i8 livres octroyée à Figon, en 
1607, pour ses peines « à l'eslévati.on du collège et 
exercice de la Jeunesse », rend témoignage du bon vou- 
loir de ce professeur et des dispositions des consuls. 



(i) Vie de Mgr d'Authier de SisgaudypsLT M. Nadal. — Archives commu- 
nale, séries ce et GG. — Massip, Le Collège de Toumon, 



28 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Aussi voit-on Tannée suivante Délaye député à Lyon 
pour s'entendre avec les Jésuites, qui en 1605 n'avaient 
pas voulu prendre d'engagement. La réponse faite 
n'ayant pas été satisfaisante, les consuls s'adressèrent à 
St François de Sales qui leur écrivit en ces termes, 
d'Annecy, le 10 août 1618: 

« Messieurs, je me resjouis de voir que nos bons 
pères Barnabites prennent résolution d'envoyer à Milan 
vers leur général pour pouvoir satisfaire à vos désirs, et 
prendre vostre petit collège, lequel à mon advis devien- 
dra grand, s'ilz sont secondés de vostre assistence 
comme ilz ont occasion d'espérer. Pour moy, je vous 
'assure que ce me sera tousjours de la consolation 
quand je sçauray que vous aurés du contentement en ce 
sujet, auquel et en tout autre, je vous offre de rechef 
tout ce que je puis et que je suis, vous souhaitant et à 
vostre ville toute sainte bénédiction, et demeurant de tout 
mon cœur. Messieurs, vostre très humble et très affec- 
tionné serviteur en N. S. François , évesque de 
Genève. » 

« Je pense. Messieurs, que Monseigneur de Valence, 
vostre evesque, pourra tout et voudra tout pour cest 
affaire, et que ces pères luy seront fort agréables, et 
que par conséquent il sera à propos que de bon heure 
on l'advertisse affin qu'il coopère auprès de sa Majesté, 
et puis auprès de Messieurs du parlement. » 

Les Barnabites, fondés à Milan en 1530, dans le but 
d'instruire la jeunesse et de prêcher, et approuvés en 
1535 par le pape, se répandirent et en France, grâce à la 
protection d'Henri IV. 



LE COLLÈGE DE CHABEUIL. 29 

Reymond, envoyée Annecy, en 1618, pour s'enten- 
dre avec ces religieux, en ramena le père Prévôt et 
D. Redempto ; il dépensa 6 sols a pour le boere à 
Albin »; pour « la couchée à Aix » 40 sols, le 1 5 juillet, 
« disné à Chambéry » 1 5 sols ; pour la resve à la Ter- 
rasse », 16 sols, coucher à Grenoble i écu 16 sols, le 
16 Juillet, « disné à Moerenc », j sols, coucher à St- 
Marcellin 1 écu 4 sols, le 17, diner à Romans, 38 sols ; 
arrivée à Chabeuil et nourriture pendant 5 jours, des 
pères et de 2 chevaux, j écus 20 sols, au guide pris à 
Grenoble, 2 écus 42 sols pour 9 jours. 

Les démarches, parait-il, ne réussirent pas, témoin la 
lettre suivante du P. Barantanus, ce Bernabiste », datée 
d'Annecy le 1" février 1619 : 

Messieurs, le dilay de vostre response m'est une 
grande blessure au cœur : car ce m'est signale ou de 
l'absence de Monseigneur de Valence, ou de son refus 
touchant noslre affaire, ou de vostre refroidissement. 
Pour Dieu, Messieurs, ne vous perdes en si beau che- 
min. L'issue de l'affaire sera plus facile que son sem- 
blant ne nous monstre. Il fault tenir l'affaire en vigeur, 
affin qu'il ne se rompe du tout. Nos affaires passent. 
Dieu mercy, fort bien à Paris et le tout réussira à sou- 
hait. Nostre Père General escrit qu'il attend vostre 
novelle résoulution, sçavoir ce que vous pouvés nous 
donner, car sur celle (ci), il nous envoyera la procuration de 
conclure l'affeire. Faites moy l'honneur de deux mots de 
response et asseurés vous que je suis et seray vostre 
advocat, sans en espérer aultre salaire que la gloire de 
Dieu, et vostre profîct tant corporel que spirituel, car je 



3o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

vous ay desja voué tout mon service, comme celuy qui 
est, Messieurs, vostre très humble serviteur. » 

On ne trouve plus de renseignements sur les suites de 
la négociation, et comme en 1620, Jean Reybaud, curé 
de Chabeuil légua une somme pour une mission annuelle, 
les consuls profitèrent de la nouvelle ressource pour 
entrer en pourparlers avec les Jésuites de Tournon. 

En 1620, le collège fut donc offert au R. Patornay, 
de leur ordre, prédicateur de la mission, et ensuite aux 
Minimes. Les gages de Figon, à cette époque s'élè- 
vent à jo livres par trimestre et ceux de Veyssière, 
prêtre, i*^ régent à 80 livres 12 sols pour 4 mois 
24 jours, ceux de Morin, en 1625 à j2 livres 5 sols par 
•trimestre et ceux de Coyx, en 1624, à 22 1/2. 

De 1620 à 1654, on constate des réparations au col- 
lège à deux reprises différentes. Leyssas, jésuite, est 
chargé de la mission fondée par Reybaud ; Jean Gras, 
le remplace et Vervins succède à ce dernier. 

C'est en 1661, que les Dominicains entrèrent en 
pourparlers à Aix pour la direction du collège ; deux ans 
après les bâtiments furent restaurés. 

Les nouveaux maîtres firent jouer en 1667, par leurs 
élèves, une comédie sous la halle, et ce genre d'exercice^ 
mentionné aussi vers 1624, ne reparaît plus dans les 
comptes consulaires. 

Par suite de l'union, vers 1679, à l'ordre de St-Lazare 
et du Mont-Carmel des biens des confréries et hôpi- 
taux, les 1 20 écus du legs Reynaud se trouvèrent un 
instant menacés ; mais leur destination les sauva. 

Toutefois, les Jacobins ou Dominicains cessèrent 



LE COLLÈGE DE CHABEUiL. 3l 

leurs leçons vers 1725, et Tannée suivante, les prêtres 
du Sâint-Sacrement de Valence les remplaçaient. D'a- 
près le traité conclu avec eux, ils devaient enseigner le 
latin, de la 6' à la j' classe inclusivement, prêcher dans 
réglise paroissiale aux principales fêtes de Tannée et 
donner aux consuls, à la Pentecôte, 10 sétiers de blé 
pour distribution de pain aux pauvres. Ils recevaient le 
montant du legs Reynaud, les revenus de la confrérie du 
St-Esprit, 65 1 livres de la ville et 200 de secours. 

Le collège subsista jusqu'en 1791 et Tun des derniers 
directeurs a publié un ouvrage dont voici le titre : 

Pècis du cours d'éducation à l'usage du Collège-pension 
Académique de Chabeuil en Dauphiné , dédié à Mgr 
François de Grave^ évêque et comte de Valence, prince 
de Soyon, conseiller du Roi en tous ses Conseils, etc., 
par M . Robert, prêtre de la Congrégation du très Saint- 
Sacrement, principal et Directeur général dudit Collège- 
pension Académique (Avignon, Offray, 1783, i vol, 
in- 12, 182 pages). 

L'auteur y traite d'abord de l'éducation religieuse et 
morale, ensuite de l'éducation littéraire, puis de Téduca- 
physique et du gouvernement intérieur de la pension. 

Il résume ainsi ses principes : « Le grand art d'ins- 
truire les écoliers ne consiste pas à les enfoncer dans les 
sciences, mais à les conduire aux sources où elles se 
puisent, à leur -donner du goût pour les aimer, et des 
méthodes pour les acquérir. Nous ne visons pas à per- 
fectionner l'homme dans notre atelier. Il ne sera qu'é- 
bauché ; mais nous espérons que cette ébauche se prê- 
tera facilement aux derniers coups de ciseau. Nos élè- 



32 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

ves, à la fin de leurs humanités, seront instruits de leur 
religion. Ils connoîtront les vertus qu'on leur aura sou- 
vent nommées, définies et présentées dans des exemples 
frappants ; qu'ils auront récompensées eux-mêmes par 
leurs suffrages. Ils seront passablement versés dans leur 
langue qu'ils auront apprise par principe. Ils sauront du 
latin plus ou moins, selon les dispositions qu'ils auront 
reçues de la nature. Ils seront même assez initiés dans la 
langue grecque, pour aller plus loin sans maîtres. Ils 
auront une connoissance suffisante de la géographie, de 
l'histoire, de la mythologie, de l'éloquence, de la 
poésie. 

« Ils posséderont les éléments de l'arithmétique , de 
l'algèbre, de la géométrie etc. Leur mémoire sera ornée 
de ce qu'il y a de plus exquis et de plus saillant dans la 
littérature ancienne et moderne. Ils auront le goût formé, 
l'esprit juste et le jugement solide. Ils ne seront parfaits 
sur rien, mais ils auront appris tout ce qu'il faut pour le 
devenir ». 

On y apprenait aussi la danse, l'escrime, la musique, 
le dessin et l'écriture, la natation et l'équitation. 

Tous les élèves y étaient uniformément vêtus de drap 
de Silésie écarlate, avec doublure, revers, parements, 
veste et culotte chamois, poches verticales, boutons de 
cuivre doré, chapeau noir et retroussé à la suisse, 
cocarde de ruban noir. La doublure de Thabit formait un 
passepoil imitant le cordon en noir. 

Les externes avaient l'habit uniforme des pension- 
naires. Moyennant 5 50 francs, les pensionnaires avaient 
droit au logement, à la nourriture, aux leçons des mai- 



LE COLLÈGE DE CHABEUIL. 33 

très, aux habits et généralement à tout ce qui leur était 
nécessaire en santé et en maladie. Le costume décrit 
semble un peu théâtral, et devait mal s'allier avec le pro- 
gramme d'études sérieux et bien conçu, adopté dans 
rétablissement. 

Malgré nos recherches, il a été impossible de trouver 
d'autres renseignements sur le collège de Chabeuil 
remis en honneur il y a quelque 50 ans par M. l'abbé de 
Saulses, et antérieurement par MM. Barjon. (i) 

Nous aimons à croire que ses archives ont été con- 
servées dans quelque maison particulière et que ce 
modeste travail en amènera la découverte. Nons serions 
heureux, en ce cas, d'y puiser de nouveaux détails et 
d'assurer à la patrie d'Ennemond Bonnefoy, désigné par 
Cujas pour lui succéder, et de Jean-Joseph-Victor 
Génissieu, député à la Convention et ministre de la 
Justice en 1796, la gloire d'avoir produit d'autres hom- 
mes remarquables, par leurs talents ou par leurs 
bienfaits. 

Rappelons, en attendant, l'existence à Chabeuil, au 
XVIir siècle, d'une école pour les garçons, et d'une 
école pour les filles, dirigée par les Ursulines : ce sera 
un nouveau témoignage du vif intérêt porté par cette 
petite ville, dans tous les temps, à l'instruction publique. 



(1) Archives communales de Chabeuil, séries B6. CC. et GG. 

A. Lacroix. 



2^ SÉRIE. XX VP Volume. - 1892 



$4 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 



LES 



AMIS DE JEAN DRAGON 

Professeur à VSlcadémie Protestante 

de ^ie. 



(Suite, — Voir les 90% 91% 92% 93*, 94% 95% 96% 97* et 98* livraisons). 



XXIX 

Joannes Vulso Colomberjus, delphinas {\), 

De même que Visconti est un type du professeur indis- 
cipliné et sans convictions, Jean Vulson de la Colombière 
s'offre à nous comme celui du pasteur autoritaire,chez qui 
les prétentions du ministre du culte se doublaient de pré- 
tentions nobiliaires. Noble, cet ami de Jean Dragon ne 
rétait cependant que très peu, car tandis que Fauteur de 
La Science du blason^ son fils, avance que les Vulson 
étaient de même souche que les seigneurs de Croiglen en 
Ecosse, certains papiers mis au jour par le savant pro- 
fesseur à la faculté des lettres de Montpellier, M. Charles 
Revillout, prouvent qu'ils étaient tout simplement une 
famille de notaires du Trièves. Seulement, comme le père 
de notre pasteur, qui tabellionnait à St-Jean-d'Hérans 
dans la seconde moitié du XVI* siècle, prit, tout en dres- 
sant des protocoles, une part active aux guerres civiles de 

(l; Fol. 140. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 35 

son temps, il n'en fallut pas davantage pour lui faire se 
donner des airs de gentilhomme, en ajoutant à son nom 
patronymique celui de la Colombière, vraisemblablement 
emprunté au pigeonnier qui flanquait sa maison, et cela, 
joint à sa parenté avec le conseiller Marc Vulson, un des 
magistrats les plus en vue de la Chambre de l'Edit de 
Grenoble (i), fut cause que son fils aîné étant entré dans la 
carrière pastorale, y joua tout jeune encore un rôle relati- 
vement important (2). Devenu pasteur de la Mure (3), au 
sortir de l'académie de Genève, c'est-à-dire en 1699, Jean 
Vulson de la Colombière se vit, en effet, chargé aussitôt 
d'une mission auprès des commissaires exécuteurs de l'édit 
de Nantes, dont il s'agissait de presser le départ pour le 
Dauphiné et représentant de cette province dans le synode 
national de Gap (i6o3) ; il le fut encore dans celui de la 
Rochelle (1607), après avoir participé, dans l'intervalle, 
à la confection des règlements de l'académie de Die. En- 
suite de cela, il fut envoyé auprès du roi Henri IV, pour 
le prier d'intervenir en faveur des protestants de la prin- 
cipauté d'Orange, qui se trouvaient menacés par un édit 
de leur souverain (23 août 1607), accordant le libre exer- 
cice de leur culte aux catholiques de celte principauté et, 



(i) Marc Vulson, sieur du Collet, que sa a suffisance, loyaulté, preud'hom- 
mie, expérience au faict des 6nances et bonne dilligence, » firent charger, en 
1593, de « la recepte des deniers alloués pour Tentretien des pasteurs et 
escoliers en théoloj&ie protestants, » fut reçu conseiller en la Chambre de 
TEdit de Grenoble, le 27 septembre 1585, occupa cette charge jusqu'à sa 
mort en 1640. 11 est surtout connu par une tragique aventure, qui donna 
lieu au mot: Gare à la Vulsonnade. Ayant surpris sa femme en adultère, il la 
tua ainsi que son amant. C'était l'oncle de notre pasteur. 

(a) Revue des soc. sav., 7* série, IV, 1 18 et suiv. — Brun-Durand : Essai 
hist. sur la Chambre de VEdit de Grenoble, 88-91. 

(3) Chef-lieu de canton de farrond. de Grenoble (Isère). 



36 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

somme toute, on l'employa si souvent au dehors, pen- 
dant les dix années qu'il occupa le poste de la Mure, qu'en 
1607, ses collègues de Die et de Grenoble furent officiel- 
lement chargés de visiter ses ouailles en son absence (i). 

Transféré de la Mure à Die, au mois de juillet 1609, 
Vulson accentua d'autant plus sa personnalité dans cette 
ville, qui était alors comme la capitale des protestants 
dauphinois, qu'il y cumula pendant quelque temps les 
fonctions de pasteur et celles de recteur de l'Académie, et 
non content de cela, y fut encore mêlé à différentes négo- 
ciations, entre lesquelles il convient de distinguer celles 
qu'il engagea personnellement, pour obtenir l'érection de 
l'académie de Die en université. Bien que cette érection 
n'ait jamais eu lieu, il paraît même qu'il obtint des lettres 
royales pour cela, car nous savons par les actes du synode 
de Mantoules (16 12), que cette assemblée autorisa la dé- 
pense à faire pour l'enregistrement desdites lettres et, dans 
tous les cas, un semblable zèle, joint à celui qu'il déploya 
pour la défense de Tautorité synodale contre les entre- 
prises de la noblesse, alors conduite par le diois Charles 
Ducros, le mit au premier rang des pasteurs de la pro- 
vince. Si bien, qu'on le trouve dix années durant à la tête 
de toutes les commissions ou délégations du Synode pro- 
vincial ; par exemple de celle qui f^it chargée, en r6i3, de 
remontrer au tout puissant Lesdiguières a le desordre qui 
« estoit en sa maison, le convier à amendement et pro- 
« céder contre lui à la rigueur de la discipline en cas d'im- 
« pénitence » , ou bien encore de celle qui examina 
V Histoire des Vaudois^ de Jean-Paul Perrin, avant qu'on 



(i) Livre du Recteur. — Actes des syn. de Serres (1600), de Grenoble 
(1605) et de Montélimar (1607). — Conclus, acad., etc. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON, ij 

en autorisât IMmpression, non compris qu'après avoir 
présidé le synode provincial de Mens, il fut le premier des 
trois députés que les protestants dauphinois envoyèrent à 
la fameuse assemblée politique de Grenoble (i()i 5) (i). 

Pour ce qui est de la situation de notre pasteur à Die 
même, elle ne tarda pas à être compromise à ce point, que 
moins de quatre ans après son arrivée dans cette ville, 
Vulson manifestait Tintention de la quitter, y étant, disait- 
il, ce incité par les injures qui lui ont esté faites tant par 
a escrit que de vive voix.» Pour se venger de ses hauteurs 
et de celles de sa femme (2), on en était arrivé à déchirer 
rétoffe du siège que cette dernière occupait dans le temple, 
et si Tenquête à laquelle donna lieu ce méfait, n'établit 
pas d'autres responsabilités que celle d'un homme « vestu 
<c de noir, visage rondelet et barbe noire, que personne 
ff ne connaissoit » , elle démontre clairement qu'à ce mo- 
ment-là, les époux Vulson étaient on ne peut plus mal avec 
une grande partie de la bourgeoisie dioise et du corps 
professoral (3). 

Grâce à l'intervention du Consistoire , toutes choses 
restèrent cependant en l'étaf ; mais deux mois après la 
femme du pasteur de Die se trouva derechef en querelle 
avec quelques dames de cette ville, qu'elle accusait, en- 
tre autres choses, d'avoir des « marjolets (4) », ce qui fut 



(i) Actes des syn. de St-Paul-Trois-Châteaux (1609), de Mantoules (1612), 
de Die (161 3) et du Pont-en-Royans (161^). — Délib. du consisi. de Die. 

(2) Elisabeth Borel de Pontaujard, qu'une mauvaise lecture a fait appeler 
Bore! de Pontoviar. 

(^) Délib. consistoriales des 28 janvier et 1 1 et 24 février 1613. 

(4) Nous nous sommes arrêté à ce détail, parce qu'il en ressort qu'au 
XV11« siècle, le mot a marjolet » n'avait pas seulement le sens de prétentieux 
et de muguet, comme le disent le Dictionnaire de Trévoux et Liiiré, mais 
encore celui d'adorateur et peut-être même d'amant. 



38 SOCIÉTÉ d'archéologie kt de statistique. 

cause que le Consistoire la condamna à déclarer qu'elle 
n'avait point entendu offenser ces dames, en parlant ainsi, 
et l'an suivant, c'est le pasteur lui-même, qui était en 
guerre ouverte avec les avocats de Die, à qui il contes- 
tait le droit d'avoir une place à eux dans le temple. Diffé- 
rend dont s'occupèrent tour à tour le consistoire de Die, 
le colloque du Diois, le Synode provincial, et qui allait 
être porté devant la Chambre de TEdit de Grenoble, quand 
le Synode, qui ne redoutait rien tant que l'intervention de 
la magistrature civile dans ses affaires, décida, tout en 
censurant « l'avocat Laurens », pour son immodestie vis- 
à-vis de M. de la Colombière, qu'il y aurait désormais 
dans le temple un banc de la justice pour « les magistrats 
et avocats (5) ». 

Ensuite de cela, Vulson eut de graves difficultés avec le 
professeur de théologie Jean Scharp, et celui d'hébreu, 
Etienne Blanc, qui lui prêtaient quelquefois leur concours 
comme ministres du culte. Il les accusait d'empiéter sur 
ses droits de pasteur et, somme toute, finit par se rendre 
tellement à charge aux notables de l'église protestante de 
Die, que ceux-ci, extraordinairement assemblés, au com- 
mencement de l'année 1618, demandèrent un autre pas- 
teur. Pour ne pas être en reste, Vulson demanda, de son 
côté, un autre poste, à cause du « peu de contentement et 
« satisfaction qu'il avait de l'église de Die, au regard de 
« son entretenement et mesme sur le refus du payement 
« de son logis; surtout à cause des traverses et troubles 
« qu'il avoit receus par le passé et qu'il apréhendoit pour 
« l'advenir, et qui estoient suscités et fomentés par des 



(5) Délib. consist. du 5 avril 161 3. — Actes du syn. du Pont-cn-Royans 
(1614). 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. ig 

<t personnes de qualité » Ce qui équivaut à dire que ses al- 
lures hautaines Tayant brouillé avec les familles importan- 
tes de Die, il tâchait de leur faire échec en s'appuyant sur 
le peuple. Aussi le Synode provincial, qui avait adopté la 
même tactique vis à vis de la noblesse, n'en maintint-il 
pas moins le « sieur de la Golom bière,» à la tête de l'église 
protestante de Die, défendant expressément à tous autres 
pasteurs de prêcher jamais dans cette église, sans son con- 
sen tement, et cela, sous peine des « censures ecclésiastiques, 
« voire jusqu'à suspension et excommunication, sans ex- 
« ception ni acception de personnes (i). » 

Sur de pressantes instances, Vulson fut cependant en- 
voyé à Gap, pour un an. Il s'agissait de donner aux esprits 
le temps dese calmer et cette demi-mesure ne fit au contrai- 
re que les exciter davantage. Tellement que revenu à Die, 
notre pasteur y rencontra une si grande opposition, que 
l'exercice de sa charge lui fut impossible et que l'interven- 
tion de quelques-uns des membres les plus autorisés du 
corps pastoral dauphinois, ayant alorsété réclamée par le 
colloque du Diois,ceux-là estimèrent que le pasteur et l'é- 
glise de Die, devaient être déliés de leurs obligations res- 
pectives. Mais le Synode n'en persista pas moins dans ses 
premières résolutions. Bien plus, après avoir infligé une 
censure à l'église de Die, « pour le mauvais traitement 
« qu'elle avait fait à son pasteur, en la personne de qui le 
a St-Ministère avoit reçeu une espèce de flétrissure »,elle 
ordonna que ledit pasteur après avoir été rétabli en sa 
charge, « feroit lui-même les censures contre ladite église, 
« un jour de dimanche; » enjoignant, pour le surplus, au 
gouverneur de la ville, de prêter la main à l'exécution de 

(i) Actes du syn. d*Einbrun (1618). 



40 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

cette sentence; et comme l'avocat Poudrel (f), qui repré- 
sentait l'église de Die, voulut observer qu'on « feroit ainsi 
« plus de mal et de scandale, que d'édification, voire mê- 
« me, pourroit amener un schisme en cette église )>,il fut 
vertement réprimandé. Seulement comme notre homme 
ne s'empêcha pas pour cela de « ramentevoir les remons- 
a trances par lui ci-devant faites » et qui plus est « d'exhi- 
« ber une délibération du consistoire de Die, déclarant 
« que ladite église ne peut agréer en aucune façon le mi- 
« nistère du sieur de la Colombière », celui-ci après avoir 
été, tout d'abord, attribué à l'église de Cornillon (2) fut 
enfin nommé pasteur à Gap, (1619) (5). 

Irrité de ce qu'il estimait être une lâcheté de la part du 
Synode provincial, Vulson refusa d'abord ce poste, mais 
on le lui fit ensuite accepter, en décidant qu'on « y auroit 
ce tel esgard que de raison, si l'église de Gap, ne pou voit 
« pourvoir à son entretenement » : et comme il eut 
quand même, pour ce, quelques difficultés avec son égli- 
se, le Synode les applanit en accordant l'an d'après (1620), 
une subvention à cette église, tant à cause de « Timpor- 
(c tance de ladite église que des dons de Dieu qui reluisent 
« audit sieur de la Colombière (4) » Mais là encore, l'en- 
tente de ce dernier avec ses ouailles ne fut pas de longue 
durée; car après les avoir réconciliés plusieurs fois,le Sy- 
node finit par transférer le peu commode pasteur de Gap 
à Montélimar (i622),et c'est dans cette dernière ville qu'il 

(i) Claude Poudrel, avocat et membre du Conseil académique,qui fut plu- 
sieur fois consul de Die. Il était mort en 1642 et Bétrésine ou Pétrésine Age- 
non, sa veuve, décéda le 1 1 avril 1650, â Pontaix, chez le sieur de Cour- 
bière, pasteur du lieu. 

(3) Commune du canton de Mens (Isère). 

(3) Actes du syn. de Gap ^«619). 

(4) Actes des syn. de Gap (1619) et de Briançon (1620). 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 4( 

mourut, jeune encore, en 1626, laissant entre autres en- 
fants, de son mariage avec Elisabeth Borel de Pontau- 
jard, trois fils : i® Marc, l'auteur de La Science du Bla- 
son et d'autres ouvrages héraldiques, l'inventeur de la 
noble origine des Vulson ; 2® Etienne, à qui le conseiller 
Marc Vulson, son oncle, léguait en i638, tous ses livres 
de théologie, de philosophie et d'humanités, et qui était 
pasteur à Taulignan en 1640, àSt-Jean-d'Hérans en 1647 
et en 1670; 3** enfin Pierre, qui mourut sans alliance (i). 



AMIS DE JEAN DRAGON 

Pasteur à Crest et à Saint-Paul-Trois^Châteaux. 

I 

Johannes Abrahamus, Virdunensis ad Mosam Belga^ 

1612 (2). 

Verdunois, amené nous ne savons comment, des bords 
de la Meuse sur ceux de la Drôme, Jean Abraham ou 
Habram, était pasteur à Valdrôme (3), depuis deux ans 
au moins, quand le Synode provincial saisi de quelques 
différends qu'il avait avec ses ouailles, décida que notre 
pasteur abandonnerait Valdrôme pour Montbrun (4), dans 
trois mois, s'il n'obtenait d'ici là toute satisfaction. C'était 
au mois de juillet 1602. Quatre ans après, Abraham n'en 
était pas moins encore à Valdrôme, mais dans une situa- 



(i) Actes des syn. de Gap (i6i9)et de Briançon 1620/ — Rochas : Biog. 
du Dauph, II 486. etc. 
(3) Fol. 139. 

(3) Commune du canton de la Motte- Chaiancon (Drôme;. 

(4) Commune du canton de Séderon (Drôme). 



42 SOCIETE d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

tion assez difficile, pour que après avoir inutilement solli- 
cité l'autorisation d'aller desservir l'église de Vais en Vi- 
varais (i),qui le demandait, il se soii alors fait transférer à 
Saillans (2), petit bourg entre Die et Crest, dont les, habi- 
tants s'engagèrent à lui « bailler annuellement quatre cents 
« livres pour son entreienement, avec de bonnes asseu- 
i< rances. » Et là encore, il ne fut pas heureux, car il finit 
par y être en butte à de si violentes attaques, de la part 
des membres les plus importants de son église et notam- 
ment d'un capitaine Briquemaud, dans lequel nous avons 
de la peine à voir l'homme de guerre de ce nom, qui se 
distingua, sous Lesdiguières, à la bataille de Pontchar- 
ra (3), que le synode provincial de 1616, enjoignit au col- 
loque du Diois, de se transporter sur les lieux et d'y faire 
biffer et lacérer publiquement : « les mémoires dressés 
« contre ledict Abraham, par ceux dudict Saillans (4) ». 

A Valdrôme, notre pasteur se plaignait probablement 
de quelque retard dans le payement de ses gages, ou bien 
de l'insuffisance de ceux-ci, tandis qu'à Saillans, il eût 
vraisemblablement à défendre les prétentions des synodes, 
contre les attaques de la noblesse, qui ne cessait pas de se 
poser en champion des droits de la société laïque. Seule- 
ment il est bien permis de croire que son humeur fut aussi 
pour quelque chose dans toutes ces querelles, et ce qui 
nous le fait supposer, ce sont précisément les termes dont 
il s'est servi, pour célébrer, dans notre album, les mérites 
de son confrère et voisin, le pasteur Jean Dragon : ^0- 



(1) Commune du canton d'Aubenas (Ardèche). 

(3) Chef-lieu de canton de Tarrondissement de DiefDrôme). 

(3) Commune du canton de Gonceiin (Isère). 

(4) Actes des synodes de Grenoble (i6oa), de Saint-MarceHin (1606) et 
d'Embrun (16 16). 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 43 

mino ac carisstmo in christo fratri domino Joanni ^ra- 
coni^ pietate ac doctrina eximio athletœ, in ecclesia ortho- 
doxa Cretensi^ dit-il, en lui dédiant un anagramme de son 
nom, en mauvais vers latins. II n'y a qu'un homme de lutte 
pour s'exprimer ainsi. En tout cas, la décision du Synode ne 
lui ayant pas ramené les sympathies des habitants de Sail- 
lans, Abraham fut envoyé Tannée suivante à Beaumont- 
lès- Valence (i), village d'où il adressait peu de temps après, 
à Gaspard Martin, — un ancien moine, qui devait être à 
son tour pasteur dtf Saillans, — quelques vers latins que ce 
dernier a fait imprimer avec beaucoup d'autres, à la suite 
de son Capucin réformé^ et où il était encore pasteur en 
1622, que nous croyons être la date de sa mort (2). 

Ajoutons qu'il y avait en ibog, à l'académie de Die, un 
étudiant du nom d'Abraham, qui s'étant alors compromis 
de la manière la plus grave, dans une révolte, fut proba- 
blement renvoyé à cause de cela; car il ne figure pas sur la 
liste des étudiants en 16 ro (3). Peut-être était-ce un fils de 
notre pasteur. 

II 

G. Alexis, 161 5 (4). 

Il s'agit ici d'un pasteur Gervais Alexis, qu'il ne faut pas 
confondre avec le professeur Gaspard Alexis, de Genève, 
son contemporain, son compatriote et peut-être son pa- 
rent. Né à Lausanne, ce pasteur fit ces études théologiques 



(i) Commune du canton de Valence (Drôme). 

(3) Actes du syn. d'Embrun (1616). — Arnaud : Hist. des prot. du Dau- 
phinéf II, 369. — etc. 

(3) Arch. de la Drôme, D. 52. 

(4) Fol. 154- 



44 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

à l'académie de Die, et il y était depuis quelque temps en- 
tretenu parle colloque du Diois, quand le professeur Jean 
Dragon, voulant abandonner sa chaire d'éloquence, lepro- 
posa pour son remplaçant, comme « personnage assez 
a connu par sa doctrine et mœurs ». Seulement, refusé 
tout d'abord par le Conseil académique, c'est ensuite lui 
qui refusa la charge, le conseil l'ayant provisoirement ac- 
cepté, de telle sorte que Dragon parti, le cours d'éloquence 
dut être fait par tous les professeurs de l'Académie à tour 
de rôle, en attendant l'arrivée d'un titulaire, qu'il fallut 
faire venir de Berne. Quant à l'étudiant Alexis, reçu pas- 
teur deux ans après, c'est-à-dire en i6i3, il fut alors 
attribué à l'église de Briançon, poste qu'il occupa cinq ans 
et dans lequel il serait vraisemblablement resté plus long- 
temps, sans un incident qui mérited'être rapporté. Chacun 
des huit colloques du Dauphiné étant successivement ap- 
pelé à désigner le lieu où devait se tenir le Synode provin- 
cial, et le colloque de l'Embrunais, duquel dépendait 
l'église de Briançon et de qui c'était le tour en 1618, ayant 
fait choix d'Embrun, après s'être prononcé pour Briançon, 
le pasteur de cette dernière ville protesta naturellement 
Bien plus, il demanda son congé, autrement déclara vou- 
loir abandonner son poste, et le colloque ayant riposté en 
le suspendant du ministère pastoral, il s'en plaignit d'a- 
bord à Lesdiguières, puis, le futur connétable l'ayant 
renvoyé à l'autorité compétente, c'est-à-dire au Synode 
provincial, se mit aussitôt à parcourir la province, pour 
faire valoir ses griefs auprès de ses collègues ; ensuite de 
quoi le Synode s'étant réuni, il plaida si bien sa cause de- 
vant cette assemblée, qu'il la gagna tout à fait. Censuré 
parce qu'il « ne devoit point donner le Synode à Brian- 
:t çon, pour le lui oster en faveur d'Ambrun » et parce 



LES AMIS DE JEAN DRAGON 46 

qu'il avait été d'une trop grande rigueur vis-à-vis 
d'Alexis, le colloque de l'Embrunais fut condamné, en 
outre, à dégrever notre pasteur de toutes les dépenses 
qu'il avait faites en parcourant la province ; mais Alexis 
n'en persista pas moins dans sa résolution de quitter 
Briançon, « l'aspretéde l'air estant, » disait-il, « contraire 
« à sa santé et à celle de sa femme, et ses gages, qui es- 
« toient limité à cent vingt escus, ne pouvant suffire à son 
€ entretenement (1). 

Transféré alors à Rosans (2) (16 ï8), bourg du Gapen- 
çais, dans lequel il remplaça un autre ami de Dragon, 
Pierre Bonniot, Alexis fut de là à Livron (3) (1622), petite 
ville du bas Valentinois, qui après avoir été une des for- 
teresses du parti huguenot en Dauphiné, était restée un 
des foyers du protestantisme dans cette province, et il y 
était depuis six ans, quand Tévêque de Valence (4), à qui 
appartenait la seigneurie temporelle du lieu, demanda son 
éloignement. Le prélat s'appuyait, pour cela, sur une dé- 
claration royale du 17 avril 1617, interdisant aux minis- 
tres de nationalité étrangère, l'exercice de leur ministère 
en France, et notre vaudois, ayant refusé de tenir compte 
de cette déclaration du roi, il se trouva même un mo- 
ment, sous le coup de poursuites, auxquelles il n'échappa 
qu'en se cachant. Seulement une interprétation plus libé- 
rale de la déclaration de 1617, par les conseils du roi, lui 
rendit ensuite toute son indépendance et le pasteur de Li- 
vron en profita, pour engager avec le curé du lieu, Gas- 



(i) Registre des conclusions académiques. — Actes des syn. de Mantoules 
( 1 6 1 3), de Die (1613) et d'Embrun ( 1 6 1 8). 
{2, Chef-Heu de canton de l'arrondissement de Gap (Hautes-Alpes). 

(3) Commune du canton de Lorioi (Drôme). 

(4) Charles-Jacques de Gelas de Léberon (162 1-1654). 



46 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

pard Fallot, une dispute théologique, dont le souvenir a 
été conservé, par l'ouvrage suivant de ce dernier : Réponse 
au livre de lafoy de Daillé, ministre de Charenton^ trans- 
crit et abrégé dans la lettre d'' Alexis^ ministre de Livron^ 
contenant la défense de A/. Viret : Lyon 1641, in-8' de 
729 pages (i). 

Six ans plus tard, un ancien moine retourné au catholi- 
cisme, après avoir été, plusieurs années durant, protestant 
et pasteur, ayant attaqué la Réforme et ses premiers apô- 
tres dans un livre qui fit du bruit, Alexis lui répondit en 
publiant : Défense de la religion protestante^ ou traité 
démontrant la nullité des conclusions du livre intitulé 
Histoire générale des protestants, par Gaspard Boule, 
marseillais^ chastelain de Vinsobre^ soy disant conseiller 
et historiographe du roy^ imprimé à Paris en 1646^ et 
contenant la solution de trois principales questions agi- 
tées en ce temps^ en matière de religion^ par G. Alexis, D. 
L. D. V. Orange, 1647, in-8®. Etait-il encore pasteur de Li- 
vron à cette date ? Il y a d'autant plus lieu de le croire, 
que le pasteur Charles Chion,son successeur dans ce poste, 
n'y apparait pas avant i658, mais rien ne le prouve et 
tout ce que nous savons de plus, concernant Alexis, c'est 
qu'il est un des membres de la commission que le synode 
provincial de 1617, chargea d'examiner les candidats à 
la chaire d'hébreu de l'académie de Die, après avoir annu- 
lé l'élection, précédemment faite, d'Alexandre de Vinay, 
et qu'il épousa, en 1622, Madelaine Samuel, fille de Jean, 
notaire au Monestier-de-Clermont (2). 



(i) Benoit : Hist. de redit de Nantes, II, 507. — Arrêt du Conseil privé 
du 15 juin 1630. — Arnaud : Les Controverses religieuses , 46. 

(2) Millet : Notice sur les imprimeurs d'Orange^ Valence 1877, in-8*. 
p. 20-21. — Notes de M. Edmond Maignien. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 47 



III 



P, Berlheus, CristensîS, i6ri (i). 

De même que les Dragon, les Berihe étaient une des 
principales familles protestantes de Crest, à la fin du 
XVP et au commencement du XVIP siècle, et celui qui 
a cité Horace et Térence dans notre album, en Thonneur 
de Jean Dragon le fils, hactenus eloquentiœ professor in 
academia Dtensi , nunc ecclesiœ Cristensis pastor vi- 
gilant issimus^ était le fils d'un Jean Berihe, marchand, 
dont le nom se rencontre plus d'une fois à côté de 
celui de Jean Dragon le père. L'un et l'autre se trouvent 
notamment au bas de l'acte par lequel les notables de 
l'église réformée de Crest achetèrent des frères Jaboin, le 
3i décembre iSgq, un emplacement près de la porte Vil- 
leneuve pour la construction d'un temple ; et dix-huit 
mois après, le même Jean Berihe ayant été chargé de 
représenter le colloque de Valentinois, dans une assemblée 
politique provinciale, convoquée à Grenoble pour le mois 
d'août 1601, et ne pouvant remplir son mandat, crut pou- 
voir se faire remplacer par le même Jean Dragon, ce qui 
fut pour lui une cause d'ennuis et de pertes, attendu que 
ses pouvoirs furent trouvés insufiisants par l'assemblée 
dont il croyait pouvoir faire partie, et que le Synode pro- 
vincial refusa ensuite de lui tenir compte de ses frais de 
voyage (2). 

Disons, en outre, que ce Jean Berihe est un des trois 



(i) Fol 13. 

(3) Actes du syn. de Grenoble (1602). — Arch, mun. de Crest. 



48 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

signataires de la lettre que les protestants crestois adres- 
sèrent à ceux de Genève, le lo mai i6o5, pour leur de- 
mander un pasteur et que, par sa femme, Anne Benoit, il 
était le beau-frère d'un homme dont la conversion au 
catholicisme fit quelque bruit. Nous voulons parler de 
l'auteur de la brochure intitulée : déclaration du sieur 
Gaspar Benoit^ bourgeois de la ville de Crest en Dau- 
phiné, contenant les justes causes de sa conversion à la 
foi catholique, apostolique et romaine, rarissime pla- 
quette de i63 pages in-12, imprimée à Tournon en 1619 
et dans laquelle il est dit que notre bourgeois ayant en- 
tendu citer certains passages des oeuvres de S. Ambroise 
et de S. Cyrille, par le P. Isnard, pria « M. l'avocat Ber- 
ce Ihe, son nepveu, un des pères consistoriaux », de les 
lui traduire, et que la traduction de ce dernier ayant été 
conforme à celle du jésuite, c'est là ce qui Tamena à dé- 
serter le protestantisme, en dépit de sondit « nepveu », 
Or celui-ci n'était autre que l'étudiant P. Berlheus^ de qui 
Talbum de Jean Dragon renferme un autographe. Frère 
cadet d'un autre Jean Berlhe, de qui il est également 
question dans la brochure de Gaspard Benoit, il hérita 
de lui, entre autres biens, vers i65o, d'une maison « si- 
tuée en la grand'place de Crest » et limitrophe de celle 
du poète David Rigaud, et s'étant fixé à Montélimar, ne 
laissa qu'une fille appelée Jeanne, qui épousa, en i6f>5, 
Pierre de Marsanne, seigneur de Fontjulianrie, gentil- 
homme de petite fortune, dont les ancêtres étaient allés 
aux croisades et dont le petit-fils fut député du Dauphiné 
aux Etats-Généraux de 1789 (i). 



(i) Arnaud : Hist. desprot. du Dauph., II, 371. — Parcellaire de Crest. — 
De Coston : Histoire de Montélimar, III. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 49 

IV 

Jacob BouDRius, i6r5 (i). 

Absolument inconnu. i 

V 

Is, Casaubonus (2), kal. junii (3). 

Un autographe de Témule de Scaliger et de Juste Lipse 
ne peut manquer d'être précieux, et celui que renferme 
notre album Test triplement pour nous. D'abord parce 
que dans ces quelques lignes, d'une écriture grêle et trem- 
blée, Isaac Casaubon donne à Jean Dragon le titre (Vami- 
cissimus, après l'avoir appelé parens parenti meo; ensuite 
parce qu'il nous permet d'évoquer ici le souvenir d'un 
philosophe de mœurs douces et d'esprit tolérant, dont la 
figure honnête et quelque peu mélancolique, repose de 
celles des sectaires violents et haineux de son temps; 
enfin parce que celui de qui vSaumaise n'a pas craint de 
dire qu'il fut l'honneur de son siècle, est, en somme, une 
des gloires que peut revendiquer le Dauphiné et, pour 
préciser davantage, la ville de Crest. 



(i) Fol. 165. 

(2) Fol, 17. 

(3) Cet authographe n*est pas autrement daté, mais il n^est pas douteux, 
qu'il est du mois de juin 1603, époque à laquelle Casaubon vint en Dau- 
phiné, une dernière fois, pour y voir sa mère ; et si nous avons, malgré cela, 
compris le grand érudit parmi les amis de Jean Dragon, pasteur à Crest, c^est 
qu'il fut incontestablement, pour ce dernier, un ami de terroir. 

(A suivre) J. BRUN-DURAND. 

2* SÉRIE. XXVI* Volume. - 1892. 4 



5o SOCIÉTÉ D^ ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 



LA STATION PRÉHISTORIQUE 

DE MIRABEL-LES-BARONNIES 

A la sortie du bourg, on quitte la route de Nyons 
au Buis et à Vaison pour prendre, à droite, un chemin 
rural qui passe devant le Serre dit des Huguenots, à 
quelques centaines de mètres plus loin, dans la direc- 
tion du midi. 

Ce Serre ou colline en mollasse dure, entièrement 
stérile et peu élevé, présente un site pittoresque : au 
couchant, de grands coteaux le dominent; au midi, ap- 
paraissent le mont Ventoux et les montagnes secondai- 
res de sa base; à l'est, du côté de Piégon, un ancien 
marais desséché offre une végétation luxuriante, au pied 
d'une chaîne de hauts sommets placés entre Nyons et 
Mérindol. 

En lutte continuelle contre les éléments et contre les 
bêtes féroces, et sans autres armes que des éclats de 
silex souvent taillés avec art, l'homme primitif, vivant de 
poissons et de gibier, se réfugiait dans les grottes na- 
turelles ou, à leur défaut, s'établissait sur le penchant 
d'une colline nue, en plein air, afin de conjurer plus aisé- 
ment tout danger et toute attaque imprévue. 

La station de Mirabel par son plan incliné et la 
nature de son sol durci ne pouvait offrir que des abris 
exigus et peu nombreux ; mais elle était salubre et bien 
ensoleillée : elle fut longtemps occupée, si l'on en juge 
par les débris d'ossements humains répandus sur sa 
surface. 



LA STATION PRÉHISTORIQUE DE MIRABEL 5l 

En 1889, ^^^^ "^^ tournée d'inspection, Tintelligent 
et dévoué instituteur et secrétaire de la mairie de Mira- 
bel, M, Monnier, me proposa une excursion de ce côté. 
A première vue , l'épaisseur des crânes brisés du Serre ( i ) 
me révéla une station préhistorique , et mon apprécia- 
tion ne tarda pas à être justifiée. 

Le propriétaire d'une maison bâtie sur le bord du che- 
min, en face de la station, nous montra, en eifet, un 
anneau, une pointe de javelot en silex et des perles de 
colliers, que je m'empressai d'acquérir. Il nous apprit, 
en outre, que M. Morel, receveur des finances à Nyons, 
bien connu par ses riches collections archéologiques, 
avait exploré le Serre et recueilli soigneusement divers 
outils en silex. Le doute n'était plus possible. Toute- 
fois, pour plus de sûreté, je recourus à la science du 
regretté M. Flouest, qui, à la vue des instruments et 
ornements communiqués, rangea aussitôt la station de 
Mirabel parmi celles de la pierre polie. 

Un de nos plus bienveillants et plus dévoués membres 
de la Société d'Archéologie, instruit des faits, mit im- 
médiatement à ma disposition une somme suffisante pour 
de nouvelles fouilles, dont la direction fut confiée au 
zèle éclairé et au bon vouloir de M. Monnier. 

Ce bienveillant auxiliaire consacra tous ses jours de 
récréation à surveiller le double tamisage du terrain 
meuble, et voici les résultats de ses découvertes, d'après 
les indications de M. Bertrand, conservateur du Musée 
de St-Germain, dont la compétence est si justement 
appréciée : 

(i) Des fragments ont jusqu'à 7 millimètres d'épaisseur. 



52 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

« Bouts de flèche en silex pyromaque (pierre à fusil), 
taillés avec une grande habileté et une sûreté de main 
surprenante. 

a Grattoirs en silex pyromaque et en silex jaspoïde 
très adroitement découpés, et comme il n'en existe pas 
déplus beaux spécimens au Musée de St-Germain. Les 
bords sont coupants sur toute la longueur, tandis que 
la partie médiane offre une crête saillante. Ces instru- 
ments pouvaient servir comme pointes de flèches. Ils 
sont de la même largeur, sauf aux deux extrémités qui 
se terminent en pointe. 

a Couteaux ou plutôt fragments de couteaux, taillés par 
éclat, le même coup ayant enlevé la matière dans toute 
la longueur de l'instrument. Un spécimen de 7 à 8 cen- 
timètres, très remarquable, pris dans une marne sili- 
ceuse, offre par places des parties à l'état de silex pyro- 
maque, plus ou moins translucide, ce qui donne à la 
substance un aspect zone. Ce fragment d'un couteau 
ayant pu avoir complet de 15 à 20 centimètres, a 
l'un de ses bords dentelés et pouvait servir à couper en 
sciant : il présente une surface plane d'un côté et de 
l'autre une arête médiane. 

ce Instruments à pointe aiguë, destinés à être emman- 
chés, servant à percer et à couper en sciant par les 
bords latéraux. Ces instruments sont plus ou moins ova- 
laires et plus ou moins larges. 

« Un des bouts de flèche en silex pyromaque noir est 
recouvert d'une couche calcaire déposée après la taille, 
par des eaux chargées de carbonate de chaux. Cette 
patine, écartant toute idée de falsification, s'observe 



LA STATION PREHISTORIQUE DE MIRIBEL 53 

souvent partiellement ; ici le petit instrument en est en- 
tièrement recouvert. 

« Deux bouts de fléchés, l'un ovale et l'autre taillé en 
forme de hache de coin, paraissent appartenir à Tâge de 
la pierre taillée. 

a Des spécimens de grattoirs, bouts de flèches, etc., 
manques et abandonnés à mi-taille. 

« Des anneaux en calcaire siliceux, évidés à Taide 
d'un couteau à pointe aiguë, et polis ensuite. 

« D'autres anneaux en silex, provenant peut-être de 
corps organisés fossiles, tels que bélemnites ou encri- 
nites, qui se trouvent dans les terrains de divers âges de 
l'époque secondaire. 

« Les bélemnites étaient, selon l'opinion la plus accré- 
ditée, des osselets intérieurs de mollusques etl'encri- 
nite un échinoderme, attaché par un long pédoncule arti- 
culé au fond des mers secondaires. Ce sont ces osselets 
et ces articulations que l'homme préhistorique de Mira- 
bel polissait en les arrondissant et les découpait ensuite 
pour en faire des perles et des anneaux dont il formait 
des colliers pour les dames. 

« De nombreux fragments de poteries noires et rouges 
très grossières : un seul ofl're des dessins faits à l'aide 
d'une pointe et formant des frises très régulières pour 
orner le pourtour des vases. 

a Enfln, un petit anneau brisé, en bronze. Il n'a pas 
été trouvé d'autres objets de cette substance caractéris- 
tique d'une époque postérieure à la pierre polie. » 

De cette énumération résulte la preuve que le nom de 
Serre des Huguenots^ consacré par la tradition locale et 



64 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

par divers ouvrages, est le résultat d'une erreur mani- 
feste et qu'il faudra désormais l'appeler le Serre de 
V homme préhistorique de Mirabel. 

Comme les montagnes voisines du Ventoux fournis- 
saient le silex, taillé en cet endroit, la station a duré 
probablement plusieurs siècles : ce qui expliquerait la 
présence d'ossements humains et de crânes épais dissé- 
minés sur le sol. 

Des dessins auraient beaucoup aidé à comprendre la 
description des objets recueillis à Mirabel et aujourd'hui 
coaservés dans une collection particulière ; mais ils ne 
diffèrent des trouvailles similaires que par leur fabrica- 
tion perfectionnée et artistique. 

Nous ne devons pas moins de vifs remercîments à 
M. Monnier, instituteur à Mirabel, pour son précieux 
concours et au collègue bienveillant qui a payé les dé- 
penses faites pour révéler au monde savant une station 
préhistorique inconnue et tout à fait digne d'attention. 

A. Lacroix. 



i«fti>^«9ea»#i*«» 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 55 



Colonies Dauphinoises 

DE 

L'ABBAYE DE MONTMAJOUR 



I» o »e m 



(Suite. — Voir la qy* gS* livraison). 



L'église de Sainte-Marie de Montagne fut donnée aux 
Bénédictins de Montmajour en même temps que celle de 
Saint-Didier et par les mêmes prélats. Elle lui fut ensuite 
confirmée à plusieurs reprises par les papes, notamment 
par Alexandre IV en i258. Outre Véglise de Notre-Dame 
de Montagne^ un pouillé du xiv* siècle nomme encore le 
prieuré et Véglise de Saint-Etienne de Montagne. Celui 
de r523 ne nomme que Téglise de Saint- Etienne de Mon- 
tagne; et des 5/^^^ du xvin* siècle mentionnent Notre- 
Dame de Montagne comme étant du juspatronat de Tabbé 
de Saint- Antoine, et assurent que Saint-Etienne de Mon- 
tagne était du patronage du Chapitre de Romans (i). 

L'église de Saint-Marcellin^ donnée et confirmée à 
Montmajour comme la précédente et en même temps, le 
fut encore en 1 258 par le pape Alexandre IV (2). Mais 



(i) Aym. Falco et Chantelou, patsim; — Chevalier, Pouillé de Vienne 
du XIV* s., no« 297, 321-3 et 338; Pouillé de 1523, p. 3^-3. 
(2) Aym. Falco et Chantelou, passim . 



56 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

aux XV*, xvii" et xviii" siècles, c'étaient les Antonins qui 
avaient le bénéfice de Saint-Marcellin (i). 

L'église de Saint-Hilaire donnée aux Bénédictins de 
Montmajour par Gontard, évêque de Valence, adminis- 
trateur du diocèse de Vienne, et confirmée par l'arche- 
vêque de Vienne, comme nous l'avons dit plus haut, leur 
fut encore confirmée en 1204 par Innocent III, et en i258 
par Alexandre IV. En i789,Saint-Hilairedela Sône avait 
son prieur particulier (2). 

La chapelle de Chapaysia^ donnée à Montmajour, 
comme nous l'avons dit d'après Falcon et Chantelou, 
ne nous apparaît plus depuis. 

L'église du lieu de Vinay^ sous le vocable de saint 
Martin, avec des dîmes dans ce même lieu, données à 
Montmajour comme nous l'avons vu, lui furent confir- 
mées à plusieurs reprises par les papes, notamment par 
Alexandre IV en (258 (3). Elle existait encore au xviii" 
siècle (4). 

L'église de Saint-Jean de Fromental et la neuvième 
partie de la dîme, données par Ardenc de Vinay, furent 
confirmées à Montmajour par divers papes, notamment 
par Innocent III en 1204. 

Pierre Sofreys, nous l'avons vu, donna à nos Bénédic- 
tins ce qu'il avait dans l'église de Monte Lucido. 

L'église de St-Pierre de Lausanna^ avec ses apparte- 
nances, fut confirmée à Montmajour par plusieurs papes, 
notamment par Gélase II en 1 1 18, et par Alexandre IVen 

(i) Arch. de la Dr., E, 2472, 2476; ~ DtUl. archéol. de la ûrâmê, II. 
162, 164; VII, 178-9. 

(2) Cbantelou, passim; — Bull, cit., Il, 164-5. 

(3) Chjlntblou, passim. 

(4) Bidlet. cit., Il, 165. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. b^ 

1258. Ce dernier rappelle ecclesiam S. Pétri de Sona^ 
ou plutôt mentionne St-Pierre de Lausanna et St-Pierre 
de Sona. Les empereurs Othon IV en 1210, et Frédéric II 
en 1223, confirmèrent aussi à Montmajour la vUIq {ptllam) 
de St' Pierre de Lausona avec son intégrité et ses appar- 
tenances. En 1208, en i3o4, en i323 et en i337, un 
prieuré dépendant de Montmajour avoisinait Téglise de 
la Sône (1). Enfin, en 1697, '^ prieuré de « St-Pierre de 
la Saône, » toujours dépendant de Tabbaye de Montma- 
jour, était tenu par un commandataire, M*^ Jean-Baptiste 
de Boffîn (2). Mais qu'est-ce que l'église de St-Pierre de 
Monielaser^ que la bulle de 1204 place parmi les dépen- 
dances de Montmajour au diocèse de Vienne, et au même 
rang où celle de 1268 met Téglise de St-Pierre de Sonâ ? 
C'est la même que cette dernière, apparemment. Du reste, 
le catalogue général des dépendances de Montmajour le 
suppose, quand il met eccl, S. Pétri de Montelaser^ aut 
de Sona (3). 

L'église de Ste-Marie de Quincivet^ confirmée à Mont- 
majour par Innocent III en 1204, ^^ P^r Alexandre IV en 
1258, figure dans des Etats du xvm* siècle, mais sans 
indication de juspatron. Est-ce d'elle que parle Falcon, 
quand il dit qu'en i339 Guillaume Mitte, abbé de Saint- 
Antoine, remit au prieur de Chevrières l'église parois- 
siale de Quincivet (4) ? 

L'église de St-Çyprien fut confirmée à la même abbaye, 



(i) Chantblou, passim ; — Dasst, op. cit., p. 493 ; — Valbonnais, Hist, 
du Dauph,, 3,197-8 ; Chevalier, Invent, des Dauph. en tJ4ty n^ 10. 
(3 ) Arch. de la Drôme, fonds de Ste-Croix. 

(3) Chantslou, pp. 931-43 et 1 131-43. 

(4) Chamtelott, pp. 931-43 et 1 131-43 ; Pouilli de Vienne, p. 32 ; — 
Falco, op. cit., f. Ixxxj V*. 



58 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

par Innocent III en 1204, et par Alexandre IV en 1268 (i). 

L'église de Sainte-Marie- Madeleine de Baen (var. de 
Baer\ fut confirmée à Montmajour en 1204 et en i258, 
par les papes susdits. Nous ne connaissons aux siècles sui- 
vants, dans la région où nous en sommes, qu'un édifice 
religieux sous le vocable de la sainte. C'est la chapelle de 
Ste-Marie-Madeleine, que sa place dans le pouillé de 1623 
suppose à St-Apollinard (2). 

L'église de Chevrières^ avec ses appartenances, fut pa- 
reillement confirmée à Montmajour en 1204 et en i258. 
Elle était prieurale au xiii* siècle. Son prieur payait 20 li- 
vres de décime au pape vers iSyS. D'après l'acte de i5o2, 
portant que Montmajour serait séparé de St-Antoine, le 
prieuré de Chevrières fut attribué à Montmajour. Au xviii" 
siècle, Chevrières avait son prieur particulier, qui était 
vers 1789 un bénédictin de Montmajour (3). 

L'église de St-Bonnet^ évidemment celle qu'on appela 
plus tard St-Bonnet de Chavanes^ fut confirmée à Mont- 
majour en 1204 et en i258. Elle figure dans les pouillés 
du XIV* siècle et de i523, et les Etats du xviii* siècle en 
font encore une dépendance du prieuré de la Sône (4). 

L'église de St-Sauveur^ confirmée à Montmajour en 1 204 
et 1258, est apparemment celle de St-Sauveur près St- 
Marcellin. Le pouillé de Vienne du xiv« siècle mentionne 



(i) Chantelou, pp. 9*? 1-43 et 1 131-43. 

(2) Chantelou, ms8., pp. 931-43 *^ **3'"43 ' — Pouillé de Vienne de 

'Saj, p. 35- 

(3) Chantblou, mss. pp. 931-43, 1 131-43 et 1639; — Falco, Antonianœ 

historien compendium, f. cm, r* ; — M. CnEtAUER, Polypt, Vienr., n* 294 ; 
Pouillé de 1523, 11*283 î ^^^^ ^" xviii* siècle, n" 172, 177 {Bullet. cit., Il, 
163-4); — Cartul. des Ecouges, p. 109. 

(4) Chantelou, mss., pp. 931-43 et 1131-43,- — Polypt. du xiv* siècle, 
n" 326 ou 353 ; — Bullet. cit., II, p. 164 et 167. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 69 

le prieuré de St-Sauveur. Le pouillé de i523 et les Etats 
du xviii" siècle mentionnent, celui-là la commanderie de 
St'Sauveur comme unie à celle de St-Paul-lès-Romans, 
ceux-ci St-Sauveur comme étant du juspatronat du com- 
mandeur de St-Paul-lès- Romans (i). 

L'église de Ste-Marie-de-Teches [de Lechis^ lire Techi$\ 
n'était pas dans le diocèse de Vienne, comme portent les 
bulles papales de 1204 et de r258 la confirmant àMontma- 
jour, mais dans le diocèse de Grenoble. Le pouillé rédigé 
vers 1 1 1 5 l'appelle ecclesia S. Marie de Tescha^ celui du 
XIV* siècle ecclesia de Thechia^ et celui de 1497 ecclesia de 
Teschia. C'est ainsi du moins que s'appelait l'église parois- 
siale de Têches, que le pouillé de 1497 dit bien être sous 
le vocable de la Ste- Vierge. Seulement, ce même pouillé 
dit qu'elle est du patronage et à la présentation de l'abbé 
de Cruas, ce qui ne s'accorde pas avec l'attribution que 
nous venons d'en faire à Montmajour. Voici peut-être le 
moyen de tout expliquer. Ce même pouillé de 1497 nous 
dit que sur le territoire de Têches, mais sur la limite du 
diocèse de Grenoble avec celui de Vienne, près de Saint- 
Marcellin, est la chapelle de Notre-Dame de Serraliis. En 
admettant que celle-ci dépendait de Montmajour, la diffi- 
culté d'attribution au diocèse de Vienne diminuerait, puis- 
que cette chapelle était sur la limite (2). 

Avant 1339, le prieur de Chevrières avait les dîmes de 
la paroisse de Roybon. Mais, en ladite année, il les céda à 
Guillaume Mitte, abbé de St-Antoine, qui en retour remit 



(1) Mss. Chantelou, pp. 931-43 et 1131-43;— Pofypt. Viennense du 
xiV siècle, n* 303 ; — Bullet. cit., II, p, 165 et 168. 

(2) Mss. Chantelou, pp. 931-43 et 1 131-43 ; — Polypt, Gratianop., dans 
Cartul. S. Hug. de M. Marion, pp. 183, 289, 330 et 393. 



6o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

à ce prieur les églises paroissiales de Murinais et de 
Quincivet. Vers 1789, Téglise de Murinais, dédiée à Saint- 
Pierre, dépendait encore du prieur de la Sône (i). 



VI 



Diocèse de Grenoble, — L'église du château de Rovon^ 
qui 6gure déjà dans le pouillé rédigé vers i uo, était con- 
firmée à Montmajour en 1204 ^^ ^" i258. La seigneurie 
de ce château lui fut pareillement confirmée par les bulles 
de 1204 et de i258 et par celles des empereurs Othon IV, 
en 1210, et Frédéric lien i223. En /Sgg, la paroisse 
avait son curé et comprenait 18 feux. En 1497, l'église de 
St-Pierre de Rovon était du patronage du prieur de la 
Sône, et ses revenus montaient à 3o florins. La paroisse 
comprenait 20 feux (2). 

Nous ne savons si Montmajour avait déjà quelque chose 
à Nacon vers 1040, époque où son abbé Benoît travaillait, 
comme nous l'avons vu, à assurer à l'abbaye des droits 
dans le Royans. Mais l'église de St-Etienne de Nacon^ qui 
figure dans le pouillé dressé au commencement du xii® siè- 
cle, était déjà confirmée à cette abbaye dès 1 1 10 par le 
pape Gélasell. Les privilèges accordés à Montmajour par 
Callixtc II en 1 123, par Eugène III en 1 if)2, et par Luce II 
en 1 184, énumèrent tous l'église àt St-Etienne de Nacon 
parmi les dépendances de la même abbaye; mais les pri- 
vilèges de 1204 par Innocent III, et de i258 par Alexan- 



(i) Falco, op. cit., f. Ixxxi, v* ; — Chbvalibr, Râles... de Vienne, p. 32. 

(a) Mss. cit. ; — Chevalier, Visitât, episc. Gratian.^ pp. 15 et 89 ; -— 
Marion, Cartul. S. Hug., pp. 193, 378, 292, 358; — F. de M. de C, op. 
cit., p. 147-8. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 6l 

dre IV, en la comprenant de même parmi ces dépendan- 
ces, Tappelent le monastère de St-Etienne de Nacon. D'au- 
tre part, les privilèges des empereurs Othon IV en 1210, 
et Frédéric II en r223, confirment à Montmajour le vil- 
lage de Nacon [villam de Nascum). En 1 208 et en i Sgg, 
le monastère de Nacon avait le titre de prieuré. En 
iSgg il n'était pas dans un bel état ; Tévêque, le visitant, 
en trouva Péglise mal entretenue, et les ornements fort 
pauvres; il devait y avoir deux religieux, et il n'y en avait 
qu'un ; il y avait un curé. En 1497, les revenus du prieuré 
n'atteignaient que cent florins, et la cure de Nacon, quoi- 
que celle de St-Pierre de Cherennes lui fut unie, n'avait 
pour revenu que la subsistance du curé. Dans la suite, 
l'église même de Saint- Etienne de Nacon disparut, son 
service fut transféré dans celle de St-Pierre de Cherennes, 
et le prieur de Nacon a souvent été appelé prieur de Che- 
rennes. Quant à la dépendance de ce prieuré vis-à-vis de 
Montmajour, il faut constater qu'en 1497, le prieuré était 
encore dépendant de cette abbaye, et que vers ce temps 
le pape Alexandre VI l'unit, à cause de son peu d'impor- 
tance, à la même abbaye. Un procès soulevé contre cette 
union l'empêcha de se réaliser. A.u surplus, le prieuré était 
tenu depuis plusieurs siècles par des séculiers, quand il fut 
supprimé en 1790 (i). C'est tout ce que nous en dirons ici. 
Notre cadre nous interdit les détails. Ceux qui désireraient 
connaître ceux-ci, en trouveront dans l'intéressante notice 
que M. Pilot de Thorey a consacrée à ce prieuré (2). 

(i) Mss. Chantelou, passim ; — Carlul. de St. Hug.^ pp. loi, 193, 278, 
291-3, 3«j8 ; — Arch. de la Drôme, E, 2332, 2503, 2557; — Chevalier, 
Pofypt. Gratianop.f n* 212 ; Visitât, Gratianop., pp. 89 et 145 ; — Auver- 
gne, Cartul. des Ecouges, pp. 83, 104-7, 12 1-2, 180 ; — F. de M. de Carr.- 
op. cit., pp. 147-8, 155-6 ; — Dassy, UAbh: de Ét^Ant., p. 490-2 ; — Gai 
lia Christ.f t. XVI, instr., col. 39-41. 
^3) Dut. dé la Soc. deStatist. de risère, t. XXUI, p. 204-10 



6*2 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

L'église de St-Pierre de CherenneSj qui figure dans le 
pouillé d'environ iiio, était unie dès 1497 à celle de 
Nacon; mais elle ne figure pas pour cela dans les dépen- 
dances de Montmajour, du moins avant le xv* siècle (i). 
Toutefois, l'église de St-Etienne de Nacon ayant disparu, 
et le service en ayant été transféré dans celle de St- Pierre 
de Cherennes, le prieur de Nacon fut aussi appelé prieur 
de Cherennes. Ce prieur, dit M. Pilot de Thorey, « exer- 
çait un droit de patronage sur les cures de St-Jean d'Ise- 
ron, de St-Jean-Baptiste de Rencurel, de St-André-en- 
Royans et de St-Pierre de Cherennes. » En 1540, Jean 
Ferrand possédait comme prieur de Nacon, dans le man- 
dement et commune de Beauvoir et d'Iseron, 40 sétiers 
de froment, 18 sétiers de seigle, 6 quartaux d'avoine, i5 
poulets, i5 poules et 3 livres en argent de censés directes. 
Le même possédait, à raison de la cure de St-Jean-des- 
Essarts, 7 sétiers de froment, 5 sétiers de seigle, 7 poules, 
4 poulets, et deux livres en argent de censés. En (706, 
Pascalis est « curé de St-Pierre de Nacon. » (2). 

Une chapelle du château (ïlseron figure sous ce nom 
même dans le pouillé rédigé vers 1 1 10. Puis la paroisse 
du château d'Iseron {parochia de Castro Iserone) fut con- 
firmée aux bénédictins de Montmajour en même temps 
que l'église de Nacon dont cette paroisse paraît ressortir, 
et cela en 1 123, 1 162 et 1 184. Mais les bulles de 1204 et 
de 1258 ne nomment pas Iseron, qui ne paraît plus désor- 
mais dans les pouillés et visites des xiv® et xv« siècles (3). 



(1) CartuL de S. Hug,, pp. 193, 358. 

(2) Pilot de Thorey, Prieurés, p. 205-8, — Mairie d*Echevis, reg. de 
cathol. 

(3) Marion, Cartul. S. Hug., pp. 101, 193; — Mss. Chantelou, pp. 
756-60, 782-7 et 816-7. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 63 

L'église de St-Jean-des-Essarts figure, sous ce nom 
même, dans le pouillé rédigé vers iiio. A cette même 
époque, cette église, qui était dans le mandement du châ- 
teau d'Iseron, apud Roinum^ fut achetée par Milon, reli- 
gieux de Montmajour, soit prieur de Nacon ; mais, comme 
cette acquisition était simoniaque, l'acheteur la remit aux 
mains de Tévêque Hugues, c'est-à-dire de saint Hugues. 
Le Cartulaire de St-Hugues nous apprend que la même 
église, ûtMétjuxta castrum Isironis^ faisait une redevance 
annuelle de 5 sous et de 4 livres de cire; et les manuscrits 
de Chantelou nous la montrent confirmée à Montmajour 
en Ï204 par Innocent III, et en i258 par Alexandre IV. 
Elle fut visitée par l'évêque en iSgg. Elle était alors sim- 
ple église paroissiale, et la paroisse comprenait 80 feux. 
En 1497, elle était du patronage du prieuré de Nacon et 
comprenait 5o feux. Ses revenus allaient à 25 florins. On 
y trouve au xvii* siècle un noble Jean de Lacombe nommé 
pour curé par Charles de Lionne, prieur de Nacon (f). » 

L'église de Rencurel^ déjà paroissiale vers iioo, était 
confirmée à Montmajour en 1 152, en 1 184, en 1204 et en 
1258. On la trouve dédiée à saint Jean-Baptiste antérieu- 
rement à 1497, année où un pouillé de Grenoble la dit du 
patronage et à la présentation du prieur de Nacon. Elle 
avait alors 20 florins de revenus, et la paroisse contenait 29 
feux. Il y avait une chapelle sous le vocable de la Sainte 
Vierge et unie à la cure. En 1756, le curé du lieu en affer- 
mait toute la dîme à deux particuliers, au prix de 1,000 
livres par an et avec quelques réserves. Le contrat ne fait 



(i) Cartul, de S. Hug., pp. loi, 193, 197, 292, 358, 395 ; — Mss. Chan- 
telou, pp. 931-44, 1 131-43 ; — Visît. episc. Gratianop,^ pp. 15 et 89; ^ 
Arch. de la Dr.,E, 1402, 2332. 



64 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

aucune mention du prieur de Nacon, ni de Montma- 
jour (ï). 

L'église de St-André-en-Royans^ également paroissiale 
vers 1 100, ne figure pas dans les bulles papales et impéria- 
les qui énumèrent les possessions de Montmajour aux 
XII* et xin* siècles. Les pouillés du xiv* siècle n'y mettent 
qu'un curé simple, et les visites épiscopales nous appren- 
nent que le curé institué par l'évêque de Grenoble, perce- 
vait lui-même les dîmes de sa paroisse en iSgg. Mais, 
d'après le pouillé de 1497, l'église de St-André était alors 
du patronage du prieuré de Nacon et rapportait 3o florins, 
et la paroisse avait 36 feux. La chapelle de la Sainte Vierge 
était à la présentation du prieur de Nacon et du curé de 
St-André. Enfin, aux xvii* et xviii* siècles, le curé percevait 
lui-même les dîmes locales, et la chapelle de Guilphanie^ 
autrement de Notre-Dame de Grâce^ a eu le curé pour 
recteur, et le prieur de St- Pierre de Nacon ou de Cheren- 
nés pour juspatron (2). 

Les manuscrits de Chantelou signalent comme dépen- 
dant de Montmajour l'église de Cominis (var. Comneis\ 
située dans le diocèse de Grenoble et confirmée à cette ab- 
baye en 1204 ^^ ^^ 1258. Ils nous apprenrfent aussi qu'en 
i337 le prieur de Cognins [prior de Cognino) dépendait 
encore de Montmajour. Il s'agit manifestement d'une église 
prieurale de Gognin [de Chonino vers iioo, ^e Cognins 



(1) CartuL de S. Hug,y pp. 193, 360 ; Mss. Chantelou, pp. 782-7, 816-7, 
931-44 et II 31-43; — Minutes de M* Bellier, not* à St-Martin-en-V., 
protoc. Billerey de 1755-9, t 117-9. 

(2) Marion, CartuL S. Hug.<, pp. 193, 196, 279, 292, 359 ; — Cheva- 
lier, Visit. de Grenoble, pp. 87, 141-2, 144-6; — Clerc-Jacquier, Notes 
hist, sur St-André-en-R., pp. 26-34; — Esquisses historiques, pp. 17-ao 
et 34-44- 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 65 

en 1245, de Cugnino en iSgg, et de Cognino en 1497), 
située dans la même région que les précédentes. Mais Té- 
glise de Cognin dont nous parlons et que le pouillé de 1497 
dit simplement curiale et sous le vocable de la Ste Vierge, 
était alors à la collation de Tévêque de Grenoble de plein 
droit, et cet évêque percevait les dîmes de la paroisse (i). 
En ï2 10, Pempereur Othon confirmait à Montmajour le 
village de Nacon [villam de Nacum\ le village de Saint- 
Pierre de Maleval {yillam Sancti Pétri de Malavalle\ le 
village de Gilgans^ et le village de St'Evode\ et en i223 
Frédéric II renouvelait cette confirmation (2). Nous avons 
déjà parlé de la seigneurie de Montmajour sur le village 
de Nacon et nous parlerons plus loin de sa seigneurie sur 
celui de St-Just. Nous ne savons où était le village de Gil- 
gans^ dont cette abbaye avait le fief en 1204 ^^ ^n (223, et 
qui, par le rang qu'il occupe dans les bulles impériales, 
semblerait avoir dû se trouver dans la région dont nous 
nous occupons. Quant au village de St^Pierre de Male^ 
val^ nous supposerions volontiers quUl s^agit de Malleval, 
formant aujourd'hui avec Cognin une commune du canton 
de Vinay. Ce Malleval était en i igS un tènement {tenemen- 
tum de Mala Val\ que Guillaume de Sassenage donna au 
prieuré des Ecouges, et dont le carrulaire de ce prieuré 
fait mention en 1329 et en i33o (3). Mais les visites et les 
pouillés du -diocèse de Grenoble des xii% xiv* et xv* siècles 
ne nous signalent aucune église ou chapelle sous le vocable 
de St-Pierre, ou autre, à Malleval, qui avait une église au 



(i) Mss. Ch^lntelou» pp. 931-44, 1 131-43, 1406 ; — Marion, CartuL S, 
Hug.y pp. 193, 197, 292, 358, 387; — Auvergne, CartuL Excubiar,, p. 
124-5 ; — Chevalier, Visit.t p. 89. 

(2) Mss. Chamtblou, pp. 921-8, 1007-14. 

(3) Auvergne, CartuL dês Ecouges, pp. 99-100, 162-4 ®^ 170-2. 

2« Série. XXVI» Volume. - 1892. 5 



66 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

siècle dernier et forme aujourd'hui une paroisse de 400 
âmes. Il y a sur le territoire de la Motte-Fanjas, paroisse 
sous le vocable de St-Pierre et dépendante de Montmajour, 
comme nous le verrons plus loin, un ruisseau et un quar- 
tier dits de MalevaL 

L'église de St-Just-de-Claix^ située dans ce pays de 
Royans où Montmajour travaillait à s'établir vers 1040, 
est appelée église de St-Just de Mane [de Mana) dans un 
pouillé d'environ 1 1 10. Elle fut confirmée à cette abbaye 
en 1204 par Innocent III, et en 1 258 par Alexandre IV. 
Bien plus, le village de St-Just fut aussi confirmé à la même 
abbaye par l'empereur Othon IV en 12 10, et par Frédéric 
II en 1223 ; et dès le xiii® siècle nos Bénédictins avaient là 
un prieuré et un fief de quelque importance. Au xiv* siècle, 
le prieuré payait 24 livres r o deniers de décime papale. En 
1497, il était à la collation de l'abbé de Montmajour, et ses 
revenus étaient de 5o florins. Les revenus de la cure, dont 
le prieur avait la présentation, n'étaient que de 18 florins. 
Vers celte dernière époque, pour compenser l'abbaye de 
Montmajour de la suppression de la pension que lui fai- 
saient précédemment les Antonins, Alexandre VI unit le 
prieuré de St-Just, et divers autres bénéfices, à la mense 
conventuelle de cette abbaye. Mais, comme les revenus 
prieuraux de St-Just étaient insignifiants, cette abbaye ne 
tarda pas à les abandonner, et le prieuré eut jusqu'à 1790 
des titulaires séculiers (i). 

Les bulles de 1204 et de i258 mentionnent une seconde 
église de St-Just parmi les dépendances de Montmajour 



(i) Mss. Cbantelou, passitn ; — Cartul. de S. Hug,, pp. 193, 197, 278, 
29't 359~6o, 395 ; — F. DE M. de Carr., op. cit., pp. 147, 155-6 ; — Pilot 
DE Thorey, Prieurés.,, de Gren., p. 258-62 ; — Chevalier, Polypt. Gra- 
tianop,, n" 214 ; Visites épisc. de Grenoble^ pp. 87, 149. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 67 

dans le diocèse de Grenoble. Est-ce inadvertance du co- 
piste ? Faut-il au contraire admettre que, outre St-Just-de 
Claix, Montmajour avait une autre église de même nom 
dans le même diocèse ? Faut-il dire que la cure et le prieuré 
faisaient deux bénéfices de même nom, possédés par Mont- 
majour comme nous l'avons vu ? En tout cas, le pouillé 
rédigé vers 1 1 lo indique d'abord ecclesia S. Justi avec vi 
den. de cotisation, et plus loin ecclesia S. Justi de Mana 
avec xii den. de cotisation; et tout cela dans le même ar- 
chiprêtré d'Outre- Drac. D'autre part, les visites épiscopa- 
les de 1399, outre notre église de St-Just-de-Claix, men- 
tionnent une chapelle de St-Just^ située près de Seyssins, 
et visitée par Tévêque, qui y trouva tout en mauvais état. 
Le chapelain de Fontaines faisait le service de cette cha- 
pelle de St-Just, qui avait fonts baptismaux et cimetière (i). 

Attenante à St-Just-de-Claix, du côté du levant, est la 
paroisse d^Auberive^ dont l'église, déjà paroissiale vers 
1 1 1 o, fut confirmée à Montmajour en 1 204 par Innocent III 
et en i258 par Alexandre IV. Mais cette église, dédiée à 
la Sainte Vierge, était en 1497 du patronage du prieuré de 
la Motte-Fanjas, tout voisin, quoique situé au delà de la 
Bourne, et du diocèse de Valence. Son revenu était alors 
de 25 florins, et la paroisse avait 36 feux (2). 

L'église connue aujourd'hui sous le nom de Sainte 
Romans^ mais qui vers 1100 figurait seulement sous le 
nom de Granenc {de Granenco) et en 1 123, 1 152 et 1 184 
sous celui de Saint- Pierre de Granenc (Sancti Pétri de 
Granenco)^ fut érigée en prieuré par les religieux de Mont- 



(i) Ms8. cit. ; — CartuL S. Hug., p. 192-3 ; — Visitât, episcop. Gratia^ 
nop.f pp. 13 et 87. 

(a) Mss. ChanteloUi pp. 931-44 et 11 31-43 ; — Marion, Cartul, S, Hug., 
pp. 193, 196, 393, 359, 395. 



68 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

majour durant le xi^ siècle. Les privilèges concédés à 
cette abbaye par les papes, en ii23, ii52, 1184, 1204 
et 1258, la mentionnent comme une de ses dépendances. 
En 1497, le prieuré de Saint-Romans était habité par le 
prieur et par le curé du lieu, et l'église était à la fois prieu- 
rale et paroissiale. Les immeubles du prieuré, possédé 
par les religieux de la Congrégation de Saint-Maur depuis 
l'introduction de leur réforme dans Tabbaye de Montma- 
jour, furent vendus comme biens nationaux, le 2 mars 
1791, pour le prix de 32,470 livres. M. Pilot de Thorey a 
écrit l'histoire de ce prieuré dans un ouvrage déjà cité (i). 

L'église de Prêles [de Praellis) était paroissiale au com- 
mencement du XII* siècle, et dès 1 1 23 le pape Callixte II la 
confirmait avec les dîmes à Montmajour. En 1 152, Eugène 
III la confirmait à son tour, avec la paroisse et les dîmes, 
à la même abbaye, et en 1 184 Luce III en faisait autant. 
A son tour, en 1227, Raymond Bérenger céda à Véglise 
de St'Roman de Granenc tout ce qu'il avait ou percevait 
des dîmes des paroisses de St-Roman de Granenc et de 
Ste^ Marie de Prêles, En 1497, l'église de Ste-Marie de 
Prêles était du patronage du prieuré de St-Roman de Gra- 
nenc et avait 20 florins de revenu. La paroisse contenait 
36 feux en 1399, et 40 en 1497 (2). 

En ii52, Eugène III confirmait à Montmajour la cha- 
pelle du château de Beauvoir {capella castri Bellivisus\ 
dépendant des église et paroisse de St- Pierre de Granenc ; 
et Luce III faisait de même en 1 184. Cette chapelle^ qui 



(i) Mârion, Cartul. S. Hug.y pp. 193, 197, açi, 358-9, 394-5 ; — Mss. 
Chantelod, pp. 756-60, 782-7, 816-7, 93'~44 ®* "3'"43 î — Pilot db 
THORtT, dans BuL de la Soc. de Statist. de l'Isère, t. XXIII, p. 377-82. 

(2) Mss. Chantelou, 756-60, 782-7 et 816-7 ; — Boissieu, De l'usage des 
fiefs (MDCLXVflI), p. 375-6; — Marion, Cartul. S. Hug., pp. 193, 359; 
*— Chevalier, Visit, Gratian., p. 88. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 69 

ne figure pas dans le pouillé du commencement du xii* 
siècle, mais bien dans celui de la décime papale du xiv^ 
et dans les Visites de 1499, était devenue avant 1497 
une église sous le vocable de Saint-Jean-Baptiste. (2elle-ci 
était unie à la cure de St- Roman et formait avec elle une 
paroisse de 1 00 feux. En 1790, Beauvoir était encore du 
juspatrone^t du prieur de St- Roman (1). 

L'cglise de St-Bonnet du Villard-de-Lans (5. Boneti 
del Vilar juxta Lan!{) existait et était paroissiale dès 1 100. 
Elle était un bénéfice appartenant à l'évêque de Grenoble 
en 1 145, année où le pape Eugène III la confirmait à ce 
prélat. Mais, le 7 avril 1 1 52, le même pape la confirmait 
à Montmajour, et Luce III en faisait autant en 1 184. Puis, 
le pouillé de décime papale du xiv^ siècle ne mentionne ni 
prieur ni curé du Villard. C'est apparemment que les re- 
venus du lieu étaient perçus par Tévêque, et qu'il était 
tenu compte dans la cote du prélat, de la décime que 
celui-ci devait pour le Villard-de-Lans ; quant au curé, il 
n'était sans doute pas cotisé, à cause d'une extrême modi- 
cité de revenu. Quoi qu'il en soit, en 1497, l'église de St- 
Bonnet du Villard-de-Lans était de plein droit à la colla- 
tion de l'évêque de Grenoble, qui percevait toute la dîme 
du lieu. Il y avait alors dans cette église, outre le curé, un 
vicaire perpétuel institué par l'évêque (2). 



(i) Mss. Crantelou, pp. 782-7 et 816-7 » — Marion, Cartul. S. Hug.^ 
pp. 27901 358-9 ; — Chevalier, Polypt. Gratianop,^ n* 246; Visit. Gra- 
tianop.^ pp. xxxi-ii et 87-9; — Pilot de Th., Prieurés, p. 379-80. 

(2) Mss. Chantelou, pp. 782-7 et 816-7 ; — M. de Carranrais, op. cit., 
p. 147-8; — Marion, Cart. S. Hug., pp. 153, 192, 292, 355, 382, 387 î 
— Chevalier, Cart. cTAimon de Chisséf pp. 18, 55-6. 

L'abbé FILLET 
[A suivre) 



» r * 



70 SOCIETE D ARCHEOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 



UN COLLECTIONiyR DAUPHINOIS 

AU XVII» SIÈCLE 



L'Abbé de Lesseins et sa Galerie 



(Suite. — Voir les 97* et 98* livraisons). 



L'abbé de Lesseins étant mort le mardi, i6 août, sur 
les sept heures du soir, tout son entourage, qui épiait avec 
anxiété le moment fatal, se mit immédiatement en mou- 
vement et, sans attendre un instant, on commença les 
formalités requises en pareil cas. A huit heures, l'exécu- 
teur testamentaire, Louis de Baisse, sieur de St-Ghallier, 
se présentait chez le juge royal et ducal de Romans, Im- 
bert Brenier, pour lui notifier le décès et le requérir de 
faire apposer sans retard les scellés dans la maison d'ha- 
bitation du seigneur abbé défunt, ainsi qu'à son château 
de Triors. Au même moment comparaissait aussi à l'au- 
ditoire du juge le sieur Imbert Servant, notaire royal et 
secrétaire de la communauté de Mercurol, qui, en qualité 
de procureur fondé de « Monseigneur le marquis de 
Lionne de Claveyson (i) », venait de même requérir maître 



(i) Voici le texte de la procuration, reçue M*' Valet et Leroy, no- 
taires au Châtelet de Paris, à la date du 7 juillet précédent^ que le 
marquis de Claveyson fit à Imbert Servant « l'honneur de luy envoyer », 
et dont celui-ci exhiba l'original au juge Imbert Brenier : 

a Par devant le conseiller du roi, notaire au Châtelet de Paris, soussi- 
gné, fut présent hault et puissant seigneur messire Louis de Lionne, 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 7I 

Imbert Brenier de faire apposer les scellés partout. Celui- 
ci, faisan: droit à cette double requête, commet pour ex- 
perts à cette opération Louis Rondette, procureur au 
siège de Romans, et Pierre Legentil, notaire ; lesquels, 
.après avoir prêté serment entre ses mains, « en levant la 
main à la manière accoutumée », de s'acquitter fidèlement 
de leurs fonctions, se mettent immédiatement à l'œuvre. 
La nuit ne suffit pas à cette opération ; car il n'y eut pas 
moins de 71 portes, passages ou ouvertures à barricader 
et à sceller dans le seul Hôtel des Allées. On apposa d'a- 
bord les scellés à la porte du cabinet voûté qui est à main 
gauche en entrant, où sont les archives, et où a été dépo- 
sée une partie de la vaisselle d'argent ; pour la sûreté 
desquelles archives et argenterie on a muré une porte qui 



chevalier, marquis de Ciaveyson, comte d'Hautun et de Lesseins, baron 
de Mercurol, seigneur de Pommiers, Mureil et autres lieux, gouver- 
neur pour le Roy de la ville de Romans, demeurant à Paris, en son 
hôtel, rue Vivien, paroisse St-Eustache, lequel, considérant le grand 
âge de messire Charles de Lionne de Lesseins, abbé de l'abbaye royale 
de Saint-Calais, et étant averti qu'il est dans une indisposition où il y 
a beaucoup à craindre, en cas qu'il arrivât par malheur que ledit sei- 
gneur abbé vint à décéder, ce qu'à Dieu ne plaise, a jugé à propos de 
commettre et nommer M* Imbert Servant, notaire royal à Mercurol, 
afin que, pour l'intérêt que ledit seigneur marquis peut avoir en sa suc- 
cession, tant en son nom que comme père et légitime administrateur 
et maître des droits de messire Charles de Lionne, son fils, lieutenant 
au régiment du Roi, il fasse incontinent apposer les scellés à Romans, 
à Triors et autres lieux où ledit Servant jugera à propos, pour la con- 
servation des papiers, meubles et ustensiles. » 

Le 3i août suivant, Louis de Lionne passa une seconde procuration 
au môme Imbert Servant, « auquel il donne pouvoir de, pour lui et en 
son nom, csdites qualités, assister et être présent à la confection de 
l'inventaire commencé des biens et effets demeurés après le décès de 
messire Charles de Lionne de Lesseins Requiert qu'audit inven- 
taire, ample description soit faite de tous les titres des immeubles de 
la succession ensemble de tous les effets mobiliers en dépendant. » 



72 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

allait sur la terrasse, du côté des Cordeliers. Puis on a 
passé à la salle des tableaux, et de là à la porte qui va de 
ladite salle à Talcôve, après avoir fait fermer les fenêtres 
et fait faire des trous aux jambages pour y mettre des 
barres. On se rend ensuite à la porte qui ouvre sur l'ave- 
nue, à la porte du grand dôme, etc. Dudit dôme, on entre 
dans une petite chambre appelée des Vierges^ de laquelle 
une autre porte ouvre sur la chambre des Bains. Le cabi- 
net ou chambre de travail du seigneur abbé est au second 
étage, joignant la chapelle, à laquelle on accède d'en bas 
par un escalier. Il est fait mention aussi d'une chambre 
vitrée, du côté qui regarde Sainte-Marie, de la terrasse, 
du pavillon qui est sur le Vivier, d'une chambre joignant 
l'enclos des Cordeliers. Il y avait une porte de communi- 
cation entre leur église et la maison, pratiquée pour la 
plus grande commodité du seigneur abbé ; elle fut pareil- 
lement scellée. Le grand dôme paraît avoir été le point 
central de la maison, d'où l'on communiquait à tous les 
appartements et auquel aboutissaient toutes les issues. 
C'est ce que semblent indiquer différents passages du 
procès- verbal : « Etant passé du côté droit de la maison, 
à une porte du grand dôme qui va dans une petite cham- 
bre qui sort dudit appartement et donne sur les terrasses 
de la maison, après avoir fait fermer une grande porte à 
fenêtre qui va sur la terrasse, avec des barres de bois que 
nous avons fait faire exprès, nous avons apposé, etc. ». On 
a barré pareillement deux fenêtres qui ne sont pas grillées 
de fer, dans une petite chambre qui est du côté de bise. On 
dépose dans la salle des Bains quelques meubles, que l'on 
inscrit immédiatement, « à cause de plusieurs fenêtres 
qu'on ne saurait fermer en sûreté ». On place de même, 
dans le cabinet qui est près de la chambre située au 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 73 

bout de la galerie basse qui va au pavillon du Vivier, les 
colifichets et pièces de bronze qui étaient dans la galerie* 
Les scellés sont aussi apposés à une porte en dehors qui 
ouvre sur le pont du Vivier, et par où Ton monte au- 
dessus de la galerie basse ; et à cause de la quantité de 
passe-partout que plusieurs personnes avaient, et par où 
Ton pouvait entrer dans le pavillon qui est sur le Vivier, 
on ferme en outre ladite porte avec trois happes de fer. 

Le sieur de St-Challier ayant protesté qu'il ne pouvait 
être chargé de la responsabilité du mobilier, et personne 
ne voulant la prendre à cause de la grande quantité de 
scellés apposés partout, le juge royal Brenier nomme 
d'office, pour les garder, sieurs Jean Chambaud, con- 
cierge de la maison des Allées, établi par Tabbé de Les- 
seins, Paul Grand, Pierre Duportroux, François Cohet, 
Mathieu Nevers, Antoine Blachon dit Bergeron et Marc 
Legentil, qui tous prêtent serment de s'acquitter conscien- 
cieusement de leur charge et de bien veiller à leur conser- 
vation, tant de jour que de nuit. Ils en prennent solidai- 
rement la responsabilité, sous hypothèques de tous leurs 
biens. Un peu plus tard, ce dernier fut renvoyé. Servant 
proteste, au nom du marquis de Lionne, son maître, de 
faire supporter les frais de cette garde à qui il appar- 
tiendra. 

La nuit entière s'était passée à barrer toutes les issues 
et à sceller les portes. On y travailla sans désemparer jus- 
qu'au lendemain à dix heures du matin. Le juge et ses 
assesseurs se transportèrent alors au château de Triors, 
pour procéder à la même opération. On se mit à l'œuvre 
à une heure de l'après-midi ; mais là, on se trouva en pré- 
sence d'une difficulté que les opérateurs mentionnent en 
ces termes dans leur procès-verbal : « Et ayant parcouru 



74 SOCIÉTÉ D ARCHEOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

tout ledit château, nous avons trouvé qu'il est ouvert de 
tous côtés, par la quantité de portes qui donnent au de- 
hors, et qu'il faudrait un nombre considérable de gardes 
pour veiller à la conservation des scellés ». En consé- 
quence, iMartin Chabert, maître charpentier de Romans, 
est commandé pour poser des barres de bois et faire faire 
des trous à tous les endroits qui lui seront indiqués. « Et 
nous étant transportés dans le bas dudit château, continue 
le même document, nous n'y avons rien trouvé de sy 
seur que la vielhe sale du costé de bize, où il y a cinq 
fenestres, que nous avons faict fermer par ledit Chabert 
avecq de fortes barres de bois ». On transporte donc dans 
cette salle tous les meubles des appartements du rez-de- 
chaussée, en commençant par ceux du grand salon ou 
dôme; on y laisse seulement une grande table à l'antique, 
peinte en porcelaine, un buffet, partie bois noyer et partie 
bois sapin, un tableau qui est au haut du dôme, et quatre 
iSgures ou bustes de Maures avec leurs consoles. On déta- 
che toutes les tapisseries, qui paraissent avoir été en beaux 
tissus des Gobelins ou d'autres étoffes de valeur, non seu- 
lement au grand salon, mais dans tous les autres appar- 
tements. 

Mais, « attendu l'heure tarde », la suite de la procé- 
dure d'apposition des scellés est renvoyée au lendemain, à 
cinq heures du matin. A l'heure dite, le jeudi i8, on con- 
tinue de transporter au même lieu les meubles des divers 
appartements du rez-de-chaussée, mentionnés au nom- 
bre de six. La tapisserie et les autres meubles qui étaient 
dans la chambre à alcôve, où couchait le seigneur abbé, 
sont placés dans la bibliothèque d'en bas, lieu assuré, dont 
les fenêtres sont ensuite fermées et barricadées. On men- 
tionne encore, au rez-de-chaussée de l'orangerie, la cham- 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. j5 

bre des Fontaines, la chambre Blanche, TOffice, la salle 
basse, etc. Il y a deux caves. Tune sur les offices et l'autre 
dans le cellier, sous la vigie. 

Les meubles des appartements du second étage et de 
toutes les parties supérieures sont « dans la vieille cham- 
bre du feu seigneur abbé, qui paraît la plus sûre ». Cinq 
au-tres chambres sont énumérées, parmi lesquelles il y a 
celle de la vieille bibliothèque et celle du Grand Parquet. 

Tout est terminé dans la journée du 17. Le juge et ses 
assesseurs commettent à la garde des scellés M^ Jean En- 
fantin, praticien et concierge du château, « et, ajoute le 
procès-verbal, pour luy aider à ladite garde et conserva- 
tion, honnêtes François Gelibert, François Grand, André 
Flandy et Charles Arthaud, habitants dudit Triors, de 
St-Jean et de Pernans, auxquels nous avons fait prêter 
serment de bien et fidellement, selon Dieu et conscience, 
veiller à la conservation tant desdits scellés que des effets 
dud. château. » 

Le mobilier se trouvant ainsi mis en sûreté, on attendit 
la semaine suivante pour procéder à Tinventaire, dont la 
confection ne dura pas moins de seize jours consécutifs, 
sans que le travail fût interrompu, même les dimanches 
qui se rencontrèrent dans l'intervalle. Le testament ayant 
été ouvert le 21 août, on commença, le lendemain lundi, 
sur la réquisition du sieur de St-Challier, à lever les scel- 
lés en présence des experts qui avaient assisté à leur pose, 
et à mesure qu'un appartement était ouvert, on en inven- 
toriait les meubles et tout le contenu. Cette opération se 
continua tout le reste de la semaine, jusques et y compris 
le dimanche. On réserva seulement la salle des archives, 
dont la levée de scellés fut ajournée, parce que Messieurs 
du chapitre de Si-Barnard y avaient aussi apposé les 



76 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

leurs. Le lendemain lundi, 29 août, les mêmes formalités 
commencèrent au château de Triors, et s'y poursuivirent 
jusqu'au mardi, 6 septembre. Le juge, ayant congédié les 
quatre hommes qu'il avait adjoints à Jean Enfantin pour 
la conservation des scellés, confie à celui-ci la garde de 
tout; non seulement du gros matériel d'exploitation, qui 
doit demeurer au domaine, mais du mobilier ordinaire et 
des objets de valeur portés sur l'inventaire, parce qu'on 
ne pourra pas les transporter tous à Romans le lende- 
main ; puis il ajourne la reprise des opérations au ven- 
dredi suivant, 9 septembre, dans l'Hôtel des Allées. Mais 
ce jour-là, il n'y eut que des pourparlers entre les repré- 
sentants des divers ayant-droit, et le recolement des ar- 
chives n'eut lieu qu'à partir du 10 octobre suivant. Les 
procédures et formalités de justice durèrent encore plus 
d'un mois, et la vente des biens de l'abbé de Lesseins ne 
fut commencée que vers la mi-novembre. Les procès- 
verbaux et inventaires qui en furent dressés n'occupent 
pas moins de 398 pp. dans un registre de format in-4'' or- 
dinaire, timbré aux armes du parlement de Grenoble. 
Nous y trouvons l'inventaire très complet des tableaux, an- 
tiquités et objets d'art qui composaient la galerie de l'abbé 
de Lesseins, ou plutôt qui remplissaient ses deux somp- 
tueuses résidences de Romans et de Triors, comme aussi 
de sa bibliothèque et de son riche mobilier. Nous allons 
reproduire ici ces différentes nomenclatures dans ce qu'elles 
ont de plus curieux et de plus intéressant. La plus consi- 
dérable est sans contredit celle des tableaux ; à cause de 
l'intérêt tout particulier qu'elle présente, nous croyons 
devoir la publier en entier, en suivant l'ordre marqué 
dans l'inventaire, qui est celui de leur distribution dans 
les différents appartements. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 77 

I 

PEINTURES, GRAVURES, ESTAMPES 
§ I" — A l'hôtel des allées 

^ans la première salle^ à main gauche, au premier : 

Quatre tableaux représentant les Quatre Saisons, ayant 
chacun leur cadré doré, de trois pieds et demi de haut 
sur cinq de long, en bon état. 

Un autre tableau représentant la foire du Campo Vac- 
cino^ de quatre pieds et demi de haut sur six et demi de 
large, ayant son cadre doré, aussi en bon état. 

Un grand tableau de chasse, sans cadre, qu'on avait tiré 
deTriors pour en faire une copie, que M. de Saint-Challier 
a fait rendre et mettre dans cette salle. 

Un autre tableau représentant la Chasteté, par une fille 
qui embrasse une licorne, de quatre pieds et demi de haut 
et de cinq de long, ayant de même son cadre doré, en bon 
état. 

Un autre tableau représentant la Charité romaine, de 
quatre pieds et demi de haut et de cinq de long, de même 
avec son cadre doré, en bon état. 

Un autre^ grand tableau représentant une bataille, de 
quatre pieds et demi de haut sur six et demi de large, avec 
son cadre doré, ledit tableau étant crevé en un endroit. 

Un autre tableau sur la cheminée, représentant la fa- 
mille de Monsieur de Lionne, le ministre d'Etat, avec son 
cadre or et blanc, en bon état. 

Trois tableaux de paysages, de quatre pieds et demi le 
chacun de haut sur deux de large, avec leurs cadres 
blancs, en bon état. 



78 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Quatre dessus de porte, de trois pieds de long et un de 
large, avec leurs cadres dorés, en bon état. 

Un tableau représentant saint François de Sales, avec 
un vieux cadre doré. 

Portrait de M. de Lionne, évêque de Gap, avec son ca- 
dre doré, en bon état. 

Portrait dudit feu seigneur abbé de Lesseins, sur un 
vieux cadre doré. 

Portrait de feu Monsieur de Claveson, gouverneur de 
cette ville, avec son cadre doré, en bon état. 

Treize autres portraits de la famille, sur de vieux cadres 
dorés, 

Treize autres petits portraits de famille, d'un pied ou 
environ, en carré, avec de vieux cadres dorés, et deux es- 
tampes, aussi en cadres dorés. 

Dam la chambre à alcôve : 

Portrait du Roi, assis et en manteau royal, avec son 
cadre or et blanc, d'environ quatre pieds de haut et deux 
et demi de large, avec son cadre doré, en bon état. 

Une Magdeleine en cheveux blonds, de trois pieds de 
haut et deux et demi de large, avec son cadre doré, en bon 
état. 

Un tableau représentant une Musique, de trois pieds de 
haut sur cinq pieds et demi de long, original de maître, 
de Paul Véronèse, avec son cadre doré, en bon état. 

Une Nativité, de cinq pieds et demie de haut et quatre 
et demi de large, avec son cadre doré, en bon état. 

Une Flore, copie faite à Rome, de trois pieds de haut 
sur quatre et demi de large, avec son cadre doré, en bon 
état. 

Sept paysages, servant de frise à l'alcôve, qui sont sou- 
tenus par trois cadres dorés. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS, 79 

Diane et Eudytnion, d'après le Poussin, de trois pieds et 
demi de haut sur quatre de large, avec son cadre doré, en 
bon état. 

Hérodias portant la tête de saint Jean-Baptiste, de trois 
pieds et demi de haut sur deux et demi de large, avec son 
cadre doré, en bon état. 

Une Vierge et PEnfant Jésus, de même grandeur, aussi 
avec son cadre doré en bon état. 

L'Aurore et CéphaU, de trois pieds et demi de haut sur 
quatre et demi de long, avec son cadre doré. 

Le plafond de la dite alcôve peint à Thuile, sur toile. 

Dans la petite alcôve : 

Une Vierge et un Sauveur, de quatre pieds de haut et 
deux de large, avec leurs vieux cadres noirs, qui étaient 
dans la galerie. 

Une Flore, de quatre pieds de haut sur trois de large, 
qui a été apportée de Triors, sans cadre. 

Cléopâtre en chemise et Gléopâtre vêtue, de quatre pieds 
de haut et trois de large, avec leurs cadres dorés, en bon 
état. 

Dans la salle à manger : 

Deux tableaux marine, chacun de cinq pieds de haut 
et huit pieds et demi de large, avec leurs cadres dorés. 

Un tableau de Chasse d'oiseaux et de chiens, de six pieds 
et demi de large et cinq pieds de hauteur, avec son cadre 
doré. 

Un paysage de même grandeur, représentant le Puits 
de Jacob, aussi avec son cadre doré. 

Dans la Chambre des Vierges : 

Un grand tableau de trois pieds de haut sur six et demi 
de long, représentant la bataille de Constantin, avec son 
cadre doré, en fort bon état. 



8o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Un tableau d'une Vierge à TAiguille, de deux pieds et 
demi de haut sur deux de large, avec son cadre doré, en 
bon état. 

Un tableau de TAssomption de la Vierge, de deux pieds 
de haut sur un et demi de large, avec son cadre doré, 
en bon état. 

Un autre tableau de la sainte Famille, d'un pied et 
demi de haut et un peu plus d'un pied de large, avec son 
cadre doré, en bon état. 

Un tableau représentant la sainte Vierge et son Enfant, 
d'environ deux pieds en carré, avec son cadre doré, en bon 
état. 

Deux autres tableaux de la sainte Vierge, le chacun 
d'un pied et demi de haut et un peu plus d'un pied de 
large, de Sasso Ferrato, romain, avec leurs cadres dorés. 

Une Vierge en Mater Dolorosa^ avec son cadre doré, 
d'environ un pied de haut et autant de large. 

Une petite Magdeleine couchée, avec son cadre doré en 
ovale. 

Un saint Bruno, avec son cadre doré aussi en ovale. 

Un saint Jean sur du plâtre marbré, avec son cadre 
doré, d'un pied et demi de haut et environ quinze pouces 
de large. 

Un petit tableau des Innocents, sur du marbre noir, 
ouvrage d'Italie, avec son cadre doré d'un pied de haut 
et d'un pied et demi de large. 

Deux petits tableaux représentant l'Annonciation, sur 
du cuivre, avec leurs cadres dorés, fort anciens. 

Une Bergerie, en ovale, d'un pied de large, avec son 
cadre doré. 

Un tableau de Judith en prière, sur marbre noir, d'un 
pied et demi de large sur un pied de haut, original de 
Stella, avec son cadre doré, en bon état. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 8l 

Quatre petits tableaux représentant un Sauveur, une 
Vierge, trois Anges chantant et une tête de Vierge, avec 
leurs cadres dorés, en bon état. 

Un petit tableau d'un Crucifix,sur un vieux cadre doré. 

Un tableau représentant la Trinité, avec son cadre 
doré, en bon état. 

Un tableau représentant la Sépulture du Sauveur, d'un 
pied et demi de large et d'un et demi de haut, avec son 
cadre doré, en bon état. 

Un autre tableau sur du bois fendu, représentant une 
tempête, avec un cadre doré, en bon état. 

Dans le grand dôme^ ou appartement appelé la Chant - 
bre du ^uc de Bourgogne : 

Un grand tableau du portrait du Roy à cheval, de 
neuf pieds de largeur et de onze de haut, avec un vieux 
cadre doré. 

Un portrait représentant Porcie {sic), de trois pieds de 
haut et deux et demi de large, avec son cadre doré, en 
bon état. 

Une Magdeleine, d'après Le Brun, à demi-corps, avec 
son cadre doré, de trois pieds de haut et deux et demi de 
large. 

Une autre Magdeleine, de trois pieds de haut et deux 
et demi de large, avec son cadre doré, en bon état. 

Une autre Magdeleine, de trois pieds et demi de large 
et de trois de haut, avec son cadre doré, en bon état. 

Un portrait de femme, de trois pieds et demi de haut et 
de deux pieds et demi de large, avec son cadre doré, en 
bon état. 

Un autre portrait de femme, de la même hauteur et 
grandeur, avec son cadre doré, en bon état. 

Un autre portrait de femme à gorge nue, en original 

2" Série. XXVI« Volume. - 1892. 6 



82 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

de Juste, qu'on dit être Marion Delorme, de trois pieds et 
demi de haut et de deux pieds et demi de large, avec son 
cadre doré, en bon état. 

Dans une petite chambre à côté : 

Huit tableaux de paysages, de cinq pieds et demi en 
carré, bordés de bois peint, les huit tableaux vieux et 
usés. 

Un tableau de la famille de M. de Lionne, le Ministre 
d'Etat, sans cadre, de quatre pieds de haut et de trois de 
large. 

Un portrait d'une femme brune, avec un cadre de bois 
de trois pieds en carré. 

^ans une autre chambre^ aussi attenante au dôme : 

Le portrait de feu M. l'abbé de Lesseins, en rond, avec 
son cadre doré. 

Quatorze portraits de dames, dix en ovale et quatre en 
carré, avec leurs cadres dorés, en bon état. 

Un petit portrait en rond de M. le comte de Lionne, 
avec son cadre doré. 

Un tableau delà Vierge et de l'Enfant Jésus couché, collé 
sur un plus grand, avec un vieux cadre doré, rompu en 
un endroit, de trois pieds en carré. 

Un ancien portrait de feu Madame de Cunres (?), en 
sainte Agnès, en ovale, de trois pieds de haut, avec son 
cadre doré, en bon état. 

^ans la galerie basse, qui sert d'appartement à M, de 
Saint'Challier : 

Seize tableaux en détrempe, enchâssés dans les bossa- 
ges, représentant des paysages, chasses et marines. 

Dans la galerie : 

Un grand tableau représentant Vénus et Adonis, de 
quatre pieds et quatre pouces de haut sur cinq pieds et 
deux pouces de long, avec son cadre doré, mi-usé. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 83 

Un grand tableau représentant une Baccanale, de sept 
pieds de long et de cinq pieds de haut, assez en bon état, 
avec son cadre doré. 

Un autre grand tableau représentant la Forge (i) de Vul- 
cain, et Vénus assise auprès d'un feu, de sept pieds et demi 
de haut sur onze et demi de long, avec son cadre doré, 
dont la dorure est ôtée en quelques endroits, ce tableau 
étant en bon état. 

Un tableau représentant une assemblée de village, de 
cinq pieds de haut sur huit et demi de large, avec son cadre 
doré, en bon état. 

Un autre tableau représentant une marine et débarque- 
ment, de la même hauteur et largeur, avec son cadre doré, 
en fort bon état. 

Un autre tableau représentant Moïse sauvé des eaux, de 
sept pieds de haut sur neuf de large, avec son cadre doré, 
en bon état. 

Un autre tableau représentant des petits Amours tenant 
des guirlandes de fleurs, de cinq pieds de haut sur sept 
pieds et demi de large, avec son cadre doré, en bon état, 
ce cadre en argent. Plusieurs petits trous au tableau. 

Un autre tableau représentant une vue du sérail de 
Gonstantinople, de cinq pieds de haut sur six pieds et de- 
mi de large, avec son cadre doré, en bon état. 

Six tableaux de paysages posés dans fentre-deux des fe- 
nêtres de la galerie, avec leurs cadres de bois peints en 
porcelaine, de cinq pieds de haut sur six pieds de large, 
un desquels est rompu en plusieurs endroits. 

Un tableau de fleurs et un gros perroquet, rompu et 
rapiécé, de cinq pieds de large et quatre pieds de haut, 
avec son cadre doré, en bon état. 

(i) Le greffier, peu versé dans la mythologie, a écrit foret. 



84 SOCCÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Un autre tableau enchâssé au-dessus de la cheminée, 
représentant les trois Grâces. 

Quinze petits tableaux enchâssés dans la frise de Tal- 
côve, représentant des paysages et des fruits. 

Un autre tableau sur le milieu, représentant les Douze 
Heures, et un autre au derrière, représentant TEnfant 
Jésus couché sur une croix. 

Un autre tableau enchâssé sur la porte, représentant une 
marine. 

Dans la chambre d'en haut qui regarde sur le parterre^ 
à laquelle on accède par un petit degré de bois : 

Un tableau représentant TAnge Gardien, tenant un flam- 
beau à la main, de deux pieds de haut sur trois de large, 
avec un vieux cadre doré. 

Huit vieux tableaux de paysages, de trois pieds de long 
et d'un pied et demi de haut, avec leurs bordures de sa- 
pin. 

Un autre tableau représentant Agar, servante d'Abra- 
ham, avec un vieux cadre de bois blanchi, d'un pied et 
demi de haut sur deux pieds de large. 

Dans la chambre du pavillon qui est sur le Vivier : 

Un grand tableau sans bordure, de douze pieds de haut 
sur treize de large, représentant des pêcheurs et un pay- 
sage, où est écrit le nom du peintre, Francesco Grimani, 
Bolognese, 

Un autre tableau représentant Géreste en pied, de huit 
pied de haut sur cinq de large, avec son cadre doré, 
en médiocre état. 

Un autre tableau, où est une femme et une vache, de 
deux pieds de haut sur trois de large, avec son cadre doré, 
en assez bon état. 
• Un autre tableau où sont peints des oiseaux et une choiste 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 85 

[sîc^ pour chouette ), de six pieds de haut sur sept de long, 
avec une bordure de bois. 

Un autre tableau où sont peints un paon, des coqs et 
autres oiseaux, de six pieds de haut sur sept de large, avec 
une bordure de bois qui a été rapiécée en plusieurs en- 
droits. 

Un autre tableau représentant Cupidon, ayant un vio- 
lon sur ses pieds, de quatre pieds et demi de haut sur 
trois et demi de large. 

Dans la chambre dite des Vistres (vitres), au second 
étage : 

Un tableau représentant un fruit, de trois pieds de haut 
sur cinq de long, avec une méchante bordure de bois. 

Dans la chambre à côté : 

Un petit tableau en ovale, représentant saint Jean- 
Baptiste, sans cadre, fort vieux. 

Un autre tableau sans cadre : une jeune fille couronnée 
de Heurs, de trois pieds et demi de haut et deux de large. 

Dans une autre chambre sur la galerie^ du côté droit : 

Six tableaux représentant des batailles, d'un pied et 
demi de haut et de deux pieds et demi de large, avec leurs 
cadres de bois peints en porcelaine, yen ayant quatre des- 
dits tableaux qui sont déchirés. 

Dans le cabinet du feu seigneur abbé de Lesseins^ avec 
quelques livres et des objets d'antiquités : 

Un tableau représentant Neptune sur son char, de deux 
pieds et demi de long et un pied et demi de haut, avec son 
cadre doré, en très bon état. 

Un vieux tableau représentant une femme parmi des 
rochers (Ste Magdeleine ?), d'un pied et cinq pouces de 
haut sur un pied de large, avec son cadre doré, en assez 
bon état. 

Une Léda, des Amours et un cygne, d'un pied et sept 



86 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

pouces de haut sur deux pieds et deux pouces de long, avec 
son cadre doré, en bon état. 

Danaé et la pluie d'or, d'un pied et demi de haut sur 
deux pieds de long, avec son cadre doré, en bon état. 

Adam et Eve, de deux pieds de haut sur deux pieds et 
trois pouces de long, endommagé, avec un cadre d'or, 
aussi un peu endommagé. 

Un tableau représentant le bain de Diane, de six pieds 
et demi de haut sur cinq de large, bordé de bois peint. 

Suzanne et les vieillards, de quatre pieds de haut sur 
trois de large, avec une bordure de bois peint. 

Un autre tableau représentant Léda assise, de trois pieds 
deux pouces de haut sur deux pieds et demi de large. 

L'enlèvement de Proserpine, en deux pieds et dix pouces 
de large sur deux pieds et un pouce de haut* sans cadre. 

Une femme assise ou appuyée contre un rocher, un 
homme et une femme devant elle, et une autre femme en- 
suite, qui fait boire un enfant, de deux pieds et demi de 
haut sur trois pieds et quatre pouces de long, sans cadre. 

Une danse ou jeux d'enfants, d'un pied de haut sur 
deux pieds et demi de long, avec son cadre doré, endom- 
magé. 

Angélique et Médor, d'un pied et demi de large sur un 
pied et un pouce de haut, avec son cadre doré, en bon 
état. 

Un autre tableau représentant un vieillard et différents 
autres personnages, sans cadre. 

Arlequin et trois autres personnages de comédie, d'un 
pied et deux pouces de haut sur un pied et demi de long, 
avec un cadre doré, rompu et en méchant état. 

Cyprien PERROSSIER. 
CA continuer). 



TABLE ONOMASTIQUE DES TITULAIRES DES DEVISES. 



87 



DICTIONNAIRE 



DES 



DEVISES HERALDIQUES, NUMISMATIQUES, HISTORIQUES 

ET FANTAISISTES DU DAUPHINÉ 



(Suite et Fin. — Voir les 90», 91% 9^", ç-?', 94*, 95% 96% 97% 98^ et 99* iivr.). 



TABLE ONOMASTIQUE 
DES TITULAIRES DES DEVISES 



Aboii (d'), 857, 

Académie delphinale. 517, 8*26, 
839. 

— flosalpiiie, 243. 
AdhémardeGrigQan,93,419,532. 

— de Moateil, 89. 
Adrets (Bo» des), 303. 
Affre, arche V., 574. 
Agonit (dl, 48, 58, 296, 393. 
Aiguë (de T), 188. 
Ailly(d'), 21, 552. 

Aimar VI, C** de Valentinois,55. 
Aimars (des), 682. 
Albignac, 458. 
Albon(d'),6, 573. 
Allègre, 858. 

AUeman, 29, 40, 142, 267, 268, 
279, 512, 529. 

— (Laurent), év., 151, 377. 
Allier (Éd.), impr.341. 



Alrichs (des), 694. 
Altessan (Henry d'), 212. 
Altvillars (ou Arvillars), 283, 

484, 830. 
Amar (A.), 823. 
Ambel (d'), 640. 
Ambrois (des), 618. 
Angelin de Champlaneys, 23. 
Anne - Marie - Christine, Dau- 

phine, 86. 
Arbalestier de Monclar (d'), 384. 
Arces (d^), 40, 87, 392, 413, 457. 
Armand (d'j, 597. 
Armuet de Bonrepos, 44, 150. 
Arnaud, 402. 
— de Vitrolles, 196. 
Arod, 628. 
Auberjon de Murinais, 409. 



B 



Baglion, 494. 
Baile, 578. 



88 



SOCIETE D ARCHEOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 



Balme (de la), 95. 

— de Mares, 625. 
Balme-Moatchalin (la), 201. 
Barginet, 160. 
Barnaud, 459. 

Barnier, 847. 

Baron, 421. 

Barrai (de), 649. 

Barrin de Chanrond, 594. 

Basemont (de), 199. 

Bastide, 213. 

Baulx (de), 310. 

Baume de Suze (de la), 24, 178, 

179, 693. 
Baume-Pluvinel (la), 395. 
Bayart, 4, 235, 473, 567, 627. 
Beaufort (de), 309. 
Beaumont (de), 61. 
Beaurnont-Carra, 440. 

— d'Autichamp (de), 31, 303. 
Beauvoir (de), 619. 

— (îrimoard du Roure (de), 
57. 

Bectoz (Schole de), 531. 
Bellecise (de), 41. 
Bellecombe (de), 62. 
Bérard, 173, 388. 

— d'Illins, 686. 
Bérenger, 40, 268, 279. 

— (Claudine de), 354, 426, 516. 
Bernières, 20. 

Bernadou, év., 237. 

Bernard de Lausière (de), 256. 

— de Marigny, 257. 
Bernis (de), 45. 



Bernou (de), 164. 

Bert du Chafïat, 639. 

Berthet, év., 832. 

Berton de Grillon de Balbes , 221 . 

Bertrand de Molle ville, 183. 

Besson, 683, 

Béthisy (de), 208. 

Béthune (de), 42, 170, 674. 

Blanc (Ant.), imp% 433. 

— (Augustin), 423, 481, 517. 

— de Blanville, 659. 

— de Chapteuil, 194. 
Blanchet, év., 844. 
Blanchet (H°'), 286. 
Bochard, 30. 

Bocsozel-Montgontier, 589. 
Boffin (de), 77, 146, 565. 
Bohier de St-Ciergue, 655. 
Boissat, 491. 

— (P^« de), 180, 583. 
Bonce, 860, 861. 
Bongouvert (Abbaye de), 636, 

663, 853. 
Bonin-Balzarin, imp% 453. 
Bonne de Lesdiguières, 461 , 486. 

— (la Dudhesse A. de), 386. 

— de Lesdiguières de Lafar- 
ge, 461. 

Bordes (des), 168. 
Borel de Ponsonas, 363. 

— d'Hauterives,28,165,285,363. 
Borgia, Duc de Valentinois, 52. 
Bouchage (Rob. du), 488. 
Bouffier, 158. 

Bourbon (Ch. de), 831. 



TABLE ONOMASTIQUE DES 

Bourbon (L« de), 492. 
Bourgoin (ville de), 223. 
Bourneville, 603. 
Bouvier, 77. 
— de Portes, 81. 
Boveron (C), 365. 
Boyer de Bouillane, 854. 
Boys (Alb. du), 451. 
Brémond (Ant. de), 216. 
Bretonneau de Moydier, 34, 7&. 
Breul de Sacconney (de), 82. 
Brûlart de Genlis, 35. 
Brun-Durand, 490. 
Bruno (saint), 70. 
Bruyères de St-Michel, 664. 
Buatier, 302. 
Bûcher (P"), 452. 
Buis (ville du), 595. 
Bulletin d'histoire ecclésiasti- 
que, etc., 825. 
Burle, 121. 
Bussillet, 689. 



Calotte (Rég' de la) , 224, 404, 607. 
Caritat de Condorcet, 79. 
Caries (Chaffrey, 71,441. 
Carmejane-Pierredon (de), 155. 
Cassard, 360, 631. 
Castellane(de), 293, 419. 
Castellane d'Ornano de Gri- 

gnan, év., 92. 
Catherine de Médicis, 111. 
Cato (Angelus),archev. ,211, 322. 
Chabannes (Claude de), év. 349. 



TITULAIRES DES DEVISES. 89 

Chabert (de), 540. 
Chabrières (de), 201,549, 
Chambre aux deniers du Dau- 

phiné, 289. 
Chandée, 346. 
Chandieu (de), 554. 
Chaponay (de), 266. 
Charité (Couvent de la), 596. 
Charles-Orland, dauphin, 662. 
Charles V, 66, 68. 

— VII, 67, 94. 

— VIII, Dauphin, 94, 

— IX, 94. 

Charotti (Honorât), 503. 
Chartreux (FOrdre des), 680. 
Chastelain de Poux, 326. 
Chastelier, 230. 
Chatrousse, év., 172. 
Chevalier de Sinard, 350. 

— (Fabbé Ulysse), 480. 
Chevallet (Abel de), 232. 
Cheylus (de), 227, 
Chivallet (de), 398. 
Christophe (ou Christophle),187. 
Claret de Fleurieu, 98. 
Claveyson(de), 102,103,123, 681. 
Clermont (de), 99, 204, 661. 

— (Catherine de), 83, 331. 

— Chaste (ou Chatte), 88. 

— Montoison, 25. 

Cockson (ou Cocson) Richard, 

218. 
Cognoz-Clèmes, 105. 
Colomb de Batines, 191. 

— (Victor), 72. 



90 



SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 



Colisieux, 590. 
CoUet-la-Chasserie, 380. 
Collet (Magnin du), 626. 
Gommiers (de), 40, 107, 244, 

279, 687. 
Comminges, 195. 
Condorcet (de), 79. 
Corbeau de Vaulserre (de), 462. 
Cornu (?'• de), 265. 
Cossé de Brissac (de), 14. 
Costaing de Pusignan, 566. 
Coston de Cornas, 479. 
Cotton, év., 498. 
Créquy (de), 21, 119, 552, 559, 

576, 584. 
— Lesdiguières, 5. 
Croix (Aug** de la), év., 31 1 . 
Cros (du), 200. 

Crouy-Chanel, 120, 351, 622. 
Crozat(de), 121. 
Crussol (de), 234. 
Cujas, 606. 

D 

Darbon, 116. 
Darboy, archev., 369. 
Dauphins de France, 104, 127, 

284, 334. 
Dauphins de Viennois, 616. - - 
Dauphiné (jetons du), 54, 171, 

214, 290. 
Deagent, 659. 
Denis (ou Denys), 84. 
Depéry, év., 523. 
Die (évêques de), 53. 



Disimieu (de), 300. 

Dorne (de), 219. 

Dortans (de) ou Dortenc, 422. 

Douglas, 344. 

Drogue t (J. de), 508. 

Drujon de Beaulieu, 130, 131. 

Duparc, 538. 

Dupont de Chavagnieu, 455. 

Dupuis, 175. 

— de Bordes, 301. 

— Montbrun, 338. 
Durand, 425. . 

Durbon (chartreuse de), 181. 



Escalin des Aimars, 513. 
Estaing de Saillans (d'), 148. 
Estoard, 133. 
Expilly (Claude), 154, 443, 471. 



Pages de Chasoux, 319. 

Falcoz de la Blache, 643. 

— de Maleval, 9. 

Farel(Guill.), 381, 579,620. 

Fassion, 264. 

Faure (du), 547. 

Fava, év., 3. 

Félix, 236. 

Ferron (de), 233. 

Ferrus, 240. 

Fialin de Persigny, 352. 

Fiard(Ad.), év., 312. 

Fillon, 688. 

Fine du Bonnet (P**), 454. 



TABLE ONOMASTIQUE DES 

Fisicat, 604. 

Forges de Pont-Évêque (C* 

des), 519. 
François, Dauphin, 225, 226, 

295, 333, 343, 345. 
François I", 94, 475, 476. 
Frère (Claude), 263. 
Froment, 13. 



Gadagne (de), 210. 

— (de Galléan de), 2. 

— d'Hostun (de), 228. 
Gaillard, 318. 
Galbert (de), 562. 
Galliffet (de), 71. 
Galzain de Galsins, 241. 
Garagnol (de), 690. 
Garnier des Garets, 60, 114. 
Gasquet (de), 541. 

Gatel (l'abbé), 467. 
Gaucourt (R. de), 269. 
Gautier, doyen, 408. 
Gênas (F«'« de), 355. 
Genoude (de), 186. 
Gensoul, 162. 
Gerbais, 660. 
Gilbert-Colonges, 385. 
Gillier (de), 253. 
Ginestoux (de), 448, 677. 
Ginouilhac, év., 138. 
Girard (de), 220. 
Giraud, 147. 
Girolet de Vaujany, 137, 822, 



TITULAIRES DES DEVISES. 9I 

Golat de la Garenne (de), 555. 

Gombert (de), 678. 

Gouzot, év., 846. 

Grammont-Caderousse (de), 43. 

Grand de Champrouet, ou Tra- 
vail, 100. 

Grande-Chartreuse, 126, 374, 
437. 

Granges (de), 40, 74, 279. 

Gras ou Gratz (de), 681. 

Grasse (de), 73, 561. 

Grégoire, 629. 

Grenoble (Bibliothèque chré- 
tienne), 526. 

— (Collégiale de St- André), 
416. 

— (École normale), 247. 

— (Loge de la Parfaite Union) , 
298. 

— (Lycée), 370, 420, 658. 

— (Municipalité de), 838. 

— (Soc. de bienf. des cordon- 

niers), 638. 

— (— de consommation ' r [7- 

niversellé), 841. 

— (— du Soleil), 527. 

— (— mutuelle maternelle et 

filiale), 291. 

— ( — de TEnclume et du 

Marteau), 261. 

— (— des Agriculteurs), 670. 

— ( — des Bibliophiles dau- 

phinois), 518. 

— (— des Frères d'armes) , 

292. 



92 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Grenoble (Soc. des Jacobins) , 

602. J 

— (Soc. des Sciences et des 

Arts), 851. 

— (Soc. des tisserands, dra- 
piers, etc.), 671. 

Gribaldi(Gribald, Gribaud), 533. 
Grimaldi (de), 145. 
Grimaud-Béesgue (de), 335. 
Grolée (de), 47, 177, 600. 

— de Meuillon, 197. 

— Viriville (de), 242, 246, 357. 
GroUier ^de), 442, 617. 
Guérin, 336. 
Gueulette, év., 517. 
Guiffrey de Boutières, 297, 613. 
Guignard de St-Priest (de), 248. 

— — d*Almazan, 198. 
Guilbert, év., 125. 



Jacquenet, év.,845. 
Jean II, Dauphin, 64. 
Joly de Choin, 8. 
Joubert (de), 8, 190. 
Jouffrey (de), 403. 
Jubié, 299. 



H 



Henri ou Henry, 136. 

Henri II, Dauphin, 94, 174 

175, 824. 
Henri IV, 139,273, 501. 
Hugues (d'), 657. 
Hugues- Aimeri, év., 65. 



I 



Iseran (d'), 407. 
Isnards (des), 382, 582, 647. 
Isoard de Vauvenargues, 342. 
Iznard, 390. 



Labarre, 593. 

La Gour-Morvilliers, 169. 

Lacroix (de), 313. 

Lacroix-Chevrières, 280, 316. 

Lafemas (Isaac de), 238. 

Lafont de Savines, 361, 652. 

Laincel (de), 588. 

Lalande, 239. 

Lally-Tolendal (de), 330, 364, 

368. 
Lannion (de), 557. 
La Palud, 184. 
Latier de Bayanne (de), 556. 
Lattier (de), 378. 
Laurencin (de), 406, 542. 
Le Blanc de Percy, 395. 
Le Camus, 38. 

Le Goux de la Berchère, 320. 
Lemps (de), 391. 
Lenoir-Laroche, 26. 
Léotaud du Serre, 654. 
Lesdiguières, 250, 270, 278, 281, 

305, 523, 572, 648, 679. 



TABLE ONOMASTIQUE DES 

Lespinasse, 627. 
Leusse(de), 118,294. 
Lévis (de), 159, 182, 306. 
Lllomme, 294. 
Lionne (de), 304, 635. 
Lombard de BufRères, 466. 
— de Montchalin, 156. 
Louvat (de), 405. 
Louis XI, 94. 

- XII, 94. 

- XIII, 7, 91, 135. 

- XV, 91. 
Luyrieux (de), 63. 
Lyonnet, év., 637. 



M 



Macaire dlseran (de), 407. 
Mac-Carthy (de), 249. 
Magnin du Collet, 626. 
Maignien, 340. 
Maillefaud, 478. 
Mailly,21,552. 
Maladière-Quincieu, 435. 
Marc (F<>"), 367. 
Marcieu (de), 15, 373. 
Maréchal, 101. 
Maridat (de), 129, 157. 
Marie- Antoinette, Dauphine, 51 . 
Marie-Joséphine,Dauphine, 449. 
Marin, 258. 

MarnioUes (P''), 399, 463. 
Marsane de Fontjuliane (de) , 

166. 
Marville, 217. 



TITULAIRES DES DEVISES. g$ 

Maubec, 417. 

Maugiron (L. de), 321. 

Mauléon (V. de), 22. 

Mayol de Lupé (de), 143. 

Mazet, 434. 

Ménon (de), 450. 

Menze, 254. 

Mérez, 209. 

Meunier (de), 207. 

Meyssonier, 215. 

Michal (ou de Michal), 359, 570. 

Milon d'Amnon, 470. 

— de Mesne, ôv., 470. 
Miribel (Robe de), 504, 551. 
Mitalier, 587. 

Modène (Raymond), 634. 
Moirans (ville de), 97. 
Monastère des Filles du Verbe 

incarné, 852. 
Monier de la Sizeranne, 209, 

229, 327. 
Montalivet (Bachasson de), 446, 

509, 510. 
Montauban, 428. 
Montbrun (de), 17, 185, 206. 
Montchenu, 274, 375, 430. 
Monteux (de), 827. 
Monteynard (de), 536, 560. 
Montluc (Biaise de), 141, 203, 

563. 
Montluc de Balagni (Jean de), 

577. 

— (Jean de), 571. 
Monts (de), 251. 

— de Savasse (de), 495. 



94 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Moreton de Chabrillant, 37, 431, Pascal ou Paschal, 676. 
535. 



Morges, 432. 
Mortemard-Boisse, 49. 
Motet (de), 109. 
Moydier (de), 34, 78. 
Moyria, 339. 
Murard (de), 245. 
Murât, 438. 

N 

Narbonne-Lara, év., 483. 

— Pelet (de), 468. 

Navaisse et Névache (de), 315, 

Neyrieu, 358. 

Nicolal, 379. 

Nicolas (J''), 383,601. 

Nicollet, 836. 







Odde de la Tour du Villard, 255. 
Orcières (d'), 259. 
Orland (Dauphin), 205. 
Ornano (d'), 144. 



Pacius (ou de Pace), 439. 
Pages (Ad.), 397. 
Palmier (P"), 592. 
Panisse (de), 580. 
Parisot de Durand de la Boisse 
(de), 856. 



Pascalis de Longpra, 18. 
Paulinier, év., 288, 842. 
Périer (Casimir), 356. 
Périer, év., 829. 
Perrin de Précy, 19. 
Philippe de France, dauphin, 1 1 . 
Piellat (de), 307. 
Pierre de Bernis (de), 45. 
Pina de Saint-Didier, 690. 
Piolenc (de), 75, 215. 
Pisançon (de), 280. 
Plaisant de Bouchiat, 198. 
Plan de Sieyès de Veynes (de), 

487. 
Planelli de la Valette, 308, 332. 
Piastre (du), 469. 
Poitiers, 849. 
Poitiers (Diane de), 112, 499, 

506, 581, 667. 
Pollin (Fabbé), 222. 
PoUoud [ou Pollod) de Saint- 

Aignan, 113. 
Pontbriand (de), 511. 
Ponte vès (de), 568. 
Port (du), 95. 
Porte (de la), 485. 
Porte de l'Arthaudière (de la), 

550. 

Pourroy de TAuberivière, 96, 
564. 

— de Quinsonnas, 96, 564. 
Poype (de la), 447. 

Pracontal-Anconne, 514. 
Protestants (Médaille des), 444. 



TABLE ONOMASTIQUE DES 

Provana (ou Prohana), 503. 
Prunelé (de), 262. 
Prunier (Artus), 80. 

— (Jacques), 840. 

— (Jean), 833. 
Pucelle (P"^*), 282. 

Puy de Montbrun (du), 17. 



û 



Quinson (de), 685. 



R 



Raban (Ed.), impr., 353, 537. 

Rabot (de), 528, 585. 

Radulph de Gournay (de), 189. 

Railliane dit Dumon, 672. 

Rambaud (Ant.), 633. 

Rambaud (de), 202. 

Rambeaud de Simiane, 614. 

Rastel de Rocheblave, 427. 

Ravanat, 59. 

Raynaud, 414. 

Regnauld de Bellecise, 41, 474, 

860,861. 
Renard de Bussy (de), 272. 
Renard de Serre, 414. 
Revel (de), 460. 
Revigliasc (de), 140, 623. 
Rigot, 599. 

Ripert de Montclar, 192. 
Rivière, 553. 
Rivoire (de), 445, 611. 
Ri voire de Romagnieu (de), 642. 



TITULAIRES DES DEVISES. 96 

Robert du Gardier, 376. 
Rochas, 124. 

— (branche de Châteauredon), 
153. 

— d'Aiglun (de), 400, 545. 
Roche, év., 496. 
Rochebelle (Maurel de), 675, 
Rochechouart (de), 36, 287. 
Roche-Lambert (de la), 33, 456. 
Rochon de Lapeyrouse (de), 609. 
Rohan (de), 39, 161, 530,610. 
Rohan-Chabot (de), 110. 
Romans (ville de), 612, 616. 

— (États de), 828, 855. 

— (hôpital de la Charité), 79. 
Rossat, év., 366. 

Roux de la Mazelière, 314. 
Ruolz-Fontenay, 347, 429. 
Ruynat de Gournier, 329. 



Sade (de), 500. 

Saillans, 163. 

Saint- Antoine de Viennois (Ab- 
baye de), 520. 

Saint-Chef (Abbaye de), 56, 275. 

Saint-Germain-Mérieu, 524. 

Saint-Jullien, 81. 

Saint-Laurent-du-Pont (bourg 
de), 371. 

Saint-Maurice (de), 328. 

Saint - Paul - Trois - Châteaux 
(Évêques de), 53. 

Saix (du), 472. 



SOCIETE D ARCHEOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 



96 

Salamon, 586. 
Sallemard, 372. 
Salvaing (Aymar de), 362. 

— de rioissieu, 46, 401, 575, 
598. 

Sassenage, 850. 

— du Pont, 348, 632, 653, 691. 
Saulx-Tavannes (de), 644. 
Savigné, 684. 

Savoilhans (Vincens), 22. 
Scarron (P"'), év., 276. 
Séguins - Cohorn de Vassieux 

(de), 489, 646, 665. 
Séguins de Cabassole (de), 646, 

665. 
Sérézin (Gayral de), 641. 

— (Reynold de), 624. 
Servien (Abel de), 645. 
Servonnet, év., 859. 
Sibeud de Saint-Féréol, 16. 
Sibour, arche V., 400, 411. 
Sieyès (de), 10. 
Simiane, 347, 615, 650, 692. 
Simiane-Monchal (de), 85. 

— (Rambeaud de), 614. 
Suarez d'Aulan (de), 415. 
Société d'archéologie de la 

Drôme, 106. 

— des Pharmaciens de l'Est, 
108. 



Tardy, 317. 

— de Montravel, 128, 621. 
Terrebasse (A. de), 848. 
Teste de Tancy, 324. 
Theys (de), 149, 424. 
Torchefelon (J" de), 502, 546. 
Tour-du-Pin (de la), 115. 
Tour-du-Pin-Gouvernet (de la), 

115. 
Tournon (de), 544. 

— (le cardinal de), 477. 
Tournon-Simiane, 50, 389. 
Trappe (Ordre de la), 482, 505, 

543. 

Trémolet de Montpezat, 132. 

Truchon, 199, 569. 

Trumelet, 843. 

TuUins (Soc. de Saint- Vincent- 
de-Paul de), 152. 



u 



Urre(d'), 193. 



Tailleyrand-Périgord, 603. 
Tanques, 21. 



Vache de Châteauneuf-de-l'AI- 
benc (du), 521. 

— de Saluces (du), 167. 
Vachon, 325. 

— de Belmont (de), 668. 
Valantier, 605. 
Valbonnais, 837. 

Valence (Soc. des Amis de la 
Constitution française de) , 
134. 



TABLE ONOMASTIQUE DES 

Valence (ville de), 176. 

— (Fanfare de), 820, 
Valentin (F.), 27. 
Vallier (G.), 534. 

— de Bit (de), 651. 
Vallin (de), 277. 
Valois (Ch. de), 591. 
Valons (de), 412. 
Valpergue, 231. 
Varces (de), 40. 
Vaux (de), 465. 
Verdier (P.), 666. 
Vergy, 630. 

Vesc (de), 155, 515,608. 
Vienne (de), 1, 465. 

— (ville de), 90, 465, 

— (Archevêques de), 76, 418, 
464, 558. 



TITULAIRES DES DEVISES. 97 

Vienne (église de Saint-Maurice 
de), 271, 493. 

— (église de Saint- Pierre de), 
323. 

Vigne, év., 834. 
Villars (B. de), 250. 

— (H. de), év., 69. 

— (J. de), archev,, 117, 252, 
673. 

Villeneuve (de), 525. 

— de Vence, 396. 
Vincent, 497. 
Virieu (de), 656. 

— (municipalité de), 387. 
Voiron (ville de), 835. 
Voulte (Guill. de la), év., 55. 
Vulson de la Colombière, 337, 

548. 



«»i 



ERRATA DU DICTIONNAIRE 



N"* ij. — Adyre fromenti, etc.; lire: Adype fro- 
MENTi, etc. 

N** 577. Au lieu de : Prince de Cambrai, ancien évêque, 
etc. ; lire : Prince de Cambrai et fils de Jean de Montluc, 
ancien évêque, etc. 

N* 73 1. — Unicvqve, etc. ; lire : Unicviqve, etc. 

N** 782. — ViRESQVE ACQViRTi, etc. ; lire: Viresqve 

ACQVIRIT, etc. 



2* SÉRIE. XXVP Volume. — 1892. 



M W V W ^^ W M OP M W V^ W V W W P V w VWV W M W V W V W V W U W 



L'HIVER DE 1709 



Pendant mon séjour à Aps, canton de Viviers 
(Ardèche), j'ai eu occasion de recueillir quelques notes 
d'histoire locale ; j'en extrais le document qu'on va lire, 
copié textuellement sur les registres anciens de catholi- 
cité déposés aux archives communales. Cette relation, 
que j'accompagne de très sobres explications, sera 
peut-être de nature à intéresser les lecteurs du Bulletin. 

Je crois devoir respecter scrupuleusement l'ortho- 
graphe de l'auteur, me bornant seulement à ajouter, 
pour l'intelligence du texte, les signes usuels de ponc- 
tuation, dont l'original ne porte d'ailleurs aucune trace. 



La veille des roys, à Vespres, 1709, le froid com- 
mença à augmenter jusques au jour de St Vincent. L'hi- 
ver fut si rude qu'il tua tous les grains, tous les oliviers, 
presque tous les noyers et à bien d'endroits les vignes 
et châtaigniers, le vin se glaçant dans les tonneaux. Les 
animaux se ressentirent de ce grand froid, dont la plus 
grande partie périrent, ensuite les hommes, en 1710 ; et 
dans les diverses paroisses où naturellement ne meurt 
que dix à douze grands corps, nous en enterrâmes, à 
St-Martin, au nombre de 44 grandes personnes, sans 
compter les petits enfants. Le froment se vendit jusques 
à 20 livres lé cestier et le seigle 18, l'orge jusques à 18, 



l'hiver de 1709. 99 

Tavoine 16 la saumée et le vin 1 5 à 20 livres la charge, 
très mauvais ; Thuile se vendit 10 sols la livre. L'on 
passa le Rhosne au Teil, sur la glace, l'espace de 8 jours. 
J'avais une orangerie qui faisait la beauté de tout le voi- 
sinage, estimée 100 livres, qui périrent avec 25 pieds de 
jasmin d'Espagne. Tant il est vray de dire qu'il n'y a 
rien de stable que Dieu. Qu'il soit béni à jamais ! Amen. 

Tallian, curé. 

NOTES EXPLICATIVES 

La paroisse de St-Martin-d'Aps comprenait , le 26 
avril 1709, quatre-vingt-dix-huit feux. On sait que le 
chiffre de la population par feux ou ménages, était men- 
tionné en tête de certains registres paroissiaux des bap- 
têmes, mariages et sépultures tenus par les curés et 
prieurs. 

Disons en passant que les anciennes collégiales de 
St-Martin — agglomération actuelle de la Roche-d'Aps, 
— de St-Pierre et de St-Philippe ont été réunies, depuis 
fort longtemps, à la paroisse de St- André qui est le vo- 
cable sous le patronage duquel l'église actuelle fut 
placée. 

On sait, en outre, que l'antique cité d'Alba-Augusta- 
Helviorum fut détruite de fond en comble par Chrocus 
ou Chrosk, chef de la nation des Alamans, et ses hordes 
barbares, vers l'an 259 de notre ère, selon les uns et, 
d'après les autres, au commencement du V* siècle ; de 
telle sorte qu'il ne reste plus aujourd'hui, de la popu- 
leuse et florissante capitale de l'Helvie, que de rares ves- 



• ■ 



lOO SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

tiges, témoins muets de son ancienne splendeur, tels que 
tronçons de colonnes, restes d'aqueducs, inscriptions 
lapidaires, bas-reliefs et chapiteaux sculptés, monnaies 
et statuettes en bronze qui font la joie des collection- 
neurs d'antiquités (i). 

D'après le bibliophile Vaschalde, le sétier, mesure de 
Villeneuve-de-Berg, pesait 128 livres et contenait 70 
litres IJ2 (2). La charge, mesure pour le vin, pesait 320 
livres et contenait 1 32 litres 608 (j). Ailleurs, la charge 
pour le vin était de 400 livres (4). 

La charge ordinaire d'un mulet, dit M. Mazon, était 
de huit setiers, mesure du Bas-Vivarais, équivalant à 
12 émines., mesure du Puy, soit 168 litres de vin (5). 

Toutefois, le même auteur qui fixe à 21 litres la con- 
tenance de l'ancien setier, l'avait précédemment évaluée 
à 26 litres, pour VilIeneuve-de-Berg (6). 

La livre-poids était de 420 grammes environ. 

Je ne parle pas de la saumée ou salmée, mesure de 
capacité pour les grains, dont la valeur était très varia- 
ble. Dans le canton de Bourg-St-Andéol, cette mesure 
équivaut actuellement à dix doubles décalitres. 

Ajoutons, pour finir, que, pendant les mois de mars 
et avril 1709, la livre, unité monétaire de l'époque, valait 



(1) RoucHiER. Histoire du Vivarais, p. 175 et suiv. — Constant. La 
Ruine (VAlbet p. 8. — Mazon. Voyage au Pays helvien, p. 26 et suiv. 
(3) Bull, de la Société d^Agr. deVArdéche^ 1^74} P- 60. 

(3) Ibid. 

(4) Mazon. Les Muletiers du Vivarais et du Velay, p. 2 1 . 

(5) Ibid., p. 38. 

(6) Mazon. Voyage au Pays helvien , p. 74. 



* • 



l'hiver de 1709. 10 ï 

intrinsèquement 1 fr. 69, à Montélimar, qu'une faible 
distance sépare de la commune d'Aps, ce qui faisait, à 
peu de chose près, 3 fr. 40 de notre monnaie, en fixant 
à deux le pouvoir de l'argent (i). 

Pour éviter d'inextricables embarras, il serait à dési- 
rer qu'un tableau comparatif des poids et mesures usités 
en Vivarais, avant l'établissement du système métrique, 
fût dressé et publié pour l'utilité des curieux et cher- 
cheurs, dont le nombre s'accroît chaque jour davantage. 
Je prends la liberté de signaler à l'attention de mes con- 
citoyens un travail de ce genre qu'un hasard heureux a 
fait tomber entre mes mains, il y a quelques années, et 
qui s'applique au département de l'Isère. Paru dans 
l'agenda du journal agricole le Sud-Est, il pourrait être 
consultéavecfruit, comme modèle à suivre. M. Deslandes 
de Bagneux a aussi publié, en (804, des tableaux compa- 
ratifs des mesures anciennes de la Drôme avec les 
nouvelles. 

A. FORTERRE. 

(i) De Coston. Histoire de Montélimar, tome III, p. 306. 



» i <* n oia » i< i 



102 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE, 



LE TRIÈVES 



ET 



SON PASSÉ 

(Suite.— Voir les 84% 85% 86% 87% 90% 91% 93% 94*, 95*, 

96', 97* et 98* livr.). 



Un incendie, presque aussi terrible que celui de [628, 
réduisit en cendre une grande partie de Mens et le temple 
protestant (i65o). La reconstruction de ce dernier amena 
de nombreuses difficultés entre les catholiques et les ré- 
formés, comme il en avait surgi au sujet de Thôpital, 
aussi incendié près d'un siècle auparavant (5 juillet 1657), 
et comme il s'en élevait à tout instant, depuis l'édit de 
Nantes, au sujet de la cloche de Téglise, commune aux 
deux cultes. Ces querelles menacèrent plusieurs fois d'oc- 
casionner des émeutes; car les catholiques n'étaient pas 
disposés à se laisser ravir, par leurs voisins, le peu qui 
leur restait. Un pareil état de choses amena les plaintes 
du syndic de l'église de Die, iW Nicolas Garnier, cha- 
noine de cette église, aux commissaires exécuteurs de l'édit 
de Nantes. A la suite de ces plaintes, les pasteurs et les 
anciens de l'église réformée furent assignés à comparaître 
devant les commissaires tenant séance à Valence, le 
i5 septembre i663. Ces derniers rendirent, le 20 mars 
1664, un arrêt permettant aux protestants l'exercice public 
de leur culte, à Mens, dans leur temple, mais le leur inter- 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. lo3 

disant dans les hameaux voisins. Il leur fut aussi accordé 
« de tenir petites écoles audit lieu pour apprendre la jeu- 
nesse à lire, écrire et Tarithmétique, avec défense aux ca- 
tholiques de les y troubler (r). w 

D'autres discussions existaient et n'étaient pas moins 
vives que les précédentes. Jusqu'en i556, 8 juillet, époque 
où rhôpital de Mens avait été incendié, celui-là payait, 
chaque année, à l'église une rente de trois sétiers blé et 
de vingt-un deniers, le tout employé pour les frais du 
culte et payables le jour de la Toussaint, dans le chœur 
même de Téglise. A partir de l'incendie, l'administration 
ne s'acquittait de sa dette que très irrégulièrement ou pas 
du tout. Enfin, à la suite de longues contestations, survint 
une transaction entre le chapitre de Die et les consuls, re- 
présentants de la communauté. Il fut convenu que le sieur 
Pellat, coseigneur de Saint-Maurice, auquel l'emplace- 
ment de l'hôpital avait été cédé, en échange d'un pré, serait 
chargé de payer la rente (2). 

Le bourg de Mens n'avait pas la paix, nous venons de 
le voir, à l'intérieur, où ses habitants étaient divisés, et il 
en jouissait moins encore avec plusieurs hameaux voi- 
sins. Le sujet de ces nouvelles querelles, qui devaient du- 
rer plus d'un siècle, remontait à i65i. Les habitants du 
mandement de Mens ou des hameaux d'alentour étaient 
connus sous le nom de Delphinaux et formaient une com- 
munauté distincte. Celle-ci, à l'époque citée, perdit son 
existence propre et se vit réunir à Mens, avec l'espoir de 
partager ses revenus en retour des charges nouvelles 
qu'elle aurait à supporter. Nos pauvres campagnards^ 



(1) Mens, Reg. des délib. 

(2) Vhitu^à, 



104 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique 

ainsi nommés avec mépris par leurs nouveaux alliés, re- 
connurent un peu tard qu'il vaut mieux vivre obscuré- 
ment que de s'unir à des voisins turbulents et égoïstes; 
car des charges inconnues jusqu'à ce jour s'accumulèrent 
sur eux, et ils eurent à pleurer leur indépendance (i). 

Les Mensois, enorgueillis par l'accroissement de leur 
nombre et de leur territoire, crurent devoir acheter du 
roi la seigneurie de leur pays. Ils eurent, pour cela, à payer 
dessommesénormes et à contracter des emprunts onéreux. 
Afin de se tirer des embarras, où leur vanité les avait en- 
gagés, ils firent hommage de leur acquisition au duc de 
Lesdiguières (2) et se mirent sous sa protection (12 mars 
1662). Le duc, en acceptant « cet acte de réclamation, de 
bienveillance de la part de la communauté », lui rem- 
boursa l'argent qu'elle avait elle-même dépensé, quinze 
mille livres. Il donna aussi, par écriture privée de sa 
main et datée de Paris (i 5 mars), la promesse de laisser 
les habitants dans les privilèges, libertés et franchises dont 
ils avaient joui jusqu'à ce jour, et de leur offrir la préfé- 
rence pour le cas où lui ou les siens voudraient aliéner la 
terre et seigneurie, à la condition que son argent lui fût 
remboursé. Le duc de Villeroi, héritier du duc de Lesdi- 
guières, confirma cette promesse, un siècle plus tard 
(5 septembre 1764) (3). 

Pour compléter les détails de statistique qui précèdent, 
donnons encore, d'après le pasteur Arnaud (4) et autres 



(1) Mémoire pour Antoine Oddoz contre les échevint de Ment, p. 4 et 5 ; 
Mémoire pour les Forains de Mens, p. 2 à 5. 

(2) François-Emmanuel de Bonne de Créquj, duc de... 

(3) Mémoires cités plus haut. 

(4) L. c, t. II, p. 245 et suIt. 



LE TRIEVES ET SON PASSE. I05 

auteurs, un aperçu général sur l'état des églises protes- 
tantes du Trièves, faisant partie du colloque de Graisi- 
vaudan. 

Roissard comptait trois familles réformées et était an- 
nexe de Téglise du Monestier-de Clermont. 

Clelles vit son église adjointe à celle du Monestier-de- 
Clermont, de i6ï3 à 1619, à celle de Mens, de 1619 à 
1620; mais, avant et après cette époque, elle eut ses pas- 
teurs propres. L'église du Monestier lui fut même unie en 
1660. 

Les commissaires exécuteurs de Tédit |de Nantes s'accor- 
dèrent, en 1664, pour y maintenir Texercice du culte, en fa- 
veur du sieur de Chichilianne qui y était haut- justicier; mais 
ils se partagèrent sur les conditions de ce même exercice. 
Son église possédait, à la révocation de Tédit de Nantes, 
un cimetière, une maison avec jardin de la valeur de deux 
cents livres, plus soixante et onze livres, dix-neuf sols de 
revenu. Elle avait, en i685, vingt-huit familles protes- 
tantes et, pour annexes Thoranne, quatre familles; Saint- 
Martin-de-Clelles, quatorze familles; Lalley et Chichi- 
lianne, cinq familles ; Lavars, dix-huit familles ; le Percy, 
sept familles ; Saint-Michel-les-Portes, une famille. 

Les protestants avaient pour lieu de réunion, à Saint- 
Martin-de-Clelles, une maison qui leur avait été prêtée 
par le seigneur, Alexandre de Bardonenche (i). 

Mens. La première dans le Trièves, cette église eut 
un temple et des pasteurs (i562). Le culte y fut main- 
tenu jusqu'à la révocation, époque qui vit la destruction 
de son temple, sous les yeux de l'intendant Lebret et du 
commandant militaire La Trousse. On y comptait alors six 

(1) Saint-Martin-de-Clelles, Registres catholiques. 



io6 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

cents familles, et elle avait Saint-Genis pour annexe, avec 
trente familles. 

Le culte fut maintenu, en 1644, àSaint-Jean-d'Hérans; 
mais le conseil du roi Je supprima par arrêt du i3 août 
i685. Il s'y trouvait cent cinquante familles réformées. 
Ses annexes, Cordéac et Saint-Sébastien, en comptaient, 
la première, vingt et une, la seconde, quatre-vingt-treize. 
Cette dernière, qui avait, dès le principe, formé une église 
particulière, puis avait été unie à Saint-Jean, essaya de 
s'en détacher. Sa demande fut portée devant te synode de 
Nyons et repoussée (1664). Le directeur de l'hôpital de 
Grenoble, auquel l'emplacement de son temple détruit en 
1686 avait été cédé, le vendit (21 avril 1695), à François 
Gérard, quatre livres tournois. 

A Cordéac, le culte avait été interdit dès 1664. 

Les protestants de Tréminis reçurent des secours du 
synode national, en 1612. Les commissaires se partagè- 
rent sur le maintien de l'exercice du culte dans cette pa- 
roisse (1664); mais le conseil du roi statuant sur leur 
partage, en 1684, supprima l'église et ordonna la démoli- 
tion du temple. Le parlement de Grenoble (17 août 1694) 
alloua les biens du consistoire à l'hôpital d'Embrun. Cette 
paroisse comprenait quatre-vingt-six familles. Ses an- 
nexes en comptaient : Cornillon, quatre-vingts ; Prébois, 
onze; Saint-Baudille, quatre-vingt-six; Avert, une ou 
deux. 

Saint-Baudille-et-Pipet essaya de se constituer en église 
particulière, en 16 16; mais, comme les ressources lui man- 
quèrent, elle fut de nouveau unie à Tréminis. Le culte y 
fut interdit en 1 664. 

La Croix-de-la-Pigne, vingt-huit familles, Pellafol, 
huit, la Posterle, une, faisaient partie de l'église de Corps. 



LE TRIEVES ET SON PASSÉ. I07 

Les commissaires se partagèrent sur Texercice du culte 
dans la première et le défendirent dans les deux autres. 

Depuis plusieurs années déjà, le protestantisme n'était 
plus regardé avec faveur, et les esprits clairvoyants pres- 
sentaient qu'un orage allait éclater sur lui. Les divers 
actes et arrêtés, par lesquels le gouvernement lui avait re- 
tiré plusieurs faveurs accordées par Tédit de Nantes, an- 
nonçaient celui que Louis XIV allait signer en ï685 ; 
aussi, soit par crainte de la persécution, soit par convic- 
tion, plusieurs hauts personnages du Trièves revinrent à 
la foi de leurs pères. Abel de Bérenger avait suivi l'exemple 
de Lesdiguières, son oncle ; Alexandre de Bardonenche, 
conseiller d'Etat au parlement de Dauphiné et aussi à la 
chambre de l'édit, fils d'Alexandre et de Lucrèce de Mont- 
chenu, rentra au giron de l'Eglise que sa famille avait 
abandonné depuis environ un siècle. « Son abjuration se 
fit avec le plus grand éclat, peu avant la révocation de 
l'édit de Nantes. Monsieur le cardinal Le Camus, entre 
les mains de qui il la fit, vint le recevoir à la grande porte 
de la cathédrale, sous le dais, escorté de tout son cha- 
pitre et au son de toutes les cloches (i683) (i). » 

L'année suivante, Vial, trésorier, abjura aussi le pro- 
testantisme, avec Jacques d'Ize, sieur de Saléon et de 
Brion {2). 

Ces faits n'étaient pas les seuls à affliger les réformés 
de Mens. D'autres, d'autant plus durs à supporter qu'ils 
les rappelaient au respect des règlements comme aussi 
des croyances et des observances catholiques, excitèrent 
leurs murmures. Ils avaient oublié d'anciens arrêtés et des 



(1) Généalogie des Bardonenche citée plus haut. 

(2) Arnaud, 1. c, t. II, f. 138-9. 



io8 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

prescriptions insérées dans les articles de l'édit de Nantes, 
un ordre du châtelain leur en rappela l'exécution. Cet offi- 
cier, sur les représentations des consuls, Claude Auvergne 
et Jacques Fiard, prit, l^eSi janvier i683, l'arrêté suivant 
qui nous fait connaître les mœurs de l'époque : « Nous, 

capitaine-châtelain avons ordonné que, en conformité 

des édits et règlements, Inibitions seront faites à tous les 
habitants dudit Mens de quelque qualité qu'ils soient et 
notamment aux bouchers et aux hôtes cabaretiers de ne 
establir ny bailler à manger de la viande les Jours de ven- 
dredy et samedy ny non plus pendant les caresmes et au- 
tres jours observés, comme aussy de ne travailler les jours 
de festes observées, comme aussy de ne souffrir dans leurs 
logis aucune personne pendant le service divin, comme 
aussy de ne donner aucun scandale. Et eu égard aux con- 
traventions, il en sera par nous incessamment informé à 
la requesie des sieurs consuls ou du procureur d'office 
pour estre les informations remises afin d'en poursuivre 
le jugement.... (i). » 

Les protestants tinrent l'arrêté pour lettre morte, ils 
en prirent même occasion pour attaquer les catholiques 
dans leurs croyances, et suscitèrent ainsi des troubles dans 
le pays. Pour y mettre un terme, le gouverneur de la pro- 
vince y envoya des soldats en garnison. Cette mesure 
n'eut d'autre effet que d'exciter leurs plaintes, dont nous 
trouvons l'expression dans le procès-verbal d'une assem- 
blée de la communauté, au 2 février (2). 

Plusieurs fois, des ordonnances royales avaient défendu 
aux communautés de choisir leurs consuls parmi les ré- 



(1) Mens, rôUt d'astêmbléeM. 
\2) Uhituprà, 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 109 

formés; à Viens, on ne s'en inquiétait nullement. Le 7 no- 
vembre, dans l'assemblée secrète, tenue ordinairement la 
veille des élections consulaires, et où se trouvaient le châ- 
telain, le curé, les consuls sortants et leurs conseillers, 
Paul Curty, prieur de Mens, j5t observer aux consuls qu'il 
serait bon de se conformer à la volonté du roi. On lui ré- 
pondit que, de tout temps, le premier consul était catho- 
lique et les deux autres protestants ; qu'il était impossible 
de changer cet ordre, car les catholiques étaient en très 
petit nombre, très pauvres, et qu'enfin on ne pourrait 
trouver parmi eux des hommes capables de remplir les 
charges consulaires et autres dans la communauté. L'usage 
ancien fut donc maintenu (i), et la révocation de l'édit de 
Nantes ne devait point, malgré toutes les rigueurs qu'elle 
amena, le faire cesser entièrement. Les réformés avaient 
été habiles pour s'emparer de la supériorité et ils surent 
la garder au milieu de la persécution qui les frappa 
d'ailleurs moins fortement dans le Trièves qu'en beaucoup 
d'autres contrées. 



(1) Vhi twprà. 



A. LAGIER. 

* 

{A continuer). 



110 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE 



SÉANCE DU 27 OCTOBÏ^E 1891 



Présidence de M. de Gallier 



^«^«v^^^^«^w«^^^w««w^^s^^>^^^^ 



Lecture est donnée du programme du Congrès des 
Sociétés savantes à la Sorbonne en 1892; il restera dé- 
posé au secrétariat où chacun pourra le consulter. 

M. Galle, agent-voyer d'arrondissement et directeur 
des bureaux du service vicinal à Valence, présenté par 
MM. Villard et Lacroix, est proclamé membre titulaire. 

La dicussion s'ouvre alors sur la continuation dans le 
Bulletin du Cartulaire de St-Ru/, Une lettre de M. 
Morin-Pons,le savant archéologue, est toute favorable à la 
continuation ; toutefois, plusieurs membres opinent en 
sens contraire. M. le Président fait ressortir les avantages 
de ce travail et le vote antérieur de la société. M. le cha- 
noine Ulysse Chevalier propose d'attendre un an ou deux 
avant de terminer son oeuvre et cet avis est adopté. 

Emerveillé du beau travail de M. Vallier sur les Loives, 
M. l'abbé Jassoud signale le château et les fresques de 
Chavannes ; malheureusement celles-ci n'offrent pas le 
même intérêt. 

La production d'une sauvegarde autographe du capi- 
taine Antoine La Salle de la Prade, « commandant à Chas- 
« teaudouble, ville et chasteau pour ceux de la religion », 
accordée aux habitants de Chabeuil, en date du i**^ mars 
1679, amène M. Brun-Durand à donner quelques détails 



SEANCE. l î I 

sur des méfaits de ce capitaine à Châteauneuf-de-Mazenc 
et à décrire ainsi les armes du document: de..., aune 
maison ou salle flanquée d'une tour carrée de,... accom- 
pagnées de trois étoiles dont une en pointe. 

On n'était fixé jusqu'ici ni sur le nom patronymique ni 
sur le parti que servait le commandant de Châteaudouble, 
d'où Maugiron le délogea. 

Deux copies de Chartes portant donation de pâturages 
aux Templiers de St-Emilien et aux Hospitaliers de la 
maison du St-Sépulcre de Valence, éclairent d'un jour 
nouveau la généalogie des seigneurs de Chabeuil. L'une 
du i6 décembre £2o6 énumère parmi les devanciers 
de Gontard, un Goniard de Royans^ son aïeul, et Guil- 
laume, son père ; Tautre du lo juillet 1208 est approuvée 
par Peitavine (une Poitiers), femme de Gontard et scellée 
par révêque de Valence Humbert. 

La séance est terminée par la lecture d'une longue 
réclame imprimée de Philippe Monier, « maistre apothi- 
caire de Chabeuil », sur « la confection de Hyacinthe, 
(c dispensée fidellement et publiquement, pour laguérison 
« des maladies de cœur et des autres parties nobles, des 
« asmatiques thabides, de ceux qui sont exténuez de lon- 
« gue maladie, etc., etc. » 

La sauvegarde de Laprade, les Chartes de Gontard et 
la réclame de Monier sont conservées aux archives de la 
Drôme. 

A. Lacroix. 



112 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 



NÉCROLOGIES 



•8#9^ 



LE BARON DE COSTON 

(Louis- Antoine-François- Emmanuel- Adolphe) 

La Société d'Archéologie perd avec le savant écrivain 
un de ses membres les plus distingués, témoin la liste de 
ses publications dans le Bulletin, Ses études étymologi- 
ques sur les noms de lieu de la Drôme, sur André de 
Lafaïsse et ses lettres de Bonaparte, roi de Hollande, à 
M. Mésangere, de Valence, forment chacune un volume ; 
quant aux articles concernant la Motte -Chalancon, le 
capitaine Joachim de Suffize, le fief de La Garde Adhémar, 
une branche de la famille Dupuy-Montbrun, un gnomon 
du XVI I« siècle et les guerres de religion à St-Paul-Trois- 
Châteaux, ils sont non moins remarquables et non moins 
instructifs. Toutefois, l'œuvre entière du regretté défunt 
embrasse bien d'autres sujets: Châteauneuf-de-Mazenc, 
les Arpad et les Crouy-Chanel, le règlement de la calotte 
du régiment de la Fère, en 1788, recherches étymologi- 
ques sur quelques noms de lieu et de famille de la 
Drôme , l'origine , Tétymologie et la signification des 
noms propres et des armoiries, et enfin VHistoire de 
Montélimar dont trois volumes ont été publiés, ainsi 
que des extraits sur Raymond de Turenne et sur la prise 
et reprise de cette ville en i585 et 1687. 

La pratique des affaires et des lectures variées lui 
avaient révélé une infinité de détails relatifs aux familles, 
aux institutions, aux mœurs du passé ; il avait tout noté 



NÉCROLOGIES. Il3 

et classé avec soin. Aussi quelles révélations offrent tous 
ses écrits. ! Aux ressources fournies par les chartes et les 
anciennes minutes de notaires, il avait joint Tétude des 
langues et celle des sciences modernes. Semblable aux 
chevaliers du moyen-âge armés de pied en cap pour dé- 
fendre la vérité et la justice, il savait élucider des points 
d'histoire obscurs et réfuter les erreurs à l'aide d'une 
logique serrée et d'une érudition incontestable. Joignons 
à cela une grande indépendance de caractère, une nature 
loyale, un esprit droit et juste, et une passion véritable 
pour l'exactitude. 

Son style sobre, clair et pur permet à sa narration de 
ne rien laisser dans l'ombre. 

M. de Coston a beaucoup travaillé pour faire connaître 
le département et surtout Montélimar; ses ouvrages ne 
sont pas uniquement absorbés par les faits particuliers : 
l'histoire générale et la science y tiennent une large place; 
ils seront toujours consultés avec fruit par tous ceux que 
le passé intéresse et qui recherchent les travaux sérieux. 

Il serait facile de louer encore sa politesse, son obli- 
geance pour les autres travailleurs, ses heureuses qualités 
et sa distinction ; qu'il suffise de constater ici les regrets 
unanimes causés à ses collègues par la mort d'un écrivain 
aussi instruit et aussi laborieux. Né en 1816, il est décédé 
à Montélimar le i3 novembre 1891. 



L'abbé JASSOUD (Francis). 

Enfant de Châteauneuf-de-Galaure, notre regretté col- 
lègue étudia d'abord le droit avec distinction et sa facilité 
d'clocution, jointe à une mémoire étonnante, pouvait lui 
obtenir une place honorable dans le barreau. Il préféra 

2* SÉRIE. XX VP Volume. - 1892 8 



114 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

les sciences ecclésiastiques et se fit prêtre. D'abord vicaire 
à Etoile et à Peyrins, il desservit tour à tour St-Chris- 
tophe-le-Laris et Mureils, où il est décédé le 8 janvier 
1892, entouré de l'affection de ses paroissiens. 

Ses nombreuses communications à la Société d'Archéo- 
logie témoignent hautement de l'intérêt qu'il prenait à nos 
travaux et le feront vivement regretter. 



ROBERT (Charles- Nicolas) 

Notre collègue, employé dans les bureaux de la ligne 
de Valence à Grenoble, au moment où notre Société 
naquit, seconda heureusement ses premières découvertes 
archéologiques et ses premiers travaux. On n'a pas oublié 
sa discussion sur le taurobole de Valence et sur celui de 
Tain, qui nous valut la collaboration si précieuse de M. 
AUmer, passé maître en épigraphie. Bien qu'éloigné de 
Valence depuis nombre d'années, il ne cessa de s'intéres- 
ser à nos études locales. C'était un caractère bienveillant, 
une nature aimante, un savant modeste et un ami sincère, 
doué de toutes les qualités qui inspirent l'estime et l'affec- 
tion. Il est décédé le 8 novembre 1891, à La Ferté-sur- 
Aube (Marne). 

Madame LASCOMBES née COMTE 
(Marie-Julie-Justine- Elisabeth) 

Une autre tombe s'ouvrait le 3o novembre 1891, à 
Etoile : c'était celle d'une femme supérieure par le talent 
et par le cœur ; ses œuvres révèlent une érudition solide, 
une sensibilité exquise et un style élégant. Le Bulletin de 
la Société a publié d'elle un article sur la Maison des 



NÉCROLOGIES. I l 5 

Têtes à Valence, au XVI« siècle, un autre sur Antoine de 
Voeance, et un troisième sur Jeanne Beraud, ou la filleule 
de Diane de Poitiers ; un quatrième sur le plus illustre 
des Voeance allait paraître quand une mort prématurée 
est venue briser sa plume. 

Mme Lascombes a aussi fourni quelques études litté- 
raires dans le Conseiller des familles dt Thérèse- Alphonse 
Karr, sous le pseudonyme de Marie de la Tour, une 
notice sur Jacques de la Motte-Brion, ainsi qu'un travail 
sur le château et la famille de Sibleyras, dans le Patriote 
de l'Ardèche^ et un autre sur la Maison de Poinsac, dans 
le Bulletin de la Société agricole et scientifique de la 
Haute-Loire. 

Elle savait trouver au milieu des soucis domestiques et 
des leçons données à ses enfants, dont elle dirigeait elle- 
même l'éducation, les loisirs nécessaires pour aborder 
avec succès les sujets historiques si nombreux dans TAr- 
dèche, son pays natal, et leur donner l'attrait de la 
légende, tout en restant dans la vérité documentaire. 

Elle laisse de nombreuses notes et des compositions 
musicales inédites et nous sommes persuadé que son fils 
et sa» fille sauront faire revivre sa modestie, son savoir et 
ses qualités heureuses 

Le journal le ^auphiné annonce aussi la mort d'un au- 
tre membre de la Société, M. Alexandre Kléber ; mais les 
détails sur sa vie ne nous sont pas encore parvenus. 

A. L. 



ii6 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 



BIBLIOGRAPHIE ET CHRONIQUE 

«e**» 

Le Dictionnaire topographique de la Drôme (i). 

Nous avons reçu la lettre suivante, en date du 1 5 octobre 
1891 : 

Cher ami et maître. 

L'impression du dictionnaire topographique de laH^rome étant enfin 
terminée, je vous serais d'autant plus reconnaissant de le faire savoir, 
par la voie du Bulletin, à tous nos honorables et savants collègues, que 
je ne saurais oublier le témoignage d'estime et de sympathie qu'ils 
ont bien voulu me donner, en m'autorisant à présenter cet ouvrage 
comme rédigé sous les auspices de notre Société. 

Maintenant, cet ouvrage répond-il à leurs espérances ? Je n'ose le 
croire. Il n'est pas, en tout cas, de bien s'en faut, ce que j'aurais voulu ; 
car, en dépit de longues et laborieuses recherches, je n'ai pu combler 
bien des lacunes et peut-être môme y relèveront-ils quelques erreurs; 
seulement qu'ils veuillent bien se rappeler, dans ce cas, que le sage 
lui-mômc pèche sept fois par jour et que je ne suis pas un sage. C'est 
là mon excuse, et d'autant plus mon excuse, que s'il ne tenait qu'à moi, 
je les prie de croire que mon livre serait parfait, c'est-à-dire digne 
d'eux et de vous. 

Votre bien affectionné, 

BRUN-DURAND. 

Voici notre réponse : 

Cher ami, 
Il m'est d'autant plus agréable de vous donner pleine et entière satis- 
faction que les hommes les plus compétents ont déjà proclamé votre 
ouvrage « l'un des plus remarquables et des plus utiles parus jusqu'à 
ce jour sur le département ». On y trouve à la fois sa géographie 
vraie, à toutes les époques, l'histoire civile et religieuse, en substance, 
de toutes ses communes, paroisses, vieilles fermes et ruines, avec les 



(i) Imprimerie Nationale, i vol. in-4* de 5o2 pages. En vente à la 
librairie Hachette. 



BIBLIOGRAPHIE ET CHRONIQUE. I I7 

formes anciennes de leurs noms. Grâce à vous, le philologue pourra 
désormais étudier les étymologies, l'archéologue emplacer les monu- 
ments, et l'historien marcher d'un pas assuré vers l'identification des 
lieux et des seigneuries. Les dictionnaires topographiques publiés jus- 
qu'ici aux frais de l'Etat se bornaient à indiquer les formes anciennes. 
M. Longnbn, pour la Marne, ei vous pour la Drôme, avez eu l'heu- 
reuse idée d'élargir le cadre et de donner un guide sûr, méthodique et 
complet sur les origines et les destinées de chaque village. 

Aux yeux de quiconque voudra toucher à l'histoire locale, votre œu- 
vre sera toujours un objet d'étonnement. Quelle somme de recherches ! 
quelle quantité de livres et de manuscrits parcourus ! Une vie entière 
n'aurait pas suffi à tout autre qu'à vous, pour accomplir une œuvre si 
complexe. 

Sans doute la Drôme a été étudiée déjà partiellement sous bien des 
rapports; mais aucun auteur n'avait su réunir tant de détails utiles et 
indispensables. 

La Société d'Archéologie est donc heureuse et fière de votre succès et 
du faible concours qu'elle a pu vous prêter. 

Quant à moi que vous appelez votre maître^ je déclare franchement, 
après avoir lu votre livre à diverses reprises, mériter à peine la quali- 
fication de votre élévet unie à celle de votre ami depuis longtemps et 
toujours. 

A. LACROIX. 

La Société a reçu encore d'autres ouvrages qui méritent 
une mention. 

Tableau historique du département des Hautes- Alpes. 
!'• partie: état ecclésiastique^ administratif et féodal anié- 
rieur à ijSo^ histoire^ biographie^ bibliographie de chacune 
des communes qui le composent ; 2^ partie : inventaire et ana- 
lyse des documents du moyen âge relatifs au Haut-Dauphiné 
(56i'i5oo)^ par J. Roman, correspondant du Ministère de 
rinstruction publique, etc. Grenoble, F. Allier, 1887- 1892. 
2 vol. in-4** de 200 et de 390 pages. 

Ce travail a obtenu, le 6 novembre 1891, de l'Académie 
des Inscriptions et Belles-Lettres, la première mention hono- 
rable pour les antiquités de la France. Il obtiendra encore 
les félicitations et les remercîments de tous ceux qui étudient 
l'histoire de notre province. Grâce à lui, nul ne pourra désor- 



1 18 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

mais s'excuser de manquer de renseignements pour négliger 
la monographie des communes et la biographie îles écrivains 
et artistes provinciaux, préface obligée de toute histoire 
nationale. 

— Correspondance de Peiresc avec plusieurs Missionnaires 
et Religieux de V ordre des Capucins (i 63 i-i 63 j)^ recueillie 
et publiée par le P. Apollinaire de Valence, religieux du 
même ordre, qx précédée d'une lettre-préface par P. Tamisey 
de Larroque. Paris, A. Picard, 1892, i vol. in-8** de 336 
pages. 

La Bibliothèque de Carpentras conserve 7,000 lettres 
adressées à Claude-Nicolas de Fabri de Peiresc, appelé par 
Bayle « le procureur général de la littérature », et les dix vo- 
lumes de la Collection des Documents inédits en renferme- 
ront à peine 2,000. Il y avait donc tout profit à publier la 
Correspondance des religieux actifs et instruits en relations 
avec le dévoué magistrat, et notamment des Pères Agathange 
de Vendôme et Cassien de Nantes qui, sans nuire en rien « à 
leurs pieuses et charitables conquêtes des âmes », travaillè- 
rent résolument pour la France et pour le bien public dans 
les régions lointaines. 

Notre dévoué compatriote n*a rien négligé pour rendre sa 
publication digne de Peiresc et il a ainsi rendu un réel ser- 
vice aux belles-lettres et à la science. 

— Pie VI dans les prisons du Dauphiné^ par A. -M. de 
Franclieu (2» édition). — (Montreuil-sur-Mer, imprimerie 
Notre-Dame-des-Prés, 1892, i vol. in-8** de 378 pages). 

Ce sujet, abordé par un grand nombre d'écrivains, est tout 
à fait rajeuni dans ce livre, écrit avec la sensibilité exquise 
d'une femme éminemment chrétienne et avec toute l'érudi- 
tion d'une amie sincère de la vérité. Il a sa place marquée 
dans toute les collections dauphinoises et dans toutes les bi- 
bliothèques sérieuses. A l'intérêt de la narration s'ajoutent 
encore tous les documents nécessaires, depuis le départ de 
Rome jusqu'à la mort du Pontife et jusqu'à l'arrivée de son 



BIBLIOGRAPHIE ET CHRONIQUE. I 19 

buste, dû au sculpteur Maximilien, et une exécution typo- 
graphique remarquable. 

— Codex diplomaticus ordinis Sancti Rufi Valentiœ publié 
d'après les chartes originales et divers recueils manuscrits^ 
par le chanoine Ulysse Chevalier, correspondant de Tlnsti- 
tut. — Valence, J. Céas et fils, 1891 ; i vol. in-8°. 128 pp. 

— Essai sur les catalogues des anciens évêques de la prO' 
vince de Vienne (Eglise de Vienne), article publié dans VUni- 
versité catholique^ n^ du i5 décembre 1890. 

— Le Bréviaire romain et sa dernière édition type — tirage 
à part d'un autre article du même auteur. — Lyon, Vitte, 
1891, br. in-80 de 20 pages. Là, comme dans ses autres pu- 
blications, M. le chanoine Chevalier élucide tous les points 
abordés avec son érudition bien connue. 

— Roger Vallentin. — Pierre de Concils et la maîtrise de 
Vatelier de Villeneuve ( 1 53 x^ i SSZ). 

— Du même auteur: Un sequin avignonais inédit du pape 
Calixte III (14.55-1^58). Brochures in-S® de 19 et 4 pages, 
tirages à part de V Annuaire et du Bulletin de la Société de 
Numismatique. Ces nouvelles brochures sont autant de faits 
nouveaux acquis à la science. 

— Lou libre du Soudard français per Champiounet^ mO' 
desto defenso d^aquesto obro à prepaus de Vinauguratioun de 
son mounumen à Antibes (i5 d'avoust 1 8g i ) per lou dout' 
Mongin dé Roquefort, membre correspondent dou Minisieri 
de Pestrucioun publico. (Antibes, Marchand, 1891, br. in- 16 
de 8 pages. Habile plaidoyer sur un ouvrage du général 
valentinois). 

— Souveni. — Oubreto provençalo dedicado à mis amis 
per un enfant de Glanum. — Valence, Crémiileux, 1891, br. 
in- 12, 25 pages. Né dans le même village que Roumanille et 
voisin de Mistral, M. Galle ne pouvait manquer d'aimer la 
langue et la poésie provençales et cet heureux début fait espé- 
rer d'autres publications intéressantes. 

— A chacun son Lohengrin (notes d'un esthète) par Robert 



120 SOCIETE D ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

de la Sizeranne. (Extrait de la Grande Revue de Paris et de 
St-Pétersbourg). Curieuse étude expliquant le succès de cet 
opéra par les milieux où s^accomplit Taction. 

— Acria retrouvée. — Avignon, J. Roumanille, 1891, br. 
in-i2, 53 pages. M. Louis de Chambelle assure que Saint- 
Hilaire de Baumes, en pays cavare, entre Tlsère et la Du- 
rance, réunit toutes les conditions. 

— Les Annales du Midiy Revue archéologique^ historique 
et philologique de la France méridionale. Etude sur la 
gabelle du sel en Languedoc. 

— Mémoires et documents publiés par la Société Savoi- 
sienne d^histoire et d^ archéologie. 

— Revue épigraphique du Midi de la France. 

— Société des antiquaires de la Morinie. Bulletin histo^ 
rique. 

— Bulletin d'histoire ecclésiastique et d'archéologie reli- 
gieuse des diocèses de Valence^ Gap.^ Grenoble et Viviers. 

— Journal mensuel des travaux de V Académie nationale. 

— Bulletin de la Diana. — Id. de la Société de statistique^ 
sciences et lettres des Deux-Sèvres. 

— Bulletin de la Société d* études des Hautes^A Ipes. 

— Revue de la poésie. Galette de V Académie des poètes. 
I livraison. 

— Revue Savoisienne. 

— Bulletin de la Société historique et archéologique du 
Périgord. 

— La Semaine religieuse du diocèse de Valence. 

— La Semaine religieuse du diocèse de Viviers. 

— Le Dauphiné. — Le Gratin. 

— Bulletin de P Académie de Vaucluse. 

— Dictionnaire topographique du département de la 
Marne., rédigé par M. Auguste Longnon, membre de Tlns- 
titut, etc. — Paris, imprimerie Nationale, i vol. in-4* 
3 80 pages. 

— Dictionnaire topographique du département de la 



BIBLIOGRAPHIE ET CHRONIQUE* 121 

Dràme^ par M. Brun Durand, vice«*p résident de la Société 
d'Archéologie.... i vol. in-4**. 

— Journal des Savants. Année 1891. 

— Romania, 

A. L. 

Quelques notes sur l'origine des églises du Vivarais^ d'après 
les anciens cartulaires et d'autres documents^ par A. Mazon, 
tome !•', Privas, 1891, in- 12. — Vivarais et Velay^ deux 
livres de notes journalières au XVIP siècle^ par le même. 
Annonay, 1891, in- 12. 

En décernant comme elle Ta fait , le prix Lambert à 
M. Albin Mazon, pour son voyage humoristique^ philoso- 
phique et politique au mont Pilât, l'Académie française a 
déchiré tout à fait le voile sous lequel se cachait depuis 
longtemps, un de nos plus spirituels et plus sympathiques 
collègues ; elle a dit à tous qu'il est bien ce docteur Francus, 
à qui Ton doit une longue suite d'intéressants volumes sur le 
Vivarais et, ce qu'il y a de mieux, c'est qu'elle l'a dit en décer- 
nant à M. Mazon une récompense si bien méritée. 

Est-ce pour cela, que notre infatigable collègue a signé de 
son nom deux nouveaux volumes sur le Vivarais? Ce qu'il y 
a de certain, c'est qu'il prouve une fois de plus dans ces 
volumes, que le littérateur est doublé chez lui d'un érudit, 
le philosophe d'un historien; car il est bien d'un érudit, le 
volume dans lequel M. Mazon a condensé tout ce qu'il y a 
concernant le Vivarais, tant dans les cartulaires de St-Chaffre, 
de Pébrac, de St-Julien, de St-Sauveur-en-Rue, de Romans 
et du Bourg-lès- Valence, que dans les archives de l'abbaye de 
St-Rut et les pouillés des diocèses de Valence et de Vienne ; 
précisant le véritable sens de certains mots, empiaçant avec 
soin tous les lieux nommés et complétant enfin cet important 
ensemble de renseignement du meilleur aloi, par quantité 
d'autres explications, tout à la fois claires et nettes. Quant au 
volume intitulé Vivarais et Velay^ écrit en partie sur les 

2» SÉRIE. XXVI* Volume. — 1892. 9 



122 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

notes d'un pauvre curé de montagne, en partie d'après le livre 
de raison d'un bourgeois protestant d'Annonay, c'est une 
double page d'histoire, pleine de détails aussi curieux qu'ins- 
tructifs sur la vie de nos pères au XVII* siècle et, par cela 
même, d'un attrait tout particulier. J. B. D. 

Cet ouvrage permet de rectifier une erreur de M. Giraud. 
En parlant d'une fondation à St-Barnard pour Jean le 
Cardinal, il avait cru y découvrir Jean de Bernin, alors qu'il 
s'agit de Jean de Brongy. 



Ulnfluen^a est cause du petit retard apporté à la distribu- 
tion de cette livraison et au renvoi à la suivante d*un article 
de M. Vallentin (Roger) et d'un autre de M. Roman. 

Cette maladie, au témoignage du P. Justin (Boudin), His- 
toire des guerres du Comté Venaissin^ t. II, p. 266, avait déjà, 
en i58o, fait de nombreuses victimes. On croyait alors 
« qu'elle venoit plutôt de l'influence des astres que de la cor- 
ruption de l'air. Elle se fit d'abord sentir en Orient, d'où elle 
passa en Europe par l'Italie. Bien des personnes en mouru- 
rent, parce qu'on ignorait la manière de la traiter...; elle 
étoit redoutable par la rapidité Je ses progrès, et par la vitesse 
avec laquelle elle se communiquait. Elle attaquoit d'abord 
l'épine du dos par un frisson, suivi d'une pesanteur de tête et 
d'une foiblesse dans tous les membres, jointe à un grand feu 
sur la poitrine ; et si le 4* ou le 5* jour, les malades n'étoient 
pas guéris, la maladie dégénéroit en fièvre pestilentielle qui 
les emportoit presque toujours ». Suivant l'auteur, les sai- 
gnées et les purgations furent plus nuisibles qu'utiles, et 
ceux qui négligèrent le mal s'en trouvèrent bien. N'étant pas 
médecin, nous n'insisterons pas ; il nous a paru curieux, tou- 
tefois, de signaler la réapparition de cette maladie, après trois 
siècles d'intervalle. 

A. L. 



ou PRÉTENDU MONNAYAGE 



DES 



BARONS DE MÉVOUILLON 



Si les erreurs historiques les plus grossières s'accréditent 
promptement, si les théories les plus fausses se propagent avec 
une désespérante facilité, les rectifications, même les mieux fon- 
dées, n'ont en général qu'un succès fort restreint. L'abbé Vin- 
cent ayant avancé dans sa Notice sur le Buis que les barons de 
Mévouillon avaient battu monnaie dans cette ville, un certain 
nombre d'auteurs ont adopté son aventureuse proposition ; ils 
ont même affirmé que les conventions du lo juillet 1293 avaient 
conservé à Raymond IV de Mévouillon le droit d'émettre des 
espèces à son nom. Cette thèse est absolument inexacte. 

Le 10 juillet 1293, par le pacte de Chabeuil, Raymond IV se 
reconnaît vassal du Dauphin Humbert I'% dans des circons- 
tances relatées avec une grande clarté par M. Lacroix (i). Jus- 
qu'alors, a-t-on prétendu sans raison, ses aïeux et lui n'avaient 
eu d'autre suzerain que l'Empereur d'Allemagne. Raymond I®' 
avait rendu au contraire « hommage à Bertrand, évêque de 
Die, pour le Buis, Villefranche, Propiac, Vercoiran, etc., le 
18 septembre 1230, et ce devoir, plusieurs fois renouvelé dans 
la suite par lui et ses successeurs, permet de supposer d'an- 
ciens engagements restés inconnus (2) ». L'existence de ces 



(i) A. Lacroix. L'arrondissement de Nyons^ t. I, pp. 410 et 411 . 
(a) Ibid., p. 405. 



2* Série. XXVI* Volume. - 1892. 



10 



ia4 SPCiSTé D^RCHPOleOGf? ET DE tTATISTIQUe. 

çngagcmçats 63t incontestable. Les termes du privilège du 8 

août 1178, mentionné ci-après, sont tellement formels que lo- 
bligation de prêter hommage aux évcques de Die devait dériver 
de conventions, aujourd'hui ii)QQanue$, il e9( vrai, m^is inter- 
venues QAtiFç 1 178 et i^)P. Ui)ç de3 çlfiu$ç^ du traité de Cha- 

beuil est ainsi conçue : « Item quod dictus Raymundus et 

successores sui possint cudcpe seu cudi facere quamcumque 
moiietaip volvierint in terra prœdicta infeudata, secundum for- 
mam privilégia dictî Raymundi, si quad hak§t^ qt f^çre inope- 
tam currere quam voluerint in terra prœdicta (i) ». La traduc- 
tion de cette phrase est aisée. Raymond et ses successeurs 
pourront faire frapper à leur gré toute espèce de monnaie, 
conformément à son privilège, si toutafois il en est pourvu d*un 
(si ^uod habet) et régler le cours des monnaies dans sa b^- 
ropniei. 
' Le Dauphin tenait ses droits régaliens de l'Empire. L^E^mpe- 
reur pouvait seul, en effet, en conférer i^exercice dans notre 
région, â une époque où les seigneurs ou les princes, soit laï- 
ques, soit ecclésiastiques, de la rive gauche du Rhône, corn- 
niençaient pour la plupart à s^affranchir insensiblement de cette 
suzeraineté plus nominale que réelle, c'est encore l'Empereur 
Charles IV qui accorda à Gaucher Adhémar les droits réga«- 
liens et qui octroya le droit de battre monnaie aux évêques d'A* 
vignon (1365), droit uniquement honorifique et quHl leur fqt 
Impossible de mettre à profit. Si le$ privilègea monétaires dfis 
évêques de Mende, d^Uzès et de Lodève tiraient leur origine 
d'une . concession émanée des Rois de France, si, en 1374» 
Louis, duc d^Anjou, lieutenant en Languedoc et frère de 
Charles V, autorisa c de grâce spéciale » et au nom du Hoi de 
France, le vicomte de Castelbon, Roger Bernard de Fûjx, % à 
avoir monnoyage et faire faire monnoyes blanches et noires m, 



(i) Valbonnais. Mém, pour VHist. du Dauphiné, p. 40. - Acquisitio 
homagii haronict MeduUionis psr Humb^fum (hip^iimm) ^\ Preuves du 
second discours de Ffust. de Dauphiné, p. 34. 



DU PRÉTENDU MONNAYAGE. l%b 

soud la Gônditîon « que les dites moûhoytê,»é soient ds coin et 
d^ tdle loy, taille ot pois, éômfne sont ou seront celles qlie mon 
dit feeigfTleiii' fera faii'é...^. » et soué Ib réserve de partager les 
profits de Tateliu' avec le Roi) si, en ^376^ ce mêifie due d'An- 
jou Itii acôôrdâ pour deux afts la faculté de c faire monnoyer et 
faire faire monnôye d*or jusques à la quantité de mil mars 
d'of » avec les mêmes stipulations (4)1 si les évêques de Cahors 
devaient peut-*être leur droit nionétaire aux comtes de Toulouse» 
leurs sùeèràinSi un sitllple Dauphin^ si puissant» si audacieux 
qu*il fût, n'aurait jamais osé, aU XIII' siècle^ octroyer à un autre 
seigneui* le jus cndendi prôpriam monetam, Humbert I^^ ne 
pouvait songer à permettre à Raymond IV' de Mévouillon de 
lancer dans la circulation une monnaie quelconque battue par 
lui-même; Aussi la clause reproduite ci-dessus renferme-t-elle 
une restriction indispensable et essentielle, à laquelle les au- 
teurs que j*ai visés n ont pas pris garde « si quod habet » . • 

Les dénicheurs de desiderata doivent renoncer à découvrir 
une pièce authentique émise par Tun des Mévouillon. Le mon- 
nayage de ces barons est imaginaire, soit avant 1293, ^^^^ 
après cette date; 

L'absence de monnaies et le défaut de documents mention- 
nant le monnayage non seulement ne sont pas des arguments, 
mais encore ne sont pas même des présomptions. Ne découvre- 
t-on pas constamment des pièces absolument nouvelles > 
N'est-il pas vrai qu'on ne connaît qu'une faible partie des mon- 
naies émises par les archevêques d'Embrun > N'est-ce pas en 
1880 seulement que le premier exemplaire de la monnaie arnal- 
dèse (évêque d'Agen) a été mis au jour, et pourtant plusieurs 
textes publiés depuis longtemps ne démontraient-ils pas à la 
fois l'existence et la grande vogue de cette monnaie > La série 
des espèces des seigneurs de Montélimar, de la branche de la 
Garde est certes fort riche (15 pièces) pour des seigneurs auss^ 
peu puissants qu'eux. Combien connaît-on de documents rap- 

(4) Blanchbt . La Mormai* du vicomU de CasHlbon. 



126 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

pelant leurs monnaies > Un seul ou mieux la mention d un 
seul, celui par lequel Louis II de Poitiers prohiba, en 1376, 
sur ses terres, le cours de la monnaie d'Hugues IV (i). Les 
évêques de St-Paul ont battu monnaie pendant près de cent 
cinquante ans. Une ordonnance du sénéchal du Venaissin, 
Guy de Valgrigneuse, rendue en 1270, et les actes par les- 
quels le droit de battre monnaie fut maintenu à Tévêque Ber- 
trand de Clansayes, à cette occasion, sont les seuls textes avec 
les ordonnances delphinales des 30 avril 1353 et 28 juin 1354 
qui témoignent du monnayage des évêques de St-Paul ; je dis 
les seuls, car rien ne prouve que la clause monétaire de Tacte 
de pariage de 14 19 ait été exécutée. 

P Période antérieure au traité de i2gy, — i** Le sénéchal 
Jean d'Arcis poursuivit, en 1265, Girard de Mananias, ancien 
garde de la Monnaie de Pont de Sorgue (Sorgues) pour avoir 
reçu pendant dix ans 250 livres en sus de son traitement. Ce 
dernier affirmait qu*à Nimes et Carcassonne (Roi de France), 
Toulouse, Pont de Sorgue et Mornas (Alphonse de Poitiers), 
St-Rémy, Nice et Tarascon (Charles 1*^ d'Anjou), Apt (Famille 
de Simiane), villes ou bourgs où fonctionnait un atelier moné- 
taire, le Maître de la Monnaie devait nourrir à ses frais le garde 
et mettre à sa disposition un roncin et un trottier ou serviteur. 
Le 12 mars 1265, Girard de Mananias fut condamné à restituer 
tout ce qu'il avait indûment reçu (2). L'énumération de ces 
neuf ateliers ne donne pas la liste de tous les ateliers du Midi. 
Elle n'est pas complète, mais restrictive, et faite pour les besoins 
de la cause, car, pour se borner à la rive gauche du Rhône, 
elle ne comprend pas les Monnaies de l'évèque de Gap, de celui 
de St-Paul et de l'archevêque d'Arles, ni celle des princes 
d'Orange. On ne saurait donc inférer de ce qu'aucun atelier 



(i) Vallentin. Recherches sur le monnayage des seigneurs de Montéli- 
mar, p. i6. 
(3) BouTARic. Saint Louis et Alfonse de Poitiers^ p. 199. 



DU PRÉTENDU MONNAYAGE. I27 

appartenant aux Mévouillon n y est mentionné pour afiSrmer 
qu*ils n*ont pas battu monnaie. 

Au contraire, en 1270, un autre sénéchal du Venaissin, Guy 
de Valgrigneuse, rendit une ordonnance défendant d'accepter 
une fonction quelconque aux Monnaies voisines, où Ton se 
bornait à copier les espèces en circulation dans la région. Les 
ateliers cités, en tenant compte de leur position géographique 
et de leur distance du Venaissin, sont ceux de Courthézon, de 
Mondragon, de St-Paul, de 1 evêque de Gap et de Tévêque de 
Viviers (i). Si Raymond III avait eu un atelier monétaire, il se 
serait conformé à Tusage, c'est-à-dire il aurait contrefait les 
monnaies d'autres princes ou seigneurs, et Guy de Valgrigneuse 
aurait certainement frappé d'ostracisme son officine. L'ordon- 
nance, après avoir mentionné les cinq Monnaies, renferme 

bien « nec ad aliquam Monetam », mais ce membre de 

phrase n'est qu'une superfétation de mots. 

2° La convention du 10 juillet 1293 énumèreles droits appar- 
tenant à Raymond IV : « sive prœdicta castra et feuda con- 
sistant in castris, castellis, fortalitiis, domibus, burgis, villis, 
vicis. oppidis, suburbiis, mero et mixto imperio et jurisdic- 
tione qualicumque, pedagiis, teloneis et gabellis, stangiis, ri- 
pariis, aquarum ductibus, hominibus , censitis, ascriptitiis, 
commendatis, commendatariis, gardis, tailliis, toltis, adempris, 
focagiis, fenatagiis, servitiis, censibus» taxcis, quartonibus» 
fenagiis, bannis, justitiis, cavalcatis, fidelitatibus, homagiis, 
venationibus , piscationibus , ferarum tractibus, regaliis vel 
rébus aliis et juribus quibuscumque, quae dici et excogitari pos- 
sint, et ab quocumque vocabulo comprehendi (2) » 

Si cette description, on ne peut plus détaillée, vise les péages, 
le mot moneta ou monetis n'y figure nullement. 



(i) Arch, dép, di la Drame, Cart, de St-Paul, Document communiqué 
par le savant M. Lacroix. 
(3] Valbonnais. Hist, de Dauphini, t. II, p. 215. 



I2t6 SOCIÉTÉ D'AKCMéOLOOtË BT DK STATISTIQUE. 

)* Lé8 Mévoulllon i^étai^ntvu octf^iyer par les Empereurs 
un privilège, mais ce n*était ni un privilège conférant Texerdioe 
d6 tous l6S droits régaliens» ni même un privilège simplement 
monétaire. Frédéric Barberous^e s*était réconcilié depuis \ji\ an 
environ avec le pape Alexandre III par le traité de Venise du 
I*' août 1177, lorsque, afin de pouvoir lutter plus avantageuse»- 
meut contre les Guelfes, il s*assura ralUance sincère de des 
prtticipaDit feudatalres en les comblant de faveurs. Le )o juillet 
1 178, se trouvant à Arlès^ il reconnut à Tévêque de Die, Robert, 

la plénitude des droits régaliens : « quorum quedam suis 

vocabulis duximus exprimenda : Diam civitatem cum sua pro^ 
priamonëià^ mercatOf plateis^ furnis ac molendinis ethujUsmodi 
omnibus que ad nostram specialiter coronam pertinere lios'- 
cuntur.«.«. (i) ». Le 6 août suivant, un autre diplôme fut scellé 
à Montélimar en faveur de Raymotld d'Agôult ; il lui donnait 
« totum territorium, quod dicitur Vallis Saltus, scilicét castra 
et Villas et quicquid infra predictos termidos continetur, sive 
terra stt culta, sive inculta (2) >. Deux jours après, le 6 des ides 
d'août (8 août 1 178), Frédéric !•' confirma à Raymond I" de 
Mévouillon, sous l'obligation de lui faire hommage, la posses- 
sion de tous ses fiefs et de totit ce que lui ou ses successeurs 
pourraient acquérir, avec exemption complète de toute juridic* 

tioft OU suprématie étrangère, « quicquid sub nostro habes 

et pôssides juste et quicquid in anteâ tu et tui successores legx« 
time potueritis acquirere et hec nostra auctoritate vobis confir-* 
mamus (3) 9. On lit au contraire dans le privilège Condédé à 
Lyon par le mêtne Empereur^ le 30 août de la même aonée^ en 

faveur de révéqud de Grenoble, Jean « in agris, vivatiSf 

pascuis, pratis, silvis, nemoribus, terris cultis et incultis^ aquis 
aquarumque dectirsibus, palodibus, portubus^ vHs et inviis, 
venationibus, piscationibus, castellis, viiiis, hominibus, plateis. 



(r) CnetJAiÉk. CktÊfiulariUfh 9€cl—iœ Bêàtcé Mafiœ Diensiâ. 
(a) Chevalier. Diplomatique de Bourgogne, n® XII. 
(3) Ibid., n- XIII. 



pu PRETENDU MONNAYAQE. I^Q 

pcdftgiis, monetis, fora, argcati fodini», furnis, molendini», in 
faeiendis judiciis ût bannia toUendis et coteris justiciU et gene^ 
raliter univarsis pertinentiis (i) 9. Un simple rapproche- 
ment entre ces quatre privilèges, rigoureusement contempo- 
rains, met clairement en relief leyr importance et leur portée 
respectives. Frédéric \^ n a jamais reconnu le droit de mon- 
nayage pas plus à Raymond d*Agoult qu*à Raymond If' 4e 
Mévouilion. Les espèces qui suraient été frappées à Sault par 
les d'Agoult, avec Tautoris^tion impériale, au dire de certains 
auteurs, sont aussi fictives que les iQonnaies des barons de 
MévouUlon. Enfin, le a novembre IS43> FrédéricII approuva 
les amendes imposées à Moncalin, adversaire de Raymond II 

• panas et banna imposita Mûncalioo, adversaria suo per 

Berardum de Laureta... (a) ». 

//• Périçde po$tér%eurt au traité i^ J2çj. -^ Le s septembre 
1317, Raymond IV fil donation entre vffs au Dauphin, Jean II, 
de la baronnie de Mévouillcn, tout en s'en réservant l'usufruit 

viager ^ cum suis tçrritoriis, districtibus, juribus, perti- 

neixtiis, appenditiis universis ipsorum et çujuslibet eprum, 
hominibus, homagiia, vassallis et juribus vassallorum, domi- 
niis. ... utilibus et dircctis servitiia, servitutibus realibus et 
personalibus, corporalibua et incqrpQralibus, censibus, taschiis, 
feudis, ferragiia, quartonibus, cinquenis, seysenia, vintents, 
ripagiis, aquarum decursibus, tractibus ferarum, bannis, jt^s^ 
titils, coodemnationibus, questis, toltis, adempris, laudimiia, 
trezenis, lesdis, latis, sportulis^ sumptibus, pedagiia, casais, 
pasqueriis, pascuis, passagiis, passayragiia, pulveragtis, eor^ 
vatis, charnagils, molendinis, molturis, furnis, furnagiis, para- 
toriis, venationibus, usagiit, domibus, grangiis, terris cultis et 
incultis, pratis, nemoribus, deffensis, hortis, vineia, viridariis 
et aliis omnibus et tingulis redditibus et juribus quibuscumque, 



(1) !Wd . n* XIV. 
(3) Ibid., n- XXII. 



i3o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

quae dici vel excogitari possint (0 ^- C*est en vain que Ton 

chercherait dans ce long et précieux dénombrement une men- 
tion directe ou même indirecte de son prétendu droit de mon- 
nayage. Le 25 septembre suivant, une transaction régla les 
différends de Jean II et d'Agout de Baux et d'Avellin, au sujet 
de Tacte du 2 septembre précédent. Agout de Baux soutenait 
qu*il avait été fait à son préjudice, parce que Raymond III, père 
du vendeur, « avait substitué par son testament, en cas de 
mort de son fils sans héritier légitime, ses neveux Agout et 
Barrai de Baux, fils d'Agathe de Mévouillon, sœur du testateur, 
et parce que son frère, Barrai, lui avait fait abandon de ses 
droits ». Agout de Baux consentit à renoncer à ses prétentions 
moyennant le paiement immédiat de i ,000 livres tournois et la 
promesse de jouir d'une rente annuelle de 300 livres assignée 
sur les revenus du Buis, dont il aurait la moyenne juridiction, 
sous la réserve du droit d*hommage et du serment de fidélité 
envers le Dauphin (2). 

Guigues VIII, le 7 avril 1325, et Humbert II, le 8 novembre 
1334, confirmèrent Taccord du 25 septembre 13 17 ; ils assignè- 
rent encore la pension de 300 livres sur les revenus du Buis et 
de ses moulins. Si Raymond IV avait battu monnaie dans Tun 
des fiefs donnés par lui en 13 17 à Jean II, Agout de Baux au- 
rait excipé avec raison de sonjM^ cudendi monetam. Les privi- 
lèges monétaires n'étaient pas personnels ; le droit de mon- 
nayage se transmettait aux successeurs comme n'importe quel 
autre droit. Or les chartes des 25 septembre 1317, 7 avril 1325 
et 8 novembre 1334 sont aussi muettes au sujet du prétendu 
monnayage que la cession du 2 septembre 13 17. 

2* Les auteurs admettent volontiers que les ateliers moné- 
taires féodaux étaient installés uniformément au siège du gou- 

■ 

vernement de ces petits états qui existaient jadis dans le sud- 



(i) Vâlbonnâis. Hist, de Dauphiné, t. II, p. 165, et Mémoires^ p. 61. 
(a) Barthélémy. Invent ckronoL et analytique des chartes de la maison de 
Baux, p. 393. 



DU PRÉTENDU MONNAYAGE. l3l 

est de la France. C'est là une profonde erreur. Ainsi on s'est 
plu à supposer gratuitement que jusqu'à l'acquisition d'Avignon 
par Clément VI (1348), l'atelier pontifical fonctionnait à Car- 
pentras, tandis qu'il était à Sorgues (i). Le choix de l'empla- 
cement d'une Monnaie dépendait des circonstances. Il était 
dicté par des considérations de diverses natures, tirées de la 
proximité des mines d'argent, du voisinage d'autres officines, 
de la plus ou moins grande facilité d'écouler les produits, etc. 
Enfin les guerres de seigneur à seigneur et les révoltes qui 
éclatèrent au XIII* et au XIV® siècles en maint endroit, dans le 
but de conquérir certaines libertés communales, nécessitaient 
parfois le transfert temporaire des ateliers féodaux. Les évêques 
de Gap se virent contraints, au cours de la deuxième moitié du 
XIII* siècle, de transporter leur Monnaie hors de cette ville et 
de l'établir à proximité du Venaissin, peut-être à Lazer (Hautes- 
Alpes) De même les évêques de Viviers battaient monnaie, 
non pas dans ce bourg, mais à Largentière (Ardèche). 

D'autre part, les nouveaux possesseurs d'un Etat, qu'il fût 
vaste ou qu'il se trouvât être d'une faible étendue, réorgani- 
saient volontiers les officines monétaires des princes auxquels ils 
succédaient, ou si ces officines n'étaient pas fermées au moment 
du changement de maître, ils s'empressaient d'imprimer une 
nouvelle impulsion à leur activité. 

Or les Dauphins ont successivement battu monnaie au 
XIV' siècle à Visan (Avisanum), à MoUans et à MirabeL 
N'auraient-ils pas réouvert un ancien atelier, créé à l'origine 
par Raymond IV à la suite de l'acte du 10 juillet 1293 } 

Un document du 7 février 1327 nous apprend que l'atelier 
delphinal de Visan venait d'émettre 2,219 marcs d'espèces 
blanches (2). Les Mévouillon ne paraissent pas avoir toujours 
possédé intégralement, ou du moins sans contestation, Visan. 



(i) R. Vallentin. Les statuts des prévôts généraux des ouvriers et des 
monnayers a* Avignon, pp. 11 et 12, 
(2) Valbonnais. Hist. de Dauphinéy t. II, p. 315. 

2« Série. XXVP Volume. - 1892. 11 



l32 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Le 19 juin 1273, Saure de Mévouillon, veuve de Pierre Isoard, 
d*Aix, Frère Raymond-le-Vieux, dominicain d'Avignon, Ray- 
mond III, son fils, seigneur de Mévouillon, soumirent à un ar- 
bitrage leurs diflScultés et celles des autres seigneurs de Visan 
et des syndics de Visan et de Tulette pour droits d'usage dans 
la baylie delz Fizels et la ramière de TArgentier ; tous approu- 
vèrent, en 1274, la sentence arbitrale rendue (i). Le 7 décembre 
1288, Bertrand IV, prince d'Orange, racheta le château et le 
territoire de Visan vendus par Raymond IV. Un peu plus tard, 
le tout se trouvait entre les mains de la sœur germaine de ce 
dernier, Béatrix, qui du reste portait le titre de dame de Visan. 
Elle abandonna en 1294, à Humbert I'% le château de Visan, 
la ville et son territoire, avec toutes les redevances et les impôts 
qui y étaient perçus. Ce bourg ne figure pas, d'ailleurs, dans 
la liste des fiefs cités par le traité de Chabeuil. Raymond IV 
n'a donc pu y battre monnaie après le 10 juillet 1293, puisqu'il 
n'en était pas même détenteur. Quant à la cession faite par lui, 
en 1299, à Humbert I*% ce n'est qu'une vente pour la forme 
des droits qu'il aurait pu prétendre sur Visan. Plus tard, Ray- 
mond IV de Baux, prince d'Orange, et sa femme Anne de 
Viennois abandonnèrent à Jean II, le 31 janvier 13 18, leurs 
droits réels ou fictifs sur les châteaux de Visan, Mirabel, Nyons, 
Montbrison, Vinsobres et sur les domaines de Montbrun, Albon 
et Faucigny, moyennant 10,000 livres de petits tournois (2). 

L'abbesse de St-Césaire d'Arles avait inféodé, en 1259, à 
Barrai de Baux, seigneur de Baux, les châteaux de Nyons, de 
Vinsobres et de Mirabel avec leurs dépendances pour lui et ses 
héritiers, moyennant le prix de 3,200 sols, sous le cens annuel 
d'un marc d'argent fin ouvré et sous la réserve de la haute sei- 
gneurie. Cette inféodation, faite soi-disant au préjudice du 
monastère, fut confirmée par l'archevêque d'Arles, en 1280, en 



(i) IsNARD. St'Bertrand de Garrigue^ pp. 401-32. 
(a) Valbonnais. Hist, de Dauphini^ t. II, p. 154. 



DU PRÉTENDU MONNAYAGE. l33 

faveur de Bertrand de Baux, comte d'Avellin, fils et héritier de 
Barrai, mais qui refusa de payer la redevance à partir de 1297, 
puis aliéna, en 1 300, ces trois fiefs à Humbert ^^ Ce Dauphin 
s*en saisit de force, déclara la guerre aux habitants, en expulsa 
bon nombre de leurs demeures et se mit même à battre mon- 
naie en son nom au château de Nyons, sans Tautorisation de 
TEglise d'Arles et de labbesse de St-Césaire. Le 13 novembre 
1 300, Tarchevêque d'Arles enjoignit à Tévêque de Vaison de 
mettre fin à ces désordres et à ces abus (i). C'est là la pre- 
mière tentative de monnayage des Dauphins dans l'une des 
villes qui devaient former un jour la partie méridionale de la 
province du Dauphiné. 

Les droits cédés le 7 août 1 294 par Béatrix de Mévouillon à 
Humbctt I*' sur Visan, moyennant 13,000 livres tournois, com- 
prenaient: ff ... domibus, fortaliciis, turribus palatiis, donjoni- 
bus, villa, villis, burgo, burgis, suburbiis, villagiis, opidis, 
vicis, terris cultis et incultis, vlneis, vassallis, vassallagiis, 
juribus vassallorum, fidelitatibus, servis, abscriptitiis, commen- 
datis, hominibus, homagiis, commendariis, pedagiis, pratis, 
nemoribus, montibus, planitiebus, ripis, ripagiis, rivis, sta- 
gnis, piscationibus, aquarum ductibus, furnis, molendinis, mer- 
catis, lesdis, fenagiis, quartonibus, servitiis, taschiis, laudi- 
miis, tresenis, censibus, talliis, toltis, quaestis, adempris, vin- 
tenis, cavalcatis, stabilitis, mero et mixto imperio et omnimodo 
jurisdictione, operibus, manu oneribus,cretifodinis, lapidicinis, 
argenti fodinis, auri fodinis, cavallagiis, coroatis, fogagiis, cen- 
sitis, acapitis seu juribus emphiteoticariis, allodiis proprie- 
tatibus, juribus corporalibus et incorporalibus, directis et utili- 
bus dominiis, naturalibus seu civilibus possessionibus, partis, 
pontenagiis, regaliis, decimis, decimariis, juribus decimarium, 
juribus patronatûs, vel aliis rébus, vel juribus quibuscumque, 
qu» dici vel excogitari possunt et sub quocumque vocabulo 
comprehendi... (2) ». 



(l) BARTfléLBMT. Op. C, II^ 826. 

(3) Vâlbonnais. Hist. de DaupfUnéf pp. 73-74. 



i34 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Ce nouveau texte établit péremptoirement que si Béatrix de 
Mévouillon avait des mines d or et des mines d'argent, elle n'a- 
vait pas d'atelier monétaire. C'est précisément l'existence de 
CCS mines à Visan qui explique pourquoi les Dauphins y éta- 
blirent une officine. 

Le premier document connu sur la Monnaie de Visan est du 
7 février 1327. Il est fort possible que sa création remontât à 
plusieurs années et je crois qu'elle eut lieu après la renoncia- 
tion faite le 3i janvier 1318 par Raymond IV de Baux et sa 
femme Anne de Viennois, c'est-à-dire vers les derniers mois 
du gouvernement de Jean II, en 13 18 ou en 1319. 

Le traité de Villeneuve-lez-Avignon du 3 1 juillet 1 344 mit le 
pape Clément VI en possession de Visan. C'est alors qu'Hum- 
bert II transféra à MoUans la Monnaie de Visan, à titre acci- 
dentel. Le 22 juillet 1345, ^^^ atelier était déjà installé et fonc- 
tionnait à Mirabel ; l'officine de MoUans n'eut qu'une existence 
de quelques mois. Mollans, qui figure dans le traité de Cha- 
beuil de 1293, était de même au nombre des fiefs transmis par 
Raymond IV à Jean II en 1317. Les conditions dans lesquelles 
Humbert II avait monnayé dans le bourg démontrent claire- 
ment que ce Dauphin ne réorganisa pas une ancienne Monnaie 
de Raymond IV. 

Quant à Mirabel, il n'appartint jamais aux Mévouillon ; Hum- 
bert I*' s'en était emparé violemment, en 1300, ainsi qu'on vient 
de le voir. 

Il était nécessaire d'entrer dans ces détails, un peu longs, 
peut-être, afin qu'aucun doute ne subsiste plus à l'avenir au 
sujet du prétendu monnayage des Mévouillon. 

M. G. Vallier a décrit et reproduit la pièce suivante qui est 
surfrappée et qui fait partie de la collection de Lamorte- 

Félines : 
f RAMS (>) DNS ET SESCS en lettres gothiques. Mitre. 
f OBOLVS CIVIS en lettres gothiques. Croix pattée. 

BiUon. 

Cet auteur l'a attribuée à l'un des évêques de St-Paul Ray- 



DU PRÉTENDU MONNAYAGE. l35 

mond Vchens de Mostuejouls ou Raymond II de Raimonds (i). 
Or le premier a été rayé de la liste définitive des évcques de 
St-Paul, au XIV* siècle, donnée par M. Albanès, et le second a 
été évêque de 1366 à 1378. M. Roman avait déjà dit avec rai- 
son : « Cette pièce n'est pas épiscopale et n'a pas été frappée 
au nom d'un évêque de St-Paul-Trois-Châteaux, mais elle ap- 
partient à un seigneur laïque qu'une lecture plus attentive ou un 
exemplaire mieux conservé feront probablement retrouver un 
jour (2). Quel est ce seigneur laïque qui. aurait pu émettre une 
pareille monnaie? Ce denier est imité d'un denier bien connu 
frappé à Sorgues durant le pontificat du pape Clément VI (1342- 
1352). On peut encore préciser davantage la date de l'émission 
de ce denier papal, car il a été imité par Tévêque de St-Paul 
Hugues Aimeri (i 328-1 348). Son apparition remonte donc à la 
période de 1342 à 1 348. De même la monnaie de la collection de 
Lamorte-Félines a été frappée au plus tôt durant ce laps de temps 
et il y avait bien des années que Raymond IV de Mévouillon 
était mort, car à partir de 1 323 on ne rencontre aucune mention de 
lui, M. Caron l'a classée à Orange (3). Sa proposition est accep- 
table ; la découverte d'un meilleur exemplaire la confirmera sans 
doute quelque jour. 



(1) Revue Belge ^ 1877. 

(a) Roman. De VancUnneti des Monnaies des Dauphins de Viennois, 

(3) Monnaies féodales de France, g Orange, 

Roger VALLENTIN. 



■ »i<a o o M t <■ 



i36 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique 



Colonies Dauphinoises 

DE 

L'ABBAYE DE MONTMAJOUR 



n aï o <i 



(Suite. — Voir les 97% 98* et loo* livraison). 



VII 

Diocèse de Die, — Les manuscrits de Chantelou nous 
apprennent que Valchevrières, localité isolée entre le Ver- 
cors et le Villard-de-Lans, sur la limite de l'ancien diocèse 
de Die avec celui de Grenoble, avait antérieurement à 1 1 52 
une église et diverses appartenances. Le 7 avril de ladite 
année, Eugène III confirmait à Montmajour cette église et 
ses appartenances, alors dans le diocèse de Die ; et en 1 184 
le pape Luce III faisait de même. Cette église était certai- 
nement accompagnée dès lors d'un petit prieuré, que dési- 
gne positivement l'expression domus Vallis Caprarie du 
.testament d'Alix de Royans, qui, en mars 1248, lui lé- 
guait 5o sous viennois. Mais église et prieuré devaient 
bientôt changer de possesseurs. En (286, l'archevêque de 
Vienne donnait le prieuré de Mamans aux Antonins, et 
en 1287 le Chapitre de Vienne approuvait ce don, que le 
pape lui-même allait bientôt après confirmer de sa su- 
prême autorité. « Or, par le moyen de ce don et de cette 
union du prieuré de Mamans aux Antonins, dit Aimar 
Falcon, ceux-ci eurent, comme divers écrits le rapportent. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. iSj 

le prieuré Vallis Capriliarum et le prieuré de Elay. » 
En effet, le prieuré de Valchevrières, cotisé i5 livres dans 
un pouillé de décime papale du diocèse de Grenoble écrit 
vers 1375, était aux xiv* et xv* siècles une dépendance de 
la commanderie de Ste-Croix près Die, laquelle, on le 
sait, appartenait elle-même à St-Antoine. Il y avait, au 
siècle dernier, dans les archives de cette abbaye « un ter- 
rier en rouleau de parchemin dudit prieuré » de Valche- 
vrières, « signé par G. Bayle, l'an 141 5. » On y voyait 
que ce même « prieuré estoit un fief qui avoit donné en al- 
bergement plus de cent sestérées terres et bois, ayant tous 
droits de directe seigneurie et prélation. » C'est ce que 
confirment divers actes postérieurs, notamment une vente 
de 1453, un albergement de l'an 1483, c passé au profit 
du prieuré de Ste-Marie-de- Valchevrières par fr. Guillaume 
Chaléon, prieur dudit lieu, » et « diverses collations dudit 
prieuré faites par les commandeurs de Sie-Croix-de-Quint 
en faveur des religieux de l'ordre » de St-Antoine « des an- 
nées i520, [539, etc. (i) » Aujourd'hui Valchevrières a 
une chapelle en bon état; il appartient à la paroissedu Vil- 
lard-de-Lans et au diocèse de Grenoble. 

L'église de St-Jean-en-Rq/ans [ecclesia Sanctis Joannis 
de Roiano)^ confirmée à Montmajour en i n8 par le pape 
Gélase II, est qualifiée de monastère dans le privilège du 
9 avril 1 123 accordé à la même abbaye par le pape Gal- 
lixtell, et dans celui du 7 avril \ib2 accordé toujours à 
celle-ci par le pape Eugène IV. Enfin, Luce III en 1 184, 



(i) Mss. Chantclou, pp. 783-7 et 816-7; — M. de Carr., op. cit., p. 148; 
— Atm. Falco, op. cit., f. Ixviii et seq. ; — Chevalier, Coll. de cartul, 
dauph.f VII, p. 3 ; — Polypt. Grationap,, n* 310 ; — Arch. de la Drôme, 
E, 3301 ; fonds de Ste-Croix, passitn ; — Pilot de Th., Prieurés cit., p. 343, 
408-10; — Mârion, Cartul. S. Hug.^ pp. 377, 391, 360, 395. 



i38 SOCIÉTÉ d'archéologte et de statistique. 

Innocent III en 1204 et Alexandre IV en 1 258, confirment 
à leur tour à Montmajour le monastère de Saint-Jean-en- 
Royans {monasteriumSancti Joannis de Rians). Il y avait 
donc là un monastère ou grand prieuré, et celui-ci, dont 
nous connaisssons beaucoup de titulaires à partir de 1 190, 
avait avec la dîme et Téglise du lieu, des biens considéra- 
bles à titre civil et féodal. Aussi Othon IV en 12 10 et Fré- 
déric II en 1223 confirmaient-ils à Montmajour le village 
de Saint-Jean-en-Royans {villam Sancti Joannis de Roins), 
Nous avons sur ce prieuré et ses diverses possessions de 
nombreux documents que le cadre du présent travail ne 
permet guère d'utiliser ici, et que nous réservons pour 
l'histoire religieuse de la localité, que nous espérons pu- 
blier un jour. Il suffira d'ajouter aux notions ci-dessus, 
que le prieuré et les biens prieuraux de Saint-Jean-en- 
Royans, d'abord confiés à des prieurs com mandataires, fi- 
nirent par être accordés en 1621 aux religieux Minimes du 
Péage de Pisançon, près Romans. Ceux-ci les conservè- 
rent jusqu'à la Révolution ; mais ils devaient faire une pen- 
sion annuelle de 5o livres à l'abbé de Montmajour (î). 

Outre le monastère de Si-Jean-en-Royans, Innocent III 
confirma à Montmajour en 1204 l'église de St-Martin-le 
Colonel [ecclesiam Sancti Martini de Coronellis)^ voisine 
et apparemment dépendante de ce monastère. En ï258, 
Alexandre IV confirmait à la même abbaye la même église 
avec ses appartenances. Depuis lors, la cure de St-Martin- 
le-Colonel fut à la collation du prieur de St-Jean, jusqu'au 
XVII* siècle, où l'évêque de Die s'attribua à lui-même le 



(i) Mss. Chantelou, pp. 736-9, 756-60, 782-7, 816-7, 931-8, 931-44, 
1007-13, II 31-44, 1719;— Chevalier, ColUct, de Cart. Dauph.^ IV, pp. 
ço et seqq.; — Arch. de la Dr., fonds des Minimes et de St-Jcan-en-K. ; — 
Gallia Christ,, XVI, instr., col. 207; — M. de Gâar., op. cit., pp. 148, 156. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. l3çi 

droit en question, nonobstant quelques réclamations des 
Minimes. En 1686, ces religieux percevaient à St-Martin- 
le-Colonel la moitié des dîmes du quartier de Bouchet et 
une pension de 27 gros par an sur la cure. Le curé avait 
l'autre moitié des dîmes de Bouchet, l'intégrité de celles 
du reste de la paroisse et quelques fonds (i). 



VIII 



Diocèse de Valence, — La bulle papale de 11 23 con- 
firme à Montmajour les dîmes d'Oriol dépendantes du 
monastère de StJean-en-Royans {monasterium S. Joan, 
de Roiano^ cum decimis de Auriolo). Celles d'Eugène III, 
en 1 152, et de Luce III, en 1 [84, en font autant. Celles 
d'Innocent III et d'Alexandre IV confirment à Montma- 
jour, en 1204 ei en r258, tout ce que cette abbaye a de 
droit en l'église de Ste-Marie d'Oriol [quidquid juvis ha- 
belis in ecclesia Sancte Mariœ de Auriolo), En 1497, les 
dîmes d'Oriol appartenaient pour une moitié au prieur de 
St-Jean-en-Royans, pour un quart au prieur de St-Nazaire- 
en-Royans, de Tordre de St-Ruf, et pour l'autre quart au 
curé d'Oriol. Les Minimes perçurent leurs droits sur Oriol 
et acquittèrent les charges en résultant, jusqu'au i3 décem- 
bre 1686, jour où les Minimes abandonnèrent au curé 
d'Oriol leurs dîmes en cette paroisse, pour lui servir de 
congrue (2). Oriol était du diocèse de Valence, bien que 
les bulles papales le rattachent au diocèse de Die. Ces 



(1) Mss. Chantelou, pp. 931-44, 1 131-43 ; — Arch. de la Drôme, fonds 
de St-Martin-le-CoIonel et Visites de Die. 

(2) Mss. Chantelou, pp. 756-60, 782-7, 816-7, 931-44, 1131-43; — 
Arch. de la Drôme, fonds des Minimes et de St-Jean-en-Royans. 



140 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

bulles n'ont sans doute fait ainsi que pour ne pas sé- 
parer Oriol de Saint-Jean, dont il dépendait et était limi- 
trophe. 

La Motte-Fanjas eut aussi une colonie de bénédictins 
de Montmajour. En 1204, Innocent III confirmait à cette 
abbaye l'église de St-Pterre de la Motte. Il y avait là un 
prieuré, c'est-à-dire un prieur accompagné d'autres reli- 
gieux, chargés du service divin de l'église de la Motte et 
de celles de St-Thomas et d'Auberive. A partir de 1208, 
la plupart des prieurs de la Motte- Fan jas sont connus. 
Confirmée de nouveau en i258 à Montmajour par Ale- 
xandre IV, l'église de la Motte-Fanjas nous apparaît en 
juin 1269 avec son cloître [claustrum\\l\xg\xts Bois, prieur 
du lieu, et Jacques, diacre de la Motte. Mais ce prieuré, 
assez riche pour être cotisé 46 livres dans un rôle de dé- 
cime papale rédigé vers iSyS, cessa d'abord d'être habité 
par les moines, puis finit par tomber entre les mains de 
prieurs commendataires. Cette dernière transformation, 
que fait déjà pressentir le jugement de l'ofBcial de Va- 
lence, attribuant vers 1609 « à Charles Charbonnel une 
pension annuelle de 3o écus d'or, sur les revenus du 
prieuré de la Motte- Fanjas, ordre de St- Benoît, » était ac- 
complie bien avant 1672, époque où noble Pierre deTar- 
nesieu, chanoine et sacristain de Die, possédait ce même 
prieuré. Dès i5io, la Motte-Fan jas avait déjà son curé 
distinct du prieur. Vers ladite année ce dernier était cotisé 
9 livres au rôle de la décime, tandis que le curé ne l'était 
que douze sous([). 

(i) Mss. Chantelou, pp. 931-44, 1 131-43; — Chevalier, Polypt. Valent. i 
n? 48 ; Cartul. de Léonce pp. 84, 237, 292-3 ; — Dasst, L'Abbé de St- 
Ant.y p. 87, Gallia Christ., XVI, instr., col. 40 ; — Arch. de la Drômc, E, 

3553 ; — Bull. cThist du dioc. de Valence, I, 55 ; — Marion, Cartul. 

S. Hug., p. 359, 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 141 

En [204, Innocent IV confirmait à Montmajour l'église 
de St-Thomas-en-Royans, confirmée encore à la même ab- 
baye en 1258 par Alexandre IV. Evidemment, cette église 
était alors desservie par les religieux du prieuré de la 
JMLotte-Fanjas. Du reste, des documents plus récents nous 
attestent que le prieur de la Motte était juspatron de Téglise 
de St-Thomas. A ce titre, il en nommait le curé; il payait 
aussi la congrue de ce dernier, de concert avec le prieur 
de St*Jean, lequel partageait avec celui de la Motte les re- 
venus du bénéfice de St-Thomas. Un rôle de décime pa- 
pale du xiv^ siècle ne mentionne aucun curé de St-Tho* 
mas ; sans doute parce qu'il n'y avait pas encore d^autre 
curé que le prieur, ou que le curé était trop pauvre pour 
être cotisé. Toutefois, la paroisse de St-Thomas était dis- 
tincte de celle de la Motte en iSôy, et nous connaissons la 
série des curés de St-Thomas à partir du commencement 
du XVII* siècle (2). 

L'église de Ste- Marie de Jaillans^ confirmée à Montma- 
jour en 1 1 18 par le pape Gélase II, le fut de nouveau en 
I j 2 3 par Callixte II, en 1 152 par Eugène III, et en ( 184 
par le pape Luce III. En 1204, Innocent III compte 
encore l'église de Ste-Marie de Jaillans parmi les dépen- 
dances de la même abbaye, et Alexandre IV en fait autant 
en [258. Il y avait alors à Jaillans un prieuré, dont le 
premier titulaire connu de nous est Lantelme, prieur en 
i25i. Assez riche au xiv* siècle pour payer 5o livres de 
décime papale, il était déjà tenu en commende vers 1470, 
époque où son titulaire, Jacques d'Auberge, avait un 



(a) Mss. Chantblou, pp. 931-44, 1 131-43 ; — Noies de Moulinet, chez 
M. Morin-Pons ; — Arch. de la Drdme, fonds de Stc-Croix et de St-Jean- 
en-Royans. 



ï42 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

différend sur quelques censés avec le curé de St-xMartin- 
de-Cerne(i). 

En 1204, le pape Innocent III confirmait à Montcnajour 
réglise de Ste-Marie de Meymans {eccles, S. Mariœ de 
Manuanis, lire Maimanis)^ que le pape Alexandre IV 
confirmait à son tour en 1268 à la même abbaye. Mey- 
mans, limitrophe de Jaillans, était en effet paroisse dès le 
XIII* siècle. On trouve Amédée curé de Meymans [capella- 
nus de Maimas)en 126g, et la paroisse, figurant dans les 
pouillés du diocèse de Valence, des xiv*, xv®, et xvi* siè- 
cles (2), existe encore aujourd'hui. 

En II23, le papeCallixte II confirmait à Montmajour 
l'église de Cerne [ecclesiam de Cerna)^ située sur le terri- 
toire de la commune actuelle de Charpey, vers les limites 
de celle de Barbières. Cette confirmation était renouvelée 
en 1 152 par Eugène III, en 1 184 par Luce III, en 1204 
par Innocent III, et en i258 par Alexandre IV. Au xiv* 
siècle, le curé de Cerne était cotisé 1 1 livres dans le rôle 
de la décime papale, et tous les pouillés du diocèse de 
Valence des xv* et xVi* siècles mentionnent Téglise et le 
curé de St-Martin de Cerne. Le différend de Guillaume de 
la Croix, curé de cette paroisse vers 1465 et 1470, avec le 
prieur de Jaillans, au sujet de quelques censés, fait soup- 
çonner que Cerne dépendait du prieuré de Jaillans. En 
1595, Antoine du Rosne, curé de Cerne, desservait St- 
Vincent. En 1681, Téglise de St-Martin de Cerne était à 



(0 M88. Chantblou, pp. 736-9,756-60, 782-7, 816-7,931-45, 1131-43; 
— E. GiRAUD, CartuL S. Barnardi Roman. , ch. 370 ; — Chevalier, Cart. 
de Leone, p. 173 ; Polypt, Valent., n» 49 ; — Arch. de la Drôme, E. aiao^ 
3140, 3393, 350^, 3511. 

(3) Ms8. cit., pp. 931-45 et 1131-43; — Chevalier, CaW. cit., p. 337; 
Polypt. cit., n* 64 ; — Arch. de la Dr., E. 3140 ; Pouillés de Val&nce. 



ABBAYE DE MONTMAJOUR. 1^3 

réparer. En 1699, « Jean Pierre Simon, prieur et curé 
dud. Cerne et Barbières » était en différend avec ses pa- 
roissiens de Barbières. Enfin, « la paroisse de St-Martin 
de Cerne », encore existante en j 716, au moins de nom, 
ne tarda pas à disparaître, absorbée par celle de Barbiè- 
res. Son église, dont les restes, encore considérables vers 
t86o, accusaient le style roman, a totalement disparu de- 
puis. On en a employé les dernières pierres à une cons- 
truction faite dans le voisinage. 

En 1 123, Callixte II confirmait à Montmajour Véglise 
de Cerne (comme nous venons de le voir) avec celle que 
Von construisait depuis peu de temps et de Vavis de Vévê- 
que^ sur une hauteur, dans le fonds alodial de Geoffroy 
du château de Charpey. Les bulles de 1 162 et de 1 184 ne 
parlent pas de cette nouvelle église ; mais celles de 1204 et 
de 1258 comptent parmi les dépendances de Montmajour, 
et immédiatement après l'église de Cerne, Véglise de Puy^ 
Rigaud {ecclesiam de Podio Rigaudo\ qui ne figure pas 
ailleurs (1). C'est apparemment la même. 

Voilà tout ce que Montmajour a eu de dépendances en 
Dauphiné. Et maintenant, pour apprécier équitablement 
les bienfaits dont cette province est redevable aux colonies 
que lui envoya cette célèbre abbaye bénédictine, il faut se 
rappeler la fin et les conditions habituelles de ses fonda- 
tions. 

Les religieux de Montmajour, comme les autres béné- 
dictins, allaient, la croix et la bêche à la main, porter aux 
lieux où ils se fixaient, avec les bienfaits de la foi, les avan- 
tages de la civilisation. 



(i) Mss. cit., pp. 756-60, 782-7, 816-7, 93^"45» **3*"43 i ~" Cheva- 
lier, Polypt. cit., n» 67 ; — Arch. de la Dr., B, 42a ; C, 292 ; E. 332, 
2503, 2511 ; — Bul. d'hist, du dioc. de Val., III, 34-5 ; IV, 2 et 8. 



144 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

La plupart de leurs monastères ont donné naissance à 
des villes, bourgs ou villages qui portent encore leurs 
noms aujourd'hui. 

Parfois, fondés dans des lieux retirés ou déserts, ils vi- 
rent bientôt se grouper autour d'eux les habitations des 
personnes attirées par le service, les besoins, les conces- 
sions territoriales ou les bienfaits de la nouvelle maison 
religieuse. 

Le plus souvent ces lieux étaient restés jusque-là dé- 
pourvus d'église. Alors les religieux se construisaient une 
chapelle dans l'une des terres, fermes ou métairies qui leur 
étaient confiées. Ils y célébraient le service divin, et leurs 
serviteurs y assistaient les jours de précepte. Le nombre 
des assistants croissait avec le nombre des serviteurs, et 
s'augmentait de quelques tenanciers et habitants des en- 
virons. Puis, la chapelle prieurale finissait par être élevée 
au rang d'église paroissiale, quand le nouvel hameau ou 
village était arrivé à quelque importance et que l'église 
paroissiale primitive se trouvait trop éloignée ou devenait 
trop étroite pour recevoir le surcroît de population grou- 
pée autour du monastère. 

Telle fut certainement l'origine d'un bon nombre des 
paroisses que nous avons trouvées aux x% xi% xii% et xni* 
siècles parmi les dépendances de Montmajour. 




AUTOGRAPHES 



DE 



deux cents quatre-vingt gentilshommes dauphinois 



EN l6}8 



Les trois documents suivants sont relatifs à ce procès entre 
les ordres de la province de Dauphiné sur la réalité ou la 
personnalité de la taille, dont la durée fut si longue et les 
péripéties si émouvantes. Ils prennent place entre l'arrêt défi- 
nitif du 3i mai 1634, dans lequel fut proclamée la réalité de 
la taille et la division du sol du Dauphiné en terres roturières 
et terres nobles; et le règlement promulgué à Lyon par le roi 
en personne le 24 octobre lôSg. Les documents sur cet inci- 
dent de notre histoire provinciale sont si nombreux, Je pour- 
rais môme dire si effroyablement nombreux, que je n'aurais 
pas songé à publier ceux-ci si les 280 signatures autographes 
de gentilshommes qui les accompagnent, ne leur donnaient 
un intérêt et un attrait tout particulier. 

Les gentilshommes lésés par Tarrêt du 3i mai 1634, ^^ 
concertèrent pour en obtenir le redressement ou tout au 
moins la modification, ils nommèrent des syndics au nombre 
de trente-cinq, vingt hommes d'épée et quinze parlementaires 
pour préparer un mémoire destiné à être mis sous les yeux 
du roi. 

Les délégués se réunirent à Valence à la fin de septembre, 
délibérèrent, les hommes d'épée d'un côté et les parlemen- 
taires de l'autre, et préparèrent des articles différents quant 



146 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

à la forme, mais identiques quant au fond. Voici le résumé de 
ceux des parlementaires fi). 

Pour parvenir à Tunion des ordres de cette province et 
rencontrer le soulagement du peuple, Sa Majesté sera très 
humblement suppliée d'accorder les articles suivants : 

1. L'ancienne noblesse de Tune et l'autre robe affranchira 
de la taille tous les biens qu'elle possède actuellement : ses 
fermiers en seront également exempts ; ces terres seront éga- 
lement exemptes si elles passent entre des mains roturières. 
Les biens roturiers acquis à l'avenir par la noblesse paieront, 
au moment de leur acquisition, aux communautés dans les- 
quelles ils sont situés, le sixième de leur valeur en biens fonds, 
destiné à compenser la perte que leur exemption de la taille 
fera subir au peuple. 

2. Seront considérés comme nobles ceux qui possédaient 
la qualité de noble par une possession paisible avant l'arrêt 
de 1634. 

3. Seront considérés comme nobles les anoblis par lettres 
royales dûment vérifiées et les acquéreurs d'offices anoblis- 
sant, avant le i5 avril 1602 Ces deux catégories de personnes 
affranchiront les biens qu'ils possédaient avant 161 5. 

4. Les anoblis par lettres royales et les acquéreurs d'offices 
anoblissants, seront rétablis dans leurs qualités de nobles 
nonobstant tous arrêts et règlements, en payant aux commu- 
nautés la huitième partie des biens qu'ils possédaient au mo- 
ment de leur anoblissement, pour compenser la perte que 
leur fera subir leur exemption de la taille. 

5. Il en sera de même pour les personnes pourvues depuis 
1602 des charges du parlement, de la chambre des comptes, 
présidents et trésoriers généraux des finances, vibailli du 
Graisivaudan et les quatre secrétaires du roi en Dauphiné. 

6. Le roi est supplié d'accorder exemption des tailles aux 
premiers secrétaires du parlement et de la chambre des 
comptes pendant qu'ils exercent leur charge. 

(i) Bibl. de l'Institut, MSS. Godefroy, vol. 96, p. 277-283. 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. 147 

7. D'accorder la même franchise aux anoblis depuis 1602, 
dont les pères sont morts de leurs blessures ou autrement, en 
servant le roi. ' 

8. Les réhabilités depuis 1602 auront les mômes franchises 
que les familles du chef desquelles ils auront été rétablis. 

9. Les bâtards légitimés par lettres ou ceux qui, restant 
seuls de leur famille, auront succédé aux biens de leurs pères 
et les auront possédés noblement, jouiront de la même 
exemption. 

10. Les fommes et veuves nobles demeureront dans les 
mêmes droits quelles que soient les personnes auxquelles 
elles auront été mariées^ soit dans soit hors la province. 

1 1 . Las veuves des officiers roturiers jouiront des mêmes 
privilèges que leurs maris. 

12. Les nobles des provinces voisines jouiront en Dauphiné 
des mêmes prérogatives que la noblesse du pays. 

i3. Sa Majesté députera un commissaire pour faire la liqui- 
dation des indemnités dues aux communautés, d'après les 
articles ci-*dessus, faire cesser les plaintes du peuple et régler 
la forme desdites indemnités à l'avenir. 

14. Ceux qui devront payer lesdits sixième et huitième de 
dédommagement aux communautés ne pourront jouir d'au- 
cun privilège de noblesse avant d'avoir satisfait à ce paiement. 

1 5. Il ne sera dû nul dédommagement pour les fonds reve- 
nant aux nobles par droit de déguerpissement s'ils sont 
albergés ou accensés, mais les communes pourront prendre 
ces fonds de préférence, en payant les arrérages échus. 

16. Les nobles acquérant des fonds roturiers par échange 
les affranchiront de la taille s'ils sont de valeur égale ; si la 
valeur est inégale ils paieront un dédommagement aux com- 
munautés pour le surplus. 

1 7. Les précédents articles çont sans préjudice de ce qui 
aura lieu en Gapençais, Embrunais, Briançonnais et Oisans^ 
où les terres nobles sont cadastrées, si ces cadastres ne sont 
pas devenus caducs. 

2» Série. XXVI» Volume. - 1892. 12 



148 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

18. Ces articles ne feront aucun préjudice à la recherche 
des usurpations de noblesse depuis 40 ans. 

19. Le Roi déclarera que ceux qui ont servi 40 ans à la 
chambre des comptes, bureau des finances et vibailliage du 
Graisivaudan, seront d'ancienne noblesse. 

20. Ceux qui y serviront pendant 20 ans seront déclarés 
nobles, mais devront aux communautés un dédommagement 
pour affranchir de la taille les terres roturières qu'ils possè- 
dent. 

21. Messire Pierre du Gros, fils du président du Gros, as- 
sassiné à Montpellier, sera déclaré d'ancienne noblesse (ij. 

22. La même grâce sera accordée à Jean Francon, auditeur 
des comptes, et Pierre Francon, son fils, conseiller au parle- 
ment, comme ayant succédé à Pierre de Morard, son 
aïeul (2). 

Fait et arrêté à Valence suivant les pouvoirs à nous don- 
nés, le 24» jour de septembre i638. 

Ge document est signé des quinze noms suivants et dans 
Tordre suivant : 

G. Frère (Glaude Frère, seigneur de Beaumont, Pellafol, le 
Touvet, la Bayette, etc., fils de Giraud Frère, anobli en 
1608. Il épousa Marguerite Plouvier, fut conseiller d'Etat, 
premier président du parlement de Grenoble, et mourut 
en 1641). 



(i) Je renvoie pour ce personnage à la Biographie de Rochas et sur- 
tout au XI* vol. de la nouvelle édition de VHistoire du Languedoc de 
dom Vaissette où la mort du président du Gros à Nîmes est contée 
tout au long. Pierre du Gros, son fils, fiit assassiné lui aussi à Va- 
lence, peu de temps après, dans une émeute. 

(a) Jean Francon fut nommé, le ai mars 1604, auditeur des comptes 
en remplacement d'Alexandre de Valernod; Antoine Francon, son fils, 
le remplaça le la février lôay. Pierre Francon, son autre fils, fut 
nommé conseiller au parlement le a a février i6a3, en remplacement 
de Pierre de Gornu. On voit que cela n'est pas parfaitement d'accord 
avec l'article du mémoire ci-dessus analysé qui leur est consacré. 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. 14g 

Cl, de Simune (Claude de Simiane, seigneur de Montbivos, 
fils de Jean-Baptiste de Simiane et de Marie de Portes. Il 
fut nommé conseiller au parlement en 1618, épousa en 
1621 Louise Faure, fut nommé président en 1628 et mou- 
rut en i652). 

Deageant (Guichard Deageant, auteur des mémoires bien 
connus ; nommé premier président à la chambre des 
comptes de Grenoble en 161 9, il résigna son office en fa- 
veur de Salvaing de Boissieu, son gendre, en 1639). 

E. Servibnt (Ennemond Servient, seigneur de la Balme, fils 
d'Antoine Servient et de Diane Bailly. Il épousa Justine 
de Bressac, fut nommé président de la chambre des 
comptes en 1637 et mourut, à 83 ans, en 1679). 

De Saultereau (Guillaume de Sautereau, fils de François de 
Sautereau et de Marie de Gilbert. Il fut nommé conseiller 
au parlement en 161 7, épousa en 1621 Maraude de Sarde, 
fut nommé conseiller au sénat de Savoie en i63o et testa 
en i663). 

Du Gros (Pierre du Gros, fils de Charles du Gros, président 
à la chambre de l'édit, anobli en 1608 et tué à Nîmes en 
1622. Il fut nommé conseiller en 1622, puis président au 
parlement de Dauphiné, épousa Madeleine de Philibert 
de Venterol et fut assassiné à Valence en 1644J. 

Francon (Pierre-François Francon, fils de Jean Francon, 
conseiller au parlement, nommé lui-même conseiller en 
i623). 

C. RousY, Rouss ou Roure (inconnu). 

Robert de Saint-Germain (Pierre Béatrix-Roben de Saint- 
Germain, fils de Pierre Béatrix-Robert, nommé conseiller 
en i63i). 

HuMB. DE Lyonne (Humbert de Lyonne, fils d'Hugues de 
Lyonne et de Laurence d'Hostun-Clavaison ; il fut nommé 
conseiller à la chambre des comptes en 1621 et mourut en 
1682). 

C. DE Chaulnes (Claude de Chaulnes, président du bureau 
des finances du Dauphiné). 



l50 SOCIÉTÉ D*ARGHÉ0L0GIE ET DE STATISTIQUE- 

J. DB Thomé (Jean Thomé, fils de Jean Tbomé, trésorier gé-* 
néral en Dauphiné). 

PouRROY (Philippe Pourroy, fils d'Abraham Pourroy et de 
Marie de Verdonnay ; il épousa Sébastienne de Portes et 
fut avocat général au parlement). 

M. ViAL (Mathieu Vial^ seigneur de Daillon^ fils de Sâmson 
Vial) trésorier de France en Dauphiné). 

GuiGNARD (Jacques Guignard, vicomte de Saint-Priest, sei- 
gneur de Jons, fils de Jean Guignard, échevin de Lyon, 
et de Suzanne du Pin* Né en 1604, il fut d'abord prési- 
dent de la cour des aides de Vienne et mourut président à 
mortier au parlement de Metz). 

Les articles préparés par les vingt commissaires nomméis 
par les gentilshommes d*épée, et que je ne reproduis pas 
parce qu'ils offrent la plus grande analogie avec ceux que je 
yiens d^analyser, sont signés des vingt noms suivants et dans 
Tordre suivant : 

Bressieux (Louis de Grolée-Mévouillon, marquis de Bres- 
sieu, seigneur de Serres et Ribiers, fils de Laurent de 
Grolée et de Marguerite de Saint-Michel; il épousa Mar- 
. guérite de M orges et mourut sans postérité en 1641). 

ViRFviLLE (François de Grolée, marquis de Virivîlle, fils de 
Jacques de Grolée et de Marie d'Urre ; il épousa Jeanne 
de Montaynard en 161 3 ; la terre de Viri ville fut érigée en 
marquisat, en sa faveur, en lôSg). 

De Montbrun (Antoine de Montbrun, fils d'Antoine de Mont- 
brun et de Flore de la Cour ; il épousa Hîlaire du Bourg. 
Ou bien encore Annet de Montbrun, frère du précédent, 
mari de Suzanne de Bectoz). 

Chaste (Charles de Clermont-Chaste, comte de Chaste et de 
Vatilleu, fils de François de Clermont et de Françoise de 
Montmorin ; il épousa en 161 5 Anne de Lattier, dame de 
Vatilleu et mourut en i65o). 

Marcieux (Ennemond Emé , seigneur de Marcieu , fils 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. l5l 

d'Octavien Emé, seigneur de Saint-Julien, et de Diane de 
Montaynard ; il épousa en 1622 Virginie de Montaynard, 
dame de Marcieu). 

Champolléon (Charles Manin, seigneur de Champolléon et 
Orcières, fils d'Aubert Martin et de Madeleine de Bérenger 
du Gua, il épousa Madeleine de Bonne). 

Db Motet (Charles du Motet, fils de Charles du Motet et de 
Tune de ses deux femmes Alix Stuard ou Hippolyte 
Emé; il se maria lui-même deux fois avec Claudine 
d'Arzac de Savel et Alix de Briançon de Varces). 

BoYFFiN (Je ne vois pas quel peut être ce personnage sinon 
Jean de Boffin, fils de Fellicien de Boffin et d'Urbaine des 
Vache, qui épousa Olympe de Morges ; ou bien encore 
son cousin Félicien de Boffin, seigneur d'Uriage, fils de 
Thomas de Boffin et d'Ennemonde Bouvier qui épousa 
Jeanne de la Croix de Chevrièresj. 

Sainct-Savin (Jean-Ennemond de Menon, seigneur de Saint- 
Savin , fils de Jean-Ennemond de Menon , seigneur 
d'Almassières, et de Bonne de Maubec' Il épousa en i63o 
Louise de Buffevent, dame de Ville sur Saint-Savin). 

Sainct^Auban (Guy Pape, seigneur de Saint-Auban, fils de 
Jean Pape et de Lucrèce de Perez; il épousa en 1604 
Marie des Massues-Vercoiran), 

MoNTHÉLiER (Autoine de Sassenage, seigneur de Montelier, 
fils d'Antoine de Sassenage et d'Antoinette de Fay; il 
épousa Esther de Beaumont des Adrets). 

Vallantier (Jean-François Pascal, seigneur de Vallentier, 
fils de Jean Pascal et d'Angèle du Motet; il épousa 
Anne Prunier). 

Vallin (Jean de Vallin, seigneur de Cornillon, fils de 
Claude de Vallin et d'Anne de Rochemol ; il épousa en 
1627 Catherine Clément de Bressieuj. 

MoRGEs (Jean-Balthazard de Morges de Moustiers, seigneur 
de Ventavon, fils de Jacques de Morges et de Suzanne de 
Moustiers, dame de Ventavon. Il épousa en premières 



l52 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

noces Blanche de Vieux et en deuxième Louise de 
Ponnat). 

De la Blache (Joachin Falcoz , seigneur de la Blache et An- 
jou, fils d'Aymar Falcoz et de Louise de Vallin; il épousa 
en 1616 Isabeau de Fay de Gerlande et testa en 1647). 

La Bastie (Charles-André de Marnais, fils d'Antoine de 
Marnais et de Claudine de Saint-André, dame de La 
Bâtie. Il fut anobli en 1629, fut major de Strasbourg, 
où il mourut vers 1680). 

Bardonenche (André de Bardonenche, seigneur des Te- 
neaux, fils de Jean de Bardonenche et de Jeanne de 
Revillasc; il épousa en 1624 Ennemonde de Renard). 

Armand (Antoine d'Armand, seigneur du Grisail, fils de 
David d'Armand ; il épousa en 1640 Louise de Veynes- 
Chéchilliane). 

De Lamorte (Alexandre de la Morte, seigneur de Malissoles, 
gentilhomme de la chambre du roi et maréchal de 
bataille; il était fils de Jean de la Morte, trésorier des 
guerres, anobli en 1606. Il mourut en i65i]. 

Vallambert (Je n'ai trouvé aucun renseignement sur ce 
personnage qui ne devait pas être cependant le premier 
venu puisque à la suite de son nom il ajoute le titre de 
secrétaire de Tordre de la noblesse). 

Deux mois après les deux actes que je viens d'analyser, 
toute la noblesse du Dauphiné fut invitée à se réunir à 
Grenoble ; elle approuva les démarches faites en son nom 
par ses trente-cinq délégués et qui avaient eu pour résultat 
la nomination du conseiller Laine, comme commissaire; 
avant de se retirer elle adressa au cardinal de Richelieu la 
lettre suivante. Elle est écrite en tête d'un cahier.de grand 
format et à la suite 245 gentilshommes ont apposé leur 
signature autographe. Les maisons nobles représentées par 
des femmes ou des mineurs étant mises à part, on peut 
affirmer que ces signatures sont celles de la très grande 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. I 55 

majorité des familles dauphinoises, qui jouissaient en i638 
dans notre province d'une certaine fortune et d'une certaine 
situation sociale. 

Il y avait donc un intérêt évident à retrouver Tétat civil, si 
je puis me servir de ce mot, de ces 245 signatures. Six sont 
à peu près indéchiffrables ; six appartiennent à des person- 
nages que je n'ai pu identifier. Pour les 234 autres je crois, 
après des semaines et des mois de recherches, être parvenu 
à résoudre avec une suffisante précision le petit problème 
posé par chacune d'elles. 

J'aurai désiré pouvoir reproduire par l'héliogravure toutes 
ces signatures, elles auraient constitué une curieuse collec- 
tion d'autographes, mais j'ai dû reculer devant les frais 
considérables d'une pareille reproduction. 

Voici d'abord le texte de la lettre (i), puis suivent les 
signatures, non pas dans l'ordre adopté par les signataires, 
mais en suivant l'ordre alphabétique. 

« Monseigneur, si la noblesse du Dauphiné n'eut obtenu 
de la bonté de Vostre Eminence, la grâce qu'elle luy a faite 
d'envoier un commissaire dans la province pour en voir Tes- 
tât, le sujet de sa douleur et de ses plaintes eut toujours esté 
incroiable, puisque les intentions du Roy et de Vostre Emi- 
nence n*ont jamais esté, non seulement qu'elle fût réduite au 
poinct de persécution et de désolation où elle se trouve, mais 
aussi qu'elle fût troublée et maltraitée. Nous espérons. Mon- 
seigneur, de la probité de monsieur Layné, que Vostre 
Eminence a choisi pour luy en faire le fidèle rapport, qu'elle 
apprendra de sa bouche la vérité et la justice de nos droicts, 
le tort qui nous a esté faict par les arrests du conseil, et 
combien de familles sont, ou privées de l'honneur de ceste 
qualité, comme criminelles de lése-majesté sans avoir failli, 



(i) Elle est conservée dans les Archives du ministère des aftaires 
étrangères, France, 1,546, p. 3i3 et suivantes. 



i54 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

ou e:[^posées à la merci de ceux qui, estans leurs juges et 
leurs parties, n'ont pour objet que leur entière destruction. 
Vostre Eminence, Monseigneur, sçaura aussi par luy que« 
contre les volontés du Roy et les vostres, nos parties, enflées 
des avantages qu'elles ont reçeu, se sont randues opiniastres 
à toutes les semonces qui leur ont esté faictes de terminer les 
différens par des ezpédiens raisonnables. Ceux, Monseigneur, 
qui pour des considérations, lesquelles nous sont inconnues, 
les ont protégé, et conjuré nostre ruine, ont pris le prétexte 
spécieus de la seureté des tailles du Roy et du soulagement 
du peuple ; mais, Monseigneur, nous estimons d'avoir fait 
connoitre audict sieur Layné qu*en efifect le peuple w peut 
estre soulagé par cette nouvauté et que les tailles en sont 
moins assurées. Et toutesfois, Monseigneur, dans l'oppres* 
sion que nous souffrons, le mal qui nous en arrive est si 
grand qu'il attire la perte entière de l'ordre et le met en estât 
de ne pouvoir jamais randre les devoirs et les services 
ausquels ceux qui les composent sont obligés par leur 
naissance et par leur désir. Leurs devanciers. Monseigneur, 
les ayans tousjours paie de leur sang, ils se promettent de la 
magnanimité de Vostre Eminence qu'elle ne souffrira point 
que l'honneur de cette glorieuse contribution luy soit osté ; 
et à ceste fin ils espèrent de sa protection et de sa justice 
que, les faisans remettre en leur première estât, elle les 
réservera pour quelque occasion en laquelle ils puissent 
mériter la continuation de leurs franchises, le nom et la 
qualité, Monseigneur, de vos très humbles, très obéissans et 
très obligés serviteurs. De Grenoble, le XX novembre i638. 

AiGUEBBLLE (Etienne d'Aiguebelle, seigneur de Montgardin, 
fils d'Antoine d*Aiguebelle et de Lucrèce de Baschy. Il 
épousa Françoise de Moreton de Chabrillan). 

Armànès (Jean Blanc de Blanville, seigneur d'Armanais). 

AspRES (François de Revillasc, seigneur d'Aspres et de 
Chabestan, fils de Guy de Revillasc et de Laurence dç 
Ricou, mari de Diane de Ponnat). 



AUTOORAPHBS DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. l55 

De Baoars (Abel de Bagard, fils d'Isale de Bagard et de 
Louise Ysoard, mari de Marie de Vulson). 

De la Balme de Mars (Ennemond de la Balme, seigneur de 
la Balme de Mars et Montchalin, fils d'Etienne de la 
Balme et de Jeanne de Moirans, mari d'Anne Doncieu). 

Bannes (Jacques de Bannes, capitaine, fils de Jean de 
Bannes et mari de Louise Bayle). 

Bannette-Déageant (Guichard Déageant, seigneur de Ban- 
nettes, fils de Guichard Déageant, président de la chambre 
des comptes et d'Elisabeth Toulouse). 

Barjact (Claude de Barjact, fils de Bernard de Barjact et 
d'Anne de Rochefort; il épousa en 1 617 Antoinette de 
Pélissat). 

La Bastie Mont Saléon (Gaspard Flotte, seigneur de la 
Bâtie-Mont-Saléon, fils d'Antoine Flotte et d*Honorade- 
Adhémar de Monteil de Castellane, mari de Marguerite 
de Saint-Germain). 

Battines (Jean Colomb, sieur de Batines à la Roche des 
Arnauds, fils de Jean Colomb). 

De Bazbmont-Fiansayes (Louis de Basemont, seigneur de 
Fiançayes, fils de Richard de Basemont et de Françoise 
Odoard, dame de Fiançayes ; il épousa Léonor Emé de 
Saint- Julien). 

De Béegues (Pierre de Grimaud, seigneur de Béégues, fils 
d'Annibal de Grimaud et de Jeanne Béatriz-Roben ; il 
épousa en premières noces Anne de Guminet en secondes 
Charlotte de Rivoire). 

Beins (Jean de Beins, ingénieur géographe du roi, anobli le 
2S octobre 161 2. Il avait alors 22 ans de services mili- 
taires et avait été plusieurs fois blessé). 

Bellegarde (Marc de Vachon, seigneur de Bellegarde, la 
Madeleine et Veurey, fils de Jean de Vachon et de 
Méraude de Belliévre; il épousa en 1584 Isabeau de 
Chintré et testa en i658). 

Belmont (Artus de Vachon, seigneur de Belmont, fils de 



i56 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

François de Vachon et d'Anne Rabot ; il épousa en 1601 
Antoinette de Cognoz et testa en 1649J. 
A. LE Blanc (Abel Le Blanc, seigneur du Percy, fils de 
Jean Le Blanc, capitaine des gardes de Lesdiguières et 

de Marie GoufFet; il épousa Madeleine de Villeneuve). 
Blanieu (Horace du Rivail, seigneur de Blanieu et Argen- 

tenant, fils naturel légitimé de Guillaume du Rivail). 
De Blanville (Aymar Blanc de Blanville, fils de Jacques 

Blanc et de Louise de Virieu ; il épousa Marie de Prunier 

de Lens et mourut en 1667). 
Blosset (Antoine de Blosset, fils d'Antoine de Blosset et de 

l'une de ses deux femme$ Alix de Bonne ou Anne de 

Chypre), 
BoFFiN (Thomas de Boffin, seigneur de Montalin et d'Ar- 

genson, fils de Félicien de Boffin et d'Urbaine du Vache ; 

il épousa Lucrèce de Marrel et mourut vers 1660). 
Boissieu-Montmeillan (Aymar de Salvaing de Boissieu , 

seigneur de Montmeillan, fils de Charles de Salvaing et 

de Charlotte d'Arces ; il épousa Anne de Paviot). 
De Bonnet (Honoré du Bonnet-Finé, conseiller au parle- 
ment, mari d'Antoinette Nicoud, fils de Charles du 

Bonnet-Finé, seigneur de La Bâtie des Vigneaux). 
BoNNiOT (Antoine Odde de Bonniot, seigneur du Roux, fils 

de Jean Odde de Bonniot et de Louise de Roux ; il épousa 

sa cousine Claudie de Bonniot). 
BoNREPOs (Guillaume Armuet, seigneur de Bonrepos, fils 

de Louis Armuet et de Françoise de Saint-Marcel 

d'Avançon ; il épousa en 1623 Catherine de Loras). 
BoNSES (Antoine de Vavré, seigneur de Bonses, fils de 

François de Vavré et de Marguerite de Garnier, et mari 

d'Anne Blanc de Blanville). 
Bourg de Size (Melchior de Bernard, seigneur du Bourg 

de Cize). 
BouviER-MoNTMÉRAN (Pierre de Bouvier, seigneur de Mont- 

meyran, fils de Pierre de Bouvier et de Claudie de 

Brunier ; il épousa Catherine Ferrand-Teste). 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. I b') 

Bouvières. 

BovYÈREs (Ces deux signatures sont probablement celles de 
Henri du Pillon, seigneur de Bouvières, fils de François 
du Pillon et d'Isabeau de Reynier, et de Laurent du 
Pillon, son fils, qui épousa une demoiselle Emé de 
Marcieu). 

Boysieus-Salvàin (Denis de Salvaing de Boissieuz, fils de 
Charles de Salvaing et de Charlotte d'Arces ; né en 1600, 
nommé président de la chambre des comptes, il épousa 
en premières noces Elisabeth Déageant et en deuxième 
Elisabeth du Fay de Villers et mourut en i683). 

Brémond (Noël Brémond, d'abord secrétaire de Lesdiguières, 
puis commissaire général de l'intendance, anobli en 1601 
et secrétaire du parlement en 1602). 

La Bretonnière (Bertrand de Clermont-Chaste, seigneur 
de la Bretonnière, fils d'Aymar de Clermont-Chaste et de 
Madeleine-Françoise d'Hostun-CIavaison ; il épousa en 
1609 Jeanne Faure). 

Brousbouschet (Jean de Valernod, seigneur de Brousbouchet 
et du Fay, fils d*Alexandre de Valernod et de Sébastienne 
de Garagnol ; il épousa en 1604 Louise de Lyonne). 

Brullon-Deageant (Jean Roux-Déageant, seigneur de Bru- 
Ion, fils de Guichard Déageant et d'Elisabeth Toulouse). 

De By (Gabriel de Vallier, seigneur de By, fils de Gaspard 
de Vallier et de Sébastienne de la Poype). 

De Calignon (Alexandre de Calignon, seigneur de Peyrins, 
fils de Soffrey de Calignon, chancelier de Navarre et de 
Marthe du Vache. Il épousa Isabeau de Rosset et mourut 
en 1645). 

De Calignon (Pierre de Calignon, seigneur de Laffrey, fils 
de Louis de Calignon et de Sébastienne de Rivière ; il 
épousa Louise de Portes et mourut vers i65o). 

La Cardonnière (Balthazard d'Arsac, seigneur de la Car- 
donnière, commandant général de la cavalerie de France ; 
fils de Jacques d'Arsac et de Suzanne de Bourges, il vivait 
encore en 1666). 



i58 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Là Cardonnière (Antoine d'Arsac de la Cardonnière , 

seigneur de Savel, frère du précédent ; il épousa Margue- 

rite'de Fusier). 
La CARi>ONNii:RE (Pierre Bernard, coseigneur de la Cardon- 
nière, anobli en 1609). 
De Cassar (Isaie de Cassard, fils de César de Cassard et de 

Lucrèce de Ponnat ; il épousa Claudine de Maniquet et 

mourut en 1670). 
Chabanes (Sans doute un membre de la famille de Château- 
vieux qui possédait la seigneurie de Cabanes qu'on trouve 

aussi écrit Chabanes). 
Chabbstan (Hercule de Chabestan, coseigneur de Chabestan, 

fils de Gaspard de Chabestan et de Claudine de Sibeud ; 

il épousa Madeleine de Perdeyer). 
Chabons (François Gallien, seigneur de Rives et de Chabons, 

fils de François Gallien et de Marguerite Besson ; il 

épousa Diane de Poterlat de Saint- Ange). 
Chaboud (Louis Chaboud, avocat du roi au parlement, fils 

d'Ennemond Chaboud et d'Anne de Briançon). 
Chabrillan (Antoine de Moreton, seigneur de Chabrillan, 

Ourches, Saint-Gervaîs et Saint- Paul, fils de Jacques de 

Moreton et de Guigone d'Urre; il épousa Isabelle de 

Chapponay et mourut en 1667). 
Chambérans (François de Chambéran, fils de Jean de Cham* 

béran et d'Antoinette de Poligny, et mari de Virginie de 

Baile d'Aspremont). 
Chambrier (Jacques de Chambrier, fils de Jean de Chambrier 

et de Laurence Bectoz ; il épousa Jeanne de Charanson- 

nais). 
Chamon (Gaspard de Chivalet, seigneur de Chamond, fils de 

Pierre de Chivalet ; il épousa Jeanne de Vallier de 

Rosset). 
Chamoussières (Soffrey de Calignon, seigneur de Chamous- 

sières, fils de Jacques de Calignon et mari de Jeanne de 

Francon). 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. iBg 

Champiés (Claude-Jérôme Alleman, seigneur de Champier et 

de la Levratière, fils de Gaspard Allemand et de Jeanne 

de Loras-Montplàisant ; il épousa en 1648 Jeanne de 

Chapponay). 
Champflori (Charles de Roux, seigneur de Champfleuri, fils 

de Guy de Roux et de l'une de ses deux femmes 

GeneviëYe Manuel et Jeanne de Garcin ; il épousa 

Anne Borel). 
Db Champsaux-Menon (Jean de Menon*, seigneur en partie 

du Champsaur, fils d'Ennemond de Menon et de Louise 

de Boffin; il fut d'abord chanoine à Grenoble, puis 

épousa en i638 Antoinette de Rives). 
De Chanterel-Rosillhon (Charles de Chanterel, seigneur 

de Roussillon, fils de Pierre de Chanterel, seigneur de 

Villaret et d'Emeraude Garcin ; il épousa Jeanne Emery). 
La Charge (César de la Tour-Montauban, marquis de la 

Charce, fils de René de la Tour-Gouvernet et d'Isabeau 

Artaud de Montauban ; il épousa en premières noces 

Claudie de Ginestous, en secondes Françoise de Soissans 

et mourut en 1646J. 
Charenc (François de Reynier, seigneur de Charens, fils de 

David de Reynier, d'Upaix). 
De Charency (Gaspard de Charency, fils de Guillaume de 

Charency, conseiller au parlement ; il épousa Marguerite 

Vivier). 
Chastelard-Banneron (Je n'ai aucun renseignement sur ce 

personnage). 
Chatelard (Antoine du Châtelard, mari d'Isabeau de Thi- 

voley). 
Chastelard (Hugues du Châtelard, seigneur de Serezin, fils 

de Georges du Châtelard et mari de Louise Cachard). 
Chatronière (Gaspard de Bertrand, seigneur de la Chatron- 

nière). 
Chaylar (Pierre Sauvain, seigneur du Cheylar, fils de Pierre 

Sauvain et mari de Jeanne de Grasse). 



l60 SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

Chimillin (François Gratet, seigneur de Chimilin, ou Pierre 
son fils, seigneur de Faverges et de Chimilin^. 

La Cizerane (Ennemond de Chastaing, seigneur de la 
Sizeranne, fils de Louis de Chastaing et de Jeanne de 
Grégoire). 

Clavezon (Florisel d'Hostun-Clavaison, seigneur de Mer- 
curol, fils de Charles d'Hostun et d'Elisabeth de Beauf- 
fremont, né en 1575 ; il épousa en 1602 Jeanne d'Apchon). 

Glavesons (Sébastien de Lyonne, marquis de Clavaison, fils 
d'Hugues de Lyonne et de Laurence d'Hostun-Clavaison ; 
il épousa Catherine Béatrix- Robert). 

Clelles (Laurent de Thiennes, seigneur de Clelles, fils 
d'Antoine de Thiennes et de Geneviève de Theys ; il 
épousa Marguerite de Montauban). 

Clément de Bressieu (Laurent Clément, seigneur de Bres- 
sieuz, fils d'Abraham Clément et de Françoise de Mont- 
faucon ; il épousa Gabrielle de Roux). 

De Comps (Charles-René de Vesc, seigneur de Comps, fils 
de Marin de Vesc et de Françoise d'Alric : il épousa en 
i6ï2 Geneviève d'Agoult et mourut en 1645). 

CoT (Charles Coct, fils de Philippe Coct et de Marie Cornu ; 
il épousa en premières noces Louise Aymar et en 
deuxième Catherine Civet). 

{A suivre) 

J. ROMAN. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. l6l 




COLLECTIOiEUB 

AU XVII' SIÈCLE 




L'Abbé de Lesseins et sa Galerie 

(Suite. — Voir les 97*, 98* et loo» livraisons). 



Un paysage et une femme, sur bois, d'un pied de long 
et huit pouces de large, avec son cadre doré, fort endom- 
magé. 

Diane et son carquois, sur cuivre, de huit pouces de 
haut sur un pied de long, avec son cadre doré, un peu en- 
dommagé. 

Un Satyre qui enlève une femme, avec un homme der- 
rière portant une corbeille sur la tête, de quatorze pouces 
de haut sur un pied de large, avec son cadre doré, en assez 
bon état. 

Un tableau représentant des singes, fait par Ténier, de 
huit pouces de haut sur six de long, avec son cadre doré, 
un peu endommagé. 

Une femme et un Satyre qui tient un fouet à la main, sur 
du bois, d^un pied de haut sur quatorze pouces de long, 
avec son cadre doré, en bon état. 

Un guerrier et une femme, au crayon, sur du carton, 
de huit pouces de haut sur un pied de long, avec son 
cadre doré, en assez bon état. 

Un Amour ailé de blanc, qui tourne le dos, de six pou- 
ces de haut sur un pied de long, avec son cadre doré, le 
tout endommagé. 



l6'i SOCIÉTÉ d'âRCHÉOLOOIE et de STAtlSTIQUE. 

Un tableau représentant les Parques, de sept pouces de 
haut et demi pied de large, avec son cadre doré, un peu 
endommagé. 

Vénus qui fouette son fils, sur bois^ de demi*^pied de 
haut et trois pouces de large, avec son cadre doré. 

Diane qui veut se baigner, de sept pouces de haut et 
huit de long, en miniature, avec son cadre doré, un peu 
endommagé. 

Quatre estampes enluminées, dont il y en a trois qui 
ont des cadres dorés, un peu endommagés, et Tautre sans 
cadre, blanchis. 

Quatre marines servant de frise au cabinet, avec des 
cadres de bois^ 

Un vaisseau, sans cadre. 

Six tableaux de six villes des Pays-Bas, avec leurs ca- 
dres de bois blanchi. 

Dans la chambre à coucher du feu seigneur Abbé : 

Un tableau représentant TAdoration des Rois, de deux 
pieds en carré, avec son cadre doré, endommagé. 

Une Descente de Croix, sur du bois fendu en deux en* 
droits, de deux pieds et demi de hauteur et un pied et 
demi de large, avec un vieux cadre doré« 

La Fuite en Egypte, de deux pieds de haut sur deux et 
demi de large, avec son cadre doré, en bon état. 

Une Nativité en ovalet sur bois, avec son cadre doré^ en 
bon état. ♦ 

L'Exposaliste [sic) de sainte Catherine (i), d'un pied et 
demi toute carreur (^fc),avec un cadre doré, endommage. 

Quatre petits tableaux de la Vierge, avec leur cadre doré^ 

en bon état. \ 

. 1 

(i) Les fiançailles ou épousailles, en latin sfonsalitia. Il 8*agit ici de 
sainte Catherine de Sienne. (Voir sa légende.) 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. l63 

Une Vierge en rond, enluminée, sur du bois, avec son 
cadre doré, en bon état. 

Une petite tête, avec son cadre doré, en assez bon état. 

Deux petits tableaux sur velin, à bordure de cuivre, re- 
présentant, Tun l'Enfant Jésus couché sur une croix, et 
l'autre, la Vierge, son Fils et saint Joseph. 
(. Un Saint Suaire de Besançon, avec son cadre doré, en 
bon état. 

Deux tableaux de vases de fleurs, sur du carton enlu- 
miné, avec leur bordure de paille. 

Deux têtes de femmes, avec leurs cadres dorés, en assez 
bon état. 

Deux autres têtes, une d^enfant peinte à Taiguille, et 
l'autre d'une femme, en esqui(sse) sur du papier, avec 
leurs cadres dorés, en assez bon état. 

Une Magdeleine et deux anges sur cuivre, avec son c^- 
dre doré, en bon état. 

Un autre petit tableau représentant des joueurs, sur 
cuivre, avec son cadre doré, aussi en bon état. 

Deux autres petits tableaux, l'un représentant un joueur 
et une vielhe {sic) (i), et l'autre, des Auteurs, avec leurs ca- 
dres dorés, en bon état. 

Deux paysages flamands, sur cuivre, de treize pouces de 
large chacun, sur dix pouces de haut, avec leurs cadres 
dorés, en bon état. 

Deux autres paysages, sur du bois, dt dix pouces de 
large chacun sur huit de haut, avec leurs cadres dorés, en 
bon état. 



(i) On ne saurait dire s^il s^agit ici d'une vieille femme ou de Tinstni- 

ment appelé vielUf dont se serait servi le joueur. L'équivoque est com- 
plète. 

2« SÉRIE. XXVP Volume. - 1892. 13 



164 SOC[ÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE.' 

Trois miniatures, dont deux sont bordées avec des 
cadres dorés, en assez bon état, et l'autre avec d'ivoire. 

Une marine, de deux pieds de large sur quinze pouces 
de haut, avec son cadre doré, en bon état. 

Un paysage en petit tableau rond, avec son cadre doré, 
endommagé. 

Le portrait du seigneur Evêque de Valence (i), en ovale, 
avec son cadre doré, en bon état. 

Le portrait du seigneur comte de Lionne, premier 
écuyer du Roi, en ovale, avec son cadre doré, en bon état. 

Un portrait de femme, aussi en ovale, avec son cadre 
doré, en bon état. 

Un autre portrait de femme, ovale, sur un cadre carré, 
doré, en bon état. 

Le portrait de feu Monsieur Tabbé de Lesseins, en es- 
tampe, avec une belle bordure dorée, et son couronnement 
aux armes dudit seigneur abbé (2). 

Trois petits portraits dudit feu seigneur abbé de Les- 
seins, en estampe, avec leurs cadres dorés, neufs. 

Dans Vantichambre : 

Six vieux portraits de famille, sans bordure. 

Dix autres vieux portraits de famille, sans bordure. 

Le portrait du roi Henri IV, sans bordure. 

Le portrait du roi Louis XIII, sans bordure. 

Le portrait de la reine Marie de Médicis, aussi sans bor- 
dure. 



(i) Guillaume Bochard de Champigny, évêque de Valence de 1688 à 
1705. 

(a) Les armes de l'abbé de Lesseins étaient: partie au i*' de gueules à 
la colonne d^ argent, au chef df'azur chargé d'une lionne passante d'or, qui 
est de Lionne ; au a* de gueules à la bande d'or^ chargée de trois clefs de 
sable, qui est de Claveyson ; Técu sommé d'une mitre et d'une crosse. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. l65 

Le portrait du Roi, en enfant, sans bordure, et cinq au- 
tres portraits, aussi sans bordure. 

Les portraits des Quatre Saisons, en fruits ouvragés, 
sans bordure. 

Un portrait appelé Baliesque de Flandre (^fc),aussi sans 
bordure. 

Le portrait d'un bosson {sic\ de même aussi sans bor- 
dure, étant tous les susdits portraits vieux, et pour la plu- 
part endommagés. 

Un tableau en estampe, représentant la Cène, de quatre 
pieds et demi de hauteur sur trois pieds de large, avec son 
cadre de bois. 

Un tableau représentant TAdoration des Rois, de cinq 
pieds de haut et autant de long, sans bordure. 

Un autre tableau représentant la Sainte Famille, de qua- 
tre pieds et demi de haut sur trois et demi de large, avec 
une vieille bordure de bois peint. 

Un autre tableau représentant Molfé (Morphée), de 
six pieds et demi de haut sur huit et demi de long, avec 
son cadre doré, en assez bon état. 

Un autre tableau que Ton croit représenter le Combat 
des Lapithes, où Ton voit un roi égorgé, de cinq pieds de 
haut sur dix et demi de long, avec une bordure de bois 
peint. 

Deux estampes représentant. Tune un jeu de flamand 
jouant et fumant, et l'autre un bal de village. 

Quatre estampes représentant les Quatre Fins de l'hom- 
me, collées sur de la toile, de trois pieds de long sur deux 
pieds de haut, avec leurs cadres de bois peints en porce- 
laine. 

Une autre estampe représentant la Descente de la Croix, 
de deux pieds de haut sur quatre pieds de long, collée sur 
de la toile, avec un vieux cadre de bois. 



i66 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Une autre estampe représentant le Massacre des Inno- 
cents, collée sur de la toile, de trois pieds de long sur 
deux pieds de large, avec un vieux cadre de bois. 

Dans une chambre à droite^ en montant de la chapelle^ 
(au milieu d'objets de rebut) : i 

Un vieux tableau, troué en plusieurs endroits, repré- 
sentant un paysage, de deux pieds de haut et cinq pieds 
de large, avec un méchant cadre de bois. 

Dans une autre chambre à côté : 

Un vieux tableau, sans cadre, représentant une gerbe 
d^eau. 

Dans le petit garde-meuble qui est au galetas : 

Un vieux tableau, sans cadre, représentant le feu sei- 
gneur de Lionne, évêque de Gap, de deux pieds de large 
sur trois de long. 

Un autre vieux portrait d'une dame, sans cadre, de 
trois pieds de haut sur deux et demi de large. 

Un autre vieux tableau d'un Satyre, avec un méchant 
cadre de bois, de trois pieds de large sur un pied et demi 
de haut. 

^ans la galerie qui est contre les Pères Cordeliers : 

Quatre grands tableaux représentant les Quatre Saisons, 
de six pieds de haut sur sept et demi de long, avec leurs 
cadres vernis de blanc et dorés le chacun en huit endroits, 
en très bon état. 

^ans un cabinet joignant une chambre du même côté : 

Une estampe représentant la Pêche des Apôtres, sans 
cadre. 

Dans la chambre du sieur Chamtaud (maître d'hôtel de 
l'abbé de Lesseins), ou des provisions^ à côté de Voffice : 

Huit estampes représentant des paysages, mises enrou- 
lées, que ledit sieur Chambaud a dit que ledit feu seigneur 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. [67 

abbé lui avait données, et qu'il a, du depuis, fait garnir 
sur de toile. 

Deux autres estampes représentant St-Omer et la cita- 
delle de Cambrai, sur du carton. 

§ II. — AU CHATEAU DE TRIORS 

A la petite chambre appelée la Chambre Blanche, qui 
a son entrée du côté de la cuisine : 

Un tableau représentant une Descente de Croix, d'un 
pied et demi de haut sur deux pieds de long, avec une 
vieille bordure dorée. 

Un Crucifix sur bois, de deux pieds de haut et un de 
large, avec une vieille bordure noire. 

Le portrait du Roi en enfant, avec un cadre de bois 
peint. 

Un autre portrait de M. le jeune comte de Lionne, avec 
un Maure et un chien, avec son cadre de bois peint. 

^ans une autre chambre à côté^ n^ 6 : 

Un tableau représentant la Vierge et son Enfant Jésus, 
d'un pied et demi de haut et de deux pieds de large. 

Un autre tableau représentant la Sainte Vierge et TEn- 
fant Jésus, de deux pieds de haut sur un pied et demi de 
large, avec un vieux cadre doré. 

Un autre tableau représentant S. Pierre en pied, de 
deux pieds de haut sur un pied et demi de large, sur du 
bois, comme le précédent, avec une vieille bordure dorée. 

Un autre grand tableau sur la cheminée représentant la 
déesse Flore et des petits Amours se jouant avec des 
fleurs, de trois pieds de hauteur sur cinq pieds de large, 
avec un vieux cadre de bois peint. 

Quatre petites pièces de paysages sur toile, de deux 



i68 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

pieds de hauteur et deux d'un pied de large et les deux 
autres de demi-pied. 

Dans le grand salon à dôme : 

Un tableau, qui est au haut du dôme, représentant des 
Marmousets. 

Un grand tableau représentant le Festin du Pape, de 
trois pieds de haut sur cinq de long, avec son cadre doré, 
en assez bon état. 

Un autre tableau représentant une Marine, avec son 
cadre doré, de deux pieds de haut sur quatre de long, 
aussi en bon état. 

Un portrait du Roi, en estampe, avec son cadre doré, 
en assez bon état. 

Un portrait de la feue Reine (i), avec son cadre doré, 
d'un pied et demi de haut sur quinze pouces de large, de 
même que Testampe du Roi, aussi en bon état. 

Un portrait de quinze pouces de haut sur douze de 
large, avec un vieux cadre doré, fort usé. 
■ Un tableau représentant une Tête, d'un pied de haut 
sur huit pouces de large, avec son cadre doré, fort usé. 

Dans la chambre de VOrangerie : 

Tableau des Quatre Saisons, en détrempe, servant de 
frise, de trois pieds de haut sur quatre et demi de long le 
chacun, avec un cadre en bois peint. 

Un autre tableau représentant une Danse d'enfants, de 
deux pieds et demi de haut sur six de long, avec son cadre 
aussi de bois peint. 

Un autre tableau représentant un Jeu d'enfants, de deux 
pieds et demi de haut sur six pieds de long, avec un cadre 
de bois peint. 



(i) Marie-Thérèse d'Autriche, femme de Louis XIV, d^cédée le 30 juillet 
1683, à Tâge de 45 ans. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. ibg 

Deux autres tableaux représentant chacun une Chasse, 
de trois pieds de haut sur quatre et demi de large, avec 
leur cadre de bois peint. 

Un tableau représentant VEcce Homo^ de deux pieds 
de long sur un pied et demi de large, avec un cadre noir 
fort usé. 

Dans une petite chambre^ à côté du salon : 

Un tableau représentant la Femme Adultère, en dé- 
trempe, sans bordure, de trois pieds de haut sur trois et 
demi de long 

Trois tableaux de trois Papes, avec leur bordure de 
bois peint. 

Un petit Crucifix en estampe, de huit pouces de haut 
sur cinq de large, avec un cadre doré, mi-usé. 

Dans la chambre du billard : 

Un tableau sur la porte, représentant les Douze Heures, 
précédées par TAurore, de trois pieds de haut sur six et 
demi de long, avec son cadre doré, le tout plus que demi- 
usé. 

Dans le plafond de la chambre est un grand tableau 
représentant des Tritons et des Amours, de douze pieds 
de long sur six de large, avec une bordure de bois peint. 

A la vieille salle d^en haut qui communique avec la 
grande salle : 

Un tableau représentant l'Embrasement de Troies, de 
trois pieds de haut sur quatre de long, sans bordure, 
attaché sur la cheminée avec du plâtre. 

Un petit tableau, en forme de prie-Dieu, représentant 
S. Bruno, rompu et en méchant état. 

Dans la petite chambre^ à côté de la susdite : 

Un tableau aux armes de la maison , sans cadre, 
rompu au milieu et endommagé, de la hauteur de quatre 
pieds et autant de large. 



170 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Un autre tableau vieux et rompu, sans cadre, repré- 
sentant une jeune Demoiselle tenant d'une main son panier 
de roses, et (de l'autre), une fleur de rose, de quatre pieds 
de hauteur sur trois de large. 

Dans la chambre qui fait suite à celle du Parquet : 

Un tableau représentant le Temps, un jeune homme à 
genoux devant Flore, Bacchus qui dort, un vieillard qui 
se chauffe, avec une bordure de bois peint en porcelaine, 
de quatre pieds et demi de haut sur six de large. 

Un autre tableau représentant S. Antoine tenté par 
une femme, de six pieds de long sur quatre de large, avec 
sa bordure de bois peint. 

Dans la grande salle n^ 26 : 

Le portrait du Roi, à cheval, de dix pieds de haut sur 
huit de large, en assez bon état, avec un vieux cadre doré. 

Le portrait de la Reine de Sicile, de quatre pieds de 
haut sur trois de large, avec son cadre doré, en assez bon 
état. 

Un tableau représentant un Festin, de quatre pieds et 
demi de haut sur trois de large, avec son cadre doré, un 
peu endommagé. 

Un portrait de feue Madame la marquise de Claveyson, 
de cinq pieds de haut sur trois et demi de large, avec son 
cadre doré, le tout en bon état. 

Un autre tableau représentant sainte Cécile, de quatre 
pieds de haut sur trois de large, avec son cadre doré, en 
bon état. 

Un cadre doré, de quatre pieds et demi de haut sur 
trois et demi de large, sous lequel était une Flore, qui a 
été inscrite dans les tableaux de la maison de Romans. 

Un tableau représentant Lucrèce avec son poignard, 
troué de la longueur d'un doigt, avec son cadre doré en 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. I7I 

assez bon état, de deux pieds et demi de haut sur deux de 
large. 

Le portrait d'une Femme qui tient une plume à écrire, 
avec un cadre doré, de deux pieds de haut sur un pied et 
demi de large, le cadre endommagé. 

Le portrait d'une Magdeleine, fort endommagé et rompu, 
de deux pieds et demi de haut sur deux de large, avec son 
cadre doré, un peu endommagé. 

Un vieux portrait d'une Vieille, avec son cadre doré, le 
tout endommagé. 

Un tableau représentant la Sainte Famille, de cinq 
pieds et demi de haut sur quatre de large, avec son cadre 
doré, endommagé, et le tableau rompu sur une extrémité. 

Un autre tableau représentant de Volaille, avec un 
enfant qui tient une oie, de quatre pieds de haut sur six 
de large, avec son cadre doré, en bon état. 

Un autre tableau sur du bois représentant l'Enlève- 
ment des Sabines, un peu endommagé, avec un cadre doré 
en bon état, de deux pieds et demi de haut sur trois pieds 
et demi de large. 

Un autre tableau représentant le Roi et les Mousque- 
taires, de deux pieds et demi de haut sur quatre de large, 
avec son cadre doré, en bon état. 

Cyprien PERROSSIER. 
CA continuer). 



•»i"«< 



IJ'X SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 



LE TRIÈVES 



ET 



SON PASSÉ 



(Suite.— Voir les 84% 85% 86% 87% 90% 91*, 93*, 94*, 95*, 

96% 97*, 98* et 100* livr.). 



CHAPITRE VIII 

RÉVOCATION DE l'ÉDIT DE NANTES ET SES SUITES. 

Au mois d'octobre i685, parut un édit de Louis XIV 
enjoignant aux ministres de la Religion P. R., qui refuse- 
raient de se convertir, de sortir du royaume dans les 
quinze jours de la publication. Tous les temples devaient 
être rasés, et il était défendu aux religionnaires a de s'as- 
sembler pour faire l'exercice de leur culte, en aucun lieu 
ou maison particulière, sous quelque prétexte que ce pût 
être. » A cette condition seulement ils pouvaient continuer 
leur commerce et jouir de leurs biens, sans être empêchés 
ni troublés. Désormais, les enfants nés de parents protes- 
tants, devaient être baptisés par les curés des paroisses et 
élevés dans la religion catholique. Les juges des lieux 
recurent ordre de veiller à l'exécution de ces diverses 
dispositions. 

Afin de prévenir les désordres que la révocation pour- 
rait exciter dans la Trièves, deux compagnies de dragons 
du régiment Dauphin avaient été envoyées à Mens et 



LE TRièVES ET SON PASSÉ. 178 

étaient, le lo septembre i685, logées aux frais des habitants 
réformés. La population ne cessa de protester contre leur, 
présence, en alléguant sa pauvreté et le manque de four- 
rage; mais comme elle se montrait peu disposée à obéir 
aux ordres de la cour, elle eut à supporter une nouvelle 
compagnie qui arriva au mois d^avril suivant (i). 

Des précautions étaient prises en même temps pour 
ôter aux protestants tout ce qui aurait pu les entretenir, 
dans les idées, qui avaient porté leurs pères, un siècle et 
demi auparavant, à abandonner le catholicisme. C'est dans 
ce but, que le comte de Tessé, commandant les troupes 
royales en Dauphiné, enjoignait, par ordonnance du 8 
juin i686, « à tous les nouveaux convertis de cette pro- 
vince de porter, dans les vingt-quatre heures, entre les 
mains des missionnaires de leur paroisse, tous leurs livres 
de prières, psaumes, bibles de Genève et autre nature de 
livres, à peine, contre les désobéissants, de punitions sé- 
vères et de grosses amendes. Ordonnons aux consuls de 
chaque lieu de faire publier et afficher la présente ordon- 
nance, et de se transporter, après les vingt-quatre heures 
expirées, avec le curé ou autre ecclésiastique, dans les 
maisons des nouveaux convertis pour y faire recherche 
exacte et prendre les livres qu'ils auront cachés. Et si, 
après la première recherche, quelqu'un se trouve encore 
chargé desdits livres défendus ou que quelque catholique 
ou nouveau converti, sous quelque prétexte que ce soit 
ait reçu chez lui ou retiré lesdits livres, enjoignons aux 
curés, consuls, châtelains et tous autres, qui en auront con- 
naissance, de nous en donner avis pour être procédé ri- 
goureusement contre les contrevenants. Mandons aux offi- 

(1) Mens, Râles d'assemblée de 1685 et 1686. 



174 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

ciers commandant les troupes de chaque quartier d^aller 
avec lesdits consuls et ecclésiastiques lorsqu'ils feront leur 
visite, » 

Le pasteur Blanc, après avoir cité cette pièce, ajoute, 
sans trop s'inquiéter de la vérité historique : « Ce petit 
fragment du règne des prêtres et de la toute puissance des 
jésuites fut publié dans tous les hameaux de St-Sébastien, 
le 23 juin 1686 (i).» Il le fut aussi, n'en déplaise à ce 
saint homme, dans tout le Trièves et les pays de Dauphiné 
où se trouvaient des protestants, sans que les prêtres ni 
les jésuites eussent à s'en préoccuper. Les soldats et les 
officiers des consuls présentèrent parfois, d'après les ordres 
du comte de Tessé, des livres à ces derniers pour leur en 
faire examiner la doctrine; mais là se borna leur rôle. La 
vérité doit passer avant tout. 

Toutes les fonctions publiques étaient interdites aux 
réformés, à moins qu'ils ne se fissent catholiques. Aux 
élections, qui suivirent cet ordre, rien ne fut cependant 
changé aux anciens usages dans Mens. Il est vrai que les 
nouveaux consuls, Archer, Bâchasse et Ailouard^ avaient 
promis de remplir « tous les devoirs de bons et fervents 
catholiques, » promesse dérisoire et non tenue. Aussi, le 
10 février 1686, la communauté se réunissait, d'après l'or- 
dre de l'intendant de la province, à TefiFet d'élire des con- 
suls « bons catholiques et faisant acte de leur religion, le 
tout certifié par le sieur curé du lieu. » Pierre Gachet et 
Jacques Auvergne furent alors nommés pour le bourg, et 
Pierre Gauthier, du iMas-Martinet, pour la banlieue (2). 

Mais ceux qui venaient d'être remplacés ne se tinrent 



(1) Loc. c. p. 1*8. 

(2) Mens, Rôles d'ofsembUes. 



LE TRIÈYES ET SON PASSÉ. lyj 

pas pour battus. lis s'adressèrent à l'intendant, lui afhr<- 
mèrent qu'ils allaient assidûment à la messe et étaient 
« tout disposés à fréquenter les sacrements ordonnés par 
rjEglise. » Par ces promesses non encore tenues et par 
de hautes influences, qu'ils surent faire agir, ils obtinrent 
leur réintégration, et le parti leur fit des fêtes (i). 

Apparemment que lesvautres protestants de Mens les 
imitaient dans leur refus des sacrements ; car de nouvelles 
compagnies de soldats arrivaient dans le bourg; mais 
avouons-le, ce n'étaient point là des missionnaires propres 
à gagner les esprits et les cœurs à la vérité. Le 26 mai, 
le curé, Paul Curty, se présentait devant le châtelain, qui 
prenait acte de sa comparution en ces termes: a ....Lequel 
nous a remontré qu'il était arrivé une compagnie de dra- 
gons royaux, aujourd'hui même, portant qu'elle logera sur 
tous les habitants de Mens personnellement, jusqu'à ce que 
chacun des dits habitants aye fait son devoir, sçavoir qu'ils 
se confesseront et fréquenteront les sacrements comme 
le souhaite sa Majesté. En suite de quoy on a fait assem- 
bler tous les habitants du bourg et paroisse pour donner 
leur suffrage, promettant par leur seing au bas de la pré- 
sente d'effectuer, sy ce fait n'a été, ce que souhaite sa 
Majesté. Ceux qui ne comparaîtront pas à la présente as- 
semblée supporteront en pure perte ledit logement, con- 
formément aux ordres. Pierre Bermond, chastelain pour 
le Roy (2). ») 

Dans rassemblée tenue à la suite de cette convocation 
(3o du même mois), tous les habitants, sans aucune ex- 
ception, déclarèrent être prêts à faire leur devoir de bons 



(1) Ubi suprà/ du 38 février. 

(2) Ubi sup.rà. 



176 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

catholiques et demander seulement jusqu^au dimanche 
suivant pour se confesser. Parmi les signataires de cette 
promesse on lit les noms de Ferrière-du-Perce et François 
Vulson, deux des plus importants parmi les réformés (i)» 

Les promesses écrites étaient aussi méprisées par leurs 
auteurs que les promesses verbales, et les logements des 
dragons pesaient toujours sur les habitants de Mens. Ceux- 
ci, réunis de nouveau, le 5 juin suivant, nommèrent le 
sieur Paul Curty, pour aller à Grenoble, supplier Tinten- 
dant de ne pas mettre à leur charge entière la nourriture 
des dragons et de leurs chevaux; car ce serait là pour eux, 
disaient-ils, une charge écrasante à cause de leur grande 
misère. La démarche entreprise avec empressement par le 
curé ne fut pas heureuse dans ses résultats ; car, le 1 1 du 
même mois, le sieur Bressieux, intendant de la duchesse 
de Lesdiguières, annonçait par lettre que le curé et lui 
avaient fait tous leurs efforts pour obtenir la décharge 
d'une partie du logement de ces compagnies; mais que 
rien ne leur avait été accordé, parce que les nouveaux con- 
vertis de Mens ne fréquentaient pas les sacrements et 
qu'il ne serait accordé aucun soulagement tant qu'ils n'au- 
raient pas rempli leurs devoirs de bons ' catholiques. La 
lecture de cette lettre les consterna et fit signer à cinquante 
d'entre eux la promesse mensongère non seulement de 
faire ce qui était exigé, mais encore de le faire 'faire par les 
membres de leur famille (2). 

Ils demandaient encore, le 7 juillet suivant, le même 
déchargement; mais, cette fois, ils ajoutaient: <c que d'ailr 
leurs ils remplissent ou veulent remplir les devoirs de 
bons catholiques et fidèles sujets de sa Majesté (3). 

(1) Ubi suprà. 

(2) Ubi suprà. 

(3) Ubi suprà. 



I 



{ 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. I77 

Mens n'était pas seul à posséder des dragons, St-Bau- 
dilie dut aussi en recevoir, aux mois de janvier et de décem- 
bre j686,et les fit loger aux frais de ceux de la R.P.R.(i). 

Plusieurs protestants, plus fidèles que les autres à leurs 
croyances, tentèrent de demander à la terre étrangère 
asile contre la persécution qui sévissait contre eux en 
France. Leur entreprise était périlleuse; car ils avaient 
laissé passer le délai accordé par Tédit de révocation à 
ceux qui voudraient sortir du royaume; aussi, tous ne 
devaient pas réussir. Parmi eux étaient W du Collet (2), 
M"" d'Hélix et Tune de ses filles. M"* de la Châtre,, du 
Villard-JuUien, M' de Villette, surnommé Labeaume, 
un jeune homme, Jacques Galéand, la fermière de M** du 
Collet, Marguerite Pellat, et quelques autres encore. A 
Séchilienne, près de Vizille, leur nombre et leur allure 
les firent soupçonner. Les habitants de ce bourg les arrê- 
tèrent. On raconte qu'alors M'** de la Châtre, déguisée 
en jeune homme et armée, blessa d'un coup de pistolet 
un paysan qui mettait la main sur la bride de son cheval. 
La jeune fille et ses compagnons, sauf M' du Collet qui 
parvint à s'échapper, sont aussitôt garrottés et conduits 
dans les prisons de Grenoble. Peu de jours plus tard ils se 
voient condamnés par le parlement : M' d'Hélix à avoir la 
tête tranchée, sur la place de Grenoble, en même temps 
que Marguerite Pellat serait pendue; la fille d'Hélix, à être 
enfermée pendant un an dans le couvent de Ste-Ursule; 



(1) StrBaudille-et^Pipet, Rôles crastemblée. 

(2) Jean de Perrachon, dont le pasteur Arnaud, t. III, p. 4 de Tou- 
Trage cité, fait deux personnages différents et désigné le premier 
sous le nom de M' du Collet, et le second, sous celui de sieur Per- 
rachon. 



178 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Jeacques de la Beaume et Jacques Galéand, à être pendus 
sur la place publique de Mens. L'exécution eut lieu pres- 
que aussitôt (i). 

M"* de la Châtre, enfermée dans le couvent de la Visi- 
tation de Ste-Marie, embrassa la religion catholique, de- 
manda à prendre le voile et, après avoir été, pendant 
sa vie, l'édification des autres religieuses, mourut sain- 
tement (2). 

Le pasteur Blanc, qui, en écrivant sa Statistique^ n'a 
su faire qu'un roman respirant la haine à chaque page, 
après quelques phrases plus ou moins heureuses contre 
la féodalité, dit, en confondant sans hésitation les années 
i683 et 1686 (3) : « Au temps des dragonnades, ce haut et 
puissant seigneur. M' de Bardonenche, conseiller au par- 
lement de Grenoble, fut forcé d'abjurer la religion réfor- 
mée, comme le dernier de ses vassaux ». Pour répondre 
à cette assertion fausse ainsi que tant d'autres du même 
auteur, nous n'avons qu'à nous rappeler ce qui a été dit 
précédemment sur la conversion bien volontaire et réflé- 
chie de M^ de Bardonenche. 

M* de Bardonenche, n'imita pas la conduite de son 
mari; mais au contraire fortifia par ses paroles et ses 
exemples ses coreligionnaires à persévérer dans le pro- 
testantisme. Elle fut pour ce motif enfermée dans le cou- 
vent de Sainte -Ursule de Grenoble, transférée ensuite 
dans un second, à Valence, et enfin dans celui de Vif, 
parce qu'elle cherchait à gagner les religieuses aux doctri- 
nes de Calvin. Il est probable qu'elle mourut fidèle à ses 



(1) Jurieuy Lettres pastorciles, t. II, p. 163 et suiv. 

(2) Ubi suprà. 

(3) p. 105 et suiv. de Touy. c. 



• •• • 



LE TRIEVKS ET SON PASSE. I79 

croyances (i). L'une de ses filles lui avait été enlevée pour 
être, sur sa demande, croit-on, et celle de son père, éle- 
vée dans le catholicisme (2). 

Au commencement de 1687, la communauté de Mens 
fit rendre, aux consuls de Tannée précédente, compte de la 
vente qu'ils avaient faite des débris du temple, et donna 
pouvoir aux nouveaux de faire enlever ce qui restait 
encore de ces débris et d'en disposer comme ils l'enten- 
draient (3). 

Quelques jours après, le châtelain prenait un arrêté, 
nous paraissant bien excessif, pour défendre aux habitants 
même d'avoir chez eux de la viande, les jours défendus, 
sans s'être munis de la permission du curé du lieu. 11 re- 
nouvelait les défenses de son prédécesseur aux cabare- 
tiers et ajoutait qu'il serait procédé contre eux par les 
oflBiciers nommés par l'évêque de Die, lors de sa dernière 
visite {4). 

Les habitants ne pouvaient se soumettre aux édits et ne 
cessaient de les violer. En avril 1687, ils choisissaient 
encore pour consuls deux protestants et un catholique ; 
aussi, le 20 du même mois, l'intendant leur enjoignait de 
cesser leur rébellion et d'élire « de bons catholiques pour 
remplacer les consuls élus dernièrement et lesquels n'ont 
pas communié à Pâques et se trouvent loin d'être en 
état de le faire. » Le même fait se reproduira encore au 
mois de novembre de Tannée suivante (5). 



(1) Lettres pcutorcUee^ t. II, lettre 22. 

(2) Ubi suprà. 

(3) Mens, Râles d'assemblée^ 26 janyier. 

(4) Ubi suprà. 

(5) Ubi suprà. 

2* Série. XXVP Volume. - 1892. 14 



i8o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Les réunions de ceux de la R. P. R. n'y avaient pas 
non plus cessé ; elles s'y tenaient même régulièrement et 
le plus souvent publiquement et au su des autorités loca- 
les, sans être inquiétées par elles. C'était d'ailleurs ce qui 
se passait dans nombre d'autres lieux. Le commandant 
militaire de la province en ayant été informé, écrivit aus- 
sitôt la lettre suivante, lue, le 20 juin, dans une assemblée 

générale de la communauté (i): 

« Sur les avis que nous recevons de divers endroits, qu'au 
préjudice des déclarations du Roy, et nonobstant les soins 
que nous ne cessons de prendre pour empêcher qu'on y 
contrevienne, quelques vagabonds, animés par des per- 
sonnes mal intentionnées pour la religion, abusant de la 
simplicité de plusieurs nouveaux convertis, encore igno- . 
rants dans la foy catholique, font des assemblées secrètes 
pour chanter les psaumes de Marot et faire d'autres exer- 
cices de la religion P. R. 

« Nous mandons à tous les officiers des troupes du 
Roy, Prévosts, Archers, Châtelains et Consuls de veiller 
à l'exécution desdites déclarations de sa Majesté ; et ce fai- 
sant empêcher lesdites assemblées des nouveaux convertis, 
arrêter tous ceux et celles qu'ils trouveront attroupés en 
des lieux, temps et nombres suspects, avec promesse de 
faire donner cinq cent pistoles à quiconque livrera ou fera 
livrer un ministre, et cinq cents livres pour tous autres 
prédicants, qui seront déclarés perturbateurs du repos pu- 
blic et punis comme tels suivant la rigueur des lois. En- 
joignons en outre auxdits Prévosts et Châtelains d'infor- 
mer contre toutes les personnes qui auront assisté aux 
dites assemblées, et aux Consuls, d'en dresser des verbaux 

(1) Ubi suprà. 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. l8( 

pour nous être incessamment envoyés, à peine, en cas de 
négligence, de nous en répondre en leur propre et privé 
nom, et les communautés, dans les districts desquelles au- 
ront été faites lesdites assemblées, sévèrement châtiées, 
comme désobéissant aux ordres du Roy. Fait à Bour- 
deaux, le quatrième juin 1687. Le comte de Tessé. » 

Le pasteur Blanc, en parlant de cette ordonnance, a 
bien soin d^ajouter qu'elle fut écrite sous l'influence du 
clergé romain (i). S^il avait eu connaissance de la suivante, 
il est très probable qu'il l'aurait fait dicter par le même 
clergé, Dans cette dernière, lue après la précédente dont 
elle était d'ailleurs le complément, l'intendant menaçait 
d'exercer toute la rigueur des lois, s'il entendait à l'avenir 
parler d'assemblées tenues par ceux de la R. P. R. qui 
s'étaient convertis ; qu'il ferait raser les maisons où se 
tiendraient ces assemblées et que la communauté entière 
serait responsable. Aussitôt, tous les protestants promi- 
rent encore de se conformer aux édits; ils jurèrent même 
d'avertir les puissances s'ils apprenaient quelque réunion 
nouvelle (2). On serait maintenant étonné, qu'après ces ser- 
ments, ils ne se fussent pas de nouveau réunis ; ils le firent 
en effet, mais avec quelques précautions de plus, afin de 
n'être pas surpris en flagrant délit de contravention aux 
édits. Une troisième lettre et des plus sévères du comte de 
Tessé leur fut lue, le 6 juillet, sans être plus obéie (3). 

Dans le cours de cette même année 1687, l'évêque de 
Die, Mgr Daniel de Cosnac, ordonna à tous les curés et 
prieurs de son diocèse de lui envoyer un état exact de 



(1) L. c. p. 28. 

(2) Mens, Râles d'assemblée. 

(3) Ubi suprà. 



l82 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

leurs paroisses et de lui faire connaître la conduite des 
protestants. Les réponses qui lui furent faites jettent un 
jour singulier sur la prétendue dépopulation du Trièves 
par Texil des réformés désireux de vivre selon leurs 
croyances. En voici le résumé : 

Toute la population de Saint-Jean-d'Hérans se déclara 
catholique, assistait aux offices, mais ne fréquentait nulle- 
ment les sacrements. La paroisse de Saint-Genis comptait 
trente familles de réformés, dont pas une ne faisait ses 
devoirs. Celle de Saint-Baudille-et-Pipct en avait quatre- 
vingt-six allant peu à la messe et s'abstenant des sacre- 
ments. Saint-Martin-de-Clelles en comptait neuf dans les 
mêmes dispositions. A Saint-Maurice, il s^en trouvait 
trente-neuf, et six ou sept de leurs membres empêchaient 
les autres de remplir leurs devoirs. On en comptait en 
outre, à Saint-Michel-les-Portes, une entièrement revenue 
au catholicisme; à Chichilianne, cinq donnant vingt-qua- 
tre communiants ; au Percy, quelques familles dont tous 
les membres étaient convertis à l'exception de quatre (i) ; 
à Mens, six cents, dont une avait quitté la France ; douze 
nouveaux convertis seulement avaient fait leurs pâques ; 
au Monestier-de-Clermont, dix, composées de quarante* 
deux personnes et donnant trente-cinq communiants; au 
Monêtier-du-Percy, quatre, dont trois faisaient leurs de- 
voirs; à la Croix-de-la- Pigne, douze assistant aux offices 
et fréquentant les sacrements ; à Pellafol, six dans les mê- 
mes dispositions. Prébois avait vu ses onze familles pro« 
testantes revenir sincèrement. De tous ceux qui se trou« 
valent à Roissard, les Bardonenche-Champiné seuls se 



(1) Cependant on avait à se plaindre, portant iM Répomeif des 
charrois faits le dimanche et de la conduite des cabaretters 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. l83 

contentaient de n'assister qu'à la messe. C'est à Saint- 
Sébastien que la persécution avait fait le plus de victimes; 
sur les membres de ses quatre*vingt-dix familles, dix-sept 
personnes s'étaient confessées et avaient communié ; peu 
assistaient à la messe ; vingt avaient quitté le pays ; deux 
s'étaient vues condamnées aux galères ; deux jeunes filles 
et deux femmes avaient été enfermées à Grenoble (i). 

Tréminis ne figure pas parmi les autres paroisses ; mais 
les procès-verbaux des délibérations (2) de cette commu- 
nauté nous montrent tous ses habitants convertis et assis- 
tant en foule à la messe, ce qui nécessita, comme agran- 
dissement de l'église, la construction d'une seconde nef. 



(1) Archives de la Drôme, fonds de Péyéché de Die. 

(2) Trémiuis, Râles crassembîé$ de 1687 à 1700. 



A. LAGIER. 



(A continuer). 



184 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 



MÉMOIRES 

TOVR SE^Vm e4 L'HIS70mE 

DES 

COMTÉS DE VALENTINOIS 

ET DE DIOIS 



«- 



(Suite. — Voir les livraisons 85*, 86% 88*, 89% 90', 94*, 95*, 96» et ioo«) 



Aucun acte ne nous fait savoir si Hugues, fils du comte 
Adémar, a porté à son tour le titre de comte. Le cartuiaire 
de Cluny nous apprend seulement qu'il eut trois fils, Guil- 
laume, Adémar et Lambert. C*est une charte du milieu du 
XI* siècle qui nous a conservé ce précieux détail : elle con- 
cerne diverses donations de biens situés dans les diocèses du 
Puy, de Valence et de Vienne, donations qu'approuvent Guil- 
laume, Adémar et Lambert (i). Si nos conjectures ne nous 
trompent point, les trois noms qu'on vient de lire sont ceux 
de trois personnages célèbres qui appartiennent incontesta- 
blement à l'antique race des comtes de Valence, mais dont on 
n'a pu jusqu'ici indiquer le degré de filiation. Il s'agirait, en 
effet, de Guillaume Hugues, tige des seigneurs de Monteil 

(i) Chartes de Cluny y n* 3oio. Artaud, chevalier, de Argentaco, sa 
femme Fica et ses fils Adémar et Guillaume, donnent: «r ecclesiam 
sancti Privati atque ecclesiam sancti Angeli, necnon quoque capellam 

sancti Lamberti, in territorio castri Roannaci sitas — etiam in 

pago Vellagico duas ecclesias In page quoque Viennensi donavimus 

capellam castri Clavazonis ecclesiamque sancte Marie de Monte 
Castaneo. 9 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. l85 

{plus tard Montélimar, Montilium kdemaris)^ d'Adémar, évo- 
que du Puy, légat du saint siège à la première croisade, et de 
Lambert François, seigneur de Peyrins, qui, selon nous, au- 
raient été les trois fils du comte Hugues. La charte que nous 
invoquons nous permettrait ainsi de résoudre un problème 
historique depuis longtemps agité. Mais, il faut le reconnaî- 
tre, les données qu'elle nous fournit ne sont point assez nettes 
et précises pour ne laisser place à aucune hésitation. On est 
en droit d'exiger d'autres preuves, et nous allons interroger 
encore les chroniques et les chartes et voir si elles peuvent 
apporter quelques nouveaux arguments en faveur de cette 
affirmation. 

Des trois personnages cités, le plus célèbre est, sans con- 
tredit, l'évêque Adémar (i). Tous les documents contempo- 
rains ne l'appellent jamais qu'Adémar, et ce n'est que plus 
tard que le surnom de Monteil lui a été attribué par les his- 
toriens, pour une raison que le lecteur saisira bientôt. Il était 
fils d'un comte de Valence ; l'ancienne chronique de Saint- 
Pierre du Puy le dit formellement: dominus Ademarus, filius 
consulis provinciœ Valentinensis (2). Il était prévôt de l'Eglise 
de Valence (3), gouvernée alors par Gontard, probablement 



(i) Sur l'évoque Âdémar, on peut consulter : Hist. littéraire delà 
France, t. VIII (1747), p. 468-72 ; — Hist, de Langueàoc. éd. Privât, 
t. IV, p. 402 ; — Rocher. Note sur Adémar de Monteil, dans Tablettes 
historiques de la Haute- Loire, 1871, p. 395-408; — La Haute-Loire, 
1867, ^v"l ^3 — juillet i3. 

(a) U. Chevalier. Cart, de Saint-Chaffre,,,, p. i6i. — Le mot 
consul employé ici comme synonyme de comte n*a rien d'anormal : 
l'auteur contemporain de la vie de saint Hugues d'Âvalon, évéque de 
Lincoln , se sert du même mot pour désigner Guillaume, comte de 
Genève. « Insinuaverat etiam ei episcopus Genevensis quanto eum suus 
consul prasjudicio annis jam ter quaternîs depressisset. u Migne. Patrol, 
lat.j t. CLIII, c. 1083. Les vicomtes de Bëziers et ceux d'Avignon étaient 
souvent désignés sous le nom de proconsules dans les actes du 
XI» siècle. De Coston. Histoire de Montélimar, t. I, p. 49. 

(3) Chorier. Etat politique..., t. II, p. i5o. 



i86 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

un de ses proches parents, lorsque le clergé et le peuple de 
la ville du Puy le choisirent d'une commune voix pour leur 
pasteur. Adémar ne démentit point les espérances qu'on avait 
fondées sur lui. Il n*hésita pas à employer les armes pour 
essayer d'arracher des mains de plusieurs seigneurs laïques 
les propriétés de ses églises. Les deux vicomtes de Polignac, 
Pons et Héracle, avaient usurpé par la violence la troisième 
partie du revenu de l'église du Puy. Il guerroya longtemps 
contre eux et les obligea enfin à venir à un accommodement. 
Ils se désistèrent moyennant la somme de vingt-cinq mille 
sols, monnaie du Puy, de toutes leurs prétentions sur l'église 
de cette ville, qui recouvra par là son ancienne liberté (i). On 
croit qu'il fit un premier voyage en Palestine dans le courant 
de Tannée 1086 ; mais le texte sur lequel on appuie cette affir- 
mation est loin d'être aussi explicite (2) ; quoi qu'il en soit, 
nous le trouvons dans son diocèse en 1087, approuvant l'élec- 
tion et la bénédiction d'un nouvel abbé de Saint-Chaffre, 
Guillaume, dont nous aurons plus loin à parler. Lé i«' avril 
de cette même année 1087, du consentement de ses chanoi- 
nes, il donna l'église d'Usson dans son diocèse à l'abbaye de 
la Chaise-Dieu (3). L'histoire a loué le zèle avec lequel il 
seconda le pape Urbain II dans la prédication de la première 
croisade ; elle a retracé le rôle glorieux qu'il remplit dans 
cette sainte entreprise, durant laquelle, revêtu du titre de lé- 
gat du saint siège, il fut pour tous une lumière et une force. 
Nouveau Moyse, il mourut en vue de la Terre-Sainte, à An- 
tioche, le i^' août 1098, et fut pleuré de toute l'armée (4). 

(i) Chronicon S. Pétri Aniciensis^ dans U. Chevalier. Cart. de 
Saint-Chaffre, p. 162. 

(2) Chronicon 5. Theoffredi, p. i3 : a Cum autem post brève temporis 
spatium a peregrinatione venerabilis Ademarus episcopus remeasset... » 
Il n'est pas question de Jérusalem. Cf. Mabillon. Annales ord. S, Ben,.. 
Lucœ, t. V, p. 214. 

(3) Histoire de Languedoc, éd. Privât, t. Ill, p. 450. 

(4) Raimundus de agiles. Historia Francorum qui ceperunt Jérusalem, 
dans MiGNB. Patr. lat., t. CLV, col. 619. « Interea dominus Âdamarus, 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. 187 

Le chroniqueur Raymond d*Agiles, dans son récit de la 
croisade, mentionne à diverses reprises un frère de notre 
légat, qui avait tenu lui aussi à prendre part à la guerre sainte ; 
il le nomme Guillaume Hugues de Monteil (i). A cette épo- 
que, Tusage commençait à prévaloir d'ajouter à son nom une 
sorte de cognomen ; ce cognomen était souvent le nom du 
père, mis de préférence au génitif. Guillaume Hugues signi- 
fierait donc Guillaume, fils de Hugues. Monteil désigne, 
selon nous, le castrum qui, à partir de 1 178, est constam- 
ment appelé Montilium Ademaris ou Montélimar. Le nom 
d'Adémar était alors devenu le nom patronymique des des- 
cendants de Guillaume, et Ton s'explique aisément la raison 
de ce choix ; le nom d'Adémar qu'avait porté l'aïeul de Guil- 
laume, rappelait encore un de ces souvenirs dont une famille 
a le droit d'être fière, celui du légat d'Urbain H à la première 
croisade. Guillaume Hugues ne nous est connu que par un 
petit nombre d'actes. Adémar, évoque du Puy, avait vendu, 
le 18 novembre logS, au monastère ou prieuré de Cliou 
(Cliousclat ou bien Cléon, près Marsanne), une vigne et quel- 
ques terres ; Guillaume de Monteil, son frère, /rater ejus^ 
scilicet Wilhermus de Montilio^ renonça, moyennant 80 sols. 



episcopus Podiensis, dilectus Deo et hominibus, vir per omnia omnibus 
charusj^die Kal. Augusti in pace migravit ad Dominum. Tantusque 
luctus omnium christianorum ibi morantium in morte ejus fiiit ut nos 
qui vidimus, cum pro magnitudine rerum scribere curavissemus, 
comprehendere aliquatenus nequissemus. 1» — Dans la lettre écrite en 
septembre 1098 à Urbain II par les chefs de la croisade, se trouve un 
bel éloge d'Adémar, évâque du Puy. Baluzb. Miscellanea, t. I, p. 418. 
— Le nécroioge de St-Robert-de-Corniilon place au // Kal, julii la 
mention de l'évoque Âdémar. 

(i) Raimundùs de Agiles, col. 646: a Misit itaque comes Guillelmum 
Hugonem de Montilio, fratrem Podiensis episcopi, Laodiciam, ubi crux 
dimissa fuerat cum capella ipsius episcopi. » — 647 : « reversus est 
Guillelmus d'Ugo de Montilio...» ; et 655 : « cum hœc dexisset sacerdos 
ad fratrem ipsius episcopi (Ademaris] Witlelmum Hugonem et ad 
Ysoardom comitem... » 



ï88 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

monnaie de Valence, à toutes ses prétentions seigneuriales et 
abusives sur le dit prieuré (i). Le 25 juillet 1107, il était pré- 
sent à l'absolution donnée parle pape Pascal II au comte 
Bertrand qui avait usurpé les biens des moines de Saint- 
Gilles (2). Il vivait encore en 11 3o, époque où il fut témoin, 
avec Raimond de Baux, Rostaing de Posquières et quel- 
ques autres grands personnages, des engagements pris par 
Alphonse-Jourdain, comte de Toulouse, envers les fils de 
Bernard- Aton (3). Jusqu'à preuve du contraire, nous pensons 
qu'on peut tenir pour certain que le frère de Tévêque Adé- 
mar, appelé par le chroniqueur de la croisade Guillaume 
Hugues de Monteil, est la tige de la famille illustre des 
Adémar. Il n'est donc nullement besoin de recourir aux lé- 
gendes et aux titres faux pour donner à cette famille une très 
noble origine, puisque des documents authentiques nous 
permettent de la rattacher à celle des anciens comtes de 
Valence. En 1 164, l'empereur Frédéric I®*^ donna à Géraud 
Adémar, seigneur de Monteil, l'investiture de toutes les terres 
possédées autrefois par son aieul et par son père (4). 

(i) Chartularium Sancti Theofredi, p. iSg. — Ce document est parti- 
culièrement intéressant en ce quMl nous montre Adémar et Guillaume 
de Monteil, son frère, possédant des terres et des droits seigneuriaux 
dans les environs de Montélimar. Guillaume, en effet, exigeait des 
moines prandium et ccetera, hoc est malos tisus et consuetudines,., 

(2) Mbna&d. Hist. de Nimes, t. I, preuves, p. 27. — D. Bouquet, t. XV, 
p. 37. 

(3) ^t^. de Languedoc, t. III, p. 673. 

(4) U. Chevalibr. Cartulaire de Montélimar, p. 19. — Le père de ce 
Géraud Adémar, que les généalogistes n'ont point connu, doit être, 
sans doute, ce G. Adémar à qui Tarchevâque d'Arles Atton écrivait 
vers Tannée 1 1 1 5 pour lui reprocher amèrement d^avoir porté la déso- 
lation dans la cité d'Orange, d'avoir pillé et incendié ses églises: « Ho- 
mines enim tui omnes ecclesias fere civitatis invaserunt, aras expolia- 
verunt, cruces, thuribula, libros, vestes, vasa sacra, omnia denique in 
eis reperta rapuerunt, vtctualia innocentibus clericis abstulerunt, domos 
illorum destruxerunt et quicquid habebant eis abstulerunt, inter quos 
sacrilegos particeps, immo caput et princeps extitisti... » Martbnb et 
Durand. Veterum scriptorum,,, amplissima colectio, t. I, p. 634. 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. 189 

Adémar, évêque du Puy, avait encore un autre frère, 
nommé Lambert François, personnage richement posses- 
sionné dans les environs de Romans et dont la résidence or- 
dinaire était le bourg fortifié de Peyrins. Le cartulaire de 
Saint-Barnard nous fournit, tant sur la parenté de Lamben 
François que sur l'histoire de sa vie, les plus intéressants 
détails. En juxtaposant les chartes relativement nombreuses 
qui le concernent, en scrutant avec quelque patience les in- 
formations données, nous nous trouvons' renseignés sur son 
compte comme sur bien peu de ses contemporains. Qu'il fût 
le frère d'Adémar, évêque du Puy, c'est là un fait qu'il n'est 
point permis de révoquer en doute, en présence du témoi- 
gnage d'une charte datée du mercredi 4 novembre 1097 et 
reproduite dans le cartulaire de Saint-Barnard : Hoc placi" 
tum factum est^ in vigilia omnium sanctorum^ secundo anno 
quando Aimarus, Podiensis episcopus^ /rater ipsius Lamberti, 
ivit Hierusaîem cum exercitu (i). Il avait pour mère Abal- 
disia (dont le nom se retrouve avec la variante Adhalisia)^ et 
l'on peut croire que cette dame était également la mère de 
l'évoque du Puy, à moins que Hugues, leur père, n'ait été 
marié deux fois. Quoi qu'il en soit, elle appartenait à une 
famille qui possédait des droits considérables dans le Royans. 
On la voit intervenir avec son fils dans plusieurs actes con- 
cernant cette contrée, notamment dans une donation aux 
chanoines de Saint-Barnard des églises de Saint-Laurent et 
de Sainte-Eulalie, donation faite en 1086 par les fils de Guil- 
laume de Chapeverse (i). Dans une charte de logS, Odon de 
Pisançon, fils de Didier, qualifie de neveux Lambert François 
et deux autres personnages Ponce, et Artaud (2). Enfin une 
charte de logS nous montre Lamben François rappelant le 
souvenir de son aïeul Ismidon, qui n'est autre que cet Ismi- 



(i) GiRAUD. Essai hist,,. sur Romans, Cartulaire n» 169. 

(2) GiRAUD. Op. cit. Cart., n* 161. 

(3) GiRAUD. Op. cit. Cart, n* 168. 



190 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

don de Peyrins^ dont il est question dans Tacte d^élection de 
l'archevêque Léger en io25 et dans une autre pièce de io52 (i). 
Ainsi s'explique Torigine des droits considérables que Lam- 
bert et ses descendants ont eus sur la terre de Peyrins. Le nom 
d'Ismidon est fréquent dans la famille des seigneurs du 
Royans, et il n'y a pas de doute que le personnage dont nous 
parlons ne soit le père d'Abaldisia. Le titre de princeps 
qu'une charte lui attribue, titre peu commun à cette époque, 
indique assez sa haute situation dans le pays. Les détails 
qu'on vient de lire nous permettent de conclure que lors du 
décès de leur père, un règlement, intervenu entre Guilaume 
Hugues et Lambert François, attribua au premier l'héritage 
paternel et réserva au second l'héritage maternel. 

Les difficultés généalogiques que nous tâchons d'élucider, 
sans trop nous faire illusion sur le succès de l'entreprise, se 
compliquent encore et nous offrent maintenant un nouveau 
problème historique, dont la solution serait assurément fon 
intéressante. On sait que vers la fin du XI* siècle, le comté de 
Sermorens [pagus Salmoracensis) et la terre de Saint-Donat 
fournirent matière à un procès célèbre entre Guy de Bour- 
gogne, archevêque de Vienne, et saint Hugues, évêque de 
Grenoble. Urbain H, au tribunal de qui l'affaire fut portée, 
avait mainte fois reconnu le bien-fondé des revendications de 
saint Hugues et s'était prononcé contre son adversaire ; mais 
l'archevêque, oubliant tout sentiment de dignité, avait recours 
à des moyens peu honnêtes pour éluder les décisions, les or- 
dres formels du pape. En logS, a Urbain II vint en France 
« pour prêcher la première croisade et présider le concile de 
Qt Clermont. Le 5 août il était à Valence où il consacra la 
« nouvelle cathédrale ; Gui vit le pape, qui l'entretint de son 
c différend et l'engagea à y mettre un terme. Rendez-vous 
a fut donné à Romans aux deux prélats. Au jour fixé, vers le 
« 20 août, Hugues se présenta chargé de documents anciens 

(1) GiRAUD. Op. cit. Cart.^ n»* 169, 3 bis, 4, i3 bis, 5a bis. 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. IQI 

c qui prouvaient ses droits ; mais Gui voulut faire triompher 
« ses prétentions par d'autres arguments. Il s'empara d'abord 
« du château et des fortifications de Romans (arcem loci et 
« munitionem)^ les fit garder par une troupe de gens d'armes, 
« afin de pouvoir, si le pape se prononçait contre lui, le rete- 
« nir prisonnier et lui forcer la main (i). » Or, le cartulaire 
de Saint-Barnard nous apprend que les troupes de l'arche* 
vêque étaient placées sous les ordres de Lambert François et 
que celui-ci, ne se contentant pas de faire peser sur la ville 
un régime de terreur, parcourait la campagne à la tête de ses 
bandes et dévastait les propriétés de tous ceux qui refusaient 
de seconder les projets du fougueux prélat. Adémar, l'évêque 
du Puy, ne suivit pas l'exemple de son frère; il se fit le défen- 
seur des opprimés, et les chanoines de Romans, qui avaient 
grandement à se plaindre des procédés de leur archevêque, 
lui confièrent la garde du château de Pisançon (2). D'où peut 
venir dans cette circonstance la différence de conduite de ces 
deux frères ? Nous en trouverions peut-être la raison dans les 
liens de parenté qui unissaient Lambert François et l'arche- 
vêque, parenté que le dernier historien de Guy de Bourgogne 
a mieux aimé passer sous silence, n'étant sans doute pas en 
mesure d'élucider ce point historique. 

La charte 210 du cartulaire cité nous affirme, en effet, que 
Lambert François avait un fils nommé Raynaud et que celui- 
ci était le propre neveu de Guy de Bourgogne : quitus inteU 
lectis et expositis (Lambertus cognomento Franciscus} rogavit 
JHiunty quem hœredem relinquebat^ Raynaldum scilicety nepo- 

tem archiepiscopi Guidonis D'après ce texte, il n'est pas 

douteux que Lambert François ne se soit allié par un mariage 
à la famille de Bourgogne ; le nom de Raynaud, Renaud que 
porte son fils et qui revient si souvent dans la généalogie de 
l'illustre maison de Bourgogne en est encore pour nous une 



(i) Ulysse RoBBRT. Hist. du pape Calixte II, Paris, 1891, in-8% p. i5. 
(2) GiRAUD. Essai hist. sur Romans, première partie, p. 1 15 et suit. 



192 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

preuve certaine. Du reste, ce n'est point là un fait isolé et 
sans explication possible. Guy de Bourgogne était fils de 
Guillaume dit Tête-Hardi et d'Etiennette, qui descendait de 
Charles-Constantin, fils de l'empereur Louis TAveugle et se 
considérait comme l'héritière de la maison de Vienne. Guil- 
laume revendiqua, en effet, les droits de sa femme et exerça 
divers actes d'autorité dans le pays. Ces droits passèrent à un 
de ses fils, Etienne, comte de Varasc et de Mâcon, tige de la 
maison de Châlon, qui, étant sur le point de partir pour la 
croisade, fit un traité avec son frère l'archevêque Guy : il lui 
vendit tout l'honneur, totum honorent^ qu'il avait dans la 
ville de Vienne, moyennant une somme de 8,000 sols d'or, 
sous la clause du rachat pendant six années et partit ensuite 
pour la Terre-Sainte où il mourut (i). Il est probable que 
l'archevêque Guy n'avait pas attendu ce jour pour songer aux 
avantages qu'il pourrait tirer des droits de sa famille sur le 
comté de Vienne ; il dut s'en préoccuper dès l'époque où il 
fut appelé au siège métropolitain de cette ville. Dès lors, quoi 
de plus naturel que de supposer qu'il ait voulu intéresser à 
sa cause quelque grande famille du pays, en faisant épouser 
à l'un de ses membres une de ses proches parentes. Lambert 
François, seigneur de Peyrins, frère de Tévôque du Puy, ap- 
partenait à la famille des comtes de Valence ; il jouissait dans 
le pays d'une grande autorité, et, comme nous venons de le 
constater, il fournit à l'archevêque, son beau-frère, l'appui de 
ses armes. Aucune charte ne nous a conservé le nom de la 
femme de Lambert François. Une autre sœur de notre arche- 
vêque, Gisèle, épousa Humbert II, comte de Savoie et un 
des fils nés de ce mariage fut encore appelé Raynaud ou Re- 
naud, comme le fils de Lambert François. Enfin Marguerite 
de Bourgogne, fille d'Etienne le Hardi et par conséquent 
nièce de l'archevêque Guy, épousa Guignes VI, comte d'Al- 
bon, le premier de sa race appelé Dauphin, celui-là même 

(i) Choribr, Hist. gén. de Dauphiné, t. I, p. 820-821. 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. IqS 

qui, avec Lambert François, se panageait la propriété de la 
terre de Peyrins. On s'explique encore par là les prétentions 
de Guignes sur la ville et le comté de Vienne, prétentions 
qu*il essayera, en 1 133, de faire valoir les armes à la main et 
que ses successeurs n'auront garde d'oublier. 

Laissant l'archevêque de Vienne continuer ses procès avec 
saint Hugues, Lambert François se réconcilia avec les Roma- 
nais. Il se disposait du reste, comme la plupart de ses voi- 
sins, à prendre part à la croisade. Pour attirer les bénédic- 
tions du ciel sur ce voyage, il témoigna envers les chanoines 
de Saint-Barnard les intentions les plus bienveillantes et con- 
firma aux habitants de Romans tous les droits qu*ils avaient 
acquis sur les terres de Peyrins avant la mort de son aieul 
Ismidon (i). Peu de temps après, il renouvela solennellement 
cet accord. « Le jour même de son départ pour la Terre- 
Sainte, dit M. Giraud, Lambert se rendit à Romans, accom- 
pagné de ses chevaliers, qui le suivirent, sans doute, la plu- 
part dans son pèlerinage, cum omnifere comitatu. On comptait 
parmi eux les personnages les plus considérables de la con- 
trée et des noms qui devaient bientôt appartenir à l'histoire. 
Tels sont : Guillaume du Puy, de Podio^ et Beaudoin, son 
frère, dont la famille, si l'on en croit Valbonnais, s'honore 
d'avoir donné le jour à Raymond du Puy, second grand- 
maître et en quelque sorte fondateur de l'ordre de St-Jean- 
de-Jérusalem (2) ; Guillaume de Chape- Verse, feudataire du 
Royannais ; Lantelme de Saint-Lattier, son frère Guillaume 
et plusieurs autres vassaux du seigneur de Peyrins. Le cha- 
pitre tout entier assistait à cette cérémonie, Guy à sa tête et, 
parmi ses membres, Adémar de Beauregard, Theotbert, Ponce 
de Pisançon, Artaud de Rochefon. En présence de cette nom- 



Ci) Giraud. Op. cit., Cartulaire^ n» 169. 

(3) Valbonnays. Recherches concernant Raymond Dupuy, deuxième 
grand maître de l'ordre de Malte, dans Desmolbts, Mémoires de litté' 
rature et d'histoire j t. VI (1749), p. 1 54-83, 



194 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

breuse assemblée, Lambert fit lire les traités qu'il venait de 
conclure et les diverses chartes qui contenaient ses dons ou 
ses restitutions à Tabbaye ; il les consacra de nouveau et pria 
son fils, le jeune Raynaud François, neveu de Tarchevêque 
Guy, qu'il laissait en partant son héritier, de les sanctionner 
par son approbation ; ce que Raynaud s'empressa de faire 
solennellement. » 

Lambert François ne séjourna pas longtemps en Palestine ; 
il assista probablement à la prise de Jérusalem. Ce qui est 
certain, c'est que nous le retrouvons à Romans le 1 2 mai 11 00 : 
de concen avec sa mère Abaldisia, il cède aux chanoines 
toutes les églises du mandement de Peyrins. Ces églises 
étaient celles de Saint-Julien, de Saint-Martin, de Saint- 
Eusèbe et de Saint-Brice. Quelques années plus tard, le 20 
août 1 108, Lambert, Abaldisia et Raynaud donnèrent encore 
à Saint-Barnard la moitié des dîmes de Saint-Paul (i). 

Pascal II, qui venait de monter sur le trône pontifical, 
était d'un caractère très conciliant. Il songea aussitôt à pro- 
curer une réconciliation entre l'archevêque de Vienne et son 
suffragant de Grenoble et fut assez heureux pour les amener 
enfin à souscrire à un accommodement. Guy de Bourgogne 
devint un des personnages les plus en faveur auprès du nou- 
veau pape qui lui conféra le titre de légat. Lambert François 
ne tarda pas à bénéficier de la nouvelle situation de son beau* 
frère : les chanoines de Romans lui inféodèrent, ainsi qu'à 
Guillaume de Clérieu, le château de Pisançon, voulant sans 
doute par cet acte de générosité en faveur d'un membre de sa 
famille effacer dans l'esprit de l'archevêque, leur abbé, toute 
trace des anciennes divisions. L'acte qui fut alors rédigé qua- 
lifie Lambert et Guillaume viri patentes nostrœ Romanensis 
ecclesiœ vicini. Le chapitre n'eut guère à se féliciter de cette 
mesure : Lambert se montra peu fidèle observateur des clauses 



(i) GiRAUD. Op. cit., Cartulaire, n9* 172 et i55.. 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. igb 

du traité d'inféodation et on dut en venir à rédiger un nou- 
veau traité qui mit d'accord les deux parties (i). 

Le 2 février 1 1 1 9, Guy de Bourgogne fut élu pape à Cluny, 
et le 9, couronné à Vienne sous le nom de Calixte II. Or^ le 
second document du regeste de ce pape est une lettre très 
bienveillante, datée de Crest, le 2 mars 11 19, et adressée à 
Diego, évêque de Compostelle ; il lui annonce son élection 
et lui recommande un noble personnage, Lambert François, 
son beau-frère, qu'il lui envoie, afin de le mettre au courant 
de ses pensées les plus intimes sur certaines affaires impor- 
tantes et délicates (2). Ces graves affaires, d'autres documents 
nous les font connaître en détail. Voici en quelques mots ce 
dont il s'agissait. Un frère du pape, Raymond de Bourgogne, 
était allé en Espagne combattre les Maures. Il y avait épousé 
Urraca, fille d'Alphonse VI, roi de Castille, et de ce mariage 
était né un fils, Alphonse Raymond, à qui son aïeul voulut 
assurer le royaume de Galice. Raymond étant mort, Guy de 
Bourgogne avait fait un voyage en Espagne ; nommé tuteur 



(i) GiRAUD. Op. cit., Cartulaire, n«" 369, 164 bis. 

(2) Le Regeste de Calixte II désigne ce personnage sous le nom de 
Robert François, mais le qualificatif de beau-frère qui lui est donné 
ne permet pas de l'identifier avec un autre que Lambert François, sei- 
gneur de Peyrins, qui était bien le beau-frère de Calixte IL Du reste, 
une erreur de copiste, dont il est aisé de se rendre compte, aura trans- 
formé le nom de Lambert en celui de Robert. Voici le texte de cette 
lettre avec la rubrique qui la précède : a Ad D{idacum) episcopum Corn- 
postellanum, Robertum Franciscum, levirum suum, commendat. Calixtus 
episcopus, servus servorum Dei, ven. fratri D., Compostellano epis- 
copo, salutem et apostolicam benedictionem. Hune virum nobilem et 
familiarem nostrum pro quibusdam negociis ad te direximus, quem 
rogamus ut honeste suscipias, et his que tibi ex parte nostra dixerit 
ûducialiter acquiesças. Per ipsum etiam si Romanae Ecclesis consilio 
vel auxilio indiges, nobis signiûcare procures, quia nos te sicut ûlium 
in (Jhristo charissimum et favere et fovere, in quantum permiserit 
Dominus, parati sumus. Datum apud oppidum Cristam, VI non. mar- 
tii. » MiGNE. Pat, lat,, CLXIII, col. 1093. — C'est le document le plus 
ancien où figure le nom de Crest. 

2» SÉRIE. XXVP Volume. - 1892. 15 



196 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

de son neveu, avec Diego, évêque de Compostelle, il le fit 
reconnaître par les Etats de Galice. Peu de temps après, le 
roi de Castille mourut (i 109), et Urraca, oubliant tout senti- 
ment maternel et ne se contentant pas des royaumes de Cas« 
tille, de Léon et d'Asturie que son père lui avait laissés, tenta 
encore d'enlever la Galice k son fils. Diego défendit les droits 
du jeune prince et il en résulta une guerre acharnée. Les 
choses en étaient à cet état de violence à Tépoque de l'élection 
de Calixte II. Le pape voulut user de son influence pour sau- 
vegarder les intérêts de son neveu. Ce fut alors qu'il chargea 
Lamben François, « noble personnage de sa famille, » d'une 
mission confidentielle auprès de l'évêque Diego. Le seigneur 
de Peyrins avait déjà servi son beau-frère dans d'autres occa- 
sions ; il était, du reste, à cet âge où l'on a acquis l'expé- 
rience et où un homme instruit et prudent est devenu capable 
de conduire une négociation difficile. Nous ne sommes pas 
en mesure de dire comment Lambert François s'acquitta de 
sa mission. Quelque temps après, il était de retour dans nos 
pays et nous le retrouvons pour la dernière fois en 1 125 (i). 
Cette famille seigneuriale de Peyrins, rameau détaché de 
celle des comtes de Valence et où le nom de François devint 
patronymique, en souvenir, sans doute, d'un ancêtre mater- 
nel, eut donc, ainsi que nous l'avons vu, son moment de 
prospérité. Mais la décadence arriva bien vite, et dès la fin du 
XI I« siècle les François, seigneurs de Peyrins, n'occupèrent 
plus dans le pays qu'une situation assez effacée. Raynaud 
François, fils de Lamben, est mentionné dans plusieurs 
chartes du cartulaire de Saint-Barnard, qui nous apprennent, 
entre autres choses, qu'à l'exemple de ses ancêtres, il fut pour 
les Romanais un voisin bien incommode ; il leur suscita de 
nombreuses difficultés, quand ils voulurent construire leurs 
remparts (2). Il vivait encore en i i5o. Ses deux fils François 



(i) GiRAUD. Op. cil., Cartulaire, n* 166. 

(2) GiRAUD. Essai hist sur Romans, première partie, p. 310. 



LES COMTÉS DE VALENT INOIS ET DIOIS. I97 

et Berlion se partagèrent ses biens (i). François Raynaud 
figure dans une charte de 1174, et c'est de lui que des- 
cend Lambert François, seigneur de Peyrins, qui épousa 
la fille de Guillaume, seigneur de Beauvoir, dominus de Bel- 
veer: ce dernier, par un acte du 14 février 1223, lui donna, 
à lui et à ses fils, toutes les possessions qu'il avait à Clavaison 
et à Mercurol (2). Ces fiefs demeurèrent dans la famille des 
coseigneurs de Peyrins jusqu'au commencement du XIV* siè- 
cle, époque où Guillaume François, dernier survivant de sa 
race, les vendit à la famille de Clavaison (3). Ce Guillaume 
François vendit encore au dauphin en i3o2 tous les droits 
qu'il avait sur la terre de Peyrins (4). 

Les fiefs et les domaines que les François possédaient dans 
le Roy ans furent l'apanage d'un descendant de Raynaud, pro- 
bablement de Berlion son fils. Ce qui est certain, c'est qu'ils 
passèrent par un mariage dans la famille de Bérenger, famille 
illustre, originaire du Trièves, rameau détaché de celle des 
seigneurs de Domène, et venue depuis quelque temps dans le 
Royans. Raymond Bérenger, seigneur du Pont-en-Royans 
et de Barbières, épousa dans la première moitié du XIII« siè- 
cle la dernière héritière des François du Royans, et ce fut, 
sans doute, pour conserver le souvenir de cette noble famille 
qu'il voulut appeler ses fils des noms de Renaud, Lambert et 
Chabert, noms qui reviennent fréquemment dans la généalo- 
gie des François (5). C'est à cette branche de la famille qu'ap* 



(i) GiRAUD. Ibid., Cart.y n* 3o3. 

(2) Archives de ITsère, B, 35 19. a Ne res geste oblivionis, ut adsolet, 
incurrant incomodum scripture debent testimonio perhennari. Noverit 
igitur presens etas et futura quod anno Domini Mo.CC*.XXIII% XVI» 
kalend. marcii„ ego Willelmus, dominus de Belveer, recognovi me dé- 
disse in feudumper me et per heredes meos Lamberto Francee et fiiiis 
suis nepotibus meis omne jus et dominium quod habebam apud Cla- 
vaison et apud Mercurolium... » 

(3) De Gallier. Essai hist, sur Clérieu, p. 236. 

(4) GiRAUD. Essai hist, sur Romans, première partie, p. i85. 

(5) Chorier. Histoire gén, de la maison de Sassenage, p. 40-3. 



198 SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

panîent un Chabert François, personnage important et qui, 
après avoir éprouvé toutes les vicissitudes de la fonune, était 
venu, dégoûté du monde, chercher un asile sur un point de 
ses domaines, in angulo terre sue, dans la chartreuse du Val- 
Sainte-Marie. Il comptait y terminer ses jours dans la paix ; 
ses ennemis (il faudrait peut-être dire ses créanciers) ne le 
laissèrent point jouir des douceurs de la solitude ; ils le pour- 
suivirent à outrance et, à son occasion, les religieux de Bou-- 
vantes se virent en butte à toute sorte de tracasseries et même 
de mauvais traitements. On dut le prier de s'éloigner du 
monastère, au moins pour un temps. Cène fut pas sans peine 
qu'on parvint à l'y décider. Quelque temps après, il voulut 
revenir au monastère pour y habiter de nouveau ; mais les 
religieux s'opposèrent à ses projets. Il leur créa alors beau- 
coup d'ennuis, et il fallut l'intervention de Jean de Sassenage, 
évêque de Grenoble, pour rétablir l'ordre et la paix dans la 
petite communauté. Cet épisode de l'histoire du Val-Sainte- 
Marie se trouve raconté dans un curieux document qui, à 
plusieurs titres, mérite d'être ici reproduit. 

Sciant omnes in quorum manibus hec scriptura venerit 
quod Chatbertus Francisci, gravatus iniirmitate qua terram 
suam deseruit, elegit habitare in angulo terre sue in domo 
Vallis Sancte Marie, non ut habitum religionis susciperet sed 
ut ibi a tumultu seculi quiesceret et per eorum consortium et 
ipsius domus et totius ordinis Canusie orationum particeps 
neret. Ubi aliquandiu commoratus et in eis bene sibi com- 
placens, cum paupenatem domus coghovisset, misit, et Gui- 

fonem, priorem Pontis, et Rainaldum Radulffi et Martinum 
aiulum ad se venire fecit, et eorum consilio, nullo pacto 
interveniente, sed solo pietatis intuitu, pro remedio anime sue 
et antecessorum suorum, ex his que secum attulerat prefate 
domui aliquanta donavit. Dein, procedente tempore, muiti 
adversus eum habentes querelas, per occasionem, illius fré- 
quenter domum vexare ceperunt Quod, cum prior Jarento et 
alii domus diutius, honore illius et reverentia, patienter sus- 
tinuissent, ad extremum eo usque vexationes invaluerunt ut 
non solum priori et fratribus domus sed et ipsi Cbatberto res 
omnino videretur intolerabilis, unde predictus prior et alii 
fratres cum ipso Chatberto et ejus amicis diu super hoc ha- 



LES COMTÉS DE VALENT INOI S ET DIOIS. I 99 

bito consilio, rogaverunt eum quatenus, pro pace domus, ad 
tempus secedens, tamdiu alicubi extra domum maneret donec, 
solertia illius et îndustria, guerele pacifiée componerentur. 
Hac de causa, cum aliquandiu extra domum mansisset, redire 
satagebat, cum de querelarum emendatione vel nichil vel pa- 
rum peregisset. Ad quod prior consentire non audebat, paratus 
ad omae obsequium et voluntatem illius, dummodo exacto- 
ribus satisfactum fuisset. Quod ille non equo ferens animo 
prius dilecte domui cepit molestus existere et quod absolute 
pro deo dederat violenter exigere, insuper et novas querimo- 
nias et indebitas pactiones invenire. De his omnibus conve- 
nerunt in manu aomini Johannis, Gratianopolitani episcopi, 
qui utrorumçiue auditis allegationibus, adnibito sibi Pétri 
Pineti et utriusque partis consillo, precepit ut prior Vallis 
Sancte Marie daret Chatberto lx libras et ipse domum ab 
omnibus querelis absolveret. Facta sunt hec anno incarnatio- 
nis Domini M**. CC**. VI P^ idus Augusti, in castro Pontis, 
in domo prioris. Hujus rei testes sunt hii : dominus episco- 
pus, Geraldus Montis Maurini, Petrus Senioreti, prior Sancti 
Martini, Vgo capellanus, Amedeus prior de Quinto, Petrus 
Pineti, Stephanus de Valentia, Guigo prior Pontis, Lantel- 
mus de Chapeversa, Lantelmus de Rancurel, Lambertus de 
Rancurel monacus, Martinus baiulus, Rainaldus Radufi, Gau- 
fridus de Belveer, Villelmus mareschalcus, Petrus Desmerii, 
Lambertus de Manso, Amedeus de Ponte, Laurentius con- 
versus. In crastinum vero dominus episcopus sepe dictum 
priorem et Chatbenum ante se venire fecit et, ut pax solidior 
majorque dilectio inter eos remaneret in posterum, voluit et 
rogavit ut prior cum supradictis lx libris adhuc c solidos da- 
ret Chatberto, et Chatbertus, bono animo et bona voluntate, 
predictam domum ab omnibus absolvit querelis firmiterque 
promisit ne deinceps ipse, vel alius pro eo, domum super hoc 
inquietaret, Rogavit quoque priorem, domino présente epis- 
copo, ut liberam ei daret facultatem eundi ao quam vellet 
rehgionem. Cujus precibus prior, guia reniti non poterat, ad 
quam vellet religionem ire permisit, vinculo tamen caritatis 
retento. Factum est in ecclesia Pontis, his presentibus Petro 
scilicet Senioreii et Vgone capellanoepiscopi^ Guigone, Pontis 
priore, Lantelmo de Chapeversa, Martino baiulo et Gaufrido 
de Belveer (i). 



(i) Archives de la Drôme. Fonds de la chartreuse de Bouvantes. 
Original, 36 lignes. — Ls Coulteux. Annales ordinis Cartusiensis^ t. III» 
p. 272-5. 

Jules CHEVALIER. 
CA continuer. J 



200 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 



LES 



AMIS DE JEAN DRAGON 

^ofesseur à l'S^cadémte ^Protestante 

de ®re. 



(Suite. — Voir les ço», 91% 92% 93% 94% 95% 96% 97% 98" et loo* livr.) 



Bien que né à Genève, de parents gascons, le lo février 
1559, Isaac Casaubon peut être, en effet, considéré comme 
crestois, dans une certaine mesure ; car il n'avait que deux 
ans quand le pasteur Arnaud Casaubon, son père, vint 
s'établir à Crest, sur la demande des protestants de cette 
ville. Et comme ce pasteur qui resta, du reste, dans la 
contrée jusqu'à sa mort, arrivée à Die le i"^ février i586, 
était encore à la tête de l'église réformée de Crest le 24 
août i583, date du mariage d'Isaac avec Marie Proliot, 
sa première femme, on en peut facilement conclure que 
son fils passa à Crest la plus grande partie de son enfance 
et même une partie de sa jeunesse. Cela d'autant plus, que 
l'on sait que « Thelléniste sans pair», comme l'appelle 
M. Charles Revillout, resta auprès de son père, qui fut 
son premier maître, jusqu'à l'âge de 19 ans (i). 

Nous sommes d'ailleurs édifiés sur les sentiments de 



(i) Reg. des bapt. de Genève. — Min. de Jean Juvenon, notaire à 
Genève. — etc. 



LES AMS DE JEAN DRAGON. 20 [ 

Casaubon à Tendroit de Crest, par la complaisance avec 
laquelle il raconte, dans ses Ephémérides, qu'Arnaud, 
son père, se fît de nombreux amis dans cette ville, tandis 
quMl se tait, au contraire, sur les difficultés qu'y eut sa 
mère, devenue veuve. Tellement, que celles-ci ne nous 
sont connues que par un passage des actes du synode pro- 
vincial de Nyons (1601), chargeant le colloque du Valen- 
tinois de « s'enquérir du différend de M^^^^ de Casabon avec 
« l'église (réformée) de Crest », et cela bien qu'il y ait toute 
raison de croire que ce sont ces difficultés qui décidèrent 
la mère de Casaubon à s'éloigner de cette ville (i). En tout 
cas, elle était établie à Bourdeaux (2), petit bourg voisin, 
dès i6o3, date à laquelle son illustre fils lui acheta une 
maison et un jardin, (^ pour l'oster d'appréhension et la 
ce remettre in re satis lauta^ la plupart des moiens assez 
« bons qui lui avoient esté laissez par son mari s'estant 
« esvanouis par la fraude >? ; et c'est également à Bour- 
deaux qu'elle mourut en 1607. Or il n'en a pas fallu 
davantage pour dérouter tout à fait les historiens et les 
biographes, qui ont généralement confondu la capitale de 
la Guyenne, un moment habitée par Arnaud Casaubon, 
et dont le nom s'écrivait autrefois Bourdeaux, avec le 
bourg dauphinois où se passèrent les dernières années de 
sa veuve. Ainsi, quelques-uns font-ils de ce bourg le ber- 
ceau de la famille de ce grand érudit, ou tout au moins le 
théâtre des violences qui la firent se réfugier à Genève en 
i556, bien qu'il soit péremptoirement établi qu'Arnaud 
Casaubon était de « Montfort au diocèse de Dax » et que 
c'est à Bordeaux qu'il faillit être brûlé. D'autres, parmi 

(i) EphinUrides Casauboni cumprœ/atio et noiis edente Johanne Russell.,, 
Oxonii, 1850, p. 485. — Actes du syn. de Nyons (1661). 
(a) Chef lieu de canton de Tarrondissement de Die (Drôme). 



202 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

lesquels sont les historiens dauphinois, disent simplement 
qu'Isaac Casaubon naquit à Bourdeaux, ce qui est abso- 
lument contredit par son acte de baptême, et, finalement, 
M. Th. Dufour, dont les savantes recherches ont permis , 
d'élucider bien des points obscurs de la vie de Casaubon, 
incline à croire que celui-ci se rattachait à Bourdeaux en 
Dauphiné, par la famille de sa mère, Mengine Rousseau. 
Tandis qu'il est dit, en termes formels, dans une lettre de 
Casaubon lui-même, que ses parents étaient de Gascogne, 
la retraite de sa mère à Bourdeaux s'expliquant tout natu- 
rellement, du reste, par le mariage de sa sœur aînée, 
Sarah Casaubon (i), avec un Pierre Chabanays ou Cha- 
banne, habitant de ce bourg (2), qui pourrait bien être le 
parent commun, auquel il est fait allusion dans le souvenir 
autographe de Casaubon, que renferme notre album (3). 

Somme toute, Isaac Casaubon ne tenait pas au Dau- 
phiné par sa naissance, non plus que par sa famille, tant 
paternelle que maternelle, mais il lui appartient par les 
dix-sept ans au moins qu'il passa à Crest, où une notice 
anonyme (4), évidemment écrite d'après ses papiers, nous 
le montre étudiant, tantôt sous la direction de son père, 
tantôt seul, et toujours de telle façon qu'il parlait couram- 
ment le latin à neuf ans, bien qu'il ne sut pas décliner son 
nom à douze. Quant à sa biographie, elle n'est pas de 
celles que l'on peut faire incidemment ; aussi nous bor- 



(i) Né à Genève le 8 Décembre 1556. 

(a) Ce Pierre Chabanne, mourut le 3 octobre 160 1 , laissant trois fils : Pierre, 
Isaac et Charles, dont Tainé le suivit de près, car il mourut au mois de mai 
1602. 

(3) Ephéméridestp, 48g. — • Lettre de Casaubon au ministre Perrilleux. — 
Chorier : Hist, gin. du Dauphiné, II, 65.— Guy Allard : Bihl, du Dauphiné^ 
57. — Reg. des bapt. de Genève. — L'Intermédiaire, n» 51, p. 76-83. 

(4) Mais du révérend Octave Fox, recteur de Knightwich. 



LES ÂMS DE JEAN DRAGON. 2o3 

nerons*nous d rappeler que celui qui était, au dire de 
Scaliger, le plus docte des calvinistes de son temps, -^ 
hodie Casaubonum nullus doctus caluinistas^ — cet hom* 
me^ dont les lettres et le journal intime témoignent d^une 
conscience presque timorée et d'une piété et d'une charité 
profondes, a été des plus malmenés par les violents de 
son époque et tout particulièrement par ses coreligionnai- 
res, qui ne lui pardonnaient pas d^avoir convenu que Du 
Perron l'emporta sur du Plessis-Mornay, dans la fameuse 
conférence de Fontainebleau (4 mai i6o3). L'auteur de 
V Histoire de VÉdit de Nantes^ Elie Benoit, est allé même 
jusqu'à Taccuser d'hypocrisie, et l'on comprend d'ailleurs 
fort bien, qu'un homme qui ne craignait pas d'entretenir 
des relations d'amitié avec des papistes, tenait i'évêque 
d'Evreux pour un grand homme, bien qu'il ne partageât 
pas ses croyances et poussa la faiblesse jusqu'à « prester 
« une chemise blanche » au P. Cotton, un jour que le cé- 
lèbre jésuite s'était « eschauffé » en prêchant devant la 
reine, si l'on en croit Pierre de l'Estoile, ne pouvait qu'être 
suspect à des gens de parti. Cela d'autant plus, que de 
nos jours encore, il a été fort rudement traité, pour cette 
même raison, ainsi que le remarque avec tristesse M. 
Guillaume Guizot, et que bon nombre de ceux qui se 
sont avisés de le revendiquer, depuis, à cause de sa gloire, 
l'auraient conspué de son vivant à cause de sa tolérance. 
Il n'y a qu'à jeter un coup d'oeil sur certaines publications 
haineuses pour s'en convaincre (i). 

Terminons en disant que ce pauvre Casaubon, qui dut 
se réfugier en Angleterre, où il mourut en 1614, pour 
échapper aux obsessions, aux calomnies et aux attaques 



(i) BuUetin ds Vhi$t, du prot, XIV, 185, a6a et suiv. ^ Bpkémiridt 
31. — Journal de P. de l*Estoile, 1 4 décembre 1 608, etc. 



204 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

dont il était Tobjet de ce côté-ci du détroit, ne semble pas 
avoir été plus heureux dans sa vie privée que dans la vie 
publique; car tandis que M. Charles I>^isard affirme qu'il 
n'eut jamais à souffrir de l'humeur de sa seconde femme, 
qui était une fille du célèbre imprimeur Henri Etienne et 
qui lui donna dix-sept enfants, les Ephémérides nous le 
montrent prenant plus d'une fois Dieu à témoin de ses 
ennuis domestiques, — Tu scis mt ^eus^ mei doloris 
caussam domesticam ! — et confessant avec amertume, que 
les qualités de cette compagne de sa vie ne l'empêchaient pas 
d'être un grand embarras, pour lui, dans ses études, — 
domine fateor ita maritam esse meam est qum allepa^ 
tioni et auxilio esse débet sit interdum studiis nostris 
impedimenta (i). 

VI 

Joh. Draco a Chomeana, i6ii (2). 

Nous avons dit, en parlant du premier possesseur de 
notre album, qu'il était, quoique roturier, de la même 
famille que Jean Dragon, sieur de Choméane, gentil- 
homme crestois, de qui il y a deux souvenirs autographes 
dans cet album, et puis que s'il est vrai que cette famille 
vînt de Hollande à Crest, comme le prétendent les généa- 
logistes, ce dut être avant 1 570, qui est la plus ancienne 
date donnée par eux. Or nous avons justement découvert 
depuis , différents actes desquels il résulte que maître 
André Dragon, médecin de Delft, habitait Crest dès i5i3, 
et grâce auxquels nous pouvons ajouter d'utiles rensei- 



(i) Ephiméridês, 41 et 57. 
(a) Fol. 161 et 166. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 20b 

gnements, à ce que nous avons déjà raconté de la famille 
Dragon (i). 

L'un des fils de ce médecin hollandais, établi à Crest, 
ayant fait la branche de cette famille qui finit probable- 
ment avec le professeur Jean Dragon, un autre fit celle 
des sieurs de Choméane qui fut anoblie, nous ne savons 
pourquoi ni comment, et que représentaient à la fin du 
XVP siècle nobles Jean et André Dragon, frères. 

De Jeanne de Beauchastel, sa femme, André Dragon 
ne laissa qu'une fille du nom de Jeanne Olympe, qui fut 
baptisée en Téglise St-Sauveur de Crest et qui épousa 
Jacques Figuel, de Die ; mais dlsabeau de Chantemesse, 
Jean Dragon, son frère, eut en revanche deux fils, dont le 
second, nommé Louis et mort garçon, se disait âgé de 
83 ans et possesseur d'un revenu de 60 livres, lorsqu'il fit, 
en 1670, les déclarations voulues pour le ban et Farrière- 
ban. Quant à l'aîné, qui s'appelait Jean comme son père 
et qui était pasteur à Courthézon, dans la principauté 
d'Orange, en 1626, il mourut avant i63o, laissant trois 
enfants : le Jean Dragon de Choméane, qui a donné lieu à 
cet article, un autre fils appelé Jacques et Blanche Dra- 
gon, femme d'André de Borel , sieur du Thau (2). 

En résumé, l'auteur des souvenirs autographes qui sont 
aux folios 161 et 166 de l'album de Jean Dragon, était le 
fils d'un pasteur de Courthézon et l'arrière-petit-fils du 
médecin hollandais établi à Crest, en même temps que le 
cousin de celui qu'il a célébré en prose latine et en vers 



(i) Minutes de Vincent, notaire à Crest au commencement du XVI* siècle, 
chez M* Bauthéac. 

(3) Minutes de Barthélémy, notaire à Crest, chez M* Bauthéac. — Notes 
de M. Edmond Maignien. — Archives de la Drôme, B. 76a. --Etat civil de 
Crest. — Reg. des conclusions académique de Die, etc. 



2o6 SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DR STATISTIQUE. 

grecs dans cet album. Ajoutons quUl était, à ce moment-là, 
étudiant en philosophie. — philologiœ candtdatus, ^^ et 
qu'ayant ensuite fiait sa théologie à Tacadémie de Die, 
comme a escolier entretenu par ie colloque du Diois »^ il 
concourut, mais en vain^ pour la chaire d'hébreu de cette 
académie^ au mois de février 1619. Nommé alors pasteur 
de Manas (i), petit village de la vallée du Roubion, Dra<* 
gon de Choméane y devint bientôt le gendre d'un sei- 
gneur du voisinage, celui de Salettes (2), Pierre Guyon, 
dont la femme, Isabeau Pape, n'était rien moins qu'une 
fille de ce fameux capitaine de St-Auban qui a laissé des 
mémoires sur les guerres de religion, dans lesquelles il 
s'illustra, et, par cela même, d'une famille qui se ratta- 
chait aux andens comtes souverains du Yaientinois, Mais, 
tout en flattant son amour-propre de gentilhomme, ce 
mariage fut, pour notre pasteur, une source de difficultés 
et d'amers chagrins. Indépendamment de ce que le sei-* 
gneur de Salettes, son beau-père, était si mal dans ses 
affaires que, député des églises protestantes de la province 
au synode national de Vitré (161 7), il ne put rendre comp- 
te, au retour, des sommes qui lui avaient été confiées, et 
finit par en passer obligation, faute de pouvoir rendre ce 
qu'il redevait ; il eut, en effet, tellement à souffrir du ca- 
ractère et de la conduite de sa femme, qu'après s'être dé- 
battu douze ou quatorze années durant, au milieu d'inex-> 
tricables difficultés, il abandonna, de guerre lasse, sa fa- 
mille, son église et son pays, pour se retirer en Suisse (3). 
Là, Choméane fut d'abord chargé de desservir l'église 



(i) Commune du canton de Marsanne Drôme). 
^2) Commune du canton de Dieulefit (Drûme). 

(3) Arch. mun. de CharoU. FF. 6. — Actes des syn. de NyoA» (1617), 
d'Embrun (1618), de Gap<i6i9) et<le Briaiiçoa(i6ao), 



LES AMS DE JEAN DRAGON» ^OJ 

de Vich, puis celle de Perroy, entre Aubonne et Rolie^ et 
dans ce dernier poste il sut si bien se concilier Tesprit des 
habitants, que ceux-ci le chargèrent plus d^une fois de dé- 
licates missions auprès du conseil souverain de Berne. 
Mais ce n^est cependant pas à Perroy quMl mourut, ainsi 
que le dit la France protestante, ou tout au moins ce 
n^est pas en 1645, attendu que Jean Dragon de Choméane 
était à Crest le 10 juillet i658, date à laquelle, agissant 
en qualité d'héritier de son frère Jacques et de cessîon- 
naire d^Olympe Dragon, sa cousine, femme de Jacques 
Figuel, et encore comme procureur d'André de Borel^ 
sieur du Thau, mari de Blanche Dragon, sa sœur, il dé- 
clara avoir reçu de « noble Louis de Dragon, son oncle 
« et jadis tuteur desdits sieurs et demoiselle Dragon, tous 
« les biens immeubles estant encore en nature aux biens 
d et héritage de feu noble Jean de Dragon, leur père, 
a vivant ministre de la paroUe de Dieu en l'église de Cour* 
« teson (î) » 

Rentré ainsi en possession d'une partie des biens de sa 
famille, Tancien pasteur de Manas se fixa-t-il de nouveau 
dans la contrée ? On peut le supposer: mais tout ce qu'il 
y a de certain, c'est qu'il mourut avant son oncle Louis^ 
dont l'héritage fut recueilli par la famille Alvier (2). Quant 
à sa femme, de qui il était séparé dès i635, rien ne peut 
mieux la faire connaître que le passage suivant d'un acte 
dicté par sa mère au notaire Bon, de Montélimar, le 3 fé* 
vrier i63g, et à nous communiqué par le savant historien 
de cette ville, M. le baron de Coston : « Isabeau de St- 
« Auban, vefve de Pierre Guyon, seigneur de Salette, 

(0 La France protestante, noov. édit.V, 89a. — Minutes de Dartbélemjr, 
chez M* Baulhéac, notaire à Crest. 
(a) Arch. de la Drôme, B, 827. 



208 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

<c mecnoratifVe qu'au contrat de mariage de Françoise 
« Guyon, sa fille^ avec noble Jean Dragon de Chaumiane, 
ce elle lui avoit fait donation de 3ooo livres, sous Tespé- 
« rance que sadite fille se comporteroit envers elle ainsy 
« que la nature et le debvoir Vy obligeoient, Thonorant et 
« servant comme tout enfant est tenu de faire. Au con- 
« traire de quoy ladite Françoise s'est rendue tellement 
a rebelle, durant plusieurs années, et jetée dans une vie 
« licentieuse, contre toutes les admonestations et mater- 
(( nels advertissements, que mesme son mary avoit esté 
Ci contraint de l'abandonner, pour ne la pouvoir destour- 
cc ner de la vie qu'elle menoit pleine d'abandon. De quoy 
ce les représentations qui luy en estoient faictes ont, d'au- 
« tre part, tellement aigri ladite Françoise,qu'elle se seroit 
« portée à tous actes de mespris contre sa mère et bien- 
ce faitrice ; que non seulement elle l'a despouillée de ses 
c biens^ en les luy ravissant toutes les fois qu'elle Ta peu 
« faire, tant dedans que dehors la maison et château de 
« Salette, ce qui est très notoire comme faict au seu, veu 
« et conspect de tous les habitants. Mais ce qui est plus 
ce estrange et du tout insupportable, criant vengeance à 
ce Dieu et aux hommes, elle s'est laissée gaigner à telle 
ce rage, qu'elle a porté ses mains violentes sur la personne 
ce de sa mère, d'icelles la frappant avec injures et menaces 
ce de pis faire ; de quoy reprise, elle n'a jamais eu aucune 
c( repentance et moings amandement, s'estant toujours 
ce rendue à des traictements outrageux qui méritent très 
ce justement, outre la punition de Dieu et chastiment des 
ce hommes, que ladite Françoise soit privée de tous les 
<c biens et advantages que sadite mère luy peut avoir cy- 
ce devant faicts... » Conséquemment, elle révoque toutes 
les donations antérieurement faites par elle à sadite fille. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 2O9 



VII 
Johannes Rodulphus Faber, Lausaunnesis^iGi i (i). . 

Celui qui a signé de ce nom, une déclaration d^amitié 
pour Jean Dragon, pasteur à Crest, le ry septembre 1611, 
est encore une des curieuses figures de notre galerie, de 
celleis qui reflètent le mieux l'esprit et les mœurs de leur 
temps et de leur milieu, et avec cela un des hommes à 
propos de qui les biographes ont commis assez d^erreurs 
et d^oublis, pour que sa biographie soit à refaire. 

De son véritable nom, cet ami de Jean Dragon s'appe- 
lait Le Fèvre, nom qui latinisé l'a fait confondre avec le 
professeur genevois Jean-Rodolphe Fabri et, bien que la 
Biographie du Dauphiné le fasse naître à Grenoble, il était 
de Lausanne où il naquit, dit-on, de parents grenoblois, 
émigrés pour cause de religion. Ce qui est d'autant plus 
surprenant, qu'on ne trouve pas de Le Fèvre sur la liste des 
huguenots habitants Grenoble en r56f, non plus que sur 
celle des dauphinois réfugiés à Lausanne après r553. 
Il est, en tout cas, certain qu'il fit ses études en France, 
d'abord à Bergerac, puis à Montpellier, et qu'il venait 
d'être reçu a maistre es arts » lorsqu'il se présenta, muni 
d'une lettre de recommandation d'un pasteur de cette der- 
nière ville, le diois Daniel Peyrol (2), pour disputer une 
des chaires de philosophie de l'académie de Die. C'était le 8 
septembre 16 r i et la dispute ayant eu lieu le 24, Le Fèvre 
l'emporta ; mais ce n'est cependant pas avant un mois, 
qu'il fut mis en possession de sa chaire, à cause de l'op- 



(i) Fol. laç. 

(3) Voir plus loin la notice consacrée à ce personnage. 



^(O SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

position d'un de ses concurrents, Técossais Lesleus qui 
aura plus loin sa notice (i). 

Or cette chaire, notre lausannais ne l'occupait guère que 
depuis un an, lorsqu'il se plaignit au Conseil académique, 
de ce que Tautre professeur de philosophie, Jean-Fran- 
çois Visconti, éiant entré dans sa classe pendant qu'il y 

exerçait ses élèves aux discussions philosophiques, refusa 
grossièrement de prendre pan à l'action, en disant qu'il 
ne voyait dans son enseignement, que sottises et fadaises. 
— Nihil deprehendebat nisi ineptis et ineptias. — « Chose 
revenant, » disait le plaignant, à sa grande honte et de ses 
escoliers ; » mais qui ne Tempêcha pas de grouper tou- 
jours autour de lui, un si grand nombre d'élèves, que le 9 
août i6i5, il sollicitait, pour les maîtres es arts, le droit 
de porter le bonnet carré, en déclarant qu'il n'avait pas 
moins de quinze ou seize de ses « escoliers » sur le point 
de prendre ce grade. Ce dont le Conseil académique prit 
aussitôt occasion, pour inviter notre professeur à « tas- 
ce cher d'avoir d'un chascun desdits escoliers, dans sept 
« ou huit jours, les droits de l'Académie, afin qu'on 
« puisse employer les deniers, à faire faire une masse 
« d'argent, pour le jour des promotions et mesme de la 
« réception des maistres es arts, afin que l'action en soit 
<c d'autant plus célèbre et glorieuse. » Et l'un des collè- 
gues de Le Fèvre, qui n'était autre que Visconti, ajouta 
même, qu'il avait déjà chargé un orfèvre de Grenoble, 
nommé Le Flamand, de faire ladite masse, et que si M. 
Faber donnoit l'argent elle serait faite avant la fin du 
mois (2). 



(i) Biogr. 4u Dauphinif I. -^ Reg. des conclus, acad. 
(a) Reg. des conclus acad. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON 21 î 

En tant que professeur, Jean-Rodolphe Le Fèvre se fit 
à Die une bonne place ; mais tels étaient son esprit d'entre- 
prise et la diversité de ses aptitudes, qu'il ne s'en contenta 
pas. Aussi fit-il, le 12 juin i6i3, avec les membres du 
Conseil académique et les consuls de cette ville, un traité^ 
aux termes duquel ceux-là lui cédaient, pour le prix et 
somme de 400 livres tournois, représentant une année de 
ses gages de professeur, une imprimerie « avec tous les 
« instruments et ustensiles d'icelle », les vendeurs s'enga- 
geant en outre à lui faire imprimer tout ce que pourraient 
publier « les escoliers, régents et professeurs de PAcadé- 
ff mie, » et l'acquéreur s^obligeant^ par contre, à imprimer 
gratis à 3oo exemplaires, tous les programmes académi- 
ques, pourvu qu'on lui en fournît le papier ; comme aussi 
à ne prêter ses presses que pour des écrits ayant l'approba- 
tion du Recteur. £>e plus, il se fit donner avec le titre de 
libraire de l'Académie de Die, le monopole de la vente de 
tous les livres protestants dans cette ville; ce qui lui valut 
une rixe avec un autre libraire du nom d'Estienne, qui le 
maltraita de telle sorte que Le Fèvre resta plusieurs jours 
sans sortir, « à cause des marques qu'il avoit au visage^ » 
Enfin il ouvrit un cabinet d'avocat (i). 

Malheureusement, les résultats de tant d'entreprises di- 
verses ne répondirent pas à ses espérances et, pour ce qui 
regarde son imprimerie, elle ne fut jamais, pour lui, qu'une 
lourde charge, à ce point, qu'il était, dit-on, sur le point 
de la vendre aux Jésuites, quand le consistoire de l'église 
réformée de Die lui signifia de n'être c pas si hardy que 
« de vendre ladite imprimerie sans son consentement, 
« d'autant qu'elle estoit hypothéquée à l'Académie, y ayant 

(i) Reg. des conclus, acad. 

2« SÉRIE. XXVP VOLUMB. — 1892. 16 



2r2 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

ce beaucoup de rétentions auxquelles il ne pouvoit contre- 
« venir, » Ce que voyant, il tâcha de se tirer d'affaire en ven- 
dant sa librairie à un sieur Pierre Gay, qui fut agréé par le 
Consistoire ; puis mit le Synode provincial en demeure, 
de Tautoriser à vendre son imprimerie, ou de lui 
c prester cent escus pour la faire refondre, à cause que 
c les caractères estoient fort effacés. » Mais cette dernière 
mesure, à laquelle s'arrêta le Synode et pour l'exécution 
de laquelle cette assemblée lui consentit un prêt de 200 
livres, a avec hypothèque des caractères,» le laissa encore 
dans de tels embarras^ qu'il finit par vendre, en 1619, 
son imprimerie à Ezéchiel Benoit, qui la conserva qua- 
rante-quatre ans; et cette vente faite, il se trouva encore 
aux prises avec d'autres difficultés (i). 

Du moment qu'il n'eut plus à s'occuper de son impri- 
merie et de sa librairie, notre professeur consacra en effet 
d'autant plus de temps aux plaidoiries, et cela étant, les 
avocats portèrent plainte au Conseil académique, qui en- 
joignit à Le Fèvre de ne plus faire « l'office d'avocat avec 
« la profession philosophique, » L'affaire ayant été portée 
par appel, devant le Synode provincial, celui-ci décida 
même qu'il ne devrait désormais, que « donner des advis 
« à ses amis et aux poures, comme aussi escrire en son 
<r particulier, quand il en seroit requis, sans distraction de 
c sa charge. » Ce dont Le Fèvre fut d'autant plus affecté, 
que ses gages de professeur, qui étaient d'ailleurs fort ir- 
régulièrement payés, ne lui suffisaient pas. Il en résulta, 
par suite, une tension dans les rapports de ce dernier, non 
seulement avec les avocats, mais encore avec le corps aca^ 
démique, et même avec l'imprimeur de l'académie, Ezé- 

(i) Délib. du consistoire de Die. — Reg. des conclus, acad. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 2l3 

chiel Benoit, qui se plaignit le 12 janvier 1620, de ce que 
« M. Faber ne lui faisoit plus imprimer ses thèses », et 
finalement le 26 octobre suivant, notre professeur de phi- 
losophie donna sa démission au Conseil académique, qui 
• Taccepta sous condition, que pendant les deux mois quUl 
devait encore occuper sa chaire, suivant les règlements, 
le professeur démissionnaire enseignerait la métaphysi- 
que, ce une des principales sciences et dont toutes les au- 
« très tirent leurs principes (i). » 

De Die, Le Fèvre fut à Lausanne, où il enseigna égale- 
ment la philosophie et où il ne publia pas moins de sept 
thèses, de 162 1 à 1643, mais aussi, d^où il se fit chasser, 
en publiant un singulier factum, intitulé: Le cabinet 
inestimable de la femme y factum dans lequel prenant la 
défense d'une personne accusée d'avortement, il soutenait 
qu'il n'y avait pas crime, si le fait incriminé s'était passé 
avant le sixième mois de grossesse (2). Car, instruit de 
cela, le conseil souverain de Berne rendit le 24 novembre 
1623, une sentence condamnant le livre de Le Fèvre à 
être brûlé comme dangereux et son auteur à six jours de 
prison et à la destitution (3). 

Revenant alors en Dauphiné, Le Fèvre qui eut tou- 
jours un goût marqué pour la plaidoirie, s'établit à Gre- 
noble, comme avocat au parlement de cette ville et il y 



(i) Reg. des conclus, acad. — Actes du syn. de Gap (i 6 19). 

(a) Il prétendait pour cela, que pendant les six premiers mois qui sui- 
vent sa conception, tout être humain n'a d'abord qu'une Ame végétative, qui 
meurt au bout de 70 jours s'il est un garçon, de 1 00 jours s'il est une fille, 
et que remplace alors une âme sensitive, laquelle est elle-mftme remplacée 
par l'Ame universelle, qu'il appelait Ame rationnelle. Et ce qu*il y a de plus 
surprenant c'est que sur ce raisonnement la personne accusée d'un avorte- 
ment, qu'elle avouait du reste, fut acquittée. 

{i) La France proU, nouv. édit., VI, 195-196. 



2C4 SOCIETE d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

a bien des raisons de croire quUl y resta jusqu'à sa mort^ 
qui ne saurait être de beaucoup postérieure à 1645 (i). 

Terminons en disant que le Mercure réformé^ pamphlet 
catholique du temps, le donne comme un homme maigre 
et sec, qui avait besoin de sacrifier aux grâces, et qu'indé- 
pendamment du livre, qui le fit condamner à Berne et 
d'un grand nombre de thèses au premier rang desquelles 
il faut mettre sa thèse pour le doctorat, ayant pour titre : 
Sophiœ Viridario purpurissatis referta violis qum pro 
suprema philosophim laurea decorandapatebunt^ omnibus 
violarum odore reari cupientis^ Jean- Rodolphe Le Fèvrc 
a publié difiérentes Controverses et disputes^ dont il fit 
hommage à «^ MM. de Berne » en 161 3, et de plus les sept 

ouvrages suivants: Medulla logica Deias Augustœ 

Vocontiorum, 161 3, in-8** de 5 fif. et 384 p. — Totius 
logicœ peripateticœ nec non totius Organi Aristotelici* 
Ramei compendium. Aureliana&i 1623, in-4®de 16 ff. etSgo 
p.,plus 106 p. et 10 fi. de table, pour l^Organum Aristote^ 
licoRamœum. — Cursus phjrsicus quo totius philiosophim 
naturalis corpus txplicatur. Geneva, 162b, in-* 1 2 de 20 ff« 
61496 pt, plus 16 ff. d'index. — Le pourtraict de Vhom* 
me mis à son jour et rehaussé en vives et esclatantes cou- 
leurs. Grenoble, 1629, in-8** de 4 ff. et 104 p. — Clavis 
jurisprudentim^ sive brevis ac methodica Institutionum 
Instiniani explicatio. Gratianopolitani, i638, in-4® de 
16 ff. et 334 p. — Systema triplex juris civilis criminalis 
canonici et feudalis , Genevs, (643, in-folio. Enfin Avia-- 
rium furis, ouvrage dont M. Ad. Rochas n'a parlé que 
sur ouï dire* 



rta* 



(f ) Guy Allard ; Dict, hist.t h 96. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 2l5 

VIII 

Bertrandus a Furno, Tricastinensis delphinas{i). 

Etudiant à racadémie de Genève en 1 594, Bertrand du 
Four était ancien de Téglise protestante de Saint-Paul- 
Trois-Châteaux en 16 19, date à laquelle il accompagna le 
pasteur de cette église, Jean Dragon, au synode provincial 
de Gap ; mais le souvenir autographe de lui, que renferme 
notre album, est à l'adresse de Jean Dragon, pasteur de 
Crest (2). 

Je ne crois pas quMl fût de la famille du Four, qui possé- 
dait au XVIP siècle la petite terre de la Répara, non loin 
de Crest. 

IX 

Jean Leslcbus, à Curchy Scot (3). 

Cet ami de Jean Dragon qui, fait assez singulier, lati- 
nisait son nom patronymique, sans en user de même avec 
son prénom, était, on le voit, écossais et non d'Uzès, com- 
me on Ta prétendu ; mais il arrivait, en tout cas, de cette 
ville, lorsqu'il se présenta, le 17 février 1611, devant le 
conseil académique de Die, comme venant de la part du 
second professeur de philosophie, Jean Steck, alors en 
congés pour faire la classe en son absence. Proposition 
que Ton accepta, sous condition, qu'il ne ferait sa leçon 
qu'en « chiére basse, » la haute ne devant être occupée que 
par des professeurs en titre. Et c'est, de plus, grâce a des 
certificats émanant des pasteurs et des consuls d'Uzès, 
qu'il fut ensuite admis à concourir pour cette chaire de 

(i) Fol. 165. 

(a) Livre du R»cttur, —Actes du synode de Gap (1619). 

(3) Fol. 144. 



2l6 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

philosophie, Steck s'en étant définitivement démis par 
lettre. Seulement comme il avait habité d'autres villes 
que Uzès, ne justifiait pas de la conduite qu'il avait 
tenue dans cette ville, passait même pour s'être « révolté » 
à Avignon et, dans tous les cas, était d'humeur assez diffi- 
cile, pour qu'au bout de quelques jours, le Recteur se 
plaignît de ses propos, sa candidature, qui se produisit en 
même temps que celle de Jean Dragon lui-même, fit aus- 
sitôt éclater, dans le Coaseil académique, des divisions 
qui y étaient toujours à l'état latent (i). 

Il en résulta que, pour donner aux esprits le temps de 
s'apaiser, le concours qui devait avoir lieu vers le milieu 
du mois de mars, fut renvoyé au mois de septembre ; ce 
dont Jean Dragon fut tellement offensé, que de dépit, il 
abandonna, ainsi que nous l'avons raconté, l'enseignement 
pour le pastorat et que son compétiteur Lesleus, triom- 
phant, se considéra si bien, dès lors, comme le posses- 
seur définitif de la chaire de philosophie, qu'il occupait à 
titre .provisoire, qu'il eut au mois de juin suivant, une que- 
relle de préséance avec le professeur d'hébreu, Ferrari (2), 
sur qui il prétendait avoir le pas dans le temple. (3) 

Seulement au lieu de se concilier ainsi les esprits, Lesleus 
se les aliéna si bien, que l'insuffisance d'un troisième can- 
didat, le médecin du Seigneur, étant démontrée, la plu- 
part des membres du Conseil académique se rallièrent avec 
empressement à une nouvelle candidature, celle de Jean- 
Rodolphe le Fèvre, qui se produisit au dernier moment, 
sous les auspices d'un pasteur de Montpellier, le diois 



(i) Reg. des conclus, acad. 

(a) Jean-Baptiste Ferrari, milanais, qui occupa la chaire d'hébreu à Taca- 
demie de Die, de 1611 à 1616, date à laquelle il se fit catholique. 
(3) ^H>- ^^^ conclus, acad. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 217 

Daniel PeyroI,et que notre écossais ayant demandé la rai- 
son de cette préférence, on lui répondit sèchement que 
son concurrent le primait au regard de la doctrine et des 
mœurs (i). 

Plus irrité que découragé par cet échec, Lesleus fut se 
plaindre à Lesdiguières, de ce quMl estimait être un déni 
de justice et le gagna même si bien à sa cause, que le tout 
puissant maréchal invita le Conseil académique à remet- 
tre au concours la chaire objet du litige. Mais ce dernier 
n^en persista pas moins dans ses résolutions. D^autant 
plus, que les étudiants intervenant à leur tour dans le dé- 
bat, déclarèrent alors quUls abandonneraient en masse 
leurs classes, si le professeur écossais était de rechef chargé 
d'un cours de philosophie. Intervention que les chefs de 
TAcadémie blâmèrent du bout des lèvres, mais dont ils ne 
manquèrent pas, pour cela, de se faire un argument au- 
près de Lesdiguièresy pour obtenir de lui gain de cause (2). 

Mieux informé, ce dernier qui était alors l'arbitre su- 
prême des intérêts du parti protestant en Dauphiné, rendit 
en effet, le \o octobre 161 1, une sentence, qui rejetant 
rappel de Lesleus, ne lui accordait comme compensation, 
que le droit d'être pourvu de la régence de la première 
classe, s'il en était trouvé capable (3). Ce qui était quelque 



(i) Reg. des conclus, acad. 

(a) Res:. des conclus, acad. 

(3) Ce document ne se trouvant pas dans la publication de MM. Douglas 
et Romans, Actes et correspondances de LesdiguUreSy nous croyons devoir 
le donner intégralement ici : 

Le seigneur de Lesdiguières, mareschal de France, et lieutenant général 
pour le Roy au gouvernement du Dauphiné, 

Sur le différent dévolu par devant nous, d'entre le s' Lesleus, recourant 
de certain jugement rendu par ceux du G)nseil académique du collège de 
Dye, par lequel la chiére et profession de philosophie a esté adjugée au s' 



2l8 SOCIÉTÉ d'archéologie FT DE STATISTIQUE. 

peu dérisoire, ainsi que le comprit du reste notre profes- 
seur, qui ne voulut pas même concourir pour cette régence, 
que le brusque départ de Jean Dragon avait rendue va- 
cante et s'éloigna conséquerament de Die, croyons- 
nous {(). 

X 

H. F. De Lubacus. Priposiensis^ 1611 (2). 

Henri de Lubac était étudiant en théologie à l'académie 
de Die, lorsqu'il écrivit dans l'album de son ancien pro- 
fesseur, le pasteur de Crest, quelques phrases latines sur 
l'amitié, et c'est du temps même qu'il étudiait sous Jean 
Dragon, qu'il eut une petite aventure, dont nous croyons 
devoir emprunter le récit au registre des conclusions aca- 

Le Fèvre, en préférence dudit Lesleus, d'une part ; contre ledit Le Fèvre 
soubstenant ledit jugement, d'autre. 

Après avoir ouy les sieurs Vulson de la Colombière et Charpieux, recteur 
et principal dudit collège, députés dudit Conseil académique, sur le veu de 
la procédure qui a esté tenue en la formalité et au fond dudit jugement et des 
g^efo et moyens de recours, par lesquels ledit Lesleus prétendoit venir au 
£oncraire, et sur toutes les remonstrances que nous ont voulu faire sur le 
subject et avoir veu les actes contenant ladite procédure : 

Nous, afin que Tordre estably audit collège soit exactement observé et 

quMl ne soit en aucune sorte desrogé, avons ordonné et ordonnons que le 

jugement tiendra et sortira son plain et entier eiFect, et à ces fins, en tant 

que de besoing, avons confirmé ledit Le Févre, en possession de ladite chière 

et profession de philosophie, pour estre par luy exercée suivant les loix et 

mœurs dudit collège et que néantmoings ledit Lesleus sera pourveu de la 

régence de le première classe, ou de toute autre profession audit collège, 

dont il sera jugé capable, par ceux à qui Tinspection de telles choses 

appartient et Tappel par luy interjeté audit jugement pardevant la chambre 

de redit de ceste province, mis à néant : ensemble ledit Le Févre, poar ce 

regard, sort de ladite instance. 

Faict à Grenoble ce X"* octobre i6i i . 

Lesdiguières. Brbmond. 
(i) Reg. des conclus, acad. 

(a) Fol. 176. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON* Hig 

démiques, parce qu'elle est un petit trait des mœurs uni- 
versitaires du temps : « Le Recteur a proposé, » y est- 
il dit sous la date du 17 août 16 10, a que du jour d'hier^ 
« il arriva à M. Baba, régent de la troisième classe, de 
« donner un coup de poing à un escolier de la première, 
a nommé de Lubac, comme il montoit en classe, et ce au 
a conspect de son régent, sur quelque propos qui avoit 
« précédé dans le temple, et en donnant ce coup, usa de 
« tel mot qui ne luy est que par trop coustumier, assavoir, 
« mon diable, ce dont ayant esté averti, et veu que ledit 
« Baba est coustumier de s'esgarer, il l'a vouleu con vo- 
it quer à ce conseil, où par advis de la compaignie, lesdits 
« iM. Baba et de Lubac, ayant esté appelés et ouys, ledit 
« Baba a confessé de s^estre oublié à donner un coup de 
« poing audit de Lubac, ains toutesfois en la présence de 
« son régent et sur l'occasion de ce que quelques jours au- 
« paradvant, ledit de Lubac luy dit : M. Baba la leçon est 
c( desja faite ? et dimanche dernier, y ayant du bruit dans 
« le temple, lors de la prédication, de quoi se plaignoit 
« M. Valier, pasteur, en disant qu'on marqueroit les enfants 
« qui menoient du bruit, ledit de Lubac dit assez haut : 
« Marquez Baba. Finalement, il arriva de luy bailler un 
« coup de poing, ce qu'il n'eut fait si ledit de Lubac ne se 
« fut irrévérencieusement posé au devant de la fenestre 
t de la troisième classe, lui tournant le dos, la teste cou- 
« verte, d'où ledit Baba fut induit à luy donner le coup de 
« poing et dire : Marquez ceste chasse. » Ce qui valut en 
outre à l'étudiant de Lubac, d'être censuré par le Conseil 
académique, (i) 

Devenu ensuite pasteur, Henri de Lubac l'était à Privas 
dès le 12 mai 1617, date à laquelle il fit de conûert avec 

(i) Reg. des condttg. acad. 



220 SOCIETE . d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

les membres du Consistoire, parmi lesquels se trouvait un 
Jean de Lubac, certain accord intéressant les pauvres et il 
Tétait encore trois ans après. Seulement il n'en exerçait 
plus les fonctions alors, car nous savons par les actes du 
synode national d'Alais (1620), que Téglise de Privas ayant 
employé des pasteurs étrangers, en Tabsence de de Lubac, 
il en résulta un conflit avec le synode provincial du Vivarais 
et du Velay, qui fut censuré, pour s'être opposé à ce que 
cette église se procurât un autre pasteur.Quant à de Lubac 
lui-même, dont le Synode provincial avait épousé la cause, 
le Synode national lui fit écrire pour l'obliger à rendre rai- 
son de certaines plaintes portées contre lui, ordonnant en 
outre qu'il ne toucherait, en attendant, aucune portion de 
la subvention royale. Enfin, quelque temps après, il fut 
déposé par le colloque du Valentinois, comme « coupable 
« d'adultère et de plusieurs autres crimes »; ce qui fut con- 
firmé par le synode national de Charenton (i623), dans 
les actes duquel notre homme est ainsi dépeint : « Henri 
a de Lubac, autrefois ministre de Privas, dans le Viva- 
« rois, âgé d'environ trente-deux ans, de stature moyenne, 
(c la tête chauve, mais les cheveux qui lui restent sont d'un 
ce brun châtain, la vue égarée» les yeux enfoncés dans la 
« tête, laquelle il remue à tout moment, d'une contenance 
« fière (i). » 

XI 

Petrus MoLiNŒus, 1612 (2). 

L'autographe signé de ce nom étant daté de Privas et 
les noms de Moulin et de du Moulin étant communs en 



(1) Minutes de Tussas, notaire à Privas. — Aymon, II. 19a et aSa. — 
Arnaud: Hist. des prot, du Vivarais^ 577-78. 
(a) Fol. 71. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 221 

Vivaraîs, on pourrait T'attribuer, sans invraisemblance, à 
quelque notable protestant de ce pays. Par exemple à un 
capitaine Pierre Moulin, qui figure comme témoin dans le 
contrat de mariage d'Elie de Barrés, sieur du Molard, 
avec Philippe de Chambaud, fille de Mathieu, châtelain 
du Pouzin (c), le 9 juin t6i3, et qui est probablement le 
même qu^un sieur du Moulin, dont les consuls d^Etoile(2) 
contestaient la noblesse, cinq ans plus tard, en soutenant 
que « par cousthume au pays de Vivarois, on ne faict 
« point exacte recherche et discution de la vraye noblesse 
(c et cause d'icelle ; mais que sans recourir au prince, les 
<c enfants des doctheurs, nothères, marchands et toute 
(( sorte de capitaines et autres gens qui ont quelque lustre 
« ou qualité et marque de vertu, s'appellent indistîncte- 
« ment nobles. » Mais nous le croyons plutôt du fameux 
pasteur Pierre du Moulin, dont les audacieuses doctrines 
effrayaient tellement Casaubon que, d'Angleterre, il écri- 
vit un jour à sa femme, venue en France, pour lui rap- 
peler que « l'amour de ces nouveautés est de très dange- 
« reuse et pernicieuse conséquence » ; car la date précise 
de cet autographe, — Pridie calendarum maii 1612^ — 
répond à celle du synode national qui se tint à Privas du 24 
mai au 4 juillet 1612, synode dans lequel le pasteur Pierre 
du Moulin joua, on le sait, un grand rôle. Et cela étant, 
il n'est pas douteux que c'est à ce dernier, plutôt qu'à 
quelque obscur homonyme, que le pasteur de Crest de- 
manda quelques lignes de son écriture. De telle sorte que 
la citation qui y est faite du proverbe italien : Aquila non 
piglia moscha^ au lieu d'être une flatterie à l'adresse de 



(i) Commune du canton de Chomérac (Ardèche). 
(a) Commune du canton de Valence (Drôme). 



222 SOCIÉTé D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

Jean Dragon, n^est en réalité qu'un témoignage d'incom* 
mensurable orgueil de la part de du Moulin, f>our qui ce 
dernier n'était qu'un jeune homme d'avenir, — adoles^ 
cens spei, — et qui a certainement voulu faire ainsi allu- 
sion à ses grandes querelles avec certaines sectes protes- 
tantes» comme celle des Piscatoriens qu'il attaqua vio- 
lemment dans le synode national de Privas (i). 

Pour ce qui est des relations que purent avoir ensemble 
Pierre du Moulin et Jean Dragon, il y a bien des raisons 
de croire qu'elles se bornèrent à l'insertion par le premier 
de quelques lignes de latin, d'italien et de grec dans l'al- 
bum du second, mais il n'est pas impossible qu'elles aient 
été autres ; car, bien que né aux environs de Mantes, le 
fameux pasteur de Paris tenait au Dauphiné par sa mère. 
Celle-ci, qui s'appelait Françoise Gabet, était, en effet, la 
fille d'un juge royal de Vienne, à qui une autobiographie 
écrite ^ dit-on , sur des papiers de famille , donne le 
prénom d'Innocent, tandis que les historiens dauphi- 
nois l'appellent tantôt Jean, tantôt Jacques Gabet; et, 
dans tous les cas, ce nous est une occasion de combler 
une lacune de la France protestante^ qui dit de Gabet 
qu'il fut un martyr du protestantisme (2). 

Juge royal de Vienne, c'est-à-dire magistrat chargé, 
concurremment avec le juge archiépiscopal, de la distri- 
bution de la justice du premier degré dans cette ville, 
Gabet, qui était en outre un des deux capitaines de la mi- 
lice bourgeoise, y fut un des premiers partisans de la Ré- 
forme et dut même à cela d'être arrêté, le 1 1 juin i56o, 
sur l'ordre de Maugiron, lieutenant-général au gouverne- 



(i) Note de M. Henri de Lagarde. — Bull, de VHist, du prot.tUh 55o- 
— Arch. de la Drôme, E. 3973. 
(a) Frmacêproi, 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 2l3 

ment de Dauphiné. Seulement ayant été relâché presque 
aussitôt, sur Tordre du roi, ii n'en favorisa que plus ar- 
demment alors les doctrines de Calvin, qui se prêchaient 
ouvertement chez lui, dès le i5 janvier suivant ; ce qui 
donna, du reste, lieu à quelques désordres et fut cause 
qu'au mois de mars i56i, on brisa quelques-unes des sta* 
tues du porche de Téglise métropolitaine de Vienne, abattit 
la croix du cimetière et commit d'autres dégâts du même 
genre (i). 

Six mois après, des ministres étrangers appelés par Ga« 
bet, s'emparaient de quelques églises de Vienne, (>our y 
faire l'exercice de leur culte, et quand l'édit de St-Germain 
(janvier i562) eut interdit cet exercice dans les villes 
closes, c'est dans une maison de campagne que le juge 
royal possédait au lieu qui a retenu le nom de la Gabe-^ 
tière que se tinrent les assemblées calvinistes. Enfin, des 
Adrets ayant commencé cette fameuse campagne, pendant 
laquelle il fit, en quelques mois, plus de ruines dans notre 
pays, que le temps n'en aurait fait en vingt siècles, c'est 
encore Gabet qui introduisit dans Vienne le farouche ba- 
ron (2 mai i562), à l'insu des magistrats municipaux, et 
lui encore qui, des Adrets parti, fut le principal conseiller 
de celui qu'il laissa à Vienne, pour y commander en son 
nom, Pierre du Terrail de Bernin (2). 

Or, non content du pillage et de la dévastation des 
églises et des monastères, dont quelques-uns furent entiè-* 
rement ruinés, et de la confiscation des biens ecclésiasti- 
ques, Bernin écrasa les habitants de Vienne sous le poids 
des impôts et des réquisitions de toute sorte et les con* 

(i) Merhbt: Hisi. de Vienne^ III, 393, 395, 300. — Choribr : Hist. 
gin, du Daupfnnéf II, 566. 
(a) MsEMST, 301. — Chomik, II, 561, 



Î24 SOCIÉTÉ D^RGHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

traignit, bien qu'en grande partie catholiques, de suivre 
les exercices du culte réformé. Pour tout dire, son 
gouvernement fut une affreuse tyrannie de cinq mois, 
pendant laquelle son conseiller Gabet encourut d'autant 
plus de responsabilités, que le juge archiépiscopal et le 
vibailli, magistrat d'un degré supérieur, ayant été dé- 
pouillés de leurs charges à son profit, il concentra ainsi, 
pendant ce temps, toute l'autorité judiciaire entre ses 
mains et commandait, en outre, une compagnie de gens 
de guerre. Aussi ne manqua-t-il pas d'accompagner Bernin, 
quand celui-ci chassé de Vienne par Maugiron, se réfugia 
à Lyon (4 octobre i562); seulement de cette ville en- 
core, il entretint dans Vienne des intelligences, qui eus- 
sent infailliblement fait reprendre cette ville par les 
troupes huguenotes, si l'interception d'une lettre qu'il 
écrivait, dans ce but, à Soubise, le 2 mars 1 563, n'avait 
fait avorter le complot en le dévoilant (1). 

Il est facile de comprendre après cela, pourquoi Fancien 
juge royal ne rentra pas de quelques années à Vienne et 
pourquoi, y étant entré dans les commencements de l'an- 
née 1567, il y fut étroitement surveillé par les magistrats 
municipaux, qui le dénoncèrent, au bout de peu de temps, 
comme tenant chez lui des assemblées de religionnaires, 
contrairement aux édits ; ce qui le fit expulser de la ville. 
Et c'est évidemment alors, que notre homme fut assassiné 
dans la banlieue de Vienne, soit par quelque ennemi per- 
sonnel, soit par quelque soldat, non de Maugiron, qui 
n'avait plus alors d'autorité en Dauphiné, mais de St- 
Marc» officier de fortune, qui l'avait remplacé dans le gou- 
vernement de Vienne. Car le viennois Chorier, qui ne parle 

■ • ■ ■ 

(i) Chowbr, II, 56a, 57a, 573»' 589- 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 22& 

que de Texpulsion, dans son Histoire générale du Dauphiné^ 
dit dans Tabrégé de cette histoire, que Gabet périt des sui- 
tes de sa contravention aux édits de paix. De telle sorte 
que tout cequ^on rapporte à la mort de ce dernier, dans la 
vie de son petit-fils du Moulin, est en somme une obscure 
légende, dans laquelle des faits de dates fort différentes, 
sont confondus et donnés, bien à tort, comme contempo- 
rains de la St- Barthélémy, laquelle n'eut, du reste, pas 
d^effet à Vienne, grâce à Tarchevêque de cette ville, Ves- 
pasien Gribaldi ( i )• 

XII 

Hector Mutonius, i6i5 (2). 

Probablement quelques membres de cette famille Mu- 
tonis, originaire du Gapençais, à laquelle appartenait un 
ancien dominicain de Grasse qui, ayant embrassé la Ré- 
forme, devint pasteur à Nîmes en i56i et périt ensuite 
assassiné. 

XIII 

Daniel Perol, 161 i (3). 

Personnage de quelque importance, que Fauteur de la 
Biographie du Dauphiné^ son compatriote, a complète- 
ment oublié et qu'il est, par suite, d'autant plus utile de 
faire connaître, Daniel Peyrol était de Die et d'une famille 
de notaires, dont un des derniers représentants, Jean Pey- 
rol, acquit en 1629, pour le prix de 6,58o livres, la charge 
nouvellement créée de conseiller du roi président en l'élec- 

(i) Choribr : Hist, gin., II, 609. — ibid, Hist* duDauphiué abr,. II. 139. 

(2) Fol. 15J. 

(3) Fol. 131. 



236 SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE* 

tion de Die. Elevé dans le protestantisme, il ne tarda pas 
à passer au catholicisme pour se faire jésuite, puis re- 
tourna au protestantisme pour se marier, et sollicitait 
enfin, en 1 598, du synode national de Montpellier, une 
place de pasteur en Languedoc, ce pourquoi il fut renvoyé 
au Synode provincial, qui ne tarda pas à le satisfaire, car 
on le trouve pasteur à Montpellier même, dès le 3 août 
ï 599(1). 

Quatre ans après, notre ancien jésuite ajoutait aux fonc- 
tions pastorales celle de professeur de théologie, et telle 
est Tautorité qu'il eut aussitôt dans le corps enseignant, 
que l'université plusieurs fois séculaire de Montpellier 
ayant été réorganisée, sur ces entrefaites, en académie 
mixte, c'est lui quidressale règlement, publié en 1604, sous 
le titre de Loix de V académie de philosophie et de philo^ 
logie de Montpellier, Quant à son importance comme 
théologien, elle se mesure à ce fait, que les chefs de l'église 
protestante de Montpellier ayant été provoqués en 161 1 
par les jésuites Patornay et Oranger, fameux controver- 
sistes du temps, Peyrol est un des deux ministres de cette 
église, qui furent chargés de leur répondre (2), et nous 
pouvons ajouter que le pasteur diois, n'eut pas moins d'ac- 
tion dans le domaine de la politique et des affaires, car on 
le trouve mêlé à presque toutes les délibérations et négo- 
ciations auxquelles donna lieu la première révolte de 
Rohan, et il paraît même qu'il est de ceux qui poussèrent 
le plus à la conclusion du traité de paix du 19 octobre 



(1) Minutes d^Imbert, notaire à Die. — Liittra soc, Jesu ann, 1613 et 
t6i4« 579. — CoftBiàRE : Hist. de VigL ri formée de Montpellier , 133. 

(a) Conférence touchant lajoy, entre les ministres D, Perol et J, Fauchtr 
et les prestres jésuites L* Patornay et P. Granger répondans, Montpellier, 
161 I, in-ia. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 22'J 

1622 (i). Or, cela faisant, Peyrol dut nécessairement sV 
liéner les violents de son parti, ceux qui avaient fait assas- 
siner, quelques mois auparavant, son coreligionnaire et 
compatriote le président Charles Ducros (22 février 1622), 
parce qu'il travaillait au rétablissement de la paix, et qui 

■ 

devaient, sept ans plus tard, commettre, à la suite de ce 
même Rohan, le crime impardonnable de s'allier avec 
l'Espagne pour continuer la guerre civile. En tout cas, il 
se retira, sur ces entrefaites, à Die, et si la dédicace de ses 
thèses au synode provincial du Dauphiné en 1607, la part 
qu'il prit à une dispute publique des professeurs de l'aca- 
démie de Die en 1614 et quantité d'autres faits de cette 
nature, témoignent surabondamment de l'attachement qu'il 
eut toujours pour sa ville et sa province natales, ils n'ex- 
pliquent pas sa retraite. Car il est bon de remarquer que 
celle-ci ne fut point accompagnée de sa démission, attendu 
qu'il est dit à la date du 8 juillet 1625, dans le Registre 
des conclusions académiques de Die^ que le Conseil qui 
s'était auparavant prononcé pour le renvoi des « escoliers 
a logiciens », coupables d'avoir rompu leurs bancs et tiré 
des fusées par la fenêtre, revint ensuite sur cette décision, 
à la prière de « M. Peyrol, ministre de Montpellier » (2). 
En s'éloignant, ce dernier espérait peut-être amener ses 
adversaires à résipiscence, tandis qu'ils se prévalurent au 
contraire de son éloignement pour le dénoncer, notam- 
ment au synode national de Castres (1626) et finalement 
pour obtenir sa déposition. Ce dont Peyrol fut tellement 
irrité, qu'il abandonna le protestantisme, mais pour se 



(i) CoftBiÈftE, 118 et 139. — Bull, de Vhist. duprot., XII, aïo, 213. 

(3) Drion, Hist, chron, de Vigl. prot,^ I» 310; II, 3.— Concl. acad. — Actes 
des syn. de Montélitnar (1607) et du Pont-en-Royans (1614). — Litera Soc. 
Jesu,, p. 599 et suiv. 

2» SÉUB. XXVI* Volume. - 4892. 17 



228 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

rétracter aussitôt (le i8 avril 1627), vraisemblablement 
sur la proposition d'une situation équivalente à celle qu'il 
avait perdue. En tout cas, il était depuis plus de deux ans 
ministre de la parole de Dieu et professeur à l'académie 
de Nîmes, lorsqu'il approuva, conjointement avec ses 
collègues Philippe Godurc et Petit, le livre intitulé : De 
Vobéissance que les Chrétiens doivent à leurs magistrats 
et Princes souverains^ un livre dans lequel il est dit, entre 
autres choses, a qu'il ne s'est presque pas présenté d'occa- 
« sion de brouiller l'Estat, que ceux de la Religion ne 
(c l'aient embrassée. » Et cette approbation est datée du 
3i juillet 1629 (i) 

Il n'est plus question de cet ami de Jean Dragon après 
1634. 

XIV 

Petrus PiFFARDus, 161 1 (2). 

Pierre PiflFard, fils d'André, notaire et châtelain de 
Morges en Trièves (3), et de Marguerite Odde de Bon- 
niot, est un des pasteurs qui furent les plus mêlés aux 
affaires des églises protestantes du Dauphiné sous 
Louis XIII, car indépendamment de ce qu'il représenta 
ces églises dans le deuxième synode national de Charen- 
ton (r63i), il remplit plusieurs importantes missions au- 
près de Lesdiguières, dans les nM>ments difficiles qui sui- 
virent la tenue de l'assemblée politique de Grenoble (161 5) 
et précédèrent celle de Loudun (1621). De plus, il fit par- 



(1) Atmon. II. 36a. — Bull, d€ Fhist, du prot.y IX, i ta. 

(3) Fol. 140. 

(3) Partie de la commune de St-Jean-d^Hérans (Isère). 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 229 

tie d^une commission instituée en 1616, « pour entendre et 
<K vérifier les bruits qui courroient sur les escoiiers entre- 
« tenus par la province, à i^académie de Die^ et générale- 
c ment contre tous autres, afin d'y pourvoir en Taustorité 
(c du Synode », en témoignage de la réputation de savoir 
dont il jouissait, il fut chargé en 161 2 d'examiner une 
grammaire hébraïque, œuvre de l'italien Ferrari, qu'il 
était question de faire imprimer (i). Or, fait assez singu- 
lier, cet homme d'une valeur reconnue n'obtint jamais 
que de bien petits postes : D'abord celui du Monêtier-de- 
Clermont (2}, qu'il occupait depuis quelques mois, lors- 
qu'il écrivit dans l'album de son ancien professeur, Jean 
Dragon, différentes maximes ou sentences en français, en 
latin, en grec et en hébreu ; puis celui de Cornillon (3), 
ainsi que nous l'apprend son contrat de mariage en date 
du 28 février 161 3; ensuite le poste de Tréminis (4), 
village voisin, dont les habitants se plaignaient de lui, en 
161 5, ce qui le fit envoyer à StJean-d'Hérans (5), autre 
localité de cette pauvre contrée du Trièves, son pays natal, 
qu'il abandonna en 1617, pour aller servir « par prest » 
l'église de Barraux, dont il devint pasteur titulaire l'an- 
née suivante. Enfin, revenu à St-Jean-d'Hérans dès 1626, 
il retourna peu de temps après à Barraux, dont il s'intitulait 
encore pasteur le 28 avril 1628 et de là fut transféré 
à rÂlbenc(6), bourg des environs de Vinay, où il y resta 



(i) Notes de M. Edouard Maignien. — Reg. des concl. acad. —Actes des 
syn, de Dieulefit (1616 et de Gap (161 9). 

(3) Chef-lieu de canton de Tarr. de Grenoble (Isère), 
(^) Commune du canton de Mens (Isère). 

(4) Commune du canton du Touvet (Isère). 

(5) Commune du canton de Vinay (Isère). 

(6) Actes des syn. de Veynes (161 1), de Mens (1615), de Nyons (1617» 
et d'Embrun (16 18). — Notes de M. Ad. Rochas. 



230 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

jusqu'à sa mort, arrivée quelques jours avant le lo juillet 
i65i; ayant été félicité, sept ans auparavant, par le collo- 
que du Graisivaudan, de ce qu'il n'avait pas abandonné 
ses ouailles pendant la peste, ce qui ne donne pas un 
haute idée du courage de ses collègues (i). 

De son mariage avec Madeleine Juven, fille de noble 
Guigues, sieur de Roisset, de Roissard en Trièves, Pierre 
Piffard, que l'on appelait aussi Piffard l'aîné, pour le dis- 
tinguer du pasteur Daniel Piffard, son frère cadet, laissa 
trois fils : les pasteurs Salomon et Pierre Piffard, dits 
Pififard du Rif et Piffard de Saignes, du nom de leurs 
femmes et Alexandre Piffard, sieur des Côtes, docteur en 
droit, établi à l'Albenc, où il épousa, le 20 avril ï65i, 
Louise Pellat, fille de Pierre et de Catherine Alleman {2). 



XV 

Petrus RicHARDUs 1611 (3). 

La facilité avec laquelle le grec et le latin se trouvent 
mêlés, dans l'autographe signé du nom latinisé de Pierre 
Richard, donnerait à croire que cet ami de Jean Dragon 
était, comme tant d'autres, un professeur ou tout au moins 
un étudiant ; tandis que c'était un notaire, dont les rela^ 
tions d'amitié avec le pasteur de Crest, s'expliquent bien 
vite par ce fait, que Pierre Richard siégea longues années 
dans les conseils de Téglise réformée de cette ville, repré- 



(i) Notes de M. Ad. Rochas et de M. Ed. Maignien, 

(2) Actes des syn. de Grenoble (1605), d'Orpierre (1608) et de Veynes 
(161 1). — Minutes de Sibeud, notaire à Crest, chez M* Bauthéac. — Etat 
civil de Crest. 

(3) Fol. 147. 



LES AM-IS DE JEAN DRAGON. 23 1 

senta plusieurs fois cette église dans le Synode provincial 
et reçut enfin quelques missions de cette dernière assem- 
blée. Par exemple, en i6o5, celle de vérifier le compte des 
secours distribués aux protestants du marquisat de Salu- 
ces et trois ans après celle de défendre au sein d'une 
assemblée politique les intérêts de ses coreligionnaires 
dauphinois (i) 

Quant à la famille Richard, elle était une des plus im- 
portantes de la bourgeoisie crestoise au XVII'et au XVIII* 
siècles, car elle compte parmi ses membres un capitaine- 
châtelain de Crest, Jacques Richard, qui testa le 1 1 juillet 
1614, faisant élection de sépulture en la chapelle quMl 
avait fait construire ce joignant Téglise Nostre-Dame de 
c( Consolation » ; puis un visiteur-général des gabelles, 
Pierre Richard, qui fut consul de Crest en i65i ; puis 
Tavocat Jean de Richard, qui fit enregistrer, en 1696, ses 
armoiries cVa\ur à la batide d'or chargée de 3 croix de 
gueules; ensuite un Pierre 4e Richard, qui fut vi-sénéchal 
de Crest pendant environ soixante ans (1666- 1725) et qui 
laissa cette chargea son neveu, lequel Toccupa jusqu^en 
1 764; enfin Tavocat Antoine-Joseph Richard de Soubeyran, 
député-suppléant du tiers-état de Dauphiné aux Etats- 
généraux de ^789, qui mourut à Crest en (8o3 et fut vrai- 
semblablement le dernier de sa famille. Seulement il est 
bon de dire, que Tami de Jean Dragon n'était pas de la 
même branche de la famille Richard que tous ces person- 
nages-là, mais bien d'une autre, qui dura moins et qui eut 
moins de fortune ; car, à l'exception de notre notaire, qui 
mourut aux alentours de 1620, ne laissant pas de posté- 
rité, tous les membres de cette branche furent de simples 

(1) Actes des synodes de Grenoble (1607) ^^ d'Orpierre (i6o8^ 



232 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

marchands, dont le dernier, appelé Bodon Richard, était 
un vieillard en 1666 (i). 

Rappelons en outre, que le notaire Pierre Richard avait 
pour oncle, un Jacques Richard, dont la femme, Catherine 
de Guyon, testa le 26 mars 1672, demandant à « estre 
<K inhumée selon la reformation de l'esglise chrestienne », 
et qu'il y a de grandes raisons de croire que c'est à la suite 
de cette femme, dont le frère, Antoine de Guyon, seigneur 
de Salettes, fut un capitaine huguenot de quelque renom, 
que la branche de la famille Richard à laquelle apparte- 
nait ce notaire, passa à la Réforme (2). 

XVI 

Georgius Thosonus 1610 (3). 

Le dernier ami de Jean Dragon, dont nous ayons à 
nous occuper, aimait Horace et lisait, dans le texte grec, 
l'évangile de saint Mathieu. C'est tout ce que nous savons 
de lui, car l'autographe qui nous l'apprend est très proba- 
blement la seule trace que Georges Thoson ait laissée de 
son passage ici-bas. 



Arrivé au bout de notre tâche, nous constatons avec 
quelque déception, que l'importance de cette étude n'est 
pas, de bien s'en faut, en rapport avec ce qu'elle nous a 
coûté de patientes recherches, et peut-être même trouvera- 



(i) Minutes de Piscis et de Farsac, notaires à Crest, chez M* Bauthéac. — 
Armoriai des généralités. ^ Etat-civil de Crest. — Terrier de Crest, etc. 
(a) Minutes de Piscis, chez M* Bauthéac, notaire à Crest. 
(3) Fol. 124. 



LES AMIS DE JEAN DRAGON. 233 

t-on que la plupart de ceux que nous nous sommes atta- 
chés à mettre en lumière, pouvaient fort bien rester dans 
Tombre. Mais il n^en est pas moins vrai, que les amis gé- 
néralement obscurs de Jean Dragon, personnage non 
moins obscur, et celui-ci tout d^abord, nous ont amené à 
recueillir sur la société protestante dauphinoise au XVIP 
siècle, quantité de renseignements aussi curieux qu'ins- 
tructifs et qu'on chercherait vainement ailleurs. Puis, 
quoi qu'en dise Saint- Evremond (i), ceux qui s'étant mu- 
nis « en partant de chez eux, d'un livre blanc, bien relié, 
« ne manquaient pas d'aller visiter les savants de tous les 
<c lieux où ils passaient, et de le leur présenter, pour qu'ils 
(c y mettent leur nom, ce qu'ils faisaient ordinairement en 
« y joignant quelques propos sententieux et quelques té- 
<c moignages de bienveillance en toutes sortes de langues », 
ces hommes-là ne durent jamais être bien nombreux ; car 
on n'a guère signalé jusqu'ici qu'une quinzaine de Itbrt 
amicorum^ parmi lesquels il n'y en a que trois de fran- 
çais, et c'est là encore, croyons-nous, une explication 
toute naturelle de l'attention minutieuse que nous avons 
prêtée à celui de Jean Dragon. 

(i) Dans Sir PolitUk Would-be. 

J. Brun-Durand 



i> $ WQWI < ■ 



234 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 



NÉCROLOGIE 



M. DE ST-FERRIOL (Emmanuel). 

Le 26 janvier dernier, les obsèques du regretté défunt 
avaient lieu en grande cérémonie à Uriage. « Les nombreux 
baigneurs et la clientèle aristocratique de cette station 
avaient pu apprécier la haute urbanité, l'esprit éminem- 
ment distingué de M. de St-Ferriol », qui s'était si intelli- 
gemment dévoué pour continuer l'œuvre du comte Louis, 
son frère, décédé depuis peu d'années. 

M. Emmanuel de St-Ferriol, secrétaire d'ambassade à 
Vienne en 1867, avait fourni une belle carrière diploma- 
tique et reçu de nombreuses décorations et, entre autres, 
celle d'officier de la Légion d'honneur. Il était fils de 
Joseph-Armand-Gaspard- Vincent-de-Paule de Sibeud , 
décédé en 1857, et de Madeleine-Françoise de Gallien de 
Chabons. 

Le deuil était conduit par MM. le comte Gabriel de St- 
Ferriol, le comte Amédée de Béjarry, sénateur de la Ven- 
dée, et le comte de Martel, ses neveux. 

Sa famille avait possédé dans la Drôme les terres de 
Beausemblant, St-Ferriol, Divajeu et Lambres, et les an- 
nales de la province la mentionnent fréquemment pendant 
les trois derniers siècles. Toutefois, la modestie et la bien- 
faisance rehaussent encore chez tous ses membres l'éclat 
de la naissance et des emplois éminents. 



SÉANCE. 235 



SÉANCE DU l»* FÉYRIEÏ| 1892 



Présidence de M. de Gallier 



••^^r^^^^f^n^i^'^'^^^^*^^ri^^>^'<^yy^^^>t 



La séance est ouverte par la lecture d'une circulaire de 
M. le Ministre de l'Instruction publique relative à la réu- 
nion des Sociétés savantes à la Sorbonne et d'une lettre 
d'excuses de MM. Vallentin et Brun-Durand de ne pou- 
voir assister à la réunion. 

Sur la présentation écrite de M. Brun-Durand et sur 
celle de M. Victor Colomb, M. Charles Tavan, d'Aouste, 
est proclamé membre titulaire. MM. de Gallier et Lacroix 
présentent en même temps M. de Juigné de Lassagny, de 
Lyon, comme membre correspondant et son admission 
est prononcée. 

M. Galle, un de nos collègues, sollicite le concours de 
la Société pour le monument de Roumanille, à St-Remy. 
Il est fait droit à sa demande. 

Un auteur dauphinois jusqu'ici inconnu est signalé par 
M. le chanoine C.-U. Chevalier; il s'appelait Bouvier, 
appartenait à Tordre des Franciscains et composa au 
XVI* siècle un Pèlerinage en Terre-Sainte. 

M. le Secrétaire donne lecture de divers extraits des 
travaux publiés par les Sociétés correspondantes et notam- 
ment des Mémoires de la Société d^Orléans sur les divi- 
sions territoriales au temps des Romains et des Gallo- 



a36 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Romains. Il lit ensuite une sorte de livre de raison faisant 
connaître la fortune de la maison de Sassenage au XVII^ 
siècle et des citations d'auteurs récents sur les étymolo- 
gies des noms de lieu. M. de Coston ayant traité le même 
sujet pour la Drôme d'une façon magistrale, il n'y a pas 
lieu d'insister. 

Dans une séance précédente (17 août 1 891), il a été fait 
mention de Pierre-Paul de Mèredieu, baron de Naillac, 
un instant ministre des affaires étrangères en 1792, sur 
lequel nous manquions de renseignements. 

Depuis lors, nous avons trouvé son contrat de mariage 
du i3 août 1780 avec Antoinette-Elisabeth de la Porte, 
où il est dit fils d'Eymeric de Mèredieu, habitant au châ- 
teau de Borie-Brut, paroisse de Champinel, et de défunte 
Elisabeth de Vauconcourt de Naillac, et la future, fille de 
Claude-François de la Porte, marquis de l'Arthaudière et 
St-Lattier, et d'Elisabeth de Montchenu. 

Il acquit le domaine de La Buissière (et non La Bois- 
sière) de Joseph Viriville, de Chabeuil, pour 19,000 livres, 
le 19 août 1785. 

A l'époque de son mariage et de la vente il était capi- 
taine de cavalerie. Quant à Viriville, Joseph-Antoine, de 
commissaire-ordonnateur employé à l'armée des Alpes en 
l'an VIII, il devint commissaire des Guerres de l'Indre et 
de la Drôme en l'an X. 

A. Lacroix. 



CHRONIQUE* 237 



CHRONIQUE 



M. le Ministre de l'Instruction publique vient de fixer 
du 7 au (o juin la réunion des Sociétés savantes à la Sor- 
bonne. 

Nous avons reçu de M. Favier, pharmacien de i" 
classe à Die, membre de la Société, des renseignements 
sur des inscriptions trouvées dans les démolitions de la 
porte St-Pierre. M. Allmer, si bon juge en pareille ma- 
tière, a été prié de donner son avis à ce sujet. 

D'un autre côté, une lettre des Baronnies nous signale 
la découverte de colliers et d'instruments en silex, en os et 
en bronze. 

On lit dans le Journal des Savants^ janvier 1892, une 
appréciation des plus intéressantes du livre de M. Ferdi- 
nand Buisson, intitulé : Sébastien Castellion^ sa vie, son 
oeuvre^ i5i5-i563. Cet écrivain, que l'auteur appelle « le 
premier des modernes » dans le protestantisme français, 
à cause de ses campagnes pour la tolérance ou contre la 
prédestination, n'était pas dauphinois, comme on l'a cru 
sur le témoignage de Guy-Allard. Il naquit en c5 15 dans 
le Bugey, au village de St-Martin-du-Fresne, d'une famille 
de paysans, appelée Castalio^ en latin. 

La Romania de janvier 1892 renferme plusieurs docu- 
ments relatifs à Pierre Cudrifin, bourgeois de Fribourg 
et maître horloger, tirés des archives départementales de 
la Drôme et publiés par M. Paul Meyer, directeur de 
l'Ecole des Chartes, avec la ballade contre les Anglais 



238 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

mentionnant Jeanne d'Arc, transcrite sur la couverture 
du mémoire de Cudrifîn. Un fait curieux ressort de cette 
savante publication, c'est que l'horloger fribourgeois prit 
part au siège de Livron contre Boucicaut, en 1427, et 
devint à cette occasion « premier canonier du roy ». 

OUVRAGES REÇUS 

— Souvenirs <ï Alsace^ par le docteur Ulysse Chevalier. 
Romans, Sibilat, 1892, broch. in-i6, 38 p. Il s'agit de 
Strasbourg et des environs en i852, décrits avec la verve 
du jeune âge. 

— Souvenirs cVune excursion archéologique en Espagne^ 
par Ulysse Chevalier, chan. hon., correspondant de l'Ins- 
titut. Lyon, Emm. Vitte, 1892, 56 pp. in-8®. Il n'est ques- 
tion ici que de livres liturgiques et des plus vieux ; mais 
que de révélations curieuses recueillies par un observa- 
teur sérieux et compétent ! 

— Du même auteur : Les Biographies locales. Même 
imprimeur, 1 1 pp. in-8^ 

— Un ligueur. Le comte de la Fère^ par M. Colas de La 
Noue, ancien magistrat, membre de plusieurs sociétés sa- 
vantes. Ouvrage orné de plusieurs héliogravures. Angers, 
Germain et Grassin, 1892 ; r vol. in-8** de 244 pp. Toutes 
les premières années de Jacques Colas regardent notre 
province ; les faits sont prouvés par sa correspondance 
reproduite in extenso. Quant à La Fère et à la conduite 
de l'ancien visénéchal de Montélimar, l'auteur nous four- 
nit les documents les plus étendus. Ce n'est pas un plai- 
doyer, mais une histoire écrite avec art et soigneusement 
documentée. 



CHRONIQUE. 239 

— Bibliothèque de topographie alpine. De La Blottière, 
maréchal de camp. Mémoire concernant les frontières de 
France^ Savoie et Piémont, annoté par M. Henry Duha- 
mel — 2 plans et une carte. — Grenoble, A. Carre, 1891 . 
— I vol. in-8% f54pp. Voilà un bon livre pour les alpi- 
nistes et les amateurs d'excursions et d'études topogra- 
phiques. 

— Colonies dauphinoises de Vabbaye de Klonimajour^ 
par Tabbé Fillet, curé d'AIlex. — Valence, 189 1, J. Céas 
et fils, br. in-8% 49 pp. — Tirage à part d'un travail d'é- 
rudition publié dans le Bulletin. 

— Les restes de Bayart à Si-André de Grenoble. Ré- 
ponse d' outre-tombe à M. A. Ravanat, par l'ombre de Jac- 
ques de Mailles. — Grenoble, E. Vallier, (892, br. in-f2, 
26 pp. L'auteur publie des lettres d'un témoin oculaire 
établissant qu'en 1822 les restes du brave chevalier furent 
réellement transférés de l'église des Minimes de la Plaine 
dans l'église St-André de Grenoble. M. Ravanat a récem- 
ment avancé que ces ossements étaient ceux d'une w gente 
demoiselle ». On attend ses preuves, et la brochure que 
nous citons n'est pas faite pour en rendre la production 
facile. 

— L'eau merveilleuse de Bourdeaux en Dauphiné^ par 
G. de Passis, docteur médecin de l'Université de Mont- 
pellier, natif et habitant de la ville de Crest. — Réimpres- 
sion accompagnée de notes sur la famille de Passis^ par 
Gustave Latune. — Genève,!. G. Rick, 1891, in- 12 de 81 
et XL pp. Comme la source de Bourdeaux est perdue 
actuellement, ce n'est pas là une réclame en sa faveur. 
L'intérêt de la publication se tire des notes historiques sur 
l'auteur et des matériaux fournis par elle à l'étude des 
sciences médicales. 



240 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

— M. Vaschâlde a publié dans le Patriote de VArdiche 
un article sur Mgr Tépano, Florentin Jaussen, évêque 
d^Axiéri, vicaire apostolique de Tahiti. Excellente biogra- 
phie d'un prélat, né à Rocles (Ardèche), le 12 avril 181 5 et 
décédé à Papeete, le 8 septembre 1891. 

— La main de Dieu sur les impies. Episodes de la 
Révolution à Romans. Valence, [892, Imprimerie Valen- 
tinoise, br. in-8% 16 pp. 

— Le procès de Saint-Sever. Pièces officielles. Précédé 
d*une notice biographique sur le R. P. d'Audiffret, par 
l'abbé Cyprien Perrossier, archiviste diocésain de Valence. 
Valence, 1892, Vercelin, i65 pp. in- 12. 

— Observation sur la manière dont M. Labandejuge 
Pabbé Clouet, psiT Mlle Bu vignier-Clouet. Verdun, 1891, 
71 pp. in-80. 

— Inventaire des archives du chapitre métropolitain 
d^ Embrun en 1790-91^ publié par l'abbé Paul Guillaume, 
archiviste des Hautes- Alpes, correspondant du Ministère 
de l'Instruction publique, Gap, 1891, Jouglard, br. in-8% 
44 pp. 

— Du même auteur : Les premiers sièdesde Véglisede 
Gap par Vallon-Corse ( 1 7 1 5- 1 79 1 ) — Gap, 1 89 1 . Jouglard 
br. in 8*, 84 pp. Le savant archiviste des Hautes-Alpes 
fournit aux historiens futurs des matériaux utiles et il les 
annote avec toute l'érudition désirable. 

— Compte-rendu des travaux de V Académie des scien^ 
ces^ Belles- Lettres et Arts de Lyon^ pendant Vannée 1891 
lu dans la séance du 22 décembre 18 91 — par M. Henri 
Morin-Pons, président de la classe des lettres. — Lyon, 



CHRONIQUE. 241 

association typographique, 1892, 28 pp.in-8**. L'auteur 
parle de toutes les matières traitées par la docte Compa- 
gnie en expert consommé ; les expressions techniques lui 
sont aussi familières qu'à un professeur ; les sciences, les 
lettres, les arts, la critique historique, n'ont pas de secrets 
pour lui. Aussi de quelles appréciations vraies, une érudi- 
tion si complète lui permet-elle d'enrichir son remarqua- 
ble rapport I 

— L* Hygiène et les sources vivaraises de Vals^ par le 
D' Revei. Dans quelques jours s'ouvrira la saison ther- 
male et ce petit guide sera d'un grand secours. 

— Inventaire sommaire des archives départementales 
de la Drôme^ t. V, série E, supplément. Valence, Chene- 
vier et Pessieux, 1892, i vol. in-4*>, contenant l'analyse 
des archives des communes des cantons de Pierrelatte, 
St-Paul-Trois-Châteaux et Bourg-de-Péage. Ce n'est pas 
à nous à louer cette publication, mais à ceux qui s'occu- 
pent d'histoire locale. Ils y trouveront sans aucun doute 
une foule de détails inédits. 

— Les Mémoires de la Société de statistique, sciences^ 
lettres et arts des Deux-Sèvres pour 1 891 , renferment un 
fort docte travail sur le Méreau dans les églises réformées 
de France et plus particulièrement dans celles du Poitou, 
par M. H. Gelin. L'auteur fait remonter à Calvin lui- 
même l'emploi du méreau pour servir à l'application de 
la discipline dans l'église qu'il avait fondée ; il cite 89 
églises dont les méreaux sont connus et une réponse de 
M. Arnaud, pasteur à Crest, ainsi conçue : t Dans le 
a cours de mes longues études historiques, qui ont abouti 
<x à la publication de 7 gros volumes et de nombreuses 
« brochures sur le Dauphiné, la Provence et le Vivarais, 
« je n'ai jamais trouvé la moindre trace de méreau. » 



24^ SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Or, les méraux appelés aussi marrons^ marreaux^ mar- 
ques et signes^ jouaient un rôle trop important dans la 
rentrée régulière des cotisations et taxes des fidèles, pour 
avoir été inconnus et inusités en Dauphiné ; aussi avons- 
nous cherché dans les délibérations du Consistoire de 
Dieulefit, les seules connues, quelques indications sur ce 
sujet, car, dit Tauteur, « C'est au consistoire qu'il apparte- 
nait de régler la distribution des méreaux et d'examiner 
par espèce les actes repréhensibles qui le faisaient refuser 
aux fidèles. » 

« Ce 8 apvril i6o5, estant assemblés à la maison d'ha- 
bitation de M. Guyon (pasteur), le cappitaine Aubert a 
esté esleu pour donner les marques. 

« Ce 3 juin le sire Simon est esleu pour donner les mar- 
ques » ; le 2 septembre le sire Sauvet le remplace. Après 
ces trois nominations on ne trouve plus que celles d'une 
ou de deux personnes pour ranger le peuple et aucune dé- 
libération ne parle de ce changement. 

Malgré cela, il est prouvé qu'il y a eu à Dieulefit une 
marque; était-elle en plomb, en fer blanc ou en autre 
métal ? C'est aux collectionneurs à répondre. 

M. l'abbé Chapelle a offert divers instruments de l'âge 
de la pierre polie fort beaux. 

M. Villard, architecte de la ville, de son côté, a enrichi 
la collection photographique de la Société de 4 belles 
épreuves de portraits dauphinois : Champiorinet, Béren- 
ger (de la Drôme), Delacroix et Montalivet. 

A. Lacroix. 

. m tiMlii III — 



TABLEAU DES MRES 

DE LA 

SOCIÉTÉ D'ARCHÉOLOGIE 

ET DE STATISTIQU E 
de la 'Drôme en i<Sg2 



PréBident d'honneur: 
M. le Préfet de la Drôme. 

Président honoraire : 
Mgr l'Évêque de Valence. 

Membres fond&tenrt : 
MesaiBURS, 
PisANÇON (le marquis de), à Pisançon. 
MoNTLUisANT (de), général d'artillerie en retraite, à Mai 

ICembrea titulaires ; 
Messieurs, 
Allemand (l'abbé), supérieur du Petit Séminaire, à Valence. 
Arces (le marquis d'), à Mercurol. 

Baboin (Henri), ancien dépulé, au château d'Alivet, près Re- 
nagc. 
2* SÉRIE. XXVI' VOLUMB. - 1892. 18 



244 SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

Bellet (Mgr), à Tain. 

Bellier du charmeil, ancien magistrat, avocat à Valence. 

Bernon (J. de), docteur en droit, à Paris. 

Boisson, ancien percepteur, architecte, au Pont- Saint-Esprit. 

Bordas (Joseph-Michel), à Saint-Martin-d*Août. 

BoREL de Soubéran (Louîs), à Crest. 

Borel de Soubéran (Charles), à Crest. 

BoTTu de Verchères, à Saint- Jean-de-Muzols. 

BoucoD (Auguste) à Saint- Vallier. 

BouFFiER (Anaédée de), à Livron. 

BouLOUMOY, (le chanoine), supérieur du Grand Séminaire (Ro- 
mans). 

Brun-Durand (Justin), ancien juge de paix, vice-président, à 
Crest. 

Chabrières-Arlès, trésorier-payeur général, à Lyon. 

Chabrillan (le comte Fortuné de), à Paris. 

Chabrillan (le comte Paul de), à Saint-Vallier. 

Chaix, ancien notaire, officier d'Académie, à Montrosier-sur- 
Seyssuel près Vienne. 

Chenevier, imprimeur, à Valence. 

Chevalier (Ulysse), docteur en médecine, à Romans. 

Chevalier (le chanoine C.-U.-J.) membre nbn résidant du 
Comité des travaux historiques, à Romans. 

CHEVALiER(lechanoine Jules), professeur au Grand Séminaire, 
à Romans. 

Clément (Emile), à Romans. 

Colomb (Victor), directeur de l'Assurance La France^ secrétaire 
adjoint de la Société, à Valence. 

Didelot (le chanoine), curé de la cathédrale, à Valence. 

DuMONTEiL (le chanoine), secrétaire de Tévêché, à Valence. 

Du PoRT-Roux, à Romans. 

Emblard, ancien magistrat, à Valence. 

Faure-Biguet, conseiller à la cour de Cassation, à Paris. 

Faure, ancien président du Tribunal, à Valence. 

Favier, pharmacien de i** classe, à Die. 



TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. 24$ 

Feuqier, ancien avoué, à Valence. 

FiLLET (l*abbé), curé d'Allex. 

Florans (le marquis de), à la Roque-d'Anthéron. 

FoNTGALLAND (Anatolc de), à Die. 

FoRCHERON (Emile), juge, à Valence. 

FoRQUET DE DoRNE, premier président de la Cour d'appel 

d'Angers. 
François (Eugène), avocat, à Valence. 
Froment (l'abbé), curé, à Veaunes. 
Gaillard, avocat, à Valence. 
Gaillard-Bancel (de), avocat, à Allex. 
Galle, agent-voyer d'arrondissement, Valence. 
Gallier (Anatole de), président de la Société, à Tain. 
GiRARDON, avocat, à Divajeu. 
GuiLLEMiNET, ancicu professeur, à Valence. 
IsNARD (le chanoine), curé à Suze-la-Rousse. 
La Baume (de), masquis du Puy-Montbrun, à la Garde- 

Adhémar. 
Lacroix (André), archiviste départemental, secrétaire de la 

Société, à Valence. 
Lalande, avoué, à Valence. 
Latune (Gustave), à Crest. 
Latune (Henri), à Crest. 
Maurin (Alcide), docteur en médecine, à Crest. 
Mazet (le chanoine), aumônier, à Valence. 
Meillier, directeur d'assurances, à Valence. 
Messie, avocat, à Montélimar. 
Meynot (Adolphe), à Donzère. 

MoNiER de La Sizeranne (le comte), à Beausemblant. 
Montchenu (le marquis de), à Montchenu. 
MoNTEYNARD (Ic comtc de), à Montelicr. 
MoRiN-PoNS, auteur de la Numismatique féodale du Dauphtné, 

à Lyon. 
MoRiN (Henri), à Dieulefit. 
Nuques (Alphonse) à Romans. 



246 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

NuGUES (Félix), à Orange (St-Estèvc). 

Peloux (Jules), inspecteur général honoraire des ponts et chaus- 
sées, à Valence, vice-président de la Société. 

Perrossier (rabbé Cyprienj, archiviste diocésain, à Romans. 

PoMPÉi, avocat, à Valence. 

Prompsal (Emile), à Châteaudouble. 

Reboul DE LA JuiLLiÈRE, ancien auditeur au conseil d*Etat, au 
château de Vairc, par Rochc-les-Baupié. 

Rey, architecte, trésorier de la Société, à Valence. 

Romain, docteur en médecine, à Valence. 

Sayn (Gustave), à Montvendre. 

Ta VAN (Charles), à Aouste. 

Thomé, notaire, à Bourg-de-Péage. 

Tracol, architecte, trésorier adjoint de la Société, à Valence. 

Trumelet (le colonel); à Valence. 

Urtin (Marc), avocat, à Valence. 

Vallentin, juge, vice-président de la Société, à Montélimar. 

Vertupier (Louis), à Crest. 

Vigne (Mgr), archevêque d'Avignon. 

Villard (Marius), architecte-voyer de la ville, à Valence. 

Membres correBpondantB : 

Messieurs, 

AccARiAS, ancien conseiller à la cour de Grenoble. 

Adhémar (le comte Victor d*), à Toulouse. 

Allmer, ancien conservateur du musée d'épigraphie de la ville 

de Lyon. 
Andigné (le marquis d*), général et sénateur, à Paris. 
Battendier (le chanoine), directeur de la Semaine Religieuse^ 

à Viviers. 
Baume-Pluvinel (le marquis de la), à Paris. 
Belmont, à Lyon. 

Benoit, attaché aux archives du Rhône, à Lyon. 
Bergeron (Paul), au Cheylard (Ardèche). 



TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIETE. 247 

Bernard, conseiller à la Cour d'appel de Grenoble. 

Berthin (Eolde), à Beaurepairc (Isère). 

Bertrand (Fabbé Isidore), à Bar-le-Dtic. 

Besset, architecte, à Tournon. 

Béthoux (l'abbé), à Saint-Michel-en-Beaumont (Isère). 

Blanchard (le chanoine) archiprêtre à Saint-Péray. 

Blanchet (Augustin), manufacturier, à Rives. 

Blanchet (Paul), manufacturier, à Rives. 

Blanchet (Victor), à la papeterie, à Rives. 

Boisgelin (le marquis de), à Aix (Bouches-du-Rhône). 

BoissiEU (Maurice de), à Lyon. 

Bourg (Contran du), au château de Tlle-Vieille, près Mont- 
dragon. 

BoYER DE BouiLLANE, avocat à Nîmes. 

Caize (Albert), publicisle à Blidah. 

Caize, ancien inspecteur divisionnaire des douanes, à Louve- 
ciennes. 

Chaper, à Crenoble. 

Champavier (Maurice), à Paris. 

Chapelle (fabbé), à Chalons-sur-Marne. 

Charpin-Feugerolles (le comte de), ancien député, au châ- 
teau de Feugerolles. 

Chenavas, conseiller général de l'Isère, à St-Etienne-de-St- 
Ceoirs. 

Colas de la Noue, ancien magistrat, à Angers. 

CosNAC (le comte de), au Château-du-Pin, par Salon-la-Tour 
(Corrèze). 

CouRCivAL (de), à Paris. 

Durand, libraire, pour le musée Calvet, à Avignon. 

Dupré-Latour, ancien magistrat, avocat, à Paris. 

Falavel, notaire, à Saint-Marcellin. 

Faucher (Paul de), à Bollène. 

Faure (Maurice), député de la Drôme, à Paris. 

Fayard, ancien conseiller à la Cour d'appel de Lyon. 

Flachaire de Roustan (Marcel), à Lyon. 



248 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE, 

Franclieu (M"* Aimée de), au château de Longpra-sur-St- 

Geoirs. 
Gap (Lucien), instituteur, à VitroUes par Grambois. 
Gauduel, à Grenoble. 
Genthon, ancien juge, à Saint-Marcellin. 
Godard (F abbé), professeur de sciences au Petit Séminaire de 

Vernoux. 
Gréau (Julien), à Paris. 

GuEYFFiER, juge de paix, à St-Etienne-de-St-Geoirs. 
Guillaume (le chanoine), archiviste des Hautes- Alpes, à Gap. 
Jarriand (Emile), avocat à la Cour d*appel de Paris. 
JouFFRAY (A.), chef-d'escadron d'artillerie, sous-directeur de la 

manufacture d'armes, à St-Etienne. 
JuiGNÉ DE Lassigny, à Lyou. 
Kléber (Alphonse), à Rives. 
Lafayolle, Juge de paix, au Cheylard (Ardèche). 
Lagier (Fabbé), curé, à Blandin (Isère). 
Lavauden, ancien préfet, avocat, à Grenoble. 
Lombard, avocat, à Grenoble. 

Maionien (Edmond), bibliothécaire de la ville, à Grenoble. 
Manteyer (Georges de), à Paris. 
Masimbert, avocat, à Grenoble. 
Mazon, publiciste, à Paris. 

MoNCLAR (le marquis de), consul général, à Caracas. 
MoNTALiVET (Gcorges de), à Paris. 
MoNTRAVEL (le vicomte de), à Joyeuse. 
Monts (le comte de), au château d'Armanais, à Balbin, près la 

Côte-Saint-André. 
MoREL (Louis), à Chazay d'Azergues (Rhône). 
Ollivier de Marichard, à Vallon. 
Oriol (l'abbé), à Annonay.^ 
Pallias (Honoré), ancien membre du Conseil général des 

Hautes- Alpes, à Lyon. 
Parisot de Laboisse (Jules de), à Montpellier. 
Perrossier (Ernest), colonel au 9* d'infanterie, à Agen. 



TABLEAU DES MEMBRES DE LA SOCIÉTÉ. 24g 

Petit, curé à Saint-Antoine. 

Peyrot, chef de division en retraite de la préfecture de Tlsère, 

à Grenoble. 
PoNçiNS (le comte de), à Feurs. 
Prunières (le comte de), au château de la Baume- Seyssins, 

près Grenoble. 
Reynaud (Horace), avocat, ancien magistrat, à Lyon. 
Roman (Joseph), avocat, au château de Picomtal, par Em- 
brun. 
Sagnier, de l'Académie de Vaucluse, à Avignon. 
Saint-Genis (Victor de), conservateur des hypothèques au 

Havre (Seine-Inférieure). 
Saint- Victor (Ch. de), à Lyon. 
Saurel (le chanoine), secrétaire de T Académie de Montpellier, 

à Montpellier. 
SoLLiER (Léon), avocat à Bourg (Ain). 
Terrebasse (de), à Ville-sous- Anjou. 
Tour-du-Pin-Chambly (marquis de la), au château d'Arrency, 

par Festieu. 
Tour-du-Pin-la-Charce (Humbert, comte de la), au château 

de Bezonvillc, par Sermaize. 
TouR-DU-ViLLARD (marquis de la), à Nîmes. 
Truchet (l'abbé), curé de Pcrcy. 
Vallentin (Roger), receveur de l'enregistrement, à Saint- 

Péray. 
Vallier (Gustave), à Grenoble. 

VASCHALDE,dirccteur de l'établissement thermal de Vais. 
Vellot (A.), avocat, à Grenoble. 

Communes abonnées : 

Annonay (Bibliothèque). — Aouste. — Barbières. — Bau- 
MONT-Lès- Valence. — Bourg-de-Péage. — Chateauneuf- 
de-Galaure. — Crest. — Grenoble (Bibliothèque). -:- 
MoNTÉLiMAR. — MoNTRiGAUD. — RoMANs (Bibliothèque). 
— Archives départementales de l'Isère. 




'-^ ^ -^ ^ -^ ^ -^ ^ -^ ^ ■^- 



UNE ÉQUIPÉE 



DE 



QUELQUES HABITANTS DU VALENTINOIS 



ou 



la Prise de Valréas 



Le savant M. Charransol, notaire honoraire de Valréas, 
d^heureuse mémoire, avait bien voulu mettre à notre dis- 
position toutes ses richesses archéologiques, et nous auto- 
riser à publier dans le Bulletin de la Société d'Archéologie 
de la Drôme les documents qui pourraient intéresser l'his- 
toire du Dauphiné. 

En parcourant les pages illustrées de son magnifique 
Cartulaire (i), nous avons lu avec une curieuse complai- 
sance le récit de la prise de Valréas en 145 c. Le narrateur, 



(i) Le cartulaire de Valréas, manuscrit sur papier de dessin, illustré de 
nombreuses vignettes, forme trois volumes in-folio reliés, de 1583 pages en 
tout. Outre ce monument, M. Charransol laisse un deuxième manuscrit in- 
folio de 260 pages, appelé le livre des Baronnies de Mévouillon et de 
Montauban et du Valentinois et Oiois, c*est-à-dire tout ce qui est relatif aux 
fiefs de Valréas et des communes voisines, et un troisième de 293 pages où 
sont résumés les actes remarquables et relevés les noms des personnes no- 
bles citées dans les minutes de 5 3 notaires de Valréas. Mieux que personne, 
ce laborieux savant pouvait écrire l'histoire de cette ville ; malheureusement, 
il a succombé à la peine avant Theure, malgré les soins dévoués de sa digne 
compagne. 



LA PRISE DE VALRÉAS. 25 1 

notaire de cette ville, noble Robert du Bosquet (i), témoin 
oculaire de révénecnent, le relate dans ses minutes, en 
langue latine. 

Simple interprète de sa pensée, nous lui laissons tout 
d^abord la parole, avant d'utiliser les pièces justificatives 
qui doivent éclairer ce petit drame historique. 

L'an de l'incarnation 1451 et le 23 juillet, dit-il, à l'au- 
rore, Valréas fut hostilement envahi par Pierre de Tro- 
gnon, originaire de Trognon en Lorraine, capitaine d'Ey- 
zahut, de la commanderie de Poët- Laval, et par ses 
complices Talabard de Vesc, fils du seigneur d'Espelu- 
che (2), Antoine Moreton, fils du seigneur de Chabrillan, 
naguère coseigneur de Pierrelate, Jean de Monteil, Jean 
de Pas-Peyrolier, Chaulet-le- Jeune, de Dieulefit, et cer- 
tains autres du Valentinois, de Montélimar, Sauzet, Lo- 
riol, etc. On rapporte qu'ils étaient au nombre de cent 
douze. « Que Dieu daigne les convertir et les porter à 
f. l'aveu de leurs fautes et à la restitution de leurs rapi- 
« nés. » Ils ont entièrement ravagé le lieu, où ils se sont 
introduits du bas des remparts au moyen d'une échelle 
par la tour inachevée de Jean Gardon, dans le fossé de 
Ste-Melhe (3), et ont massacré la femme de Raymond 
Chambaud, Giraud Gambus, Jacques Achard et N. Robin. 

« En présence de tous ces crimes, que le ciel daigne ins- 
« pirer au Pape, notre seigneur, le dessein de donner 
« satisfaction à la vindicte publique par la punition la 

(i) Robert de Bosquet fut l'aïeul d'Esprite, femine de Guigues de La Tour, 
seigneur de Gouvernet. 

(a) Talabard de Vesc, fils de Guillaume et de Catherine de Poitiers, de- 
vint gouverneur d'Embrun en 1475. De lui et de Catherine Salamande na- 
quit, entre autres enfants, Jacques, abbé d'Aiguebelle. 

(3) La tour de Sic-Melhe ou de Ste-Amélie existe encore ; elle est annexée 
aux remparts du midi. 



252 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

« plus rigoureuse, afin que le souvenir du châtiment soit 
« durable et serve de barrière à la cupidité de ceux qui 
« seraient tentés à Tavenir de mettre encore à exécution 
« de pareils projets (i). » 

Le bruit du triste événement vole de bouche en bouche 
avec la rapidité de Téclair. A cette fâcheuse nouvelle, 
Pierre, évêque d'Albano, dit le cardinal de Foix, vicaire 
général du pape à Avignon et le Comtat-Venaissin et son 
légat à latere dans les provinces d^Aix et Arles> lança 
contre les coupables une sentence d'excommunication et 
ordonna en même temps une imposition dans la judica- 
ture de Valréas pour Tentretien de la petite armée qu'il 
envoyait au secours de cette ville. 

Pour chef de l'expédition, le cardinal avait fait choix de 
noble Arnautolet, de Mazan, maître de son palais et capi- 
taine de sa garde, lui donnant pour lieutenant noble Jeannet 
de Vernias. Au bataillon avignonnais, il avait joint quel- 
ques arbalétriers de Carpentras sous le commandement de 
Rostaing Giraudran (2). 

La milice pontificale se mit en marche les premiers jours 
d'août avec mission de ne faire aucun quartier à la bande 
de pillards qui infestait le Haut-Comtat. Mais, à son ap- 
proche, craignant d'être cerné et massacré par la fureur 
du peuple, de Trognon sortit précipitamment de Valréas 
par la tour qui porte encore son nom (3) et se retira vers 
Dieulefit avec ses complices, chargés de butin. 

Reçu en libérateur, Arnautolet s'applique tout d'abord à 
fortifier la place et à rassurer la population, en offrant aux 
communautés du ressort l'appui de ses hommes d'armes. 

(i) Minutes de Robert du Bosquet, an. 145 1, fol. 47. 
(3) Minutes d'Etienne Escoffier, an. 145 i. 

(3) La tour de Trognon, voisine de celle de Ste-Melhe, est au S.-O. des 
remparts. 



LA PRISE DE VALRÉAS. 253 

Pressentis à ce sujet, les syndics de Grillon répondi- 
rent : a Nous avons convoqué notre conseil et sommes 
autorisés à déclarer que, seuls et par nous-mêmes, nous 
saurons nous défendre sous la conduite de notre châte- 
telain (i) ». Plein de sécurité, à Tabri d'un coup de main 
sur son rocher taillé à pic, qu'entouraient des rem- 
parts gigantesques. Grillon n'était pas bien aise de s'im- 
poser le logement d'une garnison, au moment où il 
était soumis au vingtain des Boucicaut (2) et au nou- 
vel impôt de guerre qui s'effectuait par la levée de deux 
tailles à la fois. L'une d'elles de 400 florins, dite taille du 
Dauphin, devait être payée à ce prince à titre d'indemnité 
pour avoir autorisé la milice papale à rechercher sur ses 
terres les auteurs de l'attentat commis à Valréas ; l'autre 
de 1,000 florins était attribuée au recteur du Comtat. 
Nobles Pierre Jean et Jean Fabre, notaire apostolique, tré- 
soriers de la judicature, chargés de les percevoir, payèrent 
en octobre plusieurs soldes militaires, ainsi que des achats 
de poudre, de bombardes, de flèches ou traits et de pro- 
visions de blé. 

# 

Le 19 novembre, Giraudran, dit d'Argensie, donnait 
des quittances de 25 florins (12 écus) au trésorier général 
du Comtat pour sa solde de 3 mois, et le 9 décembre, de 

(1) Le châtelain de Grillon, noble Louis Trobat, de Taulignan, était sei- 
gneur de Piégu, près de Pègue. 

(a) Le vinglain des Boucicaut était levé pour payer les arrérages d'une 
rente au capital de 14,000 ducats empruntés autrefois par le pape au maré- 
chal Jean Le Meingre, seigneur de Boucicaut, pour les affaires du Comtat. 
Cet impôt en nature, onéreux et impopulaire, fut éteint par le cardinal de 
Foix en 1456, en inféodant pour un temps au chevalier Jean Le Meingre, 
seigneur de Bridore et à Louis, son frère, fils et héritiers du maréchal, les 
châteaux de La Palud, Ste-Cécile et Grillon, le quart de La Garde-Paréol 
et les péages de Vaison et du Crestet,- au lieu de La Traverse. (Minutes de 
Jean Fabre, notaire, liv. 6, fol. 274.) 



254 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

1 5 florins d^or à valoir sur sa paie et celle de ses arbalé- 
triers (i). 

Durant ces quatre mois, la milice pontificale n^était pas 
restée inactive. Après avoir pourvu à la défense du Haut- 
Comtat, elle avait tenté de poursuivre les pillards du Va- 
lentinois jusque dans leurs cachettes. Sa première expé- 
dition n'eut aucun succès, peut-être à cause de l'impru- 
dence du chef; car, Ârnautolet, ayant formé le dessein 
d'une entreprise sur Dieulefit et ne connaissant pas la si- 
tuation des lieux, avait choisi pour guide et éclaireur un 
homme de ce bourg, depuis peu domicilié à Valréas, ap- 
pelé Fusier. La nuit venue, le petit détachement sortit de 
la ville par le portail du Berthel et se dirigea en silence 
par des chemins détournés vers la vallée de Dieulefit. 
Dans une halte sur les hauteurs, on fit choix des points 
d'embuscade et d'observation les plus favorables. Les mi- 
liciens reçurent la consigne de rester à leur poste toute la 
journée et Fusier, celle d'entrer dans Dieulefit, pour s'en- 
quérir du nombre des associés de Pierre de Trognon et 
des maisons qui leur servaient d'asile. Celui-ci avait ordre 
de revenir au camp à une heure tardive et de rendre 
compte de sa mission ; mais il ne reparut pas. 

Le lendemain matin, Arnautolet, de retour à Valréas 
avec ses hommes, apprend que Fusier avait été vu la 
veille, à l'heure du crépuscule, rôdant autour des rem- 
parts. <c Le traître, disait-on, a révélé à Dieulefit le projet 
du capitaine, et en l'absence d'une partie de la milice, on 



(i) M. Aubenas, dans sa Notice historique sur la ville et le canton de 
Valriasy se con lente de rappeler en note qu'en 1451, un certain Pierre 
Triloni fit la guerre à Valréas et s'en empara : le clergé, les seigneurs et 
las communautés s'imposèrent une taille pour subvenir aux frais nécessures 
pour recouvrer cette ville. 



LA PRISE DE VALRÉAS. 255 

Ta VU comploter avec quelques pillards un nouveau bri- 
gandage (0 ^* 

Ce récit populaire paraissait vraisemblable ; mais les 
preuves juridiques faisaient défaut contre l'accusé, qui 
protestait de son innocence. Un seul fait bien établi, son 
manque de parole, fut cause de son arrestation. 

A la suite d'autres expéditions, sans doute plus heu- 
reuses, dont les détails sont inconnus, plusieurs complices 
du capitaine d'Eyzahut entrèrent en captifs dans la tour 
de la prison papale. 

Ces mesures ayant fini par jefroidir le courage des 
fauteurs de désordre, leur bande se dispersa peu à peu. 
Honteux de mener une vie vagabonde, pleine de périls, 
chacun, pour se faire oublier, se cacha ou reprit ses occu- 
pations ordinaires. 

Le 19 novembre, grâce au calme rétabli à Valréas, Ar- 
nautolet rendit la liberté à Fusier, sous promesse de se 
représenter à toute réquisition devant l'autorité militaire, 
de ne pas sortir du territoire, de n'avoir aucune relation 
avec les complices du capitaine d'Eyzahut et de fournir 
une caution de i5 florins d'or (2). 

Une fois la sécurité de la judicature de Valréas assurée, 
par l'institution dans chaque lieu d'une milice bourgeoise, 
le chef de l'armée papale reprit le chemin d'Avignon avec 
ses prisonniers, vers la mi-décembre. 



(i) M. Charransol signale encore une transaction du lo mai 1456 entre 
noble Antoine Calvi et un boucher, avec lequel il s*était associé pour trois ans 
en 145 1 . Ce dernier ne peut rendre son compte à cause de la peste et de la 
guerre de Pierre de Trognon, qui eut lieu la première année de Tadjudica- 
tion de la rêve de la boucherie ; Calvi prétend que cette année-là il y eut à 
Valréas beaucoup d'hommes d'armes pour la garde de la ville et que la con- 
sommation a dû être très grande et qu'il mourut beaucoup de monde par la 
peste et par la guerre. (Minutes de Jean de Marest, ann. 1455-1465, fol. 55.) 

(3) Minutes d'Escoffier, ann. 1454. 



256 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Son expédition contre d^audacieux pillards avait fait 
grand bruit dans le Dauphiné et le Comtat. Chacun se 
demandait les noms des complices du capitaine Tro- 
gnon. Les aveux des prisonniers, colportés à dessein pour 
instruire Taffaire, donnèrent lieu à bien des révélations ; 
bientôt tous les coupables furent connus : on ne les appe- 
lait plus que les excommuniés. 

Les censures de TEglise n^étaient pas alors lettre morte : 
on fuyait avec soin la présence de ceux qui les avaient en- 
courues ; on s'abstenait de manger et même de converser 
avec eux, les regardant comme indignes de toute société. 
Heureuse morale ! Elle obligea Trognon et ses complices 
à se concerter pour obtenir l'absolution de leurs crimes. 
Après quelques conciliabules, tenus en divers lieux, ils 
implorèrent l'appui du Dauphin, et, par son intermé- 
diaire, obtinrent du cardinal de Foix un sauf-conduit pour 
se rendre à Avignon où ils députèrent trois d'entre eux, 
chargés de traiter auprès du vice-légat un accommode- 
ment avec Valréas. Il y fut convenu, en effet, que chacun 
des inculfSés avouerait la part qu'il avait prise aux crimes 
et aux vols commis, et promettrait expressément de resti-* 
tuer les objets enlevés ou leur valeur, en cas de perte. A 
ces conditions, le cardinal s'engagea à lever l'excommuni- 
cation fulminée contre les coupables, se réservant toute 
fois de garder en otages, comme garants du traité, les pri- 
sonniers faits dans l'expédition. On y régla, en outre, que 
Pierre de Trognon et ses complices comparaîtraient aux 
prochaines assises qui se tiendraient à Mondragon le 8 
avril 1454, en présence des députés de Valréas. Ceux-ci 
furent nommés le 6 avril en parlement général convoqué 
par ordre de Raymond de Chambaud, lieutenant de Jean 
de Plan, juge ordinaire. L'assemblée, composée de 53 chefs 
de famille, fixa son choix sur le lieutenant du juge, sur les 



LA PRISE DE VALRÉAS. 267 

deux consuls Robert de Bosquet et Philippe Ruffi, noble 
Bertrand Giraud dit d^Aiguelle et Guillaume Bonnet, 
prêtre, leur donnant pleins pouvoirs de transiger à Mon- 
dragon avec le capitaine d'Eyzahut et ses complices, en 
personne ou par procureur, selon leur conscience et l'uti- 
lité commune des citoyens, et de consentir à l'absolution 
des coupables : ce qu'ils promirent par serment (i). 

Les discussions qui eurent lieu à Mondragon ne nous 
sont révélées par aucun document. On y posa cependant 
les bases d'un accord aux termes duquel, sans les rendre 
responsables des meurtres commis, les coupables seraient 
tenus chacun en particulier d'avouer la part de butin rap- 
portée de Valréas. Séance tenante, il fut procédé à cette 
confession publique, et un notaire grefiQer inscrivit sur un 
rôle le nom de chaque délinquant et en regard l'objet de 
sa déposition. 

Ces détails ressortent de la relation des grandes assises 
tenues à Valence, le 3o mai suivant, dans l'hôtellerie des 
Trois- Rois, où comparurent de Trognon et un plus grand 
nombre de ses complices. 

Voici l'analyse de ce document : 

Au nom du Seigneur, amen. Sachent tous et chacun en 
particulier que l'an de la Nativité de N. S. 1454 et le 3o 
mai, par suite d'un accord entre noble Pierre de Trognon 
et ses co-accusés et la communauté de Valréas au sujet de 
la prise de cette ville et des restitutions à faire, afin d'ob- 
tenir l'absolution des censures ecclésiastiques encourues, 
R. P. Raymond Talon, vicaire et officiai d'Avignon, dé- 
légué de l'autorité apostolique, s'est transporté à Valence, 
à ta requête de l'illustre seigneur Dauphin de Viennois. 



(i) Minutes de Jean Fabrc, notaire, liv. 6, f» 372. 



258 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Là comparaissent noble Â^ntoine Bolomier, conseiller 
et général des finances du prince Louis et Laurent Dozol, 
officiai de Valence, tous les deux choisis par le Dauphin 
pour défendre les coupables ; Pierre de Trognon et ses 
complices, et les syndics de Valréas Roben du Bosquet 
et Raymond de Chambaud (i). 

Après diverses conférences, il est arrêté que Trognon 
et consorts déclareront, sous la foi du serment, chacun en 
particulier, leur part des objets pris ; qu'ils les restitue- 
ront avant le lo juin prochain, ou, s'ils ne les ont plus en 
leur possession, promettront de le faire avant Noël ; qu'à 
ces conditions les syndics consentent à l'absolution des 
coupables. 

Alors ces derniers viennent successivement jurer entre 
les mains du vicaire général de dire la vérité en avouant 
leur part des dépouilles de Valréas, selon le rôle dressé 
à Mondragon, dont Antoine de Bolomier donne lecture. 
Chacun d'eux en reconnaît l'exactitude et confesse d'avoir 
eu et de vouloir restituer les objets suivants : 

Arnaud de Sauves... et Talabard, « trois cordades de 
paternostres de corail, ung hauberjols de mailhe (2) et 
3o escus d'or. » 

N... de Montboucher, c< ung matines ystoriées d'or (3) 
et... florins. » 

Talabard de Vesc, « 10 florins jaunes... ung conurichier 
brodé de fil d'or, ung autre conurichier, une tabletes noy- 
res, avecques une greffe d'argent (4), deux bourses de soye 
avec aucunes chauses qui sont dedans et 20 florins. » 



(i) Raymond était un des coseigneurs de Valréas. Sa femme avait été mas- 
sacrée par les gens de Trognon, 
(a) HauberjolSt haubergeon de mailles, diminutif du haubert. 
('^) Un livre pour dire matines. 
(4) GreffCf agrafe. 



LA PRISE DE VALREAS. 269 

N., serviteur de Pierre de Trognon, « une robe que 
son maître lui fit faire. » 

Jean Sedis, dit le Breton, 3o écus. 

Théomund de Flandèves de Sauve, « une paternostre de 
corealh, 6 gros, 4 verges d^argent dorées... montés, deux 
aurières (i) grandes d'argent, ung passet (2) de perles, 
deux bourses et 7 escus. » 

Mathelin Brisson, de Montélimar, « 24 escus, demy 
franc, une bogete (3), ung lougre et une pique. » 

Jehan de Cône, dit Le Pelât, 28 escus d'or ; Guillaume 
Bordon aussi. 

Corad de Pieles, de Montélimar, 23 florins, « deux can- 
délabres de loton et une haulte pièce d'armes. » 

Jehan de Charlens, 1 1 florins, a une verge d'or, ung cha- 
peron de femme et ung luquet (4). » 

Gilbert Parberes, de Montélimar, 3 florins, « ung man- 
tel de noir. » 

Jehan N.. , d'or « ung matinet et ung anelh d'argent. » 

Jehan Carrière de Borio^ 12 florins, 6 gros, « ung man- 
teau de noir, deux chandeliers de loton, ung linceul, une 
escuelle et deux escuellons. » 

François Bachet de Borio^ « une robe, une hache et 3 
gros. » 

Peronet Mostel, de Loriol..., « platel d'estain, une ja- 
quette de tannet (5), demye livre de gingibre et de podre, 
une once de coton, une petite ceinture de cuir, ung petit 
cotel et une bourse de soye. » 



(i) Aurières f pendants d^oreilles. 

(a) Passet, petite dentelle de fil ornée de perles. 

(3) Bogete pour bougette, bourse, sac de voyage en cuir. 

(4) Luquet pour loquet. 

(5) Surtout, de la couleur du tan. 

2» Série. XXVI» Volume. - 1892. 19 



26o SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Georges Chenal, de Livron, i écu d'or, i ducat, 5 gros, 
« ung reaul d'or, ung parail de chausses (i) de drap, une 
raube d'home de drap, une dague, deux anelx d^argent. » 

Pierre de Farges, de Livron, « une mante blanche, ung 
avant-bras, ung gantelet, ung mantelgris, ung linceul, une 
serviette » et lo gros. 

Antoine Poart, de Livron, « ung harnoes de jambes, ung 
garde-bras, une bannière, ung mantelet, ung candélabre 
de coure (2), une escuelle d'estain, ung chaperon de femme 
une fustanie de femme, ung petit cheval morel » et 4 gros. 

Arnaud Milon, de Livron, « une arbaleste d'acier, ung 
avant-bras, ung chandellier de loton, une livre de gingibre, 
une demye livre de podre commune, une charpe de coton 
blanc, une bourse, ung parail de chausses de femme de 
drap noir, un linceul de bouras (3) >i et 4 gros. 

Pierre Montalh, de Livron, « ung haubergeon, ung pi- 
chier (4), ung escudelion d'estain, unearbaleste d'acier, ung 
avant-bras, ung chandellier de loton, une livre gingibre, 
ung mantel de drap noir, ung bassin à barbier, deux petits 
coteaux, ung serphe de coton. » 

Jehan Cheron, de LorioK« diverses choses menues pou- 
vant valoir en sa bestiance (5) 3o gros, une robe d'home de 
bourete, ung poys, ung bonnet d'enfant et une fiole veyre, 
ung grand cotel. » 

Etienne Montai, de Livron, « ung cheval et choses 
menues valant en sa conscience 3 florins un gros. » 

Antoine Rachaz, de Livron, « ung mulet, ung arbaleste 
d'acier, ung coteau, une petite longe, ung chandellier et 

(i) Parail de chausses, pour paire, 
(a) Coure, cuivre. 

(3) De toile grossière. 

(4) Fichier, pot pour le vin de table. 

(5) Bestiance f faiblesse d*esprit. 



LA PRISE DE VALRÉAS. 26 1 

demye charge de coton, six anels d'argent, une robe, une 
chemise, ung parail de soliés (i).» 

Pons Saunier, de Livron, « ung petit poes (2), ung grand 
coutel, deux petits escudelles, sept agulhetes (3) noves, ung 
anel d^argent, ungpetas drap, cinq quars en argent^ ung 
linceu, une serviette, ung chaperon de femme vert, demye 
charge de coton et une pièce de sucre, laquelle peut valoir 
4 gros. » 

Jehan Chamey, de Livron, « une raube d'home de drap 
gris, une serviete, deux scudelles, deux escudellons 
d'étain, une pièce de sucre, ung gippon (4), ung linceu, 
une serviete, ung chaperon de femme vert, ung parail 
de soliés d'enfant et 5 gros en argent. » 

Antoine Chamin, d'Alemont, divers objets menus va- 
lant environ 1 1 florins jaunes, au rapport de ses parents : 
le bâtard d'Aure s'est engagé pour lui. 

Jehan Vernet, de Savasse, « une escudelle, deux scudel- 
lons, une salière, ung pichier d'estain, une robe d'home 
de gris gros, ung linceu, une spase (5) à deux mains, une 
charpe de coton blanc, trois pans de telle (6), quatre fers 
de vireton (7) et 4 gros en argent. » 

Samuel Boyle, de Savasse, « une robe de gris, une 
jaquette blanche, une taulle (8), une spase, une dague, ung 
parail de sabbates petites, ung subresol (9), deux coba- 



(i) Soliés pour souliers, 
(a) Petite romaine. 

(3) Aiguilettes. 

(4) Jupon. 

(5) Spase, lourde épée. 

(6) TêlU, toile. 

(7) Trait d^arbalète moins long que la flèche. 

(8) TauU, table. 

(9) Subresol, chapeau à larges bords. 



202 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

chières, ung linceul, une charpe de coton, une escuelle 
et ung escudellon d'estain. » 

Lionet Viernon, de Montélimar, 4 florins. 

Jehan Lorens, du même lieu, 2 florins environ. 

Pierre Lamy, 6 écus, Jehan Sipet, 28 gros. Mathieu 
Gayet, 22 gros. Jehan Laboril, 5 florins. Jehan Dupas, 
(c une tenaille, ung linceu, une petites balances, ung cha- 
peron de femme et i florin. » 

Pierre Lamy, i écu. Poncet Ponsard, dit Brochet, 3 flo- 
rins, « une espée et ung aygadié. » Mathieu Rossillon 
donnera 5 florins. Antoine Chabanier, 6 florins. Antoine 
Ponson 9 florins, 7 gros. (Ils sont tous de Montélimar.) 

Jehan Sorel, de Sauzet, 2 florins prix d'un cheval vendu, 
a une robe d'home doublée de gris, une robe de femme 
de vert et une cotte de femme roge, une seconde robe de 
femme vendue 2 florins 6 gros, ung mantel d'home de 
gris vendu 8 gros. » 

Olivier Sere, de Montélimar, « ung mulet, une vane (1), 
ung linceu, 3 pans de blanchet, une escuelle d'estain,ung 
mantel estimé 20 gros. » 

Jean Marsé^ de Sauzet, « ung bassin de cuysine, ung 
estuit de barbier avec cinq rasors, ung taillans (2), ung cou- 
tel grand et ung petit, ung matines et 26 gros en argent. » 

Antoine Charloes, de Chabrillan, « ung chandellier de 
loton » et 7 gros. Jourdan Voland^ de Livron, 3 écus. 

Robin Le Rède, serviteur de Trognon, « deux linceuls de 
petite valeur, ung chapeu de paille, une émine de civade, 
ung paternoster d'ambre. » 

Noble Louis deSt-Bonnet de Valabrègue, 16 florins. 
Noble Jean d'Anjou, 8 écus et i florin. Noble Jean de 

{ I ) Vane, grande couverture de lit. 
(2) Taillant, hache. 



TA PRISE DE VALRÉAS. 2(53 

Québriac, 7 écus et i florin. Noble Robert Rodigon, i 
florin, « ung jazeran (i), ung gantelet, deux tauUes et ung 
linceul. » 

Unisson de Charboniers, de Savasse, « ung parail de 
chausses, demy usées, demy lougren, ung grand coutel. » 

André Dancolin, de Montélimar, rien. 

Noble Pierre de Trognon, 200 écus neufs. 

Jaquotin Jean, du Puy, dit le Page, Le Seillier, de La 
Barde, Ducoux, Dotalin, Paul et Robert étaient morts 
avant les premières assises. 

Les comparants promettent alors de faire parvenir 
à Vairéas les sommes et objets spécifiés, ou de les 
déposer chez noble Pierre Morin, lieutenant du sénéchal 
de Montélimar, se soumettent, pour leur engagement, aux 
cours d'Avignon, Valence, Grenoble, Vaison, Chabeuil, 
Serres, le Buis, etc. et nomment pour leurs procureurs 
Jean Marcet, André Isnard, Draconet Merle, etc. Ils de- 
mandent ensuite aux syndics de Vairéas leur consentement 
pour être absous des sentences d'excommunication lancées 
contre eux. Du Bosquet et de Chambaud le donnent et, sur 
Tordre de Tofficial d'Avignon, les coupables se mettent à 
genoux devant lui, renouvellent leurs aveux et reçoivent 
l'absolution. 

Pierre de Trognon observe le même cérémonial, et le 
notaire rédige l'acte. 

Au moment où la séance était levée, parut dans la salle 
d'audience Giraud de Rousset qui, après la déclaration de 
sa part de butin consistant en deux manteaux, l'un usé et 
l'autre fort petit, fut absous. 

Pour donner à quelques complices de Trognon, qui 

(i) Jazeran, vêtement de mailles. 



264 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

ne s'étaient pas présentés à Valence, la facilité d'imiter 
l'exemple de leurs compagnons, le commissaire apostoli- 
que se rendit à Montélimar dans le dessein d'y tenir une 
seconde session, le 2 juin, kVhôttldu Lion. 

Le premier qui comparait devant lui est le seigneur de 
Chabrillan; il déclare que son butin de Valréas valait 
r I écus. Laurent Castanier, son domestique, dit avoir eu 
I florin, dont son maître s'est porté garant. Gonon Chau- 
let, de Dieulefit, accuse un capuchon de drap violet. Noble 
André de Marges, de Courthéson, habitant de Vinsobres, 
se reconnaît débiteur de 3 écus. Noble Pierre de Dona, 
seigneur de Blauzac, affirme n'avoir rien eu, et fait pa- 
reille déclaration au nom de Jean de Tarascon, de Bel- 
legarde. Jean Grant, de Savasse, avoue une arbalète, 
un vêtement gris de peu de valeur, une paire de fers de 
vache, une aiguière d'étain, un capuchon de femme de 
drap rouge usé, deux sandales en cuir, un drap de lit de 
peu de valeur, un tamis, une nappe en fil de chanvre et 
4 gros en argent. Peronet Varès, de Puygiron, évalue à 
4 florins les objets par lui vendus. Guillaume de Cotan 
estime 3 florins ce qu'il avait pris et détruit. Antoine 
Théolat, du même lieu, confesse d'avoir eu un vêtement 
de femme en drap gris, un grand sabre, une écuelle d'étain, 
des balances, un petit drap de lit et un petit couteau. Pierre 
Vasin, serviteur de Pierre de Trognon dit avoir remis 
sa part à son maître, qui le reconnaît. 

Après avoir promis de tout rendre au lieutenant du 
sénéchal ou aux mandataires de Valréas et obtenu de ces 
derniers le bénéfice de l'absolution, le commissaire apos- 
tolique la leur accorde. 

Celui-ci était déjà depuis quelques jours à Avignon 
quand, le 20 juin, noble Jacques Euger, serviteur de Tro- 
gnon, se présenta devant lui. « Je n'ai pas assisté à la 



LA PRISE DE VALRÉAS. 205 

prise de la ville et n'ai obtenu, dit-il, qu'une canne de drap 
et quelques menus objets pour paiement du salaire dû par 
mon maître, le tout d'une valeur de 6 florins environ. » 

Il promit de rendre cette somme et fut absous (r). 

Le 19 novembre, Michel des comtes de Valpergue, sei- 
gneur de Caumont, capitaine et juge de Valréas de con- 
cert avec les syndics Fabre, Ollier et Richard nommèrent 
des délégués pour aller à Montélimar retirer les sommes 
ou objets remis à Pierre Morin (2). 

Quelques retardataires vinrent encore le i^ mai 1467 
à Valréas déposer entre les mains de Pierre Rosseli, tré- 
sorier et syndic, une somme de 3i florins r8 deniers: 
c'étaient Antoine Rastasse, Jean Chamége et Etienne 
Montai, de Livron (3). 

Enfin, sous le syndicat de Catalani, Claret et Peillard 
le 6 août 1459, Georges Chivol passa une obligation à la 
communauté de 1 1 florins pour sa part des méfaits causés 
à la ville (4). 

Tel fut rheureux dénouement de la curieuse équipée 
des gens du Valentinois. Si elle nous montre encore le 
XV« siècle avec ses aventuriers rappelant par leur con- 
duite les déprédations des Grandes Compagnies ou de 
Raymond de Turenne, du siècle précédent, elle nous 
apprend aussi que l'Église par son enseignement et son 
autorité fut la constante protectrice des peuples opprimés, 
en obligeant les oppresseurs à rentrer dans le devoir et 
à réparer leurs injustices. 

Le chanoine Isnard, curé de Su^e-la- Rousse. 
f — 

(i) Minutes de Melchior de Monte, notaire à Valréas. A, couverture. 

(a) Minutes d*Etienne Cabeoli, notaire à Valréas, liv. B bis. 

(3] Minutes de Jean Fabre, vol. X, fol. 339. 

(4) Minutes de Jean de Marest, ann. 145 5-1 465, fol. 551 



266 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 



MÉMOIRES 

'POU'R SE'RVI'R o4 L'HISJOI'RE 

DES 

COMTÉS DE VALENTINOIS 

ET DE DIOIS 



I l i W>C t< 



(Suite. — Voir les 85% 86% 88*, 89% 90% 94% 95% 96% loo* 

et loi» livr.) 



Ainsi que le lecteur a pu s'en convaincre, c'est à chaque 
instant qu'on se heurte à quelque difficulté en cherchant à 
s'orienter dans l'histoire des anciens comtes de Valence. Nous 
voici encore en présence d'un nouveau problème. Le mer- 
credi, 18 mars io58, Geilin, comte (de Valence), avec ses fils 
l'évêque Odon, Arbert, Rostaing, Hugues, Conon, et son 
épouse Ava, donne à Saint-ChafFre, alors sous le gouverne- 
ment de l'abbé Guy, le lieu de Saint-Barthélémy (-de- Vais) et 
l'église de Marnas dans le Viennois pour y construire un mo- 
nastère (i). Nous n'avons pu découvrir quel était le père de 
ce comte Geilin. Nous ne sommes guère mieux renseigné sur 
son fils l'évêque Odon, qui occupa le siège de Valence entre 
Ponce qui paraît pour la dernière fois en io56 et Gontard 



(i) U. Chevalier. Cartulaire de Saint-Chaffre^ p. 116. — Cf. Giraud. 
Ess. h., prem. partie, p. 83. 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DI0I3. 267 

dont Tépiscopat commence avec Tannée io63. D'après quel- 
ques auteurs, Ponce aurait été son oncle et Gontard serait 
son neveu : il n'y aurait là rien d'impossible ; cette succès* 
sion d'oncle à neveu serait même tout à fait conforme aux 
tristes coutumes d'une époque où les grands bénéfices, comme 
nous l'avons déjà fait observer, étaient devenus en quelque 
sorte la propriété des familles puissantes. 

Un document (i), dont le texte a été conservé par Estien- 
noty donne encore au comte Geilin un sixième fils, nommé 
Guillaume, et qui ne serait autre que le célèbre abbé qui gou- 
verna le monastère de Saint-Chafifre pendant plus d'un demi- 
siècle, entre les années 1087 et 1 136 ; mais nous devons ajou- 
ter que l'analyse de ce document, telle que le cartulaire nous 
la présente, contredit formellement cette affirmation : ici 
Guillaume est donné comme fils d'Humbert et d'Aymerude (2) ; 
ses frères sont Arbert, Guigues et Pierre. Ce Guillaume, 
grand ami de S. Bruno et de S. Hugues, évêque de Greno- 
ble, avec qui il était demeuré vingt ans, avait été prieur de 
Saint- Laurent de Grenoble ; il reçut la bénédiction abbatiale 
des mains d'Adémar, évêque du Puy, vers l'année 1087, en 
présence de S. Hugues. Il fit transcrire les chartes de son 
monastère, et c'est à cette sage mesure que nous sommes rede- 
vables de tant de précieux documents que renferme le cartu- 
laire de Saint-Chaffre et qui ne cesseront d'être consultés par 
les historiens (3). Guigues (de Saint-Romain), le pieux au- 

(i) U. Chevalier. Ibid., p. 116, note: «... Gelinus comes pro reme* 
dio anime sue et filiorum suorum et pro anima Guillelmi, filii sui, qui 
monachus factus est in cœnobio Sancti Theofifredi et postea fuit ejus- 
dem monasterii abbas, dédit... » 

(3] U. Chevalier. Ibid., p. 116: «Non longe ab ipso loco {Saint- 
Barthélémy 'de- Vais) est posita ecclesia Sancti Victoris, quam dédit... 
Umbertus et uxor ejus Aymerudis, cum filiis suis Guilhermo monacho 
qui postea abbas effectus est, et Arberto, Guigone, Petro et aliis, consen- 
siente domino Vuarmundo, archiepiscopo Viennensi... » 

(3) Hist, gén, de Languedoc^ t. III, p. 450. — U. Chevalier. Cart, 
de St-Chaffre, préface, p. xxi. 



268 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

teur de la vie de S. Hugues, parle de cet abbé avec une véné- 
ration profonde et nous apprend qu'il a recueilli de ses 
entretiens plusieurs particularités concernant Tévêque de 
Grenoble (i). Guillaume vivait encore en ii36. 

On croit généralement que Gontard, évêque de Valence, 
appartenait également à la famille de nos anciens comtes ; on 
dit même qu'il était fils de Hugues, quatrième fils de Geilin, 
et par conséquent neveu de son prédécesseur l'évêque Odon ; 
mais ce ne sont là que des suppositions, le nom du père de 
Gontard est encore à trouver. Tout ce que nous savons sur 
sa parenté se réduit à un simple détail ; il avait un frère nom- 
mé Hugues qui possédait des biens dans la Bayanne et qui 
était le vassal d'Adon, frère de Léger, archevêque de Vienne (2). 
Gontard est un des plus dignes prélats qui aient occupé le 
siège de Valence : son épiscopat, qui commence en io63 ou 
1064 (3), est une belle page de nos annales. Ce prélat assista 
au concile de Châlons-sur-Saône de 1072 (4), fit un voyage à 
Rome en 1077 ou 1078 (5), administra Tarchidiocèse de 
Vienne pendant les années qui s'écoulèrent de la mort de 
Varmond à l'élection de Guy de Bourgogne (6), reçut à Va- 

(i) MioNB. Pair, lat., t. CLIII, col. 777 : « Hoc a viro aetate et sanc- 
titate reverendo Wilhelmo, Sancti Theofifredi nunc abbate, tune mo- 
nacho, nos audivimus, qui beati viri per annos plusquam viginti cornes 
extitit individuus. » Innocent II avait, par une lettre datée de Pise le 
I*' mai II 34, demandé à Guigues d'écrire la vie de révoque de Gre- 
noble; Guillaume vivait donc encore lorsque le prieur Guigues se mit 
à Tœuvre. 

(3) GiRAUD. Essai hist. sur Romans, Cart., n» 16 bis. 

(3) U. Chevalier. Codex diplomaticus ordinis S. Ruphiy n» 3 : « Nove- 
rint p. et fut. quod anno Incamationis Domini nostri Jhesu Xpisti mille- 
simo sexagesimo VI, anno III episcopatus Gontardi, gratia Dei episcopi 
Valentinensis... » 

(4) Mansi, t. XX, p. 47. 

(5) MiGNE. Pat, lat,, t. CLVII, col. 5o8. — Cf., notre, Essai hist, sur 
Die, t. I, p. i52. 

(6) GiRAUD. Op. cit., Cart,f n*» 188, 189, 190, 193, 194. — Charvet. 
Histoire de la Sainte Eglise de Vienne, Supplément, page 9. — La 



LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. 269 

lence le pape Urbain II et lui fit consacrer sa cathédrale le 
5 août 1095 (i) ; au mois de novembre suivant, il était au 
célèbre concile de Clermont (2). Enfin le 6 mai 1099, Ur- 
bain II adressait à Gontard une lettre pour lui reprocher de 
n'avoir point encore rendu aux chanoines de Saint-Barnard 
le château de Pisançon que lui avait confié Adémar, évêque 
du Puy (3). C'est le dernier document à notre connaissance 
où figure encore l'évêque de Valence (4). Il est une pièce se 
rattachant intiipement à ce prélat, que nous tenons à signaler 
à l'attention du lecteur à cause de son importance pour l'his- 
toire féodale de nos pays. C'est un traité conclu vefs Tannée 
1067 entre Léger, archevêque de Vienne, agissant en son nom 
et au nom des habitants de Romans, et Gontard, évêque de 
Valence : Gontard accorde aux chanoines et aux habitants de 
Romans le droit de prendre dans la forêt de Bayanne ce qui 
leur sera nécessaire et les autorise à venir vendre leurs den- 
rées a Valence les mercredis, jeudis et vendredis de chaque 
semaine ; Léger rend à Tévêque et à ses chanoines le château 
d'Alixan. Mais la clause la plus intéressante de ce traité est 
celle-ci : « Il est interdit à l'évêque et aux chanoines de Va- 
lence de déplacer le château-fort d'Alixan et de construire 
aucune forteresse dans les limites ci-après désignées : de 

mort de Parchevôque Varmond doit se placer entre le 19 novembre 
1083 et le 25 janvier io83. Guy de Bourgogne était archevêque dès 
1090. 

(i) Voir l'inscription qui relate cette dédicace dans Bulletin d'hist. 
eccl. du diocèse de Valence, t. II, p. (o3 (article de M. l'abbé Perros- 
sîer). — Marton. Cart. de V Eglise de Grenoble, p. 55 1. — Rainart. Vita 
Urbani pp, II, dans Migne. Pat, lot,, t. 

(2) Mansi, t. XX, p. 693 et suiv. 

(3) GiRAUD. Op. cit., Cartulaire, n" 178 bis, 

(4) L'histoire de l'évêque Gontard a été écrite par M. l'abbé Perrossier 
avec cette érudition sûre et cette abondance de détails qui sont la mar- 
que de toutes les œuvres de notre savant confrère et ami. {Bulletin de 
la Société d'archéologie de la Drame, t. XX (1886), p. 464-71, XXI 
(1887), p. 101-8, 195-9). 



270 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Valence aux Beaumes de Royans ; du mont M uisson et du 
Toron jusqu'à l'Isère en descendant son cours jusqu'au 
Rhône ; ils doivent empêcher toute autte personne d*en éle- 
ver dans l'étendue de ce territoire et, s'ils ne le peuvent, ils 
doivent s'unir à Léger et lui prêter loyalement secours con- 
tre les usurpateurs (i). » Comme on le voit, les contractants 
promettent d'unir leurs efforts pour s'opposer au démembre- 
ment féodal qui tendait à atteindre les dernières limites. La 
vaste plaine qui s'étend entre Valence et Romans relevait en 
majeure partie de l'Eglise de Valence, de l'abbaye de Saint- 
Barnard et d^'une puissante famille à laquelle appartenait l'ar- 
chevêque Léger ; mais déjà, sur plusieurs points que la nature 
rendait faciles à défendre, notamment le long de la chaîne 
de montagnes qui borde la plaine au sud-est, des châteaux- 
forts, comme ceux de Beauregard, de Rochefort et de Péla- 
fol, avaient été construits, et leurs fiers possesseurs s'étaient 
à leur tour rendus indépendants. Il importait donc grande- 
ment de s'opposer à de nouvelles usurpations, et ce fut là le 
principal motif qui dicta le traité que nous venons de faire 
connaître. 

Nous ne voulons pas terminer cette étude sur les anciens 
comtes de Valence, sans formuler en quelques mots notre 
pensée sur une question historique fort débattue et qui se 
rattache intimement à notre sujet ; nous voulons parler de 
l'origine du pouvoir temporel de nos évêques au moyen âge. 
La série des documents mis en œuvre dans ce travail nous 
amène à cette conclusion importante : Jes évêques de Valence 
ont profité, à la mort de Rodolphe III, de l'effondrement du 
royaume d'Arles et de Vienne pour agrandir leurs domaines 
et se créer une petite principauté indépendante ; ce n'est qu'à 
partir de cette époque qu'ils nous apparaissent véritablement 
en possession de tous les attributs de la puissance souve- 



(i) GiRAUD. Essai hist, sur Romans, première partie, p. 68-70. Cartul.^ 
!!• 16 bis. 



.LES COMTÉS DE VALENTINOIS ET DE DIOIS. 27 1 

raine sur leurs terres. L'origine de ce petit état ecclésiastique 
qu'ils réussiront à garder pendant des siècles et qu'ils défen- 
dront avec une rare énergie, d*abord contre Tambitieuse mai- 
son de Poitiers, puis contre les envahissements de la France, 
coïncide avec la naissance du régime féodal dans nos con- 
trées. Ils eurent leur part dans le morcellement général ; les 
domaines qui formaient la dotation primitive de leur Eglise 
furent le noyau auquel vinrent s'ajouter quelques lambeaux 
de territoires arrachés au vieux royaume de Boson. Ils ne du* 
rent pas rencontrer beaucoup de résistance de la part des chefs 
qui, au milieu de l'anarchie, groupèrent le peuple et se taillèrent 
près d'eux d'autres petites principautés ; ces chefs apparte- 
naient tous à des familles puissantes qui depuis longtemps 
avaient mis la main sur les biens de l'Eglise, qui considé- 
raient les évêchés comme des propriétés héréditaires et qui 
en faisaient l'apanage de quelques-uns de leurs membres. 
N'avons-nous pas vu jusqu'ici l'évêché de Valence se trans- 
mettre d'une manière à peu près constante d'oncle à neveu ? 
Ainsi, loin de se faire opposition, les évêques et les comtes, 
que des liens de parenté unissaient étroitement, se prêtèrent 
plutôt un mutuel appui pour l'établissement de l'organisation 
féodale dont ils devaient bénéficier les uns et les autres. C'est 
là, du moins, notre manière de voir en ce qui concerne l'ori- 
gine de la puissance temporelle des évêques de Valence (i). 

(i) Nous ne prétendons pas que les choses se soient passées de la 
môme façon dans tous les diocèses dauphinois ; nous ne parlons ici que 
de Valence. Pour Grenoble, voir: Bellet. Examen critique des objec- 
tions soulevées contre la charte XVI du 2* Cartulaire de l'Eglise de 
Grenoble. (Extrait du Bulletin d'archéologie de la Drôme). Paris, 1889, 
in-80, i63 pp. — Pour Gap, voir : J. Roman. Deux chartes dauphinoises 
inédites du XI* siècle, dans : Bulletin de V Académie delphinale, 3* série, 
t. XX (1886), p. 359-74. La première de ces chartes nous montre 
Rodolphe, évéque de Gap et Guillaume Bertrand, comte de Provence, 
faisant entre eux un règlement de partage de leurs droits réciproques 
sur la ville de Gap. Ce document, qui est d'une importance capitale 
dans rhistoire des origines du pouvoir temporel de nos évoques dau- 
phinois, appartient sûrement à Tannée 1044. 



272 SOCIÉTÉ D ARCHEOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

Quand plus d'un siècle après la création de ces états ecclé- 
siastiques et laïques, les empereurs d'Allemagne, qui n'avaient 
jamais oublié qu'ils étaient les héritiers de Rodolphe III, tour- 
nèrent leurs regards vers le royaume d'Arles et de Vienne, 
ils ne purent que constater l'inutilité absolue de leurs efforts 
pour tenter de ressusciter l'ancien ordre de choses ; il ne leur 
resta plus qu'à ratifier les faits accomplis et ils s'estimèrent 
heureux qu'en échange de diplômes impériaux reconnaissant 
les droits régaliens aux évêques et aux comtes, ceux-ci accep- 
tassent leur suzeraineté et consentissent à devenir princes de 
l'empire. 

(A continuer.) Jules CHEVALIER. 




LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 2^3 



LE TRIÈVES 



ET 



SON PASSÉ 



(Suite.— Voir les 84», 85% 86% 87% 90% 91% 93% 94% 95% 
96*, 97*, 98*, 100* et loi» livr.). 



Les réformés de St-Baudille-et-Pipet avaient imité ceux 
de Mens dans leurs refus d^obéir aux ordonnances royales. 
Pendant longtemps on s^était contenté de les menacer; 
mais, le 14 mai 1691, Bouchu, le nouvel intendant du 
Dauphiné, enjoignait aux consuls dMmposer sur tous les 
nouveaux convertis, qui avaient fait profession de la reli- 
gion protestante jusqu'en i683, mois de septembre, une 
contribution extraordinaire de « cinq cent huit livres, 
treize sols, quatre deniers, avec frais ordinaires et droits 
de recette à un sol la livre (i). » 

Comme les effets de cette mesure avaient été nuls, 
une nouvelle contribution de onze cent quarante-huit 
livres, huit sols leur fut annoncée, le 26 août suivant, et 
exigée dans un délai de trois jours (2). 

Ces impositions forcées amenèrent, pendant quelque 
temps, rélection de consuls anciens catholiques, mais ne 
convertirent personne et n'empêchèrent pas les réunions 

(1) St-Baudille-et-Pipet. Rôles d'assemblé, 

(2) Ubi suprà. 



274 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

pour chanter les psaumes; aussi, le 26 décembre 1703, 
l'intendant envoyait-il, à St-Baudille, une compagnie de 
dragons, dont le logement devait être à la charge des 
réformés (i). 

Nous nous distrairons un moment de la pensée des pro- 
testants et des mesures répressives prises contre eux, en 
parlant d'une proclamation que fit paraître (21 avril lôgS) 
le sieur de Musy, seigneur de Clelles, pour réglementer la 
manière dont se tiendraient les foires de ce lieu. Elle nous 
donne des détails trop intéressants sur les mœurs de l'épo- 
que, pour que nous n'en citions pas les passages les plus 
importants. 

Monsieur de Clelles commence d'abord par recomman- 
der la paix et la concorde à tous ceux qui y assisteraient; trop 
souvent, en effet ces réunions donnaient lieu à des que- 
relies et des rixes sanglantes. Il défend ensuite de se livrer 
à la débauche dans les cabarets, et aux cabaretiers de 
donner du vin pendant les offices religieux, sous peine 
d'amende, une première fois, et d'être cités devant la 
cour, après récidive. Il continue ensuite : « Les habitants 
seront tenus d'assister aux offices sous la même peine; 
le blasphème est défendu sous peine de châtiments pro- 
noncés par sa Majesté contre les blasphémateurs. Les té- 
moins devront dénoncer les coupables, ^t les officiers veil- 
ler à l'observance du présent règlement. Ceux qui ne 
garderont pas leurs bestiaux et les laisseront errer seront 
punis. Les officiers ne pourront aller aux cabarets boire 
aux dépens des parties dont ils règlent les différends, ni 
même avec elles. Il est défendu aux habitants de porter, 
la nuit) du feu dans les écuries et dans les granges; aux 

(1) Ubi suprà. 



LE TRlèVES ET SON PASSÉ. 276 

marchands venus à la foire d'emporter leurs restes 
de marchandises sans avoir payé le droit de leyde et laissé 
auner leurs étoffes; à tous les vassaux quelconques de 
faire boire leurs bestiaux en eau sale((). » Ces règle- 
ments étaient presques semblables à ceux qui étaient alors 
généralement pris dans chaque bourg, et, si on y trouve 
des prescriptions nous paraissant exagérées, à cause des 
idées modernes, il faut convenir qu'on y rencontre des 
mesures pleines de prudence. 

En 1695, le directeur de l'hôpital de Grenoble, à qui 
étaient échus les biens du consistoire de Morges, fit vendre 
l'emplacement du temple de St-Sébastien. Le croirait- on! 
ce fut un protestant, François Gérard, qui en fît, pour 
quatre livres, l'acquisition, acte, que, d'après sa croyance 
il aurait du regarder comme sacrilège. Il est vrai que l'un 
de ses descendants achètera aussi, un siècle plus tard, les 
chapelles et églises vendues, en lyqS, comme biens natio- 
naux (2). 

Au même moment, les ruines, dont les guerres avaient 
couvert la contrée, disparaissaient peu à peu sous le souflBe 
puissant qui animait alors les fidèles. Dirigés par lui, 
ceux-ci s'imposaient des sacrifices souvent bien lourds 
pour reconstruire leurs églises; c'est ce que nous voyons 
par une supplique des habitants du village de St-Michel- 
les« Portes à l'évêque de Die: « Anciennement, lui disent- 
ils, l'église paroissiale desdits lieux était construite entre 
les deux villages de St-Michel et des Portes pour la com- 
modité des habitants. Mais ladite église ayant esté démolie 
du temps des guerres civiles qui arrivèrent en l'année 



(1) Archives de M. le comte de Gaudemaris, de Chîchilianne. 

(2) StaUHique, p . 96, et Archives de la fabrique de Trémitiis. 

2- SÉRIE. XXVP Volume. — 1892. 20 



276 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

i565, les habitants des Portes firent ensuite construire la- 
dite paroissiale dans le lieu des Portes, aux frais communs 
de toute la communauté. Les habitants dudict St-Michel 
voyant que c'était à leur grand préjudice, à cause del'éloi- 
gnement de laditte nouvelle église, ont continué, plusieurs 
années, de faire enterrer les corps dans le cimetière de 
l'ancienne église, lequel n'a jamais esté profané, y ayant 
actuellement une croix. 

« Lesdicts habitants de St-Michel estant dans le dessein 
de faire construire une chapelle dans leur lieu se pourveu- 
rentà Monseigneur de Cosnac, cy-devant évesque de Dye, 
afin qu'il lui pleut leur permettre la construction de la 
ditte chapelle. Ce qui leur ayant esté octroyé, laditte cha- 
pelle a esté construite aux frais communs des habitants 
des susdicts deux villages; dans laquelle chapelle on célè- 
bre à présent la messe tous les mois une fois. Mais com- 
me dans un temps d'hiver, Tinjure du temps ne permet 
pas de pouvoir porter les morts au lieu des Portes pour 
les y faire enterrer, non plus que les enfants pour leur 
faire donner le baptesme, il est arrivé qn'il a fallu garder 
plusieurs jours des corps dans le temps de l'hiver avant que 
les pouvoir faire ensevelir, aussi bien que des enfants 
avant de pouvoir leur faire donner le baptesme; aucuns 
desquels sont mesme morts en chemin sans l'avoir 
reçeu. A ces causes. Monseigneur, les suppliants remon- 
trent à Votre Grandeur , à ce qu'il lui plaise permet- 
tre aux dicts habitants de faire administrer le baptesme, 
en hyver, et enterrer dans le cimetière de la chapelle nou- 
vellement construite, lequel est clos » 

La demande était juste et l'évêque, le i®*" Juin 1696, se 
trouvant en tournée pastorale aux Portes, agréa son con- 
tenu mais pour les cas de nécessité seulement (i). 

(1) St-Michel-les-Portes. Râles d'astembîée. 



LE TRIEVES ET SON PASSE. 277 

A St-Baudille-et-Pipet, où dominaient les réformés, il 
n'en était pas ainsi ; l'église tombait en ruines et nul n'y 
prenait garde. Pour tirer les habitants de leur indifférence, 
il ne fallut rien moins que la menace faite par l'évêque de 
Die (26 août 1687) d'ordonner sa fermeture, s'ils ne la 
faisaient réparer et ne fournissaient le luminaire nécessaire 
pour les offices et l'entretien de la lampe du sanctuaire ; 
d^interdire en outre le cimetière, s'ils ne l'entouraient 
d'une clôture suffisante pour empêcher les animaux de 
venir comme par le passé profaner les tombes (i). Ils 
se décidèrent seulement à faire faire les réparations abso- 
lument nécessaires et dans des conditions tellement mau- 
vaises que, dix ans après, le curé du lieu dut, à son tour, 
les menacer d'un procès afin de les amener à faire refondre 
ta cloche cassée depuis très longtemps, à remplacer la 
croix brisée du clocher, à acheter une lampe pour l'autel 
(23 mars 1707) (2). Envoyant une pareille indifférence 
devant la ruine qui menace les bâtiments religieux et 
publics, le renvoi à plus tard de réparations urgentes, 
tous aujourd'hui blâment une pareille incurie et la quali- 
fient d'insensée; mais ils ne sortent point pour cela de 
l'ornière où leurs pères ont végété et ils suivent les mêmes 
errements. 

Les registres de l'état civil de St-Martin-de-Clelles con- 
tiennent, parmi les actes de baptêmes et autres, une note 
ainsi conçue: « Le premier juin 1705, j'ai pris possession 
du prieuré et cure de St-Martin-de-Clelles. J'ai succédé à 
Messire Pierre AUiey, natif de Vallouyse. C'estoit un 
homme de bien et un bon prestre. Dieu me fasse la grâce 
de suivre ses traces! » 

(1) St-Baudille-et- Pipet. Rôles d*as$emblée. 

(2) Ubi suprà. 



278 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Celui qui traçait ces lignes était Messire Jacques Ville. 
Et, de cette époque à 1742, année où chargé de jours et 
d'infirmités, il résigna sa cure en faveur de son neveu, 
Pierre Ville, ce prêtre devait travailler sans relâche^ au 
milieu de beaucoup d'épreuves et de contradictions, au 
bien des âmes confiées à sa sollicitude. Il a laissé, insérées 
dans les registre de la paroisse, des notes et instructions 
sur ses travaux et les événements dont il fut témoin. En 
observant le présent, il chercha aussi à connaître le passé 
et ne négligea rien de ce qui pouvait intéresser l'histoire 
de St-Martin. Si tous les prêtres, qui se sont succédé dans 
les paroisses, de siècle en siècle, avaient imité M. Ville, 
nous ne serions pas à ignorer ce qui s'est passé dans nos 
villes et nos bourgades il y a à peine cent ans. Il faut ren- 
dre hommage à cet homme de bien qui sut se garder de 
l'indifférence générale dont il était témoin, et ne jamais 
rester inactif. Tracer à grands traits son histoire, c'est en 
même temps redire la vie de presque tous les prêtres de 
cette époque, vie pleine de détails insignifiants, selon 
beaucoup, mais remplie de travaux, de souffrances, d'ab- 
négation et de sacrifices souvent héroïques. 

M. Ville, à son arrivée à St-Martin, trouva le presbytère 
dans un état des plus déplorables; tout y était en ruine. 
Il obtint de la communauté quelques réparations, mais 
ce non sans peine, déclare-t-il dans ses notes, et non sans 
beaucoup de contradictions de la part des habitants, qui 
s'imposèrent enfin la somme bien insuffisante de trois cents 
livres. Je déclare qu'il m'en a coûté plus de six cents pour 
mettre la cure en bon estât. Il est vrai que s'il m'en a 
coûté. Dieu m'a fait la grâce d'en jouir; mais comme ce 
n'est pas pour moi seul que j'ai fait cette dépense, je prie 
mes successeurs audit bénéfice et qui jouiront du fruit de 
ces dépenses d'avoir la bonté de prier pour le repos de 



LE TRIEVES ET SON PASSÉ. 279 

mon âme, dans leurs saints sacrifices, ainsy que j'ai fait 
pour mes prédécesseurs. 

<c L'église de St-Martin, continue-t-il, est des plus an- 
ciennes de ce canton et même du diocèse.... Suivant le 
témoignage des plus anciens de la paroisse et de tradition 
elle étoit très belle dans sa première construction. La tra- 
dition dit encore qu'il y avait plusieurs cloches à son clo- 
cher, mais que, dans les guerres et les troubles de la 
Religion, on prit la précaution des les descendre et de les 
cacher dans une grange appartenant à M. de Chenicourt, 
■gentilhomme de ce lieu.... L'église avoit des fleurs de lys 
sur les piliers, ce qui prouve que le Roy avoit contribué à 
sa construction. » 

« Le terrain montrant sur lequel est situé St-Martin 
nécessita souvent des réparations dispendieuses à l'église. 
En 1666, on fut obligé d'abattre sa première voûte. Une 
seconde tout en tuf remplaça la première; mais, pour la 
même raison, fut détruite, en 1732, et remplacée à son 
tour par un plafond qu'on y voit encore. » 

Cette pauvre église était dans un état de délabrement 
déplorable; les habitants poussés par quelques nouveaux 
convertis, refusaient de la faire réparer. Pour les y amener, 
il fallut que M. Wamberkel, vicaire général de Die, pro- 
nonçât l'interdiction contre elle. 

Elle n'avait pour tout revenu que deux sétiers de fro- 
ment, donnés annuellement par M, de Chenicourt, et 
trois livres argent, dues par Claude Sac, des Séez. Les 
quêtes faites pendant les offices ne produisaient rien; la 
lampe du sanctuaire, faute de ressources n'était allumée 
que pour les fêtes solennelles et entretenue, ces Jours-là, 
par des dons presque nuls; les ornements étaient en très 
petit nombre et tout déchirés. Au milieu de tant de pénu- 
rie et de mauvaise volonté, M. Ville sut inspirer autour de 



28o SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

lui le zèle qui le dévorait pour la maison de Dieu. Plusieurs 
personnes vinrent à son aide, en s'imposant elles aussi 
des sacrifices ; et avec leurs offrandes il parvint à se pro- 
curer les objets les plus nécessaires au culte. M. de Béren- 
ger, seigneur du lieu, et Marguerite Gruet, veuve Oddoz, 
donnèrent chacun, par acte notarié, un noyer, dont le 
revenu serait employé à l'entretien de la lampe du 
Saint-Sacrement. Ils commencèrent ainsi ces donations 
qui devaient se continuer encore de nos jours. La révolu- 
tion ne les détruisit pas. 

Le bon prêtre avait restauré son église, et, à partir de, 
ce moment (^7*34), il donna tous ses soins à la sanctifica- 
tion des ouailles; établit les confréries du Saint-Sacrement 
et du Sacré-Cœur dans sa paroisse; et après avoir eu la 
douleur de perdre ses meilleurs amis et plus puissants 
soutiens, MM. de Chenicourt et Barthelmy d'Orbanne, 
confié, en 1742, sa paroisse à son neveu, Pierre Ville, 
vicaire de Chichilianne, il s'endormit paisiblement dans 
le Seigneur, le 12 novembre 1762, à l'âge de quatre-vingt- 
trois ans (i). 

De 1708 à 1718, le Trièves fut parcouru par un aven- 
turier, nommé Chapon, qui essayait, par sa parole ardente 
et haineuse, de soulever, dans la contrée, un mouvement 
semblable à celui des Camisards, dans le Vivarais et le 
Languedoc. Il recueillait de Pargent, disait-il, pour ache- 
ter des armes et des munitions; mais finit par disparaître 
quand il se vit en possession d^assez fortes sommes. Là se 
termina la croisade de cet homme qui se disait envoyé 
par Dieu pour sauver Israël de la tyrannie romaine (2). 

(1) St-Martin-de-Clelles. Registres de VéM cimL 

(2) Arnaud, 1. c. t. III, p. 100 et archives municipales diverses du 
Trièves. 



' 



LE TRIÈVES ET SON PASSE. 28 1 

A la même époque. Mens et ses environs reçurent la 
visite du pasteur Roger. D'après le pasteur Arnaud, il y 
trouva beaucoup de réformés ardents et s'efforça de rame- 
ner ceux que Chapon avait égarés. Il aurait présidé des 
assemblées de quatre à cinq mille personnes, en juin et 
juillet 1710 (i). Mais bientôt il fut obligé de prendre la 
fuite et chercher un autre champ à son zèle; car, le bruit 
de ces réunions s'étant répandu, des troupes envahirent le 
pays. Le même raconte encore, mais sans le prouver, que 
ce ministre faillit être tué par le prieur de Mens, qui 
s^était rendu avec quatre ou cinq acolytes dans une assem- 
blée présidée par lui, et cela dans Fintention de le mettre 
à mort (2). 

Le bruit des réunions provoquées par Chapon et Roger 
franchit les limites de la province et arriva même à la 
cour. Aussitôt le roi publia (3 1 oct.) une ordonnance rap-^ 
pelant celle édictée vingt et un ans auparavant (3 1 mai 
1689). Il y portait la peine de mort contre les prédicants et 
même les simples fidèles surpris en flagrant délit de parti- 
cipation aux assemblées; celle des galères à perpétuité con- 
tre les personnes convaincues d'y avoir assisté, et, à temps, 
contre celles qui auraient donné asile aux prédicants. Les 
maisons de ces derniers et celles où les assemblées se seraient 
tenues devaient être rasées. Une ordonnance de l'intendant 
Bauyn prescrivit, le 10 novembre suivant, l'exécution de 
celle du roi (3). Ces mesures rendirent les protestants 
plus prudents, sans arrêter leurs réunions, comme la suite 

(1) Ce chiffre est certainement exagéré ; car, à cette époque, le 
Trièves entier ne comprenait pas plus de deux mille cinq cents 
protestants, 

(2) Ubi suprà. 

(3) Ubi suprà. 



28-2 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

nous l'apprendra. Ils étaient en effet admirablement fa- 
vorisés par la nature des lieux pour échapper à toutes les 
recherches. Etaient-ils surveillés dans les bourgs, ils se 
réunissaient dans un hameau écarté ou même au milieu d'un 
bois solitaire ; étaient-ils poursuivis, les défilés des mon- 
tagnes leur fournissaient des chemins connus d'eux seuls 
pour aller chercher un refuge dans une vallée voisine, en 
attendant la fin de l'orage. Les catholiques, presque par- 
tout, rivalisaient de zèle avec eux afin de tromper la vigi- 
lance des autorités, le plus souvent complices elles-mêmes, 
et faire cacher les pasteurs au moment des poursuites. 
Aussi, les condamnations des hérétiques par les parle- 
ments étaient nombreuses, mais l'exécution des condam- 
nés, sauf des exceptions assez rares, n'avait lieu qu'en 
effigie: vain appareil qui n'en imposait à personne. 

Le 19 octobre 1726, les habitants du Trièves furent 
plongés dans une terreur indicible par un phénomène qui 
inspira aux uns la crainte de l'approche des derniers jours, 
aux autres celle de guerres désastreuses où couleraient des 
torrents de sang. Les esprits forts eux-mêmes y virent Tan- 
nonce de quelque catastrophe. Plusieurs allèrent se cacher 
au plus obscur de leur maison, sans que rien pût les en 
tirer. Après avoir rappelé toutes ces craintes chimériques. 
Monsieur Ville raconte {2) l'apparition d'une aurore bo- 
réale qu'il suit dans toutes ses phases et explique suivant 
les connaissances du temps. 

(1) St-Martin-de-Clelles. Registres de l'état civil. 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 283 



CHAPITRE IX 



LE TRIÈVES DE I726 A i jBg 

La même année 1726 vit surgir entre St-Maurice et 
Lalley un sujet de discordes et de haines que le temps 
n^a pu entièrement effacer. Le second de ces deux villages 
avait été pendant longtemps opprimé par le premier, qui, 
fier de quelques prérogatives values par la présence du 
seigneur et son titre de chef-lieu de paroisse, cherchait à 
le dépouiller de tout. Cependant la tyrannie fatigue à la lon- 
gue lescœurs même les plus patients et les pousse à chercher 
l'affranchissement ; c'est ce qui arriva à Lalley. Ses habi- 
tants, las d'être méprisés et bafoués toutes les fois qu'ils se 
rendaient à St-Maurice, empruntèrent une somme d'argent 
assez considérable à un marchand de Mens, le sieur Piffard 
(1726) et, du consentement de Tévêquede Die, construisirent 
une église et un presbytère. Deux ans plus tard, ils obtin- 
rent l'érection de leur section en paroisse. Mais des diffi- 
cultés ayant surgi entre eux et les habitants d'Avert, dont 
le village leur avait été uni, et qui néanmoins ne voulaient 
pas participer aux frais de construction de l'église et de la 
cure, St-Maurice en prit occasion pour protester contre 
cette érection (7 février 1732). Il imposa même à ses voi- 
sins les conditions les plus dures, lors d'une assemblée 
générale de la communauté. Le procès-verbal de sa déli- 
bération mérite d'être cité en grande partie : « Par devant 
nous Jean Corréard, lieutenant de châtellenie, est com- 
paru Jean Richard, consul moderne de la communauté de 



284 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Lalley, lequel a dit qu^ayant eu connaissance de Tinstance 
pendante devant la Cour entre les habitants du village de 
Lalley et ceux d^Avert, à raison de la nouvelle paroisse, 
église, cure que les habitants de Lalley prétendent avoir 
fait ériger, en Tannée 1728, de Tauthorité de Monseigneur 
l'évêque de Die ; lesquels habitants d'Avert soutiennent 
n'y avoir adhéré, ny vouloir y participer aucunement aux 
frais; voulant au contraire rester paroissiens de ce pré- 
sent lieu de St-Maurice. Et comme cette prétendue érec- 
tion de nouvelle paroisse pourroit de présent et à Pavenir 
intéresser les habitants de St-Maurice, également que 
ceux du Serre, des Bailes et autres, le comparaissant a 
fait avertir, aux formes ordinaires, les dits habitants pour 
délibérer à raison de ce que dessus. 

« Lesquels assemblés ont déclaré qu'il est à pro- 
pos qu'il soit donné requête d'intervention dans le dit 

procès, pour soutenir que, au cas ou la dite prétendue 
érection d'une paroisse à Lalley soit maintenue, elle ne 
puisse l'être qu'à la charge et condition pour les habitants 
du dit Lalley de rester à perpétuité contribuables aux ré- 
parations qu'il convient et conviendra de faire à l'église, 
au cimetière, aux maisons commune, curiale et vicariale 
du dit St-Maurice, achats de cierges et luminaire de la 

dite église , et de consentir qu'il y ait un vicaire au 

dit St-Maurice, comme il y en avait un avant la dite érec- 
tion. A défaut de quoy, au nom des dits consul et habi- 
tants, il sera appelé, comme d'abus, de la présente érection 
pour les raisons cy-dessus et autres qui seront déduites 
par M* Barthélémy Brun, procureur au parlement, qu'ils 
constituent pour leur procureur et auquel ils donnent tout 
pouvoir à raison de ce, même d'appeler, sy besoin est, 
comme d'abus de toutes ordonnances et décrets rendus 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 285 

par le Seigneur évêque comte de Die, ou son grand vicaire 
sur le fait de la dite érection (i). » 

Toutes ces demandes et oppositions eurent pour prin- 
cipal résultat d'augmenter la haine qui divisait les deux 
villages; Avert ne vit point ses prétentions écoutées et fut 
obligé de contribuer pour sa part à l'érection de la nou- 
velle paroisse (2). 

Les dissensions causées par ces procédures étaient des 
plus vives, au mois de septembre '762, alors que Mgr 
Jean de Caulet, évêque de Grenoble, vint, pour suppléer 
au grand âge de Mgr de Cosnac^ donner la confirmation 
dans le Trièves. Sa Grandeur se rendit d'abord à Clelles; 
mais le nombre des confirmands, soit de cette paroisse, 
soit des environs, était si grand que la cérémonie eut lieu 
dans le verger d'un nommé Segond. Mens, puis St-Maurice 
reçurent ensuite sa visite, deux de Lalley ne consentirent 
qu'avec peine à laisser aller leurs enfants dans cette der- 
nière paroisse et crurent devoir les y accompagner tout 
armés (3). 

Pendant ce temps, les protestants cherchaient à s'em- 
parer des charges locales à St-Maurice, ainsi qu'ils l'avaient 
fait à Mens. Paul Duseigneur, dont les parents étaient à 
l'étranger pour le fait de religion, et protestant lui-même 
avoué, parvint à force d'intrigues à se faire nommer con- 
sul. Les habitants, qui avaient été trompés dans cette 
élection, protestèrent aussitôt, lors d'une assemblée géné- 
rale de la communauté, en disant « que par un complot et 
une cabale certains complotés ont élu et nommé Paul 

(1) Lallej. RegitPres des déltbérationt, — On peut encore y consul- 
ter le procès-verbal de la délibération du 24 mai 1736. 

(2) Ubi suprà, au 5 nov. 1732. 

(3) St-Martin-de-Cl. et pièces éparses à la mairie de Lalley. 



286 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

DuseigneuF) faisant profession de la religion calviniste et 
n^en faisant aucune de la catholique, pour consul du dit 
St-Maurice, ce qui est contraire aux ordonnances royales. 
Et comme il n'y avait dans la prétendue assemblée pres- 
que que des personnes qui fussent du complot, plusieurs 

s'élevèrent contre cette élection Le dit Duseigneur 

s'éleva contre eux et convint avec audace d'être huguenot 
et se faire gloire de l'être. Les dits remontrant soutien- 
nent que cette élection, et comme telle, doit être cassée et 
révoquée: » Duseigneur répondit par de nouvelles injures 
à cette seconde protestation ; mais sa révocation suivit de 
près (r). 

Des élections semblables avaient lieu un peu partout ; 
mais régulièrement, depuis de longues années, à St- 
Baudille. Le curé du lieu, M. de Billaud, qui avait eu à 
en souffrir plus particulièrement, demanda, lors de l'as- 
semblée du 9 novembre lySS, que les consuls fussent pris 
parmi les anciens catholiques. On accéda à sa demande. 
Ce changement dans l'administration de la communauté 
amena la construction du campanile actuel de l'église pour 
remplacer le clocher que l'incurie et le mauvais vouloir 
des précédents consuls avaient laissé tomber en ruines. 
Quelques réparations furent en même temps faîtes à 
l'église, et un vicaire, rendu nécessaire par l'étendue de la 
paroisse, demandé à l'évêque de Die (2). 

Outre les élections dont il a été parlé plus haut et qui 
permettaient aux protestants de rendre illusoires les mesu- 
res prises contre eux, ils employaient bien d'autres armes, 
suivant les circonstances. En voici un exemple où l'hypo- 



(I; Lallej, assemblée du 16 sept. 1736. 
(2) St-Baudille-et-Pipet, Râles d'assemblée. 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 287 

crisie et la calomnie furent prises pour auxiliaires. Le 
seigneur de Prébois voulait obtenir pour ses coreligion- 
naires l'exemption de l'obligation d'avoir recours au mi- 
nistère des curés pour les sépultures et administration des 
sacrements. Dans ce but, il s'adressa à plusieurs reprises 
au premier ministre, le cardinal Fleury. En 1740, 10 fé- 
vrier, il lui écrivait : « Monseigneur, j'ai encore Thonneur 
de représenter à V. E. qu'il se glisse un abus dans le dio- 
cèse de Die, bien préjudiciable à la religion. Les curés 
exigent trois livres dix sous des religion naires, pour leur 
enterrement, quoiqu'ils n'y assistent pas et s'enterrent 
eux-mêmes dans le premier champ venu. Ils exigent en- 
core pour le mariage le double des autres. Cet usage est 
grandement préjudiciable à la religion, en ce que les curés, 
toujours plus intéressés que charitables, sont charmés 
d'avoir beaucoup de religionnaires dans leurs paroisses. 
Aussi, Monseigneur, on n'estime plus les cures qu'autant 
que les paroissiens sont religionnaires. Il ne faut pas être 
surpris si les curés font peu ou point de conversions. Si 
V. E. corrigeait cet abus et éloignait les chefs des reli- 
gionnaires, elle verrait dans peu de temps des effets sur- 
prenants de la conversion des religionnaires. Ces choses 
les disposeraient on ne peut pas mieux, et il y a à espérer 
que, tout au moins, les religionnaires seraient libres pour 

leur conversion (i). » 

Le cardinal demanda des explications à l'évèque de Die 
qui répondit en ces termes : « Monseigneur, j'ai l'honneur 
de renvoyer à V. E. la lettre de M. de Prébois, qu'elle m'a 
fait la grâce de me communiquer. Il est d'usage, depuis 



(1) Archives des Affaires étrangères, à Paris. — Dauphiné, vol. 
1.558, pièce 232. 



288 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique, 

un temps immémorial, que les curés du diocèse de Die 
prennent trots livres pour les enterrements des nouveaux 
convertis ; cet usage est autorisé par le tarif réglé par les 
ordonnances synodales de tous mes prédécesseurs, et 
comme un grand nombre de mes curés ont à peine la por- 
tion congrue sur laquelle ils payent les décimes, ils n'ont 
presque aucun casuel, ce serait les mettre hors d'état de 
vivre et me mettre dans l'impossibilité de trouver des .su- 
jets, que de retrancher le peu qu'ils ont. D'ailleurs, il est 
inouï que, ni du temps de mes prédécesseurs ni du mien, 
cela ait excité aucune plainte, et je doute fort que ce fût 
un moyen bien sérieux de réunion^ que d'obliger les curés 
à exiger quelque chose de moins pour les enterrements 
des nouveaux convertis. 

« Al l'égard des mariages, le tarif est de même pour les 
nouveaux convertis et les anciens catholiques ; les curés 
qui exigent davantage pour les mariages sont en faute ; 

mais je doute qu'ils soient en grand nombre Toutes 

les fois qu'on me porte sur cet article des plaintes fondées, 

j'en fais bonne justice Ainsi, si V. £• juge à propos 

de faire écrire à M. de Prébois de me fournir en détail la 
preuve du fait qu'il avance, j'y mettrai certainement bon 
ordre. 

« Au surplus, je ne dois pas dissimuler à Votre Emi- 
nence que je dois aller extrêmement bride en main sur un 
pareil témoignage, parce que j'ai l'expérience que c'est la 
passion qui guide M. de Prébois et qui détermine son 
suffrage. Lorsqu'il aime, le plus grand fripon est un saint ; 
quand il n'aime pas, le plus honnête homme est un fri- 
pon ; et comme il est fort léger, je l'ai vu aimer avec pas- 
sion et détester avec fureur le même homme en huit jours 
de temps, et dans un aussi court intervalle lui donner une 



LE TRièVES ET SON PASSÉ. 289 

place distinguée dans fe calendrier et le mettre ensuite 
sur réchafaud. 

« 29 février 1740. Daniel Joseph, évêque de Die (i). » 

Le Blanc de Prébois en fut pour sa peine et la honte de 
voir toutes ses démarches repoussées ; mais il n'en con- 
tinua pas moins à agir de la même manière jusqu^à la fin 
de sa vie. 

La communauté de St-Maurice, constamment tracas^ 
sière pour le village de Lalley, usa des mêmes procédés à 
regard des chevaliers de Malte. Ses rôles d^assemblée 
font foi des nombreux procès qu'elle ne cessa de leur sus- 
citer. Le dernier qu'elle leur intenta commença en 1732. 
Elle les avait compris pour la somme de trois livres qua- 
tre sols dans le rôle dressé, le i" mars, pour le luminaire 
de Téglise et les gages du garde champêtre. Les religieux, 
s'appuyant sur les nombreuses exemptions que les rois de 
France leur avaient octroyées, refusèrent de payer. Aus- 
sitôt, les poursuites commencèrent contre eux par la saisie 
de leurs revenus. Elles ne finirent qu'en 1747, après bien 
des incidents, par la condamnation de la communauté aux 
frais, qui étaient énormes, et à la restitution de tout ce 
qu'elle avait injustement pris aux chevaliers (2). 

Les habitants de St-Maurice étaient incorrigibles ; l'échec 
qu'ils venaient d'éprouver dans leurs prétentions ne les 
empêcha point d'attaquer leur seigneur devant le parle- 
ment de Dauphiné et pour des motifs futiles. La révolu- 
tion seule mit un terme à ces procès scandaleux qui avaient 
amené la ruine du pays (3). 
»«^'^— —ii»— ^— ■^^^■^— ^— ■^— — »— ^— — ^— — — »»^^^^— — ^^ I. — — ^^»^»^— p— .Pi ■ i. 

(1) Ubi suprà, pièce 343. 

(2) Lalley, Regist. des délib. de 1732 à 1748. 

(3) Ubi suprà. 



290 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Pendant ce temps, un débat se produisait aussi à Mens, 
mais pour un objet bien différent. Jusqu'en i562, cette 
paroisse très florissante avait eu un vicaire pour aider le 
prieur dans l'administration des sacrements. Elle en av^it 
été privée depuis cette époque, malgré de nombreuses dé- 
marches pour en obtenir un ; car le châtelain et les pro- 
testants s'opposaient à ce qu'un traitement lui fût assuré 
par la communauté. En 1739 seulement, ses désirs légiti- 
mes furent exaucés (i). Ce fait nous montre combien à ce 
moment le nombre des catholiques avait augmenté, 
puisque leur église comptait environ sept cents commu- 
niants {2). Les terreurs et les persécutions de la grande 
révolution ne devaient pas leur faire perdre cet avantage 
de la majorité. 

Nous arrivons à une époque où l'ordonnance du 3 r oc- 
tobre 1710 fut sévèrement exécutée contre les protestants. 
Outre les logements de dragons et autres peines pécuniai- 
res, dont ils étaient frappés, ils virent les prisons s'ouvrir 
pour ceux qui assistaient aux assemblées de leur culte; les 
maisons dans lesquelles avaient lieu ces réunions étaient 
démolies; les pasteurs et ceux qui leur donnaient asile 
recherchés plus activement. Le 21 mai 1740, le parlement 
de Grenoble condamna à mort par contumace les prédi- 
cants Dupré, Dupuy et Garcin et un simple fidèle de 
Menglas, Jean Besson-Misérat. La peine du bannissement 
ou des galères perpétuelles fut en outre prononcée contre 
neuf hommes ou femmes pour participation aux assem- 
blées interdites. Aux Serrons, la grange de Jean Baud, 

(1) Mens. Délib. du 8 mai 1725 et pièces du procès entre la com- 
munauté de Mens, le syndic du chapitre de Die et le prieuré de 
Mens. 

(2) Ubi suprà, mémoire paru dans le procès cité. 



LE TRièvES ET SON PASSE. 2qi 

OÙ ces assemblées avaient eu lieu, fut rasée et sur ses rui- 
nes on plaça une croix avec l'inscription suivante : « Cette 
croix a été construite en suite de Tarrêt de la cour, du 21 
mars 1748, qui a ordonné la démolition d'une grange qui 
était cy-dessus située, dans laquelle ceux de la religion 
P. R. avaient tenu différentes assemblées. » Les prédi- 
cants condamnés furent exécutés en effigie sur la place pu* 
blique de Mens (i). 

Le chef et le soutien alors bien connu des religionnaires 
du Trièves, Tanon, était, malgré les ordonnances et édits 
divers, parvenu à obtenir la châtellenie de Mens. 11 fut 
poursuivi à son tour, quelques mois plus tard, pour avoir 
favorisé l'évasion d'un ministre. Ce dernier s'était montré 
dans le pays et y avait présidé plusieurs assemblées se- 
crètes. La police, informée de sa présence, lance un man- 
dat d'arrêt contre lui et ordonne à la maréchaussée de 
l'arrêter. Celle-ci arrive à Mens et se rend chez le châte- 
lain. Elle lui donne connaissance de sa mission et demande 
l'autorisation de faire des perquisitions dans le domicile 
du nommé Arnaud, du village de Menglas, où le pasteur 
était caché. 

Tanon engage la maréchaussée à prendre quelques ins- 
tants de repos et écrit Tordre de perquisition ; mais en 
même temps il envoie à Arnaud un émissaire pour l'aver- 
tir de faire évader le prédicant qui alla chercher un refuge 
à Tréminis et se cacha dans le village du Château-Bas. 
Aussi, lorsque les soldats arrivèrent à Menglas, ils n'y 
trouvèrent point celui qu'ils avaient ordre d'arrêter. Ar- 
naud, incimidé par leurs menaces, avoua avoir reçu un 
avis de leur arrivée; le commissionnaire lui-même con- 

(1) Arnaud, 1. c, t. III, p. 187. 

2« Série. XX VP Volume. —.1892. 21 



iQ2 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

firma le fait. Tanon comprit que son arrestation ne pou- 
vait tarder et se réfugia à Genève. Il fut, le 3 septembre 
suivant, condamné par le parlement, comme contumace, 
aux galères perpétuelles, à mille livres d'amende envers le 
roi, aux dépens et à la confiscation de sa charge (r). Onze 
hommes ou femmes en outre s'entendirent condamner 
soit aux galères, soit à la réclusion, soit au bannissement 
pour le même fait ou participation aux assemblées inter- 
dites (2). • 

Jacques Oddoux-Marcel et Louise Girard avaient fait 
bénir leur mariage par un pasteur. Le 9 septembre de la 
même année, le parlement rendit un arrêt pour les obli- 
ger à faire revalider leur union par le curé de Cordéac, 
sous peine d'être traités comme concubînaires publics et 
de voir leurs enfants déclarés illégitimes (3). 

Ces sortes de mariages étaient alors des plus fréquents ; 
les registres du Désert^ tenus par le pasteur Bérenger et 
autres, en font foi (4). S'il n'était pas procédé plus souvent 
contre eux, c'est, il faut le reconnaître, grâce à la tolé- 
rance des curés qui ne les dénonçaient point, malgré les 
instantes recommandations des édits. 

(1) Mémoire pour MM. Pélissier-^Tanon contre Jacques Berton, p. 
8-10. 

{'2) Ubi suprà, 

(3) Arnaud, ubi suprà, p. 188. 

(4) Mairie de Mens. 

A. LAGIER. 
(A continuer). 



ff 

AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS 29^ 



AUTOGRAPHES 



DE 



deux cents quatre-vingt gentilshommes dauphinois 

EN l6}8 



(Fin. — Voir la loi* livr.) 



Dalkval (ne peut être un seigneur d'Allevard qui, en i638, 
était encore une terre domaniale. Peut-être Pierre de la 
Morte, seigneur de Laval et de la Motte-Chalancon, fils 
de Jean de la Morte, anobli en 1606. Il fut créé maréchal 
de bataille en i653). 

Darnes (Géraud de Revillasc, seigneur de Darnes, fils de 
Miphel de Revillasc et de Catherine de la Tour-Gouver- 
net ; il épousa en 1629 Bonne de Gandil, et mourut en 
i65o). 

Davènes (Bernard d'Aveine, fils de Jeand'Aveine et de Diane 
de Gratet ; il épousa Marguerite du Cerf). 

Déageant de Vire (François Déageant, seigneur de Vire, fils 
de Guichard Déageant, président de la chambre des comp- 
tes, et d^Elisabeth Toulouse). 

DoissiN (Jean-Baptiste de la Porte, seigneur de Doissin, fils 
de François de la Porte, seigneur de Bocsozel et du Châ- 
tclart de Champier, et de Gasparde de Catinel, dame de 
Doissin). 

D'Engilboud (René d'Engilboud , seigneur de Bouc, fils 
d'Hercule Engilboud anobli en 161 1 et d'Hélène Artaud ; 
il épousa Jeanne Tholosan). 



294 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Erculés (Jean Allois, seigneur d'Herculais, conseiller du roi, 

maître en la chambre des comptes). 
De l'Eschallyon (Henri de Saint-Ours, seigneur de PEs- 

chaillon, fils d*Etienne de Saint-Ours et de Marguerite de 

Dorgeoise ; il épousa Jeanne de Calignon). 
D'EsDocHES (Pons de la Porte, seigneur d'Eydoches, fils de 

François de la Porte, et mari de Françoise de Fillon ; il 

mourut vers 1660). 
A. DE Fassion (Antoine-Charles de Fassion, seigneur de St- 

Lay, fils de Gaspard de Fassion et de Marguerite du 

Motet. Il épousa en 1661 Anne de Vachon de Belmont et 

mourut vers 1675). 
Du Fay (Charles-Etienne de Fay, seigneur de Saint-Jean de 

Bournay, fils de Claude de Fay et de Diane de Martel). 
Le Fay (Hugues de Valernod, seigneur du Fay, fils de Jean 

de Valernod et de Louise de Lyonne ; il épousa Anne 

Mistral en i63o). 
La Fere (Laurent Colas-la-Fère, fils de Jean , héritier de 

Jacques, visénéchal de Montélimar, comte de La Fère. 
H. Ferrand (ne peut être Henri Ferrand, seigneur de Saint- 

Ferjus, conseiller au parlement en iSjS. Notre signature 

est probablement de Tun de ses descendants). 
Flandènes (Sébastien de Lyonne, seigneur de Flandènes, 

Leyssins, Aoste et Triors, fils de Breton de Lyonne et de 

Félice Ferrand-Teste ; il épousa Bonne de Portes). 
Du Fraynay (sans doute un membre de la famille Guiffrey, 

qui possédait la terre du Freyné). 
La Frédière (Balthazard Flotte, seigneur de la Freydière et 

de Châteauvieux, fils de Jean Flotte et de Françoise de 

Bouvet ; il épousa Claudine du Châtelard). 
Garnier (François de Garnier, fils de Philibert de Garnier et 

d'Antoinette de Vachon de Belmont ; il épousa Peronne 

de la Poype). 
Galliffet-Piparardière (Melchior de Galiffet, seigneur de la 

Piparardière, fils de Genton de Galiffet et d'Adrienne de 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. 29b 

la Place. Il épousa en i633 Louise de Corbeau de Vaul- 

serres et mourut en 1675). 
De la Gavagnière (Antoine ou Alexandre de la Gavanière). 
De Gênas (Paul de Gênas, fils de Biaise de Gênas et de Mar- 
guerite de Saulses; il épousa Alexandrine Estezet). 
De Gollas (Humbert de Gailloti de Goulat, seigneur de la 

Garenne). 
Goutteffrey (Aymar de Gotefrey, fils d'Hélène de Gotefrey 

et de Claudine Falcoz ; il épousa Antoinette de la Poype). 
De Gries (Philippe de Chivalet, seigneur de Griès, fils de 

Christophe de Chivalet et de Jeanne de Laurens ; il épousa 

Isabeau d'Alméras), 
De Guaragnol (Antoine de Garagnol, vibailli du Groisivau- 

dan, anobli en i6o5]. 
Guiffrey (Sébastien de Guiffrey, seigneur de Sailles, fils de 

Georges de Guiffrey et de Clémence Coct ; il épousa Anne 

de Micha). 
Guimetiere (François Ferrand-Teste, seigneur de Guime- 

lières). 
Heurtières (Félix Coct, seigneur d'Heurtières, fils de Jean 

Coct). 
Heybert (Claude Eybert, fils d'Abel Eybert et mari de Vir- 
ginia de Fusier). 
Des Isles (peut-être' Hippolyte Chambrier, seigneur de Tlsle, 

fils d'Yves Chambrier). 
De Izeron (Gaspard de Sassenage, seigneur d'Izeron, fils 

d'Alphonse de Sassenage et de Louise de Lattier). 
Jansac (Charles Borel, seigneur de Jansac, fils de Jean Borel 

et de Jamonne de Chypre, mari d'Adrienne Reynier de 

Morges). 
La Jassaudière (Jean-François de la Méerie, seigneur de la 

Jassaudière, fils d'Ennemond de la Méerie et de Claudine 

de Florence ; il épousa en 1627 Eléonor de Beaumont). 
De la Jassdière (aucun renseignement sur ce personnage). 
Laconbe-Lamcey (Pierre de Francon, seigneur de la Combe 



296 SOCIÉTÉ D^ ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

de Lancey, Saint-Mury et Montaymon, fils de Jean de 

Francon, et mari de Claudine du Faur). 
De Langeron (Philippe Andrault, seigneur de Langeron et 

de nie de Mars, fils de Jacques Andrault et de Margue- 
rite Tournelle ; il épousa Claudie de Fay d*Espeisses et 

mourut en 1675). 
Langon (Louis de Langon, seigneur dudit lieu ; il épousa en 

161 8 Clémence de Montaynard). 
De Lastic (Philibert de Lastic, seigneur de Lastic, Roche- 

gude, Saint-Georges, fils de Jean de Lastic et de Magde- 

leine d'Espinchal ; il épousa en 1620 Marguerite de 

Beaufort de Canillac et mourut en 1674). 
Laygues (François de Laygues, seigneur de Chandieu, fils de 

Claude de Laygues et de Louise du Pelloux ; il épousa 

Sabine-Reine de Relinghen). 
Lemaistre (Ennemond Le Maistre, seigneur de Froges, fils 

de Jean-Louis Le Maistre et de Lucrèce de la Porte). 
De Lovât (Guillaume de Louvat, seigneur de Barberon, fils 

de Jacques de Louvat et de Jeanne de Ponchon ; il épousa 

Antoinette du Châtelart-Cérezin). 
De Lyonne-Laissins (Charles de Lionne, seigneur de Leys- 

sins, abbé de Saint-Calais, agent général du clergé de 

France, fils d'Hugues de Lyonne et de Laurence d'Hostun- 

Clavaison). 
De Maleval (Michel Falcoz, seigneur de Malleval, fils de 

Pierre Falcoz et de Marguerite de Murinais ; il épousa 

Catherine Gade). 
Mallatret (Scipion de Montquin, seigneur de Malatrait, 

époux de Catherine de Laube-Brion). 
De Manze-Sarcenas (Jean de Menze, seigneur de Sarcenas, 

fils de Pierre de Menze et d'Ennemonde Miard ; il épousa 

Marguerite d'Usez). 
La Marcouses (Claude de Chissé, seigneur de la Marcousse, 

la Bâtie, le Crest et Cery, fils de Philibert de Chissé ; il 

épousa en 161 5 Bénigne de Montferrand). 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. 297 

Marnais-la-Férusière-Saint-André (Antoine de Marnais, sei- 
gneur de Saint-André et la Férusière, mari de Claudine 
de Saint-André). 

Du Mas (Antoine de Vignon, seigneur du Mas, fils de Jean 
Vignon et de Françoise Rognon ; il épousa Virginie Rivet). 

Du Menon (Aymar de Menon, fils de Jean de Menon et de 
Florie de Gotefray ; il épousa Sébastienne de Morard). 

Mespieu (Pierre Flocard, seigneur de Mépieu, fils de Jean 
Flocard et de Laurence Gratet ; époux de Charlotte de 
Musy). 

MiRiBEL (François de Salles, baron de Miribel, fils de Louis 
de Salles et mari de Marguerite de la Baume). 

Du MoLARD d'Uriage (Jeau-Claude AUeman, baron d'Uriage, 
seigneur de Revel, fils de Gaspard Alleman et de Margue- 
rite de BouUiers ; il épousa en premières noces Catherine 
de la Baume-Suze et en secondes noces Louise de Cler- 
mont-Montoison) . 

Du Monnet (Claude du Monet, seigneur de Fossans, fils de 
piaude de Monet et de Claudine de Virieu-Beauvoir ; il 
épousa Catherine du Vache). 

MoNTAUBAN (Joscph de Montauban du Villard, seigneur de 
Jarjayes, fils de Gaspard de Montauban et de Catherine 
Flotte ; il épousa en 1609 Diane de la Piarre et mourut 
en 1644). 

MoNTCHENu (Gabriel de Montchenu, seigneur de Thodure, 
fils de François de Montchenu et de Marianne de Vallier ; 
il épousa en i636 Joachine du Fay et mourut en 1647). 

MoNTFERiER (Sébastien Pourroy, seigneur de Montferrier. 
fils de Paul Pourroy et d'Elisabeth du Faure). 

MoNTGONTiER (Pierre de Bocsozel, seigneur de Montgontier, 
■du Châtelard et de la Bâtie de Charlieu, fils de Soffrey de 
Bocsozel et de Jeanne de Bressieu ; il épousa en 1620 
Anne Borel de Ponsonnas et mourut en 1641). 

Montmartin-Champier (Gaspard Alleman, seigneur de Mont- 
martin, fils de Gaspard Alleman, seigneur de Champier 
et de Jeanne de Loras-Montplaisant). 



298 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

MoNTPLAiSANT-EsDOucHEs (Artus dc Loras, seigneur de Mont- 
plaisant, Eydoches, Chamanieu, fils d'Abel de Loras et de 
Marguerite du Pré, dame de Chamanieu ; il épousa Claire 
de Villars en 1625 et mourut en 1640). 

MoNtRiGAUD (Jean-Claude Alleman, seigneur de Montrigaud, 
fils de Jean Alleman et d'Isabeau de Tivoley ; il épousa 
en i635 Anne Bussoud et mourut en i653). 

Ch. dc Monyer de Rochechinard (Charles de Monyer, sei- 
gneur de Rochechinard, fils de Romain Monyer et d'Im- 
berte Bruyère). 

Morard du Villard (Nicolas de Morard, seigneur du Villard, 
fils d'Humbert de Morard et de Philippe Basset). 

MoRARD-ViVAT (André de Morard, dit Morard Vivat, fils de 
Claude de Morard et de Marguerite Basset). 

MuRiNAis (Jacques d'Auberjon, seigneur de la Balme et de 
Murinais, fils d'Aymar d'Auberjon et de Claudie de Muri- 
nais. Il épousa Catherine du Motet et mourut vers 1640). 

Odefred (Henri des Isnards, seigneur d'Oddefred, fils de 
Charles des Isnards). 

A. d'Oncieu (Antoine d'Oncieu, seigneur de Chimilin, fils 
de Jean d'Oncieu et de Jeanne de Vaulx, mari de Polixène 
de Revol ; il mourut en 1 66 1 ) . 

Parys (Louis d'Urre, seigneur de Brutins, de Paris et de 
Montanègre, fils de Laurent d'Urre et d'Isabeau Libertat ; 
il épousa Louise de Morges et mourut avant i65o). 

Passage (Aymar de Poisieu, marquis du Passage, fils de 
Claude de Poisieu et d'Isabelle de Grolée ; il épousa 
Françoise Flotte). 

Passuast (Théode de Vaujany. seigneur de Passéat, mari de 
Françoise Fusier). 

Paviot (Octavien Paviot, époux de Jeanne de Viennois). 

Pelissa (Claude de Luzy, seigneur de Pelissac, mari de Fran- 
çoise de Fromenton de Besson). 

Pelloux (Raoulet du Pelloux, seigneur de Rochefort, mari 
de Catherine de Sassenage). 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. 299 

La Pierre-Monténard-Montefrin (Hector de Montaynard, 
marquis de Montfrin, seigneur de la Pierre et de Mon- 
taynard, fils de François de Montaynard et de Marguerite 
de Gondin; il épousa en premières noces, en 1668, Fran- 
çoise de Nagu-Varenne, puis en secondes noces, en i653, 
Christine-Marguerite de la Gorce, et mourut en 1684). 

PoiNTiÈRES (Jacques de Virieu, seigneur de Pointières, fils 
d'Aymar de Virieu et de Bonne de Virieu-Torchefelon ; 
il épousa Louise de Louvat et mourut en 1643). 

PoLLiGNY (Pierre de Poligny, seigneur du Valbonnais, fils de 
Jacques de Poligny et de Doucette de la Place ; il épousa 
, en premières noces Marie Rostaing de Bataille et en deu- 
xièmes Uranie de Caiignon, et mourut en 1641). 

PoNsoNNAs (Antoine Borel, seigneur de Ponsonnas, fils de 

• Jean Borel et de Jamone de Chypre; il épousa Magde- 
leîne de Claveyson). 

De Portes (François de Portes, seigneur d'Amblérieu, prési- 
dent au parlement, fils de Claude de Portes et de Louise 
Coste; il épousa Marguerite de Murât de TEstang en 
i632, et mourut en 1662]. 

La Poype (Abel de la Poype, baron de Corsant, fils d'Abel de 
la Poype et de Marie de Loras ; il épousa en 1617 Clau- 
dine de Disimieu). 

PoYsiEus (Scipion de Poysieu, seigneur du Passage, fils d'Ay- 
mar de Poysieu et de Françoise Flotte; il épousa Anne 
d'Applaincourt). 

PuPETiÈREs (P'rançois de Virieu, seigneur de Pupetières, fils 
de Claude de Virieu et de Marguerite Bernard ; il épousa 
en 1608 Gasparde Prunier de Saint-André et mourut en 
1644). 

De Puras (Philibert Blanc, seigneur de Puras, fils de Claude 
Blanc et d*Ennemonde de Miennes ; il épousa Anne 
Louvat). 

PusiGNAT (Jacques de Costaing, seigneur de Pusignan, fils de 
Jacques de Costaing et d'Anne de Rostaing; il épousa 



3oo SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Françoise de Chasolis de Saint-Moris et mourut vers 

1660) 
PuYGiRON (Guillaume de Bérenger, seigneur de Puygiron, 

fils d'Antoine de Bérenger et d'Anne Blanc du Percy ; il 

épousa Barbe Garonne). 
Rajat (Jacques de Rigaud, seigneur de Rajat et de Serezin, 

fils de Jean de Rigaud et de Claudine Méjact ; il épousa 

en 1614 Jeanne Noir). 
De Repillin (Urbain de Repellin, fils d'Ennemond de Re- 

pellin et de Jeanne Jaquet ; il épousa Hélène Mandinet). 
Revol de la BuissiÈRE (François de Revol, seigneur de la 

Buissière, fils de Guillaume de Revol ; il épousa en i632 

Anne de Michalon). 
La Richardière (Louis Vachon, seigneur de la Richardière, 

fils de Jean Vachon et de Françoise Bûcher de Saint-Guilr 

laume ; il épousa en premières noces, en 1609, Méraude de 

Ventes, et en deuxième, en i636, Louise de Savoye; il 

mourut en 1662). 
De Rippert (Jean de Ripert, fils de Rolland de Ripert et de 

Blanche de Donadei ; il épousa en premières noces, en 

1623, Suzanne de Belly et en secondes Diane de Colière). 
De Rippert (Pierre de Ripert, seigneur de la Verrerie, frère 

du précédent; il épousa en 1616 Anne de Thomas de 

Millaud). 
De Rochas (Pierre de Rochas, de Gresse, fils d'Antoine de 

Rochas et d'Hélène Blanc ; il épousa Louise de Vuillet). 
La Roche (René de la Roche, seigneur de Grane, fils de Paul 

de la Roche et de Jeanne de Gardon ; il épousa Justine de 

Vaulserres). 
La Roche (Jean-Guillaume Flotte, comte de la Roche, fils de 

Balthazard Flotte et de Marthe de Clermont d'Amboise ; 

il épousa Gabrielle de Foresta). 
De Rocheblave (David de Rastel, seigneur de Rocheblave, 

fils de Mathieu de Rastel et de Jeanne de la Tour-Gou- 

vernet ; il épousa Diane de Cavaillonj. 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. 3oi 

De Rochechinard (Alphonse de Rochechînard, fils de Ro- 
main de Rochechinard et d'Imberte Meyère ; il épousa 
Philiberte Assalenc). 

RocHEFORT DE SuzE (Aimé de la Baume-Suze, comte de 
Rochefort, fils de Rostaing de la Baume et de Catherine 
de Mévouillon, mari de Catherine de la Croix de Cas- 
tries). 

Rodes (Charles de Rodes, seigneur de Barbarel, mari d'Hye- 
ronime Druays). 

RoisoNs (César d'Aiguebelle, seigneur de Royson, fils de 
Louis d'Aiguebelle et de Jeanne de Roux ; il épousa Marie 
de Baschy). 

RoissiEux (Nicolas de Chastaing, seigneur de Roussîeux, fils 
de Louis de Chastaing et de Jeanne de Grégoire; il épousa 
Françoise de Thiennes). 

O. RoMME (Octavîen Romme, fils de Pierre Romme ; il 
épousa Marguerite de Baro et fut conseiller au parlement). 

Romme (Henri Romme, frère du précédent). 

RossET (Marc de Vallin, seigneur du Rosset, fils de Jean de 
Vallin et de Claudine de Soliers, dame du Rosset ; il 
épousa Marie de Copier). 

RoucHEs DE Mayullant (uu membre de la famille d'Arvillars, 
qui possédait les deux seigneuries de Roche et Mayolans). 

La Rouliere (Aymar Lancelin, seigneur de la Rollière, fils de 
Jacques Lancelin et mari de Charlotte de Guillaumont). 

De Routes (Claude de Revel, seigneur de Routes, fils de 
Jacolin de Revel et de Jeanne de Charavillers ; il épousa 
Marguerite de Brunier). 

RouziERS (Pierre de Gilliers, seigneur du Rosier, fils de Gas- 
pard de Gilliers, conseiller au parlement). 

RozANS (François dTse, seigneur de Rosans, fils de Jean- 
Antoine dTse et de Marie de Rivière Sainte-Marie ; il 
épousa Suzanne de Renard). 

Saint-Amy. (Ce personnage m'est inconnu). 

Saint-Germain (Jean-François de Saint-Germain, seigneur de 



302 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Meyrieu, fils d'Antoine de Saint-Germain et de Sébas- 

tienne de Grolée). 
Saint-Jean-d'Octavéon (Gabriel de Montchenu, seigneur de 

Saint-Jean-d'Octavéon, fils de François de Montchenu et 

de Marianne de Valîin ; il épousa en 1 636 Joachine du Fay 

et mourut en 1647). 
Saint-Jullien (Melchior de la Poype, seigneur de Saint- 

JuUien et Montagnieu, baron de Réaumont, fils de Gabriel 

de la Poype et de Catherine d*Arces ; il épousa Anne de 

Granet). 
Saint-Just (Louis AUeman d'Uriage, seigneur de Saint-Just, 

fils de Gaspard Alleman, baron d'Uriage, et de Marguerite 

de BouUiers). 
Saint-Pierre (Pierre Flotte, seigneur de Saint-Pierre-d*Ar- 

genson, fils de Jacques Flotte et.de Claudie de Raymond ; 

il épousa Magdeleine Perdrix, et testa en 1642). 
Sain-Prin (Jean deTournier, seigneur de Saint- Prim, cheva- 
lier de l'ordre du Roi, fils de Joachim de Tournier; il 

épousa Isabeau de Pichat). 
Saint-Quentin (Rolland de Beaumont, seigneur de Saint- 
Quentin, fils d'Ennemond de Beaumont et de Louise 

Ravier; il épousa Jeanne Teste). 
Saint-Robert (Pierre de Garcin, seigneur de Saint-Robert de 

Cornillon). 
Saint-Romain (Jean Liotard, siegneur de Saint-Romain, 

président au parlement, fils de Jean Liotard annobli en 

1606). 
Sassenage (Alphonse de Sassenage, marquis du Pont, fils 

d'Alphonse de Sassenage et d'Antoinette de Fay ; il épousa 

Louise de Lattier et mourut en 1660). 
Saulterheau (Claude de Sautereau, seigneur du Fay, fils de 

Jacques de Sautereau et d'Anne de Comboursier ; il épousa 

en 1609 Antonie de la Cour). 
La Saune (Jean de Boffin, seigneur de la Sône et de Pernans, 

fils de Félicien de Boffin et d'Urbaine du Vache ; il épousa 

Louise de Morges et mourut vers 1670). 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES DAUPHINOIS. 3o3 

'Savyne (Antoine de la Font, seigneur de Savines, maréchal 
de camp, gouverneur d'Embrun, fils de Roux de la Font 
et de Marie de Gaillard de Belaffaire; il épousa en i6i3 
Marie de Girard de Saint-Paul). 

Senozzan (probablement un membre de la famille Olivier). 

Du Serre (Charles du Serre, seigneur du Rivail, fils de 
Charles du Serre et de Suzanne Martin de Champoléon ; 
il épousa Claire DofFandon). 

Sessarges (Jacques de Meffray, seigneur de Césarges, fils 
d'Antoine de Meffray et de Claudine de Loras ; il épousa 
Catherine de Neyrieu de Dom marin). 

Sextoris (Louis Seytre, fils de Gaspard Seytre et de Suzanne 
d'Obert; il épousa en 1622 Louise-Françoise de Gillets). 

S0NZIES (Jean de Sonzier, fils de Jean de Sonzier et de Fran- 
çoise de Lally). 

SoNziES (Claude de Sonzier, frère du précédent). 

SouviLLE (César de Bardonnenche, seigneur de Souville, fils 
de Jean de Bardonnenche et de Jeanne de Revillasc; il 
épousa Jeanne de Clarens, dame de Souville et mourut en 
1671). 

De Thau de Béniven (Ennemonddu Thau, seigneur de Béni- 
vent, fils de François du Thau et d'Isabelle d'Hélis ; il 
épousa Françoise de Revillasc-Darnes). 

De Torchefélon (Henri de Torchefélon, seigneur de Mornas, 
fils de Bertrand de Torchefélon et de Clémence de Virieu- 
Ponterrays). 

La Tour (Guillaume de la Tour de Clelles, fils de Jean de la 
Tour, épousa Jeanne Odde de Bonniot et mourut en 
1640). 

La Tour-Garcin (Ennemond de Garcin, seigneur de la Tour, 
fils d'Aimé de Garcin). 

Truchenus (Antoine de Simiane, seigneur de Truchenu et 
de Céderon, fils de Louis de Simiane et de Françoise de 
Guilhem; il épousa en 1587 Lucrèce de Claret, dame de 
Truchenu). 



3 04 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

VàLLiN (Alexandre de Vallin, seigneur de Vallin, fils de Jean 
de Vallin et de Claudine de SoUiers ; il épousa en pre- 
mières noces Françoise de la Poype, en secondes Fran- 
çoise de Grolée et enfin en troisièmes Marguerite de 
Sayve). 

Vanterol (François de Philibert, seigneur de Venterol, fils 
d'Henri de Philibert et de Jeanne de Perdeyer, dame de 
TArgentière. Il épousa Lucrèce du Puy-Montbrun). 

Varces (Louis de Briançon, seigneur de Varces, fils de Joseph 
de Briançon et de Françoise Armuet de Bonrepos ; il 
épousa Magdeleine de Franc). 

Vassieu (Jacques Engilboud, seigneur de Vassieu, fils d'Her- 
cule Engilboud). 

De Vaujany la Tour (Théodore de Vaujany, seigneur de la 
Tour de Montbonnod). 

Vaulx (Pierre de Vaulx, seigneur de Vaux et de Plagnieu^ 
conseiller au parlement, fils de Pierre de Vaux ; il épousa 
Jeanne Baro). 

Veaune (Guillaume de Solignac, seigneur de Veaunes, fils 
d'Antoine de Solignac ; il épousa Marguerite de Bartholi 
et mourut vers 1660). 

P. DE Vernatel (Jean-Pierre de Rachais, seigneur de Ver- 
natel , fils de Jean-Claude de Rachais et de Françoise 
du Bourg ; il épousa Jeanne du Moulin et mourut vers 
1660). 

Du Verney (Claude-Gabriel de la Balme, seigneur du Ver- 
nay, Optavoz et la Roche, fils de Pierre de la Balme et de 
Marguerite Delay ; il épousa Clauda de Chapponay et fut 
conseiller au parlement). 

De Viennes (Jacques de Vieixne, seigneur de Brunières, fils 
de Guillaume de Vienne çt de Catherine de Colonges; 
il épousa Renée de Garcin et mourut sans postérité). 

De Villeneuve (Charles de Verdonnay, seigneur de Ville- 
neuve de Marc, fils de Jean de Verdonnay; il épousa en 
1646 Marie de Sautereau). 



AUTOGRAPHES DE GENTILSHOMMES 'DAUPHINOIS. 3o5 

De ViLLETE (Aubert de ia Villette, seigneur de Furmeyer et 
Veynes, fils de Daniel de la Villette et de Magdeleine 
Martin de Champoléon; il épousa en i6i5 Marie Baud, 
et mourut en 1642). 

De Visans (Alexandre de Viennois, seigneur de Visans, fils 
d'Antoine de Viennois). 

VuREY (Annibal Falcoz, seigneur de Vourey, fils d'Aymar de 
Falcoz et de Louise de Vallin). 

Il faut ajouter aux signatures précédentes six signatures peu 
lisibles; sur Tune on voit quelque chose comme dirent ou 
Elirent\ sur la seconde de Prières Roulant; sur la troisième 
St Hecutriey Perrieres o\i de Nenctriey Ferrières\ sur la 
quatrième J, Connebut ou J, Camebert; sur la cinquième 
Cimhec ou Ambec (ce n'est certainement point Maubec) ; 
enfin sur la dernière qui est déchirée au commencement... 
Imeies ou Iméres. 

En outre, il faut remarquer que presque toutes les signa- 
tures mises au bas des deux premières pièces analysées, au 
nombre de trente-cinq, se retrouvent au bas de la troisième 
pièce. J'ai jugé inutile de les reproduire. 

J. ROMAN 



lÉ < M OI » É» 4t 



ESSAI 



DE 



BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE 



Peu de villes possèdent une Bibliographie aussi étendue, 
aussi importante et aussi variée que Romans. Ses établis- 
sements religieux, principalement le Chapitre de Saint- 
Barnard et le Calvaire, ses nombreuses institutions de 
charité, les diverses administrations dont elle est le siège, 
son industrie et son commerce, de tout temps si floris- 
sants, la revendication de ses droits contre les usurpations 
ou les compétitions de juridictions rivales ou parallèles, 
ont produit dans son sein un mouvement intellectuel con- 
sidérable, pendant que Tadmiration des étrangers ou 
Tamour filial de ses propres enfants s'attachait à la re- 
cherche des souvenirs de son histoire ou à la description 
des monuments de son passé. Toutes ces causes, fomen- 
tées et augmentées par un patriotisme de bon aloi, ont 
contribué à la doter d'une littérature aussi riche qu'inté- 
ressante, répartie dans une multitude d'ouvrages qui for- 
meraient à eux seuls une belle bibliothèque. Nous avons 
essayé d'en rédiger Tmventaire, en recueillant avec un 
soin minutieux toutes les pièces ayant trait à Romans qui 
ont pu nous tomber sous la main. Hâtons-nous de dire 
que nous avons été précédé dans ce travail par M. le doc- 
teur Chevalier, si profondément versé dans tout ce qui 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. ioy 

touche à l'histoire de sa ville natale. Il a bien voulu met- 
tre à notre disposition, non seulement sa riche bibliothè- 
que, mais encore les notes qu'il avait déjà lui-même rédi- 
gées en vue d'en faire part au public, nous faisant ainsi 
bénéficier de ses propres recherches, opérées pendant plus 
de vingt ans dans les meilleures bibliothèques, avec le goût 
d'un amateur et la sagacité d'un érudit. Qu'il en reçoive 
ici nos plus vifs remercîments. Nous devons aussi une 
particulière reconnaissance à M. Emile Clément, qui a de 
même ouvert devant nous son intéressante bibliothèque, 
et, ce qui est non moins précieux pour notre sujet, une 
ample moisson de notes recueillies par lui avec une pa- 
tience infatigable dans les registres conservés aux archives 
de l'hôtel de ville, lesquels n'ont plus de secrets pour lui. 
Pour être vraiment intéressante et utile, une étude 
comme celle que nous entreprenons ne doit pas se borner 
à une sèche nomenclature de titres, qui la ferait ressem- 
bler à un catalogue de librairie ;. mais elle doit faire con- 
naître chaque article un peu important par une analyse 
succincte, et au besoin par quelques extraits. Nous avons 
essayé de réaliser cet idéal, en décrivant soigneusement 
chaque pièce, du moins les plus anciennes et les plus cu- 
rieuses, non seulement au point de vue purement maté- 
riel et technique, par les indications d'édition, de date et 
de format, mais aussi au point de vue littéraire, par une 
vue d'ensemble sur la composition même de l'ouvrage et 
par un aperçu de ses différentes parties, de manière à 
ce que le lecteur connaisse au juste ce qu'il renferme et 
puisse porter un jugement éclairé, tant sur sa valeur bi- 
bliographique que sur l'utilité qu'il peut présenter comme 
document historique et comme source de renseignements. 
On conçoit toutefois qu'il ne nous a été possible de décrire 

2" Série. XXVI« Volume. - 1892. 22 



3o8 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

et d'analyser de la sorte chaque pièce qu'à la condition de 
l'avoir eue sous les yeux et entre les mains. Or, quelques- 
unes de celles que nous citons dans cette nomenclature 
sont d'une telle rareté, quMl ne nous a jamais été donné de 
les rencontrer, même dans les plus riches bibliothèques, 
et plusieurs ne nous sont connues que par une brève 
mention dans un catalogue, ou par une citation dans quel- 
que, vieil auteur. 

Comme la plus belle bibliothèque ne serait qu'un fouil- 
lis confus et un cahos inextricable, si elle n'était parfaite- 
ment classée, pour éviter toute confusion dans une quan- 
tité aussi considérable d'ouvrages si variés d'objet, de 
format et de valeur, nous les avons répartis en différentes 
catégories, correspondant à autant de paragraphes qui 
présentent eux-mêmes diverses subdivisions, suivant les 
nuances des sujets traités. Chaque article est numéroté, et 
des renvois à d'autres numéros indiqueront les ouvrages 
similaires compris dans une autre catégorie. 

Pour être aussi complet que possible, nous avons relevé 
pareillement les articles de revues et de journaux relatifs à 
Romans, surtout ceux qui ont un caractère historique, 
quoiqu'ils n'aient pas été tirés en brochure. Mais nous 
devons déclarer tout de suite que nous n'avons pas fait 
une recherche spéciale de ces sortes de documents, et 
que nous nous sommes borné à noter ceux qui nous 
sont tombés sous la main, ou qui nous ont été signalés 
par quelque bibliophile obligeant (i). C'est dire que, dans 

(i) Pour distinguer, dans le classement ci-après, les articles de revues ou 
de journaux et les chapitres ou passages à consulter dans des ouvrages où 
il n'est fait mention de Romans que d'une manière transitoire, d*avec les 
brochures ou volumes qui y sont exclusivement consacrés, nous les avons 
catalogués en faisant précéder ceux-ci de chiffres arabes, et ceux-là des lettres 
de Talphabet 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE RÔMANAlSE. iog 

cette partie secondaire de notre travail, le lecteur devra 
s'attendre à bien des lacunes. Et du reste, "eussions- 
nous apporté tous nos soins à cette recherche, elle n'au- 
rait amené nécessairement que des résultats fort partiels. 
Nous n'avons pas la prétention d'être complet pour les 
volumes et les brochures ; à plus forte raison pour ces in- 
finiment petits. 

A la bibliographie se rattache d'une manière très étroite 
l'imprimerie. Nous dirons d'abord un mot de l'histoire 
de cet art à Romans. Le célèbre Jean Belon, imprimeur 
à Valence, y vint en i5i8, avec son appareil portatif, ap- 
pelé par les chanoines de Saint-Barnard pour imprimer 
le bréviaire de leur église; mais, chassé de la ville par la 
peste, qui y exerçait alors ses ravages (i), il se retira à 
Meymans, dans un domaine appartenant au chapitre, et 
le colophon du volume devenu rarissime qu'il y composa 
a fait entrer le nom de ce petit village dans les annales de 
l'imprimerie à ses origines. Nous en reparlerons plus loin. 

Vers le milieu du XVII« siècle, un imprimeur du nom 
de Jean Guilhermet exerçait son art à Romans. C'est le 
premier que l'on y trouve à poste fixe. Il était en même 
temps libraire et habitait dans la rue Pêcherie (2). Tout 
porte à croire qu'il était ce qu'on appellerait aujourd'hui 
un imprimeur de commerce, et qu'il n'imprima jamais 
des volumes proprement dits, mais seulement des bro- 
chures ou plaquettes, et probablement aussi des afBches. 
Quoiqu*il en soit, les produits de ses presses sont de toute 
rareté. Nous ne connaissons de lui que la pièce suivante. 



(i) D' Chevalier, Les pestes de Romans, p. lo. 

(2) On trouve dans les registres de taille de Romans mention de Jean 
Guilhermet, avec la qualité d'imprimeur, aux années 1657, 1^73» ^^74* 
1677, 1678, 1679, 1681 et 1685. 11 est qualifié libraire en 1679. 



3 10 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

qui nous a été signalée par M. Maignien, bibliothécaire de 
Grenoble : La pompe et magnificence faite au mariage 
du roy et de V infante d'' Espagne.,, A Romans y che\ Jean 
Guilhermet^ marchand libraire et imprimeur. 1660. — 
In-4® de 7 pp. (Bibliothèque de Grenoble, V, 1 109.) 

Après une lacune de plus d'un siècle. Part de l'impri- 
merie reparaît à Romans avec Louis Martigniat, dans le 
court intervalle de 1789 à 1794. Comme Pierre Aurel et 
Jean-Jacques Viret à Valence, et François xMistral à Mon- 
télimar, Louis Martigniat porta le titre d'Imprimeur du 
département de la ^rôme^ et reproduisit en cette qualité 
les innombrables lois et décrets qui arrivaient journelle- 
ment de Paris pour révolutionner la France, et être im- 
médiatement portés à la connaissance de tous les citoyens. 
Ils paraissaient en plaquettes in -4% la plupart de deux 
feuillets et dépassant rarement six ou sept pages (i). Ou- 
tre ces publications oiScielles, Martigniat imprima aussi, 
pour le compte de la Société populaire de Romans ou de 
divers particuliers, bon nombre de discours patriotiques 
et de rapports sur les événements du jour. Nous en ver- 
rons le détail en son lieu. 



(i) Nous possédons dans notre bibliothèque particulière trente pièces de 
cette catégorie imprimées par Martigniat, de fin 1791 à août 1793. Une 
seule porte un titre complet et offre une certaine étendue; en voici le signa* 
lement : Du droit de patentes^ établi par la Loi du ly mars lygf. — A 
RomanSt De ^Imprimerie de L. Martigniat^ Imprimeur du Département. 
MDCCXCI. CIn-4^ de 41 pp). L'adresse est répétée au bas de la dernière 
page. — Toutes les autres pièces de notre recueil ne dépassent pas 7 pp., 
sauf celle publiant le Décret de la Convention nationale du 10 juin 7797, Van 
2* de la République française^ contenant le Mode départage des biens commu' 
naux, qui en a 32. 

M. le docteur Chevalier a reproduit deux plaquettes publiées par Marti- 
gniat dans sa brochure sur Le Comité de Surveillance révolutionnaire et la 
Société républico-populaire de Romans^ pp. 9 et 39. 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 3ll 

Romans ayant cessé d'être chef-lieu de district, Timpri- 
nierie attachée à ce titre disparut en même temps (t), et 
Martigniai n'eut de successeur qu'en i838, en la personne 
d'un nommé Sorel, qui vint s'établir à Romans avec un 
vieux matériel d'imprimerie. Mais son industrie n'ayant 
pas prospéré, il ne tarda pas à faire place à M. Etienne 
Bossan (2), qui restaura à Romans l'art de Guttemberg et 
Ty implanta définitivement. Après avoir exercé avec succès 
et une certaine distinction pendant plus de trente-cinq ans, 
M. Bossan vendit son matériel à M. Bonneton, en janvier 
1876; lequel, à son tour, le remit à M. Raphaël Sibilat- 
André en 1882. Celui-ci est encore actuellement le prin- 
cipal imprimeur de la ville. 

Après avoir gardé longtemps le monopole de l'imprime- 
rie à Romans, M. Bossan, sur la fin de sa carrière, vit s'éle- 
ver auprès de lui une industrie rivale. Un atelier de litho- 
graphie et de typographie fut établi dans la ville par M. 
Henri Rosier; son brevet pour l'exercice de cet art est du 
12 janvier 1864. Cinq ans après, à la date du i5 janvier 
1869, il en obtint un autre pour l'imprimerie proprement 
dite. M. Rosier a imprimé quelques brochures, notam- 
ment le Nécrologe et Cartulaire des Dominicains de Gre- 
noble^ publié par M. l'abbé Ul. Chevalier. (Romans, im- 

(i) Nous perdons la irace de Timprimeur Martigniat depuis la fin du siècle 
jusqu*en 1833, où nous le trouvons notaire à Moras. Il instrumenta jusqu'en 
1838, et peu après, il alla mourir à Grenoble, à une date que nous ignorons. 
Lui-même appartenait à une famille de notaires de Lens-Lestang. Louis- 
Nicolas-Fabien Martigniat (ou Martignal) était né dans ce bourg, le 20 jan- 
vier 1770. Une de ses filles est morte à Montélimar, dans une condition des 
plus modestes, il y a peu d'années. (Voir D' Chevalier, loc. cU.t p. 17.) 

(2) Le registre de M. Bossan commence au '^ avril 1841 et finit au 28 
janvier 1882. Il comprend 372 numéros jusqu'au 27 janvier 1875, et une 
reprise de 82 numéros jusqu'à la fin, depuis le 17 décembre 1875. (Cette 
année-là n'en a que deux). 



3t2 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

prim. de Henri Rosier. MDCCCLXX.— In-8^ de 82 pp.) 
Après sa mort, survenue en septembre 1882 (r), sa veuve 
continua d'exercer en son propre nom, et celle-ci étant 
venue à mourir à son tour (7 juin 1890), Timprimerie a 
passé entre les mains de M. Fr. Sangouard, son frère, 
qui la dirige actuellement. Une troisième imprimerie fut 
établie à Romans, vers 1876, par M. Joseph Sibilat, 
d'abord ouvrier de M. Rosier. Après avoir exploité lui- 
même son industrie pendant quelque temps, il se retira 
à Lyon, laissant son titre et son matériel à M. Philippe 
Boyer, vers 1880. La même année, M. Buisson en fonda 
une quatrième dans la rue Pêcherie. Enfin, M. Penot fils, 
neveu de Mme Rosier, établit, vers i885, une toute petite 
imprimerie pour l'impression des papiers de commerce. 
Elle ne lui a pas survécu, et le matériel en a été vendu 
après sa mort (i 891). Il reste donc quatre imprimeries à 
Romans, qui toutes fonctionnent activement. Mais, com- 
me il est facile de le concevoir, pour une ville de moyenne 
importance comme Romans, on ne voit guère sortir de ces 
quatre presses que des feuilles, des affiches, des papiers de 
commerce ou des brochures administratives. Seul, M. 
Sibilat a publié des volumes qui peuvent se tenir debout. 
Ajoutons que chacune d'elles imprime un journal ou 
une revue (2). 

Quoique n'étant ni imprimeurs, ni éditeurs, quelques 
libraires de la ville ont fait mettre leur nom au bas de 
certains volumes ; c'est ainsi qu'on en trouve plusieurs à 
l'adresse de M. Phèdre, libraire à la Grand'Place. Nous 



(i) Henri-François Rosier était né à Romans, le 3 août 1839. 

(a) M. R. Sibilat imprime VImpartial de Romans; M. Sangouard, Vlndé- 
pendant Romanais ; M. Buisson, le Jacquemart^ et M. Ph. Boyer, la Revt^^ 
vilocipédiste. 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 3l3 

signalerons aussi le suivant, qui commence à être une cu- 
riosité : Méthode ou conduite chrétienne pour passer sain- 
tement la vie^ contenant des instructions et prières pour 
chaque jour, chaque semaine, chaque mois, chaque année, 
à Vusage des missions^ en faveur principalement des peu- 
pies de la campagne^ par un Prêtre Missionnaire du Dio- 
cèse de Vienne. Nouvelle édition, augmentée d'^un petit 
Recueil de Poésies chrétiennes, du Testament du Roi 
Louis X VI ^ et de celui de la Reine Marie- Antoinette. — 
A Romans, chez Derne, libraire. i833. [Limoges^ im- 
primerie Ardent.) i vol. in- 12 de 436 pp. 

Il y a eu des libraires à Romans dès le XVI* siècle ; les 
registres de la ville en mentionnent plusieurs. On n'en 
trouve pas moins de cinq exerçant simultanément en Tan- 
née j5i6 ; voici leurs noms : François Barbaret, Thomas 
Chapelle, Antoine Demays, Guillaume Humbert et Guil- 
laume Sappet. A peu de distance de là, on en voit paraî- 
tre un sixième : Guillaume Duperrier, en j5i8. On trouve 
ensuite André Olagnier en i56i et ibyo, Nicolas Paris 
en ï 563 et 1564 (qualifié aussi capitaine de santé), Guil- 
laume Humbert, libraire à Montchorel en i685, diftérent 
de celui de i5i6, etc. 

Antérieurement à l'invention de l'imprimerie, nous 
trouvons les parcheminiers qui paraissent avoir été les 
papetiers de l'époque. On comprend qu'en un temps où 
le papier était presque inconnu, et où tous les actes publics 
et privés étaient écrits sur parchemin, cette branche de 
commerce fût considérable et importante. Elle a été exer- 
cée à Romans par plusieurs industriels au XIV* et au XV* 
siècle. Préparaient-ils eux-mêmes le parchemin ou ne le 
tenaient-ils qu'en dépôt pour la vente? Nous ne saurions 
le dire. Quoi qu'il en soit, voici quelques noms de parche- 
miniers relevés dans les minutes de notaires ou dans d'au- 



3 14 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

très documente de Tépoque: Vincent Girard ou Giraud 
en i374, Jeande Moras en rSyS, Mathieu Robichon et 
Jean Salvat en 1406; Jean Saulne, Thévenon Pignat, An- 
dré Bachelier et Henri Bachelier en 1416; ce dernier 
figure aussi en 141g, ainsi que Jean Roche et Julien Cha- 
bert. Celui-ci paraît dès 141 1, et on le trouve encore en 
1431. C'est le dernier parcheminier dont nous voyons 
mention. Le papier commençait dès lors à paraître, et 
vingt-cinq ans après, en 1456, une papeterie était fondée 
à Romans par Henri du Chastel, au nord-ouest de la ville, 
extra muras. Un artifice établi en 1477, sur le ruisseau 
de la Chorache, faisait mouvoir les martinets ou foulons 
pour broyer les chiffons destinés à la fabrication du papier, 
et de là vint à cette usine le nom de Martinette^ qui est 
resté au quartier. Les titres qui en font mention la dési-' 
gnent en ces termes: Martineta ad faciendum papyrum. 
En I bgS, il y fut établi un martinet « à battre fer et acier. » 

Une autre industrie qui offre une grande affinité avec 
l'imprimerie est celle des cartiers. Elle fut exercée à Ro- 
mans dès le XVP siècle, et elle était encore en pleine 
prospérité au moment delà révolution. Il paraît y avoir eu 
plusieurs ateliers dans la ville. Les cartes qui en provien- 
nent sont remarquables parle fini de leur exécution. Nous 
n'entreprendrons pas d'en donner ici la monographie; 
elle pourrait faire l'objet d'un travail intéressant, qui for- 
merait un heureux pendant à la savante étude de M. Ed- 
mond Maignien sur les cartiers de Grenoble. 

Nous trouvons mention dans les registres de taille de 
Romans d'un grand nombre de cartiers. En voici quel- 
ques-uns, par ordre chronologique : Guignes du Châtel 
(i526-i53r), parent sans doute du fabricant de papier; 
peut-être que le titre de cartier^ qui lui est donné, ne si- 
gnifie pas autre chose ; car on n'en trouve pas après lui 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 3l5 

jusqu'à Michel Brisson (1600-1604). Viennent ensuite 
Pierre Morel ou Maurel (1615-1624); Jean Morel, pro- 
bablement son fils (i633) ; Etienne Buissière{ 1673- 1674); 
Etienne Buisson (i685) peut-être le même; Jean et Geor- 
ges Ardain (1674) ; Georges Theyssier (1684-1706); il est 
qualifié de maître cartier ; Jean Theyssier, peut-être 
son fils (1700-17 10); Christophe Bertoin (1694, mort en 
1746) ; Benoît Dumas (1693-1737); Jean Bouache ou 
Boache (1707-1740); Vincent Fagot ou Fayol,à la Prêle 
(17 10-1723) ; Coulon (1718) ; Noël et Melchior Lacroix 
([731-1739), ce dernier appelé marchand cartier ; An- 
toine Bertoin (i) (1727-1740) ; Joseph Bertoin (1732- 
1761); Louis et Jean Larrat(i739- 1740); Jacques Cois- 
sieux (1740- 1759). Plusieurs parmi ceux-là n'étaient 
probablement que de simples ouvriers ; mais les Ber- 
toin, les Theyssier et les Coissieux paraissent avoir fait 
souche de patrons ou maîtres cartiers. Ces derniers 
étaient surtout réputés : ce sont eux qui fournissaient 
des jeux de cartes aux officiers de passage, pour le prix 
de deux livres dix sols le sixain (2), et ils ont exercé 
leur industrie à Romans de père en fils Jusqu'à l'épo- 
que de la Restauration. Au moment de la révolution, ils 
s'installèrent dans l'ancien hôtel de ville (3), où se trouve 
actuellement la brigade de gendarmerie à pied, et il n'y a 
pas plus d'une trentaine d'années que le propriétaire actuel 



(i) Par acte du 24 mars 1744, Antoine et Christophe Bertoin (son père^) 
marchands cartiers habitants de Romans, constituent la rente de 30 livres, 
au capital de 600 livres, pour fondation de messes à St-Barnard. 

(2) D** Ul. Chevalier, Notice hisior. sur C abbaye de Si-Just, p. 4. 

(3) L'ancien hôtel de ville de Romans fut adjugé aux enchères, le 20 fé- 
vrier 1790» au sieur Galland, pour la somme de 9,025 livres. Les Coissieux 
en devinrent immédiatement locataires. 



3i6 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

en a fait disparaître renseigne (ï). Ils cessèrent leur com- 
merce lorsque les cartes furent soumises à Timpôt et au 
contrôle de l'Etat (2). 

Nous avons trouvé aussi le nom d'Elie Boissy, cartier 
du Bourg-de-Péage, dans un acte daté d'octobre 1701. 

Ajoutons enfin, pour n'omettre aucun des arts ou in- 
dustries qui ont les livres pour objet, qu'il y avait aussi à 
Romans des relieurs dès le XV* siècle. On les trouve dé- 
signés sous le nom de religatores librorum. Nous croyons 
pouvoir considérer aussi comme ayant exercé cette indus- * 
trie ceux qui portent le titre de cartonnierSy laquelle 
paraît avoir eu pareillement beaucoup de rapport avec 
celle descartiers. Georges Theyssier et Etienne Buissière 
sont désignés l'un et l'autre sous ce litre-là en i685, quoi- 
que partout ailleurs ils soient qualifiés de cartiers. Nous 
trouvons en outre Guillaume Tallandier, de 1644 à 1674, 
et Jean de Levaux, de 1690 a 1739* 

Cette étude étant purement bibliographique, nous ne 
dirons rien des documents inédits concernant la ville de 
Romans qui n'ont pas encore été mis en oeuvre et publiés. 
Nous nous bornerons à signaler, aux archives départe- 
mentales de la Drôme, le fonds du chapitre de St-Bar- 
nard, qui est fort considérable, et à celles de l'ancienne 
Chambre des comptes de Grenoble , une autre mine 
abondante de renseignements sur la ville et son chapitre. 
L'une et l'autre de ces deux sources historiques sont de- 
meurées jusqu'à présent à peu près inexplorées. 



(i) Cette enseigne était du côté de la petite place Perrot-de- Verdun. On 
y voyait, avec le nom de Coissieux^ cartier, les quatre figures du jeu de 
cartes : cœur, carreau, trèfle et pique. 

(2) Notes dues k Tobligeance de MM. Emile Clément et docteur Ul. 
Chevalier. 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. ilj 



I. — HISTOIRE DE LA VILLE 



S î*' — ANNALES GÉNÉRALES 

I . — Mémoires sur la pille de Romans^ par M. Dochier^ 
Ancien Maire de cette ville^ Membre correspondant de la 
Société des sciences et des arts de Grenoble : suivis de 
V Éloge du chevalier Bayard. — Valence, de l'imprimerie 
de Jacques Montai. 1812. 

I vol. in-8'' de 111-364 pp. 

Dédicace : A Monsieur le Comte Abrial^ Sénateur, Ti- 
tulaire de la Sénatorerie de Grenoble^ datée de Romans, 
i**' juin 1812. 

Ces mémoires sont plutôt des matériaux jetés sans or- 
dre et des documents détachés que des annales suivies. 
Dans une Notice prélihîi^iaire^ Tauteur jette un coup d'œil 
d'ensemble sur son sujet, et finit par un éloge bien senti 
de Napoléon le Grand. Avant de passer à Romans, il 
consacre dix pages au Bourg de St-Donat ; il papillonne 
ensuite sur les origines de la ville, sur le chapitre de St- 
Barnard, sur la population et les enceintes de Romans, 
sur les sièges qu'elle eut à subir, sur l'administration mu- 
nicipale aux différentes époques, etc., etc. Il n'y a pas 
de division par chapitres, mais seulement des titres sans 
numéros d'ordre, au nombre de 44, disposés pêle-mêle et 
sans méthode, jusqu'à V Éloge du chevalier Bayard^ qui 
forme un hors-d'œuvre complet, ayant titre et faux titre, 
et suivi de notes qui occupent à elles seules les dix der- 
nières pages (i). 

(i) Cet Éloge avait été donné au concours par la Société lilléraire de 
Grenoble. Dochier fbt Tun des trois lauréats, et son discours parut d'abord 



3i8 SOCIÉTÉ d'archéologie kt de statistique. 

Les mémoires de Dochier ne peuvent pas être consi- 
dérés comme de l'histoire sérieuse. C'est une compilation 
indigeste où Ton trouve de tout. Les erreurs y abondent, 
surtout dans la partie qui touche aux origines ; Tauteur 
est pllis exact pour l'époque moderne, pour laquelle on 
voit qu'il a consulté les documents. Il cultive avec affec- 
tation la chronique scandaleuse, et son ton comme son 
style se ressentent de cet esprit irréligieux et frondeur qui 
caractérise la plupart des écrivains de cette époque. Il 
n'a vu que trois grands hommes pour illustrer son pays, 
le dominicain Humbert de Romans, le gouverneur des 
Indes Lally-Tollendal et l'avocat général Servan, à cha- 
cun desquels il consacre quelques lignes (pp 27-28). La 
notice sur ce dernier, qui était mort depuis cinq ans seule- 
ment, est plus étendue (pp. 288-295), et c'est sur lui que 
se termine ce qui a rapport à la ville. 

On trouve un compte rendu des Mémoires de Dochier 
dans le Journal du département de l'Isère du 7 mai 181 3, 
(n** 55); art. signé: B. S. (i). 



à la suite de ceux de MM. Gauthier, notaire à Grenoble, et Gagnon fils, 
avocat au Parlement, dans le tome III des Mémoires de ladite Société, où 
ils ont chacun leur pagination particulière. Celui de Dochier porte à 78 pp. 
La seconde édition qu'il en donna à la suite de ses Mémoires (pp. 297-361) 
ne présente d'autre variante avec la première que l'addition de deux notes 
aux pièces justificatives. 

(1) Berriar Saint-Prix, d'après M. Maignien, Dictionnaire des anonymes 
Dauphinois^ n* 373. 

Cyprien .PERROSSIER. 



• CA continuer). 



UN COLLECTONNEUR DAUPHINOIS. Sl^ 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS 



Au XVII* SIECLE 



L'Abbé de Lesseins et sa Galerie 



(Suite. — Voir les 97*, 98", 100* et loi* livraisons). 



Un autre tableau représentant des Traîneaux d'hiver, 
de deux pieds de haut sur trois de long, avec son cadre 
doré, en assez bon état. 

Un tableau représentant la Sainte Vierge, son Enfant 
Jésus et S. Jean, de quatre pieds et demi de. haut sur 
trois de large, avec son cadre doré, en assez bon état. 

Un autre tableau représentant S. Jean-Baptiste et son 
agneau, avec son cadre doré, en bon état, de quatre pieds 
et demi de haut sur trois de large. 

Un grand tableau représentant saint Sébastien percé 
de flèches, avec trois figures de femmes, de sept pieds 
de haut sur six de large, avec son cadre doré, en bon 
état (i). 



(1) Ce tableau se trouve actuellement dans l'église de Triors, dont S. 
Sébastien est le patron. Il correspond très exactement à la description qui 
en est donnée ici. 



32Ô SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

Un petit tableau représentant la Vue des galeries du 
Louvre, d'un pied et trois pouces de haut sur deux pieds 
de large, avec son cadre doré, en assez bon état. 

Un autre tableau représentant une autre Vue, avec son 
cadre doré, un peu endommagé, d'un pied et trois pouces 
de haut sur deux pieds de large. 

Un autre tableau représentant une Tête d'enfant, avec 
son cadre doré, en rond, le tout endommagé. 

Un autre tableau représentant Angélique et Médor, 
avec son cadre doré, le to.ut un peu endommagé, de qua- 
tre pieds de haut sur six de long. 

Un autre tableau représentant la Fortune arrêtée par 
l'Amour, avec son cadre doré, beaucoup endommagé, de 
six pieds de haut sur quatre et demi de large. 

Un tableau représentant une Magdeleine, avec son ca- 
dre doré, de deux pieds et demi de haut sur deux pieds de 
large, en assez bon état. 

Un autre tableau représentant aussi une Magdeleine, 
avec son cadre doré, de même que le ci-dessus. 

Une Femme jouant du tambour de Basque, avec son 
cadre doré, en bon état, de deux pieds et demi de haut sur 
deux de large. 

Un autre portrait de Femme, avec son cadre doré, de 
même en bon état, de la même hauteur et largeur que le 
précédent. 

Un autre tableau représentant Neptune sur son char, 
avec Junon, avec son cadre doré un peu endommagé, de 
quatre pieds de haut sur cinq de large. 

Un autre tableau représentant Moïse sauvé, avec son 
cadre doré, de trois pieds de haut sur quatre de large, en 
assez bon état. 

Un autre tableau représentant Vénus et Endymion, 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 321 

avec son cadre doré endommagé, de quatre pieds de haut 
sur cinq de long. 

Un autre tableau représentant la Vue de la place d'An- 
vers et de l'hôtel de ville, en bois, de deux pieds et demi 
de haut sur trois pieds et demi de large, avec son cadre 
doré, en bon état. 

Dans la galerie qui est au bout du dôme : 

Six grands tableaux représentant six chevaux et quel- 
ques personnages, le chacun de neuf pieds et demi en 
carré, endommagés sur les bords, sans cadre. 

Daîîs la vieille salle d'en haut : 

Douze tableaux servant de frise, de quatre pieds de haut 
sur six de long, avec des bordures de bois peint, huit des- 
quels représentent des paysages, un une cuisine y ayant 
(sic) une femme tenant un chaudron, un autre une porte 
de Venise, un autre un tombeau avec une dépouille, et le 
dernier, un tapis, des vases et de la vaisselle d'or. 

Dans la galerie des écuries : 

Quatre tableaux représentant des Chasses : le pre- 
mier, un héron et des oiseaux, en assez bon état; le 
second, une biche et un cerf mort et plusieurs oiseaux, en 
fort mauvais état et rompu ; le troisième, une chasse de 
sangliers, en assez bon état ; et le quatrième, une chasse 
de loups, aussi en assez bon état, avec leur cadre de bois 
peint en porcelaine ; lesdits tableaux de la hauteur de cinq 
pieds et demi sur huit de large. 

Un autre tableau représentant le Cheval Pégase, en 
assez bon état, de neuf pieds en carré, avec son cadre de 
bois peint en porcelaine. 

Le cadre de bois peint en porcelaine d'un cinquième 



322 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

tableau qui a été porté à Romans, de pareille grandeur 
que les autres. 

Dans la magnanerie du château : 

Un grand tableau en détrempe représentant la Vue de 
Versailles, de six pieds de haut sur neuf de large, avec un 
cadre de bois peint. 

Trois autres tableaux en détrempe représentant les 
Vues du château, jardin et canal de Versailles, de six 
pieds le chacun en carré, avec le cadre de- bois peint. 

Un autre tableau en détrempe représentant la Vue du 
bois et jet d'eau de Versailles, sur six pieds de long et 
quatre de large, avec leur cadre de bois peint. 

Cinq autres petits tableaux, aussi en détrempe, repré- 
sentant diverses Vues du bois, cascades et jets d'eau, de 
six pieds de haut sur deux et demi de large, y en ayant 
deux qui n'ont point de cadre, et les autres trois un cadre 
de bois peint. 

Trente-huit petits portraits, sur du carton, de demi- 
pied de large sur huit pouces de haut. 

Un vieux tableau, sans cadre, représentant une Bergère 
et un petit Berger. 

Un vieux tableau, sans cadre, fort usé, représentant la 
Sainte Vierge et l'Enfant Jésus. 

Dans la Bibliothèque d'en bas : 

Une petite image du S. Suaire de Turin, avec une bor- 
dure bleue. 

Un petit tableau de Fleurs, à bordure dorée. 

Un petit tableau en estampe de S. Charles Borromée, 
avec sa bordure dorée, miusé et endommagé. 

Un petit tableau de la Vierge, en velin, avec une bor- 
dure façon d'ébène, ornée de cuivre. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 323 

Dans une arrière-chambre de la Bibliothèque : 

Le portrait du Roi, de deux pieds de haut sur un pied 
et demi de large. 

Deux petits tableaux, sur du bois, représentant deux 
têtes. 

Des cartes en neuf pièces, où sont représentés des rois, 
des papes et autres princes, sur du papier doublé de toile* 

Quarante-une estampes de diverses grandeurs et figu- 
res, sur du carton. 

Une autre estampe sur du papier collé sur toile, repré- 
sentant Suzanne avec les deux vieillards. 

En additionnant cette double nomenclature, nous trou- 
vons que la galerie de l'abbé de Lesseins comprenait SSg 
tableaux (i), grands ou petits, bons ou mauvais, dont 
2o3 au château de Triors. Sur ce nombre, il y avait 1 1 
peintures sur bois, 3 sur cuivre, 3 sur velin, 3 miniatures, 
une sur marbre noir," une sur plâtre marbré, une à Tai- 
guille, 10 à la détrempe, 41 esquisses ou dessins sur pa- 
pier ou sur carton, et 79 estampes ou gravures. Les autres 
étaient sur toiles, dont plusieurs fixes pour servir de frises 
ou orner les plafonds dans les appartements. Quant aux 
sujets de ces peintures, ils peuvent se répartir ainsi : 

Sujets religieux, 81 

— mythologiques, 36 



(f) Dans la Notice historique sur la famille de Lionne^ publiée en tête des 
Lettres du ministre de Louis XIV, M. le D*" Chevalier ne fait mention que 
de 347 tableaux. Ce sont ceux qui furent vendus après la mort de Tabbé. 
Cétaient les meilleurs. On peut voir, d'après Tinventaire, qu'un grand 
nombre étaient en mauvais état ; et, du reste, dans la liste de ceux qui fu- 
rent mis en vente ne figurent ni les estampes, ni les miniatures et autres 
petits sujets de moindre dimension. 

2* SÉRIE. XXVI» Volume. — 4892. 23 



324 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 



— allégoriques, 


25 


— historiques, 


i5 


Portraits, 


i53 


Vues de villes, 


22 


Marines, chasses, paysages, 


83 


Variétés, 


53 


Sujets non désignés. 


71 



Total égal : 559 

Douze de ces tableaux sont signés de noms de grands 
maîtres, que l'inventaire mentionne, sur un plus grand 
nombre, qu'on n'a pas pris la peine de relever. Ce sont : 
deux Madones de Sasso Ferraio, une Judith en prière, 
(sur marbre noir), original de Stella, une Magdeleine de 
Lebrun, une Marion Delorme par Juste, des Singes par 
Téniers, un Paysage de pêcheurs par Francesco Grimani, 
Bolonais (i); une Musique, original.de Paul Véronèse, et 
quatre tableaux d'après Mignard, savoir : une Vierge, le 
portrait de Madame la marquise de Cœuvres, en sainte 
Agnès (2), et deux portraits du ministre de Lionne en- 
touré de sa famille (3). 



(i) « Dans la chambre appelée du Dame (à THôtel des Allées), un grand 
tableau sans bordure représentant des Pécheurs et un Paysage^ où est 
escript le nom du peintre : Francesco Bolognese, » (Autre inventaire de la 
galerie de Vabbi de Lesseins^ conservé aux archives de la Drôme^ B, 1750.) 

Ce second inventaire renferme quelques particularités que le premier ne 
mentionne pas, notamment l'attribution des quatre tableaux de Mignard. 

(2) Magdeleine de Lionne, fille du ministre d'État, mariée en 1670 avec 
François-Ânnibal de Cœuvres, plus tard duc d'Estrées. M. le D' Chevalier 
raconte, dans sa Notice hist. sur la famille de Lionne, pour quel motif elle 
se fit peindre en sainte Agnès. {Lettres inédites de Hugues de Lionne, p. 15.) 

('^) tJn de ces deux portraits du ministre de' Lionne est conservé à Thôtel- 
de-ville de Romans. Il est actuellement en réparation. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 325 

Les portraits dont les noms sont indiqués sont les sui- 
vants : 

Portraits historiques : le Roi (Louis XIV), huit tableaux 
différents, à pied, à cheval, en buste, au milieu de la 
garde royale, et deux en enfant : — la Reine (Anne d'Au- 
triche); — Henri IV et Marie de Médicis, son épouse ; — 
Louis XIII; — la Reine de Sicile (i); — S. François de 
Sales; — S. Charles Borromée, patron de Tabbé de Les- 
seins; — et l'évêque de Valence susnommé. 

Portraits de famille : 

Artus de Lionne, évêque de Gap (deux portraits). 

M. de Lionne, ministre d'Etat (fils du précédent), deux 
tableaux, Tun desquels le représente avec sa famille. 

Feu M. de Claveyson, gouverneur de Romans (2). 

Sébastien de Lionne, marquis de Claveyson, mort en 
1675. 

Madame la marquise de Claveyson (Catherine-Béatrix- 
Robert de St-Germain). 

Le comte de Lionne (Humbert, frère de l'abbé, premier 
écuyer du Roi (deux portraits). 

Le jeune comte de Lionne (Charles-Hugues, petit- 
neveu à la mode de Bretagne et héritier substitué de l'abbé 
de Lesseins). 

L'abbé de Lesseins. Deux portraits sur toile et quatre 
en estampes. L'une de celles-ci est enchâssée dans un 



(i) Anne-Marie d'Orléans, fille de Philippe I" d'Orléans, duc d'Anjou, 
frère de Louis XIV, épousa, en 1684, Victor-Âmédée II, duc de Savoie et 
roi de Sicile, et mourut ea 1728. 

(2] Charles de Claveyson, fils du célèbre Philostaurc^ avait acquis la 
charge de gouverneur de la ville en 1624, de M. de S. Ferréol, au prix de 
24,000 livres. Il mourut le 25 mars 1656. 



326 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

riche cadre doré orné à son sommet des armes du sei- 
gneur abbé. Les trois autres, aussi encadrées, sont dites 
plus petites. Y aurait-il eu deux éditions de cette estampe, 
qui devait être une belle gravure à la manière du temps? 
Notre amateur de belle peinture n'avait rien dû négliger 
pour que son portrait fût un véritable objet d'art. Quoi- 
qu'il en soit, ce portrait gravé de l'abbé de Lesseins est 
aujourd'hui absolument inconnu des bibliophiles. 

Le recolement de l'inventaire nous fait connaître quel- 
ques autres portraits de famille, que nous mentionnerons 
tout-à-Pheure. 

Un certain nombre de ces tableaux, les moins impor- 
tants, furent vendus sur place avec le mobilier de l'abbé 
de Lesseins. C'est ainsi que, dans le procès-verbal de vente 
du septembre, nous trouvons : 

Un tableau aux armes de la maison, sans cadre, délivré 
au s' chanoine Gondoin, pour lo sols. 

Une petite image du Saint-Suaire de Turin, délivrée au 
s*" Anthoine Lambert, pour 5 sols. 

Un petit tableau de fleurs à bordure, au s*" avocat Chaix, 
pour 4 sols. 

Un petit tableau en estampe de S. Charles Borromée, 
au s"" Anth. Sablière, pour une livre. 

Un petit tableau de la Vierge, en velin, à la demoiselle 
Belland, pour 6 livres 5 sols. 

Deux petits tableaux sur du bois, délivré au s' Faure, 
pour 10 sols. 

Un vieux portrait avec son cadre, au s"" chanoine Ay- 
mond, pour 3 livres. 

Un vieux tableau sans cadre représentant l'enlèvement 
d'une déesse, à M* Gitton, pour une livre. 

Des cartes en neuf pièces, où sont représentés des rois, 
au s' Joseph Genthon, pour 2 livres. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 327 

41 estampes de diverses grandeurs et figures, sur du 
carton, à Joseph Paquet, pour 3 livres 8 sols. 

Une estampe sur du papier collé sur toile, au seigneur 
de Peyrins, pour 6 sols. 

Les i8 cartes vde géographie, au s' avocat Chaix, pour 
6 sols 6 deniers. 

Un S. Bruno dans le désert, en manière de reliquaire, 
qui est venu de Triors, au s' Trollier, marchand, pour 4 
livres i3 sols. 

Un tableau délivré à M. de Fontchaude, pour 5 livres 
5 sols ; un autre au s*" Enfantin, pour i5 sols, etc. 

Outre cela, nous trouvons dans les comptes de la succes- 
sion présentés par l'exécuteur testamentaire, les chiffres 
suivants, qui se rapportent à la vente de tableaux, confon- 
dus, il est vrai, avec d'autres effets qui ne sont pas spé- 
cifiés : 

Jean Pellisson, dominicain du couvent de Grenoble, 
procureur fondé des religieuses de Montfleury, 577 livres 
10 sols pour le prix de tableaux et bronzes remis par 
ledit R. P. Pellisson à M. M* Pierre Charpentier, avocat 
en la cour, qui les avait achetés lors de la vente, au nom 
desdites dames. 

Tableaux et autres effets achetés par honnête Martin 
Chabert, 767 livres. 

Tableaux et autres effets achetés par M* Mathieu Jas- 
soud, conseiller du roi et son médecin, lieutenant en la 
mairie de la présente ville, 3 1 1 livres. 

Item, item^ par messire Jean-André Gondoin, prêtre 
et chanoine de la vénérable église de S. Bernard, 691 li- 
vres 5 sols. 

Item^ iterriy par s*" Charles Bouvier, bourgeois de Gé- 
nissieux, 3,687 livres 4 sols. 



328 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Item^itetn^^QiW Pierre Legentil, notaire royal, 52 
livres 8 sols. 

Item^ item^ par le s'. Enfantin, rentier du château de 
Triors, i33 livres. 

Item^ îtem, par François Bayotde Romans, 1,760 livres. 

Item^ item^ par noble Amédée du Vivier, seigneur de 
Lentiol, 5o livres. 

Item^ item^ pars' Jean Chambaud, homme de chambre 
dudit seigneur Abbé, 477 livres 5 sols. 

Item^ item^ par Barthélémy Michel, marchand de cette 
ville, 224 livres 1 5 sols. 

Tableaux achetés par s*" Charles Delacour, pour et au 
nom de s' Jean- Antoine Delacour, son père, marchand de 
Romans, 39 livres 10 sols. 

Effets achetés par messire Charles Delacour (Est-ce le 
même ?) prêtre, curé et chanoine panetier de la vénérable 
église de St-Barnard, au nom de D*^' Isabeau Chabert, sa 
mère, 76 livres. 

Effets retenus par noble Pierre de Beaumont, pour et 
au nom de noble Antoine de B., son père et son procureur 
fondé, 109 livres 6 sols. 

Effets achetés par les s" Balthasar et Claude Accarie 
frères, marchands associés de cette ville, 977 livres 6 sols. 

Etc., etc. 

Il est fâcheux que ces chiffres généraux ne nous disent pas 
mieux ce que coûta aux différents acquéreurs chaque toile 
en particulier ; mais, à en juger par quelques articles spé- 
cifiés plus haut, tout passa à des prix excessivement doux, 
et les amateurs de peinture, même artistique (témoin les 
deux tableaux sur bois vendus dix sous pièce) purent faire 
de bonnes affaires. Mais le plus gros de la galerie de Tabbé 
de Lesseins, conformément à ses intentions exprimées 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 329 

dans son dernier codicille, fut réservé pour être expédié à 
Paris, où il y avait plus de chance de les vendre à un bon 
prix et de trouver des acquéreurs pour tous; car, alors 
comme aujourd'hui, les artistes et les amateurs abondaient 
dans la capitale, et les gens de condition, même les plus 
étrangers aux arts, tenaient à orner leurs salons de ta- 
bleaux de valeur. Ceux donc qui furent jugés pouvoir être 
classés dans cette catégorie, et c'était le plus grand nom- 
bre, furent séparés du mobilier et encaissés. Avant de 
les expédier pour leur lointaine destination, le juge 
royal de Romans, Imbert Brenier, fit ouvrir les caisses 
pour procéder à une nouvelle reconnaissance de chacun 
des tableaux qui y étaient enfermés. « A cest effect, est-il 
dit dans le pi'ocès-verbal qui en fut dressé, nous ferons 
attacher des cartes à ceux auxquels on les pourra mettre 
sans les endommager, sur lesquels sera nostre paraffe, et 
aux autres, du papier avec cire d'Espagne. Et ensuite, nous 
avons fait ouvrir la première quaisse, après que le s' Jean 
Chambaud nous a déclaré avec serment, levant la main 
à la manière accoustumée, que les quaisses qu'il nous 
exhibe sont les mesmes que nous luy remismes en 
main et dont nous le chargeâmes lors de la révision et 
parachèvement de l'inventaire des biens et effets délaissés 
par led. feu sieur abbé de Lesseins, ayant fait venir par 
devant nous sieur Mathieu Nevers, M® esculteur [sic] pour 
procedder à l'ouverture desdites quaisses, et nous repré- 
senter les tableaux qui sont dans icelles, qui s'estoit aydé 
luy-mesme à faire l'embalement d'icelles, et l'ouverture 
Ihors de lad. révision. » 

Un nouvel inventaire fut dressé, correspondant aux nu- 
méros de l'ancien, sans autre indication des sujets, et on 
réemballa ensuite 236 tableaux pour être définitivement 



33o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

expédiés. Trente-huit autres, inscrits aussi sur Tinventaire 
sont désignés en marge par cette mention : Pour rester. 
Ce sont des portraits de famille, dont les noms sont indi- 
quas pour près de la moitié. Nous en reproduisons la no- 
menclature avec son orthographe native : 

Portrait en estampe de M. de Lionne, le ministre 
d'Etat, sur du sapin (?) 

Autre, aussi en estampe, sur sapin, de M. l'abbé de 
Lionne (i). 

La famille de M. de Lionne! 

Un autre pareil. 

Le portrait de noble Sébastien de Lionne (2), avec un 
vieux cadre or et noir, qui n'a pas été trouvé dans l'in- 
ventaire. 

Portrait de Sgr Evesque de Gap. 

Celui du feu seigneur Abbé. 

Portrait du seigneur d*e Claveson, gouverneur de cette 
ville. 

Portrait du père dudit feu seigneur abbé de Les- 
seins (3). 

Portrait de M™* de Lesseins, mère dudit deffunct (4). 



(i) Jules-Paul de Lionne, fils du ministre d'Etat, né en 1655, devint con- 
seiller et aumônier du roi, abbé de Marmoutiers, de Châlis et de Cercamp, 
prieur commendataire du prieuré de Saint-Martin-des-Champs, à Paris. II 
mourut dans cette dernière résidence le 5 juin 1721. 

(2) Sébastien I*', seigneur de Flandènes, de Bernin, de Lesseins, d'Aouste 
(en Graisivaudan) et de Triors. Il combattit contre les Protestants, qui le 
firent prisonnier en 1580, et devint, sur la recommandation de Lesdiguières, 
premier président de la chambre des comptes de Savoie (31 décembre 1590). 
Il vivait encore en 1626. 

(3) Hugues de Lionne, fils du précédent, mort le 17 octobre 1630. 

(4) Laurence de Claveyson, fille de Charles, 'gouverneur de Romans, et 
petite-fille du Vieux TapistCf née le 17 janvier 1595 ; elle fit son testament 
le 2 avril 1656. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 33 I 

Autre portrait du feu Sgr conseiller de Claveson, (i) 

dudit deffunct 

de noble Pierre d'Hostun (2). 

Autre de messire Charles de Claveson, le Papiste (3). 

Autre de messire Pierre de Claveson (4). 

Autre portrait de la famille portant une croix de Malte. 

Autre portrait de la famille, en habits d^armes. 

Autre portrait de Mons. Tabbé de St-Ruf (5). 

Plus, 21 portraits innommés. 

Depuis le gouverneur de la ville jusqu'à l'abbé de St- 
Ruf,les portraits ci-dessus désignés formaient une série de 
tableaux uniformes, numérotés de i à 10. Une autre série 
de 1 3 petits tableaux, dont 7 sur bois, pareillement nu- 
mérotés, ne fui point réservée, quoique composée toute 
entière de portraits de famille. Il y avait entre autres : 
Pierre de Claveyson, susnommé, François de Claveyson, 
chevalier de St-Jean-de-Jérusalem, le même sans doute 
qui figure avec une croix de Malte et qui n'est pas nom- 
mé dans la série précédente ; Florizel de Claveyson, l'un 
des fils du Vieux Papiste. M"* du Peloux, fille de mes- 



( I ) Quelques mots ont été emportés par la dent des rats ; mais il ne peut 
être question ici que du gouverneur de Romans, grand-père de Tabbé de 
Lesseins. 

(a) Probablement Pierre I*'' d'Hostun-Claveyson, qui fit reconstruire le 
château d'Hostun en 1550, et mourut à Claveysoni le 8 août 1560. 

(3) Charles de Claveyson, surnommé le Vieux Papiste, ou Philostaure, 
bien connu. 

(4) Pierre II d'Hostun-Claveyson, connu dans l'histoire sous le nom de 
Claveson (Voir Videl, Hist. de Lesdiguières, livre III, chap. I***), fut gouver* 
neur de Gap, et mourut à Romans en r6i5, à Tâge de soixante-sept ans. 

(5) Humbert de Valernod, abbé de Saint-Ruf de 1672 â 1684. Louise de 
Lionne, lante de Tabbé de Lesseins, épouse de Jean de Valernod, seigneur 
de Champfagot, était sa mère. 



332 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

sire Nicolas du P (i) ; Madame de Monteynard, de- 
moiselle de Claveson (2), etc. Il y avait aussi deux 

autres portraits du comte de Lionne, ne faisant pas par- 
tie de cette série, et qui furent de même expédiés avec les 
autres. 

Ce travail de recolement dura trois jours, les 22, 23 et 
25 septembre (3). On avait fait venir de Tournon le célè- 
bre peintre Sevin pour présider aux différentes opérations 
nécessitées par ce transbordement. On lui paya 78 livres 
« pour ses peines et vacations à vérifier et faire l'inven- 
taire et description des tableaux dudit deffunt seigneur 
abbé, pour les emballer et envoyer à Paris. » (Quittance 
du 20 novembre 1701). Un autre expert, le s*" Merlet, ta- 
pissier de Grenoble, avait été chargé de l'estimation des 
meubles et d'aider à leur vente. On lui donna, pour son 
voyage et son séjour à Romans à cet effet, 80 livres 10 
sols (quittance du 8 novembre). On paya 20 livres à Bra- 
vard, charpentier, pour plusieurs journées employées à 
a encaisser les tableaux et à différents autres ouvrages 
nécessaires. » Enfin le s' de Saint-Challier, exécuteur tes- 
tamentaire, demanda dix livres par jour <c pour ses va- 
cations, depuis le 16 août 1701, jour du décès, jusqu'au 
commencement de décembre suivant, pour.... et pour 
faire démonter les tableaux ou pour les faire encaisser, 
afin de les faire voiturer à Paris, en conformité de l'inten- 
tion dudit seigneur abbé, pour y être vendus. Lesdites va- 



(i). Renée du Pelouz, fille de Nicolas, gouverneur d'Annonay, seconde 
femme de Charles de Claveyion le Vieux Papiste, et arrière grand^mère de 
l'abbé deLesseins. Elle vivait encore en 1650. 

(2) Peut-être Jeanne-Renée de Lionne, marquise de Claveyson, mariée en 
1675 et son cousin Louis-Hugues de Lionne, marquis de Berni. 

{^) Le 34 septembre 1701 était un dimanche. 



UN COLLECTIONNEUR DAUPHINOIS. 333 

cations composant trois mois et quinze jours, font io5o 
livres. » 

Depuis l'expédition des tableaux à Paris, nous n'en 
avons plus aucune nouvelle, et il n'en est plus fait au- 
cune mention dans les documents que nous avons sous 
les yeux. La vente dut avoir lieu le ib octobre 1701, et on 
en dressa sans doute procès-verbal ; mais cette pièce 
essentielle manque au volumineux dossier de la succes- 
sion de l'abbé de Lesseins; de sorte que nous ignorons 
quel en fut le succès ou l'issue, et quel prix atteignirent 
les différentes toiles acquises jadis à grands frais par 
le magnifique abbé. Nous pensons toutefois que le pro- 
duit de cette vente dut amplement suffire à éteindre ses 
dettes, et à couvrir les charges de sa succession, qui étaient 
encore bien supérieures à l'actif après la vente du mobi- 
lier de Romans. 

Cyprien PERROSSIER. 
(A continuer.) 



wnwnwKtêoiwK^fiKfÊinvnvinyfnv^ 



ORDRES DE DES ADRETS 



Les archives communales renferment parfois de cu- 
rieux documents; en voici quatre émanés de des Adrets et 
conservés à St-Nazaire-en-Royans. 

I. 27 juin i562. 

François de Beaulmont, seigneur des Adretz, gentil- 
homme de la chambre du Roy, colonel des légions du 
Daulphiné, Provence Lionnes et Auvergne, esleu chiefz 
général des compagnies assemblées pour le service de 
Dieu, la liberté et de la délivrance du Roy et de la Royne, 
sa mère, conservateurs de leurs estats et grandeurs esditz 
pais, à Bartholomy Bejet, salut en Jésus Crist : comme 
nous ayons entendu et asseurement esté advertis de bon 
lieu et asseuré que plusieurs des habitans au pais de 
Royans, qui sont entièrement ennemis du repos public, ne 
taschent à aultre choze que esmouvoir troubles et tumultes 
entre lesd. habitans; à quoy il est très nécessaire de pour- 
voyr par tous remèdes, n'y en voyant poinct plus aultre 
expédient et convenable que de leur oster leurs armes, 
nous vous mandons en vertu de nostre pouvoir, vous 
transporter par tous les lieux et maisons qui vous seront 
suspetz et vous saisir, par bon et deu inventaire et sans 
abus, de toutes et chescunes les armes que vous trouvères 
estre en la puissance et pouvoyr des habitans dudit pais 
qui vous seront suspetz, soient offensibles ou deffencibles, 
pour les remettre soubs bonne et seure garde, affinque 



ORDRES DE DES ADRETS. 335 

VOUS nous en puyssiés respondre quant ainsy sera ordonné; 
et pour ce que nous avons entendu que plusieurs desd. 
habitans veulent vivre sans aulcune religion, nous vous 
mandons leur faire commandement, à voix et à cry de par 
le Roy et nous, que doresnavant ilz ayent à henter et or- 
dinairement fréquanter et assister aux presches et prières 
qui seront faictes par les ministres et diacres de la parole 
de Dieu et de son St evangille, sur peyne à ceulx qui au- 
ront demeuré trois jours après la publication des présen- 
tes d'y satisfere, de confiscation de leurs biens et de puni- 
tion corporelle; vous mandant et enjoigniant de vous 
saizir de leurs personnes, de quelque estât et qualité ou 
condicion qu^ils soyent, et les mettre en si bonnes et seures 
prizons que vous nous en puissiez rendre compte pour 
leur faire reavoyr le salaire de leurs rebelions, comme de 
ce faire vous donnons pouvoyr, mandement, autorité et 
commission par ces présentes que nous vous avons signées 
de nostre seing et faict séeler du séel de nous armes. A 
Grenoble le xxvii* juing i562. — Des Adres. Par mon- 
dit sieur, de Salles. 



IL 3o juin i562. 

François de Beaulmont, seigneur des Adretz, gentil- 
homme ordinère de la chambre du Roy, collonel des lé- 
gions de Daulphiné, jProvence Lionnois et Auvergnie, 
esleu chiefz et général des compagnies assemblées esd. 
pais pour le service de Dieu et du Roy, à François Chos- 
son du Perier salut : Sachant que es lieux de la Saune, St- 
Latier, St-Nazaire en Royans, St-Jehan d'Autavéon, 
Montmiral, Montaigne et St-Estienne de Montaigne est be- 
soing de pourvoyr à ce que quelque trouble ou sedicion 
s'ensuyvroit entre les habitans desd. lieux tant pour le 



336 SOCIÉTÉ D^ ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

faict de la religion que aultre, soubs colleur d'icelle, pour 
aultant que vous en estes voisin, et en Tasseurance que 
j'ay du zelle que vous avés tant à Tadvancement de la 
gloire de Dieu que Testât de son esglize soit maintenu en 
son entier, et que les grandeurs et authoritez du Roy et 
de la Royne, sa mère, soyent tenus en tel honneur et ré- 
vérance qu'il apertient, vous avons esleu, nommé et créé, 
eslizons, nommons et créons, par ces présentes, supperin- 
tendent et cappiteyne commandant pour le susd. servyce 
aux manans et habitans desd. lieux, soient juges, chaste- 
lains ou aultres, de quelque estât qualité ou condicion, 
ausquelz et à chacung d'eulx nous mandons et comman- 
dons et en/oignons très expressément vous recevoyr avec 
le nombre d'hommes de guerre que vous verres y estre 
requis et necessère, et à vous et ausditz hommes de guerre 
fornir tous ensemble et le chascun d'eux prorata de logis, 
vivres et utencilles et vituallies requises et nécessères pour 
voz honnestes norritures et entretenement : assavoyr, au 
chascun desditz soldars et hommes de guerre à pied qui 
seront avec vous pour l'exécution du contenu en vostre 
charge, à la raison de 4 solz tournois par jour chascun et à 
vous sellon que vostre estât et qualité le requiert, qui 
sera par les esglizes reformées desditz lieux ordonné 
et taxé, à quoy nous voulons lesditz habitans estre con- 
trainctz par prinze, saisie de leurs biens et emprizonne- 
ment de leurs personnes, nonobstant oppositions ou ap- 
pellations quelconques et sans préjudice d'icelles, pour 
lesquelles nous ne voulons estre aulcunement retardé. 
Et pource qu'il est besoing et plus que nécessere pour ne 
foller le paouvre peuple des despences qu'il convient 
faire pour le faict susdit et pour empêcher les larrecins 
qui sont desjà esté par trop pratiqué par plusieurs person- 



ORDRES DE DES ADRETS. 337 

nés de tous estas, au grand préjudice et interests de sa 
Majesté et du public, nous vous mandons et commettons 
par ces présentes que vous faciès incontinant faire bon et 
deu invantaire de tous le reliquere que vous pourrés trover 
es temples, couvens, abayés^ monastères, cures, priorés et 
chappelles desditz lieux et iceulx vous faciès mettre en main 
de personnes reseantes et solvables, ensemble tous les 
joiaulx et meubles que vous saurés et trouvères apertenir 
ausditz benisfices, couvens et monastères pour en randre 
compte au proffit du Roy ; et pour savoyr à la vérité le 
compte desdits reliquaires qui seront esté aliehnés ou 
cachés, nous vous mandons contraindre tous greffiers et 
aultres qu'il apertiendra de remettre entre vous mains les 
extraictz des inventaires qui en furent faictzpar autorité des 
feuz Roys, et par mesme moyen contraindre tous ceulx des- 
quels vous aurés subson, à vous faire ouvertures de leurs 
maisons aflBn que vous y puissiés chercher et perquérir les- 
ditz reliquères cachés, et d'habondant vous mandons et co- 
mettons d'arrenter et admodier les biens, rantes, pensions, 
dismes et aultres quelconques despendans desditz béné- 
fices, monastères et couvens et nomément du prieuré de 
la Sonne, aux plus offrants et derniers enchérisseurs à per- 
sonnes solvables^ pour en rendre compte et fournir les 
deniers qui proviendront desditz arrentements au proffit 
du Roy, et pour ce faire vous permettons et à ceux qui 
pour vous seront à ses effectz commis, substitués et dépu- 
tés, faire et passer tous contraictz et paches requises et né- 
cessaires qui seront inviolablement gardés et observés et 
généralement faire et commander esd. lieux tout ce que 
vous verres estre requis pour le service desd. magestez. 
Mandons et commandons à tous justiciers, officiers, ma- 
nans et habitans desditz lieux de quelque estât ou qualité 



338 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

qu'il soit qu'ils aient à vous obéir sur peyne d'estre par 
vous pugnis et chastiés comme rebelles au Roy, ainsy 
que de ce faire nous vous donnons pouvoyr et autorité 
par ces présentes que nous avons signées et fait séeller du 
séel de noz armes. Faict a Grenoble le dernier de juing 
1 502 — Les Adres. Par mond seign' de Salles. 



III. I" Août i562. 

Mons^ le Vibalifz, vous ne ferez faulte incontinant que 
vous aurez receu la présente d'envoyer gens souffisans et 
fidelles en tous les lieux de vostre bailhage, pour faire 
sçavoyr et, sy besoing est, contreindre les rentiers et sé- 
questres des revenus des bénéfices et aussy des dismes, 
an toute dilligence aler en la ville de Vallence pourter et 
remettre es mains de M* Claude Amel tous les deniers de 
leurs fermes et receptes qui estoient payables le jour de 
la Magdeleyne dernier passé, et pareillement à faire pour- 
ter et condhuyre aud. Vallence es meins dicelluy Amel 
tous les grains de leurs fermes et charges ; pour la con- 
dhuicte desquelz Vous leur ferez bailher les bateaulx que 
leur seront neccessères et à ce faire y hobéir vous ferez 
contraindre tous ceulx qu'y apertiendra et par mesme 
moyen vous envoyerez ou bien ferez envoyer aud. Amel 
à Vallence le roolle et estât au vray de tous les bénéfices 
que vous aurés arrentés et baiihés en séquestre et aussy 
des dismes, ensemble contraicts et obligations que vous 
en aures faictz passer aux fins qu'il en puisse dresser se- 
quastal et compte au vray et pareillement en vertu d'iceulx 
expédier les contrainctes pour ce neccessères, et d'aultant 
que cest affaire est d'importance et quy requiert estre exe- 
quté en dilligence, je vous pryc, au nom de Dieu, que en 



ORDRES DE DES ADRETS. ÎSg 

usant de vostre hauctorité et commission, vous commet- 
tiés sy bon ordre et telle dilligence que le tout puisse 
estre promptement rapporté aud. Vallence. L'asseurance 
que j'ay de vostre dilligence me fera mettre fin à la pré- 
sente.... Du camp du Pont de Sorgues, ce i*' jourd'Aoust 
1 502, vostre bon amy et frère : Les Adrets. 



IV. 4 Août i562. 

François de Beaumont, seigneur des Adretz, gentil- 
homme ordinère de la chambre, coUonel des légions du 
Daulphiné, Provence, Lyonnois et Aulvergne, gouverneur 
et lieutenent général pour le Roy en Daulphiné et lieute- 
nent de Mgr le prinpse de Condé en Tarmée crestienne, 
assemblée pour le service de Dieu, la liberté et deslivrance 
du Roy et de la Royne, sa mère, conservacion de leurs 
estats et grandeurs esd. pais, au Chastelain et consuls 
de St Nazère et de St Jehan en Royans, et à chascun 
d'eulx seul et pour le tout, salut et paix par Jésus Crist : 
Comme pour empescher les malheureux et pernissieux 
dessains que font les adversaires du repoz publicq et en- 
nemys de la vérité crestienne, qui ne tachent que à piller 
saccaiger et ruiner le poure peuple ; à ceste cause, nous 
vous mandons, comandons et très expressément enjou- 
gnons que vous ayiez à fournir, bailler et délivrer au cap- 
piteine Portes avecq sa compaignie de logis et ustensilles 
necessères et à chascung des souldards d'icelle, chiefz et 
membres des vivres et victuailles ainsin que par led. cap- 
piteyne vous sera ordonné, selon leurs qualités, pour leur 
honneste nourriture et entretenement, laquelle compai- 
gnie je vous envoyé pour la seureté de voz lieux et aultres 
circonvoysins, et aflBn que ne soyez si foUez et chargés 

2» SÉRIE. XXVP Volume. - 1892. 24 



340 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

pour les vivres de lad. compaignie, nous vous ordonnons 
et commettons prendre pour voz aydes les lieux bourgs 
et bourgades cy appres nommez, les consuls et habitans 
desquels vous contraindrés par prinse, saysîe, vente de 
leurs biens et emprisonnement de leurs personnes, sur 
poyne que vous et les consulz et habitans desd. lieux 
serés tenus et déclerés rebelles, pugnis et chastiés vigo- 
reusement attendu Temportance du faict. Mandons et 
commectons à tous justiciers, officiers et aultres bons 
loyaulx et fidelles subiectz de S. M. fere tous les exploictz 
exequutions et aultres choses requises et necessères. En 
oultre mandons commendons et très expressément enjou- 
gnons aux consulz, manans et habitans par là où passera 
lad. compaignie leur baillés vivres, victuaille et aultres 
choses necessères pour icelle sur poyne d'estre pugnis 
des mesmes peynesque dessus. Faict au Pont St Sperit 
le 4* jour d^aoust i562. Les Adres. Par commandement 
de mond. S' des Adretz, du Pinet. 

Les aydes sont Oriol, Bovantes, St Martin de Collonel, 
La Chappelle de Vercors, St Agnian et St Martin en Ver- 
cors, St JuUian en Vercors, Authun, Jaillian, Beauregard 
et Memans, la Sonne, St André et Chappeverse, Beau- 
veoyr, St Jehan d'Issart, Cognin, St Just, Rochechinard. 



>-•*" 



NÉCROLOGIES. i^J 



NÉCROLOGIES 



M. LE BARON Prudent de BERNON 

Né à Grenoble le 3 juillet 1821, M. de Bernon entra au 
Conseil d'Etat comme auditeur en 1844 et quatre ans après 
fut envoyé en Afrique par le ministre de la Guerre pour 
y remplir une mission. Un décret du 25 janvier 1862 le 
nomma maître des requêtes au Conseil d^Etat de 2^ classe 
et un autre de 1867, de i'* classe. Il était aussi chevalier 
de la Légion d'honneur. 

Tour à tour maire de Moras, membre du Conseil géné- 
ral de la Drôme et candidate la députation, il a joui d'une 
popularité légitime, acquise par ses bienfaits, son obli- 
geance et sa franche cordialité. 

Les auteurs font venir sa famille de la Vendée et la 
qualifient noble. Elle a eu de fort belles alliances. Le re- 
gretté défunt était neveu du ministre de la Marine et des 
Colonies, de Chasseloup Laubat, et petit-fils du général 
de même nom. 



M. DUBOIS (Célestin) 

Longtemps employé dans l'administration départemen- 
tale et ensuite juge de paix, notre collègue se fit estimer 
partout. Adonné aux recherches historiques depuis plu- 
sieurs années, il publia quatre ou cinq Annuaires de 
r arrondissement de Largentière^ pleins de renseigne- 



34'i SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

ments de toute sorte sur TArdèche et un ouvrage intitulé 
Ephémérides vivaroises. Laborieux et instruit, il a re- 
cueilli de nombreux matériaux sur son pays. 



Les journaux ont aussi annoncé la mort de M. le baron 
de La Tour-du-Pin-Chambly, de Nantes, inscrit depuis 
une dizaine d'années au tableau des membres correspon- 
dants de la Société. Nous manquons de renseignements 
pour sa notice biographique. 



La nouvelle de la mort de M. Gustave Vallier nous 
arrive au dernier moment. La prochaine livraison fera 
connaître les travaux de cet érudit et vaillant archéologue. 

A. Lacroix. 



SÉANCE. 343 



33E 



SÉANCE DU 9 JAM 1892 



Présidence de M. de Gallier 



^/NMM/VW^'WW^^^^^W>^\y^^^/^'V 



Lecture est donnée d'une lettre de M. le Secrétaire per- 
pétuel de l'Académie royale des belles-lettres, d'histoire et 
des antiquités de Stockholm, proposant un échange des 
publications des deux Sociétés ; d'une lettre de M. Val- 
lentin s'excusant de ne pouvoir assister à la séance, et 
d'une circulaire de M. le comte de Marsy, directeur de 
la Société française d'archéologie, fixant du 22 au 3o juin 
le Congrès archéologique tenu à Orléans. 

Sur la proposition de M. le Président, l'échange de- 
mandé par l'Académie de Stockholm est accepté. 

A la séance de la Société du i*' février 1892, M. le cha- 
noine Bouloumoy, supérieur du Grand Séminaire de 
Romans, présenté par MM. Emile Clément et l'abbé 
Perrossier, a été reçu membre titulaire^ et à la séance du 
9 mai, M. Godard, professeur de sciences au Petit Sémi- 
naire de Vernoux, présenté par MM. Blanchard, Colomb 
et Lacroix, membre correspondant. 

M. le Président dépose sur le bureau deux matrices de 
sceaux qui seront étudiés et décrits s'il y a lieu. 

Après rénumération des publications échangées avec 
les Sociétés savantes correspondantes, le secrétaire résume 
un travail sur les cartes à jouer publié dans les Précis ana- 
lytiques des travaux de Vacadémie des sciences^ belles- 



344 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

lettres et arts de Rouen^ pendant Vannée iSgo-gi^ et 
montre une feuille de 20 cartes romanaises dii XIV' siècle, 
ayant servi de couverture à un registre. M. Alphonse 
Nugues, archéologue aussi éclairé que dessinateur habile, 
se charge de reproduire cette feuille, qu'il déclare inté- 
ressante. 

L'ouvrage de M. Ernest Maindron, intitulé: VAcadé- 
mie des sciences. Histoire de V Académie. Fondation de 
V Institut national. Bonaparte membre de V Institut natio- 
nal. (Paris, Félix Alcan, 1888. i vol. grand in-8% 344 p. 
avec 8 planches hors texte et 53 gravures, portraits, plans 
et autographes) renferme un portrait de D. G. S. T. de 
Gratet, chevalier de Dolomieu, qui fit partie de l'expédi- 
tion d'Egypte et « contraint de rentrer en France, à la 
suite d'une maladie d'une extrême gravité, fut violem- 
ment saisi et incarcéré, brutalement dépouillé de ses collec- 
tions et transporté sur les côtes de Sicile » et la curieuse 
correspondance à ce sujet du ministre de la marine et 
des colonies. Forfait ; du chevalier Banks, président de 
la Société royale de Londre ; du lieutenant de vaisseau 
Feuillet ; d'Otto, commissaire du gouvernement français 
à Londres ; du secrétaire de l'Institut, Levesque, et du 
ministre de l'Intérieur, Chaptal. 

Le secrétaire de la Société pense avec raison que ces 
documents peuvent intéresser les biographes et les érudits 
dauphinois. 

A. L. 



CHRONIQUE. 345 



CHRONIQUE 



Une découverte intéressante a marqué ce trimestre : 
celle d'une splendide mosaïque à Luc. M. Nal, conseiller 
général de ce canton, propriétaire du sol qui renfermait 
ce beau travail, a eu l'heureuse idée de le faire photogra- 
phier et d'en adresser un exemplaire à la Société. 

Luc, ancienne capitale des Vocontiens du nord, comme 
Vaison Tétait de ceux du midi, placé sur la route des Alpes 
à Valence, eut le malheur d'être saccagé par les troupes 
de Fabius Valens \ Die hérita dès lors de ses fonction- 
naires et de sa prépondérance. Des inscriptions et des 
fragments d'inscriptions recueillis par M. Long, par 
Herzog et par d'autres auteurs rappellent ^ Luc les noms 
d'un préfet des Vocontiens,d'un édile, d'un prêtre, de vété- 
rans et de soldats morts en Allemagne, d'une Pompeia et 
d'une chrétienne, décédée vers 5 c 6, et son sol fouillé avec 
soin révélerait certainement une foule d'objets romains du 
plus haut intérêt pour l'histoire locale. 

Nous aimons à croire que le chemin de fer de Livron 
aux Alpes attirera sur ce pays fort curieux l'attention des 
archéologues et que le musée commencé par M. Nal con- 
tribuera heureusement à cette réhabilitation méritée. 

OUVRAGES REÇUS 

— Introduction au catalogue du Musée Guimet. Aperçu 
sommaire de Vhistoire des religions des anciens peuples 



34t) Société d'archéologie et de statistique. 

civilisés^ par L. de Milloué, conservateur du Musée Gui- 
met. — Paris, E. Leroux, 1891, 1 vol. in-!2, 160 pp. 

— Annales du Musée Guimet, (t. xixj. Le Laliia 
Vistara. — Développement des jeux ^ — contenant rhis-^ 

toire du bouddha Çak/a-Mouni depuis sa naissance 
jusqu'à sa prédication, traduit du sanscrit en français, 
par Ph-Ed. Foucaux, professeur de sanscrit au collège de 
France...., seconde partie, notes, variantes et index. — 
Paris, 1892, E. Leroux. [ vol. in-4", 240 pp. 

— (T. xx) Textes taoïstes^ traduits des originaux 
chinois, et commentés pdiV C. de Harlez. — Paris, 1891, 
E. Leroux, i vol. in-4°, Sgi pp. 

— Le Journal des Savants, mars et avril 1892. 

— Bulletin archéologique du Comité des travaux his- 
toriques et scientifiques. Année 1891, n® . Parmi les 
savants articles de cette livraison^ nous signalerons une dé* 
dicace au dieu Arausio sur une tablette de bronze : 

ARAVSIONI 

L- CAREIVS VITALIS. 

— Bulletin historique et philologique du Comité des 
Travaux historiques et scientifiques. Année 1891, n*» 4. 
Il contient une communication de M. Brun-Durand, sur 
les règlements de l'académie protestante de Die (i 604-1 663) 
et une autre de M. Tabbé Fillet, sur les droits régaliens 
des évêques de Saint-Paul-trois-Châteaux. 

— Mémoire de P Académie de Vaucluse, année 1892, 
[•■■ trimestre, renfermant une étude de M. R. Rey, ins- 
pecteur d^Académie, sur les écoles publiques dans les 
Etats pontificaux de France et pays divers qui ont formé 



CHRONIQUE. 347 

le département de Vaucluse avant 1789; un article de M. 
OUier de Marichard sur une statuette de Fullo (ouvrier 
qui foulait la laine au sortir du métier), découverte à 
Quintenas (Ardèche). 

— Terminons en annonçant que le Conseil général de 
l' Ardèche dans sa dernière session a décerné le prix Vil- 
lard, d'une valeur de 900 fr. à M. A. Mazon, un des nôtres, 
pour ses quatre derniers ouvrages : Voyage au Mont 
Pilat^ déjà couronné par l'Académie française. Essai 
historique sur le Vivarais pendant la guerre de Cent anSy 
Recherches sur r origine des Eglises du Vivarais^ t. i*% 
et Vivarais et Velay. Notre laborieux et savant collègue 
vient de terminer une Histoire de Soulavie^ en 2 gros vo- 
lumes in-8** et le 2* volume de ses Recherches sur Vhis" 
toire des Eglises du Vivarais. 

— Annuaire de la Société française de Numismatique y 
t. XV, année j 891. Il y a trois articles de M. Roger 
Vallentin : Trei^ain de mariage de Claude de Panisse^ 
conseiller au Parlement de Provence. — Les statuts des 
prévôts généraux des ouvriers et des monayers d^ Avignon, 
et du Comtat Venaissin. — Pierre de Coucils et la Maî- 
trise de batelier de Villeneuve. 

— Hippolyte Matabon, maître es jeux Floraux, lauréat 
de l'Académie française. — Mère et patrie^ monologue en 
vers, — (Bibliothèque moderne. 1892, i br. in-16, 8 
pages), œuvre du patriotisme le plus pur et d'une large 
facture littéraire. 

Publications des membres de la Société. 

De quelques curiosités inédites ou peu connues du Dau^ 
phiné {lsèrt\ n° 2. — Les maisons de VAlbenc, 

2« SÉRIE. XXVP Volume. — 1892. 25 



348 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

M. Paul Blanchet dans ce beau travail, reproduit, avec 
et sans leurs couleurs, les décorations et les armoiries du 
plafond de la maison Sorrel- Barbier, la cheminée de la 
même maison aux armes écartelées des Rabot et des Pec- 
cat, la cheminée de la maison Barrai ou Barrillon (au- 
jourd'hui au Musée de Lyon), ainsi que la galerie de la 
cour de la même maison, la pierre du moulin portant les 
armes des seigneurs du lieu et le blason de la cheminée 
du rez-de-chaussée de la maison Barrai ou Barrillon. 

Le texte explique les décorations et les armoiries et on 
a de la sorte un ensemble complet des curiosités de cette 
station pittoresque de TAlbenc sur le chemin de fer de 
Valence à Grenoble. 

— Notice historique sur saint Hugues de Châteauneuf^ 
évêque de Grenoble^ par Tabbé Aristide Bouloumoy, su- 
périeur du Grand Séminaire de Romans. — Valence, 
1892, Imprimerie Valentinoise, br. in-S^, i5 pp. Né en 
io53 et mort en 1 132, saint Hugues ne fut pas seulement 
un prélat remarquable par ses vertus ; il nous a laissé 
dans ses cartulaires des matériaux précieux pour l'histoire 
de la province. L'auteur fait ressortir avec un rare talent 
tous les traits principaux de la vie du patron de Château- 
neuf-d'Isère, où chaque année sa fête attire une foule de 
pèlerins. 

— Notice historique sur la maison patrimoniale de 
Mandrinà St-Etienne-de-St-Geoirs (Isère), — Ses origines 
et son grand procès des Poëlles de ijj5 à lygi^ — par 
Octave Chenavaz, conseiller général du canton de Saint- 
Etienne-de-Saint-Geoirs. — Grenoble, A Gratier, 1892, 
160 p. in-i2. Originaires de Mours, près de Romans, les 
Mandrin s'établirent à Brezins et à Bressieux vers 1450. 



CHRONIQUE. 349 

Moïse, héritier d'un riche bourgeois de St-Etienne, se 
fixa dans cette localité, vers 1620. M. Chenavaz nous 
fait connaître les descendants de Moïse et les péripéties de 
leurs possessions foncières. Cette histoire intime, pleine 
d'enseignements, n'avait pas encore été abordée, et l'au- 
teur ouvre en maître habile une voie toute nouvelle. 

Abraham Fatras^ gouverneur général des Indes Néer- 
landaises et sa famille. Notes biographiques et généalo- 
giques^ publiées par Edmond Maignien, conservateur de 
la Bibliothèque de Grenoble, correspondant du Ministère 
de l'Instruction publique, officier d'Académie. Grenoble, 
1892, J. Baratier, brochure in-8*, 47 pp. L'auteur a re- 
cueilli tout ce qu'il importe de savoir sur son héros dau- 
phinois et sur sa famille, et il l'expose avec clarté et mé- 
thode, dans un style élégant et concis. 

— A. Sagnier, membre de l'Académie de Vaucluse et 
autres Sociétés savantes : Numismatique appliquée à la 
topographie et à Vhistoire des villes antiques du départe- 
ment de Vaucluse, iv. Cairanne. Avignon, Seguin frères, 
1892, br. in-8% 16 pp. 

En face de Tulette, sur la rive gauche de TEygues, au 
quartier de St-Martin, notre savant collègue çi découvert 
un temple d'ordre toscan avec portique à six colonnes, 
le dieu topique auquel il était dédié et l'époque de l'exis- 
tence et de la destruction du monument. La lecture at- 
tentive de ce travail consciencieux est aussi attachante 
qu'instructive; elle montre, déplus, ce que le savoir et 
l'observation apportent de profit à l'étude de l'histoire 
locale. 

— U* Algérie légendaire. En pèlerinage çà et là aux 
tombeaux des principaux thaumaturges de V Islam [Tell et 



35o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Sahra)^ par le colonel Trumelet, commandeur de Tordre 
de la Légion d'honneur, officier de l'Instruction publique 
membre de la Société des gens de lettres, etc., etc.— Alger^ 
Jourdan, 1892» i vol. in-12, 499 pp. La connaissance 
exacte des lieux, du langage et des mœurs de notre colonie 
algérienne permet à l'auteur de colorer ses récits et de les 
dramatiser. Conteur charmant et historien critique, il 
nous initie à une civilisation bien différente de la nôtre et 
cela avec tout le charme d'un style correct, imagé et 
spirituel. 

— Etude sur Grenoble et ses transformations, par 
Pierre Heurteloup publié dans V Avenir de l'Isère^ jan- 
vier et avril 1892. Grenoble, Breynat, 1892, i vol. in-8% 
176 pp. Sous ce pseudonyme, un de nos collègues les 
plus instruits et les plus judicieux a élevé la voix de la rai- 
son et de la science contre des dépenses excessives. Nous 
ignorons quel a été le résultat de son zèle, et le sujet 
échappe à notre compétence. Il n'en a pas moins écrit 
un livre utile à l'histoire, avec une conviction et un cou- 
rage dont la postérité lui saura gré, si la génération pré- 
sente, comme il le dit, voit plus d'esclaves que le Padis- 
chah se rouler aux pieds de l'ambition 

— Hôpital -hospice Couturier, Les vieillards et les ma-- 
lades à la Tronche^ par le même. 

— Notice biographique sur Louis Adhémar de Mon- 
teil^ dernier baron^ premier comte de Grignan (14^4-- 
j5ig\ par L. Devès. Paris, J. Rouam, in- 12, 38 pp. Ex- 
cellente monographie. 

A. L. 



JACQUES DE TARDIVON 

dernier Aiié de la Congréiation de SainURuf 



ET LA 



/ / 



SOCIETE ACADEMIQUE ET PATRIOTIQUE 



DE VALENCE 



I 

Saint-Ruf. 

De récentes réparations à l'hôtel de la Préfecture, 
ancien palais abbatial de Saint-Ruf, ont à la fois appelé 
l'attention sur ce monument, naguères surmonté d'un atti- 
que et construit de 1755 à 1763, et sur Tabbé Jacques 
de Tardivon, son dernier possesseur. 

Pierre-Louis de Chomel, après l'avoir habité 27 ans, 
le laissa dans un assez triste état; aussi de Nantes, son 
successeur, provoqua-t-il, le 6 décembre 1755, ^^ ^^' 
rèt du .Conseil l'autorisant à faire dresser par un ingé- 
nieur le devis estimatif des réparations indispensables (i). 

De Nantes les fit commencer et de Tardivon les 
acheva. 

(i) Archives de la Drôme, série H. 

2« SÉRIE. XXVP Volume. — 1892. 26 



352 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

La famille de ce dernier est connue dans les environs 
de Valence et de Romans depuis 1426; mais elle n'ar- 
riva aux emplois publics qu'avec Valentin, nommé con- 
seiller au parlement de Grenoble, en 1524, et qu'avec 
Guillaume, courrier de Romans, c'est-à-dire d'après 
Guy Allard, gouverneur de la ville. 

André, fils de ce Guillaume et de Benoîte Rabot, 
s'unit, le 20 février 153J, avec Françoise de Galbert 
de Rocoules et laissa Exupère qui embrassa la Réforme 
et passa en Vivarais. 

Paul, héritier et successeur d' Exupère, eut d'Alexan- 
drine de Robiac un fils appelé Pierre, marié en 1 5 5 1 
avec Judith de Robiac de Luzeux, sa cousine germaine. 

Jacques, Jean, Esprit et Gratien, nés de cette allian- 
ce, furent maintenus dans leur noblesse par l'intendant 
de Languedoc, le 19 juin 1669. 

L'aîné, sieur du Besset, servit dans le régiment 
de Champagne et Just-Henri, son fils, dans celui de 
Bouloi. 

Ce même Just-Henri abjura la réforme et épousa suc- 
cessivement : le 7 avril 1709, Marguerite Fournier ; le 
i*' juin 171 J, Marie Orlandini ou Orlandin, d'une fa- 
mille florentine établie à Lyon et ensuite à Fontlozier 
sur Valence, et enfin le 29 décembre 1736, Marie-Fran- 
çoise Chaléat. 

A l'occasion de son second mariage, il s'établit en 
Dauphiné et acquit le fief de Sermiane dans la baronnie 
de Clérieux (i). 



(i) Armoriai du Dauphiné. — Notice de M. Ad. Rochas, publiée en pla- 
card en 1866. 



JACQUES DE TARDIVON. 353 

Jacques, son fils, reçut le baptême à St-Jean de 
Valence, le 14 mars 1714, suivit les cours de l'Univer- 
sité, où après six ans d'études, il obtint les grades de 
maître es arts, de bachelier et de docteur. Comme sa 
vocation l'appelait à la vie religieuse, il fit profession 
dans l'ordre de Saint-Ruf et prêcha même, dit-on, au 
cours de ses études, des instructions familières pendant 
un carême entier. 

» 

Un prieuré-cure de l'ordre étant venu à vaquer en 
janvier 1741, l'abbé l'offrit à Jacques, qui le refusa par 
crainte d'un fardeau au-dessus de ses forces ; cependant, 
au mois de juillet de la même année, il sollicitait le 
prieuré conventuel de La Platière à Lyon et recourait 
au cardinal de Tencin, archevêque de cette ville, pour 
vaincre la résistance de son supérieur (i). 

Elu abbé général de St-Ruf, vers 1762, il conserva 
cette dignité jusqu'à la sécularisation de l'ordre et en 
porta le nom jusqu'à sa mort. 

Dans une lettre du 11 mars 1770, Antoine de Tardi- 
von, vicaire général de Jacques, son frère, parlait déjà 
très vaguement de la sécularisation de St-Ruf et d'un arrêt 
préalable; mais, « cet arrêt, ajoutait-il, n'est à bien pren- 
ez dre qu'une précaution prématurée fort sujette à l'oubli 
« et qui ne fait pour le moment ni mise ni recette. » 

Nous allons voir que cette question avait été agitée 
bien avant cette date et de plus, ce qui est triste, par 
les chanoines eux-mêmes. 



(i) Mémoire concernant l'ordre de St-Ruf, à la bibliothèque de Valence, 
D. 158. 



354 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Les philosophes qui voyaient, disaient-ils, dans les 
membres des ordres religieux des êtres inutiles et mê- 
me scandaleux, en poursuivaient bruyamment la sécula- 
risation. 

Ces accusateurs menaient sans doute une vie assez 
austère pour oser tenir un pareil langage ; Voltaire et 
Rousseau peuvent être même assurément cités comme 
des modèles d'une existence irréprochable au point de 
vue des mœurs ! Quant à l'inutilité des ordres monasti- 
ques, les travaux immenses des Bénédictins offraient une 
protestation écrite bien suffisante. 

Dès le mois de juillet 1768, Louis XV poussé par 
Loménie de Brienne, ami des philosophes, avait nom- 
mé une commission chargée d'examiner ce qui se passait 
dans les monastères, afin d'aviser aux moyens de les 
réformer. 

Et c'est Louis XV, épris d'une femme, dont les dé- 
sordres causaient la ruine delà France, qui décidait dans 
sa sagesse une telle réforme ! (i) 

Loménie de Brienne, arrivé à l'Académie par la pro- 
tection des philosophes, lui fit d'abord prendre un édit 
pour reculer l'âge de la profession religieuse : 20 ans 
pour les hommes et 18 pour les femmes ; c'était rai- 
sonnable ; mais il en prépara un autre pour supprimer 
les communautés des villes ayant moins de 20 religieux 
réunis : c'était la mort à bref délai (2) 



(i) Dictionnaire historique de Chaudon et Delandine, X, 202. — Vie pri- 
vée de Louis XV, t. V et VI. 

(3) Dassy, VAbbaye de St-Antoine. — Recueil des édits (pour le Dau- 
phiné), XVI. 



JACQUES DE TARDIVON. 35b 

Ces préliminaires étaient indispensables pour arriver 
à la sécularisation de Tabbaye de St-Ruf et des autres 
maisons religieuses de la province. Dès 1768, Loménie 
de Brienne écrivait à Etienne Galland, abbé des An- 
tonins : « Votre ordre ne pourra subsister dans aucun 
ce cas ; la conventualité qui vient d'être décrétée assure 
a sa ruine. y> 

Effectivement, la réunion des Antonins à Tordre de 
Malte ne le sauva pas. 

Quant à Tabbaye de St-Ruf, fondée en 1039 dans la 
banlieue d'Avignon, elle reçut du pape Urbain II des 
règlements intérieurs et vint en i c 58 s'établir à Valence, 
dans le quartier appelé l'Ile de l'Eparvière. 

Innocent III confirma la vente de cet emplacement par 
Odon, évêque de Valence, exempta les possessions de 
l'ordre de toute dîme, enleva aux prélats le pouvoir d'ex- 
communier ou d'interdire ses membres, autorisa les sé- 
pultures privées dans leur cimetière, sauf le droit parois- 
sial, et en cas d'interdit, permit l'office divin dans ses 
églises, les portes fermées, à voix basse et sans nulle 
sonnerie de cloches (i). 

Les bâtiments claustraux de l'Eparvière ayant été in- 
cendiés pendant les guerres de religion, les chanoines 
vinrent habiter la ville, dans les bâtiments du prieuré de 
St-Jacques et occupèrent ensuite le vaste et beau local 
voisin de la Préfecture (2). 

Pendant que les Antonins se vouaient au service des 



(i) Inventaire de St-Ruf, par Lemoine, manuscrit à la Préfecture. 
(3) Annales de Michel Forest, publiées par M. Brun-Durand. 



356 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

malades, répandaient d'abondantes aumônes, donnaient 
l'hospitalité aux étrangers et instruisaient les enfants 
pauvres, les religieux de St-Ruf, au nombre de 30 au 
moins, et leurs novices allaient au chœur pour leurs of- 
fices, distribuaient en ville pour plus de 10,000 livres 
d'aumônes, occupaient les ouvriers à réparer leurs édi- 
fices et à orner leurs églises et enfin se vouaient à l'é- 
tude des lettres. 

La question de la sécularisation de St-Ruf, projetée 
par une partie de ses membres en 1688 et remise en dis- 
cussion en 1700, échoua à la suite d'une supplique adres- 
sée au pape, mais ne fut pas résolue de sitôt. 

Des lettres patentes du 3 juillet 1738 portaient que 
les chanoines de l'ordre pourvus de cures, prieurés- 
cures et vicairies perpétuelles pourraient être rappelés 
au cloître, du consentement des ordinaires ; qu'au- 
cun d'eux ne pourrait accepter de tels bénéfices sans 
attestation de ses vie et mœurs et sans le consentement 
de l'abbé général. Elles furent le point de départ des 
dissensions nées à diverses reprises entre le supérieur 
et les subalternes, qu'il pouvait ainsi obliger à la vie 
conventuelle (i). 

En 1743, Pierre- Louis de Chomel, abbé général de- 
puis une dizaine d'années, voulut, peut-être par un zèle 
outré, introduire une réforme sous prétexte de relâche- 
ment. Les chanoines accueillirent fort mal cette préten- 
tion. Il se pourvut au Conseil du roi pour se faire écouter 
et le 17 mai 1743, adressa au monarque de très humbles 

(i) Archives de la Drdme. 



JACQUES DE TARDIVOX. SSy 

remontrances sur les divisions et troubles excités par 
quelques membres pour s'opposer à l'enregistrement de 
l'arrêt qui suivit les lettres patentes de 1738 (i). 

Bertier de Sauvigny, intendant de Dauphiné, délégué 
par le Conseil du roi, se rendit à Valence pour examiner 
les griefs mis en avant et le droit de l'abbé de proposer 
et de poursuivre la réforme de l'ordre. 

Mais pendant ce temps, de Chomel mourut à Paris et 
M. de Nantes le remplaça. Le nouveau titulaire était 
prieur de La Platière, à Lyon ; il se fit installer et partit 
pour Paris afin de rendre la paix à ses chanoines. La 
mort le surprit au moment même où il allait atteindre 
son but. 

Or, Mgr Milon, évêque de Valence, à la même épo- 
que, sollicitait la réunion du chapitre de St-Ruf et de sa 
mense à celle du chapitre de St-Apollinaire et à la 
sienne: MM. de Tardivon et de La Roquette parais- 
saient même favorables aux projets du prélat (2), quand 
l'ordre de St- Lazare proposa aux chanoines de St-Ruf 
de s'unir à lui, avec faculté de porter à la boutonnière la 
croix de St- Lazare retenue par un ruban couleur de feu. 
De plus, il leur assurait un fond très important pour leurs 
prébendes et le bas-chœur. 

A cette époque comme aujourd'hui, la vanité humaine 
a joué un rôle important dans la direction des affaires 
publiques et privées. D'autre part, les chanoine de St- 
Ruf espéraient échapper par cette annexion à l'autorité 



(i) Mémoire sur l'ordre. 

(a) Annales de Michel Forest. 



3b8 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique 

de Tévêque de Valence et terminer ainsi toutes leurs 
dissensions. Il y eut donc un traité et un accord préala- 
bles, sanctionnés par un arrêt du Conseil autorisant la 
réunion des deux ordres. 

Sur ces entrefaites, Jacques de Tardivon fut élu 
abbé général de St-Ruf et M. de La Roquette, prieur 
de La Platière. 

Mais le pape Clément XIII par deux rescrits adres- 
sés à Tarchevèque de Vienne et à Tévèque de Valence 
(22 août 1764), ordonna d'empêcher la fusion. 

Ces rescrits avaient été précédés d'une asssemblée, 
générale du clergé de France, tenue au couvent dés 
Grands Augustins, à Paris, en 1762, qui, sur un rapport 
de l'évêque de Die, blâma la mesure projetée (i). 

La question fut examinée de nouveau dans l'assemblée 
de 1770, et l'archevêque de Toulouse fit observer que 
l'arrêt du Conseil du roi, adjugeant les biens de St- 
Ruf à St- Lazare, n'avait pas reçu l'approbation de l'au- 
torité ecclésiastique, comme contraire aux canons, aux 
lois et aux usages du royaume. 

L'assemblée pria Mgr l'archevêque de Reims de 
faire les plus vives démarches pour suivre en pareil 
cas les formes canoniques et, obtenir la protection de 
S. M. en faveur des diocèses qui possédaient des mai- 
sons de St-Ruf, afin d'empêcher que rien ne se fît à 
leur préjudice. 

Cependant, comme les chefs de la congrégation de 



(i) Collection des procès-verbaux des assemblées générales du clergé, t. 
VIII, p. 1053 ^^ suivantes. 



JACQUES DE TARDIVON. SSq 

St-Ruf demandaient toujours à se réunir à St Lazare, le 
pape prescrivit une enquête à l'évêque de Valence, et 
le i*^ juillet 1771,1a curie romaine sanctionnala réunion 
sollicitée (i). 

Pareille question, on le conçoit, préoccupait aussi à 
juste titre les habitants de Valence. Le 18 décembre de 
la même année, une réunion tenue à 1* Hôtel de Ville, et 
composée de Jacques-Joseph de Rostaing, échevin, 
des conseillers, des notables et du procureur du roi 
formula les observations suivantes (2) : 

La cathédrale de Valence, avant les guerres de re- 
ligion se trouvait dans un état d'honnête opulence, à 
l'exemple de presque toutes les églises du royaume, et 
comptait 24 chanoines, réduits à 14 depuis ces' temps 
malheureux, et dans l'impossibilité de susbsister sans les 
secours de leurs familles. Le meilleur moyen de remédier 
à cet état de choses serait d'unir les chanoines de St- 
Ruf au chapitre de la cathédrale, afin de la doter des 
sujets nécessaires, union d'autant plus avantageuse que 
la majeure partie des religieux étaient des enfants de 
Valence. Quant à Tordre de St-Lazare, il ne perdrait rien 
à la mesure, puisqu'il pourrait former des commanderies 
avec les autres biens de St-Ruf; Or, comme d'après 
l'accord intervenu, il promettait à Valence un collège 
de commandeurs, il fut résolu d'écrire à M. le duc de 
La Vrillière, à Mgr l'archevêque da Reims et à Mgr 
l'évêque d'Auxerre pour obtenir leur consentement à 



(i) Gallia Christiana, t, XVI, p. 356. 
(3) Registre des délibérations, BB, 49. 



36o SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

cette modification. De son côté, le procureur du roi, 
en présence de la gravité de la question, exprima les 
regrets infinis de la ville sur l'extinction de Tordre de 
St-Ruf et la dissipation de ses biens, réclama expressé- 
ment au nom de S. M. toutes les démarches possibles 
pour le maintien de la congrégation dans son ancienne 
indépendance, et en cas d'insuccès, sa réunion au cha- 
pitre de Valence, conformément au bien de la religion, 
à l'intérêt de la cité et à l'édification des fidèles. 

On prit une délibération dans ce sens. Mais l'ar- 
chevêque de Reims, le duc de La Vrillière et l'évêque 
de Sens ayant répondu que la fusion de Saint-Ruf avec 
Saint-Lazare créait à la ville un avantage réel et une 
illustration, une nouvelle réunion de conseillers et no- 
tables eut lieu le 27 décembre et il y fut décidé que l'on 
écrirait une seconde fois aux mêmes personnages pour 
leur exposer les justes et légitimes doléances de la po- 
pulation. 

MM. deChantemerle, Bergeron, de Sucy, Bouveron, 
Constantin, Biousse-Duplan et Bouvier furent même 
désignés pour assister MM. de Rostaing, Desjacques 
et Royanez, échevin, en qualité de commissaires. 

Dans une nouvelle assemblée du clergé de France 
tenue en 1772, sous la présidence du cardinal de La 
Roche-Aymon, archevêque de Reims, l'archevêque de 
Lyon, le 17 juin exposa que Mgr l'évêque d'Auxerre, 
chargé par un bref du i*"" juillet 1771, de procéder à 
l'extinction de l'ordre de Saint-Ruf, lavait prié de se 
concerter avec lui à ce sujet, comme un des prélats 
les plus intéressés. Diverses conférences eurent lieu 



JACQUES DE TARDIVON. 36 I 

en effet et il fut décidé de renvoyer l'examen de l'affaire 
à rassemblée extraordinaire que le roi venait de con- 
voquer (i). 

Là, Mgr l'archevêque de Toulouse, dans la séance du 
23 juin, exposa l'état de la question : le prétendu relâ- 
chement auquel on s'attache vient, dit-il, uniquement 
du défaut de lieux réguliers et de la difficulté de les ré- 
tablir. Il aurait suffi de secours pécuniaires et de l'aide 
de quelques maisons pour faire revivre la régularité. De 
plus, on n'a pas mentionné dans le bref les observations 
des évêques opposés à l'extinction, ni consulté les pré- 
lats et les principaux habitants des lieux où l'ordre a des . 
établissements. 

Quant à l'ordre de St-Lazare, il ne représente que 
des idées de faste et de décoration, peut-être utiles 
pour exciter l'émulation et le zèle du siècle, mais il n'of- 
fre aucun des caractères nécessaires à un ordre religieux 
puisqu'on n'y rencontre ni l'obéissance, ni la conti- 
nence, ni la désappropriation. En outre, cet ordre ne 
fait pas partie du clergé et ne peut, en conséquence, 
posséder des biens ecclésiastiques. 

Selon l'observation de Mgr l'archevêque de Lyon, les 
formalités suivies pour l'extinction d'un bénéfice parti- 
culier devaient être le principe et le modèle de celles à 
adopter pour l'extinction ou la sécularisation d'un ordre. 

Or, la première, à son avis, consistait à prouver la né- 
cessité ou l'utilité de la mesure, et la première personne 



(i) Procès-verbaux des assemblées générales du clergé de France, t. Vil, 
p. 1958. 



362 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

à consulter sur ce point devait être Tévêque chargé de 
veiller aux besoins de son diocèse, à la conservation 
des biens ecclésiastiques, au maintien des règles et à 
Tacquit des fondations, surtout quand il s'agit de sécu- 
larisation, car il y a changement dans l'état des person- 
nes et partant dans leur dépendance. Il faut donc obtenir 
Tavis et le témoignage des personnes intéressées. 

Examinant ensuite les titres que peut alléguer Tordre 
de St-Lazare, Téminent prélat faisait observer qu'à 
aucune époque, depuis son établissement, il n'avait été 
envisagé comme un corps ecclésiastique, mais comme 
une simple association laïque et qu'il était incapable de 
posséder des biens d'église. 

Sur la proposition finale de Mgr de Toulouse l'assem- 
blée décida : 

i"" De charger MM. les agents de faire opposition 
devant tous les tribunaux à l'exécution du bref et de se- 
conder les oppositions des évêques. 

2° De notifier la présente délibération aux prélats du 
royaume ; 

j"" D'écrire une lettre à S. S. pour lui faire connaî- 
tre la nature de l'ordre de St-Lazare et son incapacité 
de posséder des biens ecclésiastiques ; 

4'' De recourir surtout à la Justice du roi et de prier 
S. E. le cardinal de La Roche- Aymon de voir Mgr le 
comte de Provence, en sa qualité de grand maître de 
l'ordre de St-Lazare. 

L'assemblée fut aussi d'avis d'adresser une lettre au 
roi pour appuyer auprès du Pape la demande du clergé. 

Louis XV fit une réponse favorable, tout en réclamant 



JACQUES DE TARDIVON. 363 

un dédommagement en faveur de Tordre de St- Lazare. 
Alors, l'assemblée pria S. M. d'indiquer elle-même ce 
qui dans sa pensée devait être accordé à ce dernier ; 
et, au moyen de ce dédommagement de laisser libres les 
hôpitaux ou établissements ecclésiastiques de St-Ruf, 
sans que St-Lazare pût soulever la moindre prétention 
à leur sujet. 

Comme le chiffre du dédommagement demandé s'éle- 
vait à 100,000 livres, on décida que cette somme serait 
prise sur les fonds de remboursement au denier 25. 

L'abbé de Tardivon et M. de La Roquette se rendi- 
rent à Paris pour faire valoir les arguments exposés 
dans l'assemblée du clergé et protestèrent avec énergie, 
mais en vain, contre les stipulations de l'accord intervenu 
avec St-Lazare. 

Le 12 juin 1773, des lettres patentes du roi au Par- 
lement de Grenoble exposaient que S. S. ayant par un 
bref de 1771 supprimé l'ordre de St-Ruf et uni ses biens 
à l'ordre de St-Lazare, d'autres lettres avaient été expé- 
diées au Parlement de Paris, siège principal du dernier, 
mais que l'extinction regardant St-Ruf seulement, de 
nouvelles lettres devaient être adressées au Parlement 
de Grenoble, dans le ressort duquel il se trouvait 
placé. 

Il était fait mention, dans le préambule, des observa- 
tions présentées en faveur de St-Ruf ; mais la bulle et 
le bref d'extinction étant la suite d'arrangements que 
la sagesse du roi lui avait dictés, l'une et l'autre avaient 
été sollicités par S. M. à cause du petit nombre de 
religieux et du mauvais état de leurs maisons ; il n'y est 



364 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

pas question de relâchement dans robservation des 
règles de Tinstitut, contrairement à Taffirmation de Mi- 
chel Forest (i). 

Ces lettres avaient été précédées d'un arrêt du Con- 
seil relatif à Tacquit des dettes générales et particulières 
de Tordre ainsi qu'au paiement des pensions viagères des 
religieux. 

L'abbé de Tardivon devait continuer à habiter le pa- 
lais abbatial et sa pension était fixée à 6,000 livres, 
dont 1,200 sur les biens de Tordre dans le diocèse de 
Valence, 2,800 sur le prieuré d'Eyguières, au diocèse 
d'Avignon et r,20o sur le prieuré de Mornac au dio- 
cèse de Saintes. 

Il était tenu de fournir annuellement à M. de Corbiè- 
res, chanoine régulier de St-Ruf, 1,550 livres et 2,000 
livres après sa mort pour fonder un établissement de 
charité à Valence (2). 

Un tableau annexé aux lettres patentes de 1773 donne 
les noms des religieux et le chiffre de leur pension : ce 
chiffre, quoi qu'en dise Michel Forest, n'est pas unifor- 
mément de 1,500 livres pour chacun. Quant aux noms, 
il y a ceux d'Etienne de Parisot(3), de Just-Joseph de 
Serres de Barthélémy-François de Monicault, d'An- 
toine de Tardivon du Besset, frère et vicaire général 
de Tabbé, etc., etc. 

Ces lettres furent confirmées en septembre 1774 par 



(i) AnnaUs, dans \t Bulletin de la Société d'archéologie, 1880, p. aô*^. 
(a) Recueil des édits, t. XXVI, pp. 8 et 9. 

(3) C'est un parent de M. Jules de Parisot de la Boisse, notre sympathi- 
que collègue. 



jacques.de tardivon. 365 

de nouvelles lettres approbatives d'un décret de Tévê- 
que de Valence du 12 août même année. Elles plaçaient 
les religieux sous la dépendance et la juridiction desévê- 
ques des diocèses de leur domicile de droit et de fait. 
Le décret prononçait la séparation de Tabbaye chef de 
Tordre de St-Ruf, des collations et patronages des bé- 
néfices quelconques ou places dépendantes, à quelque 
titre que ce fût, et les déclarait désormais, à perpétuité, 
de la collation pleine et entière des évoques. 

Au mois de septembre 1773, de Loménie de Brienne, 
archevêque de Toulouse, était venu passer plus de huit 
jours à Tévêché de Valence en qualité de commissaire à 
l'exécution de Tarrêt du Conseil (i). 

Ce n'était plus Mgr de Milon qui occupait le siège 
épiscopal de notre ville ; Mgr de Grave, le 5 juin 1772, 
en avait pris solennellement possession et il officia pon- 
tificalement dans Téglise de St-Ruf en présence de tous 
les corps, échevins, présidial et université, le 25 février 

^775- 

Le 17 mars de l'année suivante une réunion formée 

de MM. de Castéras, Brosset et Laurans, échevins, 
Mayousse, Marquet, Berger, Treillard, Duplan, Bla- 
chette, marchand, Talon, Barbier, cadet, Bergeron, 
procureur du roi. Muguet, secrétaire et Teissonnier, 
maire, se tint dans l'Hôtel de Ville et délibéra sur divers 
arrêts du Conseil et notamment sur l'extinction et la sé- 
cularisation de l'ordre de St-Ruf. Elle se plaignit que 
par cette mesure Valence perdait un des objets les plus 

(i) Archives de St-Ruf. 



366 SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

considérables de sa décoration et de son uti-lité réelle, 
soUicitatouteTattention des députés sur l'union des biens 
de Tordre supprimé et rappela que le premier arrêt du 
Conseil du 21 juin 1773 avait permis à Téyêque de Va- 
lence de poursuivre devant l'archevêque de Vienne l'union 
à son siège du prieuré de St-Félix, à la charge par lui 
de payer à l'abbé Daurelle, sa vie durant, une somme 
de j,ooo livres et ensuite de fournir 2,500 livres à per- 
pétuité pour l'éducation de cinq gentilshommes du dio- 
cèse de Valence à la nomination du roi ; qu'un autre 
arrêt du 16 septembre 1775 supprimait le chapitre de 
St-Pierre-du-Bourg et en réduisait les canonicats à six 
pour ne former avec ceux de St-ApoUinaire qu'un seul 
et même corps et plus tard une même mense ; qu'il se- 
rait créé à la cathédrale quatre canonicats de plus au 
moyen des biens de St-Ruf et que le nombre des cha- 
noines serait ainsi porté à 24 ; qu'en outre, le service 
paroissial serait transféré dans l'église de St-Ruf et 
que le curé jouirait d'une pension de 800 livres ; 
qu'enfin la bibliothèque de Tordre éteint passerait aux 
mains de l'Université, à la charge de la rendre publique; 
qu'une somme de 6,000 livres à prendre sur le produit 
de la vente des bâtiments de St-Ruf serait allouée à 
l'Université pour la construction de la bibliothèque, 
maintenue, en attendant, dans son ancien local. 

Ces arrêts furent communiqués aux intéressés avec 
invitation de comparaître devant M* Mesangère, notaire 
royal apostolique, le 18 mars 1776, pour consentir aux 
extinctions, suppressions et unions projetées, ou de 
motiver leur refus. 



JACQUES DE TAftDIVON. 367 

La délibération prise dans cette assemblée porte ex- 
pressément que la communauté, loin de retirer des 
avantages de ces unions en éprouve, au contraire des 
pertes considérables. En effet Tabbaye de Saint-Ruf 
comptait au moins 20 chanoines résidants, des novices, 
des domestiques, un personnel important qui faisait cir- 
culer beaucoup d'argent en ville ; que la noblesse et la 
bourgeoisie pouvaient entrer dans Tordre et y obtenir 
des bénéfices ; que l'éducation de cinq gentilshommes 
n'offrait aucun avantage réel à la cité puisqu'ils pou- 
vaient être pris dans tout le diocèse et partant dans une 
partie considérable du Vivarais; qu'au lieu de l'ancien 
chapitre ouvert à la bourgeoisie, la noblesse profiterait 
seule des cinq places octroyées", qu'enfin la translation 
du service paroissial de St- Apollinaire à St-Ruf n'ame- 
nait aucune amélioration. 

La bibliothèque de l'ordre comprenait 400 volumes, 
d'après un procès-verbal du 19 floréal an III, dressé par 
Claude-Bernard Pinet, administrateur du district; ils 
étaient déposés chez Biaise-Esprit Dupré, ci-devant 
agrégé de la ci-devant Université de Valence. On voit 
par ce document qu'ils embrassaient l'histoire, la théolo- 
gie et la jurisprudence (1). 

D'après la délibération du 17 mars 1776, ce n'était 
pas là une bibliothèque, mais un commencement, et la 
somme allouée ne suffisait ni à l'installation des livres 
existants, ni à l'achat de nouveaux, ni au traitement du 
conservateur. Elle ajoutait que l'union des biens de St- 

(1) Archives de la Drôme, série V. 

2« SÉRIE. XXVP Volume. - 1892. 27 



368 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Ruf devant avoir pour objet Tutilité publique et Tintérêt 
de TEglise et de TEtat, les fonctions le5 plus importantes 
du clergé consistaient à instruire les chrétiens et les fidè- 
les. Par conséquent, une partie des revenus de Tordre 
éteint ne saurait être mieux employée qu'à procurer 
l'enseignement gratuit. 

Quant à la suppression du chapitre du Bourg, elle 
était absolument stérile, en ce que la cathédrale rece- 
vait seulement les deux chanoines supprimés au Bourg, 
et qu'elle était même dangereuse en ce que Tévêque, 
déjà seigneur temporel et spirituel de la ville, ayant la 
nomination de dix canonicats, verrait sa puissance con- 
sidérablement augmentée. 

Pour ces motifs les administrateurs de Valence sup- 
pliaient le roi : T de laisser les canonicats à la disposition 
du chapitre ; 2** d'appliquer à la dotation d'écoles gra- 
tuites les 2,500 livres affectées à l'éducation et à l'entre- 
tien de cinq gentilshommes ; 3® de destiner le surplus au 
collège placé sous l'inspection de la ville et de l'Uni- 
versité, et d'y joindre au besoin quelques-uns des béné- 
fices situés dans le diocèse ou d'autres revenus pris sur 
le prieuré de St-Félix ou l'ordre de St-Ruf ; 4^ d'ordon- 
ner l'union à l'Université des bénéfices de Montelier, 
Alixan, Châteaudouble ou autres pour le traitement des 
professeurs de philosophie, presque tout à la charge des 
écoliers, d'un professeur de mathématiques et d'un bi- 
bliothécaire (i). 

Ils terminaient en invoquant l'appui de Mgr le duc 

(1) Délibérations de THôtel de Ville. 



JACQUES DE TARDIVON. 36g 

d'Orléans, gouverneur de la province, « celui des ma- 
« gistrats et du parlement qui s'étaient toujours montrés 
« les pères et les protecteurs des peuples. » 

On voit par ces détails qu'à un siècle de date, les no- 
tables de Valence se préoccupaient des moyens d'assu- 
rer l'instruction gratuite. 

Les archevêques de Toulouse et de Vienne, l'inten- 
dant, le contrôleur général durent appuyer des obser- 
vations si bien fondées. Bien plus, MM. Bouvier, 
échevin, et Blachette, notable, eurent mission de 
présenter à l'archevêque de Vienne la demande mo- 
tivée de la ville et de supplier humblement S. M. de 
l'autoriser à former opposition aux arrêts du Conseil 
d'Etat des 21 juin 1773 et 16 septembre 1775. Le ré- 
sultat de toutes ces démarches se fit attendre deux ans. 
Des lettres patentes du 3 septembre 1778 décidèrent 
enfin que les revenus de l'abbaye de St-Ruf et ceux du 
prieuré de St-Félix seraient unis à ceux de l'évêché de 
Valence, après la mort de l'abbé, à la charge par l'évê- 
que de remettre tous les ans une somme de 5,100 livres 
aux personnes ci-après nommées : 

1 , 100 livres aux frères des écoles chrétiennes ; 

3,000 au collège de Valence et les 1,000 de surplus 
à l'Université pour être jointes aux 1,400 qui lui étaient 
affectées sur le collège de Tournon; sur ces 2,400 li- 
vres elle devait en employer 1,800 à l'enseignement 
de la théologie et des mathématiques et le surplus aux 
gages du bibliothécaire ou à l'augmentation de la biblio- 
thèque. 

Ces mêmes lettres patentes autorisaient l'Univer- 



ijO SOCIÉTÉ D*ARCHéOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

site à acquérir de François Conil et de ses sœurs une 
maison attenante à l'Université pour servir de biblio- 
thèque (i). 

Ainsi finit l'histoire de St- Ruf. 
. L'abbé de Tardivon vécut jusqu'au commencement 
de 1791 et la vente des biens ecclésiastiques par la na- 
tion commença un an auparavant. 

D'où il résulte que ni l'évêché ni la ville ne retirèrent | 

presque aucun profit de la suppression de l'ordre. 

Seule, la bibliothèque actuelle a hérité de ses livres. 

(i) Bibliothèque de Valence. Notes de M. Rochas sur Valence contenant 
des articles de journaux découpés et des renseignements curieux. 

Léon EMBLARD. 
{A suivre). 



M » t i 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. Syi 



LE TRIÈVES 



ET 



SON PASSÉ 



(Fin.— Voir les 84% 85% 86% 8^, 90% 91% 93*, 94*, 95% 
96% 97*, 98*, 100% loi» et 102 livr.)- 



♦■ 



L'année suivante, au 5 juin, on arrêta dans la maison 
d'un nommé Baux, au village des Boutins de la paroisse 
de St-Baudille-et-Pipet, le prédicant Pierre Combe, dit 
Dubuisson, né à Combovin et âgé de trente-quatre à 
trente-cinq ans. Il avait été trahi par Luya, voisin de 
Baux. Court prétend (i) que le curé de St-Baudille, M® du 
Billet, informé de sa présence, ameuta les paysans de 
Tendroit, fît investir la maison de Baux et arrêter Combe. 
Quoiqu'il en soit, aussitôt après son arrestation, celui-ci 
fut conduit à St-Pancrace, où les gardes de Mens vinrent 
le prendre. Le même jour, on arrêta aussi Baux traduit, 
peu de jours après, avec (^ombe, dans les prisons de Gre- 
ble ; mais bientôt on le rendit à la liberté. 

Le ministre Jean Bérenger, dit Colombe, était né aux 
Férauds, commune de Barcelonne, et avait été consacré 
au ministère en 1758. Dès le début de son apostolat, il 

(1) Mns. n* 17, R; Bibliothèque publique de Genève. 



372 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

obtint du synode provincial le Trièves, pour champ de 
son zèle, et ne le quitta presque plus. Sous sa direction, 
les réformés se montrèrent plus ardents et plus à décou- 
vert que par le passé. Une lettre du pasteur Rozan (29 
juin 1769) à Et. Chiron, catéchiste à Genève, nous ap- 
prend que, depuis deux ans déjà, ils avaient rétabli dans 
les églises les assemblées de jour du dimanche. Nous 
allons citer cette lettre presque en entier, quoique les dé- 
tails qu'elle donne ressemblent beaucoup à des alléga- 
tions appuyées sur des : on assure, pour toute preuve. 
Rozan laisse trop deviner son désir de faire passer ses 
coreligionnaires pour des victimes innocentes de leurs voi- 
sins : tt II faut vous dire..., écrit-il, que, depuis plus de 
deux ans, nous avons mis nos églises, du moins celles qui 
sont le moins mêlées avec les papistes, sur le pied de for- 
mer entre elles de petites assemblées les jours de diman- 
che. Nous leur avions donné des directions pour cela 

Mens était sur ce pied-là depuis quelque temps, sans qu'on 
parût s'en formaliser. Lorsque le bruit se répandit dans 
cette province, peut-être plus que dans aucune autre, que 
nous étions à la veille d'avoir notre liberté de conscience, 
l'assemblée se grossit considérablement. Cela fit du bruit. 
Le commandant de la province écrivit aux officiers du 
lieu de faire cesser les assemblées. Les protestants voulu- 
rent continuer. On écrivit mille faussetés contre eux : 
qu'on avait voulu assassiner le curé et miner Téglise pour 
le faire sauter lorsqu'il célébrerait le service divin. Le par- 
lement envoya un commissaire sur les lieux pour prendre 
des informations. Il fut précédé par deux compagnies de 
soldats, comme si on avait craint quelque chose pour sa 
personne. Dans les interrogats, il avait, à ce qu'on m'a 
assuré, les pistolets sur la table pour faire dire aux témoins 
ce qu'il voulait. Un grand nombre ont été décrétés de 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 373 

prise de corps ; dix-neuf ou vingt ont été arrêtés, traduits 
dans les prisons de Grenoble ; le plus grand nombre ont 
été mis en liberté. Il n'en reste plus que cinq ou six. Je 
ne sais si on les destine à quelque peine ou amende. Tout 
avait pris la fuite. Mens était devenu un désert. M. le 
commandant a écrit de nouveau que chacun pouvait se 
retirer chez soi (i). » 

Les assemblées , au sujet desquelles le commissaire 
Choin de Montgay prenait des informations dans le Triè- 
ves, avaient été présidées par le pasteur Bérenger. Parmi 
ceux qui y avaient participé, le parlement en condamna, 
le 7 septembre suivant, dix-sept à des peines plus ou 
moins sévères : savoir Colombe (Bérenger), prédicant, à 
mort et les autres, tous habitants de Mens ou des envi- 
rons, soit au bannissement, soit à la réclusion (2). Béren- 
ger fut peu après pendu, en effigie, sur la place de Mens 
et put, selon une tradition vivante encore et le témoi- 
gnage de sa petite-nièce, assister à son exécution en se 
cachant derrière une croisée : ce qui nous prouve qu'à 
Mens même il y avait bien des cachettes où il était en 
sûreté. 

Au milieu de cette époque, que les auteurs protestants 
dépeignent comme Tère des grandes persécutions, les dis- 
ciples de Luther et de Calvin souffraient en se défendant 
avec ténacité et en attaquant eux-mêmes sans relâche les 
catholiques et le clergé. La ruse fournissait les principales 
armes dont ils usaient. C'est ainsi qu'à Tréminis, dans 
une assemblée de la communauté, où ils se trouvaient en 
grande majorité^ ils faisaient porter, par les consuls, à l'in- 

(1) Archives de la famille Sérusclat, d*Etoile ; Arnaud^ 1. c, 
t. III, p. 274. 

^2) Aruaud, ubi suprà, p. 276. 



374 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

tendant de la province, des plaintes sur les prétendus em- 
piétements du curé, M" Arnaud, qui avait le tort, d'après 
eux, d'exiger ses droits de casuel (i). Mais nous pourrons 
mieux les apprécier encore dans leurs efforts opiniâtres et 
inouïs contre les écoles chrétiennes de Mens. 



CHAPITRE X 

le trièvesde 1726 A 1789 {suite). 

L'édit de Nantes avait rendu aux églises du Trièves 
leurs prêtres, leurs sacrifices et les belles cérémonies du 
culte catholique -, mais il ne leur avait pas ramené ceux 
que rhérésie avait séduits. Ailleurs, les catholique en 
majorité s'étaient groupés pour la défense et avaient do- 
miné les réformés, malgré la puissance que donnaient à 
ceux-ci et la fortune acquise pendant les guerres de reli- 
gion et l'expérience des intrigues. Il n'en était pas ainsi à 
Mens, où les protestants étaient les maîtres par le nom- 
bre, les richesses et l'instruction. Diverses ordonnances 
royales, des arrêts des commissaires exécuteurs de l'édit 
de Nantes y avaient^ il est vrai, amélioré le sort des catho- 
liques ; mais les vexations n'en continuaient pas moins à 
leur égard et ils étaient encore obligés de vivre à l'écart. 
C'est avec peine que quelques-uns d'entre eux pouvaient 
se procurer un peu d'instruction, sans s'exposer à perdre 
leur foi, car toutes les écoles étaient dirigées par des hé- 
rétiques. Aussi, quand un siècle plus tard, Louis XIV ré- 

(1) Tréminis, Reg, des déltb. au Ô nov. 1752. 



LE TRIÊVF.S ET SON PASSE. Zjb 

voqua redit, les délibérations de la communauté nous 
apprennent que, parmi eux presque personne n'était assez 
instruit pour remplir les charges publiques, confiées, 
comme par le passé, à des protestants. 

Malgré la persécution, mais grâce à leurs écoles, ceux-ci 
ne comptaient que peu de défections. Leurs enfants, après 
avoir reçu le baptême à Téglise pour assurer leurs droits 
de citoyens, étaient instruits dans le protestantisme, vi- 
vaient suivant ses dogmes, allaient demander à un pasteur 
de la Suisse ou d'ailleurs de bénir leur mariage et mou- 
raient en repoussant le prêtre. Quant aux condamnations 
dont leurs frères, les prédicants surtout, étaient l'objet, 
loin de faciliter leur retour à la vérité, elles les en éloi- 
gnaient de plus en plus. A leurs yeux, elles émanaient du 
catholicisme lui-même qu'ils détestaient profondément. 
Cette haine était encore augmentée par les prédications 
des pasteurs plusieurs fois condamnés à mort par contu- 
mace et vénérés comme des martyrs. 

Le clergé comprit vite que pour les convertir il fallait 
employer des moyens différents de ceux du gouverne- 
ment. Il essaya des missions. Ces saints exercices, prêches 
par de pieux et ardents religieux, produisirent des fruits 
très consolants partout où les catholiques formaient le 
plus grand nombre; mais ailleurs et à Mens, surtout ils 
furent nuls. Ainsi dans cette localité, à la suite d'une mis- 
sion qui dura un mois et fut clôturée par l'évêque de Die, 
Mgr du Plan des Augiers lui-même (1648), on ne compta 
que six conversions. 

Un moyen plus efficace avait été recommandé depuis 
longtemps. Dans toutes les visites pastorales faites après 
l'apparition du protestantisme, les évêques de Die n'a- 
vaient cessé de demander à leurs prêtres d'instruire avec 
soin la jeunesse; demande plus instante encore depuis 



ij6 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

i685 (i). Le clergé répondait à cet appel par un redouble- 
ment de zèle et d'efforts généralement couronnés de suc- 
cès. Presque partout aussi les écoles étaient enfin, suivant 
la teneur des ordonnances royales, dirigées par des maî- 
tres catholiques. 

A Mens, l'instituteur se hâta, il est vrai, lors de la révo- 
cation de redit de Nantes, d'aller abjurer entre les mains 
de révêque de Die, afin d'être maintenu à la tête de son 
école. Il resta cependant protestant dans le fond et il eut 
des relations constantes avec les partisans de la Réforme, 
qui s'étaient réfugiés en Suisse ou dans les Pays-Bas. Ses 
successeurs lui ressemblaient. Le clergé se plaignait-il 
d'eux et les faisait-il révoquer ? la majorité protestante de 
la communauté parvenait toujours à les faire remplacer 
par de nouveaux maîtres souvent plus hostiles. Et ceux-ci 
par leur enseignement détruisaient dans les cœurs de l'en- 
fance les semences de vérité reçues à l'église. 

En 1 740, cet état de choses fut changé : l'évêque de 
Die, usant des droits que lui donnaient les lois du royau- 
me et appuyé d'ailleurs par une partie de la population, 
établit à Mens une école dirigée par deux frères des écoles 
chrétiennes. Des lettres patentes en même temps en inter- 
disaient tout autre pour les garçons. Deux religieuses en 
ouvraient une semblable, douze ans plus tard, pour les 
filles (2). 

L'hérésie, qui se voyait enlever par là ses plus puissants 
moyens de conservation, poussa des cris de rage, jura le 

(1) Archives de la Drôme, foads de l'évéché de Die. Visites des 
évêques à cette époque. 

(2) Ijes Congrégattons enseignantes à Mens^ autrefois et aujourd'hui, 
brochure d*où nous tirons la plupart des choses que nous citons 
sur ces écoles. 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. Syy 

départ des frères et des sœurs ; ainsi-s'explique la guerre 
acharnée qu'elle leur fît pendant un demi-siècle. Dès l'ar- 
rivée des frères, elle fit prendre à la communauté une déli- 
bération, où il était dit que leur établissement n'était nul- 
lement nécessaire et lui imposait une charge trop lourde; 
et, cette même année, ses comptes de recettes contenaient 
une somme de mille livres restée sans emploi (i). 

Battus de ce côté, les protestants refusaient ensuite d'en- 
voyer leurs enfants à l'école, excitaient à la révolte ceux 
qui la fréquentaient. Et les enfants suivaient fidèlement ces 
recommandations, « faisaient carillon, criaient au secours 
et à l'assassin » dès qu'ils recevaient la moindre correction. 
Les frères étaient insultés dans les rues et chez eux ; leur 
maison elle-même fut maintes fois assaillie à coup de 
pierres (2). 

Les sœurs qui avaient été acceptées, le 21 décembre 
1749, ne pouvaient ouvrir leur école qu'à la fin de 1762 
et voyaient aussitôt les accusations les plus violentes diri- 
gées contre elles, et cela « parce que les soins et les peines 
qu'elles se donnaient pour instruire les filles déplaisaient 
aux religionnaires. » La guerre même arriva à un tel 
point d'acharnement que l'évêque de Die se transporta sur 
les lieux, l'année suivante,et prit ouvertement leur défense. 
Le maire et les consuls sollicitèrent pour elles des lettres 
patentes (3). L'intendant de la province lui-même eut de 
la peine à faire terminer (1754) des travaux commencés 
depuis longtemps dans la maison de l'école et qu'on faisait 
toujours traîner en longueur malgré leur nécessité (4). 



(1) Mens. Lettre du commissaire royal aux consuls de Mens, 

(2) Mémoire pour les forains de Mens, 

(3) Requête adressée à l'intendant du roi par le maire et les con- 
suls, en 1753 ; cure de Mens. 

(4) Ordonnance de l'intendant; cure de Mens. 



378 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Rien ne devait manquer à Tagonie de ces pieux et vail- 
lants éducateurs de la jeunesse, dont le zèle obtenait de 
sérieux succès indiqués par les efforts croissants des pro- 
testants contre eux. En 1756, ceux-ci étaient encore à la 
tête de l'administration locale et consultaient pour savoir 
s'ils ne pourraient attaquer les établissements religieux de- 
vant le parlement et obtenir leur fermeture. Sur une ré- 
ponse négative, ils eurent recours aux moyens employés 
de nos jours contre le clergé. Le 14 novembre, ils faisaient 
prendre ou plutôt prenaient, contre les frères et les sœurs, 
la délibération suivante, qui amena aussitôt la protestation 
énergique de M. Martin, curé de Mens. « A été ex- 
posé par les consuls que les charges étant excessives et 
d'ailleurs ayant besoin de faire des réparations indispen- 
sables pour les ponts, pour l'église et autres, il ne seroit 
pas possible d'y pourvoir avec les dépenses considérables 
que l'entretien des frères et des sœurs des écoles chrétien- 
nes coûte à la communauté. La présente proposition a 
été faite souvent verbalement, mais le sieur maire n'a ja- 
mais voulu la mettre en délibération, ni autoriser aucune 
assemblée à ce sujet. Ainsi, sauf à la communauté à se 
pourvoir contre lui, pour le cas où il ne voudrait pas 
autoriser la délibération qui sera présentement prise, la 
présente proposition est ainsi couchée* 

« Est comparu sieur Antoine Martin, prêtre, curé de 
Mens, lequel a dit qu'il est étonnant qu'un bourg aussi con- 
désirable et aussi florissant que celui-ci, soit par le nombre 
de ses habitants, soit par le commerce et ses revenus d'oc- 
troi ou patrimoniaux, montant à près de deux mille livres, 
années communes, cherche à détruire l'établissement 
des frères des' écoles chrétiennes et celui des sœurs de la 
congrégation de St-Joseph faits par ordre de sa Majesté, 
à la réquisition du seigneur évêque de Die, pour Tins- 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 3 79 

truction de la jeunesse, Tun en 1740 et Tautre en 1761, 
conformément aux lois du royaume, et cela sous le spécieux 
prétexte que ladite communauté n'a pas les fonds desdits 
deux établissements aussy nécessaires à la religion qu'uti- 
les et avantageux pour le bien de toute la communauté. 
C'est pourquoi, le comparant, eu égard aux différentes 
délibérations prises par la communauté en faveur desdits 
établissements, ensemble les lettres du ministre de l'Etat 
qui les ordonnoit, lesquelles sont en original au greffe de 
Pintendancé et dont copie a été déposée dans les archives 
de cette communauté et enregistrée par ordre de Mgr l'In- 
tendant sur les registres d'icelle, déclare former opposition 
à tout se qui pourroit être fait au préjudice des susdits 
établissements, et sous toutes lesdites protestations de 
fait et de voix à signé : Martin, pr. curé. » 

Ils répondent à cette protestation par des récriminations 
contre renseignement donné par les frères et les sœurs et 
au sujet des dépenses occasionnées à la communauté par 
ces derniers. Des réparations urgentes sont à faire aux 
ponts et édifices publics, et il serait impossible, ajoutent- 
ils, d'y pourvoir sans imposer les trois ordres, si l'on con- 
servait les religieux, « Tout quoy détermine la commu- 
nauté, nonobstant le comparant de M^* Martin, curé, de 
révoquer par la présente, en tant que de besoin, toutes les 
précédentes délibérations, par lesquelles on avoit requis 
des frères et des sœurs, et qu'à compter du premier janvier 
prochain nous dits maire, consuls et autres officiers de la 
communauté ne pourront tirer aucun mandat pour la 
nourriture et l'entretien des frères et sœurs, à peine d'en 
demeurer responsables en leur propre et privé nom. A 
l'effet de quoy la communauté charge le sieur Bernard, 
échevin, de notifier la présente délibération auxdits frères 



38o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

et sœurs dans la huitaine, à compter de ce jour, afin qu'ils 
n^en n'ignorent (i). » 

Cinq jours plus tard, à la requête du consul L. Bernard, 
Thuissier Chariot signifiait ce long factum, signé unique- 
ment par des protestants au frères Catien et à la sœur Ste- 
Claire ; mais bientôt après, une ordonnance royale main- 
tenait le traitement des uns et des autres. La guerre n'en 
continua pas moins avec acharnement. Les mandats de 
payement étaient exactement délivrés par le maire, à 
l'échéance du traitement ; mais pour en obtenir le mon- 
tant du receveur des deniers publics, les frères et les 
sœurs étaient toujours obligés de recourir à Tintervention 
de l'intendant de la province. Celui-ci même n'était pas 
obéi exactement et devait employer la menace pour se 
faire écouter (2). 

« Le parti put croire à un commencement de victoire 
en 1764. A forces d'intrigues et de mensonges, il parvint 
à obtenir du parlement de Grenoble un arrêt qpi or- 
donnait aux sœurs d'évacuer la maison dans la huitaine.... 
L'arrêt était aussitôt exécuté et la classe confiée à une 
fille du pays « ayant fait vœu de religion et reçue supé- 
rieure d'un ordre appelé dominicaines, » dit un rapport 
dans son langage protestant. iMais un mémoire du curé 
de la paroisse rétablissait immédiatement les faits, et le 
parlement, vingt-cinq jours après Tarrêt précédent, en 
rendait un second qui maintenait les sœurs dans leur 
droit de faire l'école. Alors recommença la tactique usitée 
précédemment : de nouveau Ton refusa de payer les frères 
et les sœurs ; il fallut des ordonnances réitérées, des con- 



(1) Mens, Reg, des délih, 

(2} Ordoonances diverses à la cure de Mens. 



LE TRIEVES ET SON PASSE. 38 1 

damnations aux frais et donamages pour vaincre les résis- 
tances de la communauté (i). » 

C'est ainsi que les école continuèrent leur œuvre au 
milieu de difficultés plus ou moins grandes et de vexa- 
tions sans relâche. 

La châtellenie de Mens, confisquée lors de la condamna- 
tion de Pélissier-Tanon, en 1740, avait été accordée parle 
roi à un sieur Oddoz, de Prébois. Celui-ci voulut, en 1 769, 
s'en démettre au profit de son fils ; mais le fils de Tanon 
et les principaux habitants et réformés de Mens firent une 
vive opposition à cet acte. Ils voyaient avec peine un étran- 
ger tenir le premier rang parmi eux, nourrissant le secret 
désir de le remplacer et même de devenir les seigneurs de 
Mens ; tels furent les motifs de leur conduite. Les moyens 
qu'ils employèrent pour arriver à leurs fins sont des plus 
curieux. Ils sont relatés dans les volumineux dossiers des 
procès qui eurent lieu à ce sujet et ne se terminèrent, 
à la honte de leurs auteurs, que plus de quinze ans 
après (2). 

Un fait, raconté dans Tun de ces dossiers, nous paraît 
assez intéressant. Le i5 août 1760, jour de la fête de l'As- 
somption et du vœu de la paroisse, le châtelain, empêché 
d'assister à la procession, crut pouvoir se faire remplacer 
par son fils pour porter le dais. Déjà celui-ci était à son 
poste, lorsque le consul, Segond, le repoussa brutalement. 
Oddoz fit une légère résistance, occasion dont Segond se 
hâta de profiter pour faire traduire le jeune homme en jus- 
tice, sous prétexte de trouble dans une cérémonie religieu- 
se, et condamner à soixante et dix livres applicables aux 



(1) Les congrégations enseignantes à Mens y p. 17. 

(2) Archives de l'auteur. 



382 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

besoins de Téglise, trente livres d'aumône (i). Plus loin 
nous trouverons encore à l'œuvre les ennemis d'Oddoz. 

Un fléau terrible, moins désastreux cependant que les 
procès, éclata au village de St-Michel-les-Portes. Un 
incendie s'y alluma en 1764 et le détruisit en entier. Avec 
la patience et le travail et aussi avec les secours de la cha- 
rité, les habitants, réduits d'abord à la plus grande mi- 
sère, relevèrent bientôt leurs maisons et réparèrent leurs 
pertes (2). 

Pendant ce temps, le pasteur Bérenger, qui n'avait point 
encore oublié son exécution en effigie, continuait avec 
plus de zèle le cours de ses prédications, présidait de 
plus fréquentes assemblées, heureuses d'écouter le martyr. 
11 fut dénoncé une seconde fois et condamné, le 3f mai 
1766, à être pendu avec le prédicant Desnoyer sur la place 
du Breuil de Grenoble ; mais l'exécution eut encore lieu 
en effigie (3). 

St-Baudille vit, cette même année, s'élever dans son sein 
une contestation dont l'objet nous paraîtra futile, mais 
qui n'était pas alors jugé ainsi. Le 23 septembre, M. Gai- 
fard, son curé, se plaignit devant la communauté assem- 
blée de la mauvaise volonté faisant cesser un usage très 
anciennement établi. « Les habitants de ladite commu- 
nauté, dit-il, donnaient le chacun une gerbe de blé fro- 
ment pour sonner la cloche, c'est-à-dire les modes de la 
messe et des vêpres, l'angelus du matin et du soir et dans 
les temps où il y avait à craindre de la grêle, à un homme 
que la communauté nommait dans ses assemblées et qu'on 
appelait vulgairement marguillier. Dans la suite, le sieur 

(1) Jugement du 23 septembre 1761 ; Mens. 

(2) St-Miohol-les-Portes, Reg . des délib . 

(3) Bibliothèque de Fauteur. 



LE TRièvES ET SON PASSÉ. 383 

Bienfait, prédécesseur immédiat du comparant, fit un ac- 
cord verbal avec la communauté, par lequel il se chargea 
lui-même: !<> de faire sonner la cloche selon la coutume 
ordinaire; 2® de lire la passion pour demander à Dieu la 
conservation des fruits de la terre, tous les dimanches de 
Tannée, depuis la Croix de mai jusqu'à celle de septembre 
inclusivement ; 3® d'entretenir la corde servant à sonner 
la cloche ; 4° de faire balayer Téglise et entretenir le linge 
sacré moyennant la rétribution, à la charge de la com- 
munauté, d'un civier blé froment pour chaque habitant 
qui avait une paire de bœufs et de deux civière pour 
ceux qui en avaient deux. 

« Ensuite de cet accord, le sieur Bienfait a joui tran- 
quillement, tout le temps qu'il est demeuré dans la pa- 
roisse, de la rétribution convenue. iVlais le comparant, 
qui ose dire n'avoir pas été moins exact à remplir les 
engagements auxquels s'était soumis le sieur Bienfait, a 
aussi joui des mêmes prérogatives pendant huit ans. La 
neuvième année, il a cependant éprouvé des contestations 
auxquelles il n'aurait naturellement pas dû s'attendre^ 
surtout après avoir montré son zèle à la communauté 
dans les démarches qu'il a faites auprès de Mgr l'évêque 
pour lui procurer l'établissement d'un vicaire. Dans ces 
démarches il a été assez heureux pour réussir. 11 a même 
sacrifié son intérêt pour celui de la communauté, puisque 
le vicaire, qui est aujourd'hui établi dans la paroisse, le 
prive non seulement de la somme de quarante livres que lui 
donnait le chapitre de Die pour gratification, mais encore 
du tiers du casuel, qui est un objet assez considérable. Il 
y a plus encore : la communauté n'a pas de maison vica- 
riale, et le comparant a bien voulu, toujours pour lui 
prouver son zèle, le loger chez lui, quoique cela le mette 

2« SÉRIE. XXVI» Volume. — 1892. 28 



384 SOCIÉTÉ D^VRCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

entièrement à Tétroit, attendu que la maison curiale est 
à peine suffisante pour son logement particulier. » 

Les habitants répondirent à ces réclamations en sup- 
primant la plus grande partie de ce qu'ils avaient accordé 
à ce bon prêtre jusqu'à ce jour et en le menaçant de lui 
enlever le tout, s'il ne voulait pas se contenter du peu 
qu'ils lui concédaient de fort mauvaise grâce (i). 

Un autre procédé des mêmes montre que déjà à cette 
époque les idées révolutionnaires existaient chez eux. Le 
14 juin 1772, ils s'étaient réunis en assemblée générale 
et on leur lisait une ordonnance de l'intendant prescri- 
vant, à la date du 18 avril précédent, de nommer un syn- 
dic perpétuel « pour le service de la corvée des chemins. 
Aussitôt lecture faite de cette ordonnance, tous les habi- 
tants se sont retirés sans vouloir délibérer sur icelle. Nous 
nous sommes aperçu que Bernard, de Guichardeyre, 
Pierre Brachon et Pierre Anthoard, de Bonnichaire, 
Pierre Borel, du Villard-St-Pancrace , Alexandre Bâ- 
chasse, de Longueville, Antoine Ducros, d'AUouveyre ont 
cabale et fait dissoudre l'assemblée en disant que ce 
n'était par ordre ni du Roy ni de Mgr l'intendant qu'on 
faisait travailler aux chemins ; que c'étaient les seigneurs 
des terres voisines qui demandaient ces travaux. Quelque 
soin qu'on ait pris d'en dissuader les dits habitants, en 
suite desquels propos séditieux, ils se sont retirés, et les 
autres ensuite sans vouloir rien délibérer. De tout quoy 
nous châtelain avons dressé procès- verbal pour servir et 
vouloir ce que de raison et avons signé avec les consuls et 
greffier. A. Fluchaire, cons., Perrier-Lagrange, greffier, 
Fluchaire, châtelain (2). » 

(1) St-Baudille-et-Pipet, Reg. des délib. 

(2) St-Baudille et-Pipet. Rey. des délib. 



LE TRièVES ET SON PASSE. 385 

Un peu avant cette époque, Mens crut devoir s'associer 
à la joie que causa en Dauphiné la nomination de M. le 
marquis de Monteynard comme ministre de la guerre. 
La municipalité vota (28 janvier 1771) un feu de joie en 
l'honneur du nouveau ministre, et, le dimanche suivant, 
la population entière était réunie, sur la place du Breuil, 
autour d'un immense bûcher, auquel le maire, accompa- 
gné des consuls en robe et en chaperon, mettait le feu avec 
une torche parfumée. Aussitôt, la foule applaudit et com- 
mença à danser pendant que se succédaient rapides les 
détonations des boîtes et des pétards. La fête se termina 
par le chant d'une cantate avec accompagnement de vio- 
lons ([). 

La terre de Mens, domaniale jusqu'au milieu delà pre- 
mière moitié du XVII® siècle, puis propriété de Lesdi- 
guièreset de ses héritiers, fut, le 5 mai 1779, achetée par 
plusieurs particuliers du pays, parmi lesquels se trou- 
vaient tous les adversaires du châtelain Oddoz. Depuis 
longtemps en effet. Bonnet, cabaretier, Allouard, Sibey, 
Payan, Piffard, Tanon, Duport, Accarias, Berthon, Massé- 
Chanron travaillaient silencieusement mais sûrement à 
cette acquisition. Ils avaient su mettre en avant les intérêts 
de la communauté pour laquelle on les croyait travailler. 
Celle-ci ambitionnait avant tout de n'appartenir qu'à elle- 
même et de ne plus dépendre d'un seigneur quelconque, 
pour illustre et puissant qu'il fût ; elle crut donc agir pour 
elle quand, le 2 juillet 1 776, elle autorisait Tanon, son éche- 
vin, à conclure le marché avec Prié, agent du duc de Vil- 
leroi. Dans la délibération prise à cet effet, elle disait s'être 
laissée aller à cette détermination afin : i** d'entrer en jouis- 

(1) Mens, Reg. des délih. 



386 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

sance de tous les fruits de la terre ; 2** d'empêcher un rotu- 
rier de se substituer à ses seigneurs ; 3* d'éloigner surtout 
de cette acquisition certains habitants du bourg « d'autant 
plus âpres à pressurer leurs concitoyens qu'ils seraient 
plus pauvres et d'humeur tracassière (i). » Elle faisait 
valoir ces raisons à l'appui de la réserve de préférence 
consentie en sa faveur par Lesdiguières quand il acheta 
la seigneurie. Le délégué Tanon conclut le marché pour 
le prix de huit mille cinq cents livres, mais en son nom et 
en celui de ses associés cités plus haut. Vainement la com- 
munauté protesta contre cet acte nuisible à ses intérêts 
et contraire à son droit, les procès intentés par ses officiers 
à Oddoz l'avaient ruinée et elle dut courber la tête devant 
ses nouveaux et trop nombreux seigneurs qu'elle mépri- 
sait (2). 

La guerre faite au sieur Oddoz, fils, au sujet de sa no- 
mination à la châtellenie de Mens par ces futurs sei- 
gneurs, se termina enfin par un arrêt du parlement, qui 
confirma Oddoz dans sa charge, condamna la commu- 
nauté à tous les dépens de l'instance et à des dommages- 
intérêts considérables envers le châtelain. Pour couvrir 
les dépenses occasionnées par ces longues procédures, 
elle fut obligée d'emprunter six mille livres aux religieuses 
de Sainte-Ursule de Grenoble (3). Trop tard. Mens apprit 
à se méfier de ces intrigants parlant sans cesse de l'amour 
et des intérêts du peuple ; mais se servant de lui comme 
d'un marchepied pour s'élever en le trompant. 

Pendant ces contestations, le village des Petits-Moulins 



(1) Ubi suprà et Plaidoyer pour les forains de Mens, p. 50. 

(2) Ubi suprà, p. 44 el passim. 

(3) Ubi suprà, p. 88 et 90. 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 387 

obtenait enfin Térection de sa chapelle en succursale (i 779), 
ce qu'il demandait depuis longtemps (i). 

Au même temps, les habitants du Perrier, d'Agnès et 
des deux Gros, s'imposaient de grands sacrifices pour 
faire reconstruire une chapelle qu'on voit encore dans le 
premier de ces villages. Depuis nombre d'années, ils de- 
mandaient à avoir un prêtre au milieu d'eux, ou tout au 
moins que le vicaire de St- Pancrace vînt leur dire la 
messe, les dimanches et fêtes. En 1765, ils avaient ob- 
tenu la seconde de ces deux choses de Tévêque de Die, 
heureux de ce premier avantage, ils travaillèrent sans 
relâche à se faire accorder le second et réussirent enfin 
dans leurs démarches en 1782 (2). 

Cette érection amena le syndic du chapitre de Die à 
demander à l'évêque la suppression du vicaire de Saint- 
Beaudille. A la nouvelle de cette démarche, la commu- 
nauté s'alarma et prit sans retard les mesures propres à 
en empêcher l'effet. La pétition qu'elle adressa dans ce but 
à Tévêque nous fait connaître comment anciennement la 
paroisse était desservie. Avant les guerres de religion, y 
est-il dit, St-Baudille, avait cinq prêtres résidant dans son 
sein : un à St-Baudille, où il ne restait plus pour lors 
qu'une chapelle ; un second au hameau de la Chapelle, 
où se trouvait aussi un oratoire ;' deux autres au mas 
Cheynet près de St-Baudille, lesquels devaient aider le 
curé dans ses fonctions et lui tenir lieu de vicaires ; enfin 
le curé résidant d'abord à St-Baudille, puis, après la 
ruine de l'église pendant les guerres religieuses, à Saint- 

(1) Protocoles de Prayer, notaire à Tréminis^ dans l'étude de M. 
Ferrier à Mens. 

(2) St-Baudille-et-Pipet, Reg. des délit, et papiers aux archives 
de M. Astier, du Ferrier. 



388 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Pancrace, où fut élevée la nouvelle église vers la fin du 
XVII siècle (i). 

Une délibération de la communauté de Mens, prise, en 
1785, au sujet de l'arrivée de nouvelles sœurs, nous fera 
revenir sur nos pas pour continuer l'étude si intéressante 
des congrégations enseignantes à Mens. C'est surtout sur 
les religieuses que s'était exercée la fureur des protestants, 
ainsi que nous allons le voir. 

L'une des deux premières arrivées mourut en 1770 et 
sa supérieure refusa de lui donner une remplaçante à 
cause de la modicité du traitement que recevaient les 
sœurs. La communauté alors, de concert avec le curé, 
donna une fille du pays pour adjointe à la survivante. 
Mais, cinq ans après, la seconde ne pouvant plus vivre 
avec la modeste rétribution de cent dix livres qu'on vo- 
tait annuellement, et qu'on ne lui payait pas toujours, 
fut obligée de se retirer. Le parti aussitôt nomma pour 
la remplacer un André Oddelay et sa femme, auxquels il 
confia l'éducation des enfants. Cet Oddelay prit posses- 
sion de récolc sans se faire autoriser par l'évêque de Die, 
comme le voulait la loi, et il était maintenu malgré les 
protestations du curé et les remontrances de l'évêque, ce 
qui nous apprend quels étaient son enseignement et sa 
religion. 

Après dix ans de cet état, des ordres plus pressants de 
la cour étant arrivés, on permit au curé de faire des dé- 
marches pour obtenir de nouvelles sœurs. Ce prêtre, alors 
M. Courtieu, causa une désagréable surprise lorsqu'il écri- 
vit au maire pour lui faire part du résultat de ces mêmes 
démarches et lui annoncer l'arrivée de deux religieuses de 
St-Joseph envoyées par M. Bertholet, vicaire général de 

(I) Ubi suprà. 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. SSg 

Vienne, à la condition que la communauté, par une déli- 
bération en forme, leur assurât un traitement de trois 
cent cinquante livres et payât leurs frais de voyage. Pour 
répondre à sa communication on prit U délibération sui- 
vante, le i8 septembre 1785 : « Les assemblés répon- 
dent qu'ils n'ont jamais prétendu, comme le suppose le 
Curé, nommer des maîtresses sans la permission de l'évê- 
que. S'ils ont choisi André Oddelay et sa femme pour 
cette fonction, ce ne fut que par intérim et à cause de la 
défection de la seconde des sœurs, ce qui ne plut point au 
sieur Curé. 

« C'est encore une supposition du Curé que les deux 
sœurs aient quitté par défaut de subsistance résultant du 
refus de payer leurs gages, car il y a quinze ans qu'il n'y a 
qu'une sœur adjointe à une fille du pays mise en place 
par le curé, du consentement de la communanté, avec les 
gages de cent dix livres et qu'elle a enseigné jusqu'à ce 
jour malgré la fuite de sa compagne en 1775. 

« Il serait possible de trouver encore dans ce bourg une 
fille ou femme semblable à celle qui existe depuis dix ans 
et qui, sans être sœur, soit capable d'enseigner comme 
celle qui s'en est allée. On a toujours d'ailleurs remarqué 
que les sœurs venues en ce pays ont été plus occupées de 
leurs intérêts que de l'éducation de la jeunesse. Les regis- 
tres de la communauté abondent de plaintes faites par la 
communauté contre ce prétendu établissement très coû- 
teux, surtout étant facile de trouver fille ou femme aussi 
catholique que les sœurs proposées par M. Bertholet, aux 
gages exhorbitants de 35o livres les deux. Et ont signé : 
Jacques Sibey, échevin, Jacques Pélissier-Tanon, Ber- 
thon, Richard, aine, Beaup, Segond, Berthon, aîné (f). » 

(1) Mens, Reg. desdélib. 



3qo société d'archéologie et de statistique. 

Malgré cette protestation mensongère et habile, réfutée 
par les faits racontés plus haut, et sur de nouveaux ordres 
plus formels encore de la cour et de l'intendant, deux 
sœurs arrivèrent à Mens, le 4 janvier 1 787. Le lendemain, 
Téchevin Sibey annonçait cette arrivée à la communauté 
réunie en assemblée générale. Celle-ci fit aux nouvelles 
arrivées un traitement de deux cent cinquante livres an- 
nuellement « qui leur seront payées par trimestre et ce 
pendant le temps qu'il plaira à la communauté de garder 
les dites soeurs. L'augmentation de trente livres faite à 
leur profit n'est qu'une gratification, et dans le cas où la 
communauté ne serait pas contente d'elles, leur pension 
serait réduite à deux cent vingt livres comme aupara- 
vant. » On leur accorda cependant encore soixante livres 
pour leurs frais de voyage, le 1 1 février suivant (1). 

Voilà donc les sœurs installées une seconde fois à Mens 
de fort mauvaise grâce et avec des menaces ; mais peu 
importaient à ces généreuses filles les mauvais procédés, 
les privations devant résulter d'un maigre traitement. 
Elles allaient continuer le bien commencé par leurs devan- 
cières, et c'était leur unique désir. Dieu bénit leurs efforts, 
comme il avait béni ceux des deux précédentes et des frères; 
aussi, quand la grande révolution éclata, grâce à l'éducation 
religieuse donnée à l'enfance, la population de Mens se 
trouvait catholique en majorité et fermement attachée par 
le cœur et les convictions à la vérité. La persécution elle- 
même fut impuissante à l'en détacher. 

Cette même année fut témoin d'une cérémonie reli- 
gieuse, où tous les cœurs étaient unis. Nul n'essaya de 
la troubler par des protestations. Le 22 mai, le conseil 

(1) Ubi suprà. 



LE TRIÈVES ET SON PASSÉ. 3q I 

de la communauté vota les fonds nécessaires pour la re- 
fonte de la grosse cloche cassée depuis plusieurs mois (r). 
Elle fut coulée, le rg juillet, et solennellement bénite, le 
22, par M. Bac, nouveau curé de la paroisse. Le parrain 
fut M. Joseph-Armand Si.beud de St-Ferréol, résidant 
à Cornillon, et la marraine, dame Magdeleine-Thérèse 
Achard de la Roche, épouse de M. David de Blosset de 
Rochevive, conseiller au parlenrient. Les officiers de la 
communauté assistaient en corps à cette cérémonie avec 
tous les personnages marquants de Mens (2). 

Les protestants à leur tour ne tardèrent pas à se réjouir 
car les lois de proscription qui les oppressaient furent 
abolies par Tédit du 17 novembre 1787. La liberté leur 
était rendue pour leur culte, et aussitôt ils se procurèrent 
une maison pour leur servir de temple et des écoles. Ils 
réclamèrent des secours pour ces deux objets, secours 
qu'ils s'étaient sans cesse efforcés de faire refuser aux ca- 
tholiques, et ils obtinrent ce qu'ils demandaient. La com- 
munauté subventionna même leur pasteur (3). Cette liberté 
dont ils allaient jouir causa autant de joie aux catholiques 
qu'à leurs voisins; car à Mens comme dans le reste du 
Trièves, les premiers l'aiment pour eux et pour ceux qui 
les entourent. 



(1) Ubi suprà. 

(2) Ubi suprà. 

(3) Ubi suprà, et Comptet^-rendus pour les années 1788-89-90. 

A. LAGIER. 



LE REGISTRE BAPTISTAIRE 

DE 

SAIKT-YALLIER 

2 oMai i568. — ly T)écembre i5y5. 



Etude sur l'état des personnes de cette paroisse 
et l'origine de leurs noms patronymiques. 



Conservé dans les archives de la mairie, ce manuscrit n*est 
qu'un fragment en 29 feuillets d'un registre dont la fin est mal- 
heureusement perdue, et déjà, en 1776, il y manquait un feuil- 
let comprenant les baptêmes d'avril à septembre 1569 (i). 

En voici le titre ; Le registre des enfans \ haptisses en les- 
glise I perroichielle de Sainct \ Vallier , despuis les \ derniers 
troubles, assfavoir) mil cinq centz soyxante \ huict , par moy 
Michel I Alleon p(reb)tre*et cure \ dud. S t- Vallier et \ a mon 
absence p(ar) M(essir)e Denis \ Marchât p(reb)tre dud, St \ Val- 
lier, religieux de St | Rucf, Assembles les \ non des pères mères 
desd, I en/ans, Ausi les non des \ perrins et marrines et les jours 



(i) Archives de la Drôme. — Inventaire des papiers du curé Gourbis, qui 
le fait commencer le 2 mai 1568 et finir le 16 février 1576. Après une 
lacune de ^8 ans et demi, on retrouve la collection à partir de 163^. Fleury, 
juge, désigne ainsi le cahier de 1624 sur Tinventaire : « Registre 2, 3*cahier, 
36 feuillets. GG 1.0 — M. Albert Gaise a déposé une copie du registre bap- 
tistaire de 1568 aux archives de la Drôme. 



LE REGISTRE BAPTISTAIRE DE SAINT- VALLIER. 3g3 

de leursd. baptesmes \ suytiant lordonnance du Roy \ sur ce faicte. 
En signe de vérité \ fay escript et signe le présent \ registre ce 
second may année \ susd, 1^68. M, Alleon. xx. * 

Ce manuscrit de petit format (0,20 cent, de haut) est écrit en 
entier de la main du curé Alleon, en caractères fort ténus an- 
nonçant une plume déliée et une écriture soutenue, sans ratu- 
res. La calligraphie en est soignée, les abréviations rares et la 
lecture des noms de personnes relativement aisée. Il n en est 
pas ainsi dans la suite, des curés peu lettrés laissant volontiers 
aux intéressés le soin de transcrire eux-mêmes les actes de bap- 
têmes sur les registres paroissiaux. 

L^examen des registres de 1 568 prouve que, sous Diane de 
Poitiers, il existait à St-Vallier, dans le prieuré, des prêtres 
érudits qui sans aucun doute y avaient laissé de précieux écrits 
détruits au cours des troubles religieux. 

Le curé Alleon ouvrit son registre en vertu de Tordonnance 
du roi Henri II (édit de février 1556). Il y en avait eu en 1539 
une §iutre de François P'. Elles furent suivies de celles de 1667, 
du 9 avril 1736 et 17 août 1737 ^^^ prescrivirent la tenue à 
double exemplaire de ces registres. 

Quelques diocèses en avaient déjà adopté l'usage avant les 
édits royaux: on cite notamment le diocèse de Séez en 1524, 
celui d'Auxerre en 15 19 et celui de Saint-Paul-Trois-Châ- 
teaux. 

U Inventaire sommaire des archives de la Drôme mentionne 
des registres de baptêmes à Suze-la-Rousse dès 1528 et à St- 
Paul-Trois-Châteaux dès 1544. Toutefois, cette mesure, même 
dans ces paroisses, ne dura que quelques années et ne se géné- 
ralisa pas. Il est très rare de trouver dans la Drôme des docu- 
ments de ce genre avant 1600 ou 1590 au plus tôt. 

Nous savons par une requête de Guillaume Amazan, an- 
cien intendant de Diane de Poitiers et prieur de St-Vallier, 
adressée le 1 1 avril 1 568 à de Gordes, gouverneur du Dauphiné, 
que le prieuré et l'église, livrés au pillage, avaient subi de 
sérieuses détériorations, de 1567 à 1568, mais non une ruine 



394 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

totale. Cette requête prouve seulement que les religieux de 
St-Ruf réoccupèrent leur domicile conventuel en avril 1568, 
après en avoir été expulsés quelques mois auparavant par les 
Huguenots unis aux habitants de St-Vallier, et que la reprise 
du culte eut lieu au commencement de mai (i). 

Les villages ou hameaux de Puy-de-Serves, Ponsas, Mont- 
Rebut, Le Molard, Laveyron et Les Bordes ressortissaient à 
la paroisse de St-Vallier ; conséqueminent , les enfants nés 
dans ces localités étaient baptisés sur les fonts de son église. 
L'édifice était nécessairement, en 1 568 et années suivantes, en- 
core en état de servir au culte puisqu'on y officiait et que Denis 
Marchât était toujours recteur de la chapelle des Poitiers (2). 

Je relève ci-après les passages du baptistaire offrant le plus 
d'intérêt au point de vue de l'histoire locale. Je dresserai en- 
suite la liste des familles notables de St-Vallier, — plus ancien- 
nes peut-être que celles des seigneurs de la communauté, — 
figurant dans ce document, et dont quelques rares descendants 
existent encore aujourd'hui. 

L'acte n® i est rédigé en ces termes : 

a Et premier lan dernier escript mil cinq centz soyxante huict 
« et jour de dimenche, feste St Athanasii, ij may, a aistç bap- 
« tizec Guilhaume, fîlhc a Esticnne Bays et de Anne Bleyne ; 
« le perrin Guilhaume Begot, la marrine Guilh* Paradisse, au 
« chasteau dudict St-Vallier (3), par moy m* Alleon, prestre et 



(i) Bulletin de la Société d'Archéologie, avril 1891, Diane de Poitiers^ par 
Albert Catse. 

(a) Etat civil de la mairie de St-Vallier. Baptistaire de 1568, f* 29. 
a Lan que dessus et le XXX dud. moys d'octobre (157^) a aiste baptize 
« Jacques filz a Jehan de Bren ; perrin Jacques Chenu, marrine Jehanne Bru- 
nelle, p. m* Denis Marchât, Religieux et Recteur des chapelles de mess'** 
a de Poitiers. » — La ponctuation n'existe pas à Toriginal. 

(3) Depuis la mort de Diane de Poitiers (26 avril 1566), la terre et le 
château de St- Val lier avaient été transmis à la maison d'Aumasle, par suite 
du mariage de Louise de Brézé, fille cadette de Diane. Mais les nouveaux 
seigneurs n^habitant pas le Dauphiné, le château continua à être occupé 



LE REGISTRE BAPTISTAIPE DE SAINT-VALLIER. 3q5 

« cure dudict St-Vallier, soubz signe tant pour le présent que 
« pour les autres suyuants fesant foy. M, AHeonx x. » 

Le second baptême indique que St-Vallier était occupé par 
des troupes régulières : 

« Lan susdict et jour de dimenche XVI* [du] moys susescript 
« a aistc baptize Pierre, filz a Guygon Perrier, charpnier (char- 
« pentier) de Sainct Vallier, et de Jehanne Peniecte ; le peirin 
« Pierre Malhiecte, filz du chevaucheur (maître de la poste), la 
« marrine Jehanne Malhiecte, seur dudict perrin, auquel heust 
« bonne compagnie de souldars, » 

Cette occupation dura d'ailleurs plusieurs années, puisque le 
capitaine Gessan qui, au dire de Nicolas Chorier (i), avait re- 
pris St-Vallier aux Huguenots en 1568, figure, en 1571, comme 
parrain du fils du seigneur de Fontagier dans Tacte suivant : 

« Lan mesme (1571) et le dimenche XXVI' dudict moys 
« d'aousi, au lieu de Ponsas, maison de mons'" de Fontagier, 
« en la chapelle, a aiste baptize Aymare, filz audict seig' de 
« Fontagier ; le perrin le cappttayne Gessan (2), la marrine la 
« femme de M' de Beausemblant et la femme de M* Aymieu 
«t du Port ; nay environ quinze jours deuant questre baptize 
« p(ar) moy cure soubz signe. » 

D'autre part, les protestants devaient pratiquer la nouvelle 
opinion à St- Vallier, sans aucun empêchement, puisque le curé 
Alleon constate avec complaisance leur présence lors de la céré- 
monie d'un baptême : 



par le capitaine châtelain Jehan Valernod et ses officiers. — Les autres bap- 
têmes furent célébrés dans Téglise de St-Vallier, à l'exception de trois qui 
eurent lieu dans les châteaux de Ponsas et de Beausemblant, où existaient 
des chapelles. 

(1) Nicolas Chorier: Hist. Génér. du Oauphiné, 3 vol. in-f% 1661, t. II, 
i* 621. 

(3^ Albert Caise : Cartulaire de St-Vallier, i vol. in-i8, 1870, titre XL. 
Le capitaine Gessan appartenait probablement à la famille de « Jausserand 
a Geyssan, habitant de St~ Vallier, qui prêta hommage-lige au seigneur de 
a St-Vallier, Charles de Poitiers, le 9 août 1359. » 



396 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

« Le lundi xiiij dud. moys de mars année susd® (15^9) ^ ^îste 
« baptize Jacques, filz a m* Michel Perret, cousturier, et de 
« Glaude Hostalle de Sainct-Vallier ; le perrin noble Jacques 
de Gi-uel, seigneur de Fontagier, la marrine Anne Valernode 
« auec bonne compagnie et de la nouvelle opinion ensemble^ la 
a messe este dicte, laquelle ils ont ouy, p(ar) moi cure soubz 
« signe. » 

* 

Une seule fois, le curé Alleon signale la générosité d'un par- 
rain et d*une marraine, lors d'un baptême du 2 juillet 1570, 
célébré dans la chapelle de la maison-forte de Fontagier, à 
Ponsas : 

« Ledict an (1570) et le dimenche feste Visitation N* D* ij« 
« juUiet a aiste baptize Henry, filz a noble Jacques de Gruel, 
a seig' de la maison forte de Fontagier, et de noble Gabrielle 
a de Montchanu, seur a m* de Bcausemblant; le perrin noble 
« Henry, seig' de Montcara, cousin du s^ de Fontagier, la 
« marrine md"" de Beaux, demeurant avec mad. de Tournon, 
« p(ar) moy cure soubz signe, en la chapelle dudict Fontagier. 
« Apres avoir dict la messe, le perrin donna un escu sol(de)roy 
tk et la marrine cinq soulz, » 

Il est présumable, comme le démontre l'acte ci-après, que 
certains habitants de St-Vallier partirent en guerre avec les 
Inguerrants et que le vice-bailly de Saint-Marcellin se préoc- 
cupait, en leur absence, de faire observer l'ordonnance du Roy 
à l'égard des enfants des absents qui n'avaient pas encore été 
baptisés : 

« Lan dernier (1570) et le lundi premier jour de Caresme, 
« feste Sainct Appolonie, IX feburier, a aiste baptize, ja long- 
« temps dcuant nay, Pierre, filz a André Journet dictyêre auec 
« les Inguerrants à la guerre, et de Jehanne Chanue semblable ; 
« le perrin mons' Pierre de Semons, lieut* dudict Sainct Val- 
« lier ; la marrine Marie Pomiere, femme au sire Antoine Ju- 
« uenet, marchand drappier et consul dudict Sainct Vallier, et 
« a aiste par ce mandat de monseig"" le Vysbailly de St Mar- 
a cellin et luy mesme présent, p(arj moy cure soubz signe. » 



LE REGISTRE BAPTISTAIRE DE SAINT-V ALLIER. 397 

Le 25 mars 1572, le curé AUeon croit devoir rappeler que 
le premier jour de l'année commence le ic*" janvier, en vertu de 
Tordonnance du Roy Charles IX, rendue au Péage-du-Rous- 
sillon, où celui-ci résida du 17 juillet au 15 août 1563 : 

» Lan susescript (1572) et le mardi feste Nostre-Dame de 
« mars, XXV* dud. moys de mars ou se soulloit (i) commtnctr 
« l'année a la Conception (2), mais maintenant par lordonnance 
• du Roy ce commence ladicte année à la Circonsition Nostre 
« Seigneur J. -Christ premier janvier, comme est note dessus 
« et commence et ainsi continuera. A aiste baptize Flory, filz 
tt de Pierre Brunel et de AUix Rozière de Bordes ; le perrin 
m* Flory Martinot, dict Sauel, n", demeurant à Serand ; la 
a marrine, la femme de M« de Fontagier; pfar) moy cure soubz 
« signe. » 

Nous voyons le curé Alleon légitimant immédiatement un 
enfant naturel en mariant le père et la mère, sans aucune for- 
malité préalable : 

« Lan dernier escript 1569 et jour de dimei>che de Septua- 
« gesime, VI** feburier, a aiste baptizee Laurence, filhe à M. 
a Pierre Calleat, papetier, et de Claude Girarde ; le perrin, 
« Loys Calleat ; la marrine, Francoysse Bieffe. Laquelle a 
« espouse incontinent a Vespres, p. moy cure soub. » 

Dans un autre baptême, le mariage n'a pas eu lieu : 

« Lan et jour mesme de dimenche (XV1« nov. 1572) a aiste 
« baptize Jacques, filz donne comme sien a Joseph Menge et de 
« Jehanne Mazette ; le perrin m' Jacques de Chabancs, la mar- 
« rine Catherine Gerbière, p. moy cure soubz signe. » 

Dans un troisième, le père est inconnu : 

Lan suse(script 1575) et le XIII® du moys de julliet a aiste 
« baptizee Benoicte, filhe a Thonie de Verdin, dicte Goncilhe, 
« non mariée, née deuant questre baptizee quinze jours ou troys 



(i) De Solere : on avait Thabiiude de 

(2) Le curé Alleon a voulu dire TAnoonciation, fèie du 25 mars. 



3q8 société d'archéologie et de statistique. 

« semeynes ; le perrin m« André Cabril, cordonnier, la marrine 
« Benoicte Pcnoncelle forniere; p. moy, cure soubzsigne. » 

Dans un quatrième enfin, le père seul est désigné : 

Le dimenche IX® dudict moys (mai 1574) a aiste baptizee 
« Jehanne, filhe a Sardin, filz a la Sardine ;• le perrin, Pierre 
« Chochat ; pour ce qu'il nestoit de temps, a aiste baptizee en 
« la maison et a Vespres enterrée, p. moy cure. » 

Durant ces huit années — 1568 à 1575 — j'ai constaté une 
moyenne annuelle de trente-huit baptêmes pour toute la pa- 
roisse. Le nombre des naissances devait être beaucoup plus 
considérable, si Ton considère le chiiïre probable, au milieu 
du XVI® siècle, des populations réunies de St-Vallier, Ponsas, 
Puy-de-Serves, Laveyron, etc. (i). En présence de ce petit 
nombre de baptêmes, on est tenté de croire que beaucoup de 
familles, ralliées à la nouvelle opinion^ ne se conformèrent pas 
à l'ordonnance du Roy sur le baptême. 

Selon les usages de l'époque, les noms de famille sont fémi- 
nisés par le curé Alleon lorsqu'il s'agit de désigner les femmes, 
ainsi : Chochat devient Chochate, Robin fait Robine, Paradis 
s'écrit Paradisse; Valernod, Valernode ; Croze, Crozette ; Pau- 
sier, Pausière, etc. 

Parmi les prénoms usités pour les femmes, on voit fréquem- 
ment ceux de Drève, Drevonne, Peronnette, Florie, Guicte, 
Mathèuc, Claude, Thonie, Jacquesme, Alex, Thadée ; du côté 
des hommes, les plus généralement employés sont : Jehan, 
Christofle, Anihoine, Vallier, Guigon, Vidal, Nohë. 

Les surnoms nous offrent : Sardin^ fils à la Sardine (d'ori- 
gine sarde^ sans doute) ; Savoyant (2) du Savoyant (Savoie) ; 

(1) La population de St- Vallier seulement était de 880 habitants en 1698 
et de 1,489 âmes en 1737. (V** aux Archives nationales : Mémoires de Pin- 
tendance, registre K. K. 1 309, et Dictionnaire géographique de Bruzen de 
la Martinière, VII' volume). — En multipliant 38 par 24, chiffre que don- 
nent certains auteurs, on aurait 913 habitants. 

(3) Ses descendants adoptèrent définitivement le nom de Savoye, famille 
de S t- Vallier. 



LE REGISTRE BAPTISTAIRE DE SAINT- VALU ER. SqQ 

Jehan Colandoz dict Brigand, mari de Marie Allemande; Jac- 
ques Albert dict La Rue ; Claude Bal dict Roy de Boresse ; 
Hostal dict Rossinyol ; Pra dict de Bren ; Perel dict Lesgua ; 
Reynaud dict mamy (idiot). 

Les seuls personnages nobles cités sont : Jacques de Gruel, 
seigneur de la maison-forte de Fontagier, mari de Gabrielle 
de Montchenu (i), sœur de M. Jehan de Montchenu, seigneur 
de Beausemblant ; ce dernier mari de demoiselle de Brenier, 
sœur de noble Balthazar de Brenier. Sont encore nommés : 
Henry, seigneur de Montcara, cousin de M. de Fontagier, et 
demoiselle de la Sablière. 

Dans deux baptêmes, le prieur de St-Vallier, M® Guillaume 
Amazan, est représenté par son neveu M. Condet ; le pitancier 
du prieuré. M® Gaspar Blet, prieur d'Heyras ; le sechristain de 
Sainct Vallier, M® Jehan des Argues ; Yinfirmier de Sainct 
Vallier, M" Claude Truchet (2) et Pierre Begot, grangier de la 
grange du prioré figurent dans plusieurs actes. Sont ensuite 
nommés : le capitaine châtelain, M* Jehan Valernod (3), mari de 
noble Francoysse de Champfagot ; le lieutenant, juge de St- 



(1) Bibliothèque nationale MSS. Archives de la Chambre des Comptes de 
Grenoble, 37 mars, 1327. — Guillaume de Poitiers hommagea le fief que 
tenait de lui le seigneur de Monte- Chanuto. 

(3) L'hôpital ou maison de l'aumosne existait avant 1568, car on trouve, à 
rinventaire de la Chambre des Comptes de Grenoble, le dénombrement du 
7 septembre 1540 de Jean Durre, aumosnier des revenus de la Douairie de 
rhospital de St-Vallier. 

(3) Un des fils de Jehan Valernod devint évoque de Nîmes, et mourut à 
St-Vallier, comme l'atteste Tacte suivant relevé au registre de Tétat-civil : 
a Ce jourd'huy tresieme de septembre (1635) a esté enterré mons^* Pierre de 
« Valernod, Reverendissime euesque de Nismes, à trois heures après midy; 
a en foy de quoy me suis signé : Durand, curé. — J. de Claveyson. » 11 
fut sans doute inhumé dans le caveau des Valernod, dans Téglise de Saint- 
Vallier (devant la petite porte, près du clocher). 

Cette famille est éteinte, mais il existait une autre famille Valernod à 
Laveyron dont il reste des descendants (Voir ci-après page 404, — note 1), 

2' Série. XXVP Volume. - 1892. 29 



400 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Vallier et Val, M' Pierre de Semons (i), mari de Francoysse 
Thouzelle ; le greffier et regrettier (2), Jacques de Chabanes 
figure comme fiancé de Florie Paradisse. Sont nommés les 
notaires : Claude Bruchet, François Crozet, Jehan de Tours ; 
le sergent royal : Hymbert Chassain ; les consuls de Saint- 
Vallier : Joseph Menge, Claude Barbe, Vallier Chanu, mar- 
chand drappier, Michel Nouvel, meouzier, Joseph de Pressins, 
mary de Drève Faure, Anthoine Juvenet, drappier, mary de 
Marie Pomière, Vidal des Mures, mary d'Anne Brucheste, 
André Maurisse, mary de Marg'^ Mazarde. Les marchands sont : 
Estienne Leorat, Louys Pezant, Jacques Cfe^nu , mary de 
Jehan ne des Argues; les drappier s : ]thdin Velia5(^ et Benoist 
Charlet; les papetiers et papetières du moulin à papfer du châ- 
teau : Pierre Calleat, Gabrielle Gella et Guigon Perriek mary 
de Francoysse Byesse ; le chevauckeur de la poste (cjevenik c/re- 
vaucheur du Roy après le passage à St- Vallier de Charles IX et 
de Henri III) : Pierre Maillet, mary de Peronnette Bothine ; nés 



(i) En 1624, un autre Pierre de Semons, mari de GeofFrine de Tours, 
était juge de St-Vollier. 

(2) Le greffier et regratier était chargé de la vente du sel par regrats, 
c'est-à-dire au détail. Cet office était héréditaire. (Edit de février 1638.) 

<i Les gabelles constituaient, depuis le XIV* siècle, le monopole de l'Etat 
sur la vente du sel. Les peines les plus sévères (amende, fouet, flétrissure, 
bannissement, galère, étranglement par pendaison) furent édictées contre les 
faux sauniers. 

a Le sel débité par les fermiers des Kegrats était extrait des greniers à 
sel répandus dans toutes les parties du royaume. Il était recueilli dans les 
marais salants, sous les yeux des gardes et archers des gabelle, nnis en sacs 
plombés, et transporté par les voituriers de sel jusqu'à destination. Tout 
individu était tenu de prendre son sel chez le regratier de sa paroisse et 
d'exhiber son certificat de sel à toute réquisition. Les nombreux officiers 
composant les greniers à sel s'intitulaient présidents, lieutenants, grene- 
tiers, contrôleurs, receveurs, commis, avocats, procureurs et juges. Le fer- 
mier des regrats nommait à l'emploi de greffier regratier. » 

(V. Recueil sur le fait des Gabelles^ in-!2. Rouen, Jacques Besongne, 
édit., 1710.) 



LE REGISTRE BAPTISTAIRE DE SAINT-VALLIER. 40 1 

maîtres des corporations des charpentiers : Claude Nouvel et 
Michel Amodrin ; des maréchaux : Pierre du Flac, Christofle 
Paradis, Raymond Nouvel, mary de Jehanne ParioUe ; des ser- 
ruriers : Raymond Ramel et Denis Chaffanel, mary de Cathe- 
rine Cyvaude ; des celliers : Mathieu Syvat et Anthoine Gondin, 
mary de Marie Seyvonne ; des massons : Cira ton Croze et 
Jehan Chenevie, mary d'Anne Nouvelle ; le voiturier de sel sur 
le Rosne : Jacques Paradis ; le bachier du Rosne : Pierre Odrin, 
mary de Benoicte de la Font (avant bachier de Vienne] ; le 
barbier de Sainct-V allier : Claude Lhotelin, dict Rossinyol, 
mary de Jehanne Bouvatte ; les costuriers : Michel Perret et 
Condon, mary de la Milhe, chambrière de M* de Cabanes ; les 
cordonniers : André Cabril, mary de Claude Myrode ; Estienne 
Pariol, mary de Blanche Roumaaette, Estienne Morel, mary de 
Francoysse Brobiarde ; les tysserands : Claude Rozier et Claude 
Gérin ; le teinturier : Jehan Veilhet, mary de Catheriae Nou- 
velle ; les merciers : Pierre Baborer et Loys Bernard, mary de 
Florie Borellonne ; les bolangiers : Claude Noyer et André 
Bouvat ; les bouchiers : Pierre Chochat et Mathieu Frachisse ; 
le mosnier : Claude Achard, mary de Marguerite Cartal- 
lière, etc.. 

Je terminerai cette étude par la nomenclature des noms des 
notables familles féodales le plus souvent citées au baptistaire 
et qui, pour la plupart, sont tirées de la langue d'oc. Je suis 
heureux, à cette occasion, de pouvoir donner en notes plusieurs 
étymologies dues à l'érudition de mon éminent confrère, 
M. Lorédan Larchey, qui a bien voulu me les indiquer à l'oc- 
casion de ce travail, et je le remercie vivement ici de sa confra- 
ternelle collaboration (i), 

(i) « Règle générale, m'écrit de Nice mon savant confrère, pour le Vien- 
nois et le Dauphiné, ne consultez que votre patois, branche de la langue 
d'oc. Voyez le dictionnaire d*Honnorat et de Mistral et le répertoire des 
vieux noms germaniques de Fortesmann pour tout ce qui s'y rattache. Le8 
noms de cette classe couvrent la France, l'Espagne et l'Italie, les Wisi- 
goths ont été longtemps les maîtres du Midi 



402 SOCIÉTÉ D ARCHEOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

Voici les noms dont il s'agit : 

Armand. — Baborer ou Babourrier (i)^ de Balmes, Béai, 
Begot, Blcyn, Blet, BofEer, Bosc (2), Boucharest (3), Bouvat, 
du Boys, de Boza (4), Bret, Brotin, Bruas, Brunel, Buffat. — 
Caîze ou Caise (5), Calliat, Canis (6), Cartallier, Catin, Chaix (7), 
Chalandon, Chalamon, Chastillion, Ckazal, Chazalet (8), Cho- 
mard, Chonet, du Clos, de Cormes, de Costes, Cothonay (9), 
Cottin. — Doschier — Escripvande, Espinasse. — Fabre (10), 



(i) Baborer f Baborier, Babourier. (Très vieille famille de St-Vallicr qui a 
fourni des notaires.) Babour, en langue d'oc, veut dire « air chaud ». A pu 
ôtre un nom de lieu thermal d'où se décçageaient des vapeurs ou un nom 
d'homme à mauvaise haleine. 

(a) Bosas (langue d'oc) s'est dit du a bois » et du <c terrain où il est 
planté. » 

(^) Boucharest, Boucharis a raisin noir ». Bouchard « qui a la figure 
noire. » 

(4) Bose, village de l'Ardèche, ou De Bosa a Bourse. » 

(5) Cai:i;^e ou Caise. « Le capitaine Caize, italien. » (Brantôme: anecdotes 
de la cour de Henri II). (Ancienne famille, a fourni des consuls à St-Vallier). 
— Caise a pu signifier « maison. » Sain-Caiie, nom de lieu dans la Nièvre, 
dont le vieux nom latin Sana Co^a veut dire a Saine habitation.» En langue 
d'oc et d'oil, Case et Chaise signifient « habitation, maisonnette, métairie » ; 
mais on ne trouve pas, en langue d'oc, Caise ni Caize comme synonymes 
de Casa. Caizet et Caiset, noms d'hommes, sont certainement dérivés de 
Caise et permettent de voir en Caise un nom français. (Lorédan-Larchey). — 
Kas ou Cas, en gallois, signifie : haute clâturcy château, enceinte protectrice 
élevée sur les hauteurs. 

(6) Canis a rude, revèche, âpre, u 

(7) Chaix, Pour Cais, Caix, Caizergues, Caizac, Chaix, il faudrait obtenir 
les formes latines antérieures aux nôtres, sinon on risque des erreurs. Chaise 
(oc) maison, la Chaise-Dieu (Hte-Loire) Casa-Dei ; le père La Chaise (Forez), 
confesseur de Louis XIV. 

(8) Cha:{alet dérive de Chazal a petite maison, petite métairie, masure. » 

(9) La famille Cothonay acquit à St-Vallier le domaine des Rioux cons- 
truit par les Valernod. 

(10) Fabre, nommé dans le terrier de 1404, (Inventaire du président de 
Chevrières). 



LE REGISTRE BAPTISTAIRE DE SAINT- VALLIER. 4o3 

Faurc, Fay (i), de la Fema (2), Frachisse, Frappa (3). — Gabet. 
— Jordan, Journet,' JuUicn. — De Lhosme» de Lhoste. — 
Marchât, Mazet, Mirod, Mizerin, Montanié, Morfin. — De 
Nexon (4), Nouvel ou Novel (5). — Odier, Oternaud, — Pa- 
Ihiarez ou Pailhare\ (6), Paradis, Parpalhion (7), Pansier, Pa^ 
quen (8), Peniecte, Penoncel, PerdrioUat, Perrel, Pezant, Pip- 
pard, Popon (9), de Pressins, du Pré. — Quintrant. — Ra- 
mel, Rançonne t {10), Remondet» Robin, Romanet (ii)^ RouUet, 
Roussel. — Sarle, Seguin (12), Seul, Servient (13), Sicard du 
Nichon (14), Sicard de la Blacke, — Tarel, Tarnaut, Troullal, 



(i) Fay « hêtre. » — Vieille famille de St-Vallier. Village près de cette 
ville. M"« de Lionne, dame du Fay, 1625. 

(3) La Fema, famille de Ponsas. M. Barthélémy Lafemas, de Beausem- 
blant, était contrôleur de commerce sous Henri IV. Sous Richelieu, il y eut 
un lieutenant-civil de ce nom. 

(3) Frappa, frappOf frappù a longue chevelure, vieil arbre fendu. » 

(4) De Nexon ou de Nesson, a famille venue, sans doute, de Nexon 
(Limousin). » 

(5) Novel ou Nouvel f a très ancienne famille qui a compté des lettrés et 
des consuls ». — Nobilis a noble » (Nobel, Novel, Nouvel). 

{6) 'Pailhare:^, « vieille famille qui a donné des procureurs. » — Forme de 
Pailharès, — Nom de lieu de TArdèche. — En basse latinité, Paliarensis, 
(Glossaire de Du Gange.) 

• (7) Parpalhion, « famille féodale de Laveyron. « — Parpalhoun, papillon. 
— Parpaillot, sobriquet ironique des huguenots. 

(8) Paquen, forme de Paquin qui, comme Pacot^ Paquet, est on abrégé 
dérivé de Pascal a né le jour de Pâques. » 

(9) Popon, nom de saint ; en latin, Poppo. Le D*" Stark, de Vienne, vient 
de démontrer que Poppon n*e8t qu'un dérivé familier de Robert chez les 
vieux Germains. Robert, c'est Hrodberi «r gloire, illustre. » 

(10) Ranconnet dérive de Ranco « boiteux, contrefait, rocher. » 

(il) Romanet, ancienne famille de St-Vallier, probablement originaire de 
Romans. 

(la) Seguin, forme francisée du vieux nom germain Sigwin « victorieux, 
ami », qui s'est modifié en Seguin et en Séguin au X* siècle. 

(13) Servient, vieille famille. « serviteur, servant, sergent. » 

(14) Siccard, forme du vieux nom germanique Sigihard « victorieux, 
hardi, aguerri » ; abrégé en Siccart et en Sicard dès 813. 



404. SOCIETE D ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

Thomas. — V^alcrno ou Valernod, Valernaud (i), Valette, 
Veilhel (2), Volozan. 

Il est bien difficile de préciser exactement aujourd'hui l'or- 
thographe primitive de tous ces noms d'anciennes familles féo- 
dales rivées au sol et qui furent transmis, de père en fils, avec 
de profondes modifications (très éloignées de l'étymologie) dues 
à l'incohérence de leur transcription, soit par les curés, soit 
par les tabellions. En effet, ces conservateurs des noms patro- 
nymiques les latinisaient dans les actes antérieurs au quin- 
zième siècle (3). 

A compter du règne de François 1'' (4), ils les écrivirent en 
français, comme ils les prononçaient, de telle sorte que nous 
voyons souvent le nom d'un même individu orthographié, 
dans les titres de la même époque, de vingt façons différentes, 
donnant ainsi naissance à une infinité de dénominations bizar- 
res qui ont toutes eu dans l'origine une même signification (5). 

Les gens lettrés qui signaient leur nom, et le nombre en fut 
très limité, ou bien encore ceux qui possédaient dts/onds trans- 



(i) Valernodf famille de Laveyron. — VaUrnaudy vieille famille de St- 
Vallier qui a fourni à St-Vallier des consuls et un capitaine châtelain. (V'' 
Pithon-Curt : Hist, de la noblesse du Comtat-Venaissin.) — Dérivé de Va^ 
UriuSf Valire, 

(2) Veilhet et Veilheu, dérivés de Veilhoun « vieux.» 

(3) Pour tous les noms français tirés de la basse latinité, voir le Glos- 
saire de moyenne et basse latinité de Charles Du Cange (in-f*, 1670). 

(4) Ordonnance de 1539, datée de Villers-Cotterets, « prescrivant Tusage 
de la langue française pour tout le royaume dans tous les actes de procé- 
dures, et dans toutes les paroisses qui ignoraient cet usage, l'établissement 
de registres pour constater les naissances et les décès. » 

(5) L^exemple le plus frappant des variantes employées pour écrire le 
même nom nous est fourni par le nom patronymique Faber (ouvrier, tra- 
vailleur), qui devait être naturellement très commun en raison de sa signi- 
fication applicable à une foule d'individus exerçant la profession de manœuvre, 
sans profession spéciale. Le mot latin Faber a donc eu pour dérivés : Fabre^ 
Favrey Faure^ Faivre, Le Fèvre^ Du/aure, Lefaure, etc., etc. A St-Vallier 
comme ailleurs, nous voyons des Fabre et des Faure, 



LE REGISTRE BAPTISTAIRE DE SAINT-VALLIER. 405 

mis en vertu du droit d'aînesse, conservèrent à peu près intacts, 
à leurs successeurs, les noms de leurs ancêtres, parce qu'alors 
les notaires se référaient à leur égard, pour les nouvelles trans- 
criptions, aux actes rédigés antérieurement. 

En terminant cette courte notice, je me permettrai d'exprimer 
le vœu que, dans toutes les mairies de France, il soit procédé 
quelque jour, au dépouillement des anciens registres parois- 
siaux afin d'y relever, pour être publiées, toutes les mentions se 
rapportant aux personnages illustres ou à des événements re- 
marquables. Si un tel travail avait été fait, par exemple, pour 
l'état-civil de la ville de Paris, antérieurement à 1871, la des- 
truction de ses archives serait actuellement moins profondé- 
ment regrettable pour l'histoire (i). 

(i) Ce vœu se trouve réalisé dans la Drôme par la publication del7nv«it- 
taire sommaire des archives départementales t t. III, IV et V où est imprimée 
Tanalyse de ces registres. 

Albert CAISE, 
Membre de la Société des Gens de Lettres. 



^lida, septembre 1892. 



4o6 sociÉii d'archéologie kt de statistique. 



ESSAI 



DE 



BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE 



(Suite. — Voir la loa* livr.) 



2. — Essai historique sur V abbaye de S, Barnard et 
sur la ville de Romans^ par M. Giraud^ ancien député, 
membre correspondant du ministère de V Instruction pu- 
blique pour les travaux historiques. 

Première partie^ accompagnée de pièces justificatives 
inédites^ entre autres du Cartulaire de Romatis annoté. — 
Lyon, imprimerie de Louis Perrin. i856. — T. I•^ Texte^ 
in-8® de 2 ff. lxiii pp. 2 fl. 263 pp. 2 fac-similé et 5 grav. 

Tome II, Preuves^ de 4 ff. 33o pp. 

Deuxième partie^ accompagnée de pièces justificatives 
inédites^ par M. Giraud^ ancien membre correspondant,. . 
— Lyon, à la librairie ancienne d'Auguste Brun, rue du 
Plat, i3, à l'enseigne de la Providence. MDCCCLXVI. 
(Imprimerie de Louis Perrin). 

» 

2 vol. in-8^ de 2 ff. xxx pp. r f. SgS pp. i f. {texte\ et 
4 ff. 393 pp. {Preuves). 

Complément textuel du cartulaire^ faisant suite aux 
Preuves de la première et de la seconde partie. — Lyon, 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROM AN AISE. 4O7 

imprimerie Louis Perrin. 1869. — i vol. in-8® de xvi-280 
pp. et 2 ff. 

Au total, 5 vol., imprimés sur papier fort. 

Ce magistral ouvrage est le plus intéressant, le plus 
érudit et le plus étendu que Ton puisse consulter sur l'his- 
toire de Romans. Nous voudrions pouvoir ajouter aussi : 
le plus complet ; mais malheureusement, il n'a pas été 
achevé, et s'arrête au XIV* siècle. Dans le plan de son au- 
teur, il devait comporter encore deux volumes, pour une 
troisième partie, amenant l'ouvrage jusqu'à nos jours, ou 
au moins jusqu'à la Révolution ; de telle sorte qu'il n'en 
a paru que les deux tiers. M. Giraud aurait eu le temps, 
dans sa verte et laborieuse vieillesse, de traiter encore 
cette dernière partie ; mais il n'y attachait pas une grande 
importance, le moyen-âge seul ayant de l'attrait à ses yeux 
et lui paraissant la limite extrême de l'histoire. 

Tel qu'il nous l'a laissé, VEssai historique de M. Gi- 
raud, nous nous plaisons à le reconnaître, est encore, et de 
beaucoup, ce que nous avons de mieux sur l'histoire de 
la ville et de sa célèbre abbaye. Nous allons essayer d'en 
donner ici une brève analyse. 

Dans une savante Introduction servant de préface à 
tout l'ouvrage, l'auteur nous dit quels motifs l'ont déter- 
miné à l'écrire, et à venir ainsi sur les brisées de Dochier, 
qui avait traité ce sujet avant lui. C'est qu'il est devenu 
l'heureux possesseur d'une copie du Cartulaire de Saint- 
Barnard, source première et indispensable de l'histoire de 
l'abbaye, que Dochier n'avait point connue ou très peu 
utilisée. Il en donne le résumé, puis indique les auteurs 
qui, avant lui, y ont eu recours : de Boissieu, Chorier, 
Valbonnais, les Bénédictins Dom Martène et Dom Du- 
rand, etc. ; il raconte les différentes vicissitudes du pré- 



4o8 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

cieux document, jusqu^à sa disparition après avoir passé 
entre les mains de Tarchiviste Moulinet, vers 1795. 
« Toutes mes démarches pour le recouvrer, ajoute-t-il, 
sont demeurées inutiles, et, selon toute apparence, il est 
à jamais perdu pour nous. » Nous verrons bientôt que, 
grâce à Dieu, il n^en a rien été. 

La première partie, texte et preuves, comprend les ori- 
gines de rabba}^e et forme, comme Tobserve Tauteur, un 
tout à peu près complet. Sans avoir l'intention de s'en 
tenir là, il déclare, dans la même introduction, qu'il ne 
prétend s'occuper, pour le moment, que de cette première 
période, s'arrêtant au commencement du XlIP siècle. 
« La seconde, ajoute-t-il, que j'ai le dessein de faire pa- 
raître plus tard, et lorsque j'aurai rassemblé tous les ma- 
tériaux nécessaires, continuera l'histoire de cette même 
abbaye depuis le point où je la laisse aujourd'hui jusqu'à 
sa suppression, et celle de la ville, depuis la même époque 
jusqu'à nos jours (i). » 

Il convenait de dire en commençant quelques mots du 
saint qui donna son nom à l'abbaye. Pour n'avoir pas à 
répéter ce qu'en ont dit les BoUandistes ou le Père Fleury- 
Ternal, et pour donner du saint fondateur une vie ni trop 
longue, ni trop succincte, qui eût en même temps le mé- 
rite d'un document inédit, M. Giraud a fait précéder les 
annales proprement dites de V Eloge historique de saint 
Barnard^ archevêque de Vienne et fondateur des abbayes 
d''Ambronay et de Romans^ composé par Dom Claude Es- 
tiennot, religieux d'Ambronay (pp. xli à lxiii). 

Les annales de l'abbaye s'arrêtent, dans ce premier vo- 
lume, à une transaction intervenue, vers l'année 12 12, 



(i) Introduction, p. iij. 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 40g 

entre l'archevêque de Vienne, l'abbé de St-Barnard et les 
habitants pour la fixation de leurs droits respectifs, traité 
qui fait époque dans l'histoire de la ville, et par lequel la 
nouvelle cité formée autour du monastère affirme son 
existence indépendante de celle de rabba)'e. Dans le corps 
de l'ouvrage, on admire les reproductions supérieurement 
exécutées d'une inscription de Saint-Paul-lès-Romans 
(p. 232) et d'une charte de 1 199 (p. 236), celle-ci imitant 
non seulement la couleur, mais même les échancrures et 
les trous du parchemin. A la fin du volume sont cinq 
planches gravées, représentant différentes parties de 
l'église de St-Barnard, savoir: i^ le plan de l'église et 
du cloître ; 2"* la porte occidentale ; 3° la coupe longitu- 
dinale; 4° les deux petites portes septentrionale et méri- 
dionale ; 5° une colonne soutenant l'abside d'une petite 
chapelle dépendante de l'église (actuellement dans la mai- 
son Gras). 

Le volume qui accompagne celui que nous venons de 
décrire porte en sous-titre, au second feuillet : Cartulaire 
de Romans annoté^ et autres pièces justificatives servant 
de preuves à la première partie de V Essai histori- 
que.., etc. Les chartes qui y sont reproduites ou analysées 
sont numérotées de i à 401. La plus ancienne est de 817, 
et la plus récente de i343; mais l'ordre chronologique 
n'est, pas rigoureusement observé dans leur disposition. 
Une' table des noms propres, tant de lieux que de per- 
sonnes, permet de retrouver facilement tous ceux qui s'y 
trouvent contenus. Elle est suivie de quelques appendi- 
ces contenant : 1° une nomenclature de quelques subdivi- 
sions territoriales des Pagi majores aux IX*-XII* siècles, 
d'après le cartulaire de Romans ; 2*^ le texte intégral, trouvé 
après coup, de quatre chartes, simplement analysées dans 
le corps du volume ; 3® enfin une dissertation sur le pre- 



410 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

mier nom du monastère fondé par S. Barnard (pp. 325- 
3o). Le chiffre de l'imprimeur Perrin occupe le dernier 
feuillet resté en blanc, comme aussi à tous les autres vo- 
lumes, sauf au premier. 

Un intervalle de dix ans sépare la seconde partie delà 
première. L'auteur se disposait à la livrer au public lors- 
qu'un événement considérable l'obligea d'apporter à son 
manuscrit de nombreuses retouches et additions : ce fut 
la découverte du cartulaire original de S. Barnard, dans les 
combles de l'hôpital de Romans, en novembre 1864 (i). 
Dans V Avant-Propos qui précède le volume de texte de cette 
seconde partie, M. Giraud raconte avec détail cette heureuse 
découverte et entre dans une description minutieuse du 
précieux manuscrit ; puis il reprend les annales de l'abbaye 
et de la ville, depuis la dernière conférence tenue à Ro- 
mans entre Simon de Montfort, l'archevêque de Vienne 
et le comte de Valentinois au sujet des Albigeois, sur la 
fin de in3, jusqu'à la réparation du pont sur l'Isère, 
dont le prix-fait fut donné par les consuls le t i août 140 1 . 
Un aperçu sur l'état de la ville à cette date et un résumé 
de son histoire pendant le XIV® siècle terminent ce volu- 
me, qui n'a ni tables, ni gravures; on y trouve seulement 
à la p. 275 la reproduction dans le texte de deux sceaux 
de la cour commune de Romans. 



(i) C'est M. le docteur Chevalier qui fit cette découverte lorsque, se dis- 
posant à publier son histoire des hôpitaux de Romans, il eut l'heureuse 
pensée de rechercher jusque dans les galetas de rétablissement les vieux 
débris de registres ou de documents qui pouvaient s'y trouver. Personne 
jusqu'à présent, pas même M. Giraud, dans son récit pourtant bien cir- 
constancié, n'a fait à M. Chevalier l'honneur de lui attribuer ce signalé 
service rendu à nos chroniques et à la science historique. Ce n'eût été 
pourtant que justice. Cuique suum. 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 411 

Le volume des preuves devant servir de pièces jus- 
tificatives à celui-ci renferme d'abord un Appendice au 
Cartulaire de S, Barnard. On y trouve le texte intégral, 
de plus de 80 chartes ou bulles, publiées seulement par ex- 
traits ou par analyse à la suite de la première partie, avec 
une foule de notes complémentaires et de rectifications 
pour un grand nombre d'autres. A partir de la p. 114 
sont les Nouvelles pièces justificatives^ au nombre de 40, 
la plupart très longues, dont quelques-unes en fran- 
çais. Le premier de ces documents est du i**" décembre 
12 18, et la dernière date exprimée dans les plus récents 
est de Tan 1493. A la suite on trouve une note intéres- 
sante sur la sépulture et la famille de Jean de Bernin, ar- 
chevêque de Vienne, puis une liste chronologique des 
sacristains de l'église de St- Barnard (1096-1790). Ce vo- 
lume n'a pas de tables. On y remarque une répétition dans 
la pagination depuis les pp. 97 à 110, qui sont cotées bis 
après la p. 112 sine addito. Les pp. 11 1 et 112 secondesr 
ne sont pas chiffrées, parce qu'elles arrivent au feuillet 
blanc qui sépare, avec un petit titre au recto, les nouvel- 
les pièces justificatives des anciennes; de sorte que ce 
tome a en réalité 409 pp. au lieu de 393, qui est le chiffre 
du dernier feuillet. 

Enfin, le 3* vol. des pièces justificatives, qui est le cin- 
quième et dernier de tout l'ouvrage, reproduit intégra- 
lement 23 1 chartes, c'est-à-dire plus de la moitié du Car- 
tulaire, qui en compte en tout 434. C'est ce qu'explique 
une Note préliminaire (pp. i à xi), suivie d'un tableau 
de concordance indiquant le tome et la page où se trouve 
le texte de chacune des pièces du Cartulaire, sous son 
numéro d'ordre. Cette reproduction ne fait pas double 
emploi avec les deux autres volumes de preuves, mais 



412 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

les complète, depuis le n* 77 jusqu'à 400, avec quelques 
bis et de nombreuses intermissions. Une nomenclature 
des noms de lieux et de personnes contenus dans les 
(3f chartes formant le complément textuel du Cartulaire, 
occupe 61 pp. à la fin, et sert de table, non seulement 
à ce volume supplémentaire, mais aussi au précédent. 

L'auteur, comme il nous le dit lui-m'ême dans son in- 
troduction, se proposait de ne donner à son ouvrage que 
deux parties; mais la découverte du Cartulaire l'ayant 
amené à apporter des développements considérables à la 
seconde, il se vit obligé d'arrêter celle-ci à la fin du XI V« 
siècle, et de réserver le surplus pour une troisième partie, 
qui devait amener les annales de la ville jusqu'à nos jours. 
C'est ce qu'il annonce à la fin du deuxième volume de 
texte, en parlant des prétentions du chapitre, dont il a 
déjà commencé Thistoire. « Il fallut, dit-il, la main vigou- 
reuse de Louis XI pour le réduire à Tobéissance, comme 
nous le verrons plus amplement dans la troisième et der- 
nière partie de cet Essai. » Celle-ci, hélas! n'a jamais vu 
le jour. 

L'Essai historique sur Vabbaje de St-Barnard est un 
modèle du genre, et il a fondé la réputation de son auteur. 
Dans sa séance du 28 juin 1867, l'Académie des Inscrip- 
tions et Bel les- Lettres lui a décerné la deuxième médaille 
du concours ouvert par la commission des Antiquités de 
France. Dès l'apparition de la première partie, ce bel ou- 
vrage fut l'objet d'un compte-rendu très élogieux de M. 
deMontalembert, publié par le Correspondant du 25 juillet 
i858 (t. xLiv, pp. 462-8), sous ce titre ; De quelques ré- 
cents travaux d'histoire monastique. Il a été aussi longue- 
ment et soigneusement analysé dans l'article suivant, paru 
d'abord dans le Bulletin de la Société Archéologique de 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 4l3 

la Drôme^ t. I, pp. 240-9, et t. II, pp. 169-78, et tiré 
à pan en brochure sous ce faux titre : 

3. — Bibliographie, — Essai historique sur V abbaye, 
de St-Barnard et sur la ville de Romans^ par M. Giraud^ 
ancien député. (Valence, Chenevier et Chavet, imprim. 
In-8* de 20 pp., s. d.) 

L'auteur anonyme de ce compte- rendu est M. Tabbé 
Ulysse Chevalier, qui, du reste, est désigné sous son nom 
dans les tables générales du Bulletin, 

Voir encore sur l'ouvrage de M. Giraud le Courrier de 
la Drôme et de VArdèche du 8 février 1857. 

4. — Notice sur la ville de Romans et le Bourgdu^ 
Péage, accompagnée d'une carte topographique de la ville 
de Romans^ du Bourg-de- Péage et des environs^ dressée 
avec toute l'exactitude désirable à l'échelle ^^^^^ par 
H^^ Vanleemputten^ capitaine au 58* régiment d'^infan- 
terie, — Toulouse, typogr. de J. Dupin, rue de la Pomme, 
28. 1864, (Prix : I fr. 5o.). Grand in-S** de 89 pp., avec un 
plan de la ville (carte pliée). 

Cette brochure est devenue très rare. 

5. — Notes historiques sur la ville de Romans^ par le 
ly Ulysse Chevalier, — Vienne, T.-J. Savigné, impri- 
meur-éditeur. 1880. (Extrait de la Revue du Dauphiné et 
du Vivarais^ n** de mars-avril 1880). Broch. de 24 pp. 
grand in-8% et une gravure. 

Après une notice très succincte sur la ville, vient une 
longue liste chronologique des Entrées^ passages et se'- 
jours à Romans de personnages historiques (pp. !3-i8), 
puis une nomenclature des monuments et établissements 
publics, tant anciens que modernes, y compris ceux qui 
ont disparu. 

En tête est une assez bonne gravure (7.-A/. Frugère se) 



414 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

représentant une Vue de Romans prise du haut du coteau 
des Chapeliers. Les armes de la ville décorent la pre- 
mière page du texte. 

6. — La France par cantons et par communes^ par M, 
Th. Ogier. — Département de la Drôme. — Valence, 
imprim. de Chenevier et Chavet. i863. 

— Canton de Romans, précédé d'un aperçu géogra- 
phique et topographique sur une certaine étendue de ter-- 
rain qui embrasse indistinctement les territoires des 
départements de la Drôme et de l'Isère^ pour appliquer 
autant que possible sur ces territoires la marche des 
colonisateurs qui vinrent^ après le retrait des eaux dilu- 
viennes^ apporter la vie humaine dans ces contrées. — 
8 pp. in-4®, titre compris. 

C'est, croyons-nous, tout ce qui a paru, c'est-à-dire le 
premier cahier. L'auteur débute ainsi : « Comuie Ta déjà 
annoncé une plume pleine de vivacité et d'esprit, et sur- 
tout d'une grande bienveillance pour nous [en note : Le 
spirituel rédacteur du journal la Romanaise^ du 26 mars 
i863), nous avons cru qu'il était de notre intérêt de faire 
marcher de front le travail des quatre départements qui, 
réunis pendant nombre de siècles sous une unique déno- 
mination, celle de YAllobrogie^ qui devint le Dauphiné^ 
n'eurent qu'une seule et même existence. » 

Le titre seul de ce factum nous oblige à en faire men- 
tion ici. Il n'y est pas dit un mot de Romans. 

A. — Notice sur Romans, dans la Statistique de la 
Drôme^ i*"* édition, in-8** ('819), pp. 222-227; — 2* édi- 
tion, in-4° (ï83ô), pp. 596-602. (Suppression de plusieurs 
passages de la i""® édition ; mais augmentation d'une page 
pour la nomenclature des illustrations de Romans). 

B. — Romans. — Article de Jules OUivier, dans VAl- 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMA^AISE. 4l5 

bum du Dauphiné^ t. i*"", pp. 38-42, avec deux gravures, 
dont l'une représente le Pont de l'Isère, avec une vue sur 
le Bourg-de- Péage, et l'autre, l'église de St-Barnard et 
une silhouette de la ville, vue du Pont. — Cette notice a 
été reproduite dans V Annuaire du département de la 
Drôme pour i836, (Valence, Borel, imprim. -éditeur), 
pp. 23-3 1. 

C. — Romans. — Notice, principalement au point de 
vue féodal, dans : Statistique notariale de Varrondisse^ 
ment de Valence^ accompagnée de Notices historiques sur 
les diverses localités de cet arrondissement. (Romans, 
R. Sibilat André, imprimeur-éditeur. 1888. In-8"), pp. 
5r-52. 

D. — Romans. — Vue (comprenant le quartier de St- 
Barnard, le pont et un coin du Bourg- de- Péage), avec 
armoiries, au frontispice du Journal illustré du 25 no- 
vembre au 3 décembre r865 (2* année, n® 94.) — Notice 
signée Jacques Bonus, au revers de la feuille, p. 378. 

E. — Petit cours de géographie,. — Etudes sur la pille 
de Romans (dans le Journal de Romans des 6 mars, 24 
avril,.... 1870, etc.) 

F. — Romans. — (Notice abrégée, sans signature^ en 
3 colonnes, dans VEcho Romanais du 8 août 1880.) 



§ II. — Particularités de l'histoire de la ville 

par ordre chronologique 

I. Moyen-âge, jusqu'au XVI« siècle 

7. — Dissertation sur V origine et la population de la 
pille de Romans, par M. Dochier^ ancien maire de cette 

2' Série. XXVI« Volume. -1892. 30 



41 6 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

pille. Valence, de rimprim. de Jacques Montai. i8i3. 
In-8® de 33 pp. — (Brochure devenue très rare.) 

8. — Le Dauphin Humbert II et la ville de Romans^ 
par M. le docteur Ulysse Chevalier, — Valence, impr. 
de J . Céas et fils. i883. Broch. de ^l4 pp. in-8**. (Extrait du 
Bulletin de la Société Archéologique de la Drôme^ t. xvrr, 
pp. 257-77, 333-56.) 

Ce sont les annales de la ville pendant la première moi- 
tié du XIV* siècle. La vie du dauphin Humbert II y est 
exposée et appréciée non seulement dans ses rapports avec 
la ville de Romans, mais dans son ensemble. 

G. — Compte des dépenses faites par les hommes d'ar- 
mes mandés à Romans par ordre du dauphin (Charles, 
fils aîné du roi Jean, depuis Charles V). 

Texte latin du 14-15 juillet i355, publié par M- l'abbé 
Ul. Chevalier dans ses Documents inédits sur le Dau- 
phiné, (Montbéliard, Hoffmann ; Lyon, Aug. Brun. 1874. 
In-8'*), parus d'abord dans le Bulletin de la Société de 
Statistique de TTsère^ y sér'ie^ t. vi, n** xlix, pp, 146-8. 

H. — Revocatio in parte privilegiorum ville de Roma- 
nis. — (Par l'empereur Charles IV, le 4 juillet 1373.) 

Dans l'ouvrage précité : Documents inédits sur le Dau^ 
phiné^ n° lxv, pp. i83-5. 

I. — Convocatio baronum et castellanorum Dalphi^ 
natus. 

C'est la liste de tous les gentilshommes qui assistèrent 
aux Etats du Dauphiné tenus à Romans le 8 janvier i373. 
[Ibidem^ n® lxv, pp. 185-9.) 

J. — Mandatum prelatorum^ nobilium et universi- 
tatum. 

Liste des prélats, des gentilshommes et des communau- 
tés mandés par lettre clause du gouverneur du Dauphiné 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 417 

pour assister aux Etats de la Province, qui devaient se 
tenir de nouveau à Romans le 22 mai i386. {Ibidem^ 
n° Lxxi, pp. 200-6.) 

K. — Documents relatifs aux Etats de Dauphiné tenus 
à Romans au mois de mars 1488^ publiés par M. R. 
Delachenal, archiviste paléographe, dans le Bulletin de 
V Académie delphinale^ 3* série, t. rg (27'' de la collection). 
1884. pp. [98-234. On trouve quelques extraits de cet 
important travail dans le Bulletin de la Société d'Etudes 
des Hautes-Alpes^ t. v, p. 5 18. 

9. — Un tournoi à Romans en 1484^ par le D" Ulysse 
Chevalier. — Romans , imprimerie R. Sibilat- André. 
1888. — Brochure in-8° de 83 pp. 

Extrait de VImpartial de Romans des 1*% 8, i5, 22, 29 
décembre 1887, 6, 12 et 19 janvier 1888. 

II. Le Mystère des Trois Doms 

10. — Composition^ mise en scène et représentation du 
mystère des Trois Doms^ joué à Romans les ^27, 28 et 2g 
mai^ aux fêtes de Pentecôte de Van i5og. D'après un ma* 
nuscrit du temps publié et annoté par M. Giraud^ ancien 
député^ membre corresp. du Comité hisi, des Arts et 
Monuments. — Lyon, imprimerie de Louis Perrin. 
MDCccxLviii. — Grand in-8'' de i3o pp., une p. d'errata et 
2 planches. Tune en frontispice représentant les armes 
de Romans et celles du chapitre de St-Barnard ; Taurre 
(p. 40), un fac-similé de charte reproduit avec la teinte 
naturelle. 

De la p. 41 à io5 est la reproduction textuelle du mé- 
moire original des dépenses occasionnées par la repré- 
sentation du mystère. Une série de notes explicatives sur 



41 8 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

le récit de l'auteur, cotées de A à N, termine le volume. 
On remarque, à la p. i r8, la reproduction d'un jeton du 
chapitre de Romans (i). 

Voir sur cette publication le Bull, de la Soc. Archéolog. 
de la Drôme^ t. xi, pp. 35o-5i. (Art. de M. Lacroix, inti- 
tulé : Le Théâtre à Die et à Romans,) 

II. — Mystère des Trois ^oms, joué à Romans en 
iSog. — Documents relatifs aux représentations théâ- 
trales en Dauphiné^ de 1400 à i535, — Romans (sans 
plus). — Broch. in-S** de 40 et 68 * pp. 

La pagination avec astérisque est pour les Documents 
relatifs aux représentations théâtrales^ qui forment la 
seconde partie de cette brochure. Ce sont deux tirages à 
part distincts, réunis sous la même couverture, laquelle 
seule porte le titre imprimé ; à l'intérieur, il n'y a qu'un 
faux titre pour Tune et Tautre partie. La première a été 
publiée d'abord dans le Bulletin d^hist, ecclésiastique et 
d'^archéoL religieuse des dioc. de Valence^ ^^P^ Grenoble 
et Viviers^ t. vu, pp. 81-4^ 96-108, 209-221 ; t. viii, 
pp. 61-73; et la seconde, ibidem^ t. iv, pp. 189-204, 
244-9, 201-8 ; t. v, pp. 38-48, 209-56, .374-6 ; et t. vi, 
pp. 63-4. Cette deuxième partie ne renferme qu'un para- 
graphe relatif à Romans, pp. 23*-29* ; les autres sont rela- 
tifs à Die, à Grenoble, à Montélimar, à Nyons, à Va- 
lence, etc. 

Tous les exemplaires portent, en anglaise ronde litho- 
graphiée, au sommet droit de la couverture : Offert par 
Ulysse Chevalier^ correspondant de V Institut, 3o décem- 



(i) Ce jeton reproduit à Tavers les armes de la Société de la chapelle de 
St-Maurice, et au revers, celles du chapitre de St-Barnard. (Note de M. le 
ly Chevalier.) 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 419 

bre 1887, C'est la date du jour où l'auteur venait d'être 
décoré de ce titre. 

12. — Le Mystère des Trois Doms^joué à Romam en 
MDIX ^ publié d'après le manuscrit original avec le 
compte de sa composition^ mise en scène et représenta^ 
tion^ et des documents relatifs aux représentations théâ* 
traies en ^auphiné du XIl^^ au XVP siècle^ par feu 
Vaul'Emile Giraud^ ancien député^ ancien Correspond 
dant du Ministère de l'Instruction publique^ et- Ulysse 
Chevalier^ chanoine honoraire^ membre non résidant du 
Comité des travaux historiques. — Lyon, librairie an- 
cienne d'Auguste Brun, rue du Plat, i3, à l'enseigne 
de la Providence, mdccclxxxvii. (Montbéliard, impr. P. 
Hoffmann), i vol. in-4° de cxLviii-928 pp. (Tiré à 200 
•exemplaires.) 

La préface (paginée en ch. rom.) est signée U. (1. et da- 
tée de Romans, 19 novembre 1886. — A la fin du vol., 
on lit l'indication suivante : Commencé d'imprimer le 2 
février i883\ achevé le 12 février i88j^ par Paul 
Hoffmann^ à Montbéliard. 

Le corps de l'ouvrage comprend: 1° le texte du Mys- 
tère (pp. I à 590) ; 2® les documents originaux indiquant 
la distribution des rôles et le compte des dépenses faites à 
l'occasion de la mise en scène du Mystère (pp. 591 à 643) ; 
3*^ des documents, extraits pour la plupart des comptes 
consulaires, pour représentations théâtrales à Die (pp. 
645-51), à Grenoble (pp. 652-94), à Montélimar (pp. 695- 
705), à Nyons (pp. 706-7), à Romans (pp. 708-83 1), à Tau- 
lignan (p. 83 1), à Valence (pp. 832-872), à Vienne (pp. 
873-914). C'est la reproduction de la seconde partie du 
n* précédent. Suit un index onomastique^ ou glossaire des 
mots contenus dans le texte du Mystère. La table qui ter- 
mine le tout n'a que deux pages. 



420 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Cet important ouvrage de M. Tabbé Ul. Chevalier a été 
Tobjet de nombreux comptes rendus, dont plusieurs sont 
de vrais articles de fond. Les principaux sont : 

i3 — Bibliographie, — Le Mystère des Trois n^oms... 
(Reproduction intégrale du titre ci-dessus), par l'abbé 
Fillet. — Valence, 1887. In-8° de 9 pp. — (Extrait du 
Bulletin de la Société Arch. de la ^rôme^ t. xxi, pp. 201- 
209. (2* livr. 1887.) 

14. — Bibliographie, — Le Mystère des 7 ro/s ^oms. . . 
(Reproduction intégrale du titre.) — Romans, impr. R. 
Sibilat André. — In-12 de 16 pp., signé L. C(havanet). 

(Extrait de YImpartial de Romans des 3i mars, 7 et 14 
avril 1887). 

Outre ces deux comptes rendus analytiques tirés en 
brochures, en voici d'autres, dont quelques-uns sont en- 
core plus étendus, et la plupart fort importants par la no- 
toriété, la situation et la compétence de leurs auteurs : 

Le Journal des Savants^ n*^ de décembre 1887, pp. 755- 
64 (article de M. Gaston Paris), reproduit en partie par 
le Bulletin de V Académie delphinale^ 4** série, t. m, pp. 
38-40. 

La Controverse et le Contemporain^ livraison d'août 
1887, t. X, pp. 615-624 (art. de M. Félix Vernet). 

Bulletin Critique du i®*" août 1887, pp. 288-289 l^^^- 
de M. Paul Fournier). 

bibliothèque de V Ecole des Chartes^ t. xlviii, pp. 147-8 
(art. de M. Léop. Delisle, reproduit par les Précis histo- 
riques de Bruxelles, t. xvi de la 2® série, pp. 472-3 ; par 
\t Bulletin mensuel des Facultés catholiques de Lyon^ t. 
XII, pp. 167-9, ^f P^'' '^ Chronique du diocèse de Valence 
servant de supplément au bulletin d^hist, ecclés, et d^ar- 
chéoL relig. de Valence^ n** de juin-juillet 1887, p. xxiti). 



ESSAI DE BIBLIOGRAPHIE ROMANAISE. 42 I 

Lq Messager' de Valence du 17 janvier 1887 (art. signé 
L. F(fLLET), et du 2 1 juillet. 1887 (art. signé A. R.) 

La Repue Critique d'hist, et de littérature du 29 août 

1887, pp. 148-152 (art signé T(amizey) de L(aroque). 
Le Polybiblion^ 2* série, t. xxvii, p. 336-9 (^^^- ^^ ^' 

Marius Sepet). 

Bulletin de la Société d'Etudes des Hautes-Alpes^ t. vi, 
pp. 171-3. 

Petite Revue Dauphinoise (Voiron, Baratier et Molla- 
ret), 2* année (1887-88), pp. 42-44. 

La Semaine relig. de Grenoble^ couverture du 21 avril 

1888. (Demi-p. signée A). 

Jahrbûcher des Vereins von Alterihums-freunde im 
Rheinlande (Bonn. 1887), (Société des Antiquaires du 
Rhin), t. 85, pp. 129-30 fart, signé : Hauptmann). 

Estratto dal Giornale storico délia letteratura Tta- 
liana^ diretto et redatto da Arturo Graf^ Francesco No- 
vati^ Rodolfo Renier, — Torino, 1889 ; vol xiv, p. 129. 
— Art. intitulé : Misteri e sacre rappresenta^ione^ signé 
Alessandro d'Ancona, pp. 3 à 43. Nombreuses citations 
du Mystère français dans un texte italien. Il y a dans la 
même livraison le compte-rendu d'un autre mystère : La 
Passion de Revello^ écrit en italien. 

Travaux des membres de l'Académie delphinale en 
iSSj et 1888^ par M. Paul Fournier, dans le bulletin 
de la même Académie, 4** série, t. ni, pp. 36-40 (Voir 
aussi p. 8.) 

La représentation d'un Mystère à Romans en iSog^ 
art. de M. Louis Vaesen dans la Revue des questions his^ 
toriques^ t. xliv (n® de juillet 1888), pp. 230-237. 

Le Mystère des Trois Doms a été l'objet d'un rapport 
de M. Léonce Couture aux Jeux Floraux de Toulouse. 
Nous croyons que ce rapport n'a pas été publié. 



422 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

III. Depuis le XVI« siècle jusqu'à la Révolution 

L. — Entrée et séjour du roi Louis XII à Romans, 
(27 juin-i*'' juillet i5i i.) 

Ihm^ du duc de Bourbon. (i2-i3 juillet ibii.) 

Documents latins publiés par M. le chan. Ulysse Che- 
valier dans le ISulletincVhist^ ecclés. et d'arch. religieuse 
des dioc, de Valence^ Grenoble...^ t, iv, pp. 122-123. 

M. — Lettre de ^ayart à Claude Thomé^ juge de la 
pille de Romans. (22 juin i523.) 

(Extraite des Archives municipales de Romans et pu- 
bliée par M. l'abbé Ul. Chevalier dans le bulletin d'hist. 
ecclés,., de Valence^ t. vi, p. 124.) 

! 5. — Entrée de François /*"' à Romans en M^XXXIII. 
Relation du temps ^ annotée par M. Emile Giraud. — 
Valence, imprimerie Chenevier etChavet. 1873. — In-8* 
de 26 pp. 

(Extrait du bulletin de la Société d^ Archéologie et de 
Statistique de la ^rôme^ t. vu, pp. 77-100.) — Figure 
gravée de la médaille frappée à Romans à Poccasion de 
cet événement. 

CA continuer^. 

Cyprien PERROSSIER. 



LUC ET SA mosaïque 



I 

Les Romains 

La découverte récente d'une belle mosaïque romaine à 
Luc, chez M. Nal, ayant appelé l'attention des archéolo- 
gues sur ce bourg, traversé par la route nationale de 
Valence à Gap et desservi par la voie ferrée de Livron 
aux Alpes, nous avons recherché son histoire dans les 
siècles passés, et ce modeste travail permettra peut-être 
de combler différentes lacunes de ses annales. 

Luc est situé dans une vallée couverte d'arbres à fruits, 
sur la rive droite et à peu de distance de la Drôme. Son 
origine n'est pas connue; toutefois, M. Long veut qu'il 
ait été construit par les Romains pour défendre la vallée 
et la route des Alpes au Rhône. 

Les auteurs anciens se bornent à lui donner le titre de 
capitale des Vocontiens avec Vaison et de municipe(i). 
Son nom de Lucus vient de quelque bois sacré du voisi- 
nage, et celui de Lucus Augusti remonte à l'époque où 
Auguste fut mis au rang des dieux par Tibère (2). 

« On voit peu d'inscriptions à Luc, dit M. Long, et 



(i) Le municipe avait son gouvernement à Tinstar de Rome. 
(3) Longf Recherches sur Us antiquités du pays des Vocontiens, i vol. 
in-4% p. 13a et suiv. 



424 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

Die, dont les historiens et les géographes n'ont point parlé, 
en a fourni un grand nombre. » Cela peut tenir à la con- 
dition modeste ou à Tinsouciance des habitants de Tune 
et à la richesse ou à l'instruction plus avancée des habi- 
tants de l'autre. Il existe cependant assez de monuments 
épigraphiques relatifs à Luc pour être signalés ici. E. Her- 
zog a donné les épitaphes de quatre soldats morts en 
Allemagne et nés dans ce bourg, appartenant tous à la 
tribu Voltinia, ce qui exclut les villages de même nom où 
cette tribu n'avait aucun pouvoir : le premier s'appelait 
Agileus, vétéran de la légion VIII ; le second, Sextus 
Valérius, soldat de la légion XXII ; le troisième, M. Apro- 
nius Secundus, soldat de la légion XI, et le quatrième, 
T. Vibius (i). 

C'est à M. Allmer que revient le mérite d'avoir signalé 
le premier : 

1* Un fragment découvert à Luc, en 1864, portant en 
lettres de bonne forme : 

IVLIVS P.F.V. 

AED. VOC. 

qu'il traduit ainsi : « ... Julius... fils de Publius (Julius) de 
la tribu Voltinia... édile des Voconces (2) ; 

2** L'épitaphe d'Arbacia, fidèle servante de Dieu ou 
chrétienne baptisée^ décédée à 33 ans, sous le consulat de 
Cassiodore, en 614 (3). 

Cette dernière inscription a été extraite, en 1860, des 
décombres de l'église de Luc et transportée à Die chez 
M. de Lamorte-Félines. 



(1) E. Herzog, Galliœ Narhonensis provinciœ romance kistoria, p. loi de 
VAppendix épigraphica. 
(3) Bulletin de la Société d'Archéologie de la Drame, X, p. 307. 
(3) Id. VII (1873), p. 357. 



LUC ET SA mosaïque. 425 

Elle prouve que le bourg avait encore des habitants en 
5 14 et que Fabius Valens ne le détruisit pas entièrement. 

Quant à la première, son importance réside dans l'in- 
dication de la tribu Voltinia, à laquelle appartenaient les 
soldats cités par E. Herzog. 

Nous ne revendiquerons ni Tépitaphe de Nigrius, rap- 
portée par D. Bouquet, ni la colonne milliaire dédiée à 
Néron, dont l'identité n'est pas certaine, les auteurs attri- 
buant la première à un Luc allemand et la deuxième à un 
chef lieu de canton du Var. 

Mais il faut rappeler ici deux inscriptions, Tune de 
Félix, préfet ou délégué des Voconces, et l'autre d'une 
fille de 26 ans, appelée Pompéia, que l'on a cru provenir 
d'un tombeau monumental, ayant la forme d'un petit 
temple (i). 

Voici la note consacrée à la dernière inscription dans 
les registres de baptêmes, mariages et sépultures de Luc, 
à la fin du XVIIP siècle : 

« La pile de la fohtaine publique du village est formée 
par un très beau chapiteau antique en pierre que l'on a 
creusé ensuite; ce qui en reste aujourd'hui n'est qu'un 
fragment dont il manque le commencement et la fin. Au- 
dessous est une inscription en caractères qui paroissent 
du siècle d'Auguste. Elle renferme ces mots sur une seule 
ligne : t. fil. Pompeiae annorvm xxvi Pomp. v. 

Titi filii Pompeiœ annorum XX VI Pompeius uxori, 
(Pompeius a élevé ce monument à son épouse Pompeia, 
fille de Titus (2). 

« M. le chevalier de Gailhard, fesant la visite de la com- 



(1) Bulletin, t. VI (1871), p. 358. 

(3) A la mairie de Luc. — Il faudrait alors Titi Filiœ, etc. 



426 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

manderie, voulut se donner la peine de faire renverser 
cette pile et eut la bonté de mettre de sa main Pinscription 
ci-dessus, le 2 octobre 1764. 

« M. de Vérone (Moreau) respecte infiniment les lumiè- 
res et les décisions de M. le commandeur de Gailhard; il 
lui paroit cependant que son observation pourroit n'être 
pas juste. En effet, la femme, chez les Romains, portoit 
un nom différent de celui de son mari. Donc on ne peut pas 
dire Pompeiœ uxori^ en sous-entendant sepulcrum fecit. » 

Partant de là, M. Chapon, curé de Luc, auteur de la 
noie, propose de lire V{îrgint) au lieu de V{xori) (i). 

Quoi qu'il en soit, en 1764, les mots de Félix ^ prœfeC' 
tus Vocontiorum n'étaient pas sur la même pierre. 

Il existe d'autres preuves encore de l'antiquité de Luc, 
comme les mesures romaines que M, Guirimand, prési- 
dent du tribunal de Die, y découvrit en 1871 (2), compre- 
nant dans les divers bassins d'un bloc de pierre l'amphore 
ou 27 litres, le modius 9 litres, lé congius 3 litres 37 
centilitres et le sextarius 56 centilitres; des restes d'aque- 
ducs, des tuyaux en plomb anépigraphes, des morceaux 
de marbre, des fragments de colonnes, des bases, des 
chapiteaux travaillés avec art ou avec des bordures, si- 
gnalés par M. Moreau de Vérone (3). « La tradition 
constante du pays, ajoute l'auteur, est que Luc a été une 
grande ville, et les preuves qu'on en a journellement, 
c'est qu'on ne saurait creuser la terre dans les environs et 
assez au loin sans trouver des décombres de toute espèce. » 

M. Denis Long, en étudiant le pays des Vocontiens, y 



(1) Archives de Luc. 

(3) Bulletin de la Société d'Archéologie delà Drame, t. VI (1871), p. ao6, 
(3) Id. de la Société de Statistique et des Arts utiles de la Drame 
\, p. I 50. 



LUC ET SA mosaïque. 427 

a vu de son temps une mosaïque, probablement différente 
de celle de M. Nal, sur laquelle il ne donne pas de détails; 
plusieurs colonnes de beau marbre de Numidie ou dç 
TEsterel en Provence; un pied en marbre gris, dont le 
calceus indique une statue romaine; un autre pied en 
marbre blanc de la même dimension et du même travail ; 
un bras nu en marbre blanc, fragment d'un colosse de 
plus de 3 mètres de haut, représentant peut-être la divi- 
nité du municipe, c'est-à-dire Auguste ; un grand nombre 
de médailles du haut empire et peu d'une époque plus ré- 
cente; de nombreux débris de moulins à bras en lave 
poreuse ; une masse .de 200 grammes d'arsenic sulfuré 
rouge ou sandaracha des anciens pour la peinture ; des 
briques au nom de Cicero: un simpulum en bronze, 
trouvé en 1844 dans les fondations de la nouvelle église, 
espèce de cuiller arrondie à long manche perpendiculaire, 
employée dans les sacrifices. 

L'auteur ajoute qu'en 1824, à l'extrémité orientale de 
Luc, à droite, dans un enclos, l'aridité du sol, au milieu 
de la verdure, lui révéla les lignes d'une construction de 
49 mètres de long sur 3 d'épais. « L'enceinte était parta- 
gée en plusieurs appartements ; on remarquait dans le 
milieu une pièce carrée de 6 mètres, ornée d'une rangée 
de 12 colonnes; le péristyle et une grande pièce de 12 
mètres de longueur sur 5 de largeur, dont un des grands 
côtés offre deux massifs carrés, peut-être des autels ». Aux 
yeux du savant archéologue, c'était là le palais d'un ma- 
gistrat supérieur, du gouverneur sans doute. 

Le même auteur signale encore des masures anciennes 
à Herculey, peut-être celles d'un temple d'Hercule et aux 
Vallasons, sur la rive gauche de la Drôme, à un quart de 
lieue de Luc, un terrain argileux, sillonné de ravins, recé- 



428 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

lant des médailles d'argent, d'or et de bronze, des briques, 
des débris de moulins à bras, des clous, etc. (i). 

Enfin Moreau de Vérone mentionne la tradition qui 
place au Pic de Luc le lieu où les Romaiits faisaient bat- 
tre leur monnaie et il assure avoir entendu donner à des 
masures, sur une hauteur, le nom (TAeararium Roma- 
norum (2). 

La mosaïque découverte par M. Nal et dont la descrip- 
tion terminera ce travail complète heureusement la liste des 
preuves matérielles de l'existence sur le sol du Luc actuel 
d'une agglomération importante. 

Pourquoi a-t-elle disparu ? Salvaing deBoissieu répond 
« qu'elle a été submergée après avoir été brûlée, et qu'ainsi 
« le feu et l'eau ont fait leurs efforts l'un après l'autre pour 
« la faire périr. » 

Telle n'est pas l'opinion des écrivains modernes. 

Aussi s'efiForcent-ils de prouver qu'aucun des deux 
fléaux n'a causé sa ruine. 

Et d'abord le récit de Tacite ne parle pas d'un incendie 
réel, mais simplement de menaces d'incendie. Fabius 
Valens, général de Vitellius, conduisait son armée à pas 
lents sur les frontières des Allobroges et des Vocontiens, 
faisant racheter son passage à la campagne et aux villes à 
des conditions honteuses. « A Luc, municipe des Vocon- 
tiens, il avait déjà disposé les torches pour l'incendier, 
lorsqu'on. Tapaîsa avec de l'argent. A défaut d'argent, les 
adultères et les prostitutions le fléchissaient. » 

« Il n'est plus fait mention de la ville jusqu'en 333. 
Alors, dit M. Long, l'Itinéraire de Jérusalem lui donne 



(i) M. Long, ouvrage cité, pp. 141-142. 

(a) Bulletin delà Société de Statistique de la Drôme^ I, p. 150. 



LUC ET SA mosaïque. 429 

le titre de mansio^ lieu destiné aux magasins et au repos 
des soldats et des voyageurs. Il y a une grande différence 
entre Lucus municipium et Lucus, simple étape de Tlti- 
néraire. » 

L^empereur Vitellius, après un règne de 8 mois, pérît 
misérablement l'an 69 de notre ère. A cette époque, Luc, 
protégé par Auguste, jouissait encore d'une réelle pros- 
périté. Mais, comme une inscription décore Die du titre de 
Colonie, au IV siècle, c'est-à-dire peu de temps après le 
passage de Valens, elle détrôna Lucus Augusti sous les 
Gordiens. D'autre part, l'introduction du christianisme 
dans la contrée amena à Die un évêché sous Constantin, 
et dès lors l'autorité religieuse, l'autorité civile et mili- 
taire s'y établirent définitivement. 

Telle est la cause de la déchéance de Luc et de l'accrois- 
sement de Die (i). 

Mais à conclure de -là que les Romains ou les Gallo- 
Romains allèrent s'établir à Test, à i kilomètre plus loin, 
dans un lieu sauvage, stérile et désert, à une époque indé- 
terminée, l'hypothèse n'est pas admissible. 

Par conséquent, le feu n'a pas détruit Luc, et Teau, au 
moment de la chute des rochers qui formèrent le Claps en 
1442, ne Ta pas englouti non plus. 

Or, cette deuxième affirmation, avant d'être prouvée, 
exige quelques détails historiques préliminaires. 



(i) M. Long, ouvrage cité, passim. La Table de.Peutinger du II* ou du 
m* siècle mentionne Die et Luc avec une distance de 12 milles entre les 
deux localités ; même indication dans Tltinéraire d'Antonin. Celuf de Bor- 
deaux à Jérusalem, rédigé au IV" siècle, mais remanié au IX« ou an X«, 
donne à Die la qualification de civitas et à Luc celle de mansio avec la dis- 
tance des itinéraires précédents. 



43o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

II 

La féodalité à Luc 

On ne possède sur la période gallo-romaine que l'épi- 
taphe d'Arbacia en 514 et les indications des Itinéraires. 
Mais la situation du bourg près d'une grande route dut 
l'exposer aux ravages de tous les peuples qui envahirent 
l'empire romain. Les maux causés par les Lombards de 
Zaban en 676 et par les Sarrasins vers j'io ne sont indi- 
qués dans les auteurs que d'une façon générale. 

En 879, Boson fut élevé sur le trône, à Montaille, et 
Luc demeura étranger aux exploits de ses successeurs. 
Lorsqu'en io32 Rodolphe III, dit le Fainéant, abandonna 
son royaume aux principaux seigneurs, parmi lesquels 
figuraient les comtes de Valence et de Die, il échut à ces 
derniers, dont l'origine est environnée de ténèbres. On 
croit qu'ils étaient parents des comtes de Forcalquier. 
Geoffroy ou Ponce vivait en io58 et Guillaume lui suc- 
céda. On trouve ensuite Isoard qui suivit le comte de Tou- 
louse à la première croisade et, le 5 juillet 1099, entra 
avec lui dans Jérusalem. 

Peu de temps après, les empereurs d'Allemagne, héri- 
tiers de Rodolphe III, dit le Fainéant, jusque-là absorbés 
par des difficultés intestines et d'interminables démêlés 
avec le St-Siège, redoublèrent d'activité pour asseoir plus 
efficacement leur puissance dans Tancien royaume de 
Bourgogne. Ils offrirent à cet effet aux évêques de nom- 
breux privilèges et de grandes faveurs. 

Ceux de Die n'eurent garde de les refuser. 

C'était pourtant la guerre en permanence entre eux et 
les seigneurs laïques. 



LUC ET SA mosaïque. 43 î 

Isoard II, comte de Die, fils de Jaucerand et de Béatrix, 
commença les hostilités en refusant à Tévêque Thommage 
dû pour le château de Luc. Toutefois, après de longues 
contestations, une sentence arbitrale de Raymond V, 
comte de Toulouse et marquis de Provence, rendue au 
Pont-St-Esprit le 22 mars ci 69, décida que le comte et 
ses successeurs rendraient hommage à Hugues pour le 
château de Luc et feraient serment de le rendre ; qu'à 
toute réclamation du château par le prélat à son vassal, 
celui-ci, dans un délai de 14 jours, devrait le remettre 
sans tergiversation. 

Le 28 mars n65, le pape Alexandre III confirmait à 
Tévêque Pierre la possession des châteaux de Montmaur, 
Menglon, Luc, Beaumont, le Pègue, Mirabel et Crest (i). 

Devant des droits si bien reconnus, le r8 janvier 1 168, 
Isoard II n'hésita pas à déclarer qu'il ne prendrait point 
les châteaux ou fortifications de l'évêque ou de son église, 
n'arrêterait aucun clerc et n'attenterait ni à sa vie ni à 
celle de ses diocésains ; qu'il emploierait ses forces pour 
venger toute violence faite au prélat ou aux siens, respec- 
terait et défendrait la ville de Die, ses propriétés, ses 
coutumes, les droits régaliens et sacerdotaux, ses terres, 
châteaux et villages et lui rendrait le château de Luc et ses 
fortifications à toute réquisition. 

Les empereurs Frédéric P% le 3o juillet 1 178, et Fré- 
déric II, le 23 novembre 1214, consacrèrent les droits de 
Tévêché de Die sur Luc; le premier étante Montélimar 
le 6 août 1178 assura en outre à Raymond d'Agoult la 
possession de la vallée de Sault. 

Ce seigneur avait épousé Isoarde, fille d'Isoard II, sei- 
gneur de Luc. 

(i)M. Chevalier, Cartulaire de Die^ pp. 44, 4, 8. 

2« Série. XXVI' Volume. — 1892. 31 



432 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Le Laboureur cite une charte de 1184 où Raymond 
d'Agoult, Isoarde, Isoard II et Pierre de Die donnent à 
la chartreuse de Durbon certains droits de pâturage et de 
péages. Raymond II, seigneur de Luc, comme héritier de 
sa mère, ratifia une donation de ses parents aux Tem- 
pliers et son sceau le représente à cheval, armé d'une épée 
nue, avec un loup passant sur l'écu, au revers. 

On sait peu de choses sur Raymond III ; quant à Ray- 
mond IV, il rendit hommage à l'évêque de Die le 6 sep- 
tembre 1268 avec Isnard d'Entrevennes, son frère et dix 
ans plus tard, octroya certaines franchises à ses vassaux 
de Luc. 

C'est à peine si les généalogistes nous ont conservé les 
noms de ses successeurs : Raymond V (i332), Faulquet et 
Barrai (i 362-1371), Guillaume II (i38o) et Raymond VI 
(i425). 

Des d'Âgouit, la seigneurie échut, au XV® siècle, aux 
d'Urre, car l'un d'eux, François, le 14 février 1476^ con- 
firmait les franchises octroyées aux habitants de Luc par 
Raymond d'Agouit en 1278 ; puis aux de L'Hère (i). 

D'après le dénombrement fourni, en 1640, par Claude, 
Luc et Glandage, sous le nom de baronnie, relevaient de 
l'évêque de Die et valaient 100 livres de revenus environ, 
avec leur juridiction entière, censés, tailles, corvées, leyde, 
péage et fournage (2). 

Le même seigneur transigea avec ses vassaux^ le 27 
avril i56i et, moyennant un sétier de blé de redevance, dû 
par tout laboureur avec bœufs et autres bétail de trait et 
une émine par les manouvriers, leur albergea le four, le 
droit de pêche dans la Drôme et le droit,d'arrosage. 



(i) J. Chevalier, Essai historiqne sur C église et la ville de Die, passim, 
(3) Inventaire de la Chambre des Comptes. 



LUC ET SA mosaïque. 4*33 

Claude fut gouverneur de Die et servit avec succès la 
cause catholique sous François de La Baume-Suze. Il 
mourut à Paris en i585, laissant de Philippine de Guif- 
frey de Boutières Hugues, dit le Jeune Glandage, qui em- 
brassa la Réforme et Marie^ épouse d^Antoine de La 
Baume-Suze, auquel elle porta la Baume-Transit. De cette 
union naquit Catherine de La Baume, femme de Jacques 
de Montagny de La .Tour, baron de Vinay et ensuite, en 
1639, de François de Châteauneuf, baron de Rochebonne 
' d'une famille forésienne. Catherine vendit aux chartreux 
de Durbon, le 9 avril 1647, ^^ P^'^ ^^ ^^^ livres, le grand 
lac de LuCylui appartenant en toute propriété, dans la sei- 
gneurie de ce nom, avec toute son étendue, ses conte- 
nance, régales à une toise hors de Teau, entrées, sorties et 
dépendances, droit de pêche et juridiction haute, moyenne 
et basse à raison de la pêche et autres excès commis sur 
ledit lac, entre Luc à Touest et au nord, Beaumont et 
Lesches des autres côtés (i). 

On trouve en 1707, le marquis de Rochebonne, com- 
mandant pour le roi en Lyonnais, Forez et Beaujolais, 
avec la qualification de seigneur de Glandage, Luc et 
Montlaur. Il eut de Thérèse Adhémar de Grignan plu- 
sieurs fils, Tun évêque de Noyon, l'autre de Carcassonne 
et le troisième colonel réformé, tué à la bataille Malpla- 
quet en 1 709. 

Il vendit,' croyons-nous, sa terre de Luc à la famille de 
Gilbert de Sallières vers ce temps, car Etienne-André, 
lieutenant-général de Tartillerie de France, la possédait de 
1709 a 1717 (2). 



(i) Drômc, E, supplément au mot Luc. 

(3) Drôme, B, 1 132, 1139, 1148, 1185, ia66. 



434 Société d'archéologie et de statistique. 

Louis-Alexandre, son fils et successeur dans la charge 
de lieutenant de rartillerie, mourut en Italie en 1 734. Il 
laissait une veuve, Marie Olympe de Vausserre des Adrets, 
et deux filles en bas âge : Jeanne-Angélique et Jeanne- 
Claire- Dominique, connues sous le nom de iM^^'de Mont- 
laur. 

La dernière s'allia avec Marc- Antoine de Morard- 
Dumont, chevalier, seigneur de la maison-forte du Verger 
à la Buissière, et la première, restée célibataire, lors du con- 
trat de mariage de Marie-Joseph-Gabriel-Apollinaire de 
Morard, aide-major général d'infanterie, son neveu, avec 
Angélique-Paule Lemairat le 19 février 1787, lui donna 
la moitié de la seigneurie de Montlaur et de Luc, évaluée 
2,5oo livres de revenus, moyennant une rente viagère 
de 2,000 (i). 

Ce gentilhomme, major d'infanterie en 1792, alors do- 
micilié à Paris, émigra peu après et ses biens furent ven- 
dus : ils comprenaient les domaines du Champ, de La 
Madeleine et de Luc, ainsi que plusieurs terres, prés et 
blaches. Il est mort à Pontcharra en i83o, après avoir été 
sous l'empire directeur des haras, grâce à l'appui de Ber- 
nardotte, roi de Suède, qui avait servi sous ses ordres (2). 

M™' de Morard et sa sœur, à l'exemple d'autres pos- 
sesseurs de fiefs, voulurent, à la fin du XVIIP siècle, faire 
revivre des droits établis en 1278, comme si les deux épo- 
ques avaient eu la moindre ressemblance. Leurs vassaux 
résistèrent d'abord de leur mieux à de telles prétentions ; 
mais, dans la suite, craignant un échec devant le Parle- 
ment de Grenoble, presque toujours favorable aux sei- 
gneurs, ils se résignèrent à transiger d'après les conseils 

(i) et (2) Drôme, B, 652. Armoriai du Dauphini. 



LUC ET SA MOSAÏQUE. 33b 

d'avocats distingués, Piat-Desvial, Barthélémy, Angles, 
Dumas et Duchesne. 

Voici le résumé de l'acte du 8 juin 1777 : 

1° La communauté continuera de payer la censé an- 
nuelle de 82 charges et un barrai de vin pur, reste des 
120 charges stipulées en 1278. Cette redevance, appelée 
Pin du tail^ avait été diminuée en 1673. Son nom lui ve- 
nait d'un rôle contenant les noms des vassaux imposés. 
Quant aux fonds des dames de Salières, provenus de l'an- 
cienne seigneurie ou d'acquisitions postérieures, ils de- 
meuraient exempts de la redevance. 

2*^ Les consuls se pourvoiront contre les receveurs du vin 
du tail, afin de constater les exactions commises par eux, 
sans recours contre les mêmes dames. 

3" Tous les fonds acquis ou à acquérir par elles seront sou- 
mis aux cas de droit et autres charges légales, malgré l'af- 
franchissement de toute contribution que les accords de 1673 
et de 1684 leur avaient octroyé ; mais elles ne restitueront 
pas les cas de droit dus depuis 29 ans. Comme compen- 
sation, elles renoncent à toute réclamation « d'échutes des 
cas impériaux ou royaux » (voyage d'outre-mer, rançon 
du seigneur, etc.), au droit de guet et de garde, appelé 
aussi gâche, sentinelle et ronde, aux cavalcades et chevau- 
chées (obligation d'assister le seigneur aux plaids et à la 
guerre); au logement par les habitants des hôtes des 
dames du lieu, de leurs chevaux et de ceux de leurs hôtes, 
même en payant, et à la caution qu'ils leur devaient en 
corps et en particulier, à toute réquisition. 

4*» Le droit d'investiture et de prélation dans tout le ter- 
ritoire, selon l'acte de 1673, est maintenu. 

5° Il sera payé à ces dames un sétier de blé par tout 
laboureur avec une couple ou plusieurs de bêtes de trait, 



436 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

une émine et demie par les laboureurs avec une seule 
bête et une émine par les cultivateurs brassiers. 

6^ En cas de charroi de grains et légumes de Taire au 
château seigneurial ou à Die, les possesseurs de bêtes de 
bât recevront un salaire convenable. 

7** Les libertés de 1278 sont confirmées et avec elles 
rhommage de 1475, l'arrêt de 1461, les transactions de 
i56i, de 1673 et 1684 et les reconnaissances de 1673 et 
de 1714, pour tout ce que le présent acte ne modifiait pas. 

Une assemblée des chefs de famille tenue à Luc le 4 mai 
1777 nous apprend que les premières procédures avaient 
déjà coûté plus de 800 livres. 

On voit par un document de 1789 que les 82 charges de 
vin clair et net et d'un barrai étaient encore payées alors, 
que la faculté de se servir des eaux et des hermes vacants 
coûtait environ 5o sétiers de blé et que les petit et grand 
lac de Luc passaient pour appartenir à la communauté. 

Â. Lacroix. 
{A suivre.) 



CHRONIQUE. 437 



CHRONIQUE 



>i O tO t l 



La démolition de la porte St-Pierre à Die a fait dé- 
couvrir deux inscriptions, immédiatement dessinées et 
estampées par notre dévoué confrère, M. Favier. 

Elles ont été communiquées à M. AUmer qui les a 
décrites et expliquées dans le dernier n** de sa Revue 
épigraphique du midi de la France. 

La première, mesure i^oç de haut, o^yo de large et à 
rintérieur du cadre o^çy sur 0*5 2. Elle porte en lettres 
du ir siècle : 

A VIT. SERVATI. fIl. 

RovdL ivlia. PotItI 

VXOR ET AvItA fi lia 

Tous les I figurés plus grands que les autres lettres 
sont liés en monogramme avec la lettre suivante ou la 
précédente. 

Voici la transcription et la traduction données par le 
savant épigraphiste : 

[Diis manibus) Aviti Servati filii, Rondiiy Julia Potiti 
uxor et Avita /ilia. 

Aux dieux mânes d'Avitus Roudius, fils de Servatus, 
Julia, fille de Potitus, et Avita, sa fille. 

D'après le commentaire de M. Allmer, ni Avitus, ni 



438 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Julia, ni Avita n'étaient citoyens romains ; le sobriquet 
Roudius indiquerait le Royans, comme son pays d'origine, 
la forme adjective amplifiée de Rudianus étant déjà connue 
par deux autres inscriptions. 

VU de Rudianus et TO de Roudius révèlent la subs- 
titution de l'orthographe latine à l'orthographe celtique. 

La deuxième inscription de 0*76 de haut sur o"70 de 
large dans la partie encadrée, est aussi écrite en lettres 
du IV siècle. En voici le texte : 

Q. POMPEIO 
FiLONI 

Carïna 

VXOR. 

à Quintus Pompeius Filp Carina, son épouse ; M. AUmer 
fait remarquer la substitution de VF latin au PH grec et 
le soin fort louable des constructeurs de la porte, d'avoir, 
en retaillant ces pierres, conservé intactes les inscrip- 
tions. 

Q. Pompeius, à cause de son surnom grec était l'af- 
franchi d'un citoyen romain. 



OUVRAGES REÇUS 



Ministère de l'Instruction publique et des Beaux-Arts. 
— Bulletin archéologique du Comité des travaux historié 
ques et scientifiques y année 1892, n° i. 

— Id. Section des sciences économiques et sociales, n"" 2. 

— Journal des Savants, mai-août 1892. 



CHRONIQUE. 439 

— Annales du Musée Guimet. Bibliothèque d études, t . I . 

— Le Rig-Véda et les origines de la mythologie indo- 
européenne, par Paul Reynaud, I" partie. — Paris, 
1892. 

— Kongl. Witterhets historié och antiquitets akademiens 
Manadsblad nition de argangen, — 1886-90. Stockholm, 
1892. 

— Annual report of the Board of Régents of the 
Smithsonian institution. — 1887-90. — 4 vol. 

— Bulletin de la Société des sciences, lettres et arts de 
Pau. — 1890-91 . — T. XX. 

— Mémoires de V Académie de Nîmes. — 1890. — 
Contenant la suite du Cartulaire du Pont-St- Esprit, par 
M. Bruguier-Roure. 

— Congrès archéologique de France, 56* session. — 
Sessions générales tenues à Evreux, etc., par la Société 
française d'Archéologie. — 1890. 

— Ville de Grenoble. — Patronage des vieillards, an- 
cienne Société pour V extinction de la mendicité. Assemblée 
générale des souscripteurs, du 24 mai 1892. — Grenoble, 
broch. in-8*, 36 p. 

M. G. Bernard, conseiller à la Cour, premier vice- 
président, rend compte, dans un langage élevé, des 
résultats obtenus. 

— Conversion et dernières années du connétable de 
Montmorency. — 1 595-1614 — (par le P. Apollinaire, 
capucin). — Nîmes, 1892 ; br. in-8'*, 11 p. 



440 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

— Intervention du P. Ange de Joyeuse dans les affai- 
res du Languedoc, 1591-1Ç92, par le même. — Nîmes, 
1892 ; br. in-8% 15 p. 

— Les prières pour le Roi en 1 59J, par le même. — 
Nîmes, 1892 ; in-8'*, 21 p. 

Notre compatriote continue avec ardeur ses recher- 
ches intéressantes sur son Ordre et le fait toujours avec 
talent. 

— Encore le sceau de Vautier Bonjour^ par H. Morin- 
Pons. — Genève, 1892 ; br. in-8'*, 3 p. 

Le consciencieux et savant collectionneur signale de 
nouveaux documents sur les Bonjour, en attendant de 
pouvoir élucider tout à fait leur histoire. 

— Histoire généalogique de la maison de la Roche du 
Ro:{et, etc., par Ambroise Tardieu. — 1892. — i vol. 
in-4'', 1 28 p. 

— Du même auteur, Dictionnaire iconographique des 
Parisiens. — 1885 • — In-S"", Jii p. 

— Une équipée de quelques habitants du Valentinois ou 
la prise de Valréas, par le chanoine Isnard, curé de 
Suze-la- Rousse. — Tirage à part d'un article du Bulle- 
tin, curieux et remarqué. 

Au moment de la mise en pages nous avons reçu un 
volume de poésies : Les Eclaircies par Mlle Adèle Sou- 
chier. Il en sera rendu compte. 

Nous avons appris à Luc que M. Nal a gracieuse- 
ment offert à l'Etat sa belle mosaïque, et que M. Re- 



CHRONIQUE. 44? 

voil, inspecteur des monuments historiques, l*a trouvée 
fort remarquable. 

De son côté, M. Nugues, l'habile dessinateur, s'est 
rendu aussi à Luc pour donner à la société une idée 
exacte du monument et de ses détails les plus artisti- 
ques. 

Le tombeau de Pompeia, que M. l'abbé Chapon dit 
avoir été une colonne, est tout simplement un sépulcre 
à auge, servant aujourd'hui de lavoir. 

Enfin, une autre inscription sur une pierre avec corni- 
che et moulures, coupée des deux côtés perpendiculai- 
rement, porte ces mots. 

EAE AVG 
EX MATICl 

Depuis 1824, le bourg s'est agrandi du côté du Clap 
et il n'a pas été possible de retrouver l'emplacement dn 
palais signalé par M. Long. 

A. Lacroix. 



442 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 



NÉCROLOGIES 



•■■■■• 



M. VERTUPIER-COLOMBIER (Louis-Hippolyte) 

Aux dernières inondations de cette année , notre 
dévoué confrère se distingua par un dévouement sans 
bornes et contracta à ce moment les germes d'une ma- 
ladie mortelle. 

A la tête d'usines importantes, il savait se faire aimer 
par sa droiture et son équité, sa bienveillance et sa 
franchise. 

Sa mort a excité d'unanimes regrets. Il avait 59 ans 
et demeurait à Chauméane-de-Divajeu, près de Crest, 
où il est décédé le 12 août 1892. 



M. DE LA TOUR-DU-PIN-CHAMBLY 
DE LA CHARGE (Gabriel) 

Le 19 décembre 1891, la ville de Nantes perdait l'un 
des hommes les plus dévoués aux œuvres de charité et 
de bienfaisance de toutes sortes, et la Société d'Ar- 
chéologie de la Drôme un de ses membres les plus dis- 
tingués. 

Le regretté défunt était président du Gonseil général 
de la Vendée et commandeur de Saint-Grégoire-le- 
Grand, beau-frère de l'amiral comte de Gornulier- 



NÉCROLOGIES. 44$ 

Lucinière et veuf, depuis 1853, d'Henriette Pépin de 
Bellisle. Il laisse deux filles : l'une a épousé Tamiral 
Edouard de la Jaille, préfet maritime de Brest, et l'autre 
a consacré son existence aux œuvres de charité. 

La maison de La Tour-du-Pin, réputée consanguine 
de celle des Dauphins de Viennois, est encore repré- 
sentée par les branches de Gouvernet, de La Charce, 
de Montauban et Soyans, de Verclause des Taillades. 

Notre confrère, M. le baron de La Tour-Chambly, 
était un érudit et un collectionneur éclairé. Il avait ras- 
semblé dans son hôtel de Nantes, outre une belle galerie 
d'objets d'art, une quantité d'archives, intéressantes pour 
sa famille et pour l'histoire du Dauphiné. 



Le Colonel Corneille TRUMELET 

Engagé volontaire en 1839, ^^ conquit en Algérie tous 
ses grades, de lieutenant à colonel. «38 années de ser- 
a vice, 36 campagnes de guerre, 4 blessures, 5 déco- 
de rations de différents ordres et 8 citations à Tordre du 
« jour », voilà résumée sa carrière militaire. 

A ces titres de gloire, il joignit avec distinction celui 
d'écrivain, et M. Caize, un de nos bienveillants con- 
frères, un moment son compagnon d'armes, a résumé 
ainsi l'histoire de ses travaux littéraires. 

Le colonel Corneille Trumelet, né en Champagne, et 
Dauphinois par droit de cité, fut reçu à la société des 
gens de Lettres, en 1872. Les livres qu'il avait publiés, 
à cette époque, et qui lui ouvrirent les portes de ce 



444 SOCIÉTÉ D^ARCHÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

cénacle distingué, étaient des productions de valeur, 
dénotant une érudition profonde, une étude spéciale et 
éclairée de la société arabe, une entente supérieure des 
idiomes propres aux indigènes d'Algérie, une précieuse 
compilation à travers les faits remarquables qui se dé- 
roulèrent dans la colonie, depuis 1830. C'est à Lodève, 
qu'il publia d'abord chez JuUian, Un amour sous-marin. 
— Episode du naufrage de l'Atlas^ cet infortuné paque- 
bot qui, chargé de rails, périt cdrps et biens dans la 
traversée de France en Algérie et dont on ne recueillit 
jamais la moindre épave. Il donna ensuite les Récits et 
propos dun monomane. En 1880, je me trouvais à Oran 
collaborant à la rédaction de V Atlas lorsqu'il nous ap- 
porta un manuscrit intitulé : Un Drame pour un cheveu. 
L'imprimeur de ce Journal fabriqua le volume où, sous 
le pseudonyme de C. T. de Falon, l'auteur rappelait de 
très curieux souvenirs intimes de la vie militaire algé- 
rienne d'autrefois. Dame ! le livre était écrit avec la 
plume d'un soldat qui va droit au but, disant carrément 
ce qu'il pense de certains individus et de certains ridi- 
cules. Quelques esprits timorés et grincheux s'émurent 
de cette publication où la raillerie la plus spirituelle 
alternait avec la plus mordante critique pour châtier les 
mœurs trop faciles de toute colonie en formation , 
comme était l'Algérie, au début de la conquête. 

Cependant, ce drame pour un cheveu eut un prodigieux 
succès auprès du public et classa C. T. de Falon parmi 
les plus fins ciseleurs de Tanecdote prise sur le vif, et 
écrite dans un style dont les qualités distinctives étaient 
la lucidité et l'élégance. 



NÉCROLOGIES. 446 

Rentré dans la vie civile, le colonel Trumelet signa 
désormais ses livres de son nom et c'est ainsi qu'il 
donna successivement i** Les Français dans le désert 
(journal historique, militaire et descriptif d'une expédi- 
tion aux limites du Sahara) ; 2° Les Tirailleurs indigènes 

m 

dans la Province d'Alger; -Ç Les Saints de Plslam; 
4^ V histoire de V insurrection des Ouled Sidi-Cheïkr de 
1864 à 1880; 5** L^ corps des Interprètes Militaires; 
6** Le Sergent Blandan et le combat dEl-Mech doufa ; 
7** Mémoires sur le général Yussuf, une des plus glo- 
rieuses figures militaires de l'époque héroïque de l'ar- 
mée d'Afrique. Boufarik et Blida, occupent aussi le 
colonel littérateur. 

Le mal l'a frappé en pleine production de son talent, 
ajoute M. Caize. Il venait de nous donner ces jours 
passés un nouveau volume V Algérie légendaire et d'au- 
tres manuscrits demeurent encore presque achevés sur 
sa table de travail. 

11 serait superflu d'entreprendre ici l'éloge du carac- 
tère chevaleresque et de l'affabilité du colonel Trumelet 
que tous ont connu. 

Je crois pourtant qu'il a tenu de son vivant, à nous 
révéler l'état de son cœur, en adoptant cette mâle devise 
que je recueille dans le Dictionnaire des devises héraldi- 
ques du Dauphiné, par M. G. Vallier : 

ce Pour nos amis et nos ennemis jusqu'au sang. » 

La ville de Valence, où il s'était fixé depuis 1877 lui 
a fait dé belles funérailles, et, sur sa tombe, MM. le 
colonel Châtillon, Mirabel-Chambaud ^ Aimé David, 



446 SOCIÉTÉ d'archéologie ET DE STATISTIQUE. 

maire, et le général Besaucèle ont tour à tour fait 
réloge du soldat, de Tadministrateur et du citoyen. 

Le colonel Trumelet, né à Reims en 1820, est décédé 
le 12 juillet 1892 : il laisse un fils, M. F. Trumelet- 
Faber, chef de bataillon, qui marche noblement sur ses 
traces. 



M. VALLIER (Henri- Adolphe-Gustave). 

La biographie du savant polygraphe est facile ; ses 
publications si nombreuses et si variées lui servent de 
base et de couronnement. Nous en donnons la liste : 

Le Vallon de la Pure. — i852. — 60 p., i carte. 

Notice sur Auguste Blanchet. — Id. sur Ennemond Badon. 

— 1876. 

Notice sur les découvertes archéologiques faites à Réau- 
mont. — 1876. — 7 P', 2 planches. 

Relation de Pexécution à mort d'un ministre protestant à 
Grenoble en 1745. — 1860. — 22 p. ^ 

Notice sur Albin Gras. — 1860. 

La vérité sur Tautel druidique de la Motte-d'Aveillans. 

— 1860. — 8 p., 2 pi. 

Documents pour servir à l'histoire de Grenoble en 1 814 et 
i8i5. — 1860. — 99 p. 

Lettres inédites de J.-J. Rousseau. — i863. — 19 p. 

Archéologie de contrebande... à propos de Mandrin. — 
1864. — 14 p., i pi. . 

Réflexions sur les excès commis pendant les guerres de 
religion. — i865. — 20 p., i pi. 

Dissertation sur une colonne milliaire... découverte... à 
St-Paul-d'Izeau. — 1866. — 16 p. 

La légende de la ville d'Ars. — Etude critique et histori- 
que. — 1866. — 86 p., 4 grav. 



NÉCROLOGIES. 447 

Un Noël savoyard. — 1867. — 7 p. 

Le Trésor des Fins d'Annecy. — 1867. — 37 p., 3 grav. 

Excursion du Congrès archéologique à Monaco. — 1867. 
•^ 10 p., I pi. 

Numismatique mérovingienne de Grenoble. — 1870. — 
16 p., I pi. 

Essai sur les fédérations martiales en Dauphiné. — 1869. 

— 24 p., I grav. 

Le poète Jean Millet et Tabbaye de Bongouvert. — 1869. 

— 3i p., I pL 

Découvertes de monnaies romaines et d'un bracelet d'ar- 
gent à St-Vincent-de-Mercuze (Isère). — 1870. — 16 p., i pi. 
Le bras de saint Arnoul et les bulles des évoques de Gap, 

— 1870. — 16 p., I grav. 

Numismatique féodale du Dauphiné (pièces inédites). — 
1870. — II p., I pi. 

Le nouveau trésor des Fins d'Annecy. — 1871. — 18 p. 

Le Journal du docteur Frïndfunfiinzig (3 jours dans 
rOberland). — 1872. — 46 p., i pi. 

Médailles romaines inédites. — 1872. — 17 p , i pi. 

Note sur une médaille de François de La Colombière... 
en'1545. — 1872. — II p., 1 grav. 

Sceaux et actes des parlements généraux des Monnayers 
du St-Empire- Romain. — 1873. — 29 p., i pi. 

Le maréchal Dode de La Brunerie. — 1873. — 3o p., 
I portr. 

Les quinze canons des Francs-Gaulois. — 1873, — 32 p. 

Une médaille de Tétricus et de Probus. — 1874. — 8 p., 
I grav. 

Une médaille inédite des archevêques d'Arles. — 1874. — 
16 p., i grav. 

Une médaille des empereurs Tétricus et Probus. — Lettré 
sur la numismatique mérovingienne de Grenoble, — 1874. — 
8 p., I pi., I grav. 

Médaille de Jean Truchon. — 1874. — i5 p., ï pi. 

2« SÉRIE. XX VP Volume. - 1892. 32 



448 SOCIÉTÉ D^ARChÉOLOGIE ET DE STATISTIQUE. 

* Médailles du Dauphiné, historiques ou de fantaisie, de 
1494 à 1537. — 1874. — 54 p., 8 grav. 

Victorin Fabre et Augustin Blanchet. — 1874. — 4 p. 

Numismatique féodale du midi de la France. — 1874. — 
26 p., I pi. 

Médaille d'Abraham Patras. — 1875. — 23 p., i pi. 

Simples questions au sujet de deux jetons dauphinois. — 
1875. — 8 p., I grav. 

* Mosaïque du paradis terrestre à Die. — 1876. —23 p., 
I pi. 

Les liqueurs de la Grande-Chartreuse (légende). — 1876. 
Médaille de Vaucanson. — 1876. — i3 p., i pi. 
Anthologie gnomonique du département de l'Isère. — 1 876. 

— 67 p., I grav, 

A propos de Vaucanson et des armoiries de la ville de 
Grenoble. — 1876. — 32 p., i pi. 

Quelques mots sur les découvertes archéologiques et 
numismatiques de Francin, près Montmélian. — 1877. — 16 
p., I pi. 

Notes sur l'abbé Guillioud et sur un recueil anonyme de 
poésies chrétiennes. — 1877. — i3 p. 

Monnaies féodales du Dauphiné. — 1877. — 79 p., 6 pi. 
et 5 grav. 

Carrelages du château de Bressieux et du presbytère de 
St-Trophime à Arles. — 1877. — 16 p., i chromo-lith. 

Les suites de la guerre ou numismatique des forteresses du 
Dauphiné. — 1877. — n P-7 i pl« 

Médailles historiques de Grenoble. — 1878. — 21 p., i pi. 

Notice biographique et littéraire sur Joseph Rocher, etc. 

— 1878. — 20 p., I phot. 



* Les ouvrages marqués d'une astérisque ont paru dans le Bulletin 
de la Société ainsi que le Dictionnaire des devises héraldiques numis- 
matiques, etc., du môme auteur, et son beau travail sur les Peintures 
murales des Loives de Montfalcon, 



NÉCROLOGIES. 449 

Numismatique mérovingienne de la Maurienne. — 1878. 

- 19 Pm I pi. 

Autre. — 1879. — 8 p., I pi. 

Une inscription retrouvée. — 1877. — 7 p., i grav. 

Id. de la vallée d'Aspe. — 1878. — i5 p., 

I héliogr. 

Médailles et jetons dauphinois. — 1879. — 3i p., i pi. 
Id. autre broch. — 1880. — 22 p., i pi. 

De quelques curiosités ou bizarreries littéraires. — 1879. 
35 p., I pi. 

La grande Abbaye du Dauphiné — 1879. — 16 p., i grav. 

Découverte de médailles gauloises à Moirans en 1879. — 

1879. — 22 p., I pi. 

Inscription arabe trouvée à Villefranche-sur-Mer. — 1880 

— 8 p., I phot. 

Souvenirs d'une course de montagne en Dauphiné. — 

1880. — 24 p. 

Numismatique mérovingienne de la Tarentaise. — 1880. 

— 29 p., 2 pi. 

Un œuf de Pâques dauphinois. — 1880. — 3o p. 

Petite incursion dans le domaine de la Numismatique mo- 
négasque. — 1879. — 8 p., I pi. 

Iconographie numismatique du roi René. — 1880. — 
80 p., 1 1 pi. 

Essai sur les monuments numismatiques de l'église et de 
la cité de Vienne..., des chapitres et communautés de la pro- 
vince. — 1881. — 176 p., 1 3 pi. 

Glanures monétaires de Savoie. — 1881. — 45 p., i pi. 

Armoriai des grands-maîtres et des abbés de St-Antoine. 

— 1881. — 76 p., 55 grav. 

Inventaire des monnaies gauloises d'Hostun... — 1881. — 
91 p., 4 pi.. I carte. 

Trouvaille de monnaies... à Grenoble. — 1882. — 10 p., 
I grav. 

Découverte d'un nouveau dépôt de monnaies romaines 



45o SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

dans risère. — Le trésor de rAlbenc(2 5,ooo pièces). — 1882. 

— 10 p. 

Une boîte en cuir du XVI« siècle. — 1881}. — 29 p., i grav. 

Quelques mots sur la numismatique gauloise de la Bre- 
tagne. - 1882. — 4 p., 4 grav. 

Bretagne et Dauphiné. — Notice sur des médailles et 
jetons. — 1882. — 55 p., 2 pi., 6 grav. 

Mémoire autographe de Mansart. — i883. — 3 p. 

Petit supplément à la numismatique papale d'Avignon. — 
i883. — 16 p., 16 grav. 

Un billet inédit de J.-J. Rousseau. — i883. — i5 p. 

Iconographie numismatique du roi René (2' lettre).— i883. 

— 68 p., 5 pi., i grav. 

Iconographie numismatique du roi René (?* lettre). — i885. 

— 16 p., i pi. 

Les martyrs de la science. — André Mazet. — i883. — 8 p. 

* Armes à enquerre. — 1884. — 2 p., i grav. 

Une médaille historique d'Henri IV... — 1885. — 16 p., 
I pi. 
Un nouveau tiers de Sol d'Aire. — i885. — 9 p., i grav. 

* Numismatique féodale du Dauphiné. — Gros de Guillaume 
de La Voulte, évêque de Valence, — i885. — 7 p., i grav. 

* Iconographie et numismatique des Dauphinois dignes de 
mémoire : le comte Monier de la Sizeranne. — i885. — 20 p., 
4 phot. 

Souvenirs de la Révolution dans le département de l'Isère. 

— i885,— 8 p. 

Un baptême de cloche en Dauphiné. — 1886. — 8 p. 

Le nouveau tiers de Sol d'Aire à la légende Vico-Julii. — 
i885. — iip. 

Trouvailles monétaires en Dauphiné et en Savoie. — 
1886. — 6 p. 

Une médaille de S. Bruno..., par D. Waterloos. — 1886. 

— 9 p., i pi. 

Sceau de B.-F. Fouquet, archevêque d'Embrun, — 4 p., 
I grav. 



NÉCROLOGIES. ^5 1 

Trois médailles hongroises. — 1886. — 18 p., i pi. 

Inscriptions campanaires de Tlsère. — i vol. in-S®. 

Sur Torigine des noms de Tlsère et de la Tarentaise. — 
1886. — 8 p. 

* Numismatique de la Cour des Comptes et du Parlement 
de Grenoble. 

Sigillographie de l'ordre des Chartreux et numismatique 
de S. Bruno. — 1891. — i vol. in-8% xxvi, 5i i p., 58 pi. 

L'œuvre capitale du défunt : la Sigillographie de V or- 
dre des Chartreux^ est un ouvrage considérable que 
M. le chanoine Chevalier, bon juge à coup sûr, appré- 
cie avec éloges dans le Bulletin d histoire ecclésiastique 
et d archéologie religieuse de Valence^ etc., 81* livraison. 

M. Vallier, né à Grenoble en 1816 et décédé à 
77 ans, se livra d'abord au commerce, comme sa famille ; 
puis l'archéologie et les arts s'emparèrent de lui et il se 
mit à la recherche du passé de sa province, a Elégant et 
bien fait de sa personne, dit un de ses biographes, mu- 
sicien et compositeur au besoin, dessinant agréablement, 
causeur spirituel et caustique (1) », il eût pu jouir d'une 
existence agréable et paisible. Mais... les clochers et 
leurs cloches, les médailles, les monnaies, les légendes, 
l'histoire, les sceaux, tout l'attirait invinciblement. 

Ce n'est pas à notre Société de s'en plaindre, car il 
lui a donné d'excellents articles. 



(i) Revue des Alpes du 38 juillet, où son portrait accompagne une 
notice. 

A. Lacroix. 



452 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 



SEANCE DU 28 JUILLET 1892 



Présidence de M. de Gallier 



29 membres titulaires sur 81 sont présents ou régu- 
lièrement représentés. 

L'élection du bureau donne les résultats suivants : 

Président : M. de Gallier. — 28 voix. 

Vice-Présidents : MM. Vallentin , Brun-Durand et 

Peloux.' 

Trésorier : M. Galle. 

Vice-Trésorier : M. Tracol. 

Secrétaire : M. Lacroix. 

Vice-Secrétaire : M. Colomb. 

Par 25, 26 ou 27 voix chacun. 

Le Comité de publication est formé de MM. Pompéi, 
Emblard, Guilleminet et Meillier. 

M. le Président, sur la présentation de MM. les 
abbés Perrossier et Froment, et de MM. Vallentin et 
Lacroix, prononce l'admission comme membre titulaire 
de M. l'abbé Perrot, professeur au Petit-Séminaire, et 
comme membres correspondants de : 

MM. Jules Chapon, directeur de la Gironde, à Paris ; 
Auguste-Benoit d'Entrevaux, au château d'Entrevaux 
(Ardèche) ; Edward Brosset-Heckel, à Lyon. 

Il est parlé ensuite de la mosaïque et des moyens de 
la faire connaître. 



TABLE ALPHABÉTIQUE DU TOME XXVI. 453 



TABLE ALPHABÉTIQUE DU TOI m 

(ANNÉE ^892) 



Autographes de 280 gentilshommes dadphii^ois, 1638, par M. J. 
Roman 145, 293 

Bibliographie et Chronique, par M. A. Lacroix .... 116 

Chronique, par M. A. Lacroix 116, 237,345, 437 

Collège (Le) de Chabeuil, par M. A. Lacroix 19 

Colonies dauphinoises de l*abbate de Montmajour, par 
M. l'abbé^ Fillet 55, 136 

Dictionnaire des Devises Héraldiques, Numismatiques, His- 
toriques et Fantaisistes du Dauphiné, par M. G. 
Vallier 87 

Du prétendu Monnayage des barons de Mévouillon, par 
M. Roger Vallentin 123 

Essai de bibliographie romanaise, par M. i*abbé Gyprien 
Perrossier 306, 406 

Hiver (L') de 1709, par M. A. Forterre 98 

Jacques de Tardivon, dehnikr abbé deSt-Ruf et la Société 
académique et patriotique de Valence, par M. Léon 
Emblard 351 

Les Amis de Jean Dragon, Professeur a l'Académie Pro- 
testante DE DjB, par M. J. Brun-Durand .... 34, 200 

Luc ET SA Mosaïque, par M. A. Lacroix 423 

MÉMOIRES POUR servir A L^HISTOIRE DES COMTÉS DE VaLEN- 

TiNois ET DE Diois, par M. le chanoine Jules Cheva- 
lier 5, 184, 266 



454 SOCIÉTÉ d'archéologie et de statistique. 

Nécrologies : MM. De Goston 112 

— - L*Abbé Jassoud . 113 

— — Robert (Charles-Nicolas) 114 

— M"" Lascombes (Marie) 114 

— MM. De St-Ferréol ......... 234 

— — De Bernon (Prudent) 341 

— — Dubois 341 

— — Vertupier-Golombier 442 

— — De La Tour-du-Pin-Ghambly. ... 442 

— — Le colonel Trumelet 443 

— — Vallier (Gustave) 446 

Ordres de des Adrets . 334 

Registre (Le) baptistaire de St- Vallier (1568-1575), par 

M. Albert Caise : • • • • 392 

Séances: 27 octobre 1891 110 

- 1" février 1892 , 23b 

-- 9 mai 1892 343 

- 28 juillet 1892 452 

Station (La) préhistorique de Mirabel-lbs-Baronnies , 

par M. A. Lacroix 50 

Tableau des membres de la Société 243 

Trièves (Le) et son passé, par M. Tabbé Lagier, 102, 172, 

273 371 

Un Collectionneur dauphinois au XVIP siècle, l'Abbé de 
Lesseins et sa galerie, par M. Tabbé Gyprien Per- 

ROSSiER. 70, 161, 319 

Une équipée de quelques habitants du Valentinois ou la 

PRISE DE Valréas, par M. le chanoine Isnard 250 

L'arrondissement de Nyons (t. II), par M. A. Lacroix, 49, 65 



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